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Submitted on 1 Jan 1992
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Le Cheval
B. Langlois
To cite this version:
B. LANGLOIS
INRA Station de
Génétique
quantitative
et
appliquée
78352Jouy-en-Josas
CedexL’amélioration
génétique
enFrance :
le
contexte et
les
acteurs
Le
Cheval
Résumé.
La situation du Cheual dans l’économiefrançaise
estexpliquée.
Animal d’utilité pour le traitjusqu’en
1950,
sapart
dansl’agriculture
s’estprogressivement
réduite avec l’évolution vers la mécanisation. Ilprésente
maintenant des axes dedéveloppement
importants qui
sont étroitement liés à l’économie urbaine de la société dite des loisirs. Cela ledifférencie
apparemment
beaucoup
des autresproductions
animales. Maispeut
être n’est-ce làqu’un effet
deperspective
dans une évolutiongénérale
qui
touche aussi d’autresespèces
dites de rente. Lesparticularités
de cetteproduction qui
représente
de nouveau uneimportance
économique
considérable pour letourisme,
les loisirs et les courses sontprésentées
dans cetteperspective.
Depuis
4000 avant J.C. où se situe sadomestica-tion,
le cheval a été le moyenprivilégié
detransport
et de communication
qui
donnait lepouvoir
militaire ouéconomique
à ceuxqui
savaient s’en servir auxdépens
de ceuxqui
ne savaient ou nepouvaient
le faire (Pouret 1979). Cette ère du cheval s’est arrêtéedans les pays industriels aux alentours des années
1950,
scellant sans doute unegrande
mutationcultu-relle de nos sociétés occidentales. Sans que l’on s’en
rende vraiment
compte,
elles commencèrent à cemoment à s’affranchir de leur
dépendance
vis à vis du monde animal.Symbole
solaire, phare,
de notre sociétédepuis
dessiècles,
le cheval reste-t-il encore crédiblequand
onconstate
qu’il
aperdu près
de 90% de son effectifdepuis
les années 1900 (Coléou et Rossier 1986) pour arriver maintenant (Baudouin 1990) àquelque
430 000 têtes dont 330 000 seulement sont détenuespar des
exploitations (tableau 1).
Avec des effectifs aussifaibles,
le chevaln’occupe
en effetqu’une
place
marginale
dans l’ensemble des livraisons du secteuragricole :
0,2%
contre environ 18% pour lelait,
16% pour la viandebovine,
17% pour les céréales pour le comparer auxgrandes productions classiques
(SCEES 1987). Ce chiffre ne rend
cependant
pascompte
de la réelleimportance économique
dusec-teur
qui échappe
engrande
partie
au mondeagricole
traditionnel pourémarger
audéveloppement
de lasociété dite des loisirs
qui,
elle,
relève du monde urbain moderne.En ce sens, le cheval
signe
une évolutionqui
nemanquera pas, à mon
avis,
de gagner les autres pro-ductions animales etqui
même,
sansqu’elles
veuillent sel’avouer,
les touchedéjà.
Si l’on considère en effet la nutritionhumaine, qui
estl’objectif
avoué del’agriculture, l’optimisation
des rendements tend àfavoriser la
production primaire
c’est-à-dire levégé-tal. On
peut
déjà
mesurer l’incidence de cette concur-rence sur la filière du lait où d’énormesbudgets
dechute de la consommation. L’intensification et
l’industrialisation de la filière de la viande tendent à
substituer aux
produits
traditionnels desproduits
calibrés restructurés. Lehamburger
auquel
onintègre
maintenant deplus
enplus
desoja
en est untrès bon
exemple.
A terme, lesprotéines
animalesnécessaires seront sans doute
produites
par destech-niques biotechnologiques
dans des incubateurs cequi
permettra
d’éviter la débaucheénergétique
quereprésente
laproduction
animale. Seules des considé-rations culturelles freinent cette évolution et serontpeut-être susceptibles
de lui faire marquer le pas.L’élevage
équin
se situe enplein
dans cetteprobléma-tique
et se révèle de ce fait en avance sur sontemps
comme il lefut jadis
auplan
de la zootechnie. C’est laraison pour
laquelle
les réactions derejet
dont il estl’objet
de lapart
&dquo;d’intégristes agricoles&dquo;’
doivent êtredépassées.
Le monde paysan adisparu,
le mondeagricole
qui s’y
est substitué se sentassiégé
et netrouvera son salut
qu’en s’intégrant
du mieuxpos-sible à la civilisation urbaine des
mégapoles qui
sera celle du XXIième siècle. Il doit pour celaexplorer
les voies de cetteintégration,
et la filièreéquine
enconstitue un modèle actuel tout à fait intéressant. Dans le monde entier et en
particulier
dans lespays
industrialisés,
les effectifs chevalins se sonteffondrés.
Malgré
une consommation intérieure de viande chevalineimportante
auplan
communautaire(1
kg/an/habitant
en1990),
la France n’a paséchappé
à cette tendance
(figure
1). Tout auplus
avons-nouspu conserver, contrairement aux autres pays
euro-péens,
uncheptel
nonnégligeable
de chevaux de traitqui apparaît
cependant
difficile à maintenir.Heureusement, s’opposant
à la diminution des che-vauxlourds,
on note (tableau 2 etfigure 2)
une aug-mentationrégulière
del’élevage
des chevaux de sangliée au
développement
des courses, d’unepart,
et del’équitation
desport
et de loisir d’autrepart.
En1990,
le détail par race de l’effectif des
juments
saillies(tableau 3) montre toutefois que les races lourdes
comptent
encore pour 36%. Les races de sang serépartissent
à peuprès
pour moitié en races decour-se Pur sang et Trotteur
Français,
et en races de selle comme le SelleFrançais
etl’Anglo-arabe,
les chevaux de loisir et lesPoneys.
En ce
qui
concerne lesdébouchés,
unquasi
mono-pole
desjeux d’argent
était autrefois accordé par legouvernement
aux courses de chevaux et lagrande
majorité
des activitéshippiques
s’en sont donc trou-vées et restent presque totalement auto-financées par unpourcentage
duprélèvement
de l’état sur lesenjeux (figure
3). Il est donc difficile en France deséparer
les courses del’élevage
engénéral,
car c’est lesecteur
qui permet
l’autofinancement de la filière envertu de
l’application
d’unprincipe
de solidaritépas à la
collectivité,
ilrapporte plutôt.
Absent desrèglements communautaires,
le cheval n’a pasémar-gé
aubudget
du FEOGA (Fonds européend’orienta-tion et
garantie agricole).
Par ailleurs(figure 4),
par le mécanisme dupari mutuel,
il aengendré
enFrance,
au travers des courses, un chiffre d’affairesde 36 milliards de francs en 1990 contre 6 milliards il y a 20 ans (Coléou et Rossier 1988 et PMU 1991).
Si les
parieurs gagnants récupèrent
environ 71%de cette somme, un peu
plus
de 17% sontprélevés
parl’état et sortent du secteur
cheval,
11% reviennent aufonctionnement de l’industrie des courses et moins de 1% (218 millions) sert au
développement
del’élevage,
del’équitation
et ... de la recherche (2 millions). Celaconfère un rôle de surveillance et
d’arbitrage
trèsimportant
au service des Haras Nationauxqui
luipermet
d’organiser l’élevage
et de structurer lesdiffé-rentes activités se
rapportant
au cheval.Les courses ont évidemment bénéficié les
pre-mières de l’essor du Pari Mutuel
(figure
3)qui
draine des sommes considérables etreprésente
à peuprès
1% des recettes fiscales de l’état. Trois sociétés ditesmères administrent
respectivement
les coursesplates,
les courses à obstacles et les courses au trot.Plus de 15 000 courses sont
organisées chaque
annéelors de 2 100 réunions
qui
drainent 5 millions despectateurs (Delloye
1990). Sur les 70 000emplois
directs de la filière
chevaline,
cette activité enengendre
à elle seule 53000,
concerne 10 000pro-priétaires
de 23 000 chevaux et mobilise 3 500 béné-voles pour lagestion
et l’administration de 275hippo-dromes et de 270 sociétés de courses
qui
sont desassociations selon la loi de 1901. Notons aussi que
En outre, le
développement rapide
del’équitation
(figure 5),
qui compte
maintenant 240 000 cavaliers licenciés contre 100 000 en1975,
estgéré
par la FédérationFrançaise Equestre qui
est sous la tutelle du Ministère de lajeunesse
et dessports.
Elleregrou-pe en son sein :
- La
délégation
nationale auxsports équestres
(D.N.S.E.)
qui
s’attache surtout à l’instruction des cavaliers et débouche sur lapratique
de lacompéti-tion
qui implique
environ 10% de ses effectifs. Cesépreuves
sont les concours de saut d’obstacles(C.S.O.),
les concourscomplets d’équitation (C.C.E.)
et les concours de
dressage
(C.D.). En1990,
3 000compétitions
officielles ont étéorganisées.
Elles ontreprésenté
le traitement de 500 000engagements
de chevaux. 90% d’entre elles concernaient leC.S.O.,
discipline largement majoritaire.
- La
délégation
nationale àl’équitation
sur poneys(D.N.E.P.), qui
regroupe 42 000licenciés,
connaît undéveloppement
tout à faitspectaculaire.
C’estl’équi-valent de la D.N.S.E. pour les poneys
clubs,
dans unesprit
très différent.- La
délégation
nationale au tourismeéquestre
(D.N.T.E.) qui prend en
charge
ledéveloppement
del’équitation
de tourisme et de loisirs. Elle est aussi enpleine progression, plus
29% en1989, plus
20% en1990.
Ces
organismes
ont chacun desreprésentations
régionales,
voiredépartementales.
Eneffet,
dans cedomaine, malgré
les efforts de coordination au moinsdeux écoles s’affrontent.
L’une, traditionnelle,
metl’accent sur la
compétition, l’autre, plus marginale,
a un statutéconomique beaucoup plus précaire
et est entre les mains des loueurs de chevaux ou desparti-culiers eux-mêmes. Cette
équitation détendue,
ins-tinctive, proche
de l’animal et de la nature,corres-pond
à unegrande aspiration
dupublic.
Malgré
sesdifficultés,
elle a donc tendance à sedévelopper
rapi-dement comme en
témoigne
l’essor des deuxdéléga-tions nationales
correspondantes (D.N.E.P.
etD.N.T.E.).
Le
tourisme, trop longtemps
considéré comme uneactivité
marginale,
estaujourd’hui
reconnu comme ungrand
secteuréconomique
(Baumet 1990). Avec220 milliards de chiffre
d’affaires,
ilprécède
l’agricul-ture de 30 milliards de francs. Le
cheval,
à l’interface de ces deuxactivités,
yprend progressivement
saEnfin,
notre consommation de viandechevaline,
bien que diminuant(figure 6),
avoisine 70 000 tonnes et notreproduction
intérieure ne couvre que 14 % de ces besoins. Cela entraîne desimportations
d’un peuplus
de 1 milliard de francs. La moitié seulement decet
auto-approvisionnement
se trouve constitué pardes chevaux lourds
qui
se maintiennent au nord de la Loire dans les zones dites de &dquo;berceaux de race&dquo;grâce
à ce
débouché,
au soutien des Haras Nationaux et àla
passion
de cetélevage profondément
enracinéedans la culture des
régions impliquées (Bretagne,
Perche,
Boulonnais et Franche-Comté enparticulier).
Les nouvelles airesd’expansion qu’ont
constitué lesmoyennes montagnes du Massif central et des
Pyrénées
reflètent l’extensification de ces zones. Onpeut
alorsparler
de chevaux&dquo;jardiniers&dquo;
del’espace
dont la fonction est d’abordl’entretien,
au minimum de maind’oeuvre,
de parcours ou depare-feux
peuproductifs
et dont la finalité est la boucherie ou l’industrie naissante des loisirséquestres.
L’introduc-tion de chevaux dans de nombreuses réserves
natu-relles à des fins
purement écologiques
reflèteégale-ment ce
phénomène
(Girard 1990).Sur un
plan agricole,
on peut remarquerqu’à
l’exception
dequelques
grands
haras surtoutspéciali-sés dans la
production
de chevaux de course,l’essen-tiel de la
production
est entre les mains depetits
éle-veurs. La taille moyenne
d’élevage
(tableaux 4 et 5)se situe en effet entre 2 et 3
poulinières,
même pourles races
d’hippodrome.
La
principale caractéristique
del’élevage équin
estdonc sa diversité :
grand
nombre de races et detypes,
grande
variationgéographique
dessystèmes
de pro-duction et des structuresd’élevage qui
vont de l’extrê-me intensif à l’extrêmeextensif,
gamme extrêmementlarge
desproduits-chevaux
commercialisés,
plus
d’une centaine selon Rossier (1988). Ces
produits
s’appuient
sur un fond culturel très riche et sont enpartie
de nature immatérielle. De cepoint
de vue,l’emballage
qui
fait rêvercompte
souventplus
que leproduit
lui-même. Cela entraîne un haut niveau d’encadrement et de contrôle del’élevage qui permet
d’assurer la certification desproduits
et le contrôledes
quantités
mises sur le marché. Ils’ensuit,
pour certaines orientations comme les chevaux de course ou decompétition,
une économie trèsspéculative
que l’onpeut
rapprocher
de celle des vins.Comment les
généticiens quantitatifs
sont-ilssolli-cités pour intervenir dans de telles filières ? La
adapter
le matérielzootechnique
à la demande de lasociété,
pouroptimiser
sagestion,
pour améliorer le niveau de notreproduction
dans certainesorienta-tions à l’économie
porteuse, permettant
ainsi dedéve-lopper
nos marchés àl’exportation
qui,
en 1990 pour lecheval, dégageait
130 millions de francs d’excé-dents dans la balance commerciale.Références
bibliographiques
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l’élevage équin
en France.In :
L’élevage
du cheval en France. Publication FEZ n°53. Ed. CEREOPA, Paris : 1-11.Baumet M., 1990. Le cheval : un produit agricole, un acteur
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L’élevage
du cheval en France, publicationFEZ n°53, Ed. CEREOPA, Paris : 32-36.
Coléou J., Rossier E., 1986. Le cheval en France : situation,
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outils de diversification. Journées de l’AFZ, 9-10 novembre
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Delloye G., 1990. La France des courses, une industrie à 3
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du cheval en France. Publication FEZ n°53, Ed. CEREOPA,Paris : 21-23.
Girard N., 1990. Utilisation des équidés pour la gestion, la
protection et la valorisation
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PMU, 1991. Statistiques. L’actualité Hippique, 1991. Pouret E., 1979. L’utilisation des chevaux. C.R. Acad. Agric. de France, 65(7), 582-592.
Rossier E., 1988. Evolution récente et tendances de l’élevage du cheval de Selle en France. In : Des chevaux et des
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