• Aucun résultat trouvé

A"PQQ

Dans le document DOCUMENT DE TRAVAIL (Page 99-140)

TABLEAU N'4 : L'ECHANGE MATRIMONIAl. A L INTERIEUR DU GROUPE NiDROU

V~LAGE DE ZiOMBU

1

1

1

!

11

!

i !

; : 1

1

!

1fT

:

: !

11

~

,

i

1

1

1

:

1

1

1

Ct

..

"

.. -

~

t

1:

~ t

i •

1

1 ,

:5

1 1

,

1 1

!

1 1

!

11

! T

1

i

1 i

2 :

1

1 :

2 1 1

, , 1

: ! ~

1

1

i :

: ~ 3

1

! 3 1 :2 ~ 2 : ! 1 :1 1

l 1,.

5

2

i

; r

-E~S

ErS E;S

, l '

11 ;

, 11

:

1

:

!

6 7 1 1 :

1

!

.-z.

~;1

J

1

f

r

fI I I I

• 1 2: 3'2 1

1 i ! !

: ;

1:

:

1:

1

3i

1

: ' , :

: 2

i

1: 5: 2:

1 1 t

1

;1 1 1! 1: :

!

1

13 3' -4,:2

1

1'.'

! . ' .

, 1 '

1

1

! : :

1 '

-~ .

,

L~ÉcHANGE MATRiMONiAL ENTRE

Il

NlDROU' ET l'EXTERIEUR

• •

.VILLAGE'" œ ,. ZIONBLI

-1.

te- \\

.~

~~. ~ "', '8 iJ R ~

t:I.

~

·1 ~

~

..c:...

~

CS ~

"'0;::$t

\t ~

111#-, _. . ...,

~

te

~ :ij "'~ ~ ~

....

~

,,1II.r,;'.r" "

'-

, -,

i i i

,

EfS

i

E:S E'S

!

1:5 E:S E!S E'S

! E f.S

~

1

:~ :2 :2 :, 1 1 ; 1 10

,

, 1

t

paUQ

--4--

1t

~l

~-_.

--,.-- 9:

i--..&--

3: -,-- 4. --&._- 1 : --:-- .. --.-- ! ---_ 31 ..

,,-.1- ~ :1 :1

1

:2 1 :1, : : .5

---'-- --r-- --t-- 1".-.-- --r-- --r-- --Jo--- -_ .... _- ,.----.

1 : 6~ 7!

3 1t

6. •

1

• ,

1

! 23

~ i i

1

1 i !

i t

u'lltlo --,-- --

11

...

11

-. - 21 ...

1

-.

_ .. .1. • •

1

t

--1--. • 1--.,--- 5; _ 1 : ...-

~-

.... ,

1

--

...

_ 9 ..

_~

t t t

.~ :

1 ;

:1 ; 1 ;

, 1 J

2

~tlt1

S

~

--i-- -_.11._-

1t

1 : --t---

t - - +0--

1 1 1--+-- --r-- ...

t

,. .. - ..

11

-- 1--- 3

!

1t

1

1

,

1

~

1 '

;

t

i i 11 :

t

1

9'6tJD --.--

1t ~-~_.

1--""---

1 :

1

1'"-'--

1t ~-1'--1

--+-.

t

-+- , --+--

11

--- 1

1

· ,

t

t

~ :

1 t1

1

;

,

600 ~-4--

t ~--

..

1t1

-_. --T-- 1 : • --, •

tt

.. - --"'_. •

1 .-

.. • · '_

t

....

__.L...11

-+- 1 --- 1

~ ; i l'

t

:

~

1 1

1

i

i

2

da 1---.,--

1t --y--'1

--~--- ; 1--.,-_. •

1

-t--

~--.---t _.J_ _1 .I--T--

:

1

.---1 1 t

• t

:

.

i ,

~

:

1

i ;

TDtol 1 :1 ~:6 21 t 2 8 15 1013 7:3 : 1

1

,

:

1 1

1

l

• • :

1

·

t

!

1

'

.

Le tableau n24 donne:le détail des échanges matrimoniaux entre les lignages de Ziombli et les autres lignages du 'bloa Nidrou. La comparaison entre entrées de femmes et sorties n'est pas significativo, puisque les échantillons de base ne sont pas les mêmes. Elle ne fournit qu'une valeur indica-tive. L'échange matrimonial apparaît comme très généralisé:

les 8 lignages de Ziombli échangent des femmes avec la qua~i­

totalité des lignages Nidrou (17 contre 20). A l'intérieur du groupement i l n'existe pas de mariage préférentiel: les

unions sont dictées par los seules considérations d'exogamie.

Le tableau n25 nous donne le d~tail des échanges matri-moniaux entre les lignages de Ziombli et les 'bloa voisins.

Il laisse apparaître avec netteté la préférence que manifes-tent les Nidrou à choisir leurs femmes dans tel 'bloa plut8t que dans tel autre. Les 'peua et les u'elao bénéficient d'une sttitude préférentielle: cels est dO d'une part à une tradi-tion d'alliance politique et militaire. Les 'mao, g'bao, boo, da n'entretiennent encore que des rapports matrimoniaux très....

occasionnels cV..JC le5 fJi ...':::CJu r;'J; :.~' r.'1 connaissaient tradi-tionnellement qu'en tant qu'ennEmis. Le Nidrou n'aime pas chercher sa femme "trop loin". En cas de palabre, l'affaire sera d'autant plus difficile à r6gler que les deux parties seront plus éloignées. Si la possibilité existe de prendre une femmo hors do son grou~D~ont ct hors des :bloa tradi-tionnellement alliés, elle n'est encore en réalité que très peu utilisée.

Synthétiquemont la sphère des échanges matrimoniaux s'établit comme s u i t :

-81-Total des entrées: 187

de provenance Nidrou : 119 soit 63,70 ~

- de provenancs extérieure 1 68 soit 36,30 ~

Total des sorties : 73

- vers Nidrou : 53 soit 72,60 ~

- vers l'extérieur: 20 soit 27,40

%

D - La dot

L"16ment fondamental du mariage traditionnel, autant par Bes implications économiques (circulation des biens) que sociales (entretien et renouvellement permanent des liens d'alliance), est constitué par le paiement da la compensation matrimoniale, ou "prix de la fiancés". Les modalités de fixa-tion et de versement ne répondent pas à des normes rigoureu-sement définies: elles sont fonction du type de mariage, et peuvent aller du règlement immédiat et définitif au mOment de la remise de la fille à l'échelonnement indéfini du paie-ment dans le temps. De meme, aucune règle précise ne fixe ni la nature ni le montant de la dot. L'origine meme du paiement est sujette à une complexité extreme dans la mesure où par-delà l'individu c'est le groupe tout entier qui acquiert la femme.

Nous étudierons ici successivement la nature da la dot, l'origine du paiement et sa eignification.

1. La nature de la dot

Avant la pénétration européenne les éléments principaux qui entraient dans la composition de la dot étaient les

suivants: bovins (bli), bracelets de cuivre ('digt), fusils de traite (bu), pagnes ('giri~), cabris (g'bao) et moutons

('blau~), cuvette de cuivre ('bao) et machettes ('ktne).

Il n'existait pas de dot-type, et entre ces éléments toutes les combinaisons étaient passibles.

Le boeuf constituait la pièce ma1tresse de la compensa-tion matrimoniale. En cas de rapt de la fille (mariage

pl~-'fi:nD) les parents étaient même en droit d'exiger deux bovins.

La fourniture du boeuf, tout en rev~tant une importance capitale dans l'échange matrimonial n'était cependant pas la condition sine qua non de l'union traditionnelle. Si le l i -gnage acquéreur était dans l'incapacité de livrer le bli, noue avons vu qu'il y avait possibilité de procéder à un

"échange direct", la perte d'une fille étant immédiatement compensée par l'acquisition d'une autre. Dans des cas extrê-mes i l pouvait se produire que l'acquéreur ne disposât ni de boeuf ni de fille; si les parents de la fille tenaient vrai-ment à contracter l'alliance, tous les arrangements étaient alors possibles: ou on augmentait la fourniture des autres effets, ou le futur gendre mettait pour un temps déterminé sa force de travail à la disposition des 'bila.

Les 'dig~, bracelets fabriqués sur place de la refonte da seaux an cuivre de provenance libérienne, remplissaient des fonctions monétaires à ueaga spécifiquement matrimonial.

Cas bracelets existaient en différentes tailles, les plus petites servaient de parure aux femmes et étaient portés aux poignets et eux chevilles. Les plus gros entraient dans la

~

composition de la dot et avaient valeur d'échange. Les 'dig~

circulaient donc en sens inverse des femmes et ne pouvaient être affectés à un usage autre que l'échange matrimonial.

Les fusils de traite (bu) étaient particulièrement

appréciés par une population de chasseurs. La bu était géné-ralement destiné au frère de l'épouse, et inclure un fusil dans la composition matrimoniale revenait à honorer tout particulièrement les qualités de courage et d'adresse du

'bila.

-83-Dans la société traditionnelle l'art du tissage n'était que très peu développé, et les pagnes ('giriE) qui entraient dans la composition de la dot étaient d'origine essentielle-ment Dan. Par la vallée du Cavally un intense courant d'échan-ge a toujours existé entre les Nidrou et leurs voisins du

Nord. Il semble qu'aucune distinction n'ait été faite entre pagnes à valeur d'usage et pagnes à valeur d'échange ou de prestige. Le pagne n'était jamais réservé à la seule presta-tion matrimoniale.

Les cuvettes en cuivre ('bao) et la plupart des machet-tes ('klne) provenaient de la cOte libérienne. Lee cuvettes r quand elles n'étaient pas destinées à l'usage domestique, constituaient, avec les seaux en cuivre, la matière première qui servait à la fabrication des 'dig~.~ Chaque village comp-tait sont forgeron (le groupement Nidrou disposait d'un

lignage entier - les g'beo ou "hommes noirs"), mais en

dépit de l'abondance du minerai de fer ~SDUS forme d'oxydes), peu de machettes étaient façonnées sur place. La forge semble avoir été dévantage productrice d'armes de guerre et de

chasse que d'instruments aratoires.

Cabris (g'bao) et moutons ('blau~) forment, avec les bovins, dans l'apport total traditionnel; les seules compo-santes qui soient réellement fournies par le village lui-mOme. Tous les autres éléments sont de provenence

sxtér~eu-re, donc d'accès plus difficile st de coOt plus élevé:

l

objets en cuivre, bracelets, pagnes. On peut en. conclure que seuls les biens rares donnaient sa vraie valeur à la presta-tion matrimoniale, dans la mesure où n'étant pas à la portée de tous, ils empOchent le système de se dégrader en permet-tant un accès aux femmes trop facile. Ces biens rares, apa-nage des atnés, constituent la richesse par excellence.

L

Si dans la société traditionnelle "la dot a pour résultat", pour reprendre les termes de Cl. Meillassoux,

"sinon pour objet la perpétuation du syst~me social selon un modèle structural répétitif" (1) (et partant agit comme un facteur de "conservatisme social"), l'introduction de l'économie monétairo, en mettant la richesse, sous des formes nouvel18s~ à la disposition d'un plus grand nombre, a en partie boultV~jsj le cadre ancien. La dot change progres-sivement de nature, les biens qui donnent acc~s au mariage sont désormais à la portéo de tous. Par le biais m@me de cette évolution le mariage devient une institution qui tend à perdre sa fonction "conservatrice", et a établir entre générations un rapport de force nouveau.

Mais l'évolution de la nature de la dot, au contact de l'économie coloniale, se fait très lentement, et i l ne fout pas en surestimer les effets. On peut considérer que l'élément monétaire n'entre réellement dans la composition de la dot qu'après 1945. Dans les données quantitatives que nous avons pu recueillir, i l est très difficile de situer dans le temps les différents mOments du paiement de la com-pensation matrimoniale pour une femme acquise à une date déterminée, le règlement n'étant jamais intégral. Aussi les espèces qui figurent dans la composition de dots relatives à des mariage~ contractés avant 1945 ont-elles toujours été versées après cette date seulement.

(1) Claude Meillassoux "Anthropologie économique des Gouro de Cate d'Ivoire" Paris Mouton, 1964 p.219.

-85-Nous avons procédé au relevé systématique des dots qui ont accompagné le mariage des 187 femmes .de la commu-nauté actuelle de Ziombli. Le tableau n26 donne une idée de l'évolution de la compensation matrimoniale du début du siècle à nos jours. Les exemples que nous citons ont été pris au hasard parmi les 187 cas étudiés. En gros, jusque vers 1945 la composition de la dot ne eubit guère de chan-gements notoires. Les fusils de tràite, avec la règlementa-tion sur les armee qu'introduit l'administrarèglementa-tion coloniale, disparaissent toutefois dès 1925. Comme nous l'avons déjà signalé, les sommes d'argent qui figurent dans les dots relatives aux mariages contractés en 1930, 1936 et 1940, ont toutes été versées après 1945 seulement. Ce n'est que vers 1950 que les espèces prennent réellement la relève des bracelets de cuivre - monnaie par excellence de l'échange matrimonial traditionnel - qui disparaissent progressive-ment des transactions. A partir de 1950 apparaissent égale-ment les premières marchandises du dommerce colonial euro-péen: marmitee et casseroles en acier ou en aluminium, cuvettes, bassines et seaux en tale émaillée ou galvanisée

(qui se substituent aux seaux et cuvettes en cuivre du Libéria), machettes d'importation, chaises-pliantes, chemises, pantalons, etc •••

Si d'une façon générale la nature de la dot p'a été que peu affecté dans sa composition, les espèces monétaires, qui se sont substituées aux bracelets de cuivre, ont par contra contribué à augmenter sensiblement le montant de la transaction matrimoniale. En 1950 les espèces s'élèvent en moyenne à 20.000 francs CfA. En 1960 elles atteig~ent faci-lement 50.000, et en 1964 elles dépassent fréquemment la somme de 60.000 francs, ce qui est consid6rable si l'on sait que le revenu annuel par tate d'habitant du paysan

87 Guéré est de 4.000 Francs. Depuis quelques années une comptabi-l i t é rigoureuse est tenue par les "acquéreurs de femmes", et les différents éléments de la dot sont consignés par écrit. Nous avons eu accès à ces listes toutes les fois qu'elles existaient.

Le montant global des transactions, en nature et en espèces, y dépasse fréquemment la valeur de 100.000 Francs.

2. L'origine du paiemen~

Dans la société traditionnelle l'acquisition d'unè femme est l'affaire de tout le groupef quelquefois m~me, lorsque deux ou trois lignages coexist8nt, de la communauté villageoise toute entière. Les anciens évoquent avec nostalgie le temps où les chefs de plusieurs lignages se cotisaient pour permettre à l'un des leurs, notamment en cas de mariage par enlèvement, de faire face à ses obligations. Il existait, au niveau d'une m~me commu-nauté de résidence, une véritable solidarité inter-lignagère, qui a tissé entre groupes qui ont toujours "marché ensemble" des liens étroits.

D'une façon générale i l appartenait au chef de lignag~ . (t'ke) de pourvoir en femmes les célibataires de son groupe. Lui seul disposait des biens rares (boeufs, bracelets, pagnes, objets en cuivre) admis en règlement de la compensation matrimoniale.

La pénétration colonialD,'~n entralnant la fragmentation des unités sociales traditionnelles, a considérablement réduit ce rele de "régulateur des mariages" qui était imparti au chef de lignage. Le t'ke (patrilignage étendu) constitue dès lors un groupement géographiquement trop dispersé pour qu'il soit ~ossi­

ble de le soumettre au contrôle d'un seul individu. Aussi l'au-torité de l'a1né est-elle progressivement et tacitement déléguée au chef du 'u:nu (patri lignage lTJineur) et finalem ent m@me è l'intérieur de celui-ci, au chef du g'bou~. Le développement de l'économie monétaire n'a fait qu'accentuer la dégradation du

schéma traditionnel. Très rapidement l'acquisition des femmes échappe au contr61e des anciens et-aucune règle précise n'en définit plus les modalités d'accès. Quiconque est en mesure de faire face au paiement de la compensation matrimoniale, quel que soit son age, a la possibilité de prendre femme, sans que l'autorité de l'aîné puisse s'y opposer. Dans ces conditions, le chef de lignage, qui traditionnellement était le seul agent-payeur, perd toute prérogative sur le t'ke, et ses fonctions matrimoniales ne dépassent guère plus le cadre de son propre

'u:nu. Le moyen de pressionr et partant la possibilité de

régulation des alliances, que lui conférait jadis la possession des biens rares, sans lesquels le mariage ne pouvait se faire, lui échappent complètement. M~me l'aîné du 'u:nu, s'il veut conserver un semblant de contr61e, est tenu d'adapter une a t t i -tude plus souple et plus conciliante, en participant spontané-ment au règlespontané-ment de la dot du cadet au du fils, qui, sane cela, se passeraient fort bien de son aide.

Déjà dans la société traditionnelle i l existe un moyen d'échapper à la contrainte de san propre lignage. Chaque indi-vidu peut en effet faire appel à sa famille maternelle, pour lui demander sait de participer au paiement de la dot, soit de la prendre en charge intégralement. Cette dernière solution est rarement admise par les paternals, puisqu'elle entraîne

d'une part la résidence avunculo-locale du d'jug~ (neveu utérin) d'autre part la perte pour la descendance de l'appartenance

clanique du père. Il faut que le lignage du père soit particu-lièrement démuni pour que l'an puisse consentir à un tel sacri-fice. D'une manière plus générale, la famille maternelle parti-cipe selon ses moyens au mariage des d'juga.N Mais la tentation est grande pour le neveu de se soustraire à l'autorité pater-nelle pour trouver refuge auprès de l'oncle maternel à l'égard duquel il eet tenu à une étiquette bien moins contraignante.

Nous verrons qu'au niveau de la filiation cela peut donner naissance à des situations conflictuelles graves.

Le tableau ng7 donne une idée de la diversité des "agents-payeurs" de la compensation matrimoniale. Il montre à quel point aucune règle précise ne préside plus au paiement. La place tenue par la famille paternelle est évidemment prépondérante: 93,70%.

Mais les 8 cas de dotation par la famille maternelle (4,43%) et les 3 cas de dotation par les neveux utérins que nous avons rslevés (1,66%) nous donnent quand même 6,10% de fuites hors du patrilignage, et partant une perte de descendance encore bien plus importante. A l'intérieur de la famille paternelle

.

~

le plus fort pourcentage de dots est fourn1 par le chef de g'bouo qui est ici soit le père (55 cas), soit le frère du père (17 cas), soit même le grand père paternel (1 cas). Au total: 54,70% des cas. Dans 26,51% des cas la dot est payée par le bénéficiaire lui-m@me. Les 12,4~ des cas qui restent se partagent entre frères du grand père pa~ernel (5 cas), grand père claesificatoire

(2 cas), cousins patrilatéraux (13 cas) et autres frères clas-sificatoires (3 cas).

En dép~t de la dégradation subie par le schéma tradition-nel, qui assurait la régulation des alliances matrimoniales en confiant la clé aux seuls aInés, i l semble qu'un nouvel équili-bre soit en train de s'établir. La disparition de l'autorité du chef de lignage en matière matrimoniale n'a en rien affaibli la solidarité lignagère et la cohésion ~nterne du groupe. Si le g'bou~, en dépit d'une modestie de dimension et de moyens, a pris une importance qu'il n'avait pss autrefois, et s'est

substitué au 'u:nu et au t'ke dans leurs fonctions matrimoniales, ses possibilités d'intervention ne se sont ni réduites ni

figées. Il semble au contraire qu'au niveau du g'bouo et au-delà mSme de ses limites quand cela se justifie, tout le monde parti-cipe à l'acquisition des femmes, suivant les besoins du moment et de la situation financière de chacun. Grossièrement, la dot est payée par celui qui en a les moyens. La nature du lien de parenté joue un raIe certes prépondérant dans la détermination de l'origine du paiement, mais ce rela n'est pas exclusif.

L'éventail des possibilités est plus ouvert que celui de la

Degrl§ de parenté rapport bénéfi- Nombre

%

par au

ciaire de cas

Père rl§el 55 30,30

Frère du père 17 9,39

Père classificatoire 8 4,43

Grand père paternel 0,56

III

r-l i

r-l 1

III Frère du grand père paternel 5 1 2,77

1: 1

1-1 1

QJ 1

of.) Grand père classificatoire 2 1 1 ,11

ID 1

0. 1

III Lui-même 48 26,51

r-l

....

r-l

Frère 9,96

E aIné 18

ID h..

Fils du frère du père

(frère classificatoire ou cousin paral- 13 7,19 lèle patrilatéral)

Autre frère classificatoire 3 1,66

Oncle maternel 3 1 ,66

III

r-l Oncle maternel classificatoire 5 2,77

r-l

QJ dont

1: frère de la grand-mère paternelle 2

1-1

-QJ fils du frère de la grand-mère

pater-of.)ID

-nelle •. 1

E

QJ

-

fils du frère de l'arrière

grand-r-l mère paternelle 0 1

....

r-l

fils dl un oncle maternel

classifi-E

-ID cataire du père 1

h..

...

X ID Neveu utérin 0,56

:J 1:

QJ ....

> 1-1 lIl'ID

Neveu utérin classificatoire 2 1 ,11

2 - P :J

1 1 1

TOTAL ••• 181 1100

1 1

l

J

-91-société traditionnelle.

3. La signification de la dot

Le terme Guéré qui sert à désigner l'ensemble des verSB-ments, en nature ou en espèces, effectués à l'occasion d'un mariage, du lignage du garçon à celui de la fille, est 'ulia, que nos informateurs traduisent par "richesse". Il serait erroné de conclure à partir de là à un caractère purement commercial du payement de la compensation matrimoniale. Le mariage serait un échange de biens: d'un cOté la femme, qui par ses fonctions de procréat:. ~ce constitue la richesse par excellence, de l'autre cOté un ensemble d'objets auxquels on a reconnu un usage spécifique et qui ont valeur d'échange. Ce serait là cpmplètement dévaloriser le sens et la portée de ce que nous appelons incorrectement la "dot". Dans les réponses à notre enqu~te, la dot n'a été à aucun moment assimilée par nos informateurs à un "achat".

Les raisons qyi nous ont été le plus fréquemment alléguées pour justifier l'existence de la dot sont de trois ordres

a) le payement de la dot accorde au lignage-payeur le

droit de s!approprier les enfants qui naîtront de l'union. Dans le mariage, la femme représente certes un capital, mais qui n'est vraiment valorisé que par la descendance qu'il est susceptible de procurer. Seul le payement de la dot permet au lignage

-acquereur de s'approprier cette descendance de

,

plein droit. C'est donc le payement de la dot qui détermine l'appartenance clanique, et, partant, crée la véritable filiation;

l

b) "La dot fait la valeur de la femme". C'est l'argument le plus eouvent avancé par l'élément féminin. Il est inconceva-ble qu'une jeune fille puisse ~tre unie sans contrepartie à un garçon que le plus souvent elle n'a pas choisi, ou ne conna!t même pas, sans le paiement de la dot elle se sentirait libre de rejoindre ses parents comme bon lui semblerait. Sans dot elle ne serait "rien". Par la dot elle se sent au contraire valorisée, "considérée". La femme Guéré accorde une importance capitale à cet argument d'or(re psychologique. Il nous permet certainement d'expliquer en partie la grande stabilité du mariage traditionnel;

c) le paiement de la dot serait une compensation versée aux parent~ de la fille pour les dédommager du travail qu'ils ont eu à l'élever.

Toutes ces considérations tiennent certainement une place plus ou moins grande dans la portée que l'on accorde actuelle-ment au paieactuelle-ment de la dot. Mais i l nous semble que dans la société traditionnelle le versement de la compensation matrimo-niale ait revetu à l'origine, un caractère purement symbolique.

Tout mariage est l'occasion de confronter deux groupes, soit en contractant, soit en renouvelant une alliance. Dans une

société où les rapports entre groupements lignagers s'expriment toujours en termes d'opposition, l'échange matrimonial ne peut être lui-même considéré que comme une occasion de manifester et d'affermir, sous la forme d'un étalage de richesse, le prestige du groupe. L'ostentâtion tient une place certaine dans la fixa-tion du montant et dans le paiement de la dot. Le groupe-acqué-reur de femme ne pourra en aucun cas ae montrer économiquement inférieur au lignage-fournisseur. Une dot n'est donc jamais trop élevée.

93 Pax ailleuxs l'échelonnement du'versement dans le temps permet à tout moment de revivifier l'alliance contractée, de donner au mariage une dimension véritablement sociale et de renouveler d'une façon permanente les occasiorede manifester ou de consolider son prestige.

Concl usion

Il est incontestable qu'avec la monétarisation de l'économie la nature purement symbolique de la dot a progressivement cédé le pas, du moins en apparence, à une forme de transaction commexcia-le. Il n'est pas rare d'entendre encore maintenant dans la bouche des anciens que "les garçons constituent poux la famille une soux-ce d'appauvxissement, les filles une souxce d'enxichissement".

C'est contre cet aspect commexcial de la compensation matri-moniale que s'est élevé le nouveau Code Civil en supprimant la dot. "La dot ne doit plus Stre une condition "sine qua non" du maxiage ••• Les époux ne doivent plus avoir à se dépouillex pour entretenix les paxents (1)". Mais le législateur précise bien par ailleurs qu'"il n'est pas question poux autant d'intexdire les prestations matximoniales, c'est-à-dire l'offrande de présents aux beaux-paxents, offrandes de toutes sortes qui constituent une coutume et entxetiennent les bonnes xelations entre les familles

(1 )Il

Qu'en est-il en xéalité 7 Il est cextes encore txop tOt pour saisir la portée exacte de la xéforme et déterminex dans quelle mesure elle est xéellement appliquée. Nous avons tout lieu de croire qu'elle ne lLest pas et ne le sera pas avant longtemps.

(1) Fraternité hebdomadaire du 2 octobre 1964 - Commentaire sur le Nouveau Code Civil.

Dans le document DOCUMENT DE TRAVAIL (Page 99-140)

Documents relatifs