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Amélioration génétique du bovin N’Dama en Gambie

Chapitre I. Programmes de sélection du bovin N’Dama en Afrique de l’Ouest : Cas du Sénégal,

6. Amélioration génétique du bovin N’Dama en Gambie

6.1. Objectifs du programme

Le programme de sélection du bovin N’Dama en Gambie a débuté en 1994 dans un contexte de pression glossinaire importante, d’une forte demande en lait et en viande pour la réduction de la mortalité infantile et de l’amélioration générale de la sécurité alimentaire (Dempfle, 1993). En 1993, la nécessité d’un programme cohérent et complet d’amélioration génétique a été exprimé (Bosso et al., 2007). Dans ses premières années, jusqu’en 2000, le programme a été financé par la coopération allemande et la FAO. En 2000, le programme d'amélioration a reçu un financement de l'Union européenne (UE) dans le cadre du projet PROCORDEL (Programme de concertation de recherche-développement sur l'élevage en Afrique de L'Ouest). Une partie des fonds de PROCORDEL, ainsi que le soutien supplémentaire reçu en 2002 du Fonds pour le développement international de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP-FID), ont été utilisés pour soutenir la poursuite du développement et de l'évaluation (Bosso et al., 2007). En 2008 le financement du PROGEBE par la BAD et la FAO prend le relais pour la poursuite du programme.

Les objectifs du programme, consistant en l’accroissement des productions de viande et de lait sans compromettre les capacités d’adaptation et de résistance aux maladies de la race, ont été définis dès le départ de manière participative entre le service National de Recherche Agricole (NARS pour National Agriculture research service) et les représentants des groupes d’éleveurs (Dempfle, 1993 ; Bosso et al., 2007). A l’occasion de cette définition, il avait été observé qu’en plus de la viande et du lait, les éleveurs utilisent la N’Dama dans la production agricole, pour la traction et la production de fumure.

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Table 2 : Aperçu du développement chronologique du programme d’amélioration génétique des bovins N’Dama en Gambie (Bosso et al., 2007)

Evènements Période

Création de l'ITC 1984

Mission de consultation de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) effectuée à l'ITC

1990 Nécessité d'un programme d'amélioration cohérent et complet exprimée 1993

Proposition d’un schéma de sélection à noyau ouvert 1993

Acceptation par la coopération allemande (BMZ pou Bundesministerium für Wirtschaftliche Zusammenarbeit) de soutenir financièrement la proposition d’un schéma de sélection à noyau ouvert

1993

Lancement du programme 1994

Début de l’enregistrement des performances 1995

Atelier organisé pour définir les objectifs de sélection 1996

Achat d'animaux de remplacement (dépistage) 1996/1999

Accord sur les objectifs de sélection 1998

Introduction d'une évaluation BLUP de modèle animal 1998

Introduction d'un mécanisme de diffusion du progrès génétique 2001 Financement du Projet PROCORDEL pour la diffusion des géniteurs améliorés 2000

Financement OPEP- FID pour des opérations de dépistage 2002

Création d’associations d’éleveurs pour la multiplication du bétail (GILMA pour Gambian Indigenous Livestock Multiplier Association)

2002 Enquête sur l'avis des agriculteurs sur le programme de sélection 2003

Financement du PROGEBE 2008

6.2. Schéma de sélection

La stratégie était basée sur un système de sélection à noyau ouvert à trois niveaux, incluant le noyau, la multiplication et les élevages commerciaux. Il consistait en un schéma de sélection de jeunes géniteurs. Pour diminuer les effets de la consanguinité dans le noyau, des dépistages occasionnels ont été organisés pour introduire des descendants mâles des meilleures vaches des fermes participantes (Jatner et al., 2003). Le schéma adopté consistait à sélectionner les meilleurs mâles reproducteurs (taureaux) à partir des troupeaux du noyau de sélection. Ces mâles étaient disséminés dans les troupeaux multiplicateurs et les troupeaux qualifiés au niveau communautaire pour multiplier les gains génétiques accumulés. Les descendants de ces géniteurs étaient transférés chez les agriculteurs au niveau villageois. De cette manière, les animaux sélectionnés du noyau se multipliaient en plus grand nombre pour atteindre davantage de troupeaux au niveau communautaire.

Le noyau de sélection était géré dans deux stations, de Kenaba et de Bansang. La station de Kenaba était caractérisée par une pression glossinaire moyenne à faible. Y avait lieu la reproduction et le testage des jeunes taureaux jusqu’au sevrage à 12 mois. La station de Bansang était caractérisée par une forte pression glossinaire. S’y déroulait la sélection finale à 36 mois. Les meilleurs animaux, démontrant leur

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tolérance dans ces conditions d’élevage, étaient choisis, traités par des trypanocides et retournés à Kenaba pour la reproduction.

6.3. Critères de sélection

Les animaux étaient sélectionnés selon un index composite contenant des informations sur les performances de croissance des jeunes taureaux et des apparentés. Les informations phénotypiques reprises étaient le GQM de 0 à 12 mois en zone contrôlée à Kenaba, le GQM de 15 à 36 mois en zone difficile à Bansang et la production laitière sur les 100 premiers jours de lactation des mères à taureaux. Le critère de tolérance à la trypanosomose, mais aussi d’adaptation plus générale aux conditions d’élevage prévalant dans la région, était ainsi pris en compte en élevant les animaux candidats à la sélection sous un système de production à faible niveau d’intrants à Bansang, où les conditions d’élevage sont proches de celles des villages et la pression glossinaire est forte.

Chaque année, un à deux taureaux étaient sélectionnés pour le remplacement des mâles reproducteurs dans le noyau. Les seconds meilleurs mâles (environ 10) étaient diffusés dans les troupeau de multiplication, tandis que tous les autres étaient vendus aux bouchers (Bosso et al., 2007). La sélection des femelles reposaient presque entièrement sur la performance de lactation. A peu près 55 femelles étaient retenues chaque année pour le remplacement des mères à taureaux (Dempfle et Jaitner, 2000). Une évaluation génétique réalisée à l’aide du modèle BLUP a indiqué un gain génétique de 0,40 kg par an et une héritabilité estimée variant de 0,28 pour le 36 mois à 0,48 pour le poids à 15 mois (Bosso et al., 2007).

6.4. Implication des éleveurs dans le programme

Comme décrit par Bosso et al. (2007), les éleveurs jouaient un grand rôle dans la diffusion du progrès génétique du programme. Ils ont été sensibilisés et organisés pour former une association de sélectionneurs appelée « Association des multiplicateurs de bétail indigène de Gambie » (GILMA, pour Gambian Indigenous Livestock Multiplier Association). Les agriculteurs deviennent membres s'ils reçoivent un animal reproducteur du centre international de trypanotolérance (ITC, pour International Trypanotolerance Center) et acceptent de respecter les règles de l'association.

Le rôle de la GILMA dans le programme de sélection était de coordonner la multiplication des géniteurs élites issus du noyau de sélection dans des troupeaux de multiplication et de diffuser leur progéniture au niveau des agriculteurs. Pour mieux assurer leur rôle, les éleveurs membres de la GILMA bénéficiaient périodiquement de formations sur la production et la santé des animaux et sur la transformation de produits de l'élevage. Des renforcements des capacités institutionnelles des parties prenantes et une politique d’incitations pour une meilleure participation des éleveurs étaient opérés. Parmi les stratégies d’implication des éleveurs, un programme de communication à travers des ateliers, des visites des fermes, de diffusion de films et d’organisation de foires était développé pour démontrer les bénéfices

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issus de la production du bovin N’Dama (Bosso et al., 2007). Ces stratégies avaient permis de diffuser environ une centaine de géniteurs de qualité aux agriculteurs entre 1994 et 2000.

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