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II. L’acte de certifier :

3. Acte perçu comme non adapté à la réalité :

Des médecins avaient le sentiment que le certificat sous sa forme actuelle était inadapté.

M2 : « Bah là, ils parlent en terme financier, donc ça… s’ils veulent arrêter, ils parlent d’abord « finance », après peut être en s’appuyant sur le fait qu’ils ont remarqué qu’il n’y avait pas de diminution de mort subite à cause d’un bon examen.

Bah du coup on passe à côté … prévention. »

M4 : « J’ai toujours eu le soupçon que c’était purement une affaire d’assurance… je n’en ai pas la certitude et

je n’ai jamais été vérifié… peut être qu’avec ta thèse, on aura ça d’éclairci. »

« Le problème c’est que quand tu signes le certificat pour l’année et qu’ils ont l’intervention en cours d’année… »

« Hmmm… Bah que c’est tordu comme situation, de faire des certificats pour la pétanque alors qu’il court tout seul à côté… C’est… c’est une situation qui n’est pas normale… et qu’il faudra un jour trouver à arranger ça. »

M5 : « Mais ça en France, on ne peut pas parce qu’on est dans une société de victimologie… on pourrait leur dire : « Monsieur, vous ne ferez pas de rugby parce que vous avez eu un trauma… vous avez été sonner… vous avez fait un … un … choc… encéphalique… maintenant, vous voulez y retourner… démerde toi mon grand ! Moi je ne suis pas d’accord… » Et là, on envoie la responsabilité sur le patient… enfin sur le sportif… et lui, il choisit…Mais en France, on ne peut pas faire ça »

« Là actuellement, je dis : « monsieur, je ne signe pas votre papier » et il repart… il va voir le copain, il sait très qu’il est asthmatique, donc 10 minutes avant, il va se bourrer de ventoline…il va aller voir le cabinet d’à côté qui n’est pas relié informatiquement, il n’y a rien dans son DMP et il dit : « bah je fais de la plongée depuis cinq ans, mon médecin n’a pas pu me prendre aujourd’hui et euh… » il lui raconte n’importe quoi… et donc, le gars, il signe et il se fait rouler. »

M6 : « Si quelqu'un me dit : « ça fait 20 ans que je fais du vélo, je fais mes 100 kms tous les dimanches, j'ai envie de participer à la presqu’île qui fait 80 kms en groupe qui fait 180 kms en groupe », je ne vois pas trop de raison de l'emmerder pendant 2h alors que c'est une activité qu'il fait tous les jours, qu'il fait sans licence et que euh... Voilà, ça c'est simplement pour l'assurance de l'organisateur »

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M8 : « Je dirai que l’on ne doit pas comme ça… créer des obligations pour le certificat… mais plutôt créer une

obligation de consultation de dépistage… pour certains âge… on le fait, voilà pour les enfants, on a des consultations de suivi à certains mois… et bien, pour certains âges, voilà… les enfants, les ados, on devrait avoir une consultation, parce que parfois les patients viennent, ils pensent qu’on a « juste à signer le papier », c’est juste administratif… et euh … sans que ce soit une consultation à part entière… il y en a qui se rajoute à la consultation en disant : « et vous ne pouvez pas me signer mon certificat pour le tir ou euh… » alors que c’est une consultation pour un certificat pour l’enfant… c’est le papa qui vient avec son enfant, et lui il veut aussi qu’on signe son certificat… Le certificat pour certain patient c’est devenu administratif ! »

M10 : « Bah je leur demande quand même si … parce que souvent ils disent : « je cours aussi ! » quand on leur

dit : « quel sport vous faites ? » « bah je fais de la natation ou du cyclisme et c’est pour ça que j’ai besoin du certif’ et sinon je cours… » […] J’essaie d’en savoir un peu plus et s’ils ne sont pas embêtés quand… mais je ne vais pas chercher plus. »

M11 : « Mais moi je dis : « je fais le certificat parce qu’on me le demande ! », je dis : « ce n’est pas moi qui me demande… » « moi, vous me diriez » « est ce que je peux aller faire du sport ? » « bah de toute façon, ça va plutôt vous faire du bien que du mal… statistiquement…, mais là, c’est parce que c’est une … une… une institution, une fédération qui me demande un certificat, que je vous le fais ! » et à partir du moment… j’essaie d’expliquer ça, mais ce n’est pas toujours évident avec les patients, je dis : « moi… à partir du moment où on me demande de certifier… d’accord… donc je certifie, c’est-à-dire que si je certifie quelque chose, il faut que j’ai un minimum de sérieux derrière qui certifie que j’ai fait le maximum pour détecter… »

Donc je fais juste ce qu’on me demande. Mais moi, qu’un jour on nous demande de ne plus faire de certificat médicaux, ça ne me choquerait pas du tout. Parce que je pense qu’on a un gain très très faible. » M13 : « Donc, je pense que c’était en fait pour arriver à un consensus pour toute activité sportive… Enfin,

j’imagine que le législateur a peut-être vu les choses comme ça… enfin je ne sais pas. »

Certains médecins interrogés ont notamment exprimé fait que le certificat n’éliminait pas le risque qu’il se passe un événement indésirable.

M1 : « Voilà, il faut le faire parce qu’il faut le faire, on en profite pour voir s’il n’y a pas autre chose et puis après… arrive ce qui arrivera

M2 : « Oui, je ne sais pas pourquoi ils ont fait ça… à part le côté, dépistage que je trouve intéressant, après par rapport aux risques liés au sport, même si tout va bien le risque zéro ... ça n’élimine pas… »

M4 : « Et bien, ça tient à tout le reste… c’est que… si… il n’y a aucune logique qui tende… euh… qui sous-tend tout ce mécanisme de faire des certificats pour des fédérations, pour les assurances, pour tous ces… Dans quel but ?

Ça n’est pas clair, ou bien on nous fait croire pour tel but… Mais on sait que c’est faux, que l’on ne peut pas. Euh… comme on le disait, dans le but d’éviter les morts subites… Alors, il doit bien y avoir un autre but, que je veux bien essayer de… de profiter à cette occasion de voir les gens mais … pfft… »

M5 : « Mais… (cherche ses mots) euh… je pense en fait que… l’histoire des certificats médicaux, c’est pour protéger les gens, eux-mêmes, d’une façon générale et globale… pour leur dire : « ne faîtes pas cette connerie là, n’allez pas faire du squash à 85 ans, c’est une hérésie ! » […] C’est un rôle de prévention médicale… […] Et ce n’est pas du tout un rôle médicolégal… pour moi, dans l’esprit c’est complétement différent »

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M8 : « Quand tu dis que … oui… dans certains prétexte, les certificats ne sont pas utiles… J’en profite pour

dépister autre chose… »

M9 : « Mais après, il n’y a pas d’autres moyens… mais bon ça ne me stresse pas… parce que sinon, on est d’un naturel plutôt pessimiste et il faut faire autre chose que de la médecine… parce que sinon on est… tu ne dors plus… et tu es là « j’ai signé un certificat à ce monsieur mais peut-être qu’il va lui arriver quelque chose »

Donc là… je crois qu’on… il faut aussi … si on a fait un bon interrogatoire, un bon examen clinique, ECG normal… franchement… (en tapant à chaque fois sur la table) s’il arrive quelque chose on y est pour rien non plus… on ne peut pas tout… il peut aussi se planter en bagnole en sortant d’ici… »

M11 : « Bah maintenant je dirai… en fait, c’est bête… Mais je le fais, mais je sais que ce n’est pas très utile…. Que je ne fais pas un acte de prévention très utile mais que je suis dans les clous… donc, voilà… pffft… ouais »

« Ouais, exactement… et je ne certifie pas qu’il ne va rien lui arriver, je certifie juste que j’ai fait ce qu’il fallait pour éventuellement essayer de détecter des choses. »

Certains médecins trouvaient que la délivrance du certificat était trop banalisée par le patient. La délivrance perdait alors en importance.

M3 : « Les examens de sport par les patients c’est banalisé et c’est vrai que les gens quand ils disent que ça fait 10 ans qu’ils font du sport de façon régulière et qu’il n’y a jamais eu de problèmes et bah nous voilà… »

« Je ressens ça comme très banalisé par les patients, euh… comme si ça ne servait à rien, c’est pour ça que je t’ai parlé des décharges tout à l’heure »

M4 : « Euh … ça dépend si on… de… ce qu’on vit, et ce qu’on pratique, et de ce qu’on peut s’imaginer des fois quand on lit des articles.

Dans la pratique, c’est quelque chose qui semble presque anodin… […] En tout cas pour le patient… (silence) »