• Aucun résultat trouvé

II LA CONSTRUCTION DE L’OBJET PATRIMONIAL

II. A.1.b Création et reconstructions

Au-delà des interrogations sur « l’obsession patrimoniale » dans les sociétés contemporaines ou des critiques d’européocentrisme, le discours sur le patrimoine et son utilité publique reste aujourd’hui largement consensuel, ses valeurs historiques et symboliques étant rarement remises en question. « L’affirmation d’un point de vue

adverse – l’éventuel refus de la patrimonialisation ou sa critique radicale – ne peut apparaître que « vandale », à tout le moins insignifiante dans le débat public. L’émergence de critiques est devenue de fait très improbable en dehors de l’expression de divergences sur la manière de réaliser au mieux le traitement des monuments, des objets et des sites » (Poulot, 2006). Du fait de ce discours, mais

aussi de la nature même du patrimoine qui semble « campé dans l’éternité », la valeur des objets patrimoniaux et le sentiment qu’ils inspirent peuvent paraître intrinsèques. « Grâce à la pérennité apparente des monuments et des objets, le

patrimoine présente une conception linéaire de l’histoire, sans accident, comme si les événements significatifs se succédaient en devenant des symboles pour le passé, le présent ou le futur » (Jeudy, 1995 : 5). La patrimonialisation des biens

collectifs, qui permet de concrétiser des valeurs abstraites comme l’attachement à la nation, à la région ou à la famille, « tend en effet à les présenter comme des choses

« déjà-là », autodéterminées, de manière linéaire et téléologique » (Turgeon, 2003 :

18).

Or le patrimoine, même lorsqu’il est monumental, n’existe pas a priori. La longue évolution de la notion moderne de patrimoine le montre, rien n’est moins évident que la reconnaissance de ce « statut »1. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle en

Europe, châteaux et palais sont volontiers rasés par souci d’économie, et leurs matériaux réutilisés - ce qui nous semble aujourd’hui inconcevable – car personne ne pense encore que l’histoire s’inscrit de façon irremplaçable dans les architectures2. 1 Les travaux de David Lowenthal (1985, 1998, etc.) ont par exemple mis en

évidence le caractère construit du patrimoine national britannique.

2 À la Renaissance, « l’anticomanie ne développe pas l’idée d’un patrimoine qui

C’est seulement avec la désacralisation des objets isolés de leur contexte et détachés de leur fonction que le patrimoine commence à être observé comme un témoignage d’histoire (Babelon et Chastel, 1994 : 25). En France, ce sont les destructions révolutionnaires qui donnent lieu en réaction à l’ « invention » du Monument historique, patrimoine par excellence1. L’histoire montre en effet que la

gestation du sentiment patrimonial peut être longue et dramatique selon la charge symbolique associée aux objets qui le constituent, entre réactions passionnelles populaires et engagements érudits, entre volontés de savoir ou de destruction : dans les temps troublés, monuments et œuvres d’art ont le sort des symboles qu’ils véhiculent – comme les statues de l’île de Mozambique à l’indépendance.

Le processus de patrimonialisation

Malgré son apparente évidence, le patrimoine est donc le produit d’une double création : de la part de ce ou ceux qui se trouvent à l’origine des objets qui le constituent d’abord, mais surtout de ce ou ceux qui les font accéder à ce statut. Il résulte en effet d’un phénomène dynamique - la patrimonialisation - à travers lequel un objet, un espace ou une pratique prennent un sens et une valeur nouveaux. Ce changement de regard sur un objet généralement « hors d’usage » relève à la fois d’une prise de conscience collective et d’une institutionnalisation, de processus sociaux et de procédures juridiques. L’action politique est indispensable pour offrir un cadre institutionnel et juridique qui garantisse la protection et la promotion d’objets dont la « mise en patrimoine » ne se réduit cependant pas aux dispositifs officiels. Celle-ci naît également d’une construction symbolique, de l’invention d’une « poétique » patrimoniale que ces structures valident et renforcent en apportant une reconnaissance et des moyens pour assurer leur sauvegarde et leur mise en valeur. Les artistes et les écrivains en particulier ont toujours joué un rôle important dans la réappropriation par la société d’un objet ou d’un lieu ainsi transformé. « Le

1 Face à l’effroi suscité par le vandalisme révolutionnaire est créée l’Inspection

générale des Monuments historiques en 1830, chargée d’établir l’inventaire du patrimoine architectural, suivie dix ans plus tard par une première loi de protection grâce à leur classement. Sur le vandalisme révolutionnaire et l’invention du Monument historique, voir les travaux de Françoise Choay.

patrimoine définit un état légitime des objets (…) et leur garantit une destinée spécifique, qui répond à leur valeur esthétique et documentaire le plus souvent, ou illustrative, voire de reconnaissance sentimentale. Il relève de la réflexion savante mais aussi d’une volonté politique, sanctionnées toutes deux par l’opinion publique et le sens commun » (Poulot, 1998 : 9-10). Le patrimoine s’élabore donc à partir

d’allers-retours permanents entre le symbolique, le politique et le juridique, c’est-à- dire entre le patrimoine en train de se dire (l'ordre du concept en des langages multiples, celui des artistes, des médias ou de la communauté scientifique notamment) et le patrimoine en train de se faire, auprès des décideurs économiques et politiques1 :

« Le patrimoine se construit au cours d'un processus où l'œuvre d'art, le

monument, l'îlot urbain, le site, bref tout objet publiquement ou collectivement protégé, changent de valeur et de signe et, d'un même mouvement appellent un autre comportement de la part de l'usager, y compris du propriétaire en titre. Ce qui suppose, en amont, des opérations clairement définies à la fois d'ordre administratif et budgétaire (…), et de nature juridique par effet de normativité. Nous sommes ainsi conduits à ce « pouvoir de protéger » qui fonde toute pratique patrimoniale et que les politiques officielles inscrivent dans les faits, soit en appelant - ou soutenant - des formes originales d'attachement collectif (tel, par exemple, le sursaut de mémoire ou d'émotion, lié à un témoin architectural menacé ou à un site renommé), soit complémentairement, en entérinant des nouvelles modalités de valorisation esthétique (…), de réhabilitation urbaine (…) et de pratiques culturelles (insertion du monument dans le marché des loisirs culturels). (…) Les activités normatives de classement sur le premier versant, et, sur l'autre, les technologies pratiques de restauration (…) avec leurs effets économiques et/ou symboliques, édifient en quelque sorte au-dessus du monde objectif des faits de culture un nouveau domaine, celui d'un bien d'appartenance communautaire, durable dans ses références, variable dans ses extensions et dont le maintien se légitime par l'inscription publique de projets induits d'intérêt général » (Lamy, 1993 : 3-4).

1 Les professionnels « ont admis une fois pour toutes que la rhétorique qui justifie un

choix, et qui peut abondamment puiser dans les connaissances positives accumulées par l’histoire de l’art et de l’architecture, n’est jamais que l’habillage d’un mouvement porté par d’autres passions et d’autres enjeux, incarnés dans des puissances et des individus » (Fabre, 2000 : 11).

Un « nœud de symboles » : du lien social au conflit des interprétations

La patrimonialisation procède ainsi de la projection de valeurs collectives et sociales sur un objet, une pratique ou un espace, à travers un discours spécifique qui l’inscrit dans le temps du groupe, comme marqueur historique mais aussi comme ressource. En décontextualisant un objet qu’il rend irrévocable, le processus de patrimonialisation construit entre un territoire ou un groupe et son passé une relation qui est créatrice de lien social (Rautenberg, 2003) : le patrimoine fédère les individus qui se reconnaissent et se font reconnaître autour d’une mémoire et d’une identité partagées, de valeurs et d’ancêtres communs – tirant précisément son efficacité symbolique de l'invisibilité du processus qui le fait naître.

Mise en discours d’un passé idéalisé dont on cherche à « actualiser » les potentialités, ce « récit des origines » comprend cependant toujours une part fictionnelle, entre omission et reconstruction. « Le patrimoine exagère et omet,

invente avec sincérité, oublie franchement et prospère grâce à l’ignorance et à l’erreur » (Lowenthal, 1998, 110). Miroir où se reflète l’image qu’une communauté

veut transmettre d’elle-même, le patrimoine constitue une projection fantasmatique et une réinterprétation du passé, qui est toujours transformation, « métamorphose des

traces et des restes, recréation anachronique » (Poulot, in Turgeon, 2003 : 19). La

construction patrimoniale inverse en quelque sorte la filiation dont elle se réclame : « Loin que les pères engendrent les fils, les pères naissent des fils. Ce n’est pas le

passé qui produit le présent mais le présent qui façonne son passé » (Lenclud, in

Laplantine, 1996 : 49). Opérant la distinction « entre le négligeable à effacer et le

mémorable à instaurer » (Poulot, 1998 : 22), le patrimoine implique notamment un

travail de définition, c’est-à-dire de tri et de sélection de ce qui devra être conservé - donc des silences et des exclusions, des oublis ou des négligences plus ou moins volontaires. La « reconstruction » patrimoniale n’est en outre ni définitive ni immobile mais elle évolue dans le temps, s’adaptant en fonction des enjeux du présent : loin d’être fixe et figé, le patrimoine est en permanence réévalué, réélaboré et réinterprété, continuellement fait et refait par les déplacements, les contacts, les interactions et les échanges entre individus et groupes différents (Turgeon, op.cit.).

« On peut alors se demander si l'on a affaire à un seul patrimoine protéiforme ou s'il

n'y a pas autant de patrimoines que de pères, génétiques ou spirituels. Laissant cette querelle moyenâgeuse du nominalisme et du réalisme, il faudrait se représenter plutôt le patrimoine comme une superposition de couches que l'histoire ou la mode a sédimentées sur le socle symbolique de l'ancêtre. Il y aurait quelque chose de feuilleté dans le patrimoine. Bien entendu, ce genre d'empilement est instable, évolutif et ouvert » (Martin-Granel, 1999 : 497).

Du fait de ces constructions et reconstructions successives ou simultanées, le regard porté sur un objet patrimonial n’est jamais univoque, mais diffère en fonction des points de vue qui se multiplient avec les « acteurs » du patrimoine. « La

compréhension, l’intervention mais d’abord le questionnement patrimonial supposent que le sens d’un bâtiment (…), d’un quartier (…), d’une ville (…) n’est pas intemporel, délivré une fois pour toutes à une époque donnée, mais susceptible de réemploi, de recréation individuelle et collective » (Laplantine, 1996 : 57). Un objet,

un espace ou une pratique peuvent devenir remarquables pour ceux qui les circonscrivent ainsi, et rester parfaitement anodins pour d’autres, ou recevoir des significations symboliques différentes, chacun s’appropriant une partie de leur histoire qui fait sens pour lui-même et pour le groupe1. Les différentes lectures qui

sont faites d’un même « texte » patrimonial2 donnent alors naissance à des

« communautés d’interprétation » - selon une notion empruntée aux historiens et sociologues de la lecture – qui coexistent parfois sans jamais se rencontrer (Fabre, 2000 : 21). Indéfiniment re-sémantisé, selon le principe mis en valeur par Panovsky (1967) pour les œuvres d’art, le patrimoine apparaît comme une sorte de « nœud de symboles » se prêtant à de multiples interprétations, en fonction notamment de l’attente et des projets de différentes « communautés ». De l’île de Mozambique,

1 « Si l’histoire du patrimoine a été longtemps prise dans une logique de réparation,

quant à des œuvres ou à des objets saisis et collectés, quant à des monuments mutilés ou négligés, quant à des lieux ou à des pratiques effacés ou recouverts, ce qui interdisait de la penser autrement que sur le mode de la restitution de l’authentique, il n’en va plus de même aujourd’hui. Même quand il est régulièrement purifié ou refait à neuf, le sens patrimonial n’est jamais univoque, qui inscrit à chaque instant sa négociation au sein des mondes du patrimoine, pour reprendre la fameuse expression de Howard Becker » (Poulot, 2006).

2 « Le concept de patrimoine, en tant que travail d’écriture et de lecture du sens, est

éminemment dialogique. Il ne consiste pas à enregistrer, énoncer, stocker ce qui nous vient du passé, mais à l’interpréter et en assurer la transitivité dans une activité qui n’est pas sans rapport avec celle du traducteur » (Laplantine, op.cit. : 51).

certains gardent ainsi « l’image de l’antique capitale, le va-et-vient des navires et de

la marchandise qu’ils transportent, les boutiques et les entrepôts remplis à ras bord », d’autres « la résistance à l’occupation, aux impôts, aux châtiments corporels et au travail forcé. Pour certains, qui ont vécu dans l’île, (…) survient le souvenir, rebattu par la conscience, qu’il est nécessaire d’interrompre sa dégradation. Pour d’autres encore, l’île constitue un univers lointain qui ne signifie rien, un patrimoine culturel qui ne les touche pas, qui reste surtout en dehors de leurs préoccupations socioculturelles » (Pereira, 1988 : 5).

Le processus de patrimonialisation implique en effet des individus ou des groupes dont les intérêts et les enjeux par rapport au patrimoine sont socialement construits, et peuvent donc être différents voire opposés (Amougou, 2004). Objet de négociations et parfois de postures de résistance, le patrimoine débouche alors dans le conflit des interprétations - voire en temps de crise dans la pratique collective de l'iconoclasme -, qui naît en particulier de la lutte entre le travail de la mémoire et celui de l'oubli, derrière les procédés officiels de construction juridique ou institutionnelle du patrimoine. « Au sein du jeu complexe des sensibilités à l’égard du passé, de ses

appropriations concurrentes, et de la construction souvent conflictuelle des identités, le « devoir de patrimoine », loin de fortifier naguère la cohésion communautaire, menacerait plutôt de favoriser les divisions sociales » (Poulot, 1998 : 8).

Ces interprétations différentes voire conflictuelles du patrimoine se prolongent dans les opérations techniques destinées à assurer concrètement sa sauvegarde, et qui accompagnent la patrimonialisation. À travers les pratiques de conservation et de restauration, la transmission patrimoniale contribue en effet de manière décisive à la réinterprétation et la re-construction - réelle et symbolique - des objets du patrimoine.

Entre conservation et recréation : théories et principes de la restauration1

Que transmettre et pourquoi, mais aussi comment ? Outre son contenu et ses

1 Pour une approche exhaustive des philosophies de la conservation et de la

usages, le patrimoine pose techniquement la question de la conservation d’un « capital ». Les différents aspects juridiques, institutionnels et techniques permettant d’assurer la protection légale, la restauration et la mise en valeur du patrimoine, ont toujours suscité dans les milieux concernés d’importants débats, obligeant notamment les professionnels à repenser leurs pratiques avec l’extension continue du champ patrimonial et l’apparition de nouveaux « objets » (comment, par exemple, conserver les biens culturels regroupés sous le terme « patrimoine immatériel » ?). Malgré une apparente « évidence », qui est celle du patrimoine lui-même, la manière de conserver l’héritage du passé participe en effet du processus de patrimonialisation, de création et de reconstruction du champ patrimonial. Les techniques et les moyens de transmission se fondent en effet sur des « philosophies » historiquement et culturellement variables en fonction des différentes conceptions du patrimoine qui les sous-tendent et qu’elles contribuent elles-mêmes à définir, de façon théorique et concrète. Au Japon par exemple, où domine une conception immatérielle du patrimoine, conservé à travers une logique d’actualisation, les sanctuaires shinto sont rituellement détruits et reconstruits à l’identique grâce aux savoir-faire fidèlement transmis par des maîtres de la « tradition » (Jokhileto, 1994 : 278). Au cœur de ces philosophies de la conservation figure la question de l’authenticité, culturellement variable elle aussi, mais dont la quête fut et demeure à la base de la représentation du patrimoine1.

En Europe, l’évolution des théories de la conservation et de la restauration dans le domaine du patrimoine bâti a ainsi donné lieu aux attitudes les plus extrêmes, du « parachèvement artistique » des édifices au fétichisme passéiste de la ruine. Le concept moderne de restauration est en effet, comme celui de patrimoine, apparu au XVIIIe siècle en Europe, donnant lieu à des débats récurrents entre les partisans de la restauration intégrale et ceux de l’intervention minimale. Pour l’architecte français Viollet-le-Duc (1814-1879), qui a exercé une influence importante dans toute l’Europe, l’édifice doit constituer un tout homogène et il ne faut pas hésiter à le modifier par interprétation : « restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le

réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé dans le passé » (cité par Poisson, 2000 : 178). Cette « furie de la

1 En 1994, une importante conférence a été organisée à Nara au Japon sur la

question de l’authenticité, et de sa compréhension dans différents contextes culturels. Voir Unesco, 1994, et Larsen, 1995.

restauration » qui domina la scène en Europe pendant la seconde moitié du XIXe siècle provoqua en réaction un mouvement « anti-restauration », dont les principaux militants furent l’anglais John Ruskin (The Seven lamps of architecture, 1848) et son disciple William Morris. Pour Ruskin, les marques du temps font fondamentalement partie de l’objet, qui ne peut d’ailleurs être considéré comme « mature » qu’après plusieurs siècles. La restauration est donc une opération sacrilège qui détruit l’authenticité des édifices, dont les vestiges doivent être maintenus en l’état. Quant aux pratiques actuelles de restauration du patrimoine bâti, qui tentent de rendre visibles et réversibles les interventions successives sur les édifices, elles furent largement influencées par la réflexion de l’Italien Cesare Brandi, fondateur en 1939 de l’Institut central de restauration de Rome. Dans sa Théorie de la restauration (Teoria del restauro, 1977), qui constitue aujourd’hui un texte de référence, Brandi envisage en effet l’intervention du restaurateur comme un acte résolument critique, devant à ce titre être inscrite dans l’histoire de l’œuvre.

Ces principes de conservation ont donc, comme la conception moderne du patrimoine à laquelle ils sont associés, connu un destin international. Dès 1931, une première conférence internationale réunit à Athènes des architectes et techniciens des monuments historiques, à l’origine d’un premier « manifeste » (Carta del

restauro) réclamant notamment la mise en place d’une coopération internationale

dans le domaine. En 1964, la Charte de Venise fixait un cadre international de référence aux activités de conservation et de restauration des monuments et des sites. Ces principes ont ensuite été largement diffusés à travers les chartes, conventions, guides et recommandations produits par l’Unesco, l’Icomos (Conseil international des monuments et des sites) ou l’Iccrom (Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels), qui organisent régulièrement des formations spécialisées dans la conservation et la restauration du patrimoine. Ces différentes initiatives sont notamment destinées à harmoniser les pratiques de conservation et de restauration des sites inscrits sur la liste du Patrimoine mondial. Dans l’île de Mozambique, la restauration des édifices publics mais aussi privés obéit donc à des règles spécifiques, dans le souci de préserver l’ « authenticité » des lieux (IIIA et B).

À cette uniformisation des représentations et des pratiques du patrimoine, à travers la diffusion internationale des politiques et des techniques de conservation, répond l’éclatement des revendications patrimoniales et des interprétations, inhérent

au processus de patrimonialisation lui-même et à l’extension du domaine patrimonial. Ces phénomènes ont suscité l’intérêt croissant des sciences sociales et de l’anthropologie en particulier pour de nouveaux objets, comme le patrimoine monumental et architectural, ainsi que pour les processus de construction symbolique et collective en jeu derrière la « fabrication » du patrimoine.