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2.3. Deuxième étude de cas : Basile

2.3.2.2. Scolarisation et orthophonie

2.3.2.2.2. Équipe éducative

→ le 15 mars 2011, avec l'infirmière de Pom'd'Api

Cette équipe éducative souhaitée par les parents avait pour objectif de faire le point sur les difficultés et progrès de l'enfant au sein de l'école et sur les différentes prises en charge associées.

Personnes assistant à la réunion : - Directrice de l'école maternelle - Enseignante de l'enfant

- Orthophoniste libérale

- Infirmière de l'unité Pom'd'Api et stagiaire orthophoniste - Mère de l'enfant

Les échanges tout au long de la réunion se déroulent selon les remarques et questionnements des différents intervenants. Un temps de parole est également consacré à chacun pour faire le point sur les observations à l'école, au domicile, et en séances.

Rappel des éléments par les différents intervenants

• DOMICILE

La maman de Basile a peur de la vulnérabilité de son fils face aux autres enfants.

Par ailleurs, elle se demande comment aider Basile à accepter de changer de cour de récréation l'année prochaine. Jusqu'ici, il refuse toujours d'y passer en rentrant de l'école.

La maman évoque la gestion de la colère qui peut être difficile pour Basile. Il se bagarre avec son papa et son petit frère.

Basile semble mettre en pratique au quotidien ce qui est travaillé au sein du groupe Pom'd'Api, mais parfois encore de façon assez rigide selon sa maman. Par exemple, quand un inconnu répond « enchanté » à son bonjour, Basile lui rétorque que ce n'est pas ce que l'on dit quand on rencontre quelqu'un. Pour lui, il faut répondre « bonjour » et il n'y a pas d'autre alternative.

Enfin, elle remarque que Basile fait preuve de davantage de spontanéité à la maison et qu'il commence à pouvoir raconter ce qu'il fait.

• ECOLE

La directrice de l'école et l'enseignante de l'enfant n'ont pas le sentiment que les autres élèves voient Basile comme un enfant différent. De plus, cette école accueille plusieurs enfants en situation de handicap. Les élèves sont donc très tôt confrontés à la différence et apprennent la tolérance.

L'enseignante rappelle que Basile peut se sentir perdu dans l'espace. Il a également refusé d'aller dans la cour de récréation de l'école primaire. Il faut donc l'accompagner progressivement dans cette nouvelle cour afin qu'il s'y prépare avant son entrée en CP. En fin d'année scolaire, il est prévu que les élèves de grande section passent certaines récréations dans la cour du primaire. Les professionnels proposent également à la maman d'y aller avec son fils à la moindre occasion (pour y acheter des gâteaux...). La directrice rappelle que la cour de récréation pour les enfants du primaire est très codée, avec un certain nombre de règles inscrites sur un tableau, ce qui devrait plaire à Basile. Même si cette cour est plus grande, elle est sectorisée, ce qui apporte un côté rassurant.

DENIS-QUEINEC, A., 2011 Organisation des partenariats et de la prise en charge explique que beaucoup de garçons de grande section jouent à la bagarre dans la cour. A la maison, Basile reproduit sans doute ce qu'il voit à l'école et cela ne semble pas inquiétant.

A l'école, Basile est maintenant capable d'évoquer des événements grâce au cahier de vie dans lequel sa maman écrit. Au début il lisait toute la page à ses camarades, mais il peut maintenant se détacher du texte grâce aux mots importants écrits en gras.

• UNITE POM'D'API

Les différents éléments décrits précédemment dans le compte-rendu des observations faites au sein du groupe Pom'd'Api ont été abordés (regard, jeu de

faire semblant, lenteur, sensibilité aux félicitations, compréhension des notions implicites...). Lors de la réunion, les diverses remarques des intervenants ont

permis de mettre en évidence les points à aborder avec Basile au sein du groupe : - le choix des activités en cour de récréation : que fait-on dans une cour de primaire ? La cour de récréation fait partie des lieux les plus difficiles à apprivoiser par ces enfants, contrairement à la classe où les activités sont rapidement structurées.

- les nuances : travailler et expliciter les notions abstraites qui sont souvent difficiles à appréhender par ces enfants.

- les demandes : travailler la spontanéité et la rapidité des demandes.

- les changements : proposer des variantes dans les jeux pour l'aider à doucement accepter les changements et l'ouvrir sur d'autres choses, tout en continuant de faire des liens avec ce qu'il connaît pour le rassurer.

• ORTHOPHONIE

Basile est suivi en libéral, à raison d'une séance hebdomadaire d'une heure. L'objectif principal de la rééducation vise les habiletés pragmatiques, Basile n'ayant pas de difficulté au niveau langagier et maîtrisant les pré-requis au langage écrit. Il est très bon en métaphonologie. En effet, bien qu'il ait appris à lire seul, il n'utilise pas uniquement la procédure d'adressage et a un très bonne

représentation phonologique des mots.

Maintenant, il peut s'en détacher et ne le réclame plus à chaque séance. L'objectif de l'orthophoniste est de supprimer progressivement ce programme de séance. Elle essaie notamment d'ajouter une surprise en fin de séance, pour amener Basile au

changement et lui montrer que tout n'est pas toujours prévu à l'avance.

Comme au sein du groupe Pom'd'Api, Basile choisit ou suggère toujours le

même jeu. Il accepte cependant sans difficulté que l'orthophoniste ne choisisse pas

ce jeu pour la séance. L'orthophoniste a également observé que Basile acceptait de perdre, mais non sans une certaine déception. Il a tendance à désinvestir les jeux ou activités où il est moins performant. Dès qu'il gagne, il reprend confiance en lui et se réapproprie volontiers le jeu. L'orthophoniste a remarqué qu'il progressait dans ses stratégies et qu'il pouvait prendre en compte son partenaire de jeu. De plus, il commence à prendre sa place dans les échanges. Il entre dans le jeu de faire

semblant, mais il reste difficile pour lui d'inventer un scénario avec des

personnages.

Basile prend plus d'initiatives au niveau du corps et du verbal : - initiatives gestuelles (exemple : rapproche sa chaise du bureau) - initiatives verbales (donne son avis, ses préférences)

Il est capable de demander de l'aide et peut solliciter l'orthophoniste quand il a besoin de quelque chose. Ses réponses sont encore parfois décalées mais il évolue très positivement depuis quelques mois. Il se positionne d'avantage, et entre dans

les échanges. Avec l'accord des parents et professionnels, l'orthophoniste propose

de réduire le suivi à une séance de trente minutes par semaine.

Conclusion

Comme indiqué dans la présentation générale de l'enfant, nous identifions bien chez Basile des troubles de la communication verbale et non verbale (difficultés dans la compréhension de l'implicite, la demande d'aide...) et de la

socialisation (peu de relation avec les autres enfants...), particularités retrouvées

dans la triade autistique. Nous observons également des spécificités propres au fonctionnement de certains enfants avec TED (recherche d'immuabilité, rigidité par rapport aux règles, rétention et utilisation de termes complexes pour son âge...). C'est un enfant par ailleurs doué de bonnes capacités intellectuelles qui ne présente

DENIS-QUEINEC, A., 2011 Organisation des partenariats et de la prise en charge pas de troubles manifestes du comportement contrairement à l'enfant de la précédente étude de cas.

Bien que Basile ait encore besoin d'être guidé dans ses jeux et activités, il fait beaucoup de progrès depuis quelques mois dans tous les lieux de vie, notamment au niveau de la prise d'initiatives. Il est progressivement passé du poste d'observateur à celui d'acteur. Il entre dans les interactions avec les autres et a réellement envie de s'identifier aux enfants de son âge.

Une équipe de suivi, avec le cadre du SESSAD Mille Sabords, est programmée au mois de mai pour faire un bilan de l'année scolaire, préparer l'entrée de Basile à l'école primaire et parler de la prise en charge au SESSAD TED prévue pour janvier 2012.