• Aucun résultat trouvé

VI. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS ET ANALYSE

6.2. Analyse par presse

De manière générale, les sources citées dans la presse sont de trois (3) sortes, à savoir les sources directes (lorsque le journaliste du média se déplace lui-même pour recueillir directement l'information), les sources indirectes (lorsque l'information provient d'agences de presse, de communiqués de presse, conférences de presse et d'autres médias) et les sources documentaires (livres, revues scientifiques, banques de données).

Il ressort de manière générale que l'information produite par la presse publique nationale est principalement de source directe20 et que celle de la presse privée en ligne est de source

indirecte (20 articles sur 21). Toutefois, une analyse plus précise montre que :

 les faits rapportés par TogoPresse le sont directement par ses journalistes qui se déplacent sur le terrain ou qui vont recueillir l'information auprès des acteurs nationaux publics. Toutefois, quelques articles font aussi référence à des sources externes, essentiellement à l'Agence Togolaise de Presse (ATOP) et aux attachés de presse des cabinets de ministères.

 Letogolais.com fait référence, en plus de ses propres sources, à des sources indirectes comme l'Agence de presse africaine (APA), l'Agence France-Presse (AFP), au Groupe de réflexion et d’action pour le dialogue, la démocratie et le développement (GRAD) de la société civile togolaise, à l'International federation of red cross and red crescent societies (IFRC), au Panafrican news agency (PANA), à XINHUA News Agency et à des partis politiques et groupes de l'opposition.

D'une part, la presse en ligne rapporte des sources très diversifiées, ce qui permet une plus grande représentativité des différentes approches des maisons d'éditions et nous offre, à priori, des données à coloration politique mineure21. Elle relaie ainsi les arguments des

20 Chiffres exacts non disponibles.

60

acteurs nationaux privés et nationaux associatifs, surtout des ONG, qui usent des plateformes internationales pour exprimer leurs points de vue. En tenant compte de la légitimité gagnée les ONG et organisations de la société civile en matière de gouvernance vis-à-vis des instances internationales (Perroulaz, 2004), le choix aussi bien pour les acteurs nationaux privés et associatifs de s'exprimer par le biais de ces institutions, que pour cette presse de relayer ces informations, dénotent de stratégies dans la lutte pour la légitimation de leurs revendications. De plus, contrairement aux acteurs privés qui sont directement contactés par les journalistes privés, ce sont généralement des déclarations d'acteurs publics et internationaux rapportés par les médias publics qui sont ensuite rapportées par la presse privé. Ainsi, les acteurs publics s'expriment moins directement dans la presse privée dans l'exercice de leurs fonctions.

Cependant, nous relevons très rapidement des paradoxes dans la presse privée en ligne. Par exemple, alors qu'elle disposait de sources variées et qu'elle était très critique vis-à-vis du déroulement du phénomène, elle ne menait pas de réflexion sur les causes des inondations en soi, mais plutôt sur les raisons de l'ampleur des dégâts. En d'autres termes, le centre d'intérêt autour duquel se menait la discussion était plus axé sur la compréhension de la gravité de la situation que sur la recherche des causes premières. Un autre paradoxe est le fait que ce média ne fait pas une analyse profonde des conséquences socio-économiques des inondations et des dégâts qui en résultent. L'aspect politique axé sur la critique de la gouvernance et l'usage d'un langage souvent grossier et insultant à l'égard des responsables politiques semblent avoir éclipsé les autres aspects de la question. Dans un article par exemple, « sous-fifre » et « super ministre, le gros » (20 08 2008) sont employés pour désigner respectivement les ministres de la Coopération, du développement et de l'aménagement du territoire et celui de l'Administration territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales. Ce choix de mettre l'accent sur un aspect plutôt qu'un autre révèle que la politique et les questions de gouvernance sont des préoccupations fondamentales de cette presse. Ceci vient confirmer l'engagement pour la lutte démocratique décrite dans les objectifs de la presse, mais aussi orienter politiquement la construction argumentative que ce média fait des inondations.

61 D'autre part, la presse publique nationale se fait le porte-parole "exclusif" du gouvernement puisqu'elle rapporte très précisément les actions gouvernementales en faveur des sinistrés, ainsi que les mesures prises pour juguler la crise et qu'elle ne rapporte que très peu les informations de sources secondaires. Les acteurs nationaux publics disposent en quelque sorte d'un "accès privilégié" à ce média et s'en servent parfois pour des raisons politiques personnelles. Grace à ce privilège et à leur statut, ils deviennent ce que Gusfield (1981) appelle les « propriétaires de problèmes publics », qui « bénéficient d'un accès routinisé

aux instances politico-administratives qui gèrent un problème reconnu comme tel »

(Neveu, 1999 : 4). En effet, des articles portant sur les actes de bienfaisances de députés d'une mouvance politique représentée au gouvernement et exposant des positions politiques à l'approche d'échéances électorales traduisent très clairement la propension de cette presse aussi à poursuivre des intérêts politiques. Ainsi, les députés du même parti politique lors de la remise de dons aux sinistrés les ont d'une part, invités à « revoir la construction de leurs

habitats en tenant compte de la position du lit de la rivière » (03 09 2008) et d'autre part,

ont « remercié les populations pour leur soutien et leur confiance renouvelée [au parti politique en question] » (14 10 2008). Un article plus explicite rapporte la contribution financière d'un ex-député et de cadres ressortissants de la région en guise de dons qui viennent en prélude à ceux du gouvernement, tout en donnant des conseils de mobilisation et d'apaisement pour les prochaines échéances électorales (08 10 2009).

Conclusion : Ces éléments sus présentés viennent corroborer notre première hypothèse

secondaire, selon laquelle la presse publique nationale relaie plus les propos des acteurs nationaux publics et internationaux et la presse privée en ligne, elle, se fait la porte-parole des acteurs nationaux privés et nationaux associatifs.

62

Documents relatifs