1. Introduction
1.2. Les cellules stromales mésenchymateuses
1.2.5. Les CSM dans le myélome
1.2.5.2. Altérations constitutives
Une question émerge de l'importance des CSM dans le développement et la progression du
MM : y a t'il des différences entre les CSM de donneurs sains et celles provenant de patients atteints
de MM [248] ? Certaines études suggèrent que les MM-CSM sont intrinsèquement anormales et le
resteront même en l'absence de l'influence des cellules myélomateuses, alors que d'autres études
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théorie, on peut citer les patients qui survivent des années avec des lésions ostéolytiques qui ne
guérissent jamais même en l'absence de tumeur, suggérant un défaut permanent des MM-CSM
[249]. Concernant la théorie opposée, il a été démontré qu'en quelques heures seulement de
co-culture avec des cellules myélomateuses des DS-CSM peuvent devenir des MM-CSM in vitro,
exprimant un phénotype similaire à celui de CSM provenant de patients myélomateux [250]. Ces
études montrent que le développement des MM-CSM est peu compris, d'autant plus que plusieurs
études se contredisent sur, par exemple, le potentiel ostéogénique et la présence d'altérations
génomiques. Ces contradictions indiquent que le développement des MM-CSM est probablement la
conséquence de facteurs multiples et que les altérations peuvent varier entre individus, entre les
sites de lésion, entre le type des lignées de cellules myélomateuses utilisées (in vitro) et du fait de
l'hétérogénéité de la population des CSM.
Bien que certaines observations soient débattues ou contredites, on peut affirmer que les
MM-CSM diffèrent des DS-CSM sur de nombreux aspects :
1.2.5.2.1. Phénotype
Wallace et al. ont démontré que les MM-CSM expriment moins intensément VCAM-1 et la
fibronectine tandis qu’elles surexpriment la L-sélectine et RHAMM intracellulaire [251]. Par
cytométrie en flux et par PCR quantitative (qRT-PCR), Garderet et al. ont observé une diminution
de l’expression de nombreux récepteurs aux facteurs de croissance tels que NGFR, PDGF-β/αR,
bFGFR, IGFR et EGFR [252]. En dehors de ces molécules, peu d’altérations phénotypiques sont
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1.2.5.2.2. Profil sécrétoire
Le profil sécrétoire des MM-CSM est un des éléments majeurs de leurs altérations
intrinsèques. En effet, elles présentent une production spontanée plus importante de nombreuses
cytokines et chimiokines telles que SCF, VEGF, IL-6, IL-1β, TNF-α, DKK1, AREG, RANKL,
BAFF et HGF [251–256]. On peut également citer l’altération de l’expression des MMP1/2 [257]
d'EphrinB2/4 [258], de SDF-1, d’IGF-1 [253], de l’acide hyaluronique et de « hyaluronan synthase
1 » (HAS1) [125].
1.2.5.2.3. Prolifération
Plusieurs études démontrent une réduction des capacités de prolifération des MM-CSM
[252,259,260] potentiellement due à une diminution de l’expression de nombreux récepteurs aux
facteurs de croissance [252]. Toutefois, d’autres études n’observent pas de différences de
prolifération entre les MM-CSM et les DS-CSM [253,254,256,259,261,262].
1.2.5.2.4. Ostéoblastogenèse
Certaines études suggèrent que les MM-CSM ont une capacité de différenciation en
ostéoblastes inférieure aux DS-CSM [253,259,261,263,264] avec une activité anormale de la
phosphatase alcaline, une expression anormale de marqueurs de l’osteoblastogenèse et une
réduction de la minéralisation de la matrice extracellulaire. Cependant ces observations sont
contredites par d’autres études qui ne démontrent aucune variation de l’ostéoblastogenèse chez les
MM-CSM [252,254].
1.2.5.2.5. Immunomodulation
Deux études ont analysé les capacités d’immunomodulation des MM-CSM [254,265] et ont
démontré, par des expériences de co-cultures et de réaction mixte lymphocytaire, une réduction de
l’inhibition de prolifération des lymphocytes T par les MM-CSM, une réduction de la capacité des
MM-CSM à bloquer les lymphocytes T activés en phase G0/G1 et une réduction de l’apoptose des
lymphocytes T activés en présence de MM-CSM.
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1.2.5.2.6. Support de l’hématopoïèse
Deux études ont évalué la capacité de support de l’hématopoïèse des MM-CSM via des
systèmes de co-cultures avec des cellules souches hématopoïétiques mais aucune différence n’a été
démontrée entre les MM-CSM et les DS-CSM [253,254].
1.2.5.2.7. Profil d’expression génique
Deux études du profil d’expression génique des MM-CSM ont été réalisées [253,256] :
Corre et ses collègues ont déterminé que 163 gènes/EST étaient différentiellement exprimés par les
MM-CSM par rapport aux DS-CSM. Ces gènes sont classifiés en tant qu’associés au
microenvironnement tumoral, au métabolisme, au cytosquelette, à la synthèse protéique, au cycle
cellulaire et à l’apoptose. Ils ont également découvert un nouveau facteur impliqué dans la
croissance des cellules myélomateuses, le GDF15 (« growth and differentiation factor 15 »). Le
GDF15, ou MIC1 (« macrophage-inhibitory cytokine 1 ») fait partie de la famille des
« transforming growth factor » de type β1 (TGF-β1) et joue un rôle dans l’inflammation et
l’apoptose dans les tissus lésés [266].
Todoerti et al., ont démontré que 78 gènes étaient différentiellement exprimés par les
MM-CSM par rapport aux DS-MM-CSM. Ces gènes sont classifiés en tant qu’associés au cycle cellulaire, à
l’adhésion cellulaire, à la régulation transcriptionnelle et à la prolifération cellulaire. Suite à des
différences notables dans la méthodologie, ces deux analyses du profil d’expression génique des
MM-CSM n’ont pas permis de déterminer un pool de gènes commun.
1.2.5.2.8. Anomalies génomiques
La présence d’anomalies génomiques au sein des MM-CSM est également en débat car deux
études se contredisent [267,268]. En effet, Garayoa et ses collègues observent, par array-CGH et
FISH, la présence dans le génome des MM-CSM de gains et de pertes chromosomiques
non-récurrentes et supérieures à 1 Mb. Ils mis en évidence, par qRT-PCR, une expression anormale de
cinq gènes présents dans les régions contenant des déséquilibres génomiques observés par
l’array-28
CGH. De plus, seules les MM-CSM présentent un pattern spécifique de régions « hot spot »
inférieures à 1 Mb et possédant des altérations génomiques. La comparaison des anomalies
génomiques entre les MM-CSM et les MM-PC chez un même patient n’a pas démontré de
corrélation, prouvant l’absence d’un progéniteur commun entre ces deux types cellulaires.
Toutefois, l’étude de Todoerti et al. n’a pas mis en évidence d’altération génétique entre les
MM-CSM et les DS-CSM par array-CGH. Cependant, la comparaison des deux études est rendue
impossible car Todoerti et ses collègues n’ont pas présenté leurs résultats dans leur article et n’ont
que sommairement décrit leur méthode (i.e., nombre d’échantillons inconnu).
Dans le document
Thibaud ANDRE
(Page 56-60)