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CHAPITRE 4 : INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS DE L’ÉTUDE 1 ET 2

4.1 Étude 1

Le but de cette étude est de vérifier dans quelle mesure le recours à des activités à caractère pornographique est reliée aux attitudes envers les jeunes filles et la sexualité ainsi qu’aux comportements de violence physique, psychologique et sexuelle dans les fréquentations chez des adolescents québécois masculins. Les résultats montrent que les analyses de corrélation effectuées sur l’ensemble des participants (N = 449) se révèlent toutes significatives à l’exception de la pornographie virtuelle en lien avec la jalousie. Les hypothèses de recherche sont, par conséquent, confirmées à l’exception de cette paire de variable. Quant aux analyses de corrélation réalisées sur les participants ayant tous déjà consommé de la pornographie (n = 386), les hypothèses de recherche sont confirmées pour les deux types de pornographie en lien avec les attitudes envers les jeunes filles et la sexualité et avec toutes les formes de violence. Par contre, en ce qui a trait aux hypothèses secondaires, certaines s’avèrent confirmées alors que d’autres ne le sont pas. En effet, l’âge de la première activité pornographique corréle seulement avec la pornographie virtuelle. Ce qui sous-tend que ce n’est pas une variable prédictive des attitudes envers les jeunes filles et la sexualité ainsi que des différentes formes de violence exercée envers une partenaire. Le nombre de matériel pornographique, quant à lui, corréle avec l’ensemble des variables à l’exception des attitudes envers les jeunes filles et la sexualité. Enfin, le fait de conseiller du matériel pornographique ne corréle pas avec la violence sexuelle.

En ce qui concerne les analyses de régression réalisées sur l’ensemble des participants ainsi que sur ceux ayant tous déjà consommé de la pornographie, les hypothèses de recherche sont confirmées puisque le recours à des activités à caractère pornographique prédit les attitudes envers les jeunes filles et la sexualité ainsi que toute les formes de violence. Cependant, c’est un type d’activité pornographique bien précis qui se révèle davantage être une variable prédictive des attitudes et des comportements de violence. Il s’agit de la pornographie interactive, c’est-à-dire celle impliquant une participation active de la part du jeune dans des activités sexuellement explicites. Plus précisément, c’est celle qui renvoie à la prostitution, aux lignes érotiques et aux clubs de danseuses. Quant aux activités de pornographie virtuelle, lorsque prises en considération avec les activités pornographiques interactives, elles contribuent peu à expliquer les attitudes envers les jeunes filles et la sexualité ou les comportements de violence dans les fréquentations. En fait, elles contribuent seulement à prédire la violence psychologique chez l’ensemble des participants (N = 449). En d’autres termes, lorsque les variables secondaires ne sont pas entrées dans l’analyse de régression, les plus grands consommateurs de pornographie virtuelle, soient ceux ayant recours à des activités telles que regarder des revues pornographiques, entrer dans un site pornographique ou visionner un film pornographique ont une plus grande probabilité de rapporter des comportements de violence psychologique comme les insultes, les ordres, les menaces et les critiques que ceux qui en consomment moins. Il est cependant impossible d’affirmer qu’il n’existe aucun lien entre le recours à des activités associées à la pornographie virtuelle et les attitudes envers les jeunes filles et la sexualité et les autres formes de violence puisque les corrélations obtenues, bien que relativement faibles, s’avèrent significatives (voir les tableaux 3 et 4). Enfin, le pourcentage de variance expliquée du recours à des activités pornographiques se révèle très faible pour les attitudes et pour la violence sexuelle et faible pour les autres comportements de violence. Ce qui sous-entend que les variables à prédire sont expliquées par d’autres phénomènes.

Quant à l’inclusion de dimensions du recours à des activités à caractère pornographique, ceci n’a pas permis d’améliorer de façon substantielle le pouvoir de prédiction des comportements violents. En effet, seulement deux variables semblent prédire, à un niveau plutôt faible, certains comportements de violence : le nombre de matériel

pornographique possédé en lien avec la violence sexuelle et le fait de conseiller du matériel pornographique en lien avec la jalousie et les attitudes envers les jeunes filles et la sexualité.

En ce qui concerne la prédiction des attitudes, il est possible que le très faible pourcentage de variance expliquée (,11) soit expliquée par une différence dans les instruments de mesure et dans les construits. En effet, plusieurs recherches concluant à un lien entre la consommation de pornographie et les attitudes évaluent les attitudes envers les femmes et non seulement les attitudes envers les femmes et la sexualité. Elles utilisent donc un questionnaire comportant plusieurs sous-échelles mesurant différentes dimensions des attitudes envers les femmes. Par exemple, pour Malamuth & Check (1981) ainsi que Padgett et ses collaborateurs (1989), P échelle globale comprend une mesure des attitudes envers les femmes, des attitudes envers la violence, des attitudes envers le viol, de P acceptation de la violence interpersonnelle, du conservatisme sexuel, des rôles sexuels et des croyances sexuelles hostiles. À P opposé, certaines échelles ne mesurent qu’un comportement, par exemple la culpabilité de la victime (Feild, 1978). Dans le cas de présente recherche, seules les attitudes envers les jeunes filles et la sexualité (également nommé attitudes envers la violence sexuelle) étaient mesurées.

De plus, la présente étude utilise 13 des 24 items de l’échelle d’attitudes envers la violence sexuelle de Poitras (1995). Or, l’échelle initiale mesurait trois dimensions de la violence sexuelle : les justifications de l’agresseur, la culpabilité de la victime et les causes sociales. La présente recherche n’a pas repris les causes sociales. Quelques items ont également été retirés de la dimension « justifications de l’agresseur », n’affectant toutefois pas la validité de l’instrument. Ces différences peuvent néanmoins expliquer le faible pourcentage de variance expliquée.

Quant à la violence sexuelle, il est possible que le pourcentage de variance expliquée qui s’avère très faible (,09) soit en lien avec le peu "de jeunes rapportant ce comportement. De plus, le peu d’items retenus suite à l’analyse factorielle, soit de deux, ne permet pas une étude raffinée de cette forme de violence.

Une autre explication du faible pourcentage de variance expliquée des variables à l’étude est le contenu de la mesure de la pornographie. Dans la présente étude, la majorité des participants n’ont pas rapporté consommer du matériel pornographique violent. La plupart des recherches étudiant les effets de la pornographie violente sur les attitudes et les comportements indiquent un lien significatif plus important entre ces variables que lorsqu’il s’agit de pornographie non violente. En ce qui a trait à la pornographie non violente, il n’existe pas de consensus à ce sujet. Certaines études n’ont pas établi de relations alors que d’autres en ont établi. C’est pourquoi il serait intéressant, dans le futur, de réaliser des recherches en distinguant la pornographie violente de la non violente chez une population adolescente.

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