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3-2- Une œuvre à l'image de son auteur

« Peu d’œuvres sont aussi étroitement liées à leur auteur à son tempérament à son monde imaginaire, à son expérience vitale » 47

Le Clézio est un écrivain très productif, il n’a cessé d’écrire depuis l’âge de sept ans et de publier depuis 1963. Son œuvre est aujourd’hui aussi abondante que multiple et diverse : près de quarante ouvrages auquels s’ajoutent les nombreux articles publiés dans des journaux ou revues. Mais au delà de l’abondance, de la multiplicité et de la diversité, l’œuvre de Le Clézio est dite singulière vu son originalité et aussi sa

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- THIBAULT Bruno, J.M.G Le Clézio et la métaphore exotique, Amsterdam, Rodopi, 2009, p.9.

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marginalité. Tout ceci contribue à façonner une œuvre irréductible à toute classification, une œuvre qui ne se fige pas et évolue d’une manière propre et personnelle.

« Il y avait une petite fois », ainsi commence Le procès verbal et l’œuvre de Le

Clézio en 1963. Un roman dans lequel erre le héros Adam Pollo, et qui a valu à son auteur le prix Théophraste Renaudot et la consécration d’une longue et belle carrière en littérature.

La fièvre, son deuxième livre, un recueil de nouvelles qui paraît en 1965. Ce sont des

histoires qui ont pour point de départ l’expérience de la douleur. En 1966, Le Clézio publie Le déluge où treize jours de la vie de François Besson suffisent pour dénoncer la confusion, l’angoisse et la peur de la grande ville occidentale.

L’année 1967 voit paraître deux livres, le roman Terra Amata et l’essai L’extase

matérielle, le premier est une sorte de dialogue sur l’immoralité de l’âme dont le

personnage central est un petit garçon nommé Chancelade.

Le deuxième repose les problèmes fondamentaux de l’existence humaine. En 1969, paraît Le livre des fuites, un roman qui a pour thèmes : les voyages, la déambulation et la fuite perpétuelle à travers les aventures de Jeune Homme Hogan.

En 1970, paraît La guerre qui aborde comme son nom l’indique l’expérience de la guerre par l’intermédiaire du journal de Béa B.

La même année, paraît Haï, un essai d’anthropologie sur la culture amérindienne.

En 1973, paraît Les géants, où Le Clézio dénonce le monde d’aujourd’hui à travers la description d’un hypermarché.

La même année, paraît Mydriase qui signifie la dilatation des pupilles sous l’effet de certaines drogues, ce livre décrit les modifications des perceptions de la personne sous l’effet de drogues hallucinogènes.

Voyages de l’autre côté qui paraît en 1975 nous entraîne au-delà de la société moderne

et occidentale vers un monde de silence et de liberté.

Dans Mondo et autres histoires, publiées en 1978, Le Clézio témoigne une certaine nostalgie de l’enfance et de l’innocence de la société préindustrielle. Encore en 1978, Le Clézio publie l’essai L’inconnu sur la terre dont le texte propose au lecteur le cheminement de la pensée vers un langage et un ton de rêverie et de méditation.

Toujours en 1978, inspiré par la rencontre d’Henri Michaux, un poète qui l’a tant influencé, Le Clézio publie Vers les icebergs.

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Enfin, arrivent les années 1980 qui sont particulièrement productives et marquées surtout par la parution de Désert. Ce roman raconte d’une part le sort des hommes bleus du désert nord-africain au moment de la colonisation du sud marocain par les troupes françaises entre 1909 et 1912, d’autre part l’histoire de Lalla, fille de nos jours, descendante de ces hommes bleus, qui est entraînée à l’immigration vers Marseille et la France.

Les onze nouvelles de La ronde et autres faits divers, de 1982 suivent le destin de quelques adolescents et s’intéressent aux conditions des immigrés et des exclus du milieu urbain.

Nous savons que l’ancêtre breton de Le Clézio a fui la révolution française et les événements de Valmy vers les îles de l’océan Indien.

Ces îles inspirent à l’auteur deux livres : Le chercheur d’or qui paraît en 1985 et Voyage

à Rodrigues en 1986. Le premier raconte les aventures du grand-père de l’auteur et le

deuxième est un journal de bord qui éclaire la génèse du premier.

La fascination de Le Clézio pour la vie et la culture des Amerindiens se traduit par des travaux importants notamment l’essai de Trois villes saintes publié en 1980 et qui dénonce la destruction des civilisations amérindiennes du Mexique. Aussi Le Clézio traduit-il des textes mythologiques indiens : Les prophéties du Chilam Balam en 1976 et

Relation de Michoacan en 1984. Ces traductions ont été complétées par un essai : Le rêve mexicain ou la pensée interrompue qui paraît en 1988.

Printemps et autres saisons est publié en 1989, ce recueil de cinq nouvelles raconte le

destin de cinq femmes issues d’origines diverses marocaine, juive, créole.

Les années 1990 voient la parution de grands romans qui confirment le succès de Le Clézio auprès du grand public : Onitsha qui paraît en 1991, en partie autobiographique est l’histoire d’un petit garçon qui embarque pour l’Afrique avec sa mère pour rencontrer son père, médecin de brousse. Étoile errante, de 1992 qui forme un diptyque avec Onitsha est l’objet de ce présent travail.

En 1997, Le Clézio publie Poisson d’or, le roman raconte le destin vagabon et tragique d’une jeune fille d’Afrique du nord volée, battue et vendue.

Quelques mois plus tard, il publie La fête chantée, un recueil de textes éthnologiques qui continue le thème de la culture amérindiennne. Paraît également en 1997 Gens de

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nuages, une sorte de journal de voyage dans le désert du sud marocain, écrit avec sa

femme Jemia.

En 1999, paraît un livre contenant deux romans Harsard et Angoli Mala où l’aventure est confrontée au sentiment de déracinement.

En l’an 2000, paraît Cœur brûlé et autres romances, un recueil de sept nouvelles racontant la vie d’adolescents qui quittent l’incertitude de l’enfance et l’histoire d’une vieille femme qui termine sa vie en se remémorant des souvenirs évanouis.

Révolutions de 2003 traite les thèmes de l’exil et de la recherche d’une terre, L’Africain,

paru en 2004, retrace la vie de l’auteur lui-même et celle du père "l’Africain".

Ritournelle de la faim, son dernier roman, paru en 2008, est d'inspiration

autobiographique, il y dresse le portrait d'Ethel, un personnage inspiré de la figure maternelle.

J.M.G Le Clézio a reçu de nombreux prix depuis le prix Renaudot qu'il a obtenu pour son premier livre. En 1980, il a reçu le prix Paul Morand pour la totalité de son œuvre. En 1994, il a été élu le plus grand écrivain vivant de langue française. En 1997, il s’est vu attribuer le Grand Prix Jean Giono pour son roman Poisson d’or et en 1998, il a reçu le prix littéraire de la Fondation Prince-Pierre de Monaco.

Enfin en 2008, c'est la consécration de toute une carrière avec le prix Nobel.

L’auteur et son œuvre ont été l’objet de nombreuses études universitaires et d’ouvrages de critique littéraire.

Beaucoup de points concernant l’œuvre de Le Clézio sont résumés dans le passage suivant de Marina Salles :

« Le lecteur de Le Clézio se voit confronté à un vaste horizon culturel, arraché à ses habitudes européo-centristes, invité à épouser le temps de la lecture des points de vue minorés par la société : celui d’enfants, d’étrangers, de marginaux. Une intertextualité riche, variée, souvent diffuse, l’éclatement de l’intrigue et l’absence de clôture narrative, le refus des procédés mimétiques concernant la présentation des personnages, une attention à la musicalité du texte qui éstompe les limites entre œuvre

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romanesque et récit poétique, exigent du lecteur une participation et certaines capacités d’adaptation. »48

Étoile errante comporte sans doute ces caractéristiques, du moins une partie si ce n’est

pas la totalité, c’est ce que notre travail essayera d’éclairer à travers l’étude des thèmes de l’exil et de l’errance.