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A)4) Les éléments qui relativisent : culture, personnalité et situation

les enjeux liés à la violence dans la classe et à la définition des experts

I) A)4) Les éléments qui relativisent : culture, personnalité et situation

La définition d’Yves Michaud précitée, qui fait encore aujourd’hui autorité, ouvre néanmoins au relativisme. En fait, elle ne peut qu’entériner ce que l’ensemble des auteurs, avec Chesnais, pressent : on ne peut enfermer la violence, dans son essence, sa définition ou ses manifestations dans un moule déterminé une fois pour toute. D’ailleurs, il nous l’indique clairement : “il faut se préparer à admettre qu’il n’y a pas de discours ni de savoir universel sur la violence : chaque société est aux prises avec sa propre violence selon ses propres critères et traite ses problèmes propres avec plus ou moins de succès” (Michaud, 1987, p.12-13). Après Crubellier (1979) et Chesnais (1981), le phénomène de la relativité historique et géographique est à nouveau affirmé (Debarbieux, Tichit, 1997, p.159). De plus, Chantal Nodot (2000) montre qu’au cours du Xxème siècle dans la société française, la violence n’est pas distribuée de façon équivalente ni entre les classes sociales, ni surtout entre les catégories, les femmes et les enfants étant bien souvent les premières et principales victimes. Les rencontres internationales de Genève (1999)27 insistent quant à elles sur le fait que les violences d’aujourd’hui ne sont pas neuves et qu’elles s’inscrivent dans une filiation, humaine, sociale, institutionnelles ou politique.

Histoire, situation, culture de groupe ou individuelle, expériences sont autant d’éléments qui contextualisent dans une époque, mais également dans une situation. Cette définition indique que la complexité réside également dans la relativité des violences et des transgressions en fonction des codes sociaux, des systèmes de valeurs établis, de la perception que l'on a de la nature humaine et de la nature des relations à entretenir avec les autres membres de la communauté. On touche ainsi ici les limites des définitions qui se voudraient universelles, car l'appréhension de la violence dépend largement des critères qui sont en vigueur d'un groupe à l'autre pour caractériser ce qui est normal ou ne l'est pas. La volonté de définir de manière absolue la violence relèverait même d’une erreur fondamentale, idéaliste et sans ancrage historique, donc sans réalité. Au contraire, la définir consisterait plutôt à montrer

“comment elle est socialement construite, dans sa désignation même, comment son champ sémantique s’élargit, au point d’en faire une représentation sociale centrale” (Debarbieux, Montoya, 1998, p.94).

27 Textes publiés sous la direction de Jean-claude Frachebourg (2000).

Chaque situation, chaque groupe aurait sa propre définition de la violence et ce fait culturel et contextualisé expliquerait de nombreuses incompréhensions et méprises dans le traitement de la violence, au sein de sociétés qui sont de plus en plus pluri-culturelles. C’est d’ailleurs ce que met en évidence Hébert (1991, p.16) quand il constate que “ les définitions de la violence reposent sur des constructions, des normes et des valeurs relatives. (…) Dans ce contexte, la frontière entre le permis et l’interdit demeurerait relativement fragile.”. Ce qui est avéré pour un groupe ethnique ou social l’est également suivant d’autres critères : par exemple, “la violence du verbe n’est pas perçue de la même manière par les élèves, qui la minimisent, que par les enseignants, qui la surévaluent” (Debarbieux, 1996a, p.37).

Ainsi, l'étude du phénomène nous pousse à considérer d'un côté, divers problèmes sociaux et de l'autre la personnalité humaine prise dans son unité et sa totalité. La violence n'est en somme pas marginale car elle enveloppe tout l'individu et toute la société. Qu'elle soit réelle ou fantasmée, elle est toujours relative à l'individu et à son environnement, toujours personnelle et subjective.

Mais un horizon philosophique différent s'ouvre si on accepte de déplacer quelque peu la signification du concept de violence en mettant l'accent sur l'idée de violation de la personne.

C'est ce à quoi nous invite Holmes, qui accepte à la fois les définitions restreintes (impliquant le recours à la force physique) et élargie (atteinte à l'intégrité des personnes) et surtout Newton Garver. Plutôt que de penser la violence en insistant sur la nature de la force exercée et sur l'agent qui l'exerce, l'auteur de "What violence is ?" met en avant les effets de cette force sur celui qui la subit28. En somme, et la distinction est de taille, l'attention se déplace de l'auteur de la violence à la victime de celle-ci. Peu importe alors le recours à la force physique ou l'intention de faire violence. Ce qui compte, c'est la violation de la personne. Garver montre alors que chaque type de violence possède à la fois des formes personnelles et des formes institutionnalisées. L'exposé de Garver, tel qu'il est présenté a son utilité. Il nous fournit un moyen commode d'envisager une gamme très large et très diversifiée de violences potentielles faites à un être humain. Envisagées du côté de la victime, les normes seront parfois collectives (quand elles seront observables), le plus souvent individuelles et personnelles, en termes de ressenti et d'interprétation. En effet, le sentiment d’être violenté

28 GARVER (N.). - What Violence is ?, The nation, 209, 24 juin 1968, P.817-822, cité par Thomas Platt - Emplois descriptifs et polémiques du concept de violence, in RISS, n°132, mai 1992, p.186, et surtout par Robert Litke dans violence et pouvoir, RISS, mai 1992 p.176.

qu’on pourrait conceptualiser en symétrie et en analogie avec un sentiment d’insécurité opère puissamment sur les individus au point qu’ “il n’y a pas d’un côté la vraie violence et de l’autre l’imaginaire, mais une dialectique entre des représentations sociales qui classent des faits qui rentrent plus ou moins bien dans des grilles de classification” (Roché, 1995, p.20).

Cette approche introduit déjà la perspective d’une violence en réponse, à partir d’éléments parfois longuement intériorisés, une violence qui “nous en dit plus sur les sujets qui l’éprouvent que sur les conduites qui la motivent” (Dubet, 1998, p.35).

Acceptable pour la violence visible, cette remarque en terme de ressenti semble l'être plus encore en ce qui concerne l'atteinte morale, impossible à imaginer sauf à référer à son propre système de valeurs, de douleurs ou souffrances morales, envisagée d'un point de vue intra-personnel, au-delà même de son groupe d'appartenance. Le caractère extrêmement voire excessivement relatif de la violence apparaît alors avec cette formule qui stipule que "toute atteinte actuelle à ce registre intégré n'est rien d'autre qu'une violence faite à mon moi, à ma personne, à mon identité" (Joyeux, 1996, p.31). Ainsi, la violence n’est-elle pas forcément une série de faits objectivables, totalement repérables et descriptibles par un observateur extérieur selon une taxinomie arrêtée. Il n’existe plus obligatoirement de “coupable”, ni d’intention de violence, et pourtant la violence est, elle, bien présente. Elle peut n’être ressentie comme telle que par celui qui en souffre, simplement parce qu’elle est ressentie par un individu qui devient alors une victime, ou par un observateur qui interprète un fait. Dans cette perspective, elle devient davantage un pour soi plus qu’un en soi (Debarbieux, 1990a, p.19 ; Debarbieux, 1991 ; Carra, Sicot, 1996 ; 1996a, p.38). Ce point de vue a tendance à concurrencer aujourd’hui celui de la violence symbolique invisible, telle qu’elle a été théorisée par Bourdieu et Passeron (1970). Cette approche permet aussi, au-delà d’une position subjectiviste, de regrouper selon des catégories sociales et des placements institutionnels les faits qualifiés de violence par les acteurs sociaux eux-mêmes qui les subissent, les agissent ou en sont les témoins (Debarbieux, Montoya, 1998, p.108).

Ce qui relève du vécu, de l'expérience personnelle inscrite au plus profond de soi et interprétée en fonction de codes intimes et uniques se situe en début de la grande chaîne qui relève de la violence. L'imaginaire, le fantasme, l'inconscient jouent ainsi pour une part importante. La violence est dans son essence "un geste théâtral" par lequel un sujet ou une communauté joue la toute-puissance dans une situation d'impuissance. Sartre, dans son

"Esquisse d'une théorie sur les émotions", tient des propos analogues sur la colère (Sartre,

1965). Pour lui, autrui, qui est le même que moi, devient mon ennemi absolu, double démoniaque, quand s'affrontent nos désirs dans l'élément de la rareté. La violence épouse la démesure et l'impatience du désir. Elle apparaît comme un désir qui refuse de différer le plaisir et refuse les demi-mesures et les compromis exigés par le principe de réalité. Elle apparaît aussi mue par le ressentiment, tous les compromis et toutes les frustrations accumulés dans le passé. Elle trouve plaisir à faire place nette, à se débarrasser des contrariétés. Elle vise à l'élimination des limites de la toute puissance narcissique. Elle est l'instrument qui assoit sa puissance "les gens que je vois... je les fige en objets, je suis par rapport à eux comme autrui par rapport à moi. En les regardant, je mesure ma puissance" (Sartre, 1943). Dans cette exaltation du moi, elle recherche l'illusion de la disparition des contraintes.

Pour René Girard, la violence est somme toute banale, elle est le moteur même du désir humain, elle l'accompagne. C'est au moment où pèse sur un objet, au sens psychanalytique du terme, le désir d'un autre, que mon désir se structure et s'installe. Le désir est un drame culturel à trois termes où l'un et l'autre veulent la même chose, dans la concurrence et rivalité, "mimétique". Le désir mimétique de l'autre engendre le désir des mêmes objets et ouvre un monde de violence, que seule, l'apparition d'un bouc émissaire, une victime sacrificielle pourra enrayer. En son absence, dans le "face à face" avec un double mimétique, vont s'exprimer toute la complexité, l'originalité et le mystère du psychisme humain. "La mimésis du désir engendre ainsi le conflit" (Girard, 1972, p.204). Bernard Lampert (2000) reprend cette idée et montre sa permanence et son évolution dans une comparaison des violences d’hier et de celle d’aujourd’hui puis en mettant en parallèle les violences politiques et la ritualisation de la violence au sein du religieux.

Ce conflit avec le double permet d'exister en même temps qu'il risque de détruire. Sa mort entraînerait celle de l'autre dans la mesure où l'un n'existe que par le regard de l'autre. Et quand la violence s'exerce c'est "que la peur d'inexister va de pair avec la peur que l'autre cesse d'exister" (Sibong, 1995, p.59). L'existence de l'Autre devient alors aussi indispensable qu'intolérable. Quand la situation se referme, l'alternative est simple, simpliste : c'est lui ou moi. C'est en cela que Daniel Gonin peut écrire que "la violence est toujours bifide, tournée et sur l'autre et sur soi (1994, p.5). Mais la violence apparaît aussi dans une relation objectivante de l’autre. Considérer l’autre comme un objet, et non comme un sujet, c’est poser les bases d’une relation manquée, violente car négatrice de ce qui fonde l’humanité des personnes : leur position de sujet dans la relation.

La violence apparaît donc comme une construction culturelle, qui prendrait en compte les interactions de la personnalité et de son environnement au sens large (éducation, vie sociale...). Le comportement violent doit être en effet considéré comme "un révélateur d'une façon individuelle et historiquement constituée d'appréhender les situations et les événements et d'y faire face afin de les maîtriser" (Karli, 1987). Il en découle que la violence est également toujours contextualisée. Elle émerge à un moment donné, plus ou moins soudainement. C'est la situation qui fait apparaître la violence. Et la situation est toujours particulière. Une situation de trop forte angoisse postule un agresseur que souvent il faudra trouver. L'apparition de la violence est donc liée à une personnalité particulière, en même temps qu'à une situation. "C'est le peu de maîtrise devant l'angoisse qui va faire basculer la situation" (Pain, 1996, p.24), ce qui explique que pour le même individu, une même situation aboutira tantôt à la violence, tantôt pas. On retrouvera, dans une situation donnée, des éléments qui vont déclencher l'engrenage de la violence. La situation fait immanquablement intervenir un tiers, qu'il soit présent ou non lors du déclenchement de la violence. C'est l'interprétation des intentions de ce tiers qui provoquera le plus souvent l’émergence ou non la violence. La violence s'inscrit donc dans la relation, parfois mal comprise ou mal interprétée, toujours mal vécue. La situation violente devient "une situation problématique qui se referme sur le désir et la relation, et qui se mue en situation de force" (Pain, 1994a, p.1037). Elle renferme "toute la problématique... de la relation duelle, où la triangulation ne prend pas"

(Pain, 1993, p.147).

Ainsi, "le contexte conditionne ; la situation condense ; et le sujet décide, dans une relation difficile, d'un comportement en fait intersubjectif" (Pain, 1994a, p.1037). Le contexte rentre en relation avec la personnalité de l'individu qui va agir (ou réagir) de façon violente, toujours en fonction de ce qu'il est, de ce qu'il perçoit de la situation, de sa capacité à s'adapter et à organiser des réponses. Même si l'on considère, avec Kinberg (1960)29, les situations spécifiques, mixtes ou amorphes, l'environnement ne sera pas déterminant au-delà des composantes qui fondent les individualités en présence. Une des grandes difficultés à cerner la violence réside en effet certainement dans ce fait : la violence possède un “caractère essentiellement subjectif et normatif” (Carra, Sicot, 1997, p.67).

29 KINBERG (O.). - Les problèmes fondamentaux de la criminologie, Paris, Cujas, 1960, cité par PAIN (J.). - École : violence ou pédagogie, Vigneux, Matrice, 1992, p.87.

Toute situation devient donc potentiellement violente car il est bien difficile de savoir à l'avance ce que les protagonistes vont faire de cette relation. Les éléments qui déclenchent la violence appartiennent souvent au registre de l'interprétation, l'interprétation des intentions.

La violence se caractérisera alors encore davantage par le ressenti que par la volonté de nuire.

Parfois même, “une “définition” de la violence doit faire l’économie de l’intention de nuire, même si la violence nuit à qui la ressent” (Debarbieux, 1996a, p.45). La violence "visible" est ainsi à considérer comme une réponse à la violence "invisible" (Defrance, 1988, p.107). La violence devient réactive. Elle s’ancre même dans la faiblesse qui “provoque à son tour la violence parce qu’elle est incapable de saisir le véritable rapport des forces et de s’y adapter

… De ce point de vue, on pourrait définir la violence comme “ le désordre qui naît de la faiblesse.” (Freund, 1965, p.134).

Bien malin est donc celui qui pourra, dans un contexte précis, déterminer la première violence, celle qui enclenche le processus. Bien avant la simple présence hic et nunc, la violence est déjà présente. Tout être qui ressent de la violence sera considéré comme violenté.

Tout ce qui pourra faire naître la frustration, la souffrance, l'angoisse pourra engendrer la violence30, avec l'idée d'un pré-conditionnement à la situation violente. La violence apparaît comme un phénomène spiralaire (Bayada, 1997 ; Floro, 1997) : à partir d’un acte qui pourrait être sans gravité, elle peut aboutir, après une escalade qui risque d’être sans fin, à des extrémités aboutissant à un anéantissement de soi et d’autrui.

C’est peut-être la relativité du concept, en mettant en évidence l’extrême diversité des acceptions et de la compréhension d’un phénomène, qui a poussé les auteurs à trouver des termes plus précis à certaines formes de violences. C’est ainsi que bullying et incivilité sont apparus dans les articles scientifiques. En effet, la violence n’est pas que crimes et délits. Elle s’alimente aussi d’une désorganisation de “l’ordre en public” (Roché, 1996), qui participe à la une perte du sens des situations et s’exprime par le sentiment d’insécurité. Le bullying, que l’on peut traduire approximativement par “brimade” comme Peignard, Roussier et Van Zanten (1998, p. 138) ou “brutalités” comme Debarbieux (1998, p.5), est d’origine anglo-saxonne. Selon Jacques Pain (1999a, p.15), l’entreprise «n’a rien d’une sinécure» et «après quatre à cinq ans de discussion, nous restons pris entre l’intimidation, le harcèlement, les brutalités, ; les agressions, les violences, dans le mécanisme complexe des victimisations». Au

30 Pour PAIN (J.). - École : violence ou pédagogie, Vigneux, Matrice, 1992, p.62, "la relation humaine est difficile et dangereuse ... Elle est dominée par l'affect et l'angoisse... L'angoisse et l'émotion ... nous animent. L'angoisse suscite des prises de position implicites, et une dynamique attributive."

départ, il concerne les enfants entre eux. Dan Olweus31, dont les travaux ont ouvert des pistes fécondes dans les pays anglo-saxons, explique qu’il y a bullying lorsque “qu’un enfant ou une jeune personne est brimée ou qu’on lui cherche querelle (qu’on la cherche ou qu’on lui cherche des noises), quand un autre enfant ou jeune personne, ou un groupe d’enfants ou de jeunes, lui disent des choses méchantes ou désagréables. C’est aussi de la brimade quand (…) personne ne lui parle et d’autres choses comme ça”. Ailleurs (1999, p.20), il donne la définition générale comme concernant un élève qui «est exposé, de manière répétée et à long terme, à des actions négatives de la part d’un ou plusieurs autres élèves». Mooij (1998, p.49) complète cette définition : “Olweus définit la notion de brimade (bullying) dans les termes suivants : “une personne est brimée lorsqu’elle est exposée à plusieurs reprises et pendant longtemps à des agissements négatifs émanant d’une ou plusieurs autres personnes”.

L’approche est résolument interactionniste et reconnaît aux relations interpersonnelles un poids important dans l’expérience scolaire. En France, dans cette perspective mais également dans un souci d’extension, le bullying devient “la malmenance” où sont intégrés, à côté des brutalités et brimades entre enfants, les violences de l’école, le harcèlement, les brutalités

“institutionnelles”. “C’est un registre symbolique et moral qui bascule le regard et le jugement sur les relations à l’école, les personnes, le lien social” (Pain, Barrier, 1997, p.369). Pour ces auteurs, ce concept permet de distinguer les violences à dimension pénale d’une violence plus mouvante, moins cernable, qui concerne souvent les attitudes et qui peut agir soit par micro-victimation, soit brutalement. Le bullying ne se situe pas pour autant au niveau d’un sentiment plus ou moins vague. Il s’inscrit bien dans le réel, le quotidien et agit par imprégnation, par répétitivité.

Issu de la criminologie américaine, le concept d’incivilité rejoint le bullying à ce niveau : ce sont les petites atteintes à la sécurité, les micro-victimations qui exaspèrent et qui peuvent dégénérer dans des phénomènes plus radicalement violents. Le terme évoque ici un aspect

“technique”, et n’a pas de connotation “éthique”. (Debarbieux, 1998a, p.15). Il revêt d’autant plus d’importance qu’il “est aussi le type pur de la violence, par le sentiment de désorganisation qui la sous-tend, par la perte de sens qu’elle connote” (Debarbieux, Tichit, 1997, p.160). Les incivilités sont alors les paroles blessantes, grossièretés diverses, bousculades, interpellations, humiliations (Favre, Fortin, 1997, Charlot, 1996 ; Debarbieux, 1996 ; Dubet, 1994). Relevant de la petite délinquance, elles sont parfois qualifiables et

31 OLWEUS D. (1993). - Bullying at school : what we know and what we can do. Oxford (U.K.) - Cambridge (USA) : Blackwell Publishers, cité par PEIGNARD E., ROUSSIER-FUSCO E., VAN ZANTEN A. (1998). - La violence dans les établissements scolaires britanniques : approches sociologiques. Revue Française de Pédagogie, n°123, p. 139.

pénalisables. Mais dans leurs formes plus anodines, elles ne le sont pas. Pour autant, elles deviennent intolérables par leur répétition, par le sentiment de non-respect qu’elles induisent chez celui qui en souffre. Le concept d’incivilité permet de penser les toutes petites violences, qui, se cumulant, rendent inhabitable le monde des hommes (Debarbieux, Montoya, 1998, p.110). Considéré par le journaliste Christian Jelen (2000) comme une façon de masquer la réalité d’un phénomène inquiétant par son ampleur, contesté par certains chercheurs pour son imprécision (Bonafé-Scmitt 1997 ; Ramognino, 1997), mais accepté par la plupart d’entre eux, il est pensé par Debarbieux et Montoya “comme un concept provisoire, en attente de dépassement, mais commode” (Debarbieux, Montoya, 1998, p.108), notamment parce qu’il

“permet la mise en place de stratégies préventives plus efficaces, et permet aussi de mieux saisir la construction du sentiment d’insécurité, en écoutant mieux les victimes” (Debarbieux, 1998a, p.15). Enfin Julien Damon pour la Documentation française (2000) décrit les

“permet la mise en place de stratégies préventives plus efficaces, et permet aussi de mieux saisir la construction du sentiment d’insécurité, en écoutant mieux les victimes” (Debarbieux, 1998a, p.15). Enfin Julien Damon pour la Documentation française (2000) décrit les