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4 PRÉSENTATION DES RÉSULTATS

4.1 LES DONNÉES RECUEILLIES LORS DES ENTREVUES

4.1.3 LES ÉLÉMENTS NATURELS

L’intérêt que nous avons porté au rapport que les résidents entretiennent avec les espaces verts dans le quartier peut se justifier d’une double façon. En effet, si d’un côté l’exposition aux espaces verts a démontré son efficacité dans l’amélioration de l’humeur de sujets généralement en santé (Nutsford et al., 2013), son potentiel thérapeutique dans le cas de personnes aux prises avec un trouble mental (Rugel et Ward, 2015) est, de l’autre côté, encore plus important aux fins de notre recherche. Il semblerait que marcher dans la nature, ce que les écothérapeutes11 appellent « bain de forêt », ait des effets bénéfiques sur le stress et la dépression. C’est ce que des chercheurs finlandais ont démontré avec leur projet pilote de marche en nature pendant 8 semaines à la suite desquelles les symptômes de dépression avaient enregistré une remarquable réduction (Beaudoin et Levasseur, 2017). Il nous paraît donc tout à fait pertinent d’approfondir le rapport avec la nature dans notre recherche en questionnant nos participants sur leur utilisation et appropriation des espaces verts de leur quartier. Nous voulions aussi vérifier l’accessibilité à ces espaces à la lumière de l’étude de Van den Berg et al. (2015) sur l’« association

11Professionnel en écothérapie, « une approche de développement personnel ainsi que de soins psychologiques et psycho-

somatiques dont la spécificité est de se pratiquer dans l’interaction avec la nature ». (Le Danff, https://ecopsychologiefrance.wordpress.com/thematiques/lecotherapie-2/).

positive entre la quantité d’espaces verts à proximité du domicile et la santé mentale perçue » (Beaudoin et Levasseur, 2017).

Pour ce qui a trait à la présence de parcs dans le secteur 1, un participant nous livre un portrait assez détaillé de l’offre d’espaces naturels dans son quartier :

« Il y a des petits parcs comme après « c » …mais c’est surtout un parc pour les enfants puis il y a une école, une école juste à proximité, mais les gens peuvent y aller pique-niquer, pour la famille. Il y a même des tables de pique-nique pour la famille, pour les étudiants le midi ou le matin pour la garderie. On a des jeux pour enfants aussi là. Puis même il y a des petits parcs aussi au coin de « d », à côté de l’école. Il y en a deux là. L’été là c’est très beau parce qu’ils embellissent, il y a des fleurs, ils font l’embellissement des deux côtés, « d » puis « a », des deux côtés ils font de l’embellissement. […] Moi je fréquente le parc, je fréquente même …je prends le bus pour m’y rendre pour lire. Je fais de la lecture dans les parcs. […] Ils ont aménagé il y a pas longtemps de façon différente, c’est des belles couleurs, c’est des couleurs de peau comme ça, c’est tout naturel et ils ont même mis un marché au coin de « d » et « a ». Je pense qu’il s’appelle le marché xxx. Oui le marché xxx…puis ils vendent des fruits et des légumes (B3). »

Un autre répondant dans la même résidence nous confirme l’effet bénéfique, peut-être même thérapeutique, que les parcs ont sur son quotidien : « Il y a des parcs l’été, fait que je prends une petite

marche puis je respire un peu d’air. L’été, l’été il y a le soleil, il fait chaud chaud chaud, je sors respirer un peu, prendre de l’air. Ça me change les idées. L’été, l’été (B1). »

Le parc devient donc, comme on vient de voir, une destination fréquente pendant l’été pour lire ou prendre de l’air, mais il garde son attractivité même pendant l’hiver pour certains comme Monsieur G.

qui affirme : « Je marche. Je marche. Même à l’hiver je pars marcher dans un parc. […] Ce n’est pas

loin. […] Une demi-heure à pieds (A4). »

En général, nous pouvons observer une perception positive de la végétation et de tous les éléments naturels qu’on retrouve dans le secteur 1 où Madame G. nous dit : « Je regarde les oiseaux. […] J’aime

la nature! La nature oui…moi je viens de la région » (A1), mais également dans le secteur 2: « - What’s important for you in the neighborhood ? – Trees » (D2 pendant son dessin de carte mentale).

Bien que le parc constitue en général un attrait important pour nos participants, quel que soit le secteur de résidence spécifique, les espaces verts peuvent dans des cas isolés produire des réactions mitigées. Dans le cas de Madame M., par exemple, nous sommes face à quelqu’un qui éprouve des difficultés à trouver sa place dans un espace ouvert comme le parc : « Beh je ne vais pas dans le parc pas loin-là. Je

vais jusqu’à l’arrêt d’autobus en avant du parc. […] Je ne vais pas dans le parc. […] J’ai peur. Je ne me sens pas protégée dans un parc (C1). »

En réalité, elle aussi apprécie la nature comme elle nous spécifie très clairement : « Moi j’aime ça les

espaces verts, mais les parcs pas quand je suis toute seule. Quand il y a du monde avec moi, j’aime ça. J’aime ça quand je suis avec du monde. » (C1) Chez elle, où il y a « une très belle cour arrière », elle

aime y passer du temps quand elle en a l’occasion : « Mais moi quand je prends mon café je m’assois

dans la cour (C1). »

Bien que le parc constitue pour cette participante un espace à éviter lorsqu’elle se retrouve toute seule, son potentiel bénéfique, comme ceux des éléments naturels en général, a donc été confirmé auprès de tous nos participants. En effet, les répondants sont les premiers à admettre les bienfaits de la nature sur leur quotidien et à assigner une place d’importance à tout élément naturel dans leur quartier.