• Aucun résultat trouvé

Analyse des ressources collectées sur le terrain

des faits

3. Une théorie en adéquation avec notre posture : la Grounded Theory

3.3. Analyse des ressources collectées sur le terrain

Plusieu s t pes d a al se s off e t au he heu et ela e fo tio de e u il d si e o te i o e i fo atio s. Ce hoi d pe d de la atu e de l o jet so ial tudi et de la postu e hoisie. “i, pou l a al se des a atio s des o so ateu s, ous a o s hoisi une posture émique afin de comprendre le sens donné à leur consommation, nous adoptons une position étique pour les données recueillies auprès des professionnels. En effet, pour ces derniers, nous cherchons à découvrir comment ils qualifient et caractérisent les comportements des clients de la location de biens en partage.

147

. . . Les analyses comparative et compréhensive, phases incontournables de l’étude qualitative

Plusieu s fo es d a al ses so t dispo i les Özçagla -Toulouse, 2008b), nous allons les présenter et confirmer notre choix en fonction des objectifs de notre recherche.

L'analyse structurale

Les récits peuvent subir une analyse plus sémantique de leur contenu, cette technique a été développée en sociologie plus particulièrement par les auteurs Demazière et Dubar (1997). Elle prend pour appui un postulat de départ qui est le sens subjectif recherché dans le discours narratif, ce dernier n'étant que la structure de l'ordre catégoriel qui organise la production du récit ainsi que la dynamique de son inscription dans cet ordre. Ainsi, le chercheur, selon le type d'analyse utilisée, ici le récit, tend à le transformer en une illustration de la structure et du sens de l'environnement social da s le uel it le a ateu . Da s e ad e, l a al ste i te p te les do es pou o p e d e ette structure. Elle prend e o pte l e se le des lie s au sei d u g oupe. Cette méthode a été employée par Özçaglar-Toulouse (2005) lors de ses recherches doctorales. Ce type d'analyse trouve ses sources dans les expériences vécues du consommateur, sachant que l'entretien narratif montre des formes de constructions de sens. Il s'agit ici d'utiliser la typologie structurale des discours pour donner une signification à des comportements de consommation.

L’analyse diachronique

Le récit de vie est un discours où le narrateur raconte l'histoire de son vécu. Le dialogue est le mode de recueil des contenus, à la différence de l'autobiographie qui lui est le plus souvent une production écrite présentée sous forme chronologique. Le narrateur conte ses expériences vécues de consommation, ses souvenirs, ses sentiments et ses ressentis. Grâce aux relances du chercheur lors de ce dialogue, il essaie de et a e les e e ts ui l o t o duit à agi de ette faço -là. Pour analyser ces contenus, nous sommes obligés de retrouver la structure diachronique du discours pour en extraire des événements qui en sont la cause, ceux qui ont agi au fil du temps pour éclairer les événements relatés. Cette nécessaire reconstitution des enchaînements de situation, d'actions et d'événements survenus assureune meilleure compréhension de la causalité séquentielle. L'entretien narratif retranscrit est le fruit d'un e pos spo ta au œu d'u dialogue. Il est a a t is pa des retours dans le passé et par des bonds en avant parfois difficiles à suivre pour le non-initié. Dès lors, l'analyste entame un long travail rigoureux pour retrouver cette structure diachronique. Elle est la source de découvertes qui mènent parfois vers des nouvelles voies d'investigation. Pour ce faire, le chercheur crée des outils sous la forme de graphiques, de schémas afin de rendre lisible cette succession d'événements. Ces liens nous éclairent sur les uptu es et auses à l o igi e de modifications de comportements de consommation. Cette analyse nous instruit, dans le cadre de

ot e tude, su la apa it de l i di idu à hoisi la lo atio au lieu de la possessio . L'analyse compréhensive

Cette analyse prend la forme, pour le chercheur, d'une immersion dans le monde du narrateur. Pour s'imprégner et ressentir au mieux les vécus, il se dégage de ses propres pensées et demeure le plus neutre possible pour recueillir un maximum d'informations. Cela demande une empathie certaine et u e apa it d oute de so i te lo uteu . Cette d a he i telle tuelle o t i ue à ieu saisi les

148

stratégies et les objectifs que l'individu a poursuivis tout au long de sa vie. En définitive, il s'agit de comprendre les logiques de chacun au fil de son récit. Alors, le chercheur conçoit une représentation des rapports et des processus à l'origine des événements évoqués dans l'entretien compréhensif. Il est qualifié de compréhensif car nous cherchons à comprendre les logiques du narrateur. La mise en œu e de e t a ail suppose de la igueu et u e e tai e fo e d'i agi atio pou e e e tai es logiques absentes lors de la narration. Ici, les récurrences, contradictions et même contradictions récurrentes, les indices, contribuent pour chacun à la reconstruction des événements de l'expérience de o so atio ue Kauf a , . D u e a i e g ale, elle est la p e i e fo e d a al se d plo e pou o p e d e le sens donné aux actes de consommation dévoilés par les narrateurs.

L'analyse thématique

Elle o espo d, e g al, à l u des p e ie s t a au alis s d s lo s ue les e t etie s so t retranscrits. Elle consiste à retrouver, dans les récits, les passages attachés à des thèmes différents, et ensuite à les comparer d'un récit à un autre. Elle se conjugue avec une analyse comparative continue préconisée par la Grounded Theory. Toutefois, cette méthode de travail est facilitée si lors du recueil des données verbales, le chercheur a pris soin de poser des questions en nombre restreint c'est-à-dire en ayant abordé un nombre de thèmes étudiés. Or, cela suppose de suivre un guide d'entretien. Ce guide correspond à des thèmes à aborder mais il ne doit en aucun cas se transformer en un entretien semi-directif. Cette pratique présente des avantages da s le as où l o hoisit de préparer l'analyse comparative du corpus obtenu après retranscription des entretiens, et de favoriser la construction du plan d'écriture du compte rendu. Chaque thème constitue alors un chapitre, cette technique est dommageable à la compréhension globale du récit si l'on analyse des thèmes de manière isolée et décontextualisée. Pourtant, nous avons réalisé une étude thématique manuelle lo s de ot e phase e plo atoi e ai si u u e a al se le i ale th ati ue lo s du e ueil des récits de vie. Cette analyse lexicale, attachée à un ensemble de thèmes des récits de vie, nous sert de o fi atio des sujets a o d s pa les o so ateu s o e la possessio , le pa tage de l usage d u ie , les sa ifi es o tai es, la sista e à l h pe o so atio , la lo atio et les représentations sociales. Ainsi, leur interprétation contribue à la découverte de certains éléments d te i a ts lo s du hoi de loue l usage.

Analyse comparative

L a al se o pa ati e, fo de e t de la o st u tio de la théorie enracinée dans les faits, est contigüe à la construction progressive de l ha tillo . Cha ue ou eau po da t est e ut su sa capacité à enrichir le modèle en construction. Lors de notre recueil de données, la variété des sources est essentielle (des entretiens, des récits, des communiqués de presse sur Internet, des a ti les, des i di es isuels et … . D s lo s, il se et e pla e u e o f o tatio de es do es et u embryon de modèle se forme. Ce dernier semble, au premier abord, peu élaboré, voire même marqué par des présupposés. Au fur et à mesure de l'enrichissement des apports par les différents concepts évoqués par les narrateurs, il se construit de manière plus précise. Grâce à la comparaison entre les différents parcours biographiques des individus et des situations distinctes, des récurrences vont apparaître : ce sont des logiques d'action ou des processus semblables vécus par des individus. La confrontation entre les récits est un moment essentiel de la démarche du chercheur. Cette comparaison avec les propositions initiales sur un nombre très restreint de cas, confirme ou infirme

149

ces avancées. En effet, les cas négatifs agréent ou infirment le modèle en y apportant d'autres o atio s ui a aie t t ou li es ou ui taie t pas encore apparues. Ces apports positifs ou négatifs ne remettent pas forcément en cause le modèle dans sa globalité, mais ils aident seulement à reformuler une hypothèse et à affiner sa construction.

L e t etie o p he sif est u ode de e ueil de do es ui fa ilite l a al se o pa ati e. Il se app o he du it de ie et p se te l a al se du o te u o e u app o he e t des e p essio s u e tes. Cepe da t, sa pa ti ula it est de soulig e l i po ta e des e p essio s contradictoires (Kaufma , . Ces de i es d o st uise t l e ista t tout e appo ta t des o st uits essai es à la alidatio d h poth ses. De ette a i e, o attei t u e satu atio sa ha t u elle pe et de o sid e la e he he o e a he e totale e t ou de a i re provisoire.

À quel moment doit-on démarrer l'analyse comparative ? L'intérêt de travailler avec des récits, c'est-à-dire des biographies, est que cette analyse comparative débute dès le deuxième entretien narratif, voire, dans certains cas, dès le premier. En effet, le recueil de données remet en cause ce que le he heu se lait sa oi au d ut de l tude. Il e iste u e di e ge e e tai e a e les e u tes quantitatives où l'analyse des données débute à la fin de la récolte sur le terrain alors que l'enquête qualitative, étude plus approfondie, expose les premiers résultats dès les premiers entretiens sur le terrain.

Nous pouvons nous interroger sur le moment où la saturation sera atteinte et nous demander si un petit nombre d'entretiens suffira à crée u e fo e d u i e salit . Pou ta t, da s la alit , des récurrences apparaissent rapidement. Elles dépendent de la pertinence et de la diversification du choix des cas observables et observés sur le terrain. L'avancée du modèle, pour atteindre un achèvement de la recherche, sera le fruit d'une interaction entre le recueil des différents indices et les analyses de contenus et les analyses lexicales des entretiens narratifs. Toutefois, malgré de nombreuses précautions prises lors des entretiens narratifs, os sultats e so t pas e e pts d u iais de o ta i atio . Ce de ie peut p o e i d u e i flue e o oulue, ais a oi s possi le, de l e u teu su les di es de la pe so e i te og e.

Dans notre tentative de compréhension de la capacité à adopter un changement vers une nouvelle fo e de o so atio , a il s agit i i e pa tie d u ha ge e t de e talit , ous pa to s du singulier pour atteindre une forme de généralité. Notre hoi d u e postu e émique pour

o p e d e de l i t ieu les logi ues de o so atio suppose d utilise les a al ses o pa ati e, compréhensive, thématique et diachronique pour réussir à formaliser des catégories. Ces dernières sont amendées tout au long de la collecte des données et, en fait, participent à la construction du modèle.

3.3.2. La présentation des résultats

Les hypothèses ou propositions initiales trouvent leurs sources au sein des ressentis du chercheur, des idées qui découlent de constats de la vie quotidienne, des conclusions des récits. Elles créent des construits qui sont parfois erronés ou justifiés. Tout au long des entretiens narratifs, leur amélioration, conséquence des remises en cause des idées, construitun modèle. Lors de la rédaction des résultats, nous sommes tentés d'y introduire des extraits de ces derniers sous la forme de verbatim. O , ils desse e t pa fois l a gu e tatio s'ils e so t pas hoisis à o es ie t.

150

Dans le cas d'une analyse qualitative dans laquelle un nombre restreint de parcours biographiques est recueilli, la présentation détaillée des différents membres interrogés ainsi que leurs critères sociodémographiques est constructive. Cela participe à une meilleure compréhension du parcours de vie des individus et resitue l'objet social étudié dans son contexte. Nous retrouverons, plus en avant dans notre présentation, des synthèses individuelles de chacun de nos narrateurs, comprenant les différents éléments descriptifs les concernant (Annexe 3).

Pour gagner en qualité d'analyse, la et a s iptio i t g ale des e t etie s s effe tue ap s ha ue entrevue. Dès lors que ce travail de transcription effectué, une analyse transversale de l'ensemble des données à la disposition du chercheur apporte les modifications nécessaires à nos propositions et concepts initialement dévoilés. De plus, la rapidité de l'exécution de cette tâche favorise l e ge e des d tails et i di es si i po ta ts pou saisi les o t adi tio s ui appa aisse t da s le récit du narrateur. Comme les entretiens sont au nombre de deux à trois en moyenne par individu, nous pouvons envisager de retranscrire le premier entretien et de le faire valider par le narrateur lors du deuxième entretien, cette méthode a été utilisée par Özçaglar-Toulouse(2005)lors de son travail do to al. L i t t e est, d'u e pa t de t a s i e de a i e e hausti e pou t e au plus p o he de la réalité narrative et, d'autre part, de maintenir un climat de confiance entre le chercheur et la personne interrogée. Pour le retour de certaines transcriptions, nous avons employé une stratégie en dou le o e tio : l u e a e toutes les lo utio s « Ah Euh etc. » pou ot e e he he et l aut e plus littéraire, proposée pou alidatio au a ateu s afi d ite de les f oisse . En effet, certains narrateurs dont Lucienne ai ent pas relire ces expressions. Cette attitude rassure le narrateur et l'encourage à nous livrer des confidences. Il se dévoile de façon plus approfondie. Il évoque ses vécus, ses pensées quant à ses choix de consommation, ses projets tant privés que professionnels. Cette o fia e est esse tielle à la p odu tio d e t etie s i hes e appo ts.

La présentation des résultats dans le cadre des récits de vie se concrétise par une description du terrain dans lequel s'est effectuée la recherche, des membres qui constituent l'échantillon théorique de manière détaillée, et enfin des illustrations sous la forme de verbatim. Il est tentant de montrer les hypothèses et, à chaque fois, de proposer des réponses issues du terrain pour argumenter. Cependant, cela nuit à la compréhension du lecteur et même dessert le modèle construit. L'utilisation des extraits d'entretiens conjuguée à des indices récoltés sur le terrain (moments riches d i fo atio s, e p essio pa ti uli e issue du ilieu social étudié, expressions verbales et gestuelles, i e… oi e la des iptio d' otio ise à jour, suffira à illustrer largement les propos ete us. L ajout d illust atio s assu e u e eilleu e lisi ilit des o te us des a al ses, le le teu e général s i e ge da s le it oi e s ide tifie au narrateur, sa compréhension en est renforcée (Dion, Rémy et Sitz, 2010). A contrario, en sociologie, certains ouvrages reprennent le récit dans sa globalité pour conforter le modèle et argumenter au mieux. Da s l o jet de notre thème, ici une consommation chargée de sens, sont présentés des morceaux choisis sous la forme de verbatim et à titre illustratif. N a oi s, os sultats so t sus epti les de o t e des e eu s d a al se ue nous te to s d a ue pa l e ploi d u logi iel de t aite e t de do es te tuelles. L outil i fo ati ue o pl te l a al se de o te u et ajoute u e fo e d o je ti it au a al ses de contenu. Il quantifie statistiquement les occurrences et récurrences des mots recueillis lors des récits.

Les récits de vie sont un moyen largement répandu en sciences sociales, repris de plus en plus en sciences de gestion, pour aborder des thématiques introspectives sur la nature des actes de

151

consommation. Soulignons un point rencontré lors de l a tio su le te ai , les e t etie s so t aussi u e thode pou l i di idu ui se a o te de ett e du se s da s ses us, il agit su lui-même, bien au-delà des informations u il ous le. Au cours de cette introspection, certains répondants de l ha tillo , u ho e et u e fe e, o t e plo la tapho e th apeuti ue pou ous donner leur consentement à participer à cette collecte de données primaires (Giordano, 2003). Ils y ont trouvé des réponses à un questionnement plus existentiel. La mise en récit de ses propres e p ie es de ie est u o e de gou e e sa ie g â e à ette isio t ospe ti e. C est, peut-être, une solution p dagogi ue d aide à la t a sfo atio l t e hu ai et elle a, dans le même temps, servi notre recherche.