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Quels sont les échecs ?

Dans le document Vers l’éducation partagée (Page 43-46)

Les échecs se situent au niveau organisationnel : plusieurs instances sont présentes dans le paysage fonctionnel du territoire. Le comité de pilotage local devrait être une instance de débats contradictoires, mais il s’est transformé en instance d’écoute et d’approbation directe. Les personnes sont très sollicitées et remettent les débats à d’autres moments : durant la commission enfance-jeunesse, les groupes d’action et de suivi des opérations et surtout en conseil communautaire.

De plus, l’aspect temporel est très prégnant : le PEL agit sur année civile, les dispositifs CAF également sur année civile, le CEL en année scolaire (et les financements sur année civile). Ce problème crée un décalage dans la mise en place des actions. Je dois attendre le vote du bud- get communautaire et faire valider les actions une à une avant sa mise en route.

Concrètement, les échéances décalées sont pour moi un échec dans la mise en place cohé- rente du PEL tout au long de l’année.

D’où sont venues les principales difficultés ?

La principale difficulté est liée, comme je l’indiquais plus haut, à l’organisation : les instances ne sont pas compatibles en l’état. En outre, certains élus sont réfractaires à cette politique enfance-jeunesse, qui n’est reconnue que comme facultative dans les textes, mais qui absorbe un budget conséquent.

Les enjeux sur ce territoire sont assez importants : c’est un territoire où les structures

enfance-jeunesse sont peu existantes, où le lien social est sabordé par une dimension indivi- dualiste des praticiens. Il s’agit pour moi d’être vigilante pour que, à chaque intervention, tout un chacun puisse contribuer à la mise en « vie » du PEL, en laissant chacun être responsable de son action.

Le partenariat que j’appelle « horizontal » met et mettra encore du temps à se construire. Le travail sur un projet de territoire nécessite du temps, une meilleure connaissance des pra- tiques de chacun et une meilleure lisibilité des actions institutionnelles et associatives. La concertation est un outil extraordinaire qui permet l’accompagnement de cette mutation : pas- ser du partenariat pyramidal à un partenariat horizontal.

En ce qui concerne le partenariat institutionnel, il s’agit également pour lui d’être défini en interne, car les incohérences se lisent sur le territoire et ne rassurent pas sur l’avancée des mentalités. Un des aspects à revoir serait les contraintes administratives qui obligent à des résultats annuels, alors que nous nous inscrivons dans des schémas triennaux…

D’où sont venues les principales aides ?

Les conseillers techniques territoriaux (Jeunesse et Sports, CAF, conseil général, IDEN) ont toujours été, et sont toujours, très présents pour accompagner, faciliter les changements inhérents au projet éducatif local. De plus, les associations départementales contribuent éga- lement à cette avancée.

Évolutions et perspectives

Quels sont les points forts de votre PEL aujourd’hui ?

L’ambition d’affirmer que « l’éducation est l’affaire de tous » est partagée par l’ensemble des partenaires du territoire. Le principe de construire et d’améliorer qualitativement les accueils enfants-jeunes et familles est acquis (les moyens continuent à être définis). La prise de conscience qui conduit à la mise en cohérence des pratiques éducatives est aussi partagée (pas forcément respectée).

Expliquer que les familles sont le premier lieu de socialisation et d’éducation de l’enfant, que les praticiens doivent conduire une coéducation (être complémentaire, ne pas se substituer) sans jugement, sans a priori, relève encore du défi. Mais cela se comprend et s’entend de mieux en mieux.

Quels sont les points faibles de votre PEL aujourd’hui ?

Il reste difficile de légitimer l’éducation et l’accompagnement pluridisciplinaires comme outil d’émancipation pour les enfants et les jeunes. En outre, l’organisation et la conduite tempo- relle du PEL et de ses actions se font dans l’urgence.

Si vous étiez seul décideur, que garderiez-vous ? Que changeriez-vous ?

Au niveau de l’organisation : je garderais les groupes techniques, j’enlèverais le comité de pilo- tage pour le fondre au conseil communautaire lors des discussions spécifiques à l’enfance- jeunesse. Je ferais voter les actions et le principe budgétaire en septembre pour que les actions se vivent durant toute l’année scolaire ; je ferais une évaluation intermédiaire en mars, et l’évaluation annuelle tout début septembre. Je ferais valider l’ensemble des actions conjoin- tement et non une à une.

économique, tourisme, habitat…) concernent, de près ou de loin, la population dans son ensemble et dans sa spécificité. Cela contribuerait à une meilleure reconnaissance et à une meilleure cohérence d’intervention territoriale. Si l’enfant, le jeune ne doivent pas être « sau- cissonnés » durant les différents temps de la journée, les compétences ne doivent pas igno- rer et « saucissonner » une politique au service de tous.

Quant aux partenaires, j’organiserais des groupes de travail thématiques et des rencontres conviviales (repas) afin d’échanger continuellement les pratiques et de parfaire les interven- tions auprès des publiques. J’organiserais également à cet effet un plan de formation conti- nue tant au niveau des élus (politiques et associatifs) qu’auprès des praticiens pour, sans cesse, se remettre en question, se renouveler et ainsi conduire vers une éthique d’inter- vention.

Quelles évolutions souhaiteriez-vous ?

En termes de partenariats

– Mettre plus de cohérence entre les institutions dans leur pratique administrative (trois dos- siers différents pour expliquer la même chose, mais pas sous la même enseigne).

– Faire que les associations continuent à travailler ensemble en acceptant les remises en question.

– Continuer la formation des élus afin que l’appropriation du PEL se transforme en plus-value sur le territoire.

En termes de publics ciblés

– Améliorer les liens sociaux par une écoute permanente des attentes du territoire, de la pro- ximité humaine en réponse à l’étendue du territoire et des problèmes de mobilité, de la com- munication : il faudrait des lieux de proximité et une diffusion large d’une information concise en réponse aux attentes et aux besoins de la population.

– Améliorer l’accueil individuel et collectif des enfants, des jeunes et de leur famille : loisirs, sports, culture, prévention…

Chacun est un passeur d’histoire et de valeurs éducatives. Aussi, chacun doit pouvoir prendre une place bien définie, et légitime, dans l’articulation de ce projet éducatif local. Parce que l’éducation est l’affaire de tous, chacun doit pouvoir s’en inspirer et construire cette transver- salité socio-éducative, dans le respect des droits fondamentaux.

En termes d’activités ciblées

– Développer des actions favorisant le lien et l’échange.

– Mettre l’accent sur l’intergénérationnalité et sur le travail de transmission et de mémoire. – Valoriser de nouveau les places publiques (la place du village), car le territoire vit depuis une

quinzaine d’années une mutation sociologique liée à l’exode urbain, aux nouvelles formes de familles…

– Replacer une forme de solidarité qui pourrait favoriser les liens sociaux. Développer l’accès du plus grand nombre en termes culturels (toutes les cultures et l’ensemble de la culture)… – Travailler sur l’« intégration » de la jeunesse par une véritable concertation : accompagner sans assister, écouter sans juger… À l’heure où l’on parle de créer un statut de la jeunesse, je pense qu’il serait de bon ton d’écouter et de faire confiance. En voulant valoriser, nous allons cristalliser quelque chose qui se veut être en mouvement, en évolution permanente.

En termes de territoires ciblés

Mettre en place un service de transport pour faciliter le déplacement des familles et des jeu- nes sur ce territoire vaste à dominante rurale.

Avez-vous construit des outils d’évaluation ?

Non, j’ai surtout mis en place une fiche technique bilan. Les analyses se sont inspirées de ces recueils de données : l’organisation, les actions, le vécu des actions.

Le temps imparti ne m’a pas permis de travailler sur une véritable évaluation du territoire et des incidences du PEL tant sur les publics, les partenaires que sur l’ensemble du territoire. J’espère pouvoir mener cette évaluation d’ici la fin de l’année 2005 (cela fera trois ans que le PEL est installé).

Si l’on vous dit que tout ce qui se passe en dehors de l’école va prendre

Dans le document Vers l’éducation partagée (Page 43-46)