• Aucun résultat trouvé

ACTEURS ET OUTILS DU SYSTEME DE CONTROLE DE GESTION DU DIRIGEANT DE PE, LE ROLE DE CE SYSTEME

Après avoir compris dans quelles conditions se pratique le CDG en PE, il convient maintenant d’étudier les outils qui sont susceptibles de composer un système de CDG.

Qu’est-ce qu’un outil ?

Selon Nobre (2001, b), les outils sont des construits conceptuels matérialisés par des formalisations ; ils sont mis en œuvre dans le cadre procédural des différentes étapes opérationnelles qui composent une méthode. Un outil est simple, au sens d’une certaine facilité d’utilisation. Il peut être peu sophistiqué et utiliser un petit nombre de variables, sans pour autant perdre de sa pertinence. « Les outils sont une réponse à la complexité » (Nobre, 2001, b). La complexité de l’observation se situe alors ailleurs, dans les différentes dimensions constituant cet outil.

Comment se présente un outil de gestion, en général ?

Moisdon (1997) définit l’outil de gestion comme « toute formalisation de l’activité organisée, […] tout schéma de raisonnement reliant de façon formelle un certain nombre de variables issues de l’organisation, et destinées à instruire les divers actes de la gestion ». David (1998) confirme que l’outil de gestion constitue « un dispositif formalisé ». Selon la littérature en Sciences de Gestion, l’outil de gestion est donc toujours formalisé ; de plus, il contient une

représentation formalisée du fonctionnement de l’entreprise,

Quelles sont les conséquences de cette formalisation ?

Selon Perez et al., (2005), un outil de gestion permet de donner une image fidèle des caractéristiques économiques d’une entreprise, ceci sans laisser (trop) de prise à la subjectivité de l’acteur. Ainsi, la formalisation de l’outil serait une barrière à la subjectivité de l’acteur. Mais cette formalisation génère des effets indésirables : les outils les plus formalisés génèrent une focalisation qui diminue d’autant l’intérêt porté aux autres outils ; c’est l’effet d’aveuglement décrit par Boussard (2003). La « fixation fonctionnelle » (Perez et al., 2005), ou puissance de la norme dans l’outil, incite à prendre en compte des indicateurs sans en reconsidérer l’analyse. L’outil peut devenir une « routine », telle que définie par Giddens (1994), lorsqu’il permet de créer une confiance et un sentiment de sécurité car il reproduit l’apparence de rationalité (Perez et al., 2005).

Quelle est la fonction de l’outil ?

Un outil constitue une représentation de l’activité et un support au raisonnement. L’outil de gestion reflète en général des situations génériques (Lorino, 2002). Il est capable de produire une signification qui permet d’interpréter l’activité. Lorino (2002) confirme que « l’outil de

gestion agit comme un signe produisant du sens et donc produisant des actions ».Un outil de

pensée de l’acteur, il associe des opérations à des finalités attendues (Lorino, 2002). L’outil est opérationnel, il est au service d’une action, il « permet l’action organisée » (David, 1998). En effet, un outil de gestion est un artefact qui a comme objectif l’action organisationnelle. Il existe bien un lien entre artefact et action, car un artefact « oriente l’action humaine par sa capacité à créer, transformer et propager des représentations » (Saubesty, 2002). Aussi, l’acteur doit-il avoir conscience que concevoir un système de CDG va de pair avec la notion d’intervenir sur l’organisation (Dreveton, 2004).

Quelles sont les dimensions sous-tendues par un outil de gestion ?

L’outil de gestion est défini comme un objet à trois dimensions par Hatchuel et Weil (1992), ainsi que David (1998), qui considèrent que les outils sont porteurs :

- D’un « substrat technique », c'est-à-dire « l’abstraction sur laquelle repose l’outil et qui lui permet de fonctionner » ; il constitue la partie explicite de l’outil. Il représente l’ensemble « des éléments concrets qui permettent le fonctionnement de l’outil » (David, 1998). C’est ce substrat technique qui permet de créer une représentation, grâce aux différents signes dont il est porteur. De plus, cette dimension de l’outil lui permet d’être utilisable en tant que tel. - D’une « philosophie gestionnaire », soit « l’esprit dans lequel l’utilisation de l’outil est envisagée ». Une philosophie de l’action est exprimée par l’outil, dans le contexte de son utilisation. Cette philosophie gestionnaire met en avant les objectifs qui peuvent être d’information, de suivi, de compréhension, d’aide à la prise de décision, de pilotage. Elle peut être assimilée à l’attente concernant l’aide potentielle dont l’utilisateur a besoin pour accomplir une action.

- D’une « vision simplifiée des relations organisationnelles », intégrant « les principaux acteurs et leurs rôles autour de l’outil ».

Selon la philosophie gestionnaire et la vision simplifiée de l’organisation portées par un outil, il aura une nature de conformation ou d’exploration (Hatchuel et Weil, 1992 ; David, 1998). Un outil possèderait donc toujours une double composante ?

Quelle est l’identité du, ou des acteurs du CDG ?

Un outil est construit par un individu, suite à un calcul rationnel et individuel (Perez et al., 2005). De ce fait, l’acteur au travail rencontre l’activité d’autrui : l’activité de ceux qui ont conçu l’outil, l’activité des autres utilisateurs du même type d’outil (Lorino, 1995). Un outil de CDG est mis en œuvre par un acteur, qui devient partie intégrante de l’outil. Son regard sur l’outil, l’attente voire l’espoir qu’il y place, son interprétation des résultats font partie de l’utilisation de l’outil.

Dans le cadre de cette recherche effectuée en PE, c’est le dirigeant qui est l’acteur principal du CDG. Cela signifie-t-il qu’il est le concepteur à part entière et l’unique utilisateur des outils de CDG ?

Quel est le rapport de l’acteur à l’outil de gestion ?

Nobre (2001, b) en présente une utilisation où l’acteur accepte de se conformer aux préconisations avancées par l’outil de gestion : « ils [les outils] impliquent et visent des automatismes de décision et de comportements ». David (1996, b) préfère une vision plus ouverte, où les outils sont utilisés dans une logique constructiviste : les outils aident à la découverte.

Comment identifier les rôles attribués à un système de CDG ?

Le dirigeant implémente des outils de CDG en sélectionnant les fonctions qu’il en attend, pour permettre au système de CDG de remplir le rôle qu’il lui a assigné.

Les dirigeants, de PE d’une même branche d’activité, ressentent-ils des besoins de contrôle identiques ? Placent-ils les mêmes attentes dans la mise en œuvre d’un système de CDG ? Dans l’affirmative, cela signifierait que les objets mis sous contrôle sont similaires et que les outils implémentés pour les contrôler sont identiques.

A l’inverse, si les attentes des dirigeants de PE divergent, les objets mis sous contrôle sont différents d’une PE à l’autre, de plus ils sont multiples.

Le chercheur est alors en droit de se demander si un relativement petit nombre d’outils à disposition autorise à mettre sous contrôle de multiples objets différents. Aussi, ne serait-ce pas plutôt l’utilisation faite d’un outil qui importe, plutôt que ses caractéristiques, que son « substrat technique » ?

Cette section 2 identifie le concepteur en tant qu’acteur à part entière du rôle attribué au système de CDG (2 . 1).

Ensuite, l’étude se porte sur l’utilisation qui est faite des outils de CDG, afin d’en déduire le rôle du système de CDG (2 . 2). En effet, mettre en place une analyse de coût ou construire des tableaux de bord ne génère aucun projet pour l’organisation, mais permet de répondre aux objectifs assignés au système de CDG. Cette attente doit donc être définie, par l’acteur, en amont de l’instrumentation et en lien avec le projet poursuivi. Pariente (1999) affirme en ce sens que « le CDG a besoin préalablement d’une orientation ».

Enfin, l’étude du système de CDG est complétée par une approche temporelle, où les périodes en aval, pendant et après l’action sont analysées en termes d’explications de la différence des outils mis en œuvre (2 . 3).

Tableau 2 objectifs de la section 2 du chapitre 1

Objectif de la section 2 du chapitre 1 :

Savoir identifier les outils composant le système de CDG

2 . 1 Quel acteur ?

Identifier le concepteur du système de CDG en fonction des ressources mobilisées, en interne ou en externe,

Déterminer l’utilisateur en fonction du développement des techniques de management et en fonction du niveau du contrôle effectué,

Aborder le passage de la contextualisation à celui de l’appropriation de l’outil par l’acteur,

Justifier le degré de formalisation du système de CDG par les situations propres aux PE.

Connaître l’utilisateur de ce système de CDG

2 . 2