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1) Electrostimulation

La neuro-électrostimulation musculaire (NMES) plus communément appelée électrostimulation est une technique utilisant les courants électriques exicto-moteurs, appliqués à la surface de la peau via une électrode de contact. Le courant arrivant au

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niveau de l'électrode va dépolariser les fibres nerveuses situées en dessous et créer un potentiel d'action. L'objectif étant la stimulation musculaire, l'électrode doit être placée proche du point moteur d'un muscle pour que le potentiel d'action soit transmis au motoneurone et produise une contraction musculaire. L'électrostimulation permet une contraction musculaire localisée en s'affranchissant de la volonté du patient et d'une sollicitation physiologique importante.

Ajoutée aux soins courants, l'électrostimulation aide à prévenir l'apparition d'une faiblesse musculaire chez les patients admis en soins intensifs sans toutefois prévenir l'atrophie musculaire (Maffiuletti et al. 2013). Son utilisation dans la prise en charge des patients BPCO permettrait de diminuer l'impact de la maladie sur le système musculaire. Une étude de Maddocks et al. (2016) chez des patients BPCO modérés, a évalué l'efficacité de 42 sessions de NMES contre un groupe ayant reçu un traitement placebo. Ils retrouvent une amélioration significative de la distance de marche au test de marche de 6 minutes par rapport au groupe contrôle. Cette amélioration pouvant être liée à une augmentation de la masse et de la fonction musculaire (Maddocks et al. 2016). Une méta-analyse la même année, confirme que l'utilisation de l'électrostimulation apparaît efficace pour améliorer la force musculaire et la capacité à l'exercice chez les patients BPCO modérés à sévères (Chen et al. 2016). Une amélioration de la fonction musculaire et de la tolérance à l'exercice a été montrée par Neder et al (2002) suite à un entrainement à domicile par NMES. Une revue de la Cochrane indique que l'électrostimulation appliquée seule, permettrait d'augmenter le temps d'exercices avant apparition de symptômes lors des efforts sous maximaux et de diminuer la fatigue des membres inférieurs après effort (Hill et al. 2018). Une méta-analyse très récente (Wu et al. 2020) indique que la NMES permet bien de diminuer les symptômes (dyspnée et fatigue des jambes) et permettrait également d'améliorer la qualité de vie des patients BPCO (évaluée par le questionnaire London Chest Activity of Daily Living). Elle indique aussi que l'électrostimulation n'était pas une alternative efficace au réentrainement à l'effort (Wu et al. 2020).

Son efficacité au cours de la réhabilitation respiratoire n'est pas encore certaine. L'ajout de sessions de NMES pendant la réhabilitation pulmonaire permettrait une amélioration significative de la force du quadriceps, de la distance de marche au test de 6 minutes (Vivodtzev et al. 2006; Dang et al. 2011), la dyspnée dans les activités de la vie quotidienne (Vivodtzev et al. 2006) et apporterait un bénéfice sur la qualité de vie (Dang et al. 2011) par rapport à un groupe réalisant une réhabilitation seule. Une étude plus récente de Bonnevie et al. (2018) ne retrouve pas d'amélioration du groupe NMES +

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réhabilitation sur la distance de marche lors du test de 6 minutes par rapport au groupe réhabilitation seule. La revue de littérature de la Cochrane conclue que l'électrostimulation apporte un bénéfice à la réhabilitation respiratoire sur la distance de marche lors du test de 6 minutes mais qu'elle n'en apporte pas sur l'amélioration de la force du quadriceps (Hill et al. 2018). Chez les patients les plus sévèrement atteints, l'ajout d'une NMES permettrait d'améliorer les capacités fonctionnelles permettant de passer à une étape supérieure (par exemple passer du fauteuil à debout) et de proposer un entraînement plus intense (Hill et al. 2018).

2) Entraînement des muscles respiratoires

De la même manière que l'entraînement à l'effort des muscles périphériques, l'entraînement des muscles inspiratoires peut se réaliser sur les deux composantes que sont la force et l'endurance.

Le réentraînement en endurance est réalisé en hyperpnée normocapnique. L'hyperpnée est une hyperventilation qui en condition normale conduirait à une hypocapnie délétère, il est donc nécessaire de maintenir le taux de CO2 constant. A notre connaissance, en pratique courante, seul le Spirotiger® permet de ré-inhaler une partie du CO2 expiré pour maintenir une normocapnie lors des efforts d'hyperventilation. Les effets du réentraînement en endurance chez le patient BPCO serait l'amélioration de la performance du muscle inspiratoire et de la qualité de vie par l'augmentation de la capacité d'exercice (Koppers et al. 2006; Bernardi et al. 2010).

Le réentraînement en force est réalisé avec deux systèmes : un système inspiratoire résistif à débit limité et un système de charge par valve à seuil. Seul ce dernier système est recommandé dans l'entraînement en résistance des muscles inspiratoires (Hill et al. 2010). Selon les recommandations des sociétés savantes (SPLF 2010), pour les patients BPCO présentant une diminution objective de la force des muscles inspiratoires (Pimax <60 cmH2O), il est préconisé d'inclure un réentraînement des muscles inspiratoires lors d'une réhabilitation respiratoire. L'entraînement doit être réalisé contre une résistance à au moins 30% de la Pimax.

L'entraînement des muscles inspiratoires en addition à un programme de réhabilitation respiratoire permet d'augmenter la force et l'endurance des muscles inspiratoires, mais permet également d'améliorer les capacités d'exercice plus que ne le

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ferait l'entraînement classique seul (Larson et al. 1988; Lötters et al. 2002; Nici et al. 2006) et ce seulement chez le patient présentant une faiblesse des muscles respiratoires (Nici et al. 2006). Une étude de Petrovic et al. (2012) a montré que l'entraînement des muscles inspiratoire permettrait de diminuer l'hyperinflation et par ce biais, diminuer la dyspnée (Petrovic et al. 2012). Or une méta-analyse récente ne permet pas de confirmer que ce type d'entraînement aurait un bénéfice supplémentaire sur la dyspnée par rapport à une réhabilitation respiratoire seule (Beaumont et al. 2018).