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Les activités et les outils utilisés dans les ateliers

4.2. Faire des sciences auprès des jeunes

4.2.2. Les activités et les outils utilisés dans les ateliers

En présentant leurs projets parascolaires et les camps d'été, les animateurs et les animatrices ont fait référence à différents types d'activités tels que des activités : d'expérimentation, d'observation, de vulgarisation et de construction, mises en place à travers l'utilisation de divers outils. Nous allons donc successivement revenir sur chaque type d'activité pour les présenter et voir quels sont les outils utilisés associés.

a. Les activités d'expérimentation

Les activités d'expérimentation correspondent à des activités où les enfants mettent la main à la pâte pour découvrir un phénomène scientifique. Julie explique que la recherche d'expériences constitue le cœur des projets Exposciences des filles :

« Pour l'Exposciences, on essaie de trouver le plus possible, donc sur Internet, les activités qui peuvent rendre ce sujet-là interactif ou comment ajouter des nouvelles manipulations… ce qui est difficile pour certains sujets, genre dans mon Exposciences-ado, il y en a une qui s'intéresse au clonage, mais rendre ça concret, c'est plutôt difficile. Donc, c'est ça, il faut essayer de trouver, faire des visites, […]. Sinon, ici aussi, il y a quand même une bonne banque d'activités puisque Plaisir et Sciences existe depuis des années. Donc, si c'est un sujet qui est en lien avec des expériences qui ont déjà été faites dans les années passées, et bien on peut refaire l'expérience. On a déjà une banque de données d'expériences. » (Julie)

Les expériences à réaliser peuvent être issues d'Internet ou de la banque d'activités de l'organisme communautaire, constituée au fil des années. Dans le même sens, Hubert et Pierre mentionnent le fait qu'ils proposent des expériences déjà identifiées aux enfants (cf. créer des planètes en pâte à modeler ou avec des fruits (Hubert), faire des lancements de fusée à eau (Pierre)). Les expériences sont aussi associées à des sortes de « recettes » que les enfants doivent reproduire (cf. Zahia et Julie). En revanche, bien que les animatrices présentent ce type d'activités comme des recettes, elles laissent une liberté d'action aux filles avec lesquelles elles travaillent. Conséquemment, les expériences réalisées font écho aux préoccupations des jeunes qui ont elles-mêmes choisi leurs sujets d'investigation. De plus, l'exemple formulé par Julie indique que lorsque le sujet ne permet pas de manipulations (cf. le clonage), les sorties telles que des visites de laboratoire deviennent de nouveaux supports aux expériences. À ce titre, Zahia mentionne que les visites de laboratoire peuvent également faciliter la réalisation d'expériences plus complexes (difficilement réalisable au sein de l'organisme lui- même) :

« Alors des fois, ce sont des entrevues que l'on organise pour les filles, aller voir un laboratoire par exemple. Si l'expérience requiert par exemple… pour la bonification de la soude. Donc, c'est sous hotte. Donc on les emmène dans un labo à l'université. » (Zahia)

Les activités d'expérimentation varient selon les projets et les organismes qui usent d'une diversité d'outils qui permettent leur réalisation. De la mesure du pouls à la dissection d'un cœur en passant par la fabrication de planète en pâte à modeler, les jeunes expérimentent différents concepts. Selon le cas, les outils utilisés correspondent à

des objets du quotidien des jeunes. Comme pour Hubert qui dit utiliser principalement des outils qui se trouvent à sa disposition, où pâte à modeler, boue et fruits peuvent devenir dès lors les supports à la recherche en astronomie en se transformant, par exemple, en planètes, cratères et système solaire :

« On fait des cratères avec de la boue et de l'eau sur le bord du lac. J'essaie de prendre ce qu'il y a là. Il est arrivé d'ailleurs à ce camp-là où je suis allé durant plusieurs étés d'affilée, où on a fait cette affaire avec des fruits. On représentait le système solaire avec des fruits. Il y avait des raisins, pas de problème. Il y avait des bleuets, il y avait des melons (des cantaloups), puis des pamplemousses pour faire des planètes géantes. Puis là quand ils rentraient dans la cafétéria, il y avait une table où était marqué système solaire, mais tout ce qu'ils voyaient, c'était des fruits. Alors, ils étaient dans des proportions relativement à l'échelle, pas parfaitement rond : un fruit c'est un fruit. Et la question qui revenait, c'était : mais le fruit pour le soleil ? Bah là, on le cherche encore. » (Hubert)

Pour Julie, la diversification des outils utilisés au sein des activités d'expérimentation permet de « stimuler l'intérêt » des jeunes dans la poursuite d’activités en tant que telles ou plus particulièrement, dans son cas, dans leurs projets d'investigation ou de construction, dépendamment de la visée des ateliers.

b. Les activités d'observation

Les activités d'observation correspondent au moment où les enfants doivent user de leurs sens pour appréhender ce qui les entoure. Dans le cadre des activités menées par Pierre et Hubert lors des camps d'été, le contact direct avec la nature facilite les observations par les enfants, mais les observations peuvent également être stimulées par des jeux organisés par les animateurs. Pierre mentionne le « cache-cache des animaux » et la « chasse aux grenouilles » comme des jeux classiques pour les enfants qui leur permettent de décortiquer leur environnement. Par exemple, la « chasse aux grenouilles » permet d'observer ce qui se passe dans un marais et de recenser les espèces vivantes qui y habitent :

« Pour la « chasse aux grenouilles », évidemment, le summum, c'est de

capturer une grenouille ou un poisson. Mais, évidemment ce qu'il y a de plus abondant, ce sont les insectes aquatiques, c'est tous les micro-organismes qui sont les algues et tout ça, qui sont faciles [à attraper] et très, très

abondants. […] Donc, ça peut être intéressant de faire le tour avec les jeunes et ensuite [de leur demander] : « regarder ce que vous avez attrapé ».

[Plus tard]

C'est une manière où on peut leur faire découvrir beaucoup d'espèces si on prend un moment après les captures pour voir ce qui a été attrapé […]. Les jeunes ne les voient plus les espèces des milieux sauvages. Ils les voient seulement à la télévision maintenant […]. Donc, c'est une manière pour eux de les voir en chair et en os, puis aussi de les apprécier et d'en avoir moins peur et donc de contribuer éventuellement à leur protection. » (Pierre)

Le jeu sert de support à la motivation des jeunes pour favoriser l'observation de ce qui les entoure. Dans le même sens, Hubert signale qu'il utilise des objets détournés dans le cadre de ces ateliers. Pour l'observation du ciel, il a par exemple conçu un télescope à partir d'une cafetière.

c. Les activités de vulgarisation

Les activités de vulgarisation correspondent à la diffusion des concepts scientifiques par les animateurs à l'égard des jeunes. Des « jeux de concepts » (Achour) permettent aux animateurs d'utiliser le jeu pour aborder les concepts qui sont reliés aux thématiques qu'ils font découvrir aux jeunes. En revanche, Hanan indique que ce sont les livres et Internet qui constituent les principaux supports à la vulgarisation des concepts dans le cadre du projet Journal. Par rapport à ce constat, elle amène l'idée qu'elle aimerait que les filles aillent puiser d'autres sources d'informations pour à la fois comprendre leur sujet mais aussi pouvoir être à leur tour capable de le vulgariser. Les événements scientifiques, les découvertes récentes, les visites de laboratoires ou les entrevues avec des scientifiques deviendraient des nouveaux supports de vulgarisation :

« J'aurais aimé peut-être qu'il y ait une visite scientifique ou une expérience expliquée ou une découverte […] mais ce serait vraiment une chose qu'elles ont vue et qu'elles peuvent écrire vraiment dans leur langage à elles. Ça serait aussi plus d'apprentissage. L'enfant, il apprend avec le visuel, avec l'écoute. Ce n'est pas juste lire des phrases et les transcrire dans son langage. Je préfère que ce soit vraiment des… qu'il y ait quelqu'un qui donne une conférence et qu'elles mettent le compte rendu de la conférence, qu'elles assistent à des choses quand même scientifiques, à des événements scientifiques. Elles peuvent écrire sur 24 heures de sciences. Elles peuvent être là et dire voilà dans tels organismes, il y avait telle activité, en quoi consistait l'activité et pourquoi on l'a faite et l'expliquer scientifiquement, ou

aller à Eurêka par exemple et aussi aller au Centre des sciences, visiter un atelier. J'aurais aimé qu'il y ait quand même, qu'on introduise ceci dans le journal mais j'essaierais. […] Parce que la réponse à une question, ça peut déclencher une autre question et l'interview avec la fille. Et le fait de rencontrer la personne, de lui parler, c'est comme un vrai journaliste, je dirais car ce n'est pas la même chose que d'envoyer un ordre de questions et d'avoir un retour de questionnaire, mais rencontrer la personne, lui parler personnellement. […] Ça pourrait la motiver dans ce sens-là. Ça peut faire beaucoup de choses. » (Hanan)

Pour Hanan, la vulgarisation des sciences ne doit pas seulement passer par la lecture d'ouvrages ou d'articles vulgarisés, mais peut se faire à travers la rencontre de ce qui se fait en lien avec les sciences au sein du territoire dans lequel les filles habitent. À travers le souhait de faire vivre des activités diversifiées qui se rattachent au vrai travail de journaliste, Hanan pense favoriser divers apprentissages à la fois avec les sciences, mais également plus généraux. Elle encourage la visite de chercheurs au sein de Plaisir et Sciences. En revanche, comme l'indique Zahia à un moment donné dans l'entrevue, du fait que l'organisme est non-mixte, « les scientifiques [qui interviennent] sont principalement des femmes ». Pour Hanan, ces rencontres avec des femmes scientifiques permettent d'allumer des étincelles dans les têtes des jeunes filles, comme l'illustre l'extrait suivant à propos d'une rencontre entre les filles et une biologiste marine :

« Quand elle a commencé à dire que pendant son travail, elle passait trois semaines en bateau et c'est là que les filles étaient motivées. C'est là qu'elles voient une nouvelle découverte, une nouvelle vie, qu'elles peuvent voir à travers cette rencontre. Peut-être quelques-unes se sont vues en bateau, d'autres dans l'espace, peut-être d'autres en avion. Je ne sais pas, mais il y a une motivation. Je l'ai senti, les filles étaient en train de noter et à un certain moment, toutes ont relevé la tête pour regarder la dame et voir… » (Hanan)

De plus, les filles abordant des sujets de sciences humaines, elles peuvent être amenées à réaliser des enquêtes :

« Il y a une fille qui a fait une enquête sur les jeux vidéo. Ce n'était pas vraiment scientifique, mais c'était voir l'impact des jeux vidéo sur les jeunes de nos jours. Donc, elle est allée dans une classe. Elle a préparé un questionnaire. Elle a demandé la permission au professeur de poser des questions. Elle a transcrit ceci sous forme de représentation graphique. Puis c'était quand même bon, c'est-à-dire dans le domaine la science. » (Hanan)

humaines. Toutefois, à travers les propos d’Hanan, il est intéressant de constater que l'ouverture laissée aux jeunes peut faire entrer les sciences humaines dans les projets menés par ces derniers. Même si elle émet un doute quant à l'appartenance des sciences humaines aux sciences, elle laisse aux jeunes la possibilité d'investiguer ce terrain.

d. Les activités de construction

Enfin, les activités de construction correspondent à la réalisation d'objet technique où les jeunes peuvent « fabriquer quelque chose » (Zahia) comme pour les projets Exposciences ou reproduire des prototypes réalisés comme la fabrication de « fusée avec des bouteilles d'eau » (Hubert) ou des « ponts » dans le cadre du projet de semaine en mécanique du camp TourbiTeck (Achour). Parfois même, certains projets leur posent de nombreux défis dus au niveau de complexité. À ce titre, il donne l'exemple d'un projet mené sur la thématique de l'aéronautique où les jeunes devaient concevoir un avion qui vole :

« Il y a eu une semaine l'année passée, la semaine aéronautique. Ça, je pense que c'était un très gros défi et qui a été bien relevé, je pense. […] Parce que c'était quand même la conception et la réalisation d'un avion, dont le but était de voler quand même (rire). Et ça, bah c'est un logiciel. Le logiciel qu'ils ont utilisé, c'est un logiciel vraiment strictement professionnel, c'est-à- dire que même les concepteurs d'avion actuels utilisent ce logiciel, c'est Katia. Et les enfants qui n'avaient jamais vu ça, ils ont quand même travaillé fort là-dessus. Ils ont beaucoup été aidés par les moniteurs. Et ça va, le résultat était vraiment satisfaisant. » (Achour)

La complexité des projets favorise l'utilisation de logiciel professionnel que les jeunes n'auraient pu connaître dans d'autres circonstances. La réalisation de ce type de projets implique donc le contact avec des outils directement utilisés par les professionnels. Comme à travers le contact avec des chercheurs et les visites de laboratoires, la volonté de permettre aux jeunes de mener des projets authentiques est recherchée par les animateurs. De plus, il est intéressant de constater que les ateliers présentés par Zahia, Julie, Hanan et Achour ont la particularité d'être des ateliers qui se construisent autour de projets d'enfants. En effet, les projets Exposciences, le projet Journal et le « projet de semaine » décrit par Achour correspondent tous à des ateliers où

les enfants sont amenés à construire leur recherche ou leur construction au sein d'un groupe, variant semble-t-il de deux à quatre enfants.

Par rapport à toutes ces variations, nous allons voir désormais comment ceux-ci définissent leurs rôles et celui des jeunes avec lesquels ils travaillent au sein des ateliers.