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Activité scientifique

1. Présentation des thématiques de recherche

Deux axes principaux structurent les travaux de recherche. Dans la continuité de la thèse, le premier axe concerne les projets développés autour du concept d’énergie alors que le second se rapporte aux recherches menées dans le domaine de l’histoire de l’enseignement des sciences. Des travaux encore récents constituent les prémices d’un troisième axe ; ils seront brièvement présentés.

Axe 1 : Énergie

Les projets conduits autour du concept d’énergie se sont intéressés dans un premier temps à l’émergence et la formalisation du principe de conservation dans des contextes situés avant d’examiner la portée et les incidences provoquées par ce concept dans le domaine de la physique mais également d’en mesurer les impacts dans d’autres domaines disciplinaires. Les principaux résultats obtenus peuvent être résumés comme suit :

L’émergence du concept d’énergie se situe au croisement de réflexions jusque-là autonomes. Le questionnement comparatif qui en résulte aboutit, au début du XIXe siècle, à associer des entités qui peuvent être transformées l’une en l’autre, chacune obéissant à une loi de conservation identique. Cet épisode particulièrement révélateur de la manière dont des champs scientifiques se fécondent mutuellement pour aboutir à une "découverte”, constitue une première étape singulière. Trois étapes restent à parcourir. La première concerne le questionnement théorique sur le mouvement permettant d’intégrer les résultats pratiques obtenus par les ingénieurs qui travaillent sur les machines. Le passage qui conduit du concept de force à celui de travail puis celui qui mène du concept de travail au concept d’énergie, constituent les deux dernières étapes. Dans ce cadre les travaux de William Thomson apparaissent centraux. Il fait de l’énergie un concept capable d’unifier la physique, en élucidant le mécanisme de conservation de l’énergie dans le second principe de la thermodynamique et en confirmant l’irréversibilité des phénomènes énergétiques. Cette irréversibilité que ne connaissait pas la mécanique jusqu’à l’apparition de la thermodynamique suscite le débat : la conception énergétiste du monde se trouve en compétition avec la conception mécaniste depuis longtemps hégémonique.

Il s’est également agi de comprendre comment et pourquoi le concept avait diffusé vers d’autres domaines disciplinaires et les modifier. Quête de légitimité disciplinaire opérationnalité du concept, intérêt pour l’invariant ou questionnement concernant l’irréversibilité ; les motivations sont multiples. De fait, l’énergie qui a totalement modifié le paysage de la physique traditionnelle à la fin du siècle, s’est frayée une voie dans les sciences de la vie, la géologie, la chimie, tout interagissant fortement avec la philosophie.

C’est dans ce contexte de mutation dans lequel s’inscrit une réforme de l’enseignement d’ampleur, celle de 1902, qu’est abordée la question de l’enseignement de l’énergie. Si les intentions réformatrices revendiquent la volonté d’instituer des Humanités scientifiques au même titre que les humanités, et affichent avec le concept d’énergie une certaine modernité, les manuels scolaires sont les révélateurs de positions épistémologiques de la part de leurs auteurs qui témoignent de la difficulté à appréhender la notion.

Aujourd’hui le programme se poursuit dans le cadre du groupe SemanticHPST qui s’est constitué à partir de questions partagées au sein de la communauté d’EHST. Ainsi, la grande quantité des données, l’hétérogénéité des sources et celle, en conséquence, des corpus constitués permettent difficilement de croiser des sources issues de diverses banques de données alors que des corpus jugés a priori éloignés devraient participer à l’enrichissement des connaissances voire à la constitution de champs nouveaux champs de recherche. Dans le

90 cadre des Digital Humanities le projet s’appui sur le Web sémantique et les ontologies de référence. Ainsi la constitution d’une ontologie dédiée à l’EHST (l’énergie étant incluse) et le développement d’une plateforme permettant un accès aux données hiérarchisées à partir de requêtes spécifiques constituent les orientations actuelles. Une réflexion épistémologique qui interroge la légitimité des corpus, celle liée à l’indexation de textes, ou les hiérarchisations opérées, complète cette recherche.

Axe 2 : Histoire de l’enseignement scientifique

Outre les travaux qui concernent des études historiques portant sur des manuels scolaires, c’est dans le cadre de l’ANR Rediscol (Réformes des disciplines scolaires 1945-1985) que la recherche concernant l’histoire de l’enseignement est articulée.

Centrée autour de la réforme de l’enseignement de la physique initiée au début de la décennie 1970 et mise en œuvre dans le second degré à partir de 1977, cette recherche examine la façon dont les transformations de cet enseignement (contenus, méthodes, finalités) prennent en compte la démocratisation de l’accès au second degré, avant et après le collège unique institué en 1975 (réforme Haby). La négociation de la place des sciences physiques face aux mathématiques et à l’enseignement de technologie nouvellement introduit, le jeu et les discours des acteurs impliqués dans cette négociation et l’influence des pays étrangers (notamment anglo-saxons) constituent les principaux axes de cette recherche.

Axe 3 Culture matérielle et histoire des sciences

À l’articulation des travaux menés en histoire des sciences et de l’enseignement scientifique, la thématique actuelle, encore récente, interroge la place nouvelle occupée par les objets (instruments, appareils, modèles, artefacts…) dans les travaux des historiens des sciences. Dans le cadre d’une orientation qualifiée de « tournant matériel » il s’agit en particulier d’interroger le changement de perspectives conduisant à saisir de manière renouvelée, les pratiques scientifiques et leurs évolutions au sein des communautés et à dégager, grâce à cette entrée matérielle, des usages spécifiques aux enseignements scientifiques. En impliquant les objets, comme matériau à part entière pour l’historien, cette approche vise la définition de nouveaux enjeux et de nouvelles perspectives pour la recherche en histoire des sciences.

2. Publications : présentations de 5 publications significatives

Gispert, H., Guedj, M. & Savaton, P. (2015). Les disciplines scientiHiques dans le second cycle du secondaire : hiérarchies et rapports de force. In R. d’Enfert & J. Lebeaume (Dir.)

Réformer les disciplines. Les savoirs scolaires à l’épreuve de la modernité : 1945-1985 (p.

181-198 ). Rennes : Presses Universitaires de Rennes.

Bächtold, M. & M. Guedj (2014). Teaching energy based on the history and the epistemology of the concept. In M. Matthews (Dir.). International handbook of research in history,

philosophy and science teaching (p. 211-245). Berlin, Heidelberg: Springer.

Guedj, M. & Kahn, P. (2010). L’enseignement scientifique primaire dans les années 1950. In R. d’Enfert & P. Kahn (Dir.). En attendant la réforme (p.183-198). Grenoble : Presses Universitaires de Grenoble.

Guedj, M. (2010). William Thomson et l’émergence du principe de conservation de l’énergie In D. Ghesquier-Pourcin, M. Guedj, G. Gohau & M. Paty (Dir.). Energie, sciences et

91 philosophie au tournant des XIXe-XXe siècles (p. 103-125). Paris : Hermann.

Guedj, M. (2007). À propos de l’ouvrage d’Helmholtz « Über die erhaltung der ktaft » sur un principe limité de la conservation de l’énergie. Philosophia Scientiae, 11 (2), 1-25.

Je fais le choix de présenter ces cinq publications qui sont particulièrement significatives des deux axes dans lesquels mes recherches s’inscrivent. Concernant l’histoire de l’enseignement scientifique, l’ouvrage Réformer les disciplines, paru suite à l’ANR Rediscol, permet de mettre en perspective l’évolution et la légitimité de disciplines scolaires, compte tenu d’un contexte en grande mutation. Pour les sciences physiques l’étude est particulièrement riche ; elle donne les clés pour comprendre les rapports avec les autres disciplines, scientifiques ou non, et permet d’identifier les enjeux associés à cet enseignement. Concernant les travaux menés sur l’énergie, j’ai fait le choix de citer l’ouvrage publié chez Hermann en 2010 qui est significatif des approches historique et philosophique qui permettent de comprendre, via l’énergie, un contexte historique, scientifique, culturel et social particulièrement bousculé. J’ai souhaité également revenir sur l’émergence et la formalisation du concept ainsi que sur les propositions faites dans le domaine de la formation des enseignants concernant un sujet jugé difficile et pour lesquelles les propositions prennent appui sur les résultats de la recherche.

3. Encadrement et animation de la recherche Direction, animation de laboratoire

Au sein du laboratoire Lirdef je suis attachée à l’équipe ERES qui travaille plus spécifiquement sur les sciences. J’ai structuré au sein de cette équipe des travaux en lien avec l’épistémologie, l’histoire des sciences et l’histoire de l’enseignement des sciences. C’est également au sein de cette équipe, en relation avec le fond de documentation historique du CEDRHE (Centre d’Étude, de Documentation et de Recherche en Histoire de l’Éducation) et les collections universitaires de l’Université de Montpellier qu’un nouvel axe de recherche concernant le patrimoine universitaire et scolaire est désormais structuré. Le séminaire «

Penser l’objet : enjeux et perspectives pour la recherche en histoire des sciences et de l’éducation » fait partie de cet axe.

Depuis septembre 2015, je suis directrice adjointe du laboratoire et travaille plus spécifiquement sur les questions liées aux ressources humaines.

Organisation colloques, conférences, journées d’étude, séminaires Séminaires

Depuis 2015. Co-responsable du séminaire « Penser l’objet : enjeux et perspectives pour la

recherche en histoire des sciences et de l’éducation », Lirdef, Université de Montpellier.

2009-2012. Responsable du séminaire « Origine de l’énergie, énergie(s) de demain », MSH Montpellier.

2011. Co-responsable de l’Atelier de recherche/Workshop « Histoire des disciplines

scientifiques philosophiquement négligées, marginales ou émergentes », dans le cadre du

programme européen « La philosophie des sciences dans une perspective européenne », Fondation européenne pour la science (ESF). MSH, Montpellier.

Depuis 2010. Participation au séminaire HIPHIS (Histoire et Philosophie des Sciences) des Universités de Montpellier (UM et Paul Valéry).

92 Montpellier 2.

2004-2006. Co-responsable du séminaire « Énergie, sciences et philosophie au tournant des

XIXe-XXe siècles », Resheis/Sphère, Université Paris 7.

Colloques et journées d’études

28-30 avril 2014. Co-responsable du symposium « Web sémantique et humanités numériques

en histoire, philosophie des sciences et des techniques : quelles continuités et rupture dans les pratiques et les problématiques ? », Société Française d’Histoire des Sciences et des

Techniques, Lyon.

18-20 mai 2011. Co-responsable du symposium « Origine de l’énergie, énergie(s) de

demain », Société Française d’Histoire des Sciences et des Techniques, Nantes.

4-6 septembre 2008. Co-responsable du symposium « Histoire des sciences et des techniques

et enseignement : finalités, modalités », Société Française d’Histoire des Sciences et des

Techniques, ENS, Paris.

30 juin-2 juillet 2009. Co-responsable des journées : «Épistémologie et Histoire des Sciences

et Techniques (EHST) : quelles ressources pour la formation des maîtres ? » Groupe

ReforEHST (Recherche et formation en Histoire des sciences et des techniques). Université d’Artois.

30-31 mai 2007. Co-responsable des journées : « Enseignement et histoire des sciences :

enjeux et perspectives ». Groupe ReforEHST (Recherche et formation en Histoire des

sciences et des techniques). Université Caen Basse Normandie.

12-13 janvier 2006. Co-responsable des journées : « La formation par la recherche : place de

l’histoire des sciences ». Groupe ReforEHST (Recherche et formation en Histoire des

sciences et des techniques). Université de Versailles, IUFM Antony-Val de Bièvre.

20 et 21 mai 2005. Co-responsable des journées : « Histoire des sciences : formations et

recherches en IUFM ». Groupe ReforEHST (Recherche et formation en Histoire des sciences

et des techniques). IUFM de Montpellier.

8-15 Juillet 2007. Organisation du symposium « Mathématisation, expérimentation et système

techniques au XVIIIème siècle: l’exemple de l’air et de l’atmosphère », XIIème Congrès

international des Lumières, Montpellier.

8-15 Juillet 2007. Co-organisation XIIème Congrès international des Lumières, « Sciences

techniques et cultures au XVIIIème », Corum, Montpellier.

Directions de thèse

Depuis septembre 2015 : Mathilde Frémont, « Les collections et le patrimoine de l’université

de Montpellier au regard de l’enseignement et de la recherche », Université de Montpellier,

Lirdef (EA 3749), co-encadrement avec Sylvain Wagnon (PU). Taux d’encadrement 50%. Depuis septembre 2011 : Laure Pellet, « L’enseignement des sciences physiques dans

93 (EA1610), co-encadrement avec Hélène Gispert (PU). Taux d’encadrement 50%.

Depuis octobre 2010 : Jean-Michel Martinez, « Les canons de la formation scientifique des

élèves-maîtres dans les écoles normales primaires de l’académie de Montpellier entre 1880 et 1920 ». Université Paris Sud, GHDSO (EA1610), co-encadrement avec Hélène Gispert (PU).

Taux d’encadrement 50%. Soutenance prévue le 13 décembre 2016.

Réseau de recherche

Le groupe ReForEHST qui s’intéresse à la place de l’histoire des sciences dans la formation et l’enseignement a permis de fédérer des acteurs européens au sein de la ESHS (European Society for History of Science) notamment. C’est le cas également des travaux conduits dans le domaine de l’énergie avec de plus une implication de SemanticHPST dans la très grande infrastructure de recherche (TGIR) Huma-Num.

Au sein de l’ICOM (Conseil International des Musées), les travaux sur les collections universitaires sont désormais en lien avec l’UMAC (University Museums and Collections). Par ailleurs, je fais partie des comités de lecture des revues : Science and Education, Tréma et

RDST.

4. Valorisation de la recherche – Conférences invitées "grand public"

Guedj, M., (2012). « L’énergie concept des concepts ». Agora des savoirs, Ville de Montpellier, 7 mars 2012.

http://www.dailymotion.com/video/xpf69c_ads-muriel-guedj-l-energie-le-concept-des-concepts_news

Guedj, M., (2012). « Introduction à la thématique "Einstein quel héritage?" ». Pôle culture scientifique de l’université Montpellier-2., Bar des sciences, Agora, 1 mars 2012.

Guedj, M., (2011). « Sciences de Filles, sciences de garçons: quelle histoire! » Conférence introductive à la Journée de la femme. Université Montpellier 2, 8 mars 2011.

5. Rayonnement

J’ai participé à un échange au Brésil (automne 2014) pour des actions de formation mais également pour amorcer un travail de recherche concernant la place de l’histoire des sciences dans l’enseignement et la formation.

À Djibouti, en 2013 j’ai participé à une mission d’expertise du système éducatif (primaire et secondaire).

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