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La consommation de pornographie chez des adolescents et les attitudes envers les jeunes filles et la sexualité, les comportements de violence dans les fréquentations ainsi que les comportements de harcèlement sexuel

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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&<5-S

U.L

LA CONSOMMATION DE PORNOGRAPHIE CHEZ DES ADOLESCENTS ET LES ATTITUDES ENVERS LES JEUNES FILLES ET LA SEXUALITÉ, LES

COMPORTEMENTS DE VIOLENCE DANS LES FRÉQUENTATIONS AINSI QUE LES COMPORTEMENTS DE HARCÈLEMENT SEXUEL

Mémoire présenté

À la Faculté des études supérieures Pour l’obtention

Du grade de Maître en Psychologie (M. Ps.)

École de psychologie

FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITÉ LAVAL

OCTOBRE 2001

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Cette recherche étudie la relation entre le recours à des activités pornographiques, chez des adolescents québécois masculins, et les attitudes envers les jeunes filles et la sexualité, les comportements de violence dans les fréquentations ainsi que les comportements de harcèlement sexuel envers les jeunes filles. Le recours à des activités pornographiques est mesuré en deux types, plus ou moins actifs, le comportement violent par quatre types de violence et le harcèlement sexuel comprend le harcèlement verbal et le harcèlement par les gestes. Les participants sont composés tour à tour de 449 et de 798 garçons fréquentant l’école secondaire (M = 16,36 ans). Les résultats indiquent que les garçons s’exposant davantage à des activités pornographiques entretiennent des attitudes négatives envers les jeunes filles et la sexualité et manifestent plus de comportements de violence et de harcèlement sexuel. Des analyses de régression permettent de prédire que la pornographie interactive, plus active, exerce davantage d’influence sur les attitudes et les comportements que la pornographie virtuelle. Toutefois, le pourcentage de variance expliquée s’avère relativement faible, suggérant que d’autres facteurs sont susceptibles de contribuer à la prédiction des comportements de violence.

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AVANT-PROPOS

J’aimerais exprimer ma gratitude et ma reconnaissance à ma directrice de recherche, Madame Francine Lavoie sans qui cette recherche n’aurait pu être réalisée. Je la remercie de m’avoir soutenue et d’avoir cru en mes capacités tout au long de ce projet.

Je tiens également à remercier Madame Lucie Vézina pour son aide précieuse en statistiques. Ses conseils et sa généreuse collaboration furent grandement appréciés.

Je remercie également Monsieur Stéphane Cantin pour son aide en tant que consultant en statistiques.

Je désire remercier les élèves, enseignants et directeurs des écoles qui ont participé à cette recherche.

Je remercie chaleureusement ma famille pour leur support, leurs pensées positives et leurs encouragements constants.

Enfin, je remercie mon conjoint, Cristophe Bélair, pour son support rassurant et motivant, sa présence ainsi que sa compréhension.

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TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ... i

AVANT-PROPOS...ii

TABLE DES MATIÈRES...iii

LISTE DES TABLEAUX... v

LISTE DES ANNEXES... vii

INTRODUCTION... 1

CHAPITRE 1 : RECENSION DES ÉCRITS SUR LA PORNOGRAPHIE...3

1.1 Définitions de la pornographie...,... 3

1.2 Théories expliquant les effets de la pornographie... 5

1.3 Les études portant sur la pornographie... 6

1.3.1 Pornographie non violente...7

1.3.2 Pornographie violente... 8

1.3.3 Études macro-sociales... 9

1.3.4 Étudés de comparaison de groupes de femmes battues et non battues... 9

1.3.5 Études sur la pornographie et les attitudes auprès de populations adolescentes... 10

1.3.6 Études sur la pornographie et les comportements de violence dans les fréquentations auprès de populations adolescentes... 10

1.3.7 Études sur la pornographie et le harcèlement sexuel auprès de populations adolescentes... i...11

1.4 Justification de l’intérêt d’une étude chez une population adolescente... 12

1.5 Hypothèses de recherche... 12

CHAPITRE 2 : LA PORNOGRAPHIE : LIENS AVEC LES ATTITUDES ENVERS LES JEUNES FILLES ET LA SEXUALITÉ ET AVEC LES COMPORTEMENTS DE VIOLENCE DANS LES FRÉQUENTATIONS CHEZ UNE POPULATION MASCULINE ADOLESCENTE... 15

2.1 Méthode... 15

2.1.1 Participants... 15

(5)

2.2 Résultats...22

2.2.1 Données descriptives... 22

2.2.2 Relations entre les variables...22

2.2.3 Analyses de régression... 26

CHAPITRE 3 : LA PORNOGRAPHIE : LIENS AVEC LES COMPORTEMENTS DE HARCÈLEMENT SEXUEL ENVERS LES JEUNES FILLES RENCONTRÉES EN MILIEU SCOLAIRE CHEZ UNE POPULATION MASCULINE ADOLESCENTE... 32

32 32 33 35 35 3. 1 Méthode... 3. 1.1 Participants... 3.1.2 Instruments de mesure... 3.1.3 Procédure... 3.1.4 Considérations déontologiques 3.2 Résultats...35 3.2.1 Données descriptives... 35

3.2.2 Relations entre les variables...35

3.2.3 Analyses de régression...38

CHAPITRE 4 : INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS DE L’ÉTUDE 1 ET 2... 41

4.1 Étude 1... 41

4.2 Étude 2... 44

4.3 Liens avec les autres études réalisées sur la pornographie...45

4.4 Limites de l’étude 1 et 2... 46

4.5 Difficulté de comparaison de l’étude 1 et 2... 46

4.6 Investigations futures...47 CONCLUSION GÉNÉRALE...49 51 RÉFÉRENCES 59 ANNEXES

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Analyse factorielle du questionnaire mesurant la fréquence des activités

associées à la pornographie (N = 804)... ...17

Tableau 2 : Analyse factorielle du questionnaire mesurant la violence dans les fréquentations (VIFFA)... 20

Tableau 3 : Moyennes, écarts-type et corrélations entre les variables indépendantes et

dépendantes chez Γensemble des garçons (N = 449).,... 23

Tableau 4 : Moyennes, écarts-types et corrélations entre les variables indépendantes et les

variables dépendantes chez les garçons ayant consommé de la pornographie (n =

38(5)... 25

Tableau 5 : Régression multiple des variables indépendantes sur la mesure des attitudes

envers les jeunes filles et la sexualité et sur les comportements de violence dans les fréquentations chez Γ ensemble des garçons (N = 449)... 28

Tableau 6 : Régression hiérarchique des variables indépendantes sur la mesure des attitudes

envers les jeunes filles et la sexualité et sur les comportements de violence chez les garçons ayant consommé de la pornographie (n = 386)... 31

Tableau 7 : Analyse factorielle du questionnaire mesurant les comportements de harcèlement

sexuel envers les jeunes filles (N = 815)...34

Tableau 8 : Moyennes, écarts-type et corrélations des variables indépendantes et dépendantes

(7)

Tableau 9 : Moyennes, écarts-type et corrélations des variables indépendantes et dépendantes

chez les garçons ayant consommé de la pornographie (n = 664)... 37

Tableau 10 : Régression multiple des variables indépendantes sur les comportements de

harcèlement sexuel chez l’ensemble des garçons (N = 798)... 39

Tableau 11 : Régression hiérarchique des variables indépendantes sur les comportements de

harcèlement sexuel chez les garçons ayant consommé de la pornographie (n = 664)...40

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LISTE DES ANNEXES

Annexe A : Tableaux présentant les données socio-démographiques de Γ ensemble des

participants de l’étude 1 (N = 449) et de l’étude 2 (N = 798)... 60

Annexe B : Questionnaire sur le recours à des activités à caractère pornographique... 65

Annexe C : Questionnaire sur les attitudes envers la violence sexuelle... 68

Annexe D : Questionnaire sur les comportements de violence dans les fréquentations

(WF A)... 71

Annexe E : Formule de consentement des participants...75

Annexe F : Tableaux de fréquences des activités associées à la pornographie... 77

84

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INTRODUCTION

La violence faite aux femmes ne survient pas uniquement dans des relations de longue durée. Elle survient également dans des relations de courte durée, communément appelées « les fréquentations » (Cramer & McFarlane, 1994). Étant donné que l’on retrouve le plus souvent ce type de relation chez les adolescents, il est nécessaire d’étudier l’impact de la violence chez cette population (Poitras & Lavoie, 1995). Plusieurs études révèlent que les agressions envers les adolescentes sont aussi nombreuses que les agressions envers les femmes (DeKeseredy, 1988 ; Hird, 2000 ; Lloyd, 1991).

Divers éléments peuvent expliquer la violence infligée aux femmes et aux adolescentes. La pornographie figure parmi ceux-ci. En effet, plusieurs études rapportent une relation significative positive entre la consommation de pornographie, les attitudes envers la violence sexuelle (Donnerstein, Linz & Penrod, 1987 ; Garcia, 1986 ; Linz, Donnerstein & Penrod, 1984 ; Malamuth & Check, 1981) et les comportements de violence exercés envers les femmes (Donnerstein, 1980 ; Donnerstein & Berkowitz, 1981). Par contre, peu d’études ont étudié l’impact de la pornographie chez des populations adolescentes.

Le présent projet de recherche s’inscrit donc dans cette veine. Il est divisé en deux sections. La première vise à examiner, dans une étude transversale, la relation entre le recours à des activités à caractère pornographique chez des adolescents et les attitudes envers les jeunes filles et la sexualité ainsi que les comportements de violence dans les fréquentations. La seconde section vérifie, dans une étude transversale, le lien entre le recours à des activités à caractère pornographique, chez des adolescents, et les comportements de harcèlement sexuel dirigés envers les jeunes filles rencontrées en milieu scolaire.

Le chapitre premier propose d’abord les définitions de la pornographie et les différentes théories expliquant ses effets sur les attitudes et les comportements. Par la suite, il présente les différentes études réalisées sur les effets de la consommation de pornographie non violente et violente. Le chapitre deux décrit la méthode, la procédure de recrutement et l’analyse des données de la première étude. Le chapitre trois présente la méthode, la

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procédure de recrutement ainsi que l’analyse des données de la seconde étude. Enfin, le chapitre quatre est consacré à !’interprétation des résultats des deux études ainsi qu’à leurs limites.

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CHAPITRE I

RECENSION DES ÉCRITS SUR LA PORNOGRAPHIE

1.1 Définitions de la pornographie

Les féministes distinguent la pornographie de l’érotisme. Pour elles, l’érotisme correspond à du matériel sexuellement explicite ne comportant pas de contenu violent et avilissant envers les femmes (Russell, 1998 ; Steinern, 1995). Elles définissent plus précisément l’érotisme comme une représentation de rapports sexuels consentants, c’est-à-dire où du plaisir mutuel et sans rapport de force est exprimé (Steinern, 1995). En ce qui concerne la pornographie, Longino résume ainsi sa définition : « La pornographie renvoie à du matériel sexuellement explicite qui représente ou décrit des comportements sexuels dégradants et/ou abusifs envers les femmes et qui approuve et/ou recommande ces comportements (p.38) ». Le terme dégradant utilisé dans la définition de Longino réfère à des comportements sexuels qui sont humiliante et non respectueux envers les femmes. Ceci inclut l’objectivation de la femme. La pornographie, pour les féministes, est donc une forme de discrimination sexuelle. En effet, son contenu véhicule de faux messages à propos de la sexualité féminine puisqu’il décrit les femmes comme des créatures uniquement sexuelles, chosifiées, subordonnées aux hommes, désirant être humiliées et agressées et éprouvant du plaisir à être traitées ainsi (Longino, 1995).

Cette définition s’avère toutefois subjective (Baron & Straus, 1989). En effet, des comportements dégradants pour un individu peuvent ne pas l’être pour un autre. C’est pourquoi les commissions gouvernementales ainsi que les chercheurs dans le domaine social

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tentent de définir la pornographie en recourant à des définitions basées sur le contenu manifeste des produits. À cet effet, le Procureur Général des États-Unis (Attorney General’s Commission on Pornography, 1986) dans son rapport final, définit la pornographie comme étant « du matériel sexuellement explicite, principalement utilisé à des fins d’excitation sexuelle » (pp. 228-229). Cette Commission divise le matériel pornographique en quatre catégories : la nudité, le matériel non dégradant et non violent (l’érotisme), le matériel non violent mais dont le contenu présente de la domination, de la soumission et de !’humiliation et le matériel sexuellement violent. Au Canada, le Comité spécial d’étude de la pornographie et de la prostitution (1985) soutient « qu’une œuvre est pornographique, si elle combine les deux caractéristiques suivantes : des représentations sexuellement explicites et une apparente intention à exciter l’audience sexuellement » (p.53).

־ 3 ־

Les chercheurs, quant à eux, utilisent le terme « pornographie » de façon uniquement descriptive (Frable, Johnson & Kellman, 1997). Pour eux, la pornographie réfère à du matériel sexuellement explicite (Demaré, Briere & Lips, 1988 ; Fisher & Barak, 1989 ; Smith, 1976). Ils font cependant la distinction entre la pornographie violente et non violente. La pornographie non violente est associée à du matériel sexuellement explicite, mais ne contenant pas d’images ou de scènes violentes (Allen, D’Allessio & Brezgel, 1995). La pornographie violente, quant à elle, renvoie à du matériel sexuellement explicite présentant des actes sexuellement violents ou sexuellement coercitifs (ex. : comportement sexuel sans obtenir le consentement de la personne, sadomasochisme, viol, agressivité, etc.) (Fisher & Barak, 1989).

Ces définitions présentent toutefois des lacunes puisqu’elles ne tiennent pas compte de toutes les dimensions possibles de la pornographie telles que !’interprétation subjective d’un consommateur et les différentes formes de sexualité (ex. : fétichisme) (Baron & Straus, 1989 ; Fisher & Barak, 1989).

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1.2 Théories expliquant les effets de la pornographie

Plusieurs théories tentent d’expliquer les effets de la pornographie sur la formation d’attitudes et sur les comportements : la théorie féministe, la théorie de la catharsis, la théorie de !’apprentissage social et la théorie du transfert de l’excitation. La perspective théorique féministe met l’emphase sur les différences de pouvoir entre les sexes qui transcende toute forme d’interaction sociale entre les hommes et les femmes. Les féministes affirment donc que la structure patriarcale de la société encourage l’inégalité des genres et que la pornographie est un des moyens employés pour préserver cette domination exercée par les hommes sur les femmes (Dworkin, 1981 ; Russell, 1998). En effet, selon elles, la pornographie ne comporte pas uniquement du matériel sexuellement explicite. Son contenu renvoie plutôt à du matériel dégradant et abusif envers les femmes (Dworkin, 1981 ; Russell, 1998). Il contribue ainsi à favoriser la discrimination sexuelle et les comportements de violence (Dworkin, 1981 ; Russell, 1998).

D’après le modèle théorique de la catharsis, la pornographie facilite la satisfaction de certains désirs sexuels plus dangereux (Dwyer, 1995). Elle a un effet de catharsis sur ses consommateurs (Dwyer, 1995). Les tenants de ce modèle avancent également que la pornographie a des effets bénéfiques sur les criminels sexuels puisqu’au lieu de tenter de se soulager sur une victime, ces derniers ont recours à du matériel pornographique (Siibert & Pines, 1984). Les défenseurs de ce modèle sont donc contre des formes de restrictions ou de prohibition de la pornographie (Dwyer, 1995).

Toutefois, les chercheurs et intervenants recourent plutôt à un des deux modèles théoriques suivants pour expliquer la consommation de pornographie ainsi que ses effets sur le comportement : la théorie de !’apprentissage social et la théorie du transfert de l’excitation (Allen, D’AIessio etBrezgel., 1995).

D’après la théorie de !’apprentissage social, les gens recourent aux stimuli présents dans leur environnement pour apprendre sur le monde qui les entoure (Bandura, 1973 ; Check & Malamuth, 1983). Les images exposées dans les médias offrent une certaine analyse des

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interactions sociales (Allen, Emmers, Gebhardt & Giery, 1995). La pornographie, étant véhiculée dans les médias, peut, elle aussi, contribuer au développement d’attitudes et de comportements irrespectueux envers les femmes. En effet, elle renforce des attitudes et des comportements dégradants en proposant du matériel qui prône une idéologie sexiste, une objectivation de la femme et en l’associant à la violence (Allen, Emmers et al., 1995). Ainsi, des observateurs masculins peuvent être renforcés à utiliser de la violence envers les femmes en visualisant, par exemple, un homme qui viole sa partenaire alors que celle-ci éprouve du plaisir à subir cet acte (Russell, 1998).

La théorie du transfert de l’excitation, quant à elle, soutient que le comportement agressif n’est pas nécessairement relié à l’exposition à des stimuli agressifs. Il serait plutôt le résultat du potentiel excitant associé à ce comportement agressif (Zillmann, Hoyt & Day,

1974). Allen, D’Alessio et Brezgel (1995) résument ainsi la théorie :

Un individu se sentant provoqué auparavant par son ou sa partenaire peut se sentir irrité. L’intensité de sa colère va être déterminée par la quantité de l’excitation (stimulation) physiologique du moment. Plus tard, lorsque cet individu est à nouveau en colère contre la personne l’ayant provoqué, l’intensité de sa colère va alors être déterminée par le niveau d’excitation physiologique vécu précédemment. Étant donné que la pornographie engendre de la stimulation physiologique, elle peut être utilisée pour créer une excitation physiologique qui peut, par la suite, par processus d’association, être transférée par la provocation en colère et en violence (p.261).

Les chercheurs travaillant à partir de ce modèle créent, en laboratoire, une situation similaire à ce qui est décrit précédemment. Par exemple, un assistant de recherche provoque d’abord un individu. Il lui présente ensuite du matériel pornographique. Enfin, il le met dans une situation où il lui est possible de transférer sa colère. Dans ce dernier cas, le participant devrait pouvoir projeter sa colère sur la personne qui l’a préalablement provoqué, soit l’assistant de recherche.

1.3 Les études portant sur la pornographie

Afin de vérifier les théories présentées précédemment, plusieurs recherches ont été effectuées sur la pornographie violente et non violente.

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1.3.1 Pornographie non violente

Certains chercheurs s’intéressant à la pornographie non violente avancent que même celle-ci peut être déshumanisante envers les femmes (Check & Guloien, 1989 ; Zillmann & Bryant, 1984). Dans une méta-analyse d’études en laboratoire, Allen, D’Alessio et Brezgel (1995) rapportent que la consommation de pornographie non violente augmente les comportements agressifs (r = ,17). Par contre, il demeure que certaines études suggèrent qu’il n’existe aucun lien entre la pornographie non violente, les attitudes dégradantes et les comportements de violence envers les femmes (Barak & Fisher, 1997 ; Baron, 1990 ; Davies,

1997 ; Linz et al., 1988 ; Padgett, Brislin-Slütz & Neal, 1989).

Dans une étude visant à vérifier sur le comportement l’effet de !’exposition répétée à du matériel pornographique non violent chez une population masculine adulte, Zillmann et Bryant (1984) rapportent que cela entraîne une diminution de l’excitation sexuelle avec le passage du temps et un accroissement de l’enthousiasme pour ce genre de matériel. Ces chercheurs soutiennent qu’un appétit sexuel pour du matériel sexuellement explicite plus violent et moins commun (ex. : pratiques sexuelles en groupe, sadomasochisme) est remarqué. Ils expliquent que le matériel familier n’est plus excitant à cause d’un processus d’habituation qui se crée. Les consommateurs de pornographie passeraient alors de la pornographie douce à de la pornographie plus dure et plus violente (Zillmann & Bryant, 1984). Ce s auteurs affirment également que les participants deviennent moins sévères dans les punitions accordées à un violeur, expriment moins de sympathie à l’égard du mouvement de libération de la femme et entretiennent des attitudes sexuelles ne tenant pas compte des besoins des femmes. Néanmoins, d’autres chercheurs qui ont étudié l’effet de l’exposition répétée à du matériel pornographique non violent sur le comportement ne sont pas parvenus à répliquer les résultats de Zillmann et Bryant (1984) (Linz et al., 1988 ; Malamuth & Ceniti, 1986 ; Padgett et al., 1989).

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1.3.2 Pornographie violente

En ce qui concerne la « pornographie violente », certaines études montrent qu’elle influence les attitudes des gens en promouvant !’inégalité des genres et en perpétuant les rôles traditionnels (Erable et al., 1997; Garcia, 1986). Des chercheurs soutiennent également que le matériel pornographique violent tend à favoriser !’acceptation de la violence infligée aux femmes (Donnerstein et al., 1987 ; Linz et al., 1984 ; Malamuth & Check, 1981) et augmente les fantasmes de viol et le désir de commettre un viol (Cowan & Campbell, 1995 ; Demaré et al., 1988 ; Malamuth, 1981). De plus, Allen, D’Alessio et Brezgel (1995), dans leur méta- évaluation, indiquent qu’il y a une corrélation significative de ,216 entre l’exposition à du matériel pornographique violent et !’augmentation des comportements agressifs. L’étude de Fisher et Grenier (1994) n’arrive toutefois pas à ces conclusions. D’après ces chercheurs, la consommation de pornographie violente ne produit aucun effet sur la formation d’attitudes négatives envers les femmes et les fantasmes de viol.

Quant à l’effet de l’exposition répétée à des films sexuellement violents, l’étude de Linz et al. (1984), réalisée auprès d’une population collégienne masculine, indique des différences significatives entre le premier et le cinquième jour de visualisation. D’après ces chercheurs, le niveau d’anxiété des participants diminue de façon substantielle à mesure que les périodes d’exposition au matériel pornographique violent s’additionnent. De plus, les perceptions des participants changent. En effet, le matériel que ceux-ci jugent dégradant et violent au départ l’est significativement moins à la fin de la période d’exposition. Ils se sentent également moins déprimés et apprécient davantage le matériel. Enfin, ils évaluent la victime comme étant moins affectée par les actes violents que le groupe contrôle. Linz et ses collaborateurs (1984) suggèrent que plus les personnes sont exposées à de la violence, plus elles sont confortables avec celle-ci. Par conséquent, elles évaluent le matériel de façon plus favorable.

Le recours à du matériel pornographique peut également influencer le comportement. En effet, certaines études réalisées en laboratoire indiquent que les participants exposés à des films sexuellement violents et qui, précédemment, avaient été insultés par un assistant de

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recherche masculin ou féminin, administrent davantage d’électrochocs, que le groupe contrôle, à cet assistant de recherche s’il s’agit d’une femme (Donnerstein, 1980 ; Donnerstein & Berkowitz, 1981). Fisher et Grenier (1994) ont répliqué de telles recherches en ajoutant un élément. Les participants de leur étude avaient la possibilité d’émettre des réponses non agressives. Dans ces conditions, les résultats révèlent aucune association entre l’exposition à des films sexuellement violents et les.comportements d’agression envers les femmes. L’étude de Malamuth et Ceniti (1986) sur l’effet de l’exposition répétée à du matériel sexuellement violent suggère également aucun lien entre l’exposition à du matériel sexuellement explicite et les comportements d’agression en laboratoire. Ces derniers expliquent toutefois leurs résultats par le fait que les études précédentes mesurent le comportement immédiatement après la période d’exposition alors que dans leur recherche, le comportement est évalué à plus long terme.

1.3.3 Études macro-sociales

D’autres études, de niveau macro-social, visent à examiner la consommation de pornographie et la violence sexuelle en comparant le taux de viols rapportés et le taux de matériel pornographique présent dans différentes zones géographiques des États-Unis. Baron et Straus (1984) ainsi que Scott et Schwalm (1988) arrivent aux mêmes conclusions : il existe une relation positive entre le nombre de matériel pornographique disponible et le nombre de viols rapportés. Toutefois, l’étude de Baron (1990) met en doute ces résultats. Ce dernier affirme que l’égalité des genres est davantage présente dans les zones géographiques où le matériel pornographique est plus important. Ce qui pourrait être expliqué par des attitudes plus libérales envers la sexualité (Baron, 1990).

1.3.4 Études de comparaison de groupes de femmes battues et non battues

Des études ont comparé la consommation de pornographie chez des conjoints de groupes de femmes battues et non battues. Les résultats montrent que les conjoints de femmes violentées consomment davantage de matériel pornographique que les conjoints de femmes non violentées (Cramer & McFarlane, 1994 ; Sommers & Check, 1987). On peut donc

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proposer qu’il existe peut-être un lien entre la consommation de pornographie et la violence conjugale de type verbal et physique.

1.3.5 Études sur la pornographie et les attitudes auprès de populations adolescentes

Peu d’études ont été effectuées auprès de populations adolescentes. Une étude a été répertoriée, mais il s’agit d’une communication présentée à un congrès de psychologie par Check et Maxwell (1992). Elle n’est, par conséquent, pas disponible. Elle est toutefois décrite dans l’article de Cowan et Campbell (1995). Ces chercheurs réalisent une enquête sur le thème de la violence sexuelle et de la pornographie. Les résultats indiquent que les garçons s’adonnant fréquemment à des activités pornographiques et affirmant apprendre sur la sexualité grâce à ce matériel sont plus enclins à accepter les mythes du viol (tenter de nier les effets du viol sur la victime ou de rendre la victime responsable de cette agression) et les comportements de violence exercés envers les femmes et les jeunes filles (Check & Maxwell : cité dans Cowan & Campbell, 1995). Aussi, l’étude de Cowan et Campbell (1995) sur les croyances à propos des causes du viol montre que les adolescents (filles et garçons) s’exposant à du matériel pornographique attribuent davantage la cause du viol à la victime ou à la sexualité masculine, croyance selon laquelle les besoins sexuels des hommes sont plus importants que ceux des femmes. Enfin, Bryant et Brown (1989) rapportent que plus les individus qui s’exposent à du matériel pornographique sont jeunes, plus ils désirent imiter ce qu’ils voient.

1.3.6 Études sur la pornographie et les comportements de violence dans les fréquentations auprès de populations adolescentes

Le terme « fréquentations » tel que défini par Poltras et Lavoie (1995) renvoie à « toutes formes d’expériences hétérosexuelles allant des aventures et des relations de courte durée à des relations de plus longues durées excluant la cohabitation (p.300) ». En tenant compte de cette définition, une étude propose qu’un des facteurs de risque en matière de violence dans les fréquentations, chez les garçons, est la consommation de pornographie (Lavoie & Hébert, 1999). D’après cette étude, la probabilité qu’un garçon exerce de la

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violence envers une partenaire est augmentée de 3,18 fois s’il consomme du matériel pornographique. Parmi les agresseurs, 64,7% sont des utilisateurs de pornographie alors que chez les non agresseurs, 34,0% s’exposent à du matériel sexuellement explicite. De plus, une corrélation significative de ,27 existe entre !’utilisation de matériel pornographique et le comportement agresseur. Il faut néanmoins répliquer une telle étude.

1.3.7 Études sur la pornographie et le harcèlement sexuel auprès de populations adolescentes

Il ne semble exister aucune étude à ce jour ayant vérifié la relation entre la consommation de pornographie et le harcèlement sexuel. Par contre, une étude mesurant le lien entre l’exposition à des vidéos de musique populaire et le harcèlement sexuel a été trouvée (Strouse, Goodwin & Roscoe, 1993). Celle-ci révèle une forte association entre l’exposition à des vidéos de musique populaire et le harcèlement sexuel. Cette recherche montre que les vidéos tendent à être très sexistes et à objectiver les femmes en les présentant toujours disponibles pour des relations sexuelles. Il est possible qu’un tel lien existe entre la consommation de pornographie et le harcèlement sexuel. En effet, comme les recherches suggèrent l’existence d’un lien entre la consommation de pornographie et les attitudes envers la violence sexuelle ainsi qu’un lien entre la consommation de pornographie et les comportements de violence manifestés envers les femmes, il est raisonnable de proposer qu’une relation existe aussi entre la consommation de pornographie et le harcèlement sexuel. En effet, le harcèlement sexuel s’avère être une pratique coercitive et empreinte de pouvoir (Backman & Backman, 1997 ; Fineran & Bennett, 1999 ; Strouse et al., 1993). À cet effet, des chercheurs ont placé sur un continuum les pratiques sexuelles coercitives. Celles-ci débutent avec les remarques sexistes et vont jusqu’au viol (Grauerholdz & Koralewski, 1991 ; Strouse et al., 1993; Stout, 1991). Ce qui signifie que le harcèlement sexuel peut être un précurseur de formes plus sérieuses d’agression sexuelle (Strouse & ai., 1993). Une étude indique également une corrélation positive significative entre le harcèlement sexuel et une échelle mesurant !’acceptation des mythes du viol, soit le « Rape Myth Acceptance Scale » (Reilly, Lott, Caldwell & DeLuca, 1992). C’est pourquoi, il est plus que pertinent de vérifier la relation entre la consommation de pornographie et les comportements de harcèlement sexuel. Il est intéressant de vérifier ce lien chez des adolescents puisque le pourcentage de

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harcèlement sexuel s’avère élevé chez les jeunes fréquentant l’école secondaire (Fineran & Bennett, 1999 ; Strouse et al., 1993).

1.4 Justification de l’intérêt d’une étude chez une population adolescente

Il est pertinent d’étudier les effets de la consommation de pornographie chez des adolescents fréquentant l’école secondaire pour plusieurs raisons. D’abord, le matériel pornographique disponible est de plus en plus considérable et accessible aux jeunes (ex. : internet, films, jeux vidéos, magasines, etc.) (Becker & Stein, 1991 ; Cramer & McFarlane, 1994). À ce sujet, Bryant et Brown (1989) rapportent que 46% des adolescents fréquentant l’école secondaire avaient déjà vu un film pornographique. D’après l’étude plus récente de Check et Maxwell (1992 : cité dans Cowan & Campbell, 1995), 9 garçons sur 10 ainsi que 6 filles sur 10 ont visionné des vidéos sexuellement explicites. Enfin, Cowan et Campbell (1995) soutiennent que 83,3% des garçons de leur étude ont visionné de la pornographie. Ces derniers peuvent donc puiser dans ce matériel pour se renseigner à propos de la sexualité (Cowan & Campbell, 1995 ; Duncan, 1990 ; Poulin, 1993). Finalement, des études révèlent que les jeunes incarcérés pour des crimes sexuels consomment davantage de matériel pornographique que les non criminels (Becker et Stein, 1991; Madrigrano, Robinson & Rouleau, 1997 ; Zgourides, Monto & Harris, 1997). C’est pourquoi le présent projet de recherche vise à étudier la consommation de pornographie auprès d’une population masculine adolescente.

Dans le cadre de ce mémoire, sera plus précisément étudié, le recours à des activités à caractère pornographique.

1.5 Hypothèses de recherche

La présente recherche vise, dans un premier temps, à vérifier l’existence d’une relation entre le recours à des activités à caractère pornographique, chez des adolescents québécois masculins, et les attitudes envers les jeunes filles et la sexualité ainsi que les comportements de violence dans les fréquentations. Dans un deuxième temps, elle vise à étudier la relation entre le recours à des activités à caractère pornographique, chez des adolescents québécois

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masculins, et les comportements de harcèlement sexuel envers les jeunes filles rencontrées en milieu scolaire. Les hypothèses de recherche sont donc les suivantes :

1) Un recours élevé à des activités à caractère pornographique est associé à des attitudes négatives envers les jeunes filles et la sexualité (corrélation négative) ;

2) Un recours élevé à des activités à caractère pornographique est associé à un taux élevé de comportements de violence physique, psychologique et sexuelle envers une partenaire (corrélation positive);

3) Un recours élevé à des activités à caractère pornographique est associé à un taux élevé de comportements de harcèlement sexuel envers des jeunes filles rencontrées en milieu scolaire (corrélation positive).

La présente recherche vise également à examiner l’influence d’autres variables sur les attitudes envers les jeunes filles et la sexualité, les comportements de violence ainsi que sur les comportements de harcèlement sexuel. Il s’agit de l’âge de la première exposition à du matériel pornographique, du nombre de matériel pornographique possédé et du fait de conseiller du matériel pornographique à une personne peu informée sur la sexualité. Voici donc les hypothèses secondaires :

1) Un bas âge lors de la première exposition à du matériel pornographique est associé à des attitudes négatives envers les jeunes filles et la sexualité, à un taux élevé de comportements de violence physique, psychologique et sexuelle envers une partenaire et à un taux élevé de comportements de harcèlement sexuel envers des jeunes filles rencontrées en milieu scolaire.

2) Un nombre élevé de matériel pornographique possédé est associé à des attitudes négatives envers les jeunes filles et la sexualité, à un taux élevé de comportements de violence physique, psychologique et sexuelle envers une partenaire et à un taux élevé de comportements de harcèlement sexuel envers des jeunes filles rencontrées en milieu scolaire.

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3) Le fait de conseiller du matériel pornographique à quelqu’un peu informé sur la sexualité est associé, chez la personne qui offre ce conseil, à des attitudes négatives envers les jeunes filles et la sexualité, à un taux élevé de comportements de violence physique, psychologique et sexuelle envers une partenaire et à un taux élevé de comportements de harcèlement sexuel envers des jeunes filles rencontrées en milieu scolaire.

Afin de vérifier ces relations, une enquête transversale est réalisée. Cette enquête a été menée par Lavoie, Hébert, Vézina et Dufort (2001). Il s’agit donc, dans le cas de la présente recherche, d’une étude secondaire de données. La première étude, présentée au chapitre 2, examine la relation entre le recours à des activités à caractère pornographique, les attitudes envers les jeunes filles et la sexualité et les comportements de violence dans les fréquentations. La seconde, présentée au chapitre 3, étudie le lien entre le recours à des activités à caractère pornographique et les comportements de harcèlement sexuel envers les jeunes filles rencontrées en milieu scolaire. Ces chapitres décrivent les différentes étapes utilisées pour vérifier ces liens. Enfin, !’interprétation des résultats de ces deux études est présentée au chapitre 4.

(23)

CHAPITRE 2

LA PORNOGRAPHIE : LIENS AVEC LES ATTITUDES ENVERS LES JEUNES FILLES ET LA SEXUALITÉ ET AVEC LES COMPORTEMENTS DE VIOLENCE

DANS LES FRÉQUENTATIONS CHEZ UNE POPULATION MASCULINE ADOLESCENTE

Le présent chapitre décrit la méthode ainsi que les résultats de la première étude, soit celle examinant le lien entre le recours à des activités à caractère pornographique, chez des adolescents, et les attitudes envers les jeunes filles et la sexualité ainsi que les comportements de violence dans les fréquentations. La population à l’étude est tout d’abord décrite, suivent ensuite la procédure, les considérations déontologiques, la description des instruments de mesure et la présentation des résultats.

2.1 Méthode

2.1.1 Participants

Au total, 823 garçons acceptent de participer à la recherche. Toutefois, seuls les adolescents ayant fréquenté au moins une partenaire amoureuse au cours des 12 derniers mois font partie de la présente étude. Sur les 459 garçons ayant fréquenté une partenaire, 449 ont complété les questions se rapportant à la pornographie, aux attitudes envers les jeunes filles et la sexualité et aux comportements de violence dans les fréquentations. Ces derniers sont âgés entre 14 et 20 ans (M = 16,39 ; ÉT = ,88). Ils sont recrutés dans quatre écoles secondaires publiques de la région de Montréal (57,7%) et dans une école secondaire publique de la région

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de Québec (42,3%). Le taux de participation est de plus de 95%. Cinquante-trois pour cent d’entre eux sont en quatrième secondaire et 46,4% sont en cinquième secondaire. Quatre- vingt-deux pour cent affirment appartenir à la culture québécoise ou canadienne et 18,2% à une autre culture. Enfin, 26,3% ont doublé une année scolaire.

Soixante pour cent vivent avec leurs deux parents biologiques, 22,1% dans une famille monoparentale, 11,4% avec un des deux parents et leur conjoint, 6,0% en garde partagée et 0,9% au sein d’un autre type de famille. Le degré de scolarité d’au moins un des deux parents se répartit comme suit : environ 5% d’entre eux n’ont fréquenté que l’école primaire, plus du tiers ont réalisé des études secondaires, 25% ont poursuivi des études collégiales et 21% ont fait des études universitaires. Les principales données socio-démographiques des participants sont présentées en Annexe A.

2.1.2 Instruments de mesure

Les participants sont invités à remplir un questionnaire comportant plusieurs échelles. Le recours à des activités à caractère pornographique, les attitudes envers les jeunes filles et la sexualité ainsi que les comportements de violence dans les fréquentations sont les variables évaluées.

2.1.2.1 Recours à des activités à caractère pornographique

L’instrument mesurant le recours à des activités à caractère pornographique est un questionnaire élaboré par Lavoie et al. (2001) (voir Annexe B). Il est inspiré des études dans le domaine (Cowan & Campbell, 1995 ; Cramer & McFarlane, 1994 ; Frable et al., 1997 ; Goldstein & Kant, 1973). Tout d’abord, par le biais d’une échelle auto-révélée, ce questionnaire mesure la fréquence des activités pornographiques. Les participants doivent indiquer le nombre de fois où ils ont eu recours à chaque activité au cours des 12 derniers mois à l’aide de l’échelle de fréquence suivante : (0) jamais, (1) 1 ou 2 fois, (2) 3 à 5 fois, (3) 6 à 10 fois et (4) 11 fois et plus. Des analyses factorielles sont effectuées (logiciel SPSS ; rotation varimax) sur les neuf items répondus par l’ensemble des garçons ayant complété ce

(25)

questionnaire (N = 804 ). Le tableau 1 rapporte les résultats de l’échelle finale composée de huit items. Les résultats mettent en évidence deux principaux facteurs : la pornographie virtuelle (alpha de Cronbach = ,76) et la pornographie interactive (alpha de Cronbach = ,49). La pornographie virtuelle réfère aux images pornographiques et la pornographie interactive renvoie à une participation active du jeune dans des activités pornographiques. Un neuvième item est éliminé, car il sature sur les deux facteurs (item h : se procurer des objets qui ont des images ou des photos pornographiques, érotiques ou de nus). Deux scores représentant les deux sous-échelles sont, par la suite, assignés à chaque participant. Pour obtenir le score de chacune des sous-échelles, il suffit de calculer la moyenne des items la composant. Le score à l’échelle de pornographie virtuelle varie de 0 à 20 alors que le score à l’échelle de pornographie interactive varie de 0 à 12.

Tableau 1

Analyse factorielle du questionnaire mesurant le recours à des activités à caractère pornographique (N=804)

Items

Type d’activités pornographiques

Pornographie virtuelle Pornographie interactive

a Revue pornographique ,81 ,15

c Site pornographique ,76 -,00

d Film pornographique ,74 ,08

b Livre érotique/ porno. ,68 ,21

e Jeu porno sur ordinateur ,48 ,36

g Payer pour échange sexuel -,03 ,82

f Ligne téléphonique érotique ־18 ,70

i Club de danseuses ־18 ,66

h Se procurer matériel porno Λ3 ,52

Racine latente 2,97 1,36

% de la variance 37,10 17,00

(26)

D’autres items complètent le questionnaire : l’âge correspondant à la première activité pornographique, le nombre de matériel que les jeunes possèdent et, à l’aide d’une question « oui ou non » le fait de conseiller ou non du matériel pornographique à une personne peu informée sur la sexualité. L’âge de la-première activité pornographique est une variable continue. Les participants doivent indiquer l’âge qu’ils avaient lors de leur première activité pornographique. Le score réel obtenu varie de 2 à 18 ans. Puisque seulement six participants ont affirmé avoir eu recours à des activités à caractère pornographique en bas âge (2, 4 et 5 ans), ces items n’ont pas été retirés. En effet, il est possible que ces jeunes aient été exposés à du matériel pornographique par !’intermédiaire d’un parent ou d’une autre personne lorsqu’ils étaient très jeunes. Quant au nombre de matériel pornographique possédé, il s’agit d’une variable dichotomique. Le score de « 0 » est assigné aux jeunes ne possédant pas de matériel pornographique ou possédant jusqu’à trois produits pornographiques et un score de « 1 » est assigné aux participants ayant en leur possession plus de trois objets pornographiques. En ce qui a trait au fait de recommander du matériel pornographique à une personne peu informée sur la sexualité, cette variable est mesurée en deux dimensions : oui ou non. Un score de « 1 » est assigné aux participants qui répondent « oui » alors qu’un score de « 2 » est assigné à ceux qui répondent « non ». Enfin, les participants doivent mentionner si de la violence était présente dans les diverses activités auxquelles ils ont eu recours à l’aide d’une échelle en 5 points allant de « toujours avec de la violence » à «jamais avec de la violence ». Néanmoins, cette échelle s’est vu retirée de la présente étude vu le très petit nombre de jeunes ayant rapporté avoir consommé des activités pornographiques impliquant de la violence (n = 18).

2.1.2.2 Attitudes envers les jeunes filles et la sexualité

La mesure des attitudes envers les jeunes filles et la sexualité est un questionnaire développé par l’équipe puisant ses items dans la section XI du « Questionnaire sur les attitudes et les conflits sexuels dans les relations intimes des adolescent-es » (items 1,7, 14, 15, 16, 18, 22, 23, 29, 32, 33, 34, 35 (Poitras, 1995). Cet instrument a été élaboré par la même équipe pour une population adolescente. Cet outil démontre de bonnes propriétés psychométriques (Poitras, 1995). En effet, l’alpha de Cronbach original est estimé à,81 et l’alpha sur cet

(27)

échantillon (N = 468) est évalué à ,77. Il est composé de 13 items décrivant des opinions à propos de la violence sexuelle dans les fréquentations à Γ adolescence. Par la suite, les participants indiquent leur degré d’accord avec l’énoncé à l’aide de l’échelle suivante : (1) tout à fait d’accord, (2) plutôt en accord, (3) plutôt en désaccord, (4) tout à fait en désaccord. Le score assigné à chaque garçon correspond à la moyenne des items. Le score réel obtenu varie de 19 à 52. Un item, posé à la négative, a été inversé (item 12). Un score élevé à cette échelle représente des attitudes positives envers les jeunes filles et la sexualité et, inversement, un score faible est relié à des attitudes négatives envers les jeunes filles et la sexualité. Le questionnaire est présenté à l’Annexe C.

2.1.2.3 Comportements de violence dans les fréquentations

L’instrument mesurant la violence dans les fréquentations est un questionnaire composé de 40 items décrivant des comportements associés à la violence physique, psychologique et sexuelle. Il s’agit du VILLA (Violence faite aux Filles dans les Fréquentations à l’Adolescence) (Lavoie & Vézina, sous presse) (Annexe D). Ce questionnaire a été retenu puisqu’il démontre de bonnes qualités psychométriques et qu’il a été développé et validé auprès d’une population adolescente. Pour répondre au questionnaire, les garçons doivent choisir parmi les relations amoureuses qu’ils ont eu au cours des 12 derniers mois, celle où ils se sont le plus souvent emportés ou celle qui a été le moins bien. Pour ceux qui n’ont eu qu’une seule partenaire au cours des 12 derniers mois, ils doivent se référer à cette relation. Par la suite, pour chaque énoncé, les participants doivent indiquer le nombre de fois où ils ont posé des gestes violents à l’aide de l’échelle de fréquence suivante : (0) jamais, (1)1 ou 2 fois, (2) 3 à 10 fois et (3) plus de 10 fois. Des analyses factorielles (logiciel SPSS ; rotation varimax) sont refaites sur l’ensemble des items composant ce questionnaire répondu par !’échantillon de garçons ayant fréquenté au moins une partenaire au cours des 12 derniers mois (N = 449) parce que l’instrument original a été utilisé auprès d’une population adolescente plus jeune. Le tableau 2 décrit cette analyse factorielle. Les résultats font ressortir quatre principaux facteurs : la violence physique (alpha de Cronbach = ,94), la violence psychologique (alpha de Cronbach = ,83), la jalousie (alpha de Cronbach = ,67) et la violence sexuelle (alpha de Cronbach = ,50). Cette dernière sous-échelle est constituée de

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deux items. La corrélation obtenue est semblable à l’alpha. C’est pourquoi l’alpha a été retenu pour la présente étude. Douze items sont ensuite retirés puisqu’ils saturent sur deux facteurs (violence physique : items 4, 6, 8, 13, 15 et 16 ; violence psychologique : items 2, 8, 11 et 16 ; violence sexuelle : items 3 et 4). La présente étude utilise finalement 28 items regroupés selon les quatre principaux facteurs mentionnés précédemment. Pour obtenir le score de chacune de ces sous-échelles, il suffit de calculer la moyenne des items composant chaque facteur. En ce qui concerne la violence physique (huit items), le score réel obtenu varie de 0 à 16. Celui correspondant à la violence psychologique (13 items) varie de 0 à 30. Quant à la jalousie (cinq items), le score varie de 0 à 13 et enfin, le score de l’échelle évaluant la violence sexuelle (deux items) varie de 0 à 6.

Tableau 2

Analyse factorielle du questionnaire mesurant la violence dans les fréquentations (VIFFA)

(N= 449) Items Facteur 1 Violence phys. Facteur 2 Violence psycho Facteur 3 Jalousie Facteur 4 Violence sexuelle

10 phy. Coup de poing ,96 -,01 ,09 -,00

14 phy. Donner une volée ,96 -,01 ,09 -,00

17 phy. Menacer de tuer ,96 -,01 ,09 -,00

11 phy. Coup de pied ,74 -,02 ,12 ,15

12 phy. Serrer la gorge ,74 ,21 ,05 ,05

5 phy. Lancer un objet ,72 ,16 ,05 ,34

7 phy. Pousser ,57 ,28 -,01 -,10

9 phy. Donner une claque ,49 ,15 ,02 -,10

1 psy. Insulter ,19 ,68 -,04 ,19

6 psy. Critiquer ,06 ,66 ,08 ,05

4 psy. Donner des ordres ,15 ,61 ,15 ,26

18 psy. Menacer de rompre ,05 ,61 ,18 -,05

3 phy. Coup sur le mur ,14 ,58 ,12 -,28

9 psy. Indifférence ,01 ,56 ,19 ,03

14 psy. Blesser sentiments -,07 ,54 ,23 .08

13. Obliger à des actes ,06 ,53 ,33 ,28

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Items Facteur 1 Violence phys Facteur 2 Violence psycho. Facteur 3 Jalousie Facteur 4 Violence sexuelle

2 phy. Lancer objet mur ,23 ,49 ,18 -,40

1 phy. Briser un objet ,23 ,47 -,09 -,23

7 psy. Humilier gens ,15 ,45 ,04 ,20

15 psy. Refus de parler -,04 ,44 -,06 ,14

19 psy. Menace de suicide -,05 . -,03 ,76 ,02

17 psy. Harceler ,07 ,05 ,68 -,00

5 psy. Empêcher voir amis ,13 ,37 ,55 ,15

10 psy. Contrôler horaire ,22 ,32 ,51 ,15

12 psy. Accuser tromper ,12 ,33 ,48 -,09

1 sex. Obliger sexe ,13 ,19 ,16 ,68

2 sex. Substances sexe ,00 ,13 -,04 ,55

Note. Douze items n’ont pas été retenus parce qu’ils saturent sur plusieurs facteurs (voir section 2.1.2.3.)

2,1.3 Procédure

Les questionnaires sont administrés aux garçons en classe à l’intérieur d’un cours d’enseignement religieux ou de morale. Une assistante de recherche désignée pour aller en classe fait part des objectifs de l’étude. Elle demeure sur place pendant la passation du questionnaire. La durée de la passation des questionnaires est évaluée à environ 45 à 50 minutes.

2,1.4 Considérations déontologiques

Les participants répondent aux questionnaires sur une base volontaire et signent le formulaire de consentement de la recherche (Annexe E). Il s’agit majoritairement de personnes mineures de 14 ans et plus. Elles furent à l’époque jugées aptes à donner leur consentement vu l’absence de risque ou d’intervention. Les procédures déontologiques furent changées, par la suite, par les comités de déontologie. Le consentement a également été demandé à la direction de chaque école et il a été obtenu. Aussi, les jeunes ne désirant pas participer à l’étude étaient libres de le faire, mais afín qu’ils ne soient pas étiquetés, le questionnaire leur était quand même distribué et s’ils ne désiraient pas participer à la

(30)

recherche, ils devaient rester en classe et s’occuper de façon à ne pas déranger la classe. Suite à la passation du questionnaire, un échange entre l’assistante de recherche et les jeunes était prévu où l’accent était mis sur les relations sexuelles, les attentes sexuelles des partenaires, la communication, les solutions possibles et les organismes pouvant venir en aide aux personnes victimes. L’assistante de recherche mentionne que toutes les données recueillies sont confidentielles.

2.2 Résultats

2.2.1 Données descriptives

Au total, 94,4% de l’ensemble des garçons ont déjà participé à des activités associées à la pornographie. L’âge moyen correspondant à la première fois où ils ont recours à ces activités est de 12,53 ans et l’écart type est de 2,33. Dix-huit pour cent de ces jeunes possèdent du matériel pornographique (plus de trois produits) et 35,7 % en conseilleraient à quelqu’un peu informé sur la sexualité. Au cours des 12 derniers mois, à une reprise ou plus et pour un geste ou plus vis-à-vis une partenaire amoureuse, 7% des jeunes ont infligé de la violence physique, 77% se sont montrés violents psychologiquement, 33% ont manifesté de la jalousie et du contrôle et 9,1% ont eu recours à la violence sexuelle. Afin de vérifier les hypothèses de recherche, toute occurrence de comportements associés à de la violence physique, psychologique, sexuelle et à de la jalousie convient. L’Annexe F présente les différents tableaux de fréquence des activités pornographiques pour l’ensemble des participants ayant répondu au questionnaire.

2.2.2 Relations entre les variables

Des analyses descriptives ainsi que des analyses de corrélation sont présentées au tableau 3 en ce qui a trait à !’échantillon total (échantillon 1). Les corrélations, entre les variables à l’étude, se révèlent toutes significatives à l’exception de la mesure de la pornographie virtuelle en lien avec la mesure de la jalousie.

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Moyennes, écarts-types et corrélations entre les variables représentant le recours à des activités à caractère pornographique, les attitudes envers les jeunes filles et la sexualité et les differentes formes de violence dans les fréquentations (N = 449)

Echelles M ÉT 1 2 3 4 5 6 7 1. Pornographie virtuelle 5,68 4,04,35*** -,13* ** 1 g*** 24*** ,08 ,12** 2. Pornographie interactive ,75 1,44 -,27*** ך9*** ,38*** ,30*** 24*** 3. Attitudes 40,00 5,87 ןy*** -,36*** _29*** _ן9*** 4. Violence physique ,11 ,68 --- - 34*** 29*** ,15** 5. Violence psychologique 3,84 4,36 . — 32*** ,28*** 6. Jalousie ,67 1,44 — ,23*** 7. Violence sexuelle ,13 ,50 — *g<,05 **pc,OI ***g<,00l

(32)

En ce qui concerne les analyses réalisées sur les variables évaluant l’âge de la première activité pornographique, le nombre de matériel pornographique possédé ainsi que le fait de conseiller du matériel pornographique à une personne peu informée sur la sexualité (échantillon 2), les données de 63 participants sont retirées. Ces derniers n’avaient pas à répondre aux questions évaluant ces variables puisqu’ils ont répondu «jamais» à l’échelle mesurant la fréquence des activités associées à la pornographie. En effet, la phrase suivante était mentionnée dans le questionnaire : « Si tu as répondu jamais à toutes ces activités, ne réponds pas aux dernières questions. » Sur ces 449 garçons, 386 ont répondu à toutes les questions portant sur les différentes variables.

Les résultats des corrélations et des analyses descriptives effectuées sur ce sous- échantillon de participants ayant consommé de la pornographie et étant par conséquent les seuls à avoir répondu aux questions relatives à l’âge, au nombre de matériel ainsi qu’au fait de recommander du matériel, sont présentés au tableau 4. Le même patron de corrélation entre les variables de pornographie, d’attitudes et de violence est retrouvé sauf que le lien entre le recours à des activités pornographiques et la jalousie s’avère maintenant significatif. En ce qui concerne les variables additionnelles considérées, la plupart des corrélations sont significatives à l’exception de quelques-unes. La variable mesurant l’âge de la première activité pornographique ne corréle pas avec les activités pornographiques interactives, avec aucune des formes de violence, ni avec les attitudes envers la violence sexuelle, ni avec l’action de recommander du matériel pornographique à quelqu’un peu informé sur la sexualité. L’âge corréle négativement seulement avec la pornographie virtuelle et le nombre de matériel pornographique. Aussi, aucune corrélation significative n’a été obtenue entre le nombre de matériel pornographique et les attitudes envers les jeunes filles et la sexualité et entre l’action de recommander du matériel pornographique et la violence sexuelle.

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Moyennes, écarts (vue et corrélations cuire les variables indépendantes et les variables dépendantes (11=386)

Lehel les M LT 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

1 .Pornographie virtuelle 5,96 3,86 — ,31*** -,12* ,36*** -,27*** -,13* ,18*** ,23*** ,14** ,13*

2.Pornographie interactive ,76 1,42 -,04 ,25*** -,23*** -,27*** ,38*** ,37*** ,37*** ,27***

3. Âge lc,c activité porno. 12,46 2,30 — -,11* ,06 -,06 -,05 -,07 -,03

-,01 4. Nombre de matériel ,17 ,38 — -,20*** -,08 ,19*** ,19*** ,16** ,20*** 5. Conseiller 1,65 ,48 — ,21*** -,14** -,16** -,23*** -,08 6. Attitudes 39,98 5,79 -,14** -,34*** -,25*** -,19*** 7. Violence physique ,12 ,71 ,29*** ,31*** ,16** 8. Violence psycho 3,94 4,29 —— ,52*** ,30*** 9. Jalousie ,64 1,27 — ,24*** 10. Violence sexuelle ,14 ,53

*P<,05 **p<,01 ***¡)<,001 Les indices de corrélation sont des r de Pearson pour toutes les paires de variables à P exception des variables dichotomiques (nombre de matériel et conseiller) qui sont des indices de corrélation de Spearman.

(34)

2.2.3 Analyses de régression

Tout d’abord, en vue de vérifier la contribution unique des variables mesurant la fréquence des activités pornographiques, chez !7ensemble des garçons, sur la mesure des attitudes envers les jeunes filles et la sexualité ainsi que sur les comportements de violence dans les fréquentations, des régressions multiples sont réalisées. Le niveau alpha pour ces analyses est fixé à un seuil de ,05. Au total, cinq analyses de régression multiple sont effectuées, ce qui inclut les attitudes envers les jeunes filles et la sexualité et les quatre types de violence. Les principaux résultats de ces analyses sont présentés au tableau 5.

Ensuite, afin de vérifier la contribution unique des variables mesurant l’âge de la première activité pornographique, le nombre de matériel pornographique ainsi que le fait de recommander du matériel pornographique, chez les garçons qui ont déjà consommé du matériel pornographique, sur les mêmes variables à prédire, des régressions hiérarchiques supplémentaires sont réalisées. En premier lieu, les mesures de la fréquence des activités associées à la pornographie (pornographie virtuelle et pornographie interactive) sont introduites. Par la suite, les variables suivantes sont entrées : l’âge de la première activité pornographique, le nombre de matériel pornographique et le fait de recommander du matériel pornographique à des personnes étant peu informées sur la sexualité. Le niveau alpha pour ces analyses est fixé à un seuil de ,05. Au total, cinq analyses de régression sont réalisées. Celles- ci sont présentées au tableau 6.

2.2.3.1 Prédiction de la probabilité à entretenir des attitudes négatives envers les jeunes filles et la sexualité et à exercer des comportements de violence dans les fréquentations chez l ’ensemble des participants (N=449)

Les résultats des analyses de régression montrent que seule l’échelle évaluant la fréquence des activités pornographiques interactives apporte une contribution significative dans la prédiction de la tendance à entretenir des attitudes négatives envers les jeunes filles et la sexualité, à infliger de la violence physique, à être jaloux et à exercer de la violence sexuelle dans les fréquentations. Quant à l’exercice de la violence psychologique, les deux types

(35)

d’activités pornographiques apportent une contribution significative. Le pourcentage de variance expliquée varie de ,07 à ,16.

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Régression multiple des variables indépendantes sur la mesure des attitudes envers les jeunes filles et la sexualité et sur les comportements de violence dans les fréquentations chez l’ensemble des garçons (N = 449)

Variables Altitudes Violence physique Violence psycho. Jalousie Violence sexuelle

AR2 p ARZ P ARZ P ARZ ß ־־AR2 p

Étape 1 Q7*** ,16*** 1 3*** Q9*** ,06***

Pornographie virtuelle -,04 ,05 ,12* -,03 ,04

Pornographie interactive -,26*** 37*** 34*** 31 *** ,23***

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2.2.3.2 Prédiction de la probabilité à entretenir des attitudes négatives envers les jeunes filles et la sexualité et à exercer des comportements de violence dans les fréquentations chez les garçons ayant déjà consommé de la pornographie (n = 386)

En ce qui concerne l’analyse de régression hiérarchique effectuée sur les participants ayant consommé de la pornographie (n = 386), les résultats mettent en évidence une contribution significative des activités pornographiques dans la probabilité à entretenir des attitudes négatives envers les jeunes filles et la sexualité, d’où le sens négatif du ,23. Par contre, cette contribution provient essentiellement des activités pornographiques interactives. En ce qui concerne les variables correspondant à l’âge de la première activité pornographique, au nombre de matériel pornographique ainsi qu’au fait de conseiller du matériel pornographique, seule celle mesurant le fait de recommander du matériel pornographique apporte une contribution significative supplémentaire dans la prédiction à entretenir des attitudes négatives vis-à-vis les jeunes filles et la sexualité. Toutefois, le pourcentage de variance expliquée demeure faible (R2 = ,11).

En ce qui a trait à la prédiction de la tendance à poser des gestes violents physiquement, seules les activités pornographiques interactives apportent une contribution significative. Pour ce qui est des variables entrées dans la seconde étape, aucune parmi celles- ci n’apporte de contribution significative dans la prédiction de la probabilité à exercer de la violence physique.

Les résultats de la troisième analyse de régression hiérarchique sur la violence psychologique indiquent une contribution significative des activités pornographiques interactives dans la prédiction de la probabilité à exercer de la violence psychologique. Quant aux variables additionnelles entrées dans la seconde étape, aucune parmi celles-ci n’apporte une contribution significative dans la prédiction de la probabilité à exercer de la violence psychologique.

Les résultats de l’analyse de régression hiérarchique, dans la prédiction de la probabilité à être jaloux, montrent que seule l’échelle mesurant la fréquence des activités

(38)

pornographiques interactives apporte une contribution significative. Parmi les variables entrées dans la seconde étape, seule la variable « conseiller du matériel pornographique » contribue, de façon significative, à prédire la probabilité à être jaloux. Le sens négatif du lien indique que les participants conseillant du matériel pornographique (score de 1) sont davantage jaloux dans leurs relations intimes que ceux ne recommandant pas du matériel sexuellement explicite (score de 2). .

Enfin, quant à la prédiction de la tendance à exercer de la violence sexuelle, seule l’échelle mesurant la fréquence des activités pornographiques interactives apporte une contribution significative. Parmi les variables introduites en deuxième étape seule le nombre de matériel pornographique apporte une contribution significative supplémentaire dans la prédiction de la tendance à poser des gestes violents sexuellement. L’apport de la variance expliquée s’avère cependant être très faible (R2 = ,09).

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Tableau 6

Régression hiérarchique des variables indépendantes sur la mesure des attitudes envers les jeunes filles et la sexualité et sur les comportements de violence dans les fréquentations chez les garçons avant eu recours à des activités à caractère pornographique (n =

386)

Variables Attitudes Violence physique Violence psycho. Jalousie Violence sexuelle

AR2 ß AR2 ß AR2 ß AR2 ß AR2 ß

Étape 1 ,08*** ן^*** ,16*** 12*** ,07*** Pornographie virtuelle -,02 ,03 ,10 -,03 ,00 Pornographie interactive -,23*** 22*** 21 *** ,23*** Étape 2 ,03** ,008 ,007 ,03** ,02 Age 1crc activité -,08 -,03 -,03 ,02 -,02 Nombre de matériel ,007 ,08 ,07 ,04 ,14* Conseiller ,15** -,03 -,04 -,16** -,00 R2 total ,16 ,17 ,12 ,09 *P<,05 **p<,01 ***p<,00l

(40)

CHAPITRE 3

LA PORNOGRAPHIE : LIENS AVEC LES COMPORTEMENTS DE

HARCÈLEMENT SEXUEL ENVERS LES JEUNES FILLES RENCONTRÉES EN MILIEU SCOLAIRE CHEZ UNE POPULATION MASCULINE ADOLESCENTE

Le présent chapitre décrit la méthode ainsi que les résultats de la seconde étude qui consiste à examiner le lien entre le recours à des activités à caractère pornographique, chez des adolescents, et les comportements de harcèlement sexuel dirigés envers les jeunes filles rencontrées en milieu scolaire. La population à l’étude, les instruments de mesure, la procédure ainsi que les considérations déontologiques sont décrits.

3. 1 Méthode

3. 1.1 Participants

Il s’agit des mêmes participants que ceux décrits dans l’étude 1. Toutefois, seuls les adolescents ayant complété toutes les questions se rapportant à la pornographie ainsi qu’au harcèlement sexuel sont retenus pour cette recherche (N = 798). Ces derniers sont âgés entre 14 et 20 ans (M = 16,36 ; ÉT = ,88). Ils sont recrutés dans quatre écoles secondaires publiques de la région de Montréal (62,2%) et dans une école secondaire publique de la région de Québec (37,8%). Cinquante-cinq pour cent d’entre eux sont en quatrième secondaire et 44,8% sont en cinquième secondaire. Soixante-dix-sept pour cent affirment appartenir à la culture québécoise ou canadienne et 22,9% à une autre culture. Enfin, 26,8% ont doublé une année scolaire.

(41)

En ce qui a trait au statut familial, 60,0% vivent avec leurs deux parents biologiques, 20,8% dans une famille monoparentale, 10,1% avec un des deux parents et son conjoint, 7,1% en garde partagée et 1,9% au sein d’un autre type de famille. Le degré de scolarité des parents se répartit comme suit : environ 5% d’entre eux n’ont fréquenté que l’école primaire, plus du tiers ont réalisé des études secondaires, 23% ont poursuivi des études collégiales et 22%des études universitaires. Les principales données socio-démographiques de cet échantillon sont présentées à l’Annexe A.

3.1.2 Instruments de mesure

Les participants sont invités à remplir un questionnaire comportant plusieurs échelles. La consommation de pornographie ainsi que le harcèlement sexuel sont les variables évaluées.

3.1.2.1 Recours à des activités à caractère pornographique

L’instrument mesurant le recours à des activités à caractère pornographique est un questionnaire élaboré par Lavoie et ses collaborateurs (2001) (voir Annexe B). Il s’agit de l’instrument présenté dans la première étude au chapitre 2.

3.1.2.2 Harcèlement sexuel

Le questionnaire sur le harcèlement sexuel est une mesure qui a été développée par Lavoie et al. (2001) à partir des items de ΓAmerican Association of University Women (AAUW, 1993). Cette version a été traduite, modifiée et adaptée pour une population adolescente francophone. La phrase suivante « pour la mettre mal à l’aise » a été ajoutée à certains items afin de préciser le contexte de harcèlement. Cet outil est composé, dans sa forme finale, de 11 items renvoyant à des gestes posés à l’égard des filles depuis l’école primaire (voir Annexe G). Les garçons doivent indiquer le nombre de fois où ils ont fait ces gestes à l’aide de l’échelle suivante : (0) jamais, (1)1 ou 2 fois, (2) 3 à 10 fois, et (3) plus de 10 fois. Des analyses factorielles (logiciel SPSS ; rotation varimax) sont réalisées sur l’ensemble des items répondus par le nombre total de garçons ayant complété ce questionnaire (N = 815).

(42)

Les résultats sont présentés dans le tableau 7. Deux facteurs dominants sont ressortis. Le premier facteur réfère aux paroles harcelantes (alpha de Cronbach = ,78) alors que le second facteur renvoie aux gestes harcelants (alpha de Cronbach = ,80). Deux items sont retirés, car ils saturent sur les deux facteurs. Il s’agit de l’item 3 (écrire un message sexuel (graffiti) concernant une fille sur les murs de l’école ou les portes de salle de bain, de vestiaires, etc.) et de l’item 5 (mimer des messages sexuels). Le score de ces deux sous-échelles (facteurs) correspond à la moyenne des items leur appartenant. Le score de l’échelle mesurant les paroles harcelantes varie de 0 à 12. Quant à l’échelle mesurant les gestes harcelants, le score des participants varie de 0 à 18.

Tableau 7

Analyse factorielle du questionnaire mesurant les comportements de harcèlement sexuel (N = 815 garçons)

Type de harcèlement

Items Harcèlement verbal Harcèlement gestes

1 Farces à caractère sexuel ,79 ,21

6 Traiter une fille de lesbienne ,79 ,15

7 Faire remarques sur corps ,78 ,17

4 Partir rumeur sexuelle ,62 ,21

11 Relever vêtements ,17 ,77

12 Bloquer le passage ,10 ,76

9 Toucher de manière sexuelle ,29 ,74

10 Se frotter ,34 ,70

8 Exhiber parties du corps ,24 ,58

13 Forcer une fille à embrasser ,12 ,49

2 Montrer photos porno. ,10 ,48

Racine latente 4,37 1,35

% de la variance 39,70 12,30

(43)

3.1.3 Procédure

Il s’agit de la même procédure que pour l’étude 1 (chapitre 2).

3,1,4 Considérations déontologiques

Il s’agit des mêmes considérations déontologiques que l’étude 1 (chapitre 2).

3.2 Résultats

3.2.1 Données descriptives

Au total, 92,1% de l’ensemble des participants ont déjà eu recours à des activités associées à la pornographie. L’âge moyen correspondant à la première fois où ils ont recours à ces activités est de 12,53 ans et l’écart type est de 2,33. Dix-huit pour cent de ces jeunes possèdent du matériel pornographique (plus de trois produits) et 35,7 % en conseilleraient à quelqu’un peu informé sur la sexualité. L’Annexe F rapporte les fréquences associées à chaque activité pornographique. En ce qui concerne les comportements de harcèlement sexuel, 56% des garçons ont harcelé une fille depuis l’école primaire au moins une fois de façon verbale et 35% des jeunes ont harcelé une fille depuis l’école primaire, au moins une fois, par les gestes. Les renseignements détaillés sur la distribution de fréquences des questionnaires sont disponibles dans Lavoie et al. (2001).

3.2.2 Relations entre les variables

Des analyses de corrélation effectuées sur les variables évaluant la fréquence des activités associées à la pornographie et le harcèlement sont présentées au tableau 8. Les corrélations se révèlent toutes significatives.

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