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Analyse des mouvements de tête

mouvements de tête dans la localisation de l'origine spatiale d'un signal acoustique en milieu subaquatique

6.3.2.3 Analyse des mouvements de tête

L'analyse des enregistrements des mouvements de tête a permis de retrouver les principaux comportements mis en évidence dans la première expérience: "l'Homme de marbre" et

caractéristiques, ne fait plus partie du panel des comportements observés avec le stimulus de 5!secondes. Par contre, un nouveau comportement fait son apparition, on l'appellera comportement de "la confirmation".

6.3.2.3.1.1 Le comportement de la confirmation

Le comportement de la confirmation consiste: 1)!à orienter sa tête en direction de la source émettrice, 2)!puis à l'en éloigner en la ramenant vers sa position initiale sans toutefois rejoindre cette dernière, et enfin, 3)!à réitérer ce va-et-vient tout au long de l'émission du signal (Figure 56).

Figure 56: Apparition dans la condition tête mobile d'un nouveau comportement, dit: "de la confirmation".

Ce comportement n'est pas généralisé; il n'est appliqué que par un seul sujet. Il permet à ce sujet,

"mp", d'obtenir des résultats qui sont inégalés par les autres sujets. Il le conduit, dans la condition avec mouvements, à se tromper à six reprises seulement sur l'ensemble des 48!essais (Figure 57). En comparaison, la moyenne du nombre d'identifications erronées de la position de la source par le reste des sujets est de 27!sur 48!items. De plus, l'erreur constatée avec l'application du comportement de la confirmation est systématiquement minimale. C'est-à-dire qu'à chaque fois que "mp" pointe dans une mauvaise direction, il désigne l'un des haut-parleurs directement voisin de la source. La précision des résultats obtenus par "mp" dans la condition tête mobile, 6°, contraste avec sa performance dans la condition tête immobile,!51°. La juxtaposition des résultats de "mp" avec la performance moyenne des autres sujets, 39° d'erreur, dans la condition tête mobile, montre la valeur de ce comportement. On peut légitimement se

demander si l'on pourrait généraliser, grâce à un apprentissage spécifique, l'application du comportement de la confirmation à une population, si cette technique lui était enseignée. Notons qu'en ce qui concerne la condition sans mouvements de tête, le sujet "mp" a des résultats en deçà de la moyenne de ceux qui sont enregistrés par les autres sujets, qui font une erreur moyenne de!45°.

Figure 57: Histogramme des réponses du sujet "mp" dans la condition avec mouvements.

Chaque point représente un essai (en noir les réponses correctes et en gris les erreurs).

6.3.2.3.1.2 Effet de la durée du stimulus

Avec un stimulus de plus longue durée, les sujets ont plus de temps pour examiner le paysage acoustique environnant. Comme le prévoit l'hypothèse "c", on s'attend à ce qu'ils inspectent des parties inexplorées avec un stimulus bref, et à ce qu'ils accomplissent des mouvements de plus grande amplitude. L'enregistrement des mouvements montre que leur amplitude augmente considérablement avec l'allongement de la durée du stimulus, en moyenne 24.86° avec un signal de 2!secondes versus 42.57° avec le son de 5!secondes. Toutefois, cette différence n'atteint pas le seuil de significativité de .05 (F!(1,!26)!=!2.89;!p!=.101).

6.3.2.3.1.3 Effet de la direction de la source

L'hypothèse "c" prévoit que l'amplitude des mouvements de tête varie avec la position des haut-parleurs. On constate de plus larges mouvements quand les sources sont éloignées. Les mouvements doivent permettre de lever l'ambiguïté causée par la position des haut-parleurs "0"

et "4". L'amplitude des mouvements mesurés avec les sources latérales confirme l'hypothèse "c".

Cette amplitude est croissante avec l'angle que forment la direction de la source et l'axe sagittal antérieur. Cependant, ce résultat ne permet pas de conclure à un effet de la position de la source émettrice, car il est non significatif (F!(7,!182)!=!1.45;!p!=.189).

Figure 58: Amplitudes moyennes des mouvements de tête pour chaque direction, les conditions expérimentales et les durées des stimuli étant confondues (en degrés d'angle).

6.3.2.3.1.4 Relation de la durée du stimulus avec la direction de la source

On vient de le voir, il n'y a pas d'effet global de la direction de la source. L'analyse séparée des enregistrements des mouvements de tête des groupes expérimentaux ne permet pas non plus de mettre en évidence des comportements différents. Malgré la différence d'amplitude constatée par la décomposition en fonction de la durée du signal 2!secondes versus 5!secondes, les mouvements sont considérés comme identiques du point de vue statistique, quelle que soient la durée du stimulus ou la position de la source émettrice (F!(7,!182)!=!1.17;!p!=.321). Ce résultat confirme l'hypothèse "d" sur le déplacement du centre de l'attention.

Figure 59: Amplitudes moyennes des mouvements de tête pour chaque direction et pour chaque durée; les conditions expérimentales sont confondues (en degrés d'angle).

6.3.3 Discussion

6.3.3.1 Résumé des principaux effets

Le tableau ci-dessous résume les principaux effets analysés et leur valeur de signification pour la variable: erreur absolue.

L'hypothèse générale de cette expérience portait sur la comparaison des résultats enregistrés avec les deux groupes expérimentaux: 2!secondes versus 5!secondes; elle avançait que la durée du stimulus serait déterminante dans une tâche de localisation auditive en milieu subaquatique, et que les sujets du groupe "5!secondes" feraient significativement moins d'erreurs que ceux du groupe "2!secondes".

Les résultats valident cette hypothèse. Le signal long, en l'occurrence 5!secondes, permet d'améliorer la précision avec laquelle les sujets identifient la position de la source. Toutefois, à ce stade, il est impossible de savoir si l'amélioration des performances est due à l'effet d'excentricité décrit par Mills (1972), qui prédit une meilleure localisation quand plus de temps est accordé au sujet pour répondre, ou si cette amélioration vient d'une exploitation optimale des processus attentionnels mis en évidence par Mondor et Zatorre (1995). La discussion qui suit permettra peut-être de trancher.

Une seconde hypothèse prévoyait que l'amélioration des performances serait d'autant plus importante que l'angle formé entre la direction du haut-parleur et celle dans laquelle le sujet regarde au moment de l'émission du signal serait plus grand. Cette hypothèse n'est pas validée par les données recueillies. On note, par contre, une très nette amélioration en ce qui concerne les sources occipitales, haut-parleurs: "3", "4" et "5". L'allongement de la durée du signal a permis de réduire considérablement les erreurs de localisation des sources placées derrière le sujet.

Dans la condition avec mouvements, les inversions dans le sens arrière/avant disparaissent presque complètement.