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CHAPITRE 1 EVALUATION DE L’ÉQUILIBRE POSTURAL

1.2 Moyens et techniques d’évaluation du contrôle postural

1.2.1 Évaluations cliniques

L’objectif fondamental des tests d’évaluation clinique de la posture est de différencier des sujets asymptomatiques de sujets atteints de pathologies. Il s’agit donc d’outils d’aide au diagnostic et d’indicateurs de la récupération des fonctions motrices après traitement (Tinetti et al., 1986; Berg, 1989; Peterka and Black, 1990; Duncan et al., 1990; Westcott et al., 1994 ;Powell and Myers, 1995; Olmsted et al., 2002; Blum and Korner-Bitensky, 2008; Bryan L. Riemann, 2010; Mancini and Horak, 2010; Panjan and Sarabon, 2010). En tant que tels, ils ne semblent donc pas adaptés à la mesure de la performance posturale telle qu’envisagée dans BodyScoring mais peuvent néanmoins être utile afin de choisir les exercices à évaluer et de respecter les qualités métrologiques d’une évaluation de la stabilité posturale. De plus, ils aboutissent le plus souvent au calcul d’un score qui qualifie globalement la motricité du sujet. A ce titre aussi, ils sont intéressants dans le cadre de ce présent travail. Parmi les évaluations cliniques on distingue les échelles d’évaluations et les tests ou épreuves cliniques (Tableau 2).

1.2.1.1 Échelles d’évaluation

Ce moyen de qualifier, de manière subjective, la motricité humaine consiste à donner un score (par un examinateur) sur une batterie d’exercices (par exemple maintenir la posture debout simple, se tenir debout les pieds en tandem, debout en appui unipodale, se tourner, ramasser un objet par terre, exécuter un tour complet, monter sur un tabouret, se pencher en avant....). Les échelles associent des notes, sur des épreuves de différentes difficultés, données par un expert selon sa perception de la difficulté avec laquelle le sujet effectue la tâche. Ils présentent l’intérêt de standardiser les mesures de l’équilibre et de permettre une comparaison entre différents sujets. Parmi ces échelles, on peut citer l’une des plus connue : l’échelle de Berg (King et al., 2011). Il s’agit d’une évaluation de 14 mouvements de la vie quotidienne (se lever, s’asseoir, passer d'un siège à un autre, monter sur un tabouret, se pencher en avant), comportant la station debout, sur un sol ferme ou une mousse, la position assise ainsi que des transitions entre différentes postures (Berg, 1989; Blum and Korner-Bitensky, 2008; Beauchamp et al., 2010). La notation de la réalisation de ces tâches est répartie sur cinq niveaux de performance avec un score total sur cinquante-six (Franchignoni et al., 1998). Une autre échelle classique permet d’évaluer les risques de chute (Tinetti et al., 1986). Il s’agit du

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test de Tinetti qui permet d’évaluer avec précision les anomalies de l’équilibre et de la marche au cours de situations de la vie quotidienne. Il est composé de 13 items qui explorent l'équilibre statique et 9 l'équilibre dynamique lors de la marche.

1.2.1.2 Épreuves ou tests cliniques

Les tests cliniques permettent de caractériser le maintien de la stabilité posturale au travers d’indices le plus souvent temporels notamment liés au temps mis pour accomplir certaines tâches codifiées (Tableau 3) (Tinetti et al., 1986, Berg, 1989, Peterka and Black, 1990, Duncan et al., 1990, Westcott et al., 1994, Powell and Myers, 1995, Rieman et al. 1999 ; Olmsted et al., 2002, Horak et al., 2009, Panjan and Sarabon, 2010). D’autre part, ils consistent à mesurer des paramètres biomécaniques représentatifs de la qualité du maintien postural comme par exemple les limites de stabilité. Parmi ces tests on peut citer; le test « bipodale » qui consiste à évaluer le temps maximal de maintien de la posture érigée bipodale (Prpić et al., 2010) ou encore le test « Flamingo » durant lequel, les sujets essayent de se maintenir en équilibre aussi longtemps que possible en adoptant la position debout sur un pied imitant la position du flamant rose (Hrysomallis, 2007) Le « Bestest » développé par (Horak et al., 2009) permet de différencier l’équilibre selon six composantes différentes : Contraintes biomécaniques, limite de stabilité, réponse posturale, orientation sensorielle, stabilité de la marche et ajustement postural anticipé. Le Balance Error Scoring System (BESS), quant à lui, est un test qui permet d’évaluer la qualité du maintien postural à la suite d’un traumatisme crânien léger. Il est basé sur l’observation du maintien pendant 20 secondes de 3 postures standardisées (bipodale simple, unipodale sur le pied non dominant et en tandem) exécutées yeux fermés, mains sur les hanches, sur surface dure et sur mousse. Le score est construit en décomptant les erreurs d’exécution lors de 6 répétitions des postures. Les erreurs prises en compte concernent le comportement du sujet (ouvrir les yeux, décoller les mains des hanches, effectuer un pas protectif, sautiller ou tomber) et la qualité de la posture adoptée (avoir une posture avec une abduction de hanche supérieure à 30° dans la posture unipodale, adopter une mauvaise posture plus de 5 secondes). Ces épreuves ont l’avantage d’être faciles à mettre en œuvre, rapides, peu couteuses et présentent des bons indicateurs de risque de chute (Mancini and Horak, 2010). Cependant, les résultats obtenus sont subjectifs et dépendent du jugement de l’examinateur. En effet, ils présentent une sensibilité faible et l’incapacité de détecter des différences fines de capacités inter et intra-individuelles (Blum and Korner-Bitensky, 2008) et doivent être donc, complétés par des

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évaluations instrumentales (Blayac, 1993). Outre l’évaluation de paramètres biomécaniques, la prise en compte des erreurs d’exécution telle que celles considérées dans le BESS semble intéressante car elle pourrait venir pondérer les résultats des tests basés uniquement sur les paramètres biomécaniques.

Dans la suite de ce chapitre, nous présentons les tests d’évaluation instrumentaux, plus complexes à mettre en œuvre et plus couteux mais qui présentent l’avantage d’affiner de manière significative la quantification du maintien de l’équilibre postural. Ils sont particulièrement pertinents dans le cadre de BodyScoring.

38 Tableau 2 : évaluation clinique du maintien d’équilibre.

Nom Description But du test Unité

Echelles cliniques

(Berg, 1989)

Echelle de Berg BBS 14 situations posturales statique et dynamique, de la vie quotidienne, évalués selon une échelle à 5 niveaux de 0 à 4. Le temps de réalisation est de 15 à 20 min.

Evalue le niveau d’autonomie. Un score de total varie de 0 à 56

(Tinetti et al., 1986)

Echelle de Tinetti TT 13 items explorent l'équilibre statique et 9 l'équilibre dynamique lors de la marche. Chaque item est noté 1 (pour normal), 2 (pour adapté) ou 3 (pour anormal).

Évalue les anomalies de la marche et de l’équilibre postural au cours de diverses situations de la vie quotidienne

Le score total varie de 0 à 13. (Powell et Myers, 1995) Echelle activities-specific Balance Confidence ABC

16 items de degrés de difficulté variés notés selon 4 degrés (i.e., 0 = pas du tout confiant ; 1 = un peu confiant ; 2 = moyennement confiant ; et 3 = très confiant.

Evalue le degré de confiance en l’équilibre associé à la réalisation de tâches de la vie quotidienne

Un score total varie de 0 à 45 Épreuves cliniques (Duncan et al., 1990) Le ‘Functional Reach Test’ FRT

Le sujet, debout le long d'un mur, bras étendus vers l'avant avance le tronc le plus loin possible sans perdre l'équilibre. Il s’agit de noter la distance parcourue par l'extrémité du 3ème doigt et calculer la moyenne des valeurs sur 3 essais.

Évalue les limites de stabilité Une distance en centimètre.

(Olmsted et al., 2002)

Star Excursion Balance Test SEBT

Debout sur une jambe le pied est placé au centre d'une étoile dessinée au sol et qui présente le centre de 8 lignes qui constituent les 8 directions Avec l’autre jambe le sujet essaie d’atteindre la partie la plus éloignée de chaque ligne.

évalue les instabilités fonctionnelle et dynamique de cheville.

la moyenne des distances parcourus en centimètre

(Horak et al., 2009)

Balance Evaluation Systems Test BESTest

27 tâches qui qualifient l’équilibre selon six aspects qui agissent sur le système de contrôle postural. Chaque exercice seras noté de 0 à 4 selon la performance aussi on note la durée de quelques exercices. Un score global est calculé.

Déterminer les déficits de la stabilité posturale. Score varie de 0 à 108 (Westcott et al., 1994) Test d’'intégration sensorielle de l’équilibre CTSIB

Maintien de la position debout avec 5 conditions différentes. Chaque situation est noté selon 4 degrés ; 1 pour un équilibre minimal, 2 pour équilibre moyenne, 3 pour équilibre modéré et 4 en cas de chute.

Aide à déterminer les causes de perturbations de maintien d’équilibre et le système sensoriel responsable (visuel, somatosensoriel, ou vestibulaire).

Temps de maintien de la posture en seconde et une note variant de 4 à 1 (Peterka et Black, 1990) Test d'organisation sensorielle TOS

Tests de 6 conditions sensorielles différentes (vision, proprioception sensations plantaire), afin de comparer le comportement du patient et savoir quelles entrées sensorielles il utilise ou met.

Caractériser l’influence de chacune des afférences sensorielles ainsi que les capacités d’intégration du SNC

Temps de maintien d’équilibre en seconde.

Rieman et al. 1999

Balance Error Scoring System (BESS)

Maintien pendant 20 secondes de 3 postures : bipodale simple, en tandem et unipodale sur la jambe non dominante exécutées yeux fermés sur surface dure et sur mousse. Test répété 6 fois

Aide au diagnostic sur l’équilibre postural après un traumatisme crânien léger

Evaluation du nombre d’erreurs durant les répétitions du test