Chapitre 2. La cellule de commutation
2.3. Analyse fréquentielle de la surtension du semi-conducteur
Le circuit de la Fig. 2.15 présente deux chemins différents pour le courant de commutation :
l'un à travers le condensateur de filtrage, C
filter(considéré infini et donc remplacé par une source de
tension), et l'autre à travers le condensateur de découplage, C
dec. Dans l'idée du concepteur, tout le
courant haute fréquence est fourni par C
dec, tandis que le courant basse fréquence provient de C
filter.
En effet, en raison de la taille du condensateur et de la technologie utilisée (électrolytique), L
filterest
généralement plus grande que L
dec(sinon C
decne serait pas nécessaire). Dans le domaine fréquentiel,
en éliminant les sources de polarisation en courant continu de la Fig. 2.15 Nous obtenons alors le circuit
dynamique de la Fig. 2.16.
Fig. 2.16. Circuit dynamique équivalent de la Fig. 2.15 utilisé pour l'analyse fréquentielle.
A partir de cette représentation, on constate qu’il s’agit d’un diviseur de courant entre les deux
branches C
decet C
filter(qui est considéré comme un court-circuit en raison de la valeur élevée de C et
donc son impédance faible). L'impact de C
ossn'est pas négligeable et doit être pris en compte dans les
équations. Les équations qui décrivent ce diviseur de courant sont les suivantes :
𝑍
𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟= 𝑅
𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟+ 𝐿
𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟× 𝑠
𝑍
𝐶𝑑𝑒𝑐=
1 𝐶𝑑𝑒𝑐×𝑠+ 𝐿
𝑑𝑒𝑐× 𝑠 + 𝑅
𝑑𝑒𝑐I
filtreI
decI
pack Eq. 2.1 Eq. 2.245
𝐼
𝐶𝑑𝑒𝑐= (
𝑍𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟𝑍𝐶𝑑𝑒𝑐+𝑍𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟
) × 𝐼
𝑝𝑎𝑐𝑘s étant l'opérateur de Laplace et I
packétant le courant dans L
pack. L’expression du courant dans C
decest
donc :
𝐼
𝐶𝑑𝑒𝑐(𝑠) =
1 𝑅𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟+𝐿𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟×𝑠𝐶𝑑𝑒𝑐×𝑠+𝐿𝑑𝑒𝑐×𝑠+𝑅𝑑𝑒𝑐+𝑅𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟+𝐿𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟×𝑠
× 𝐼
𝑝𝑎𝑐𝑘(𝑠)I
packpeut être calculé à partir du diviseur de courant entre les branches de L
packet C
oss, I
exest la source
de courant qui représente la commutation.
𝑍
𝑝𝑎𝑐𝑘= 𝑅
𝑝𝑎𝑐𝑘+ 𝐿
𝑝𝑎𝑐𝑘× 𝑠
𝑍
𝐶𝑜𝑠𝑠=
𝐶 1 𝑜𝑠𝑠×𝑠𝐼
𝑝𝑎𝑐𝑘= (
𝑍𝐶𝑜𝑠𝑠 𝑍𝐶𝑜𝑠𝑠+(𝑍𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟×𝑍𝐶𝑑𝑒𝑐 𝑍𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟+𝑍𝐶𝑑𝑒𝑐+𝑍𝑝𝑎𝑐𝑘)) × 𝐼
𝑒𝑥𝐼
𝑝𝑎𝑐𝑘(𝑠) =
1 𝐶𝑜𝑠𝑠×𝑠 1 𝐶𝑜𝑠𝑠×𝑠+[ (𝑅𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟+𝐿𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟×𝑠)(𝐶𝑑𝑒𝑐×𝑠1 +𝐿𝑑𝑒𝑐×𝑠+𝑅𝑑𝑒𝑐) 𝑅𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟+𝐿𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟×𝑠+𝐶𝑑𝑒𝑐×𝑠1 +𝐿𝑑𝑒𝑐×𝑠+𝑅𝑑𝑒𝑐 +𝑅𝑝𝑎𝑐𝑘+𝐿𝑝𝑎𝑐𝑘×𝑠]× 𝐼
𝑒𝑥(𝑠)
L’Eq. 2.8 montre que C
osset C
decgénèrent diverses résonances avec les inductances parasites
du circuit. Si ces fréquences de résonance sont proches les unes des autres, elles peuvent interagir et
avoir un impact important sur la forme d'onde V
ds, en induisant des dépassements plus importants ou
plus faibles. Cependant, cette propriété ne peut pas être utilisée dans une conception en raison d'une
sensibilité trop élevée, comme cela sera montré dans une partie suivante. À partir de l’Eq. 2.4, il est
évident que le rapport d'impédance entre la branche C
filteret C
decest un facteur important pour le
courant commuté. Nous allons donc analyser ce rapport que nous appelons ratio(s).
𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜(𝑠) = |
𝑅1𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟+𝐿𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟×𝑠 𝐶𝑑𝑒𝑐×𝑠+𝐿𝑑𝑒𝑐×𝑠+𝑅𝑑𝑒𝑐|
Afin que le condensateur de découplage fournisse l'énergie pendant la commutation, la
fonction de transfert du courant commutée (Eq. 2.4) doit être égale à 1 dans la plage des hautes
fréquences (limite de la fonction quand s tend vers l’infini) et être égal à zéro dans la plage des basses
fréquences (limite de la fonction quand s tend vers 0), car nous ne voulons pas que C
decjoue le rôle de
la capacité de filtrage. Cette dernière condition est évidemment satisfaite puisque nous avons
considéré C
filtercomme infini, la valeur de la fonction de transfert Eq. 2.4 est donc 0 pour s=0.
La valeur de la fonction de transfert Eq. 2.4 en haute fréquence est :
𝐼𝐶𝑑𝑒𝑐(∞)
𝐼𝑝𝑎𝑐𝑘(∞)
=
𝐿 𝐿𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟 𝑑𝑒𝑐+𝐿𝑓𝑖𝑙𝑡𝑒𝑟Ce qui proche de 1 puisque L
filterest normalement beaucoup plus grand que L
dec. Cependant,
le condensateur de filtrage joue toujours un petit rôle dans le phénomène de découplage.
Une autre façon d'écrire l’Eq. 2.4 est la suivante :
𝐼𝐶𝑑𝑒𝑐(𝑠) 𝐼𝑝𝑎𝑐𝑘(𝑠)
=
𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜(𝑠) 1+𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜(𝑠) Eq. 2.3 Eq. 2.4 Eq. 2.5 Eq. 2.6 Eq. 2.7 Eq. 2.8 Eq. 2.9 Eq. 2.10 Eq. 2.1146
Afin que le découplage soit satisfaisant, l’Eq. 2.11 doit être proche de 1, ce qui signifie que le
rapport (ratio(s)) doit être le plus grand possible. La Fig. 2.17 montre la variation du ratio(s) en fonction
de la fréquence pour différentes valeurs de C
dec. Il est clair à partir de cette figure que des valeurs du
ratio presque infinies peuvent être obtenues à une fréquence de résonance spécifique, conduisant à
un phénomène de découplage parfait, où tout le courant circulerait à travers C
dec. Cependant, le
phénomène de commutation n'est pas réduit à une seule fréquence. Une solution pourrait être de
choisir C
decde sorte que le rapport soit supérieur à sa valeur de haute fréquence L
filter/L
decpour toutes
les fréquences de la commutation. Dans ce cas, nous garantirions que pour chaque fréquence, la
fonction de transfert de l’Eq. 2.4 serait proche de sa valeur optimale (Eq. 2.10), ce qui signifie que le
phénomène de découplage serait parfait. Ceci est illustré avec les courbes de la Fig. 2.17. A partir d'une
situation initiale de 80 nF, on constate que la condition de découplage est remplie pour toutes les
fréquences supérieures à 6 MHz (courbe rouge). En augmentant la valeur de C
dec(courbe bleue), on
découple à partir de 5 MHz. En revanche, en diminuant C
dec(courbe verte), le découplage n'est plus
assuré qu'à partir de 16 MHz environ.
On note donc que pour les valeurs élevées de C
dec, la fréquence minimale à laquelle le
découplage devient effectif est plus basse. Par conséquent, pour un système plus rapide (dI/dt plus
élevé et donc une fréquence "équivalente" plus grande), il faut un C
decplus faible pour atteindre le
découplage.
Malheureusement, l'événement de commutation couvre une large plage de fréquences, de la
fréquence de découpage à l'infini. La notion de fréquence équivalente à un front (0,35 sur le temps de
montée) est bien pratique pour comprendre qualitativement les phénomènes, mais ne permet pas une
approche quantitative. Cette fréquence équivalente à un front est généralement appliquée au flanc de
montée d'une impulsion dans un système dynamique et établit une relation entre la bande passante
et le temps de montée. Il n’est donc pas évident d’utiliser ce concept de diviseur de courant. En outre,
toutes les fonctions de transfert obtenues dans cette analyse sont des systèmes d'ordre élevé, ce qui
nous empêche d'utiliser de simples modèles analytiques en tant que résultats de système de second
ordre. Aucune règle de conception simple pour C
decne peut donc être obtenue à partir de cette analyse
fréquentielle, même si elle permet de bien comprendre les phénomènes. Nous avons donc décidé de
résoudre le problème en utilisant une stratégie d'optimisation et de simulation dans le domaine
temporel. Cependant comme nous chercherons à utiliser des méthodes d'optimisation pour
déterminer la valeur de C
dec, nous avons désiré conserver notre approche de modèle simple de Norton
(C
oss/I
ex), afin de gagner en stabilité et vitesse de simulation, au lieu d'utiliser des simulations
temporelles avec des modèles complexes de semi-conducteurs. Ces dernières ne seront utilisées que
pour valider notre modèle simple.
Fig. 2.17. Ratio en fonction de la fréquence. La variation de la valeur de Cdec a un impact sur la plage de fréquences où le découplage est effectif.
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2.4. Analyse temporelle de la surtension du semi-conducteur pour valider le modèle
Dans le document
Conception Tridimensionnelle optimisée d'un convertisseur de traction ferroviaire à base de carbure de silicium (Sic)
(Page 45-48)