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1. Synthèse des résultats obtenus

1.2. Résultats qualitatifs

1.2.5. Analyse des types de réponses

 Types de bonnes réponses

Le recueil automatique des réponses à la BETL a permis de mettre en évidence des temps de latence importants chez certains patients (temps inférieur au score seuil) alors que le score obtenu était dans la norme. A l'inverse, le score des patients est parfois dans la norme alors que le temps de réponse est pathologique.

Les « sujets âgés » produisent 74% de bonnes réponses dans le LEXIS et 81,2% dans la BETL et les « sujets jeunes » 91,3% de BR dans le LEXIS et 98,7% dans la BETL. Pour les deux populations, le pourcentage moyen de BR est donc supérieur à la BETL, ce qui pourrait être lié à la qualité des dessins et au consensus de dénomination plus élevé. De plus, les « sujets jeunes » ont un pourcentage moyen de BR supérieur à celui des « sujets âgés », en accord avec l'effet de l'âge décrit par TRAN et GODEFROY (2011).

 Ébauche orale fournie

L'ébauche orale est fournie dans un délai de 20 secondes pour les « sujets âgés » et de 30 secondes pour les « sujets jeunes ». Nous estimons ce temps imparti trop long car il favorise l'anxiété du patient, les discours modalisateurs sans améliorer notablement les performances des patients MA de stade léger. En outre, les temps de réponses moyens par item obtenus à la normalisation de la BETL se situent en moyenne entre 2 et 5 secondes (TRAN et GODEFROY, 2011).

La littérature décrit initialement dans la MA un trouble d'accès au lexique phonologique évoluant secondairement vers un trouble sémantique. Or, chez nos patients MA de stade débutant, l'indiçage phonémique s'avère peu efficace en tâche de dénomination. Ainsi, l'accès au lexique phonologique n'est pas facilité par l'ébauche orale, ce qui conforte l'hypothèse de PLUCHON et al. (2006) en faveur d'une atteinte du système sémantique dès la phase initiale de la MA. Pour l'ensemble des patients, elle permet de produire la réponse dans 26,3% des cas au LEXIS, et dans 18% des cas à la BETL. Seul un patient bénéficie de l'ébauche phonémique afin d'obtenir des performances dans la norme à l'épreuve de dénomination du LEXIS.

 Types d'erreurs et stratégies

Pour l'épreuve de dénomination des deux batteries, conformément à la littérature et à l'étude de BUFFAT et PLOYART (2005), on relève majoritairement des paraphasies lexicales sémantiques, des circonlocutions et des modalisations. Le LEXIS suscite un nombre de modalisations plus important que la BETL (pour les « sujets âgés », on relève une moyenne de 15,9 modalisations pour le LEXIS contre 9 pour la BETL et pour les « sujets jeunes », une moyenne de 5,3 modalisations pour le LEXIS contre 1 pour la BETL). Ces modalisations portent sur l'activité de

dénomination (exemple: « je le sais mais je n'arrive pas à le dire »), sur le matériel (exemple: « alors là ça prête à confusion aussi », « et ça est-ce que c'est bien dessiné ou quoi? ») ou encore sur la dénomination produite (exemple: « non j'y suis pas là »). Selon la préservation du traitement sémantique, les circonlocutions sont adaptées (exemple: « ça c'est un grossisseur, ça augmente la vue » pour loupe; « ça c'est un arbre des pays chauds » pour palmier) ou non (exemple: « c'est les petites bêtes qui rentrent par là » pour igloo; « encore un bétail » pour lynx). On relève également de nombreuses dénominations génériques (exemple: « c'est un machin », « un truc »).

Pour la BETL comme pour le LEXIS, on note que les items les plus chutés par nos patients correspondent généralement à ceux dont le consensus est le plus faible chez les sujets témoins. Au LEXIS, les 15 items dont le pourcentage de BR est inférieur ou égal à 62,5% pour nos patients correspondent à ceux dont le consensus des sujets témoins est inférieur ou égal à 67% (ex : « faon » réussi à 43,75% par nos patients, avec un consensus de 48,89% auprès des sujets témoins). A la BETL, les 15 items dont le pourcentage de BR est inférieur ou égal à 75% sont ceux qui ont les consensus de dénomination les moins élevés de la batterie auprès des sujets témoins (ex : « tomate » réussi à 56,25% par nos patients, avec un consensus de 72,2% auprès des sujets témoins). Ainsi, le nombre d'erreurs pour les items dont les consensus sont les plus faibles augmente avec la pathologie.

Pour l'épreuve de désignation des deux batteries, nous constatons que les distracteurs complexes (distracteurs sémantiques associés à un lien visuel, phonologique ou les deux) sont plus désignés que les distracteurs simples car il y a davantage de liens avec l'item cible. Comme décrit dans la littérature, les distracteurs visuels simples sont également désignés en proportion importante (cf infra : 2.5.1 Troubles visuels ou gnosiques). La BETL met en évidence des erreurs phonologiques par la désignation de distracteurs phonologiques dans 21,62% des cas (cf infra : 2.5.2. Troubles auditifs ou phonologiques). Le LEXIS ne peut rapporter de telles erreurs car il n'inclut pas ce type de distracteurs.

Pour l'épreuve d'appariement sémantique du LEXIS, 73,03% des erreurs sont dues à des distracteurs visuels. Ces résultats sont concordants avec ceux obtenus par LETELLIER et LJUBINKOVIC (2010). A la BETL, les erreurs produites portent préférentiellement sur les liens catégoriels (52,68%) par rapport aux liens associatifs

(47,32%). Pour cette épreuve, les deux batteries sont plus difficilement comparables en raison de leur constitution différente. En effet, la présence de distracteurs dans le LEXIS sollicite les capacités d'inhibition du patient tandis que la BETL privilégie la pertinence d'un lien par rapport à un autre sans tenir compte du lien visuel.

 L'effet des différentes variables

Comme pour LETELLIER et LJUBINKOVIC (2010), des effets de fréquence, de longueur et de catégorie sémantique ont pu être mis en évidence.

Pour les trois tâches des deux batteries, on relève un effet fréquence en faveur des mots fréquents qui sont mieux dénommés que les mots moins fréquents.

Pour l'épreuve de dénomination et d'appariement sémantique de la BETL, un effet longueur est objectivé en faveur des items courts, mieux dénommés que les items longs. Il est important de préciser que la mesure de l'effet longueur est limitée dans le LEXIS car les items ne dépassent pas 2 syllabes pour la version « sujets âgés » et seuls 4 items de 3 syllabes sont présentés pour la version « sujets jeunes ». La BETL, quant à elle, présente des items de 1 à 3 syllabes répartis équitablement. Nos résultats ne rapportent pas d'influence de la variable longueur pour les épreuves de désignation des deux batteries.

Seule la BETL permet d'explorer la catégorie sémantique. Cette variable n'a pu être prise en compte pour le LEXIS car les items biologiques et manufacturés ne sont pas répartis équitablement (26 items biologiques soit 40,6% du nombre total d'items et 38 items manufacturés soit 59,4%). De plus, la variable de catégorie sémantique est inéquitablement répartie au niveau de la fréquence. Par exemple, pour nos patients, les animaux (items biologiques) étaient moins bien dénommés sachant que sur les 10 animaux du LEXIS, 5 sont très peu fréquents (exemple: lynx, faon), 4 peu fréquents (exemple: phoque, hibou) et un moyennement fréquent (serpent). Ainsi le LEXIS ne permet pas le contrôle des variables de catégorie sémantique et de fréquence. En dénomination et en appariement sémantique de la BETL, on relève un faible effet de catégorie sémantique en faveur des items manufacturés, mieux réussis que les items biologiques. En dénomination, LETELLIER et LJUBINKOVIC (2010) avaient mis en évidence un effet de catégorie sémantique en faveur des items manufacturés dans 90% des cas. Pour notre

échantillon de patients, cette tendance est observable dans 76,92% des cas (10 patients sur 13).

Dans la BETL, le calcul de l'influence des variables linguistiques (fréquence, longueur, catégorie sémantique) est effectif uniquement en tâche de dénomination. Les épreuves de désignation et d'appariement sémantique sont plus difficilement contrôlables car, en plus des variables linguistiques, il y a d'autres facteurs à considérer (pour la désignation : distracteurs, planches simples/complexes ; pour l'appariement sémantique : liens catégoriels ou associatifs). Par conséquent, l'interaction de ces autres facteurs limite l'interprétation des variables linguistiques. Ainsi, dans ces deux épreuves, une erreur pourrait autant être imputée à un effet de fréquence ou de longueur qu'à un distracteur ou un lien sémantique particulier. Le recueil de l'influence des variables linguistiques est actuellement manuel. Un projet d'adaptation du logiciel permettrait le calcul automatique des données recueillies. Une prise en compte automatique de celles-ci serait un gain de temps précieux pour l'examinateur.