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1.2 L'interaction de Dzyaloshinskii-Moriya

1.3.2 Énergie de paroi

Après calcul, en ne prenant en compte que l'énergie d'échange et de l'anisotropie, avec un prol de Bloch, une paroi de domaines a une énergie de :

σ0 = 4pA Keff (1.32)

σ0présente le surcoût dû à une paroi de domaines par rapport à l'état d'aimantation saturé. L'énergie de paroi est exprimée en mJ/m2, c'est une énergie surfacique et donc l'énergie totale d'une paroi est directement proportionnelle à la surface de l'interface séparant les deux domaines magnétiques.

Dans la suite, je présenterai les eets des autres interactions magnétiques mais en ne considérant que le cas d'une paroi dans un lm ultramince. Le prol de la paroi sera choisi de telle façon que θ corresponde au prol d'une paroi de Bloch et que φ soit un angle constant qui dépendra des diérentes interactions magnétiques.

1.3.2.1 Avec l'interaction dipolaire

Si on ne prend pas en compte l'interaction dipolaire, une paroi de Bloch et une paroi de Néel ont les mêmes coûts énergétiques. Avec la présence de l'interaction dipolaire, la diérence d'énergie entre une paroi de Néel et de Bloch provient de l'angle φ. Si φ = ±π/2 la divergence de l'aimantation est nulle alors qu'elle est non nulle pour φ = 0 ou π. Dans le second cas il y aura alors la présence d'un champ dipolaire provenant de charges ma-gnétiques de volume. La présence d'un champ dipolaire va systématiquement présenter un surcoût pour l'énergie dipolaire. Pour un système à anisotropie perpendiculaire, sauf sous certaines conditions9, les parois de domaines vont former des parois de Bloch où l'aiman-tation tourne dans le plan de la paroi, c'est-à-dire φ = ±π/2.

Pour quantier le surcoût d'une paroi de Néel par rapport à une paroi de Bloch il est nécessaire d'estimer le champ démagnétisant. Pour une paroi de dimension nie, la façon habituelle est de supposer que la paroi forme un cylindre uniformément aimanté [26] (voir la gure 1.7). Les dimensions de ce cylindre virtuel sont alors de t et πλ et w. t représente l'épaisseur de la couche magnétique, πλ correspond à la largeur physique de la

9. Principalement avec la présence de l'interaction de Dzyaloshinskii-Moriya et pour des nano-ls d'une taille comparable à quelque fois la largeur d'une paroi.

y

(>t)

t

z

H

dx

- +

- λ+

x

Figure 1.7  La paroi de Néel vue en coupe crée un champ démagnétisant (Hdy) qui stabilise une paroi de Bloch. L'ellipse verte correspond au cylindre utilisé pour modéliser le champ dipolaire. Image en provenance de [26].

paroi10 et w la longueur de la paroi11. Les coecients démagnétisants s'écrivent dans ce cas comme [26,60] :

Nx= t

t + πλ ; Ny= t

t + w (1.33)

Pour un lm étendu, Ny est nul. Dans ce cas le champ démagnétisant dans la paroi (Hdy

dans la gure1.7) est alors égal à −MsNxcos φ. L'énergie dipolaire dans la paroi est alors telle que : σ(φ) = 1 2µ0M 2 s t t + πλπλ cos 2φ (1.34)

Pour un système à anisotropie perpendiculaire, il est donc préférable d'avoir une paroi de Bloch (φ = ±π/2) à cause du champ dipolaire.

Par rapport à une couche épaisse le coecient démagnétisant Nxest réduit ; on a souvent une paroi large par rapport à l'épaisseur du lm (λ  t) dans une couche mince.

1.3.2.2 Avec un champ planaire faible

L'application d'un champ extérieur perpendiculaire à l'axe de facile aimantation va aussi modier l'énergie des parois de domaine. Si le champ appliqué est faible par rapport au champ d'anisotropie, l'aimantation dans les domaines est peu modiée. L'énergie liée au champ planaire est :

σHip(φ, ψ) =−πλµ0MsHipcos (φ− ψ) (1.35) Où Hip est l'amplitude du champ extérieur planaire et ψ correspond à la direction du champ planaire. Dès que Hip est non nul et que ψ 6= ±π/212; les deux congurations possibles pour la paroi de Bloch qui était stabilisées par l'énergie dipolaire dans la paroi ne sont plus dégénérées.

Le facteur πλ apparait comme la largeur physique de la paroi. On aurait eu le même

10. λ étant le paramètre de largeur de paroi. 11. qui correspond à la largeur des nano-ls.

1.3 PAROI DE DOMAINES 19 résultat pour l'énergie de Zeeman en considérant la paroi comme une feuille d'une épaisseur πλ aimantée dans le plan.

1.3.2.3 Avec l'interaction de Dzyaloshinskii-Moriya

L'eet de l'interaction de Dzyaloshinskii-Moriya se calcule en réutilisant l'équation 1.26. Pour une paroi de domaine on trouve alors :

σDMI(φ) =−πD cos φ (1.36)

Le facteur π est directement lié au fait que l'angle θ couvre un angle π en passant d'un domaine haut à un domaine bas. Contrairement à l'interaction dipolaire qui favorise des parois de Bloch, l'interaction de Dzyaloshinskii-Moriya favorise des parois de Néel avec une chiralité xe. L'unicité de la chiralité dière par rapport à des parois de Néel dans des nanols qui seraient stabilisées par l'interaction dipolaire. C'est une particularité de l'interaction de Dzyaloshinskii-Moriya [44,47,61,62].

Lorsqu'on compare l'expression de l'énergie de paroi due à l'interaction de Dzyaloshinskii-Moriya (σDMI) et l'énergie due à un champ planaire on peut remarquer que les deux ont la même forme, en cos φ. On parlera alors souvent de champ de Dzyaloshinskii-Moriya eectif qui, par identication avec l'énergie due à un champ planaire s'exprime comme :

HDMI= D

µ0Msλ (1.37)

Ce champ eectif est orienté suivant la normale à la paroi de domaine et son sens dépend de l'orientation de la paroi de Néel. Une paroi de domaine qui va du haut vers le bas ou une paroi de domaine qui va du bas vers le haut donneront des orientations opposées pour le champ de Dzyaloshinskii-Moriya eectif13.

L'interaction de Dzyaloshinskii-Moriya réduit aussi l'énergie de la paroi. On trouve pour une paroi de domaine en utilisant uniquement l'interaction d'échange, de Dzyaloshinskii-Moriya et d'anisotropie :

σ = 4pA Keff − πD (1.38)

Il existe donc une valeur pour laquelle l'énergie de la paroi de domaine sera négative. Au delà de cette valeur critique pour D l'état d'aimantation uniforme n'est plus stable et l'état à rémanence s'apparente à une spirale de spin. La valeur critique Dc est donnée par :

Dc= 4 π

p

A Keff (1.39)

Comme l'énergie de paroi est réduite d'un terme πD la taille des domaines magnétiques est réduite aussi. On peut ainsi atteindre une densité de paroi plus importante [52,63], de sorte qu'une mesure de la densité de paroi de domaine peut donner une indication semi-quantitative de l'amplitude de l'interaction de Dzyaloshinskii-Moriya lorsque les paroi ont un faible coût14 . Il est toutefois nécessaire de connaitre la raideur d'échange pour le sys-tème.

1.3.2.4 D'une paroi de Bloch à Néel : champ dipolaire contre champ de Dzyaloshinskii-Moriya

D

W

m

o

m

e

n

ts

(

n

m

)

x

y

5

10

15

2D calc.

"

q- model

0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3

D

c

y

x

D (mJ/m²)

φ

Figure 1.8  Évolution de la somme suivant l'épaisseur de la paroi des moments ma-gnétiques normalisés en fonction de la valeur de l'interaction de Dzyaloshinskii-Moriya. L'orientation de l'aimantation dans la paroi passe d'une conguration de Bloch (D = 0) à Néel (D > Dc⊥). Image en provenance de [20].

Le champ dipolaire et l'interaction de Dzyaloshinskii-Moriya ont des eets qui s'op-posent : alors que le champ dipolaire favorise une paroi de Bloch, l'interaction de Dzyaloshinskii-Moriya favorise une paroi de Néel. La transition entre une paroi de Bloch et de Néel passe par un état hybride entre une paroi de Bloch et de Néel (voir gure1.8). L'angle de l'aiman-tation au c÷ur de la paroi est alors relié à l'interaction de Dzyaloshinskii-Moriya [20, 64] et la paroi devient une paroi de Néel pour D > Dc⊥[20] :

Dc⊥= π Nxµ0M 2 s (1.40) HDMI c⊥= 2 πNxMs (1.41)

Avec un champ planaire orienté suivant l'axe de la paroi, les valeurs de champ pour

1.3 PAROI DE DOMAINES 21 quelles la paroi devient une paroi de Néel vérient [65].

|Hx+ HDMI c⊥| > 2

πNxMs (1.42)

Au nal on trouve pour l'énergie d'une paroi de domaines en tenant compte des inter-actions d'échange, dipolaire, de Dzyaloshinskii-Moriya et avec un champ dans le plan :

σ (φ, ψ) = σ0+ 1 2µ0M 2 s t t + πλπλ cos 2φ− πλµ0MsHipcos (φ− ψ) − πD cos φ (1.43) Dans cette équation la largeur de la paroi λ est supposée inchangée. Un calcul variationnel pour estimer la largeur de la paroi en supposant un prol de Bloch (équation 1.31) peut aussi permettre d'avoir l'évolution de la largeur de la paroi en fonction des diérents paramètres [66]. Ce point sera discuté plus en détail en début du chapitre 5.