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Grâce à son réseau karstique bien développé et à son climat méditerranéen humide, le Liban qui couvre 10,452 km2 de superficie et compte près de 4,5 millions d’habitants (SWEEP-Net,

2010), jouit d’un potentiel hydrique important (Hakim, 1985), se classant ainsi au rang des pays riches en eau au Moyen-Orient. Malheureusement le Liban n’échappe pas aux problèmes liés aux ressources hydriques. En effet son taux de croissance démographique élevé exige une production agricole abondante, pour laquelle la gestion des ressources en eau reste discutable (Zurayk, 2003). Ceci situe le pays dans une situation « d’instabilité » vis-à-vis de ressources en eau (Kouyoumjian & Hamzé, 2012). De plus cette situation est aggravée par l’absence de schéma d’aménagement et de gestion des eaux sur le territoire Libanais.

Comme conséquences, plusieurs aspects de pénurie et de dégradation commencent à apparaître. Cela revient en grande partie à la période de la guerre civile qu’a traversée le Liban durant 20 ans. Plusieurs violations des ressources hydriques (de la zone côtière marine et de l’eau douce) ont eu lieu profitant de la situation instable du pays (SELDAS, 2005). Diverses formes de pratiques illégales ou de « péréquation de fait » selon Féré (2006) se présentaient dans plusieurs régions : environ 42% de pertes sur le réseau d’eau potable alimenté par la source Kadisha sont dues à des branchements illicites. De même, on entend souvent dire que pendant cette période de guerre, les portes étaient ouvertes à de nombreuses dérives. Citons par exemple le cas du lac de Karaoun, construit par l’état pour répondre aux besoins en eau pour la production d’énergie électrique et l’irrigation de la plaine de la Bekaa (Fadel et al., 2014), qui serait devenu durant la guerre un dépotoir de déchets municipaux. Hospitaliers et industriels. Dès lors, on constate que la population résidente dans cette zone souffre de maladies telles les maladies de poumons, le cancer…

Cette situation était suivie par la phase d’après-guerre, durant laquelle la rénovation des infrastructures pour l’alimentation en eau potable penne à se mettre en place, ce qui fait qu’à l’heure actuelle dans de nombreuses régions du Liban, l’eau potable est livrée quotidiennement par camion-citerne par des entreprises privées, eau issue parfois de puits privés ou encore de fontaines publiques pour la collecte d’eau (Féré, 2006).

À cela s’ajoute la mauvaise gestion dans le secteur de l’eau qui manque de systèmes de contrôle, de surveillance, de suivi de l’eau ainsi que les données pour contrôler la qualité et la

14 quantité de l’eau. Dans certains pays tels que la France4, l’Angleterre et l’Allemagne, les données

relatives à l’état des ressources hydriques sont ouvertes au public ainsi qu’aux organismes de recherche, ce qui n’est pas le cas au Liban. De plus, les mauvaises pratiques agricoles, l’industrialisation et l’urbanisation génèrent des pollutions anthropiques de l’eau de plusieurs types (physiques, chimiques et microbiologiques) conduisant à une dégradation de ces ressources.

Encore récemment (2006) le bombardement d’une centrale électrique a provoqué une marée noire de mazout monumentale dont le littoral, la faune, et la flore marine du pays ont mis très longtemps à se remettre. Le type d’évènements comme le tsunami du Japon, qualifiés de catastrophes historiques ponctuelles dans certains pays, sont monnaie courante au Liban (une journée de pluie « classique » à Beyrouth provoque facilement l’ouverture des bouches d’égout… inondant les rues où l’odeur devient irrespirable).

En parallèle aux problèmes liés à la mauvaise qualité de l’eau et sa distribution inégale à tous les citoyens, un pays aussi riche en eau se trouve dans une déficience structurelle du service public de l’électricité (Sanlaville, 1965) en raison de la destruction des réseaux de distribution, mais aussi les branchements sauvages pendant la guerre. De plus, la demande nationale en électricité est de 2300 à 2400 MW et le pays produit environ 1600 MW. Les centrales thermiques de Jiyeh, Zouk, Baddawi Zahrani qui assuraient 88% de la production totale sont devenus vétuste, n’assurent plus cette production. De plus, les centrales hydrauliques (implémentées au niveau du Nahr Litani, Nahr Ibrahim et Nahr el Bared) n’assurent que 4,5% de l’énergie totale du pays. Le pays soufre ainsi d’une crise aigüe sur le plan de disponibilité de l’énergie électrique, et qui affecte non seulement les performances économiques du pays, mais aussi les besoins minimaux et le bien- être de la population qui est en augmentation croissante (MOE/UNDP/ECODIT, 2011).

Les sources de pollution des ressources hydriques qu’elles soient d’origine industrielle, hospitalière, agricole ou domestique, sont toutes d’origine humaine et sont présentes dans tous les pays du monde. Mais au Liban du fait de l’historique, de l’infrastructure ancienne et de la démographie croissante, plusieurs de ces sources reflètent une situation critique. La situation la plus courante au Liban est le cas des fosses septiques qui ne sont pas aux normes (fosses à fond perdu) dans plusieurs régions (Chekka, Amioun et Baakline) engendrant une pollution des

15 ressources de la nappe phréatique (Féré, 2006 ; Ghosseini, 2007). Les hôpitaux ont longtemps travaillé sans contrôle, mais récemment les ONG en coopération avec le MoE et d’autres ministères les contrôlent régulièrement, et depuis quelques années, des plans de traitement des déchets hospitaliers ont vu le jour. Citons également l’utilisation incontrôlée des engrais, des insecticides et des pesticides en vue d’obtention d’une production massive pouvant répondre à la demande. Et enfin avec l’arrivée de plus d’un million de réfugiés, la population a augmenté largement en l’espace d’un an, augmentant la consommation en ressources de manière considérable, mais aussi les déchets et les rejets des effluents domestiques, etc.

Comme résultat, des milliers de substances chimiques arrivent dans les rivières entraînant la dégradation de ressources. Certes, certaines de ces substances existent naturellement dans des concentrations données, mais une fois leurs concentrations naturelles dépassées, elles commencent à devenir nuisibles aux organismes vivants. De plus, une grande partie des polluants, notamment les ETM, émis par les activités agricoles et industrielles et le trafic routier dont, sont transportés parfois sur de longues distances par les aérosols atmosphériques et retombent ensuite sur les écosystèmes terrestres et aquatiques. Ces retombées atmosphériques représentent ainsi des apports diffus de polluants sur la végétation, les cultures et les sols, apports qui peuvent ensuite être lessivés et transférés vers les nappes souterraines et vers les eaux de surface (sources, rivières, lacs…). Ces substances peuvent affecter la population tout entière ainsi que la composition chimique et biologique de l’écosystème. Dans certaines conditions, elles peuvent être entraînées dans la colonne d’eau et se voir piégées dans les sédiments de rivière. Ce phénomène constitue une barrière à l’auto amélioration ou l’auto-épuration de la rivière. Or, l’interface de la colonne eau-sédiment joue un rôle primordial dans la distribution des substances chimiques naturellement présentes. L’accumulation des polluants dans les sédiments de fond des systèmes aquatiques et le piégeage, même temporaire, de ces substances dans ces sédiments sont l’un des facteurs les plus importants dans la régulation de la concentration en polluants dans les systèmes aquatiques.

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