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DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ

PÉNÉTRATION DU MOBILE/POPULATION TOTALE PÉNÉTRATION DE L'INTERNET MOBILE/POPULATION

4.4. ACCÈS AU FINANCEMENT

Le système financier malien est essentiellement constitué du secteur bancaire. 14 banques commerciales agréées représentent collectivement plus de 90 % du total des actifs du secteur financier. Le secteur de la microfinance est beaucoup plus petit, puisqu’il représente environ 3 % des actifs du système financier. Le reste du système financier malien comprend six institutions financières non bancaires (IFNB) –trois opérateurs de téléphonie mobile, deux fonds de garantie et une société de crédit-bail–

et 11 compagnies d’assurance, qui représentent collectivement moins de 2 % du total des actifs du secteur financier106.

Au cours de la dernière décennie, le secteur financier malien a progressé de manière substantielle malgré un contexte opérationnel difficile. Le ratio du crédit intérieur au secteur privé en pourcentage du PIB était d’environ 25 % en 2019, comparé une moyenne d’environ 30 % du PIB dans l’UEMOA. Le secteur bancaire a connu une concurrence accrue, et une proportion croissante de PME formelles et de grandes entreprises détiennent des comptes dans une institution financière. Alors que l’inclusion financière est à la traîne, le taux de pénétration élevé des services de téléphonie mobile et l’introduction récente de l’argent mobile ont déclenché une transformation positive.

Ils ont permis à une proportion croissante de Maliens d’ouvrir des comptes à un prix abordable, à utiliser l’argent mobile pour effectuer des transactions financières et échanger des fonds de manière sûre et fiable.

Néanmoins, les problèmes d’accès au financement restent aigus. Parmi les nombreux défis auxquels sont confrontés les entrepreneurs Graphique le manque de financement abordable (28 % des entreprises du portefeuille de l’API-Mali -Agence de promotion des investissements). Selon les données de l’enquête auprès des entreprises de 2016, 20

% des entreprises maliennes considèrent l’accès au financement comme la deuxième contrainte la plus importante. Les banques commerciales ont une aversion au risque et offrent des instruments de financement garantis limités et inabordables.

Du côté de l’offre, malgré des niveaux de concurrence croissants, le secteur

financier malien est segmenté en groupes-cibles (Graphique 4.4), avec (i) les banques traditionnelles se concentrant sur les besoins des entreprises formelles et les grandes entreprises, (ii) les institutions de microfinance (IMF) ciblant principalement une clientèle rurale de petits agriculteurs et de micro-entreprises, (iii) et les fournisseurs de solutions de Mobile Money en concurrence pour des clients de détail en offrant des produits de transfert d’argent. Du côté de la demande, le manque d’éducation financière de la population en général, les faibles niveaux de capitalisation associés à l’absence d’antécédents de crédit formels et à la difficulté d’évaluer la capacité de remboursement entraînent des exigences en matière de garanties élevées par les banques et un coût du crédit élevé.

Des disparités entre les hommes et les femmes et des clivages entre zones rurales et urbaines persistent en matière d’inclusion financière. Le Mali présente, avec le Bénin, le plus grand écart hommes-femmes en matière d’accès à un compte dans une institution financière (20 points de pourcentage). Le taux de possession de la population féminine d’un compte dans une institution financière est de 10 %, contre 27 % pour les hommes (2017). La loi n’interdit pas la discrimination dans l’accès au crédit basée sur le genre (rapport WBL 2020) et la proportion de femmes propriétaires de MPME n’est que de 9 %. Toutefois, plus de la moitié (68 %) des entreprises détenues par des femmes sont limitées en raison des restrictions de crédit (rapport 2018 sur les MPME - Finance Gap).

L’utilisation des services financiers numériques (SFN) via Internet est également concentrée dans les segments les plus riches, les plus instruits et les plus urbains de la population : soit 45 % de la population urbaine contre 18 % de la population rurale (2016).

Les difficultés d’accès au crédit et au financement à long terme pour les MPME et autres groupes défavorisés sont aggravées par la pandémie mondiale de Covid-19.

Dans l’ensemble, le crédit privé pour le financement des MPME est très limité, et les contraintes de crédit sont particulièrement aiguës pour les micro-entreprises, les femmes entrepreneurs et les agriculteurs. En conséquence, les MPME ont tendance à dépendre fortement de leurs propres ressources, y compris celles fournies par les amis et les familles, qui représentent 75 % du financement pour l’achat d’actifs immobilisés, suivis par les prêts bancaires (19 % du financement). Dans ce contexte, le financement par fonds propres joue un rôle minime, ne représentant que 2 %, tandis que les instruments financiers alternatifs tels que les fonds d’amorçage pour les start-up et les plateformes de financement participatif restent à un stade embryonnaire. Avec la crise sanitaire de la Covid-19 qui a eu des répercussions sur l’économie malienne en 2020, en particulier sur les petites entreprises qui disposent généralement de réserves de trésorerie minimales, le secteur financier est sur le point d’être durement touché en raison du manque de liquidités, de la détérioration de la qualité des actifs et des problèmes de solvabilité potentiels. Les incertitudes et les profils de risque accrus sont susceptibles d’amener les prêteurs à se retirer des segments les plus risqués tels que les micro, petites et moyennes entreprises (MPME). Les difficultés à obtenir des crédits et des financements à long terme pour les MPME et d’autres groupes mal desservis sont aggravées par l'épidémie mondiale de Covid-19

GRAPHIQUE 4.4. COUVERTURE TYPIQUE DES SEGMENTS DE CLIENTÈLE PAR LES PRESTATAIRES DE SERVICES FINANCIERS AU MALII

ENTREPRENEUR

INDIVIDUEL/INFORMEL MÉNAGE DANS

L'AGRICULTURE ENTREPRISE FORMELLE ORM

(Opérateur Reseau)

IMF (Institution de

Microfinance)

BANQUE

CLIENT CIBLE PARTIELLEMENT SERVI NON DESSERVI

Source : « From Mobile to Credit - Financial access for poverty reduction and economic growth in Mali ». Banque mondiale.

En avril 2020, dans le cadre de sa réponse à la pandémie de Covid-19, le Mali a annoncé une allocation supplémentaire de 20 milliards de FCFA au Fonds de garantie pour le secteur privé (FGSP) existant afin d’apporter une aide financière aux MPME touchées par la pandémie de Covid-19. Cette allocation supplémentaire est destinée à soutenir les secteurs économiques clés (tels que le tourisme, l’hôtellerie, les exportations saisonnières) qui ont été les plus touchés par la crise sanitaire de la Covid-19. Le financement supplémentaire permettra au FGSP d’émettre des garanties de crédit partielles auprès des banques pour les inciter à émettre de nouveaux prêts (ou à prolonger les prêts existants) pour les entreprises dont les revenus et les ventes ont diminué en raison de la crise. Les garanties auront un taux de couverture plus élevé (jusqu’à 80 %) pour compenser les risques des prêts plus élevés aux entreprises en difficulté . Toutefois, suite aux récents changements politiques au Mali, cette mesure n’a pas encore été promulguée.

Les contraintes pour développer davantage le secteur financier local comprennent : (i) une inclusion financière faible ; (ii) des exigences élevées en matière de garanties requises par les institutions financières ; (iii) des services financiers numériques limités ; et (iv) un manque d’instruments financiers adéquats pour fournir des capitaux à long terme aux

Services bancaires aux PME

La plupart des transactions financières continuent d’être traditionnellement effectuées en espèces, avec des connections limités avec les systèmes financiers formels. Selon la base de données 2017 de Global Findex107 seuls 35,4 % des adultes maliens (âgés de 15 ans et plus) sont titulaires d’un compte auprès d’une institution financière formelle, ce qui est inférieur à la moyenne de 43 % en Afrique subsaharienne (Graphique 4.5). La proportion d’adultes ayant un compte dans une banque formelle s’est améliorée, passant de 13,3 % à 18,2 %. Pour accéder au crédit, les Maliens ont principalement recours aux prêts de la famille et des amis, ou à des prestataires financiers informels. Seule une très petite proportion de la population, composée en grande partie de personnes employées dans le secteur formel, a accès aux services financiers, et les personnes vivant en zones rurales restent financièrement exclues –les niveaux d’inclusion financière dans les zones rurales du Mali étant parmi les plus faibles de l’Afrique subsaharienne.

GRAPHIQUE 4.5. PÉNÉTRATION DU SECTEUR BANCAIRE, 2011-2017

% d’adultes ayant un compte dans une institution financière

Source : Base de données Global Findex. Banque mondiale.

Au cours de la dernière décennie, le secteur bancaire malien a connu une croissance soutenue. Malgré un environnement politique et sécuritaire difficile au Mali, cette croissance place le secteur bancaire au quatrième rang de la région de l’UEMOA. Le crédit intérieur au secteur privé est passé de 13,5 % en 2000 à 20 % fin 2020, au-dessus de ses pays-pairs régionaux tels que la Côte d’Ivoire. (Graphique 4.6). Sur les 14 banques commerciales opérant au Mali, neuf appartiennent à des groupes bancaires africains et représentent plus de 90 % du total des actifs financiers. Elles restent toutefois relativement petites en termes de taille, de solidité et de couverture.

2011 2014 2017

MALI NIGER CÔTE D'IVOIRE AFRIQUE

SUB-SAHARIENNE PAYS À FAIBLE REVENU 45

40

30

20

10

0

L’accès aux services financiers par le secteur formel des entreprises a également considérablement augmenté. Toutefois, il subsiste d’énormes disparités en matière d’inclusion financière et le crédit est fortement concentré sur quelques grands

emprunteurs. Entre 2007 et 2016, la part des entreprises maliennes déclarant avoir un prêt ou une ligne de crédit a augmenté régulièrement, passant de 10 % à 26 % (Graphique 4.7). Pourtant, le crédit du secteur bancaire reste concentré sur les entreprises formelles, qui représentent moins de 5 % des emplois salariés. Alors que la plupart des 10 000 entreprises formelles opérant au Mali disposent d’un compte, seule une petite proportion d’entre elles a accès au crédit. Il y a de grandes variations dans l’accès au crédit selon la taille de l’entreprise : si environ la moitié des grandes entreprises déclarent détenir un prêt ou une ligne de crédit, le ratio tombe à 42 % pour les moyennes entreprises et à seulement 14 % pour les petites entreprises. Le déficit financier des micro, petites et moyennes entreprises formelles était estimé à 30

%, soit 371,5 millions de dollars É.-U., et 55 % des MPME étaient financièrement limitées en 2017.

GRAPHIQUE 4.6. TOTAL DES ACTIFS DU SECTEUR FINANCIER, 2000 - 2020

en % du PIB

GRAPHIQUE 4.7. SOURCES DE CRÉDIT FORMEL PAR TAILLE D’ENTREPRISE, 2016

% des entreprises disposant d’une ligne de crédit ou d’une facilité de découvert

Note : LOC. = Ligne de crédit ; OF = Facilité de découvert ; ASS = Afrique subsaharienne ; UEMOA = Union Économique et monétaire Ouest Africaine.

* L'UEMOA est la moyenne simple des ratios actifs/PIB des pays membres.**

** Excluant l'Afrique du Sud et le Nigéria

Source: Plateforme Open Data de la Banque mondiale.

* Il comprend “Avoir à la fois LOC et OF” et “Avoir uniquement LOC”.

Source: Données de l’enquête auprès des entreprises 2016. Banque mondiale.

https://www.enterprisesurveys.org/en/enterprisesurveys.