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Évaluation des programmes d’efficacité énergétique

Il existe deux types d’évaluation pour les PEÉ : l’évaluation par les distributeurs d’énergie et l’évaluation théorique. Les distributeurs d’énergie s’intéressent davantage aux coûts et aux bénéfices reliés à l’implantation de mesures d’efficacité énergétique. L’évaluation théorique porte davantage sur les bénéfices intangibles auxquels les chercheurs tentent de fixer une valeur. Par exemple, ils intègrent le confort aux bénéfices de mettre en place un appareil à haute efficacité énergétique. Chaque test amène une nouvelle perspective pour l’évaluation des PEÉ. Dans cette section, je décris brièvement les différents tests actuellement utilisés lors de l’évaluation des PEÉ.

6.1 Évaluation par les distributeurs d’énergie

En 1983, le gouvernement de la Californie publie un guide qui présente différents tests pour évaluer les PEÉ14. Ce guide devient alors rapidement un ouvrage de référence en évaluation de PEÉ.

Parmi ces tests, les plus utilisés sont :

 le test du coût total en ressource (TCTR);  le test du participant (TP);

 le test de neutralité tarifaire (TNT);  et le test du coût social (TCS).

Ces tests permettent aux distributeurs d’évaluer l’impact des PEÉ selon plusieurs points de vue. Voici une courte description de chacun des tests.

Le test du coût total en ressource (TCTR) permet « de vérifier s’il en coûte moins cher à la

clientèle du distributeur d’économiser de l’énergie par l’entremise du PGEÉ que de recourir à de la fourniture additionnelle15. » Le TCTR répond à la question : quelle solution est la moins

coûteuse, pour les clients de Gaz Métro, entre économiser un mètre cube à l’aide d’un PEÉ ou acheter un mètre cube supplémentaire sur le marché?

Le test du participant (TP) « vise à assurer que le programme est rentable pour le client qui

y participe en comparant le coût défrayé par ce dernier pour implanter une mesure d’économie

14California Energy Comission (1983).

 

15Option consommateurs (2008).

 

d’énergie donnée par rapport à ses gains éventuels sur sa facture découlant de l’adoption de cette mesure16. »

Le test de neutralité tarifaire (TNT) « permet de mesurer l’impact d’un PEÉ sur les

non-participants. En tenant compte de la perte de revenus associée à la mise en place d’un PEÉ donné, il permet, ultimement, d’en estimer les répercussions sur les tarifs des consommateurs17. »

Le test du coût social (TCS) correspond au même test que le TCTR avec l’ajout de bénéfices environnementaux reliés à la réduction de l’émission de polluants et de GES dans l’atmosphère. Les polluants considérés dans le calcul sont les NOx, les SOx, les particules fines, le

CO, le VOCs, le CH4, le N2O et le CO2.

Ces tests sont utilisés dans l’ensemble des États américains et des provinces canadiennes. Certaines variantes mineures sont présentes d’un état et d’une province à l’autre. Par contre, les concepts de base restent tout de même semblables d’un endroit à l’autre.

Parmi ces tests, c’est le TCTR qui est le plus utilisé de tous. La particularité de ce test est qu’il intègre les coûts pour le distributeur d’offrir un PEÉ à ses clients, le surcoût pour le client d’acheter un appareil à haute efficacité énergétique et les bénéfices pour le distributeur de ne pas livrer un mètre cube de gaz naturel supplémentaire18. Le protocole proposé à la section 8 est inspiré

de ce test.

Actuellement, les tests utilisés permettent aux distributeurs de gaz naturel d’avoir des résultats satisfaisants pour juger de l’efficacité des PEÉ. Aucun test n’est utilisé indépendamment des autres pour évaluer les PEÉ. La perspective amenée par chacun de ces tests permet aux distributeurs d’avoir une vue d’ensemble des performances de ses PEÉ. Même le TCTR qui est le test le plus utilisé n’est jamais le seul test considéré pour évaluer la performance d’un PEÉ.

6.2 Évaluation théorique

L’évaluation des mesures d’efficacité énergétique est davantage présente dans la littérature économique que celle des PEÉ. La différence entre les deux évaluations est que l’évaluation des

16Option consommateurs (2008).

 

17Ibidem.

 

PEÉ inclut les coûts administratifs et les aides financières allouées tandis que l’évaluation des mesures d’efficacité énergétique inclut uniquement les aides financières allouées.

Différentes méthodes sont utilisées pour évaluer les mesures d’efficacité énergétique. J’ai choisi de présenter trois méthodes qui apportent chacune une contribution différente à l’évaluation des mesures d’efficacité énergétique.

Morrissey et Horne (2010) s’intéressent à la valeur actualisée nette d’investir dans une meilleure isolation lors de la construction d’une maison. Les auteurs comparent trois niveaux d’efficacité énergétique : 6 étoiles, 7 étoiles et 8 étoiles. Plus le scénario comporte d'étoiles, plus l’isolation de la maison est efficace et donc plus l’investissement initial est élevé. L’utilisation de l’analyse coût-bénéfice permet aux auteurs d’obtenir la valeur présente nette de l’investissement en isolation lors de la construction d’une maison. Les coûts pris en compte correspondent à ceux de l’investissement initial en matériaux d’isolation et ils varient selon le niveau d’efficacité énergétique de ceux-ci. Les bénéfices pris en compte sont les économies d’énergies engendrées par le niveau d’isolation et l’augmentation marginale de la valeur résiduelle de la maison lors de la vente.

FMt : entrée d’argent au temps t (en $) ;

V : durée de vie de l’investissement (en année) ; d : taux d’actualisation ;

α : augmentation marginale de la valeur résiduelle de la maison

en fonction du niveau d’isolation (au temps V) ;

I0 : Investissement initial en isolation (en $) ;

Les auteurs déterminent l’augmentation marginale de la valeur résiduelle de la maison à l’aide d’une régression hédonique. Ils expliquent le prix de vente d’une maison ayant mis en place des mesures d’efficacité énergétique (PM) par le prix de vente d’une maison semblable (PS),

l’augmentation marginale de la valeur résiduelle de la maison après V années (α) et un facteur d’erreur (ε).

PM = PS + α + ε

Valeur présente de l'investissement en isolation 0

0 FM n = (1 ) V t t t I d

α

= + − +

Les économies d’énergie engendrées par l’amélioration de l’isolation sont actualisées sur quatre horizons différents : cinq ans, dix ans, vingt-cinq ans et quarante ans. Cette manipulation permet de démontrer l’importance de la durée de vie de la mesure lors de l’évaluation des mesures d’efficacité énergétique. Les auteurs analysent les coûts et les bénéfices privés d’investir dans l’isolation d’une maison lors de sa construction. Cependant, les bénéfices environnementaux reliés à l’amélioration de l’isolation d’une maison ne sont pas intégrés à l’analyse.

Clinch et Healy (2000) ajoutent les bénéfices environnementaux aux bénéfices pris en compte par Morrissey et Horne (2010). Les auteurs mesurent la valeur actualisée nette d’implanter des mesures d’efficacité énergétique. Cinq scénarios sont testés avec cinq taux d’actualisation différents. Les bénéfices environnementaux sont mesurés selon la quantité d’émissions de CO2 et de

gaz polluants (SO2, NOx et PM10) réduite. Ces gaz sont valorisés en fonction du danger qu’il

représente pour la santé humaine. L’étude fait ressortir l’importance des bénéfices dus à l’amélioration de l’efficacité énergétique, et ce peu importe le taux d’actualisation utilisé. Cependant, aucun classement des mesures d’efficacité énergétique n’est présent dans l’étude.

Pour obtenir un tel classement, il faut se référer à Ürge-Volsatz & Novikova_(2007) qui répertorient 66 mesures d’efficacité énergétiques et leur potentiel de réduction des émissions de CO2. Les mesures d’efficacité énergétique sont ensuite classées en ordre croissant du coût de

réduction pour une tonne de CO2. Pour illustrer les résultats, les auteurs tracent un graphique

représentant le potentiel de réduction des émissions de CO2 en fonction du coût de réduction des

émissions d’une tonne de CO2 de chacune des mesures. Bref, les auteurs mettent en évidence

l’importance du potentiel de réduction de CO2 résultant de mesures d’efficacité énergétique peu

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