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CHAPITRE 3 : ÉVALUATION DE LA QUALITÉ NUTRITIONNELLE

3.3 ANALYSE COMPARATIVE

Considérant qu’il existe plusieurs méthodes pour évaluer la QN, le choix d’un indice de QN correspondant aux besoins d’un milieu en particulier, servant un but de recherche précis ou adapté à une population cible peut s’avérer difficile. Afin de soulever les forces et les faiblesses des différents indices de QN présentés précédemment, le tableau 9 compare les composantes alimentaires ainsi que les quatre dimensions du concept de QN. Ce tableau relève également les limites méthodologiques des indices de QN et les aspects pratiques à considérer.

Tableau 9 : Comparaison des caractéristiques de différents indices de qualité nutritionnelle

HEI1 C-HEI MS-dps Indice DASH HDS DST

Composantes alimentaires Emphase sur fruits et légumes Qualité des produits céréaliers Poissons et fruits de mer Pas de quantités de nutriments

Dimensions de la qualité nutritionnelle

Variété Équilibre Modération Atteinte des besoins nutritionnels

Aspects méthodologiques et pratiques

Score continu Population nord- américaine Intermédiaire d’évaluation des habitudes alimentaires non requis

1 Kennedy ET et coll., J Am Diet Assoc, 1995.

Abréviations : DST, Dietary Screening Tool; HDS, Healthy Diet Score; HEI, Healthy Eating Index; MS-dps, Mediterranean-Style dietary pattern score.

3.3.1 Composantes alimentaires

Alors que le HDS regroupe et pondère les fruits et les légumes comme les autres composantes avec un score maximal possible de dix, le HEI, le C-HEI, le MS-dps, l’indice DASH et le DST accordent une place importante à ces aliments en leur attribuant un maximum possible de vingt points. Cela représente une force de ces indices de QN puisque les fruits et les légumes sont systématiquement associés à de meilleures habitudes alimentaires et à un profil CM plus favorable [160-162].

Un inconvénient du HEI original et du C-HEI est que la qualité des produits céréaliers n’est pas prise en considération alors que les grains entiers sont reconnus pour leurs effets

bénéfiques sur la santé CV tandis que les produits céréaliers raffinés sont plutôt associés à un profil CM plus détérioré [163, 164]. Par ailleurs, le MS-dps, l’indice DASH, le HDS et le DST tiennent compte de la qualité des produits céréaliers consommés, ces indices de QN étant donc plus cohérents avec les évidences scientifiques actuelles.

Concernant la composante poissons et fruits de mer, l’indice DASH regroupe ces aliments avec la viande et les volailles ce qui est une limite importante. En effet, ces aliments ne présentent pas les mêmes associations avec le profil CM et la santé CV suggérant qu’ils ne devraient pas être regroupés en une seule composante dans un indice de QN [91, 92]. Le MS-dps, le HDS et le DST distinguent les poissons et les fruits de mer des autres sources de protéines animales, ce qui est une force de ces indices de QN. Toutefois, le DST est le seul de ceux-ci distinguer en plus la volaille et les viandes transformées qui ont des effets sur le profil CM et la santé CV neutres et délétères respectivement [10, 91, 92, 165, 166].

Par ailleurs, le HEI, le C-HEI et le HDS utilisent des composantes quantitatives sur des nutriments (acides gras saturés, cholestérol et sodium) ce qui nécessite la quantification des apports et ajoute une barrière au calcul de ces scores, surtout en pratique clinique. En somme, le MS-dps et le DST sont les deux indices de QN à satisfaire tous les critères relevés pour les composantes alimentaires.

3.3.2 Dimensions de la qualité nutritionnelle

Certaines des quatre dimensions de la QN, soit la variété, la modération, l’équilibre ou l’atteinte des besoins nutritionnels, ont été considérées par quelques-uns des indices de QN présentés. Malgré que la variété alimentaire soit associée à une meilleure QN et à une santé plus optimale, ce concept est présent uniquement dans le HEI et le C-HEI ainsi que dans le DST [109, 110]. Par ailleurs, les experts de l’AHA ont suggéré que la balance énergétique, une combinaison de la modération et de l’équilibre, ferait essentiellement partie de la QN sans devoir

spécifiquement mesurer l’équilibre entre les apports et les dépenses énergétiques [4]. En conséquence, la recommandation d’un nombre de portions en fonction des besoins

et ne lui apporte qu’une faible valeur ajoutée. De plus, le nombre recommandé de portions dans le calcul du C-HEI est établi selon des données datant de plus de vingt ans impliquant que ces normes ne concordent probablement plus avec les données actuelles.

Pour ce qui est de la modération, le MS-dps, l’indice DASH et le DST incluent des groupes d’aliments à limiter, comme les sucreries et les sucres ajoutés, ce qui représente une force de ces indices de QN [6]. Par ailleurs, le HDS est le seul des indices QN présentés précédemment à évaluer la consommation des boissons sucrées, qui sont associées à une QN plus faible et à un risque de maladies CV augmenté [112, 166-168].

Comme mentionné précédemment, l’atteinte des besoins nutritionnels s’évalue entre autres par une consommation moins fréquente et en plus petite quantité des aliments de faible densité nutritionnelle et par la prise de suppléments nutritionnels [7, 119]. Seul le DST documente la prise de suppléments nutritionnels, ceux-ci étant associés à une meilleure QN [92, 124]. En conséquence, le DST est l’indice de QN parmi ceux présentés qui considère le plus de dimensions de la QN avec trois dimensions abordées sur quatre.

3.3.3 Aspects méthodologiques et pratiques

L’obtention d’un score en continu offre plus de possibilités d’analyses statistiques et facilite l’interprétation des résultats ce qui est un avantage de tous les indices de QN présentés [124]. Dans le contexte de l’étude présentée dans ce mémoire, l’C-HEI, le MS-dps et le DST ont l’avantage d’avoir été adaptés spécifiquement à la population nord-américaine. Toutefois, tel qu’expliqué dans la description du MS-dps, le score de cet indice de QN est pondéré selon la proportion d’aliments consommés faisant traditionnellement partie de l’alimentation

méditerranéenne [125, 129]. En conséquence, si cette proportion est faible, le score du MS-dps reflète seulement une petite partie de l’ensemble des habitudes alimentaires ce qui limite son utilisation dans une population nord-américaine.

À l’exception du DST, tous les indices de QN présentés requièrent l’évaluation des habitudes alimentaires par l’intermédiaire de méthodes comme un rappel de 24 heures, un questionnaire de fréquence alimentaire quantitatif et exhaustif ou un journal alimentaire. Cela représente une barrière majeure à l’évaluation de la QN avec une approche simple et rapide, car cette étape supplémentaire demande beaucoup de temps et de ressources financières, humaines et

matérielles. De plus, le rappel de 24 heures n’estime pas l’ensemble des habitudes alimentaires, le questionnaire de fréquence alimentaire quantitatif exhaustif est très long et difficile à remplir pour les sujets et l’analyse d’un journal alimentaire exige beaucoup de ressources [124]. Il demeure toutefois important de soulever que le DST est une forme de questionnaire à choix multiple qui ciblent des intervalles de fréquence de consommation des aliments ou groupes d’aliments dans le dernier mois, et qui fait donc appel à la mémoire des sujets [159].

3.3.4 Évaluation de la qualité nutritionnelle dans le programme de recherche du Grand Défi Entreprise

À la lumière de l’analyse comparative présentée dans le tableau 9, le DST demeure l’indice de QN qui répond au plus grand nombre de critères ciblant à la fois les composantes alimentaires, les dimensions de la QN ainsi que les aspects méthodologiques et pratiques. En effet, le DST satisfait dix critères sur onze puisqu’il lui manque seulement l’évaluation de la dimension de l’équilibre ou de la balance énergétique.

En plus des éléments mentionnés précédemment, la courte durée requise pour compléter le DST est une autre de ses forces. De plus, les questions posées sont relativement faciles à répondre puisque la majorité d’entre elles ciblent des fréquences de consommation d’aliments ou de groupes d’aliments sans spécifier des quantités ou des portions. Un des principaux avantages à l’utilisation du DST reste qu’il permet l’obtention du score de QN instantanément et sans de calcul de la part des professionnels de la santé lorsque le questionnaire est complété sur une interface informatisée incluant un algorithme de calcul. Il est également possible de calculer le score du DST en quelques minutes avec l’aide d’une grille de calcul en fonction des réponses du sujet au questionnaire. Par ailleurs, le DST ne mesure pas l’adhésion à un type d’alimentation en particulier (méditerranéenne, DASH, etc.) ce qui permet d’évaluer la QN peu importe les habitudes alimentaires adoptées par la population à l’étude.

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