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Assemblée Générale du 31 Mars 1963 Anciens Elèves présents :

AGREGATION LETTRES MODERNES

J. SANTI (E 1955-56 - L.T. d’Avignon) présente son rapport.

Introduction et plan suivi

L’agrégation des lettres modernes fut instituée par un arrêté du 1" juillet 1959. Différents projets étaient en discussion depuis 1948. Dans l’esprit du législateur, ce concours doit répondre à deux nécessités.

Il s ’agit, pour l ’Education Nationale, de récupérer (je cite), « les meilleurs des étudiants modernes » qui se dirigeaierit jus­ qu’alors, quand ils voulaient accéder à un professorat supérieur, vers des agrégations de langues vivantes ou d’histoire et géo­ graphie.

Il faut de plus (je cite encore) « assurer à tous les élèves des sections modernes des m aîtres de qualité ».

N os perspectives sont un peu différentes, sans doute, nous ne reprocherons pas au m inistère de vouloir utiliser au mieux son personnel et donner plus de valeur à l’enseignem ent, c ’est précisém ent sa fonction et sa raison d’être, mais pour nous, le problème de l’agrégation des lettres modernes est plus complexe.

1°) Candidats à l’agrégation des lettres modernes, nous atten­ dons de la préparation à ce concours une formation qui rendrait notre enseignem ent plus efficace ; et en ceci, nous rejoignons les objectifs du m inistère.

2°) Nous attendons encore de l’agrégation des lettres mo­ dernes une promotion intellectuelle et matérielle im médiate (enseignem ents plus intéressants, horaires réduits, indices aug­ m entés).

3“) Nous souhaitons aussi que cette préparation soit ouverte à tous. Non seulem ent nous voulons être libres de préparer ce concours mais nous voulons même la possibilité d’exercer cette liberté théorique. Que tous jeunes ou m oins jeunes, form és par notre école selon l’ancien régime de la polyvalence ou le nouveau régim e de la licence de lettres modernes, élèves de 4' année ou professeurs en exercice surchargés de copies et accablés d’heures supplém entaires, nous puissions, par nos efforts, accéder un jour au titre d’agrégé.

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C’est dans ce 3° que les choses se compliquent, c’est là aussi égalem ent qu’elles deviennent intéressantes. L’agrégation d es lettres modernes est de création récente, les textes qui la définis­ sent ne sont pas encore très stricts, la législation parfois est vague et incertaine, il existe de nombreuses exceptions aux dis­ positions générales et ces exceptions parfois sont préférables à la règle. Je pense sincèrement que notre action, en l’état actuel des choses, peut être déterminante.

Nous allons examiner la question de la façon suivante : 1° Dégager trois grands principes, qui sont, à m on sens, impératifs, ce que confirme la correspondance échangée avec cer­ tains camarades.

2° Examiner les dispositions actuelles, transitoires ou défini­ tives, en les confrontant à chacun de ces principes.

3" Eliminer de ces dispositions celles qui, logiquement ou m atériellement, paraissent inapplicables.

4° Présenter une m otion de synthèse qui sera proposée à l’Assemblée.

Les trois principes

L’agrégation des lettres modernes doit être le débouché natu­ rel de toutes les études de lettres pour lesquelles il n ’existe pas de professorat supérieur, la dernière étape possible pour tous ceux qui enseignent ou qui se préparent à enseigner le Français sans avoir une formation classique, c’est-àrdire tous les anciens élèves des sections littéraires de l’E.N.S.E.T. et les anciens licen­ ciés de lettres modernes.

La préparation de l’agrégation des lettres m odernes doit avoir une valeur pédagogique et formatrice réelle; elle devrait être l’occasion, pour les m aîtres en exercice dans les grandes classes de nos lycées techniques, d’acquérir des connaissances im m édiatem ent utilisables dans l ’exercice de leur métier.

L’agrégation des lettres modernes doit être effectivem ent accessible aux professeurs en exercice, quelle que soit leur for­ m ation antérieure. Elle ne doit jamais les obliger à s’initier rapi­ dement à une discipline nouvelle pas plus qu’à entreprendre un travail personnel qui n ’a pas été exigé d’eux lors du professorat (le D.E.S.) et qui n ’a d’ailleurs qu’une valeur pédagogique et formatrice très contestable.

Exam inons alors, selon ces trois principes, les dispositions actuelles qui réglem entent l’agrégation des lettres modernes.

Débouché naturel des études de lettres m odernes. Valeur pédagogique et form atrice des enseignants. Possibilité d’accès offerte aux m aîtres en exercice.

Nous allons m alheureusem ent être obligés de remarquer très vite que ces indications, pourtant générales et modestes, so n t très rarement respectées.

C on d ition s p réalab les pour se présen ter au concours Une licence de lettres d’enseignem ent du 2' degré. Un diplôme d’études supérieures de lettres modernes. Ces conditions ne sont pas impératives ; l’arrêté du 1" juillet 1959 prévoyait qu’elles ne deviendraient absolues qu’après la ses­ sio n de 1962; depuis lors, un décret paru au B.O. du 22 octobre 1962 prolonge jusqu’à la session de 1964 les dispositions transi­ toires que voici :

Dispense, sur l’avis de l’inspection des lettres, du D.E.S. pour les professeurs en exercice titulaires d’une licence ou d’un CAPBT obtenu avant le 1-1-55.

Dispense, sur l’avis de l’I.G., de la licence de lettres pour les professeurs en exercice, titulaires d’un CAPET obtenu avant le 1-1-55.

Les conditions défin itives son t inacceptables.

En effet, elles vont à rencontre de deux grands principes énoncés ci-dessus.

Les anciens élèves de l’E.N.S.E.T. ne sont pas titulaires d’une licence de lettres, ni d’un D.E.S., ils sont donc, après 1964, con­ dam nés à rester dans leur condition première de professeurs certifiés. Or ce titre a subi une certaine dévaluation à la suite de la promotion de catégories voisines (Instituteurs vers les C.E.G., Agrégés vers l’enseignem ent supérieur).

Même s ’ils sont titulaires d’une licence, les anciens de l ’E.N.S.E.T. n ’ont pas de D.E.S. Certains d’entre eux, et j ’en suis, o n t choisi d’entrer à l’E.N.S.E.T. pour éviter précisém ent ce diplôm e dont la préparation exige certaines ressources maté­ rielles. Ils ont choisi d’être professeurs élèves et boursiers de I’E.N.S.E.T. parce qu’ils ne pouvaient m atériellem ent pas être étudiants libres et préparer un diplôme pendant un an de plus.

L’agrégation des lettres modernes intéresse les Anciens, qui n e sont pas des vieillards ! Arrivés au professorat en 1955, c ’est- à-dire aux environs de 24 ans, ils auront 33 ans en 1964. Ils de­ vront alors justifier d’une licence et d’un D.E.S. pour être can­ didats à l’agrégation. Celle-ci ne correspond donc ni à leur for­ m ation, ni à leurs possibilités.

Pourtant, M. Soiudau, président du jury d’agrégation de phi­ losophie, affirme que sur 31 candidats reçus au dernier concours, o n en trouve :

10 qui ont de 31 à 35 ans 4 qui ont de 36 à 40 ans 1 qui a plus de 41 ans.

Les anciens de l ’E.N.S.E.T., titulaires depuis 1955 et avant ce tte date, ne peuvent pas préparer une licence et à plus forte raison im D.E.S. (J’ai personnellem ent tenté de préparer ce di­ plôm e et me suis vu répondre par un professem de la faculté de Lille à qui je dem andais un sujet sur les rom anciers français du XVIII' siècle, qu’il m e fallait envisager de passer six m ois à Londres et six m ois à Paris pour m es recherches. J’étais alors

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professeur de lettres (2 classes de 1", 2 classes de 2" et 5 H S) au Lycée technique de garçons de Tourcoing.)

Les dispositions transitoires concernant les conditions préa­ lables doivent donc être conservées et rendues définitives. E lles ne doivent plus être une faveur, mais un droit. Tous les profes­ seurs de lettres titulaires du CAPET E 1" et 2' P arties son t auto­ risés à se présen ter s’ils o n t obtenu ce CAPET avant que l’E.N. S.E.T. ne prépare officiellem ent à la licence de lettres m odernes.

Ce sera le 1" point de notre motion. Les ép reu v es

Il ne suffit pas de se voir reconnaître un droit, il est indis­ pensable de se voir offrir égalem ent les m oyens de l’exercer. Le régime définitif des épreuves de l’agrégation des lettres m odernes semble mépriser cette évidence !

A l’écrit, les candidats affronteront en effet les épreuves sui­ vantes :

2 com positions françaises.

1 étude grammaticale de deux textes français, l’un antérieur, l’autre postérieur à 1500.

1 version latine.

1 version de langues vivantes.

Jusqu’en 1964, et dans les conditions prévues plus haut, il sera possible de remplacer la version latine par une version de 2‘ langue vivante ou un thèm e de 1” langue vivante.

Ces dispositions appellent les remarques suivantes : L’utilité des épreuves de Français est incontestable. L’épreuve de version latine n e correspond,

n i à la form ation antérieure des candidats quels qu’ils soient,