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Échantillon et source de données

Chapitre II : Méthodologie

1. Échantillon et source de données

1.1 La source des variables : le ViCLAS

Le ViCLAS (Violent Crime Linkage Analysis System) est un outil informatisé d’aide à l’enquête mis au point par la Gendarmerie royale du Canada dans le début des années 1990. Il permet d’entreposer les données et de rapporter les caractéristiques de crimes violents. Il fut conçu pour augmenter le partage d’informations dans le cadre d’enquêtes sur les crimes violents et permettre de faire des liens entre différents crimes graves. Les policiers remplissent le ViCLAS dans les 30 jours suivant le début d’une enquête. Cette aide informatisée à l'enquête assiste les analystes formés à l'identification des criminels en série ou de crimes sériels, quels que soit leur juridiction, en mettant l'accent sur des aspects particuliers d’évènements criminels (Collins, Johnson, Choy, Davidson et Mackay, 1998). En 2008, le ViCLAS contenait plus de 300 000 crimes (Wilson et Bruer, 2008 dans Martineau et Corey, 2008). Les affaires ayant eu lieu depuis 1965 ont été saisies rétroactivement dans le ViCLAS (Martineau et Corey, 2008).

Il existe deux formes différentes du ViCLAS. La forme longue est destinée à saisir les donnés sur les homicides résolus ou non résolus et sur les agressions sexuelles lorsque ceux-ci sont de nature prédatrice, apparemment dus au hasard, sans motif, ou étant réputés faire partie d’une série ou être soupçonnés d’en faire partie. Tous les autres homicides résolus ou non résolus ainsi que les tentatives sont saisies sur le formulaire « court ». Il est utilisé pour les crimes non sériels. Ce formulaire comprend également des informations sur les personnes disparues lorsque les circonstances suggèrent fortement un acte criminel, ainsi que sur tous les enlèvements non parentaux et, finalement, sur des corps non identifiés dont la cause du décès est connue ou soupçonnée d’être un homicide (Collins et Johnson, 1998). Enfin, le ViCLAS semble être un instrument assez fiable puisque, selon l’étude de Martineau et Corey (2008), le degré d’accord inter-juge du ViCLAS est élevé. Les résultats de cette étude montrent que la fiabilité inter-juge

observée chez les policiers remplissant le ViCLAS a été de 79,30 % concernant les homicides, et de 87,70 % concernant les agressions sexuelles.

Les informations compilées dans l’outil comprennent des données sur la ou les victimes du crime, le ou les suspects, le comportement du délinquant pendant et après le ou les crimes, et les informations médicolégales disponibles. Il existe deux types de collectes de données, un formulaire long de 39 pages décrivant 263 points et un formulaire plus court de 8 pages composé de 83 points. Le ViCLAS a permis de collecter des informations sur plusieurs catégories de variables : Les caractéristiques du délinquant, les caractéristiques de la victime, la géographie du crime, le modus operandi, les caractéristiques de la scène de crime et les connaissances médico-légales.

1.2 Collection de la base de données

Nous n’avons pas constitué nous-mêmes la base de données. En effet, les données nous sont été fournies par Éric Beauregard, Ph. D., professeur à l’école de criminologie de l’Université Simon Frazer, qui mène une étude sur les stratégies d’évitement de l’arrestation lors de meurtres sexuels. Il a rendu cette recherche possible en nous donnant accès à une partie de sa base de données. Notre travail sera donc basé sur certaines des variables que M. Beauregard a réunies. Chaque évènement criminel ayant été rapporté et coté par les agents de la Gendarmerie royale du Canada dans le ViCLAS, c’est à partir de ce système informatisé que le professeur Beauregard a construit sa base de données.

Beauregard à décidé de restreindre les données de l’étude à la seule juridiction de la gendarmerie royale du Canada afin de faciliter l’accès et la consultation des dossiers complets. C’est l’unité de recherche et développement des sciences du comportement de la Gendarmerie Royale du canada qui a fourni les informations concernant tous les cas correspondants à la définition de meurtre sexuel. Pour qu’un meurtre soit considéré comme un meurtre sexuel, celui-ci devait présenté une des caractéristiques suivantes : 1) la nudité de la victime, 2) l’exposition des parties sexuelles du corps de la victime, 3) le positionnement sexuel du corps de la victime, 4) l’insertion d’objet étranger dans les

cavités corporelles de la victime, 5) la preuve de relations sexuelles (orales, vaginales et/ou anales) et 6) la preuve d’une activité sexuelle de substitution, d’intérêt ou fantasmatique sadique (telle que la mutilation des organes génitaux) (Ressler, Burgess et Douglas, 1988).

Tous les cas ont étés identifiés et numéroté par le directeur de l’unité de recherche et développement des sciences du comportement. L’information fut ensuite collectée par Éric Beauregard et entrée dans PASW 18.0 qui est un logiciel d’analyse statistique. Une partie de ces informations nous a ensuite été communiquée.

1.3 Échantillon

Notre étude repose un échantillon de meurtres sexuels au Canada important (N=350). Notre recherche se base principalement sur la comparaison entre des meurtres sexuels résolus (N=250) et des meurtres sexuels non résolus (N=100) compilés dans le ViCLAS (Violent Crime Linkage Analysis System) provenant des dossiers d’enquête de la Gendarmerie royale du Canada depuis 1969. La description de l’échantillon est limité étant donné que nous n’avons pas à faire à des sujets mais à des évènements criminels, à savoir des meurtres sexuels. Cependant, pour qu’un meurtre soit considéré comme résolu, le meurtrier a dû être identifié, arrêté, poursuivi et condamné pour le meurtre sexuel. Les meurtres sexuels non résolus, quant à eux, désignent un homicide dont l’auteur n’a pas pu être condamné.

Lorsque la base de données nous fut communiquée, celle-ci incluait des meurtres sexuels sur des victimes de type multiple. Notre sujet d’étude étant le meurtre sexuel de femmes, nous avons donc dû écarter de l’échantillon les évènements impliquant des victimes masculines ainsi que des enfants. En effet, cela nous permettait de travailler avec une littérature plus homogène et plus précise. En outre, plusieurs parties de la littérature, telles que les typologies ou les méthodes de chasse, que nous avons présentées se rapportent uniquement aux meurtres sexuels de femmes. De manière générale, cela évitera une forme de confusion dans nos interprétations. Nous devions également

distinguer les femmes adultes des enfants car, comme nous l’avons vu dans les études de Beauregard, Proulx et coll. (2007) et de Hazelwood et Warren (1989), l’âge et l’apparence physique comptent parmi les critères de sélection les plus fréquemment observés. Nous avons décidé de fixer la limite d’âge de la victime en nous basant sur l’âge de la majorité sexuelle définie par la loi sur la lutte contre les crimes violents du 1er mai 2008, c’est-à-dire 16 ans. En outre, l’agresseur doit être un homme. Cependant, ne connaissant pas le sexe de l’agresseur, nous supposons que les agresseurs sont tous des hommes.

Après cette sélection, notre population fut quelque peu réduite. Le nombre total et final d’observations est de 265. Nous disposons de 178 meurtres sexuels résolus et de 87 non résolus. Chacun de ces évènements est décrit suivant 56 variables qu’Éric Beauregard a sélectionnés parmi celles recueillis et nous les a fait parvenir. Nous avons décidé de conserver la totalité de ces variables concernant le modus operandi pour notre étude.