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Etudier le rationnement revient à vérifier que les besoins sont correctement couverts par les apports. Pour ce faire, on peut, comme on le verra par la suite, comparer les besoins et les apports mais on peut aussi s’appuyer sur les résultats zootechniques et voir s’ils sont satisfaisants. Ces résultats zootechniques sont appréciés via l’état d’embonpoint des animaux et les performances de l’élevage. Leur analyse permet d’évaluer la qualité de la couverture des besoins énergétiques des animaux et par conséquent la qualité du rationnement.

L’objectif des deux méthodes qui suivent est d’apprécier les conséquences du pâturage, c’est à dire l’état d’engraissement des animaux ou le poids vif produit par hectare de pâture. Cependant elles ne permettent pas d’évaluer l’origine de cet état d’engraissement ou de ce rendement. En effet, leur variation par rapport aux valeurs idéales peut être dû à un problème de rationnement mais aussi à un problème sanitaire, par exemple.

La méthode utilisant l’état corporel s’applique préférentiellement à un individu tandis que la méthode utilisant le rendement s’applique plutôt à l’élevage entier. Pour des groupes d’animaux, les deux méthodes sont applicables.

II.1. Analyse de la couverture du besoin énergétique à partir du rendement

L’analyse de la couverture du besoin énergétique à partir du rendement permet d’apprécier la couverture du besoin énergétique des animaux, par rapport à la pâture disponible. En effet, on s’intéresse ici au nombre de kilo de poids vif produit par hectare (rendement à l’hectare). La comparaison de cette valeur à des valeurs de référence donne une idée de la qualité de la production, soit à l’échelle du troupeau, soit à l’échelle de groupes d’individus. Il peut aussi être intéressant d’utiliser la disponibilité pour calculer le nombre de kilo de poids vif produit par kilo de matière brute (ou sèche) disponible (rendement au kg de matière disponible). Si ce rendement est faible, ceci peut être du à une mauvaise qualité de la végétation, à des problèmes de consommation ou encore à des troubles de métabolisation et d’utilisation, dûs eux-mêmes à des troubles sanitaires. De même, le calcul du nombre de kilo de poids vif produit par calories disponibles (ou exprimé par rapport à une autre unité énergétique) sur la pâture (rendement à l’unité fourragère), en utilisant la valeur énergétique de l’aliment en question, donne des indications sur la façon dont est consommée la végétation et dont est utilisée l’énergie disponible sur la pâture. La comparaison de ces deux derniers rendements à des valeurs types puis entre eux permet de savoir quelle étape (valeur énergétique de l’aliment, consommation, digestion, métabolisation, utilisation) limite le rendement. On verra aussi un peu plus loin que le rendement peut permettre, lorsque l’on a connaissance du besoin énergétique des animaux, d’estimer les quantités d’aliment qu’ils ont consommés.

II.2. Analyse de la couverture du besoin énergétique à partir de l’évaluation de l’état corporel

L’évaluation de l’état d’engraissement des animaux est un bon indicateur de la couverture de leur besoin énergétique. Cependant, cette méthode ne donne des indications qu’à l’échelle de l’animal, à la différence du rendement qui donne des informations sur l’interaction animal - pâture.

L’évaluation de l’état d’engraissement repose sur des observations qui peuvent être subjectives. Il est donc préférable d’utiliser des échelles de notes corporelles définies à partir de critères morphologiques précis, propres à chaque race et qui sont fonction de leur conformation : c’est la méthode du scoring. Plusieurs systèmes de notation peuvent être utilisés : le système américain à 9 points [Corah, 1995] résumé en Annexe 11 ou encore le système français à 5 points [Houghton et al., 1990 ; INRA, 1989]. Le système à 9 points est mieux adapté aux races exploitées en Amérique (Angus, Hereford,…) dans les élevages extensifs.

Pour que la notation soit la plus objective possible, les animaux doivent être soigneusement observés, d’abord de loin pour faire une estimation grossière, puis le plus près possible. La palpation peut être nécessaire pour affiner l’observation (palpation des processus vertébraux, par exemple) surtout chez les animaux en excédent de poids. Plus les structures osseuses (épaule, côtes, éminences vertébrales) sont visibles, plus la notation sera faible. La couverture adipeuse et la musculature sont appréciées en observant d’abord les parties arrières de l’animal puis les côtes, dont la couverture graisseuse permet généralement d’affiner la notation.

Si on se place dans le système de notation à 9 points, l’état satisfaisant d’un animal est atteint pour une notation de 5-6. Au delà ou en deçà, l’animal présente un excès ou un déficit énergétique qu’il est possible d’évaluer [NRC, 2000]. D’après le tableau présenté en Annexe 12, on peut déterminer, pour un animal de poids donné, l’énergie nécessaire pour qu’il passe d’une notation à la suivante. L’énergie supplémentaire à apporter à un animal pour qu’il atteigne une notation satisfaisante de 5-6 correspond à la somme des énergies nécessaires pour augmenter l’état corporel d’un point et ce jusqu’à 5-6. De même, si l’animal présente une condition supérieure à 5-6 de notation, l’énergie excédentaire totale correspond à la somme des énergies nécessaires pour diminuer l’état corporel d’un point et ce jusqu’à une notation de 5-6.

Cette méthode permet donc simplement d’évaluer numériquement l’état énergétique d’un individu ou d’un groupe d’individus homogène par son état d’engraissement. Cependant, surtout lors de déficit énergétique, elle ne permet pas de savoir dans quelle mesure ce déficit est dû à un problème de rationnement ou à un autre problème d’ordre sanitaire comme du parasitisme, des pathologies digestives,…. Il faut donc estimer l’état sanitaire des animaux (coprologie,…) et en tenir compte dans l’interprétation des résultats obtenus par la méthode du scoring. De plus, il peut être intéressant de quantifier l’impact des problèmes sanitaires sur

le niveau énergétique des animaux. Pour cela, il est tout d’abord nécessaire d’estimer la part du déficit énergétique imputable à un problème de rationnement. Ceci ne peut se faire qu’en comparant les besoins énergétiques des animaux à l’énergie apportée par le pâturage.

Il est tout de même important de préciser que les échelles de notation corporelle ainsi que les estimations de déficit ou d’excès énergétique qui y sont associées, ont été réalisées sur des races élevées dans des conditions généralement intensives. Or, comme on l’a vu précédemment, les animaux élevés de manière extensive ont une capacité à réaliser des réserves et à les mobiliser plus importante que ceux élevés de manière intensive. Il est possible que les estimations de couverture du besoin énergétique par la méthode du scoring ne reflètent que grossièrement la réalité. C’est pourquoi, l’analyse du rapport entre les apports et les besoins, en particulier par la méthode factorielle, paraît indispensable.