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2. PARTIE LINGUISTIQUE

2.1 Analyse des transcriptions relatives à l’item serrure/clé

Lorsque l’on recherche les deux lexèmes serrure et clé dans la base de données du CNTRL pour établir leur proxémie, nous voyons bien qu’ils appartiennent au même champ sémantique, mais élargi. Néanmoins, ces deux termes ne sont pas directement voisins bien qu’ils soient indissociables l’un de l’autre dans leur utilisation. Serrure est plus proche de fermeture, verrou ou encore pêne que du terme clé. Nous pouvons visualiser la proxémie de ces deux termes sur la figure ci-après.

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Figure 3: Schématisation de la proxémie des termes « serrure » et « clé »

Lorsque l’on cherche ces deux lexèmes dans le dictionnaire du CNTRL, nous y trouvons des informations relatives à leurs significations mais également à leurs usages au sein d’une phrase.

La clé est un « petit levier métallique servant à ouvrir et à fermer une serrure ». Ce terme peut être utilisé comme tout substantif avec un adjectif (longue clé). Il peut être suivi d’un substantif (clé de la maison) ou précédé de celui-ci (trousseau de clés). Il peut également adopter la position d’objet direct de verbes transitifs tels que mettre, introduire, rentrer, tourner, essayer, etc. Il peut aussi être au sein de la locution à clé dans fermer une porte à clé.

La serrure est un « dispositif fixe qui commande l'ouverture et la fermeture d'une porte, d'un meuble, etc., […] ». Le CNTRL propose plusieurs prépositions pouvant être utilisées avec clé et serrure : la clef est à la porte, à la serrure, mais on peut dire aussi: sur la porte, sur la serrure ou parfois : dans la serrure.

À priori dans notre corpus ces deux termes sont utilisés avec les acceptions que nous avons précisées ci-dessus. Leurs significations en tant que lexèmes isolés ne semblent pas altérées.

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2.1.2 Analyse syntaxique et sémantique des énoncés

Au sein de notre corpus, sur vingt-six phrases nous en avons coté vingt-trois correctes selon les règles de cotation de l’épreuve. Néanmoins, sur les vingt-trois correctes, huit nous ont posé question.

Parmi les phrases syntaxiquement et sémantiquement correctes il y en a de complexité différente. Nous trouvons par exemple la séquence « La clé est dans la serrure » (n°10), ou encore : « Je vais me servir de la clé que je vais mettre dans la serrure » (n°14).

Trois ont été considérées comme fausses. L’énoncé n°20 n’est sémantiquement pas correct tandis que l’énoncé n°26 n’est syntaxiquement pas correct (il compte deux phrases au lieu d’une). Le troisième énoncé considéré comme faux est une non-réponse.

Certains énoncés, bien qu’entrant à première vue dans le cadre d’une bonne cotation, nous ont paru atypiques selon notre conscience linguistique7. Le tableau suivant reporte les étrangetés que nous avons relevées ainsi que des remarques au niveau de la syntaxe et de la sémantique.

Nous souhaitons cependant préciser que ces remarques sont informatives et ne rentrerons pas toutes dans la grille d’indication qualitative finale. Le but n’étant pas d’uniformiser les productions à un usage normatif de la langue.

7 Selon le Grand dictionnaire de linguistique et sciences du langage de Dubois et al. (2008), la

conscience linguistique est « la connaissance intuitive que le locuteur a des règles et des valeurs de la linguistiques ». C’est une sorte de grammaire intériorisée qu’a en lui chaque locuteur d’une langue.

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Tableau 33 : Enoncés atypiques pour l’item serrure/clé

Numéros des énoncés Particularités Remarques (syntaxe et sémantique) N°5 ; N°17 ; N°25 « […] ouvrir la serrure »

Peut-on réellement « ouvrir une serrure » ? Cette combinaison syntagmatique nous paraît atypique. Nous ouvrons la porte, la fenêtre, cependant « ouvrir la serrure » bien qu’utilisé dans la définition du CNTRL ci-dessus ne nous semble pas exacte.

N°6

« […] la clé de la serrure de ma maison »

Cet énoncé nous paraît atypique de par sa redondance. Nous utilisons plus couramment « clé de la maison ».

N°8 « Il faut la clé dans la serrure »

Cet énoncé nous paraît inachevé.

« Il faut » a ici le sens « d’être nécessaire, indispensable ». Ce syntagme devrait être suivi de la préposition « pour » afin de préciser le contexte.

N°16

« La serrure n’a pas la clé adéquate »

Selon le dictionnaire du CNTRL, lorsque le sujet et l’objet du verbe avoir désignent une chose, l’objet doit impérativement désigner une des composantes, une des caractéristiques du sujet ou un état momentané de ce dernier. Or, clé n’est pas un élément de serrure. Cet énoncé n’est donc pas correct.

N°19 « […] les clés dans la serrure »

Cette occurrence du terme clé au pluriel est l’une des seules du corpus, celle-ci pose question au niveau sémantique. Nous ne pouvons pas introduire plusieurs clés dans une serrure.

N°23 « Je connais la serrure de chez moi, je mets la clé pour ouvrir la porte »

Nous sommes face à deux propositions juxtaposées avec semble-t-il deux prédicats indépendants. Si nous nous plaçons dans notre cadre de référence exposé en partie théorique, nous ne pouvons affirmer que cet énoncé soit une seule phrase.

Lorsque l’on regarde les fonctions syntaxiques attribuées aux deux substantifs proposés, nous retrouvons le plus souvent le terme clé en position sujet ou objet. Le terme serrure est le plus souvent inséré dans un syntagme ayant une fonction locative : « dans la serrure » (quinze occurrences) ou « à la serrure » (la préposition à étant acceptée dans l’axe paradigmatique). Ces fonctions ainsi attribuées assurent le plus souvent une production correcte. Lorsque serrure est utilisé en tant que sujet la production correspondante est maladroite (n°16), il en est de même quand ce terme est placé dans un syntagme ayant la fonction de complément du nom : « de la serrure » ou « de ma serrure » (n°6).

2.2 Analyse des transcriptions relatives à l’item main/voiture