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Chapitre 3 : Histoires vécues : représentations de personnes ayant fait l’objet d’une décision d’irresponsabilité pour cause

II. Être hospitalisé : protection ou enfermement inique ?

Une grande part des débats autour du principe d’irresponsabilité concerne les avantages et les inconvénients de l’hospitalisation en psychiatrie qui suit la décision d’irresponsabilité. Si l’hospitalisation est perçue par certains psychiatres comme une protection bienfaisante, d’autres psychiatres y voient au contraire un enfermement illégitime (voir chapitre 2). L’hospitalisation aurait pour effet d’infantiliser les individus en les plaçant sous la tutelle du soin psychiatrique. Elle priverait par ailleurs ces personnes d’une confrontation avec les normes sociales et les empêcherait d’éprouver un sentiment de culpabilité jugé édifiant. Elle amènerait enfin certains à exagérer de façon stratégique voire manipulatrice leurs troubles pour échapper à la peine de prison et profiter du « confort » de l’hôpital.

Dans les entretiens réalisés, une différence se dessine entre les individus qui souscrivent au discours psychiatrique et s’en remettent dès lors à une relation de soin aidante et, d’autre part, ceux qui contestent la véracité de ce discours et ne

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parviennent pas à donner un sens thérapeutique à leur séjour hospitalier. Mais si le séjour en psychiatrie peut être plutôt bien ou plutôt mal vécu, les personnes rencontrées portent toutes un regard ambivalent sur leur hospitalisation : elle reste pour tous une expérience éprouvante.

1. Accepter ou supporter l’hospitalisation

En toute logique, les personnes qui adhèrent à l’idée de souffrir – ou d’avoir souffert – de graves troubles psychiatriques acceptent l’idée d’un séjour à l’hôpital et s’en remettent aux soins proposés par les équipes psychiatriques :

« Vous avez donc été contraint à des soins psychiatriques pour une durée indéterminée et non pas à un peine de prison. Qu’en pensez-vous ?

- Je pense que c’est logique à partir du moment que c’est une maladie. Une maladie il faut la soigner. La prison n’est pas thérapeutique. Et c’est vrai, est-ce qu’un jour je ne serais plus sous SDRE (soins à la demande d’un représentant de l’Etat i.e. sans consentement), c’est possible, pas pour le moment me dit le docteur P. Je le souhaite un jour, passer à autre chose. Enfin faudra que je prenne mon traitement à vie mais je ne sais pas. » Monsieur Danel, 32 ans, hospitalisé depuis 2 ans

Dans cet extrait, Monsieur Danel témoigne de la confiance qu’il accorde à son psychiatre, le docteur P., auquel il laisse le soin d’arbitrer sur son sort (la levée de l’hospitalisation sous contrainte) au moment qu’il jugera opportun. Pour Madame Roux, il en va d’une protection contre l’hostilité de la société. Coupable d’un infanticide, elle se sent pour l’instant incapable de vivre à l’extérieur, d’affronter « le regard des autres » et de perdre « les bonnes relations » qu’elle entretient avec les médecins et les infirmiers. Submergée par la culpabilité, au point de ne jamais pouvoir évoquer les faits qui l’ont amenée à être hospitalisée, elle juge sa vie « complétement gâchée ». Néanmoins, elle trouve entre les murs de l’Unité pour Malades Difficiles un « cadre bienveillant », où se dessine pour elle une fragile possibilité de « se reconstruire ». Madame Roux semble au fond remettre sa vie entre les mains de l’équipe psychiatrique. Sans cette hospitalisation, elle aurait sans doute envisagé, comme Monsieur Verdoux, de mettre fin à ses jours :

« En prison, vous pensez que vous auriez pu être soigné ?

- Je sais pas... Je sais pas comment ça se passe là-bas ? J’aurais sûrement réussi à remettre les pieds sur terre, ouais. A part si je m’étais suicidé parce que... au début j’ai tout tenté pour me suicider quand même... je me mettais debout et je me faisais tomber, je me frappais la tête contre la barre... Ca m’a pas tué... J’avais ma plaie, y’avait des points de suture, j’ai tout arraché avec les dents, et je saignais comme ça, à côté du lit pour mourir... j’étais dans un état... j’avais vraiment envie de mourir, quoi, j’étais déterminé... Je voulais un rasoir pour me couper les veines... En prison, y’a la possibilité d’avoir un rasoir... »

Monsieur Verdoux, 20 ans, hospitalisé depuis moins d’un an

Loin d’évacuer la culpabilité, l’hospitalisation semble la rendre plus supportable pour ces personnes qui souffrent terriblement des crimes qu’elles

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ont commis. D’ailleurs, certaines voient dans l’enfermement auquel elles sont soumises la possibilité de purger cette culpabilité. Ainsi, Monsieur Comte, hospitalisé après le meurtre de sa compagne, se souvient de son mutisme lors des premières années d’hospitalisation. Être aidé lui semblait alors insupportable, il aurait voulu « qu’on (le) laisse mourir dans un coin » :

« J’étais fou de douleur. (…) J’ai décidé de payer cela par les années d’enfermement, les médicaments, les brimades de certains soignants. »

Monsieur Comte, 67 ans, hospitalisé depuis 30 ans

S’il garde un vif sentiment de culpabilité, il a désormais accepté de se confier aux soignants et semble s’être consciencieusement plongé dans un travail thérapeutique. C’est d’ailleurs ce travail sur soi qui justifie alors l’hospitalisation :

« Euh... bon, j’ai fait de la détention, donc je sais ce que c’est. Moi, personnellement, pour ma réinsertion, je trouve que j’ai plus avancé... ça fait deux ans et demi que je suis en hôpital, je trouve que j’ai plus avancé en deux ans et demi à l’hôpital que trois ans en détention. Je pense que je vais plus avancer à l’hôpital. Je pense que la détention, même s’il y a quand même des soins et tout ça, je pense que ça ne m’aurait pas aidé sur le long terme. Puisque du jour au lendemain je me serais retrouvé dehors enfin voilà, ça n’aurait pas été la meilleure solution pour moi. »

Monsieur Ferdinand, 21 ans, hospitalisé depuis 2 ans

Comme Monsieur Ferdinand, ces patients « préfèrent » l’hospitalisation à l’incarcération, parce qu’ils peuvent y engager un travail sur eux-mêmes. Cela ne signifie pas qu’elle est nécessairement facile à vivre :

« Bah non, je préfère être jugé irresponsable... Enfin dans tous les cas, c’est la galère. Dans tous les cas, je vais rester longtemps à l’hôpital et... déjà ici, et puis après je vais rester des années dans les unités d’entrée. Et voilà, mais bon... »

Monsieur Verdoux, 20 ans, hospitalisé depuis moins d’un an

Outre la douleur des souvenirs et l’ennui que produit l’hospitalisation (Monsieur Verdoux regrette l’importance des temps de repos, la sieste imposée entre 12h et 14h, l’heure avancée du coucher à 20h), la difficulté tient aux incertitudes concernant la durée de l’hospitalisation. Ainsi, Monsieur Danel se souvient de ses craintes lorsqu’il se trouvait en détention provisoire :

« Et puis, pendant un moment, je me disais la prison j’y suis, je sais comment ça marche. Je n’y suis pas si mal. Pendant un moment j’ai eu peur d’aller à l’hôpital. Je ne connaissais pas, j’avais peur du comportement que pouvaient avoir les autres, j’avais peur qu’on me donne des médicaments en trop. Des choses dont je n’avais pas forcément besoin…oui, je ne sais pas comment dire. A un moment, y a une période où je n’ai pas souhaité être irresponsabilisé. C’est à dire après tout… je craignais l’hôpital, voilà. Mais bon après quand je suis arrivé à l’hôpital, assez rapidement… je suis sorti du secteur fermé après deux mois et demi, encore trois-quatre semaines après, j’ai eu ma première permission. (…) - Vous n’auriez pas préféré être responsabilisé et purger une peine ? - Enfin, quand on sort, on peut toujours avoir un suivi socio-judiciaire ou quelque chose comme ça. Mais c’est ce que je me disais à un moment, oui je fais mon temps de prison et après je rentre chez moi et je suis tranquille. Mais bon, c’est p’têtre plus adapté ce qui a été décidé. »

122 Monsieur Danel, 32 ans, hospitalisé depuis 2 ans

La méfiance de Monsieur Danel s’est rapidement effacée à son arrivée à l’hôpital, tout particulièrement à partir du moment où il a vu se dessiner un chemin vers la liberté. Comme Monsieur Danel, les enquêtés qui adhèrent aux soins nourrissent l’espoir d’une sortie à moyenne échéance. Ceux qui ont stabilisé leur traitement psychotrope et ont le sentiment de ne plus présenter aucun symptôme de la « schizophrénie » diagnostiquée, réfléchissent à la place que va désormais occuper la psychiatrie dans leur vie. Monsieur Verdoux explique qu’il accepte l’idée qu’il va « devoir prendre des médocs toute sa vie », et comprend « qu’on puisse (le) juger dangereux ». Il se prépare ainsi à vivre toute sa vie à proximité de la psychiatrie, dans un modèle de « coopération intégrée » (Velpry, 2008). À l’inverse, certains espèrent ne pas continuer à dépendre de la psychiatrie une fois sortis et être plutôt dans une forme de « coopération distanciée » (idem), à l’instar de Monsieur Oliveira, qui pense pouvoir désormais se passer d’un traitement qui « l’assomme » : « Là maintenant, je suis au clair avec ça (la pathologie)... C’est pour ça, j’ai déjà dit à des psychiatres, j’ai déjà dit, maintenant on va arrêter les traitements, je sais que je vais pas refaire de connerie... (…) C’est là que je suis pas d’accord avec eux, c’est qu’ils disent que s’ils arrêtent les traitements, ça va tout de suite reflamber, je vais pas me contrôler… - Vous allez recroire ?

- C’est là que je suis pas d’accord avec les médecins... (…) Ils se basent sur des trucs d’avant... des autres personnes... mais on peut pas négliger que un patient il peut avoir une pathologie... mais qu’il ait pas les mêmes réactions que tous les autres avant quoi... - Et puis il peut se rendre compte... - Enfin, on n’est pas des robots, on n’est pas... on fonctionne pas sur le même mode de pensée et tout ça quoi... » Monsieur Oliveira, 22 ans, hospitalisé depuis 2 ans

Critiquant le lourd traitement antipsychotique qu’il doit subir, Monsieur Oliveira entend négocier les termes de son suivi psychiatrique, comme d’ailleurs les termes de son suivi judiciaire : il conteste l’interdiction de permis de conduire de 20 ans qui a été prononcée à son encontre. Néanmoins, il pose aux enquêteurs des questions sur l’aggravation des symptômes en cas de rupture de traitement, qui laisse supposer qu’il tente de peser les risques et avantages de ce dernier. Cet extrait montre que même pour les patients les plus consentants, l’hospitalisation et les soins psychiatriques bouleversent la trajectoire de vie et suscitent des questionnements nombreux sur l’avenir. Monsieur Oliveira semble vouloir se convaincre qu’il va pouvoir retrouver sa vie d’avant, mais ses doutes témoignent du fait qu’il est peut-être en train d’accepter la bifurcation importante de la « trajectoire » (Strauss, 1992) qu’induit l’identification à une pathologie chronique comme la schizophrénie. Ces questionnements ne cessent pas avec la levée de l’hospitalisation : ainsi Monsieur Lapierre, sorti de l’hôpital depuis deux ans après un long séjour, témoigne de difficultés importantes de réinsertion : c’est grâce aux structures de prise en charge ambulatoire (appartement thérapeutique, centre médico-psychologique) qu’il a pu retrouver ses marques

123 dans la société. La psychiatrie continue dès lors d’être un soutien indispensable pour lui, en particulier dans sa dimension psychothérapeutique74. Si l’hospitalisation est donc acceptée par ces enquêtés, c’est parce qu’elle est vécue comme une étape nécessaire de leur « trajectoire » de patient. Elle leur fournit asile, protection, soutien, accompagnement. Ils y expérimentent leur nouveau statut de patient, y trouvent des explications aux troubles qui les affectent, négocient l’ajustement de leur traitement, engagent une transformation importante de leur rapport à soi, découvrent la chronicité et préparent leur retour dans la société. C’est donc une étape dans laquelle ils sont pleinement engagés, participant activement à « l’arc de travail » qui se constitue autour d’eux « c’est-à-dire l’ensemble du travail (réalisé) pour maîtriser le cours de la maladie et remettre le patient dans une forme suffisamment bonne pour que celui-ci puisse rentrer chez lui. » (Strauss, 1992, p. 176)

Pour les personnes qui refusent le diagnostic proposé par la psychiatrie, cet « arc de travail » n’a pas lieu d’être et constitue un carcan insupportable : l’hospitalisation est purement et simplement une privation de liberté.

2. Refuser ou se résigner à l’hospitalisation

Les enquêtés qui s’attachent à un récit de soi incompatible avec le discours psychiatrique s’indignent pour décrire leur hospitalisation : Madame Arborel se sent condamnée à « perpétuité », Monsieur Zainoun vit « un calvaire » et compare l’hospitalisation à une « torture ». Si l’hospitalisation est invivable, c’est d’abord qu’elle s’enracine dans un mensonge : celui de la maladie, que ces personnes n’admettent pas, comme nous l’avons vu plus haut.

Plusieurs personnes estiment en outre que l’hospitalisation les a privés d’un véritable procès, qui aurait pu valider leur version des faits. Lors de l’entretien avec Monsieur Brunet, plus de dix ans après son second meurtre, il explique qu’il aurait souhaité être responsabilisé pour pouvoir bénéficier d’une instruction judiciaire plus approfondie, au cours de laquelle le complot tramé contre lui aurait pu être révélé au grand jour. Désormais il craint que la preuve de son empoisonnement demeure à jamais introuvable (« ils m’ont pas fait d’analyse toxicologique, alors qu’ils auraient vu dans les cheveux »). Il tente d’ailleurs d’écrire un livre pour raconter son histoire, que son hospitalisation a selon lui permis « d’étouffer ». Madame Arborel pense elle aussi qu’avec un procès, « l’affaire aurait été close », parce que le harcèlement dont elle était victime aurait été dévoilé. Leurs revendications, que la psychiatrie décrirait comme le

74 Monsieur Lapierre jette lui aussi un regard perplexe sur le traitement. S’il a le sentiment d’en avoir

besoin, il se demande s’il ne s’agit pas d’une solution par défaut : « Je me demande si c'est pas parce qu'ils ont pas de solution concrète pour faire sortir le délire, donc du coup, ils sont là, les soignants, ils donnent les médicaments en disant ‘ça va passer, ça va passer’. »

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symptôme d’une certaine « quérulence »75, visent à rétablir leur vérité, dérobée

par la justice et la psychiatrie.

L’hospitalisation est en outre suspectée de participer à la production des symptômes qu’elle prétend soigner. Monsieur Brunet dresse un réquisitoire contre le traitement qu’il est contraint d’absorber :

« C’est vraiment une honte tout ce que j’ai vu, tout ce que j’ai vécu ! Ils respectent pas les gens. Déjà forcer les gens à prendre des toxiques... des médicaments, sans leur consentement, c’est contre les droits de l’homme ça... (…) C’est des poisons ces neuroleptiques, ils nous forcent à prendre des poisons ! C’est incroyable ! (…) On est en France… (…) Mais je vous dis, un hôpital si on pouvait discuter... (…) C’est une souffrance, c’est terrible ces trucs-là, ça vous bousille le corps, c’est terrible ces trucs-là... Moi si j’étais pas forcé, j’en prendrais pas. Mais à l’avenir, même si je sors, quand je vais sortir, je serai obligé de faire la piqûre... C’est lourd comme mesure... c’est lourd !(…)

- Ce serait quoi des vrais soins ?

- Bah de l’amour, de la compassion, de l’attention, mais faut pas droguer les gens encore. Pas en rajouter une couche ! On donne les médicaments pour les gens qui sont violents pour les calmer, quand c’est vraiment trop important. Mais donner systématiquement des neuroleptiques, c’est mauvais c’est pas bon, c’est pas des soins, ça détruit le corps, ça soigne pas, on peut pas dire que ça soigne, c’est pas vrai. Les vrais soins c’est discuter. C’est avoir une vie saine. Avoir un bon entourage, du soutien, des gens attentifs, voilà, de l’amour… L’amour c’est important... en psychiatrie, vous avez pas beaucoup d’amour… » Monsieur Brunet, 45 ans, hospitalisé depuis 9 ans Malgré ce discours très critique, Monsieur Brunet reconnaît que son médecin actuel est bienveillant à son égard. L’idée que les antipsychotiques produisent des troubles, plus qu’ils ne contribuent à les apaiser, est répandue parmi ces enquêtés : « Et c’est quoi qui vous a fait sombrer dans quelque chose de très fou comme vous dites ? - Bah j’en sais rien... on vous donne un traitement, un traitement fort... on vous donne un Tercian 100 dans le cerveau... alors pendant 15 jours vous dormez ! On m’en donnait 5 par jour ! Donc y’a pas que ça... j’ai eu des délires... - Vous pensez que ça a accentué ? - Limite ça provoque de la folie de prendre des médicaments, de rester dans des milieux comme ça... » Monsieur Zainoun, 45 ans, hospitalisé depuis 7 ans

Au-delà des traitements, c’est la violence de l’hospitalisation qui est dénoncée :

« Donc moi si je fais une peine, après on me remet encore en psychiatrie alors que ça fait 23 ans que je suis en psychiatrie pour rien... En 1992 j’avais tué personne moi en 92. On m’a hospitalisé, on m’a torturé... Voilà hein ! (…) C’est du racisme ou je sais pas... Parce que moi je suis quelqu’un de bonne famille... Comme je t’ai dit, j’ai connu la psychiatrie en 92, et y’avait aucune raison que je connaisse la psychiatrie. J’ai vu le docteur le weekend, le weekend il avait le droit de me libérer, il me laissait tranquille, je me suis fait

75 La quérulence est une tendance pathologique à se plaindre d’injustices et à multiplier les actions pour

redresser un dommage dont on est (ou dont on se croit) victime. Elle est mentionnée dans la classification internationale des maladies dans les « autres troubles délirants persistants ».

125 taper (…). La première fois que j’ai été hospitalisé, pendant deux mois, j’ai pratiquement rien mangé, j’avais plus que les os sur la peau... Donc moi je suis ici... je suis pas bien... je suis pas bien vu... beaucoup d’agressions verbales, je réponds pas, je fais rien du tout… » Monsieur Zainoun, 45 ans, hospitalisé depuis 7 ans

L’hospitalisation est vécue comme un événement traumatisant – sans qu’il soit parfois possible de faire la part entre la violence ressentie et la maltraitance effectivement subie76. Les UMD sont particulièrement dénoncées :

« En UMD, j’y ai été 14 mois. Et là ils ont failli me tuer ces cons. C’est pour ça que la psychiatrie, je peux plus en entendre parler... C’était en 2002. Je me suis énervé, je les ai engueulés, l’équipe, le médecin, ils m’ont sauté dessus, ils m’ont attaché… »

Monsieur Brunet, 45 ans, hospitalisé depuis 9 ans

« Alors j’avais fait deux fois l’UMD à Sarreguemines. Et je me demande si ça a pas été pathogène et criminogène à cause... parce que la violence avec mes parents allait crescendo. Donc je me demande si ça a pas été ces séjours en UMD qui ont été iatrogènes ! »

Monsieur Corbot, 35 ans, hospitalisé depuis 3 ans

Face à cet enfermement insupportable, la prison pourrait paradoxalement apparaître comme un espace où la liberté des personnes serait moins contrôlée : le système de « cantine » permettrait une gestion plus large des effets personnels, les régimes de circulation permettraient une liberté de mouvement plus importante, les durées d’incarcération étant déterminées, l’institution n’incarnerait pas un pouvoir absolu sur les personnes : - Vous pensiez que vous auriez été mieux en prison ? - Je préfère la prison moi. - Pourquoi ? - Je ne supporte pas l’UMD. C’est pire que la prison. - Qu’est ce qui est pire ? - Tout qui est pas bien.... On va en promenade, on fume, on fait ce qu’on veut ; là en UMD, c’est pas pareil. (…) Toute la journée vous êtes surveillé, on peut rien faire entre. Vous êtes là entre quatre murs, on vous enferme dans la chambre toute la journée, on vous pique, on vous attache… »

Monsieur Zetkin, 40 ans, hospitalisé depuis 2 ans

Néanmoins, beaucoup ont un discours moins tranché sur la prison. Une certaine ambivalence apparaît ainsi dans le discours de Monsieur Zainoun, qui explique subir des violences insupportables à l’hôpital, mais redoute encore plus la prison :

« Alors du coup pourquoi vous préférez être à l’hôpital ?