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1| DES ÉVOLUTIONS CONSTRATÉES DES DESTINÉES SCOLAIRES DES FILLES ET DES GARÇONS 1.1| En termes de niveaux de diplômes, les écarts se creusent

a-t-elle évolué en 20 ans ? Thomas Couppié Dominique Épiphane

1| DES ÉVOLUTIONS CONSTRATÉES DES DESTINÉES SCOLAIRES DES FILLES ET DES GARÇONS 1.1| En termes de niveaux de diplômes, les écarts se creusent

Entre les débuts des années 1990 et 2010, on a assisté à une forte baisse du nombre de jeunes femmes sortant de l’école sans aucun diplôme : alors qu’elles étaient 25 % sur la période 1990-1992, elles ne sont plus que 12 % sur la période 2009-2011 (DEPP, 2016b). Une baisse intervient également chez les jeunes hommes, mais elle reste de moindre ampleur (de 28 % à 20 %). Au niveau secondaire, on observe également de fortes évolutions sur la période : si au milieu des années 1990, 40 % des jeunes âgé.e.s de 25 à 34 ans possédaient un baccalauréat (général, technologique ou professionnel),

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c’était le cas de 68 % en 2015 (DEPP, 2016b). Depuis plus de quarante ans, les filles sont majoritaires parmi les bacheliers et, malgré une baisse de leur suprématie avec l’essor, à la fin des années 1990, des baccalauréats professionnels plus masculins en moyenne et le recul de séries historiquement féminisées (générales littéraire ou technologique tertiaire), elles représentent encore aujourd’hui 52 % de l’ensemble des bacheliers et plus de 56 % des bacheliers généraux (DEPP, 2016b).

Par ailleurs, on a assisté à une accentuation de leur présence dans l’enseignement supérieur.

Depuis les années 1990, la carte des formations s’y est fortement développée. La création des licences professionnelles, d’une part, et la réforme LMD visant à l’harmonisation des cursus universitaires européens, d’autre part, ont entraîné une forte croissance de l’offre de diplômes dans le système universitaire. Cela s’est accompagné d’une translation vers le haut des niveaux de sortie de l’enseignement supérieur et la part de sortant.e.s aux niveaux LMD. a augmenté pour les femmes comme pour les hommes. Mais l’écart femmes-hommes n’a cessé de se creuser depuis deux décennies. Sur la période 2009-11, parmi les jeunes sortant de formation initiale, l’ensemble des diplômé.e.s de l’enseignement supérieur représentait 37 % des jeunes hommes et 47 % des jeunes femmes, contre respectivement 32 % et 33 % sur la période 1990-92 (DEPP, 2016b). De surcroît, la part de jeunes femmes a particulièrement augmenté aux niveaux les plus élevés : si 8 % des jeunes femmes et 11 % des jeunes hommes de la génération 1992 étaient diplômé.e.s de niveaux master et doctorat, ces proportions sont passées à respectivement 18 % et 14 % pour celle de 2010. La part des jeunes femmes aux plus hauts niveaux de formation s’est donc particulièrement accrue pour représenter, en 2010, 37 % des diplômé.e.s des grandes écoles (contre 31 % entre 1992) et 59 % des diplômé.e.s de master et doctorat (contre 45 %) (di Paola et al., 2017).

1.2 | Un affaiblissement mesuré de la ségrégation éducative

Cette explosion scolaire et estudiantine ne s’est pas accompagnée d’un bouleversement majeur des orientations des filles et des garçons (Baudelot et Establet, 1992 ; Duru-Bellat, 1990 ; Terrail 1992). Le graphique 1 montre combien persistent, à tous les niveaux de formation, des bastions masculins (formations professionnelles industrielles de l’enseignement secondaire et du supérieur court, filières scientifiques de l’université, école d’ingénieurs) ou féminins (CAP-BEP tertiaires, écoles paramédicales et sociales et sociales, filières littéraires du secondaire et de l’université).

Cependant, on observe globalement une baisse significative de la ségrégation éducative. Ainsi, l’indice de dissimilarité de Karmel et McLachlan1, mesuré parmi les sortant.e.s de formation initiale, baisse de 25 % à 22 %2 entre 1998 et 20103. Cette baisse peut être attribuée à deux phénomènes concomittants. D’une part, les filières qui ont vu leurs effectifs le plus augmenter sont en moyenne les filières les moins ségréguées (comme les formations universitaires de sciences économiques et AES, de santé, des écoles de commerce) ; a contrario, les filières qui ont perdu des effectifs (comme les CAP-BEP industriels, les baccauléats littéraires, les formations universitaires scientifiques…) sont plus ségréguées que la moyenne.

1 - L’indice de dissimilarité de Karmel et McLachlan donne la proportion d’individus qu’il faudrait déplacer pour obtenir la même proportion de jeunes filles et garçons dans chaque formation (tout en gardant invariant le poinds de chaque formation dans l’ensemble). Ainsi cet indice varie de 0 à 2A ; A étant égal au produit de la proportion des femmes et des hommes, 2A valant donc au maximum 50 %.

2 - Jacquemart et Trancart (2017) trouvent une évolution similaire en comparant pour leur part l’indice de Duncan et Duncan sur les mêmes générations mais avec une couverture du champ des formations plus importante.

3 - Le changement des nomenclatures de formations en usage dans le système éducatif et repris dans la codification des enquêtes Générations rend délicate sur ce point la comparaison de la génération 1992 avec les générations suivantes. Un mesure plus agrégée des formations à partir des données sur les inscrit.e.s en formation initiale donne un résultat convergent entre les années scolaires 1990-91 et 2009-10.

143 20 ans d’insertion professionnelle des jeunes : entre permanences et évolutions

Graphique 1 | Part de jeunes filles dans différentes filières de formations en 1990-91 et 2009-2010

Sources : MENESR-DGESIP-DGRI-SIES et MENESR-DEPP.

D’autre part, à cet effet de composition global, s’ajoute un effet de composition interne à chaque filière qui dessine un mouvement vers davantage de mixité pour une majorité de filières (y compris celles fortement ségréguées). À titre d’illustration, le cas des jeunes filles en terminales professionnelles et technologiques est exemplaire. Dans les spécialités industrielles, leur proportion passe de 27 % à 33 % tandis que, dans les spécialités tertiaires, elle baisse de 67 % à 60 %.

Puisque l’on assiste à la fois à une progression plus importante des jeunes filles en termes de niveau de diplôme et à une baisse de la ségrégation éducative, entrevoit-on dans le même temps une réduction, voire une inversion, des inégalités professionnelles historiquement observées sur le marché du travail ?

n 1990/91 n 2009/10 Écoles normales instituteurs puis IUFM

Écoles paramédicales et sociales Écoles d'architecture, artistiques et culturelles Écoles de commerce et comptabilité Écoles d'ingénieurs STAPS Santé Sciences MASS Lettres , SH Sciences éco, AES Droit IUT tertiaire IUT industriel STS tertiaire STS industriel Baccalauréat techno et pro tertiaire Baccalauréat techno et pro industriel Baccalauréat général scientifique Baccalauréat général économique et social Baccalauréat général littéraire Cap Bep tertiaire Cap Bep industriel

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

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