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2. LES MONOGRAPHIES DES INITIATIVES RECENSÉES

2.19. Île-Sans-Fil

Yanick Noiseux

Historique et nature de l’initiative

Île-Sans-Fil est une OSBL vouée à fournir un accès Internet sans fil (WIFI)120 gratuit aux usagers

et usagères mobiles de Montréal. L’organisation compte une trentaine de membres partageant un intérêt commun pour les logiciels libres (Open-editing), la technologie sans fil et un désir commun de les rendre accessibles, gratuitement.

119 Monographie rédigée en octobre 2004.

120 Le Wi-Fi (également orthographié Wi-fi, WiFi, Wifi ou encore wifi) est une technologie de réseau informatique mise en place pour fonctionner en réseau interne et depuis devenue un moyen d'accès à haut débit à Internet. La norme IEEE 802.11 (ISO/CEI 8802-11) est un standard international décrivant les caractéristiques d'un réseau local sans fil (WLAN). Le nom Wi-Fi (contraction de Wireless Fidelity, Fidélité sans fil) correspond initialement au nom donné à la certification délivrée par la WECA (Wireless Ethernet Compatibility Alliance), l'organisme chargé de maintenir l'interopérabilité entre les matériels répondant à la norme 802.11. Par abus de langage (et pour des raisons de marketing) le nom de la norme se confond aujourd'hui avec le nom de la certification. Ainsi un réseau Wi-Fi est en réalité un réseau répondant à la norme 802.11. Grâce au Wi-Fi il est possible de créer des réseaux locaux sans fil à haut débit pour peu que la station à connecter ne soit pas trop distante par rapport au point d'accès. Dans la pratique le Wi-Fi permet de relier des ordinateurs portables, des machines de bureau, des assistants personnels (PDA) ou même des périphériques à une liaison haut débit (11 Mbit/s) sur un rayon de plusieurs dizaines de mètres en intérieur (généralement entre une vingtaine et une cinquantaine de mètres). Dans un environnement ouvert la portée peut atteindre plusieurs centaines de mètres. Ainsi des opérateurs commencent à irriguer des zones à fortes concentration d'utilisateurs (gares, aéroports, hôtels, trains, etc.) avec des réseaux sans fil. Ces zones d'accès sont appelées « hot spots ». Note de bas de page tirée de l’encyclopédie Wikipedia, l’encyclopédie libre, http://fr.wikipedia.org/wiki/Wi-Fi

L’extrait suivant, tiré du site Web, présente la mission de l’organisme :

Nous travaillons avec des cafés, magasins, organisations communautaires et individus pour rendre un accès Internet disponible gratuitement dans des endroits publics. Les usagers peuvent se connecter à Internet dans certains endroits appelés points d'accès, à la condition d'avoir un ordinateur portatif ou de poche équipé d'une carte Wi-Fi.

Île-Sans-Fil est à but non-lucratif. Nous offrons gratuitement nos services d'installations et d'administration de points d'accès. Nous comptons sur les commerces, organisations et individus pour partager leurs connexions Internet, retransmises sans-fil, avec leurs clients et membres de leur communauté.

Extrait du site Internet de Île-Sans-Fil

Île-Sans-Fil a été mis sur pied en juin 2003. L’initiative en est donc à ses premiers balbutiements. L’organisme est formé de volontaires et dépend de la générosité de graphistes, webmestres, mais surtout, d’administrateurs de réseaux Linux afin d’assurer son bon fonctionnement. En date d’octobre 2004, neuf points d’accès (48 en juin 2005), dont quatre parcs publics, sont en services à Montréal. Plus de 500 usagers utilisent les services d’Île-Sans-Fil pour accéder à Internet.

Liste des points d’accès

ƒ Café Utopik 552, rue Sainte-Catherine Est

ƒ Café Vienne 1446, Sainte-Catherine Ouest

ƒ Parc Jean-Marie-Lamonde, coin Villeray et Châteaubriand (Métro Jean-Talon)

ƒ Café Tribune 1567, rue Saint-Denis

ƒ Café Silencio, 3645, rue Notre-Dame Ouest

ƒ Café Supreme, 3685, Saint-Laurent

ƒ Laika, 4040 Saint-Laurent

ƒ Parc Jean-Brillant

ƒ Parc Berry

ƒ Parc Outremont

Profil des « producteurs » : Le cas d’Île-Sans-Fil est particulier puisque le véritable

« producteur », l’entreprise privée qui « produit » le service d’accès à Internet WIFI, n’est pas partie prenante de l’initiative. En fait, la nature particulière du service produit fait en sorte qu’il est possible de le « reproduire » sans l’affecter. Ainsi, dans le cas d’Île-Sans-Fil, ceux que nous considérons comme « producteurs » sont plutôt les personnes ou entreprises qui décident d’offrir

un service, qu’ils doivent payer de toute façon puisqu’ils y sont abonnés, à d’autres personnes. Comme dans le cas des logiciels libres, la philosophie ici est celle du partage.

Le projet social d’Île-Sans-Fil tourne autour de la démocratisation de l’accès à la technologie. Ici, il est important de distinguer la nature altruiste du geste posé par les personnes qui permettent qu’on puisse utiliser leur accès WIFI à partir d’un parc public comparativement au comportement « intéressé » des commerçants qui offrent le service afin d’attirer la clientèle. Cela dit, il n’en reste pas moins que dans les deux cas, les initiatives nous apparaissent particulièrement intéressantes, car elles reposent sur un principe d’échange, la gratuité, rendu possible par la nature particulière

du service, c’est-à-dire sa reproductibilité121

.

Profil des consommateurs : Comme l’organisation en est à ses premiers pas, il n’existe pas de

données permettant de tracer un profil type des usagers du service. Pour l’instant, de notre point de

vue, il s’agit d’une communauté d’initiés122

.

Cela dit, le service est offert à l’ensemble de la population. Il s’agit simplement de s’inscrire – sans frais – pour pouvoir en bénéficier. Enfin, il nous paraît important de souligner que bien que le service soit théoriquement offert à tous, il existe bel et bien une importante « barrière à l’entrée », c’est-à-dire l’obligation de posséder un ordinateur portable, muni d’une carte « WIFI ».

Discours sur la solidarité virtuelle/ démocratisation de l’accès à Internet

Au niveau du discours, l’initiative Île-Sans-Fil nous semble fortement imprégnée de la philosophie issue du développement des « Logiciels libres (Open source) » (voir section 2.3. Logiciels libres) et, par la suite du mouvement WIKI, basé sur le partage et le travail en collaboration.

Par ailleurs, en offrant la gratuité, Île-Sans-Fil s’inscrit contre la marchandisation de l’accès à Internet et cherche à en démocratiser l’accès.

Discours sur les échanges économiques

Comme nous l’avons souligné, l’initiative ISF est basée sur un principe d’échange, la gratuité, rendue possible par la nature particulière du service, c’est-à-dire sa reproductibilité. Hardt et Negri, dans leur plus récent ouvrage, Multitude (2004), reviennent notamment sur cet aspect de la production « immatérielle » qui menace non pas la propriété elle-même, mais son caractère privé :

121 Nous reviendrons sur cette particularité dans la section Réflexions supplémentaires.

122 Un an plus tard, le projet est aujourd’hui mieux connu et le nombre de points d’accès s’est considérablement accru. Ainsi, ce constat nous apparaît de moins en moins valable.

A more significant security problem than the destruction or corruption of immaterial property through connectivity is reproducibility, which does not threaten property itself but simply destroys its private character. Many forms of illicit reproduction of immaterial products are quite obvious and simple – reproducing written texts, computer software, or audio or video property. They are so obvious because the social and economic utility of these immaterial forms of property depend precisely on their being easily reproducible at low cost, through techniques from the printing press and photocopy machine to digital recording. The reproducibility that makes them valuable is exactly what threatens their private character. Reproduction is, of course, very different from traditional forms of theft, because the original property is not taken away from its owner, there is simply more property from someone else. Private property is traditionally based on a logic of scarcity – material property cannot be in two places at once; if you have it I cannot have it- but the infinite reproducibility central to these immaterial forms of property directly undermines any such conceptions of scarcity.

Hardt et Negri, Multitudes : 180

Dans ces conditions, le projet Île-Sans-Fil nous paraît porteur de transformations possiblement révolutionnaires et radicales en ce sens qu’il cherche à contribuer à l’expansion du bien commun, dans un contexte où la logique de rareté n’est plus tenable.

Réflexions supplémentaires

En terminant, il faut souligner que le projet Île-Sans-Fil n’est pas une expérience unique. De nombreux projets de ce genre existent ailleurs dans le monde. L’expérience de Seattle Wireless, est souvent citée comme pionnière.

ƒ http://www.seattlewireless.net

ƒ http://www.nycwireless.net

ƒ http://www.freenetworks.org

ƒ Losnet (Amsterdam, Netherlands)

ƒ funkfeuer (Vienna, Austria)

ƒ BC Wireless (BC, Canada)

ƒ freifunk.net (Germany, Germany)

ƒ wifi-frankfurt.de (Frankfurt, Germany)

ƒ ZNET (Znet)

ƒ SeattleWireless (Seattle, United States)

ƒ Personal Telco Project (PortlandOR, United States)

ƒ Alameda Wireless (Alameda, United States)

ƒ ThirdBreak (Santacruz Ca, United States)

Sources documentaires

ƒ Site Web d’Île-Sans-Fil : http://www.ilesansfil.org

ƒ Encyclopédie WIKIPEDIA : http://fr.wikipedia.org/wiki/Main_Page

ƒ Hardt, M et Antonio Negri. 2004. Multitude, War and Democracy in the Age of Empire, Penguin Press, New York.