Alg`ebres de Frobenius et structure de double alg`ebre sur l’homologie de
Hochschild
Par Marion Boucrot sous la direction d’Estanislao Herscovich
4 juin 2021
Table des mati` eres
1 Introduction 2
2 Alg`ebres de Frobenius 4
2.1 Quelques notions d’alg`ebre . . . 4 2.2 D´efinitions et premi`eres propri´et´es des alg`ebres de Frobenius . 11 2.3 La comultiplication sur une alg`ebre de Frobenius . . . 16
3 Doubles alg`ebres 22
3.1 Doubles alg`ebres de Lie et associatives . . . 22 3.2 Structure de double alg`ebre comme op´erateur lin´eaire . . . 30 3.3 Id´eaux d’une double alg`ebre . . . 33 4 Homologie et cohomologie de Hochschild 39 4.1 Le complexe de Hochschild . . . 39 4.2 La r´esolution Bar . . . 42 5 A∞-alg`ebres et structure de pre-Calabi-Yau 46 5.1 A∞-alg`ebres . . . 46 5.2 Structure de pre-Calabi-Yau . . . 48 6 Structure de double alg`ebre et structure de pre-Calabi-Yau
sur les alg`ebres de Frobenius sym´etriques 50 6.1 Structure de double alg`ebre sur une alg`ebre de Frobenius sym´etrique 50 6.2 Structure de pre-Calabi-Yau sur une alg`ebre de Frobenius sym´etrique 57
Chapitre 1 Introduction
La notion d’alg`ebre de Frobenius est apparue dans les ann´ees 1930, avec les travaux de R. Brauer et de C.Nesbitt. Il s’agit d’alg`ebres munies d’une forme lin´eaire dont le noyau ne contient pas d’id´eaux `a gauche non triviaux, ou de mani`ere ´equivalente, munies d’une forme bilin´eaire non d´eg´en´er´ee. On s’int´eressera ici plus particuli`erement aux alg`ebres de Frobenius sym´etriques, c’est-`a-dire munies d’une forme bilin´eaire non d´eg´en´er´ee sym´etrique.
Une double alg`ebre est un espace vectoriel A muni d’une application lin´eaire A⊗A→A⊗Aappel´ee double crochet. Cette notion est relativement r´ecente puisqu’elle a ´et´e introduite en 2008 par M.Van den Bergh dans [10], dans le contexte de Poisson. En effet, les doubles alg`ebres de Poisson sont des candidates naturelles pour les structures de Poisson bas´ees sur les doubles d´erivations comme pr´esent´ees dans [2]. Dans ce m´emoire, on s’int´eressera particuli`erement aux doubles alg`ebres associatives et `a leurs propri´et´es.
L’homologie et la cohomologie de Hochschild ont ´et´e introduites en 1945 par G.Hochschild et g´en´eralisent l’homologie et la cohomologie des groupes.
Ce sont des th´eories homologiques dont l’´etude s’est r´ev´el´ee importante en g´eom´etrie non commutative et on y trouve des applications en th´eorie des cordes.
La notion d’A∞-alg`ebre a ´et´e introduite dans les ann´ees 1960 par J.Stasheff tandis que les alg`ebres de pre-Calabi-Yau ont ´et´e introduites en 2018 et ont
un rˆole important en alg`ebre homolgique, en g´eom´etrie symplectique et dans la th´eorie des champs quantiques topologiques (TQFT’s). Ces structures de pre-Calabi-Yau sont apparues sous diff´erents noms, commeV∞-alg`ebres dans [9], A∞-alg`ebres avec bord dans [6] ou diviseurs noncommutatifs dans [7].
Le chapitre 2 contient les d´efinitions et premi`eres propri´et´es des alg`ebres de Frobenius, et pr´esente la structure de cog`ebre d’une alg`ebre de Frobenius. Le chapitre 3 traite des doubles alg`ebres et de leurs id´eaux tandis que le chapitre 4 pr´esente l’homologie et la cohomologie de Hochschild d’une alg`ebre ainsi que la mani`ere de les calculer. Le chapitre 5 aborde les d´efinitions d’A∞- alg`ebres et de structure de pre-Calabi-Yau. Dans le chapitre 6, on ´etudie la structure de double alg`ebre d’une alg`ebre de Frobenius sym´etrique, ainsi que des conditions suffisantes sur le double crochet d’une double alg`ebre associative pour induire un produit associatif sur l’homologie de Hochschild en degr´e 0. En effet, on d´emontre que toute alg`ebre de Frobenius sym´etrique poss`ede une structure canonique de double alg`ebre associative, v´erifiant les conditions pour que son homologie de Hochschild en degr´e 0 soit munie d’un produit associatif induit par cette structure. On d´emontre ´egalement qu’une alg`ebre de Frobenius sym´etrique est uneA∞-alg`ebre 0-cyclique et qu’elle peut ˆ
etre munie d’une structure de pre-Calabi-Yau. Plus g´en´eralement, on montre ensuite que touteA∞-alg`ebre cyclique peut ˆetre munie d’une telle structure.
Chapitre 2
Alg` ebres de Frobenius
On fixe un corpsKet on notera V ectK la cat´egorie des espaces vectoriels sur K, avec pour morphismes les applications lin´eaires.
2.1 Quelques notions d’alg` ebre
D´efinition 2.1.1. Une forme bilin´eaireβ :V ⊗W →Kestnon d´eg´en´er´ee en la variable V s’il existe une application lin´eaire γ :K→W⊗V telle que :
V ⊗Kid→V⊗γV ⊗(W ⊗V)β⊗id→V K⊗V =idV
D´efinition 2.1.2. Une forme bilin´eaireβ :V ⊗W →Kestnon d´eg´en´er´ee en W s’il existe une application lin´eaire γ0 :K→W ⊗V telle que :
K⊗W γ
0⊗idW
→ W ⊗(V ⊗W)idW→⊗β W ⊗K=idW
D´efinition 2.1.3. Une forme bilin´eaireβ :V ⊗W →Kestnon d´eg´en´er´ee si elle l’est simultan´ement en V et W.
Remarque 2.1.4. Siβest non d´eg´en´er´ee, les applicationsγetγ0 co¨ıncident.
En effet, si β est non d´eg´en´er´ee simultan´ement en V et W, on consid`ere la
composition
λ:K
γ⊗γ0
→ W ⊗V ⊗W ⊗V idW⊗β⊗id→ V W ⊗V qui est la mˆeme chose que
K→γ W ⊗V γ
0⊗idW⊗idV
→ W ⊗V ⊗W ⊗V idW⊗β⊗id→ V W ⊗V (2.1)
et que K γ
0
→W ⊗V idW⊗id→V⊗γW ⊗V ⊗W ⊗V idW⊗β⊗id→ V W ⊗V (2.2) En utilisant (2.1) et le fait que β est non d´eg´en´er´ee en W, on a λ =γ. En utilisant (2.2) et le fait que β est non d´eg´en´er´ee en V, on a λ=γ0.
D´efinition 2.1.5. L’application γ r´esultante est appel´ee coforme.
Exemple 2.1.6. L’´evaluation
V ⊗V∗ →K v⊗Φ7→Φ(v)
est une forme bilin´eaire. Elle est non d´eg´en´er´ee si et seulement si V est de dimension finie.
D´efinition 2.1.7. Si β : V ⊗W → K est une forme bilin´eaire, on d´efinit son adjoint `a gauche par
βlef t:W →V∗ w7→β(−, w) et son adjoint `a droite par
βright :V →W∗
Proposition 2.1.8. β :V ⊗W →Kest une forme bilin´eaire non d´eg´en´er´ee si et seulement si W (resp. V) est de dimension finie et βlef t (resp. βright) est injective.
D´emonstration. Supposons d’abord que β : V ⊗ W → K soit une forme bilin´eaire non d´eg´en´er´ee, qu’on notera h-,-i. On ´ecrit
γ(1) =
n
X
i=1
wi⊗vi
Pour x∈W, puisque β est non d´eg´en´er´ee en W, on a x=
n
X
i=1
wihvi, xi
En particulier, {wi}i=1,...n est une famille g´en´eratrice de W, qui est alors de dimension finie.
Si h−, xi= 0, en particulier hvi, xi = 0 pour tout i∈ {1, ..., n}. Les vi ´etant les coordonn´ees de x selon {wi}i=1,...n, on a alors x=0 et βlef t est donc injec- tive.
Supposons `a pr´esent que W soit de dimension finie et que βlef t soit injec- tive. On consid`ere une base (w1,...,wn) de W. Ces vecteurs sont lin´eairement ind´ependants et par injectivit´e de βlef t, on a alors que les vecteurs
h−, w1i, ...,h−, wnisont lin´eairement ind´ependants. Il existe alors une famille (v1,...,vn) telle quehvi, wji=δi,j.
On d´efinit alorsγ : 17→
n
P
i=1
wivi qui fait de β une application non d´eg´en´er´ee.
Proposition 2.1.9. Si V et W sont de dimension finie, βlef t et βright sont duales l’une de l’autre.
D´emonstration. On va montrer que βlef test l’application duale de βright. On a
βlef t∗ : (V∗)∗ →W∗
et
ι:V →(V∗)∗
donn´ee par ι(v)(f)=f(v) pour v ∈ V et f ∈ V∗. En composant, on obtient alors
βlef t∗ ◦ι:V →(V∗)∗ →W∗ donn´ee, pour v, w∈V, par
βlef t∗ ◦ι(v)(w) = ι(v)◦βlef t(w) =hv, wi Pour w∈W, βlef t(w)=h-,wiet ι(v)(βlef t(w))=hv,wi, donc
βlef t∗ :v 7→ hv,−i=βright
On peut proc´eder de la mˆeme mani`ere pour montrer que βright est l’applica- tion duale de βlef t.
Remarque 2.1.10. Dans le cas d’un espace vectoriel de dimension finie, le foncteur (-)∗ est une ´equivalence de cat´egories, et pr´eserve en particulier le fait d’ˆetre inversible. Dans ce cas, on a alors que βlef t est injective si et seulement si βright l’est. En utilisant qu’une application est surjective si et seulement si sa duale est injective, on peut ´ecrire la proposition suivante.
Proposition 2.1.11. Consid´erons une forme bilin´eaireβ :V⊗W →K, avec V et W de dimension finie. Alors les assertions suivantes sont ´equivalentes : (i) β est non d´eg´en´er´ee,
(ii) βlef t est un isomorphisme, (iii) βright est un isomorphisme.
Proposition 2.1.12. Si V et W sont des K-espaces vectoriels de dimension finie, alors on a un isomorphisme W∗⊗V∗ '(V ⊗W)∗
D´emonstration. On peut montrer que
W∗⊗V∗ →(V ⊗W)∗ Ψ⊗Φ7→(x⊗y7→Φ(x)⊗Ψ(y)) est un isomorphisme.
D´efinition 2.1.13. Une K-alg`ebre est un K-espace vectoriel A muni de deux applications lin´eaires µ : A ⊗ A → A, appel´ee multiplication et ν : K → A, appel´ee unit´e, telles que les diagrammes suivants soient com- mutatifs :
A⊗A⊗A A⊗A
A⊗A A
idA⊗µ
µ⊗idA µ
µ
(2.3)
k⊗A A⊗A A⊗k
A
ν⊗idA
µ
idA⊗ν
(2.4)
Remarque 2.1.14. La condition (2.3) traduit l’associativit´e de la mutlipli- cation de A.
D´efinition 2.1.15. Unhomomorphisme de K-alg`ebres est une applica- tion K-lin´eaire Φ :A→B telle que les diagrammes suivants soient commu- tatifs :
A⊗A B⊗B
A B
Φ⊗Φ
µA µB
Φ
(2.5)
K
A B
νA νB
Φ
(2.6)
D´efinition 2.1.16. Une cog`ebre sur K est un K-espace vectoriel A muni de deux applications lin´eaires ∆ : A→A⊗A, appel´ee comultiplication et :A→K, appel´ee counit´e, v´erifiant :
A A⊗A
A⊗A A⊗A⊗A
∆
∆ idA⊗∆
∆⊗idA
(2.7)
k⊗A A⊗A A⊗k
A
⊗idA
idA⊗
∆ (2.8)
Remarque 2.1.17. La condition (2.7) traduit la coassociativit´e de la comul- tiplication de A.
D´efinition 2.1.18. Unhomomorphisme de cog`ebresest une application K-lin´eaire Φ :A→B telle que les diagrammes suivants soient commutatifs :
A⊗A B⊗B
A B
Φ⊗Φ
∆A
Φ
∆B (2.9)
K
A Φ B
A
B
(2.10)
Nous allons `a pr´esent utiliser les dessins suivants pour pr´esenter les concepts pr´ec´edents de mani`ere graphique :
pour la multiplication pour l’unit´e pour l’identit´e
Un espace vectoriel A sur K muni de cette multiplication et de cette unit´e est donc une K-alg`ebre si la condition d’associativit´e (2.3) est v´erifi´ee, que l’on traduit comme suit :
=
et que l’on a la condition (2.4), traduite par :
= =
2.2 D´ efinitions et premi` eres propri´ et´ es des alg` ebres de Frobenius
D´efinition 2.2.1. Une alg`ebre de Frobenius A est une K-alg`ebre de di- mension finie ´equip´ee d’une forme lin´eaire : A → K dont le noyau ne contient aucun id´eal `a gauche non trivial, appel´ee forme de Frobenius.
Proposition 2.2.2. Si A est une K-alg`ebre de dimension finie, les asser- tions suivantes sont ´equivalentes :
(i)Le noyau de la forme lin´eaire :A→K ne contient aucun id´eal `a gauche non trivial,
(ii)La forme bilin´eaire β :A⊗A→A d´efinie par (a, b)7→(ab) associ´ee `a est non d´eg´en´er´ee,
(iii)Il existe un isomorphisme de A-modules `a gauche A→∼ A∗, (iv)Il existe un isomorphisme de A-modules `a droite A→∼ A∗.
D´emonstration. Le fait que β soit non d´eg´en´er´ee ´equivaut `a β(A, y) = 0 ⇒y = 0
ce qui ´equivaut `a
(Ay) = 0 ⇒y= 0
donc au fait que le noyau de la forme lin´eaire ne contienne pas d’id´eal principal `a gauche non trivial. Puisque chaque id´eal `a gauche non trivial contient un id´eal principal `a gauche non trivial, on en d´eduit que est une forme de Frobenius.
Etant donn´´ e une forme de Frobenius , on peut construire une application A → A∗ d´efinie par 1A 7→ . Cette application est injective puisque Ker() n’a pas d’id´eal `a gauche non trivial et puisque A est de dimension finie, c’est un isomorphisme.
lin´eaire : A → K dont le noyau ne contient pas d’id´eaux `a gauche non triviaux par injectivit´e de Φ.
D´efinition 2.2.3. β est appel´ee forme bilin´eaire de Frobenius.
Remarque 2.2.4. On a alors quatre caract´erisations diff´erentes d’une alg`ebre de Frobenius.
D´efinition 2.2.5. On dit qu’une forme lin´eaire Φ : A → K satisfait la condition trace si elle v´erifie
Φ(ab) = Φ(ba)∀a, b∈A (2.11)
D´efinition 2.2.6. Une alg`ebre de Frobenius est dite sym´etrique si la forme de Frobenius :A →K satisfait (2.11).
est alors dite centrale.
Proposition 2.2.7. Si A est une alg`ebre de Frobenius, alors les assertions suivantes sont ´equivalentes :
(i)La forme de Frobenius :A→K est centrale,
(ii)La forme bilin´eaire de Frobeniusβ :A⊗A→Aassoci´ee `aest sym´etrique, (iii)L’isomorphisme de A-modules `a gauche A→∼ A∗ est aussi A-lin´eaire `a droite,
(iv)L’isomorphisme de A-modules `a droite A→∼ A∗ est aussi A-lin´eaire `a gauche.
D´emonstration. Grˆace `a la proposition (2.2.2), pour l’´equivalence de deux premi`eres conditions il nous faut seulement montrer que la sym´etrie de la forme de Frobenius est ´equivalente `a la sym´etrie de la forme associ´ee β.
Pour a, b∈A, si est sym´etrique, on a
donc β est sym´etrique.
Pour a, b∈A, siβ est sym´etrique, on a
(ab) = β(a, b) =β(b, a) =(ba) donc est sym´etrique.
Si β est sym´etrique, pour tousa, b∈A, on a
βlef t(ab) = h−, abi=hab,−i=ha, b−i=hb−, ai et
βlef t(a).b=hb−, ai donc βlef t est A-lin´eaire `a droite.
Supposons que βlef t soit ´egalement A-lin´eaire `a droite. On a, par A-lin´earit´e
`
a droite,
β(a, b) =βlef t(1A)(ab) = (b.βlef t(1A))(a)
=βlef t(b)(a) = (βlef t(1A).b)(a)
=βlef t(1A)(ba) = β(b, a) donc β est sym´etrique.
On traite de la mˆeme fa¸con l’´equivalence entre (ii) et (iv).
Remarque 2.2.8. On a ici encore quatre caract´erisations diff´erentes d’une alg`ebre de Frobenius sym´etrique.
D´efinition 2.2.9. Le produit int´erieur est d´efini par
b∗(a1⊗a2)∗c=a1c⊗ba2 ∀a1, a2, b, c∈A (2.12)
Remarque 2.2.10. En termes de coforme, la sym´etrie se traduit par γ(1).a=a.γ(1)
γ(1)∗a=a∗γ(1)
D´efinition 2.2.11. Une alg`ebre de Frobenius (A,) est dite commutative si A est commutative.
Remarque 2.2.12. Toute alg`ebre de Frobenius A commutative est sym´etrique.
En effet, si A est commutative, pour tous a, b∈A on a ab=ba, donc (ab) =(ba).
Nous allons `a pr´esent donner quelques exemples d’alg`ebres de Frobenius.
Exemple 2.2.13. (l’alg`ebre de Frobenius triviale) (K, idK) est une alg`ebre de Frobenius.
Exemple 2.2.14. (un exemple concret)
C est une alg`ebre de Frobenius sur R avec une forme de Frobenius donn´ee par :
C→R a+ib7→a
Exemple 2.2.15. (extensions alg´ebriques de corps)
Si Lest une extension finie deK, alors toute applicationK-lin´eaire non nulle : L → K est une forme de Frobenius puisque les corps n’ont pas d’id´eaux propres non nuls.
Remarque 2.2.16. La structure de Frobenius sur une alg`ebre n’est donc pas unique. On a cependant la proposition suivante :
Proposition 2.2.17. Si est une forme de Frobenius sur A, toute autre forme de Frobenius sur A est donn´ee parµ◦, o`u µd´esigne la multiplication par un ´el´ement inversible de A.
De plus, si (A,) est sym´etrique, toute autre forme de Frobenius centrale est donn´ee par µ0 ◦, o`u µ’ d´esigne la multiplication par un ´el´ement inversible
Exemple 2.2.18. (alg`ebres de matrices)
Mn(K) est une alg`ebre de Frobenius sur K avec la trace T r :Mn(K)→K
A= (aij)i,j 7→
n
X
i=1
aii
Cette alg`ebre de Frobenius est mˆeme sym´etrique.
En revanche, si on consid`ere la matrice B=(bij)i,j d´efinie par bij = 1 si j =n−i+ 1, Mn(K) munie de
:Mn(K)→ K A= (aij)i,j 7→ T r(AB) n’est pas sym´etrique puisque B n’est pas centrale.
Remarque 2.2.19. La sym´etrie d’une alg`ebre de Frobenius d´epend donc de la forme de Frobenius choisie.
Exemple 2.2.20. (Anneaux de Gorenstein) On consid`ere un anneau com- mutatif A artinien et local, avec pour id´eal maximal m. A est un anneau de Gorenstein si on a Soc(A)'A/m o`u Soc(A) est l’annulateur de m.
On a alors que A, muni de n’importe quelle forme lin´eaire ne s’annulant pas sur le socle, est une alg`ebre de Frobenius.
K[x]/hxnia pour soclehxn−1iet peut donc ˆetre muni de la forme de Frobenius θ:K[x]/hxni →K
a0+...+an−1xn−1 7→an−1
2.3 La comultiplication sur une alg` ebre de Frobenius
On munit la K-alg`ebre A d’une forme de Frobenius qu’on pr´esente comme suit :
La forme bilin´eaire de Frobenius β sera repr´esent´ee par :
On a les relations suivantes entre β et :
=
(2.13) et
= =
(2.14) D´efinition 2.3.1. On dit que ∆satisfait la condition de Frobeniussi on a
= =
(2.15) La non d´eg´en´erescence de la forme de Frobenius est caract´eris´ee par l’exis- tence d’une forme γ repr´esent´ee par
et satisfaisant la condition suivante, appel´ee relation du serpent :
= =
On peut alors d´efinir ∆ par :
= =
Cela signifie que l’on a
∆ = (µ⊗idA)◦(idA⊗γ) = (idA⊗µ)◦(γ⊗idA)
Proposition 2.3.2. Si (A,) est une alg`ebre de Frobenius, ∆ est une co- multiplication sur A satisfaisant la condition de Frobenius et fait de A une cog`ebre avec la counit´e .
De plus, c’est l’unique comultiplication de counit´e .
D´emonstration. On va d’abord montrer que ∆ satisfait la condition de Fro- benius (2.15). On a, en utilisant l’associativit´e de la multiplication µ,
= =
Ce qui nous donne la premi`ere ´egalit´e de (2.15). La deuxi`eme ´egalit´e se montre de la mˆeme fa¸con.
Il nous reste `a montrer que ∆ est coassociative, c’est-`a-dire v´erifie (2.7) et que v´erifie (2.8).
On peut traduire (2.7) comme :
=
Par d´efinition de ∆, on a :
=
En utilisant l’associativit´e de la multiplication, on remarque que l’on a ´egalit´e avec :
=
On va `a pr´esent montrer que est une counit´e pour ∆, c’est-`a-dire que :
= =
En utilisant (2.14), on a :
= = =
est donc bien une counit´e pour ∆.
Une preuve de l’unicit´e est donn´ee dans [5].
On vient donc de montrer que toute alg`ebre de Frobenius (A,) peut ˆetre munie d’une unique structure de cog`ebre ayant pour counit´e .
Proposition 2.3.3. Si A est unK-espace vectoriel muni d’une multiplication µ et d’une unit´e ν ainsi que d’une comultiplication ∆ et d’une counit´e , v´erifiant la condition de Frobenius (2.15), alors :
(i) A est de dimension finie,
(ii) µ est associative (et A est donc une K-alg`ebre de dimension finie), (iii) est une forme de Frobenius.
Remarque 2.3.4. On a alors qu’une K-alg`ebre de dimension finie est une alg`ebre de Frobenius si et seulement si elle admet une comultiplication qui est un morphisme de Ae-modules et une counit´e.
C’est Lowell Abrams qui d´emontra cette ´equivalence en premier, dans l’article [1].
Proposition 2.3.5. La comultiplication d’une alg`ebre de Frobenius est com- mutative si et seulement si sa multiplication l’est.
On pourra trouver une preuve graphique de ces propositions dans [5].
Remarque 2.3.6. SiΦ :A→A0 est un homomorphisme d’alg`ebres v´erifiant 0 ◦Φ = pour :A→K une forme de Frobenius et 0 :A0 →K alors Φ est injectif. En effet, Ker(Φ) ´etant un id´eal de A inclus dans Ker(), Ker(Φ)=0.
D´efinition 2.3.7. Un homomorphisme d’alg`ebres de Frobenius est un homomorphisme qui est simultan´ement un homomorphisme d’alg`ebres et un homomorphisme de cog`ebres.
En particulier, un homomorphisme d’alg`ebres de Frobenius Φ : (A, )→(A0, 0) v´erifie 0◦Φ = .
Proposition 2.3.8. Un homomorphisme entre alg`ebres de Frobenius Φ : (A, )→(A0, 0) est toujours inversible.
D´emonstration. Φ est comultiplicatif et respecte les counit´es donc son dual Φ∗ est mutliplicatif et respecte les unit´es.
On a alors que Φ∗ est injectif, donc c’est un isomorphisme. Ceci implique que Φ est surjectif et puisqu’il est injectif par (2.3.6), c’est un isomorphisme.
Chapitre 3
Doubles alg` ebres
Dans ce chapitre, on consid´erera un corps K.
3.1 Doubles alg` ebres de Lie et associatives
D´efinition 3.1.1. Unedouble alg`ebreest un espace vectoriel A muni d’une application lin´eaire appel´ee double crochet M :A⊗A→A⊗A.
Pour a, b∈A, on notera M(a, b) = M0(a, b)⊗M00(a, b).
D´efinition 3.1.2. Une double alg`ebre unitaire est une double alg`ebre (A,M) munie d’un ´el´ement e∈A v´erifiant pour tout a∈A
M(e⊗a) = e⊗a M(a⊗e) = a⊗e
D´efinition 3.1.3. Une sous-alg`ebre d’une double alg`ebre (A,M) est un sous-espace vectoriel A0 de A tel que M|A0⊗A0 est `a valeurs dans A0⊗A0. Remarque 3.1.4. L’intersection de deux sous-alg`ebres A1, A2 d’une double alg`ebre (A,M) est une double alg`ebre.
En effet, puisque l’on a
M|A1⊗A1 ⊆A1⊗A1 M|A2⊗A2 ⊆A2⊗A2 pour a, b∈A1∩A2, on a
M(a, b)∈(A1⊗A1)∩(A2⊗A2)
donc M|(A1∩A2)⊗(A1∩A2) est `a valeurs dans (A1∩A2)⊗(A1∩A2) et A1 ∩A2 est une sous-alg`ebre.
D´efinition 3.1.5. Unhomomorphismeentre les doubles alg`ebres(A, MA) et (B, MB) est une application lin´eaire Φ : A → B telle que le diagramme suivant commute :
A⊗A B⊗B
A⊗A B⊗B
Φ⊗Φ
MA MB
Φ⊗Φ
(3.1)
D´efinition 3.1.6.Unhomomorphismeentre les doubles alg`ebres unitaires (A, MA, eA) et (B, MB, eB) est un homomorphisme de doubles alg`ebres Φ :A→B tel que Φ(eA) =eB.
On peut ´etendre le double crochetM :A⊗A→A⊗A`a quatre applications lin´eairesA⊗3 →A⊗3, en notantτ :A⊗A→A⊗Al’applicationa⊗b7→b⊗a:
a⊗b⊗c7→M(a, b⊗c)L=M(a, b)⊗c
a⊗b⊗c7→M(a, b⊗c)R= (τ⊗id)(b⊗M0(a, c)⊗M00(a, c)) a⊗b⊗c7→M(a⊗b, c)L= (id⊗τ)(b⊗M0(a, c)⊗M00(a, c)) a⊗b⊗c7→M(a⊗b, c)R=a⊗M(b, c)
On remarque que l’on aM(a, b⊗c)R =M(a⊗b, c)L, ce que l’on peut r´e´ecrire : (τ⊗id)◦(id⊗M)◦(τ ⊗id) = (id⊗τ)◦(M⊗id)◦(id⊗τ)
On notera
Mˆ = (id⊗τ)◦(M ⊗id)◦(id⊗τ) Remarque 3.1.7. On a
ˆ
τ = (id⊗τ)◦(τ⊗id)◦(id⊗τ) = (τ ⊗id)◦(id⊗τ)◦(τ ⊗id) D´efinition 3.1.8. Une double alg`ebre (A,M) est appel´ee double alg`ebre de Lie si elle v´erifie :
(Anti-sym´etrie)
M(a, b) =−τ(M(b, a))∀a, b∈A (3.2) (Jacobi)
M(a, M(b, c))L−(τ ⊗id)(M(b, M(a, c))R) =M(M(a, b), c)L ∀a, b, c∈A (3.3) D´efinition 3.1.9. Une double alg`ebre (A,M) est associative si le dia- gramme suivant est commutatif :
A⊗3 A⊗3
A⊗3 A⊗3
A⊗3 A⊗3
M⊗id
id⊗M id⊗M
Mˆ
M⊗id
id⊗M
M⊗id
(3.4)
Pour a, b, c∈A, la commutativit´e du trap´ezo¨ıde sup´erieur est ´equivalente `a M(a, M(b, c))R =M(M(a, b), c)R
et celle du trap´ezo¨ıde inf´erieur `a
M(a, M(b, c))L =M(M(a, b), c)L
D´efinition 3.1.10. Une double alg`ebre (A,M) est commutative si elle est associative et que le diagramme suivant est commutatif :
A⊗2 A⊗2
A⊗2 A⊗2
τ
M M
τ
(3.5)
Pour a, b∈A, cela se traduit par :
M(a, b) =τ(M(b, a))∀a, b∈A
Exemple 3.1.11. Pour un K-espace lin´eaire A, on d´efinit la double alg`ebre Acpar A muni du double crochet d´efini parM(a, b) =a⊗bpour tousa, b∈A.
Cette double alg`ebre est associative et commutative.
Exemple 3.1.12. (un exemple concret)
Si B =K2 est muni de la base canonique(e1, e2), on d´efinit un double crochet sur B par
M(e1, e1) =e1⊗e2, M(e1, e2) =M(e2, e1) =M(e2, e2) = 0.
B est alors une double alg`ebre associative et non commutative.
On notera τ ◦M =τM etM ◦τ =Mτ.
Exemple 3.1.13. (double alg`ebre oppos´ee `a gauche)
Si (A,M) est une double alg`ebre, on d´efinit son oppos´ee Aop par A muni du double crochet d´efini par M(a, b)op=τM(b, a)pour tous a, b∈A. De plus, si
l’est aussi.
En effet, pour a, b, c∈A, on a
τM(τM(a, b), c)R= (τ ⊗id)◦(id⊗τ)(M(M(a, b), c)L)
τM(a,τM(b, c))R= (τ ⊗id)◦(id⊗τ)(M(a, M(b, c))L)
τM(τM(a, b), c)L= (id⊗τ)◦(τ⊗id)(M(M(a, b), c)R)
τM(a,τM(b, c))L= (id⊗τ)◦(τ⊗id)(M(a, M(b, c))R)
ce qui nous permet de conclure que Aop est une double alg`ebre associative si A l’est.
On a ´egalement, pour a, b∈A,
τ(τM(a, b)) =M(a, b)
ce qui nous donne que Aop est une double alg`ebre de Lie (resp. commutative) si A l’est.
Proposition 3.1.14. (double alg`ebre oppos´ee `a droite)
Si (A,M) est une alg`ebre double associative, alors (A, Mτ)est ´egalement une alg`ebre double associative.
D´emonstration. On va montrer dans un premier temps que l’on a (id⊗Mτ)◦(Mτ⊗id) = ˆMτ ◦(id⊗Mτ)
On a
(id⊗Mτ)◦(Mτ⊗id)
= (id⊗M)◦(id⊗τ)◦(M⊗id)◦(τ ⊗id)
= (id⊗M)◦(id⊗τ)◦(M⊗id)◦(id⊗τ)◦(id⊗τ)◦(τ⊗id)
= (id⊗M)◦(τ ⊗id)◦(id⊗M)◦(τ ⊗id)◦(id⊗τ)◦(τ⊗id)
= (τ⊗id)◦Mˆ ◦(id⊗M)◦ˆτ
= (τ⊗id)◦(id⊗M)◦(M⊗id)◦τˆ et
Mˆτ ◦(id⊗Mτ)
= (τ⊗id)◦(id⊗M)◦(id⊗τ)◦(τ⊗id)◦(id⊗M)◦(id⊗τ)
= (τ⊗id)◦(id⊗M)◦(id⊗τ)◦(id⊗τ)◦(M ⊗id)◦τˆ
= (τ⊗id)◦(id⊗M)◦(M⊗id)◦τˆ Il nous faut `a pr´esent montrer que
(Mτ ⊗id)◦(id⊗Mτ) = ˆMτ ◦(Mτ ⊗id) On a
(Mτ ⊗id)◦(id⊗Mτ)
= (M ⊗id)◦(τ ⊗id)◦(id⊗M)◦(id⊗τ)
= (M ⊗id)◦(τ ⊗id)◦(id⊗M)◦(τ ⊗id)◦(τ ⊗id)◦(id⊗τ)
= (M ⊗id)◦(id⊗τ)◦(M⊗id)◦(id⊗τ)◦(τ ⊗id)◦(id⊗τ)
= (id⊗τ)◦Mˆ ◦(M ⊗id)◦ˆτ
= (id⊗τ)◦(M ⊗id)◦(id⊗M)◦τˆ
et
Mˆτ ◦(Mτ ⊗id)
= (id⊗τ)◦(M ⊗id)◦(τ⊗id)◦(id⊗τ)◦(M ⊗id)◦(τ⊗id)
= (id⊗τ)◦(M ⊗id)◦(τ⊗id)◦(τ⊗id)◦(id⊗M)◦τˆ
= (id⊗τ)◦(M ⊗id)◦(id⊗M)◦τˆ
Proposition 3.1.15. Si (A,M) est une double alg`ebre associative, alors (A,M˜) est une alg`ebre de Lie not´ee A(−), o`u M˜(a, b) = M(a, b)−τM(b, a) pour tous a, b∈A.
D´emonstration. On commence par v´erifier la condition (3.2) d’anti-sym´etrie.
Pour a, b, c∈A, on a
M˜(a, b) = M(a, b)−τM(b, a) =−(−M(a, b) +τM(b, a)) et
τM(a, b) =˜ τM(b, a)−τ2M(a, b) = τM(b, a)−M(a, b) d’o`u ˜M(a,b)=-τM(b,a).˜
On doit ensuite v´erifier la condition (3.3) de Jacobi. On peut v´erifier que pour a, b, c∈A,
M˜(a,M˜(b, c))L= ˜M(a, M(b, c))L−( ˜M(a,τM(c, b))L)
=M(a, M(b, c))L−(τ⊗id)◦(id⊗τ)(M(M(b, c), a)L)
−(id⊗τ)◦M(a, M(c, b))R
+ (id⊗τ)◦(τ⊗id)◦(id⊗τ)(M(M(c, b), a)R)
et
(τ ⊗id)( ˜M(b,M˜(a, c))R) = ˜M(b, M(a, c))R−( ˜M(b,τM(c, a))R)
= (τ ⊗id)(M(b, M(a, c))R)−(id⊗τ)◦M(M(a, c), b)R
−(τ ⊗id)◦(id⊗τ)(M(b, M(c, a))L) + (id⊗τ)◦(τ ⊗id)(M(M(c, a), b)L) et
M˜( ˜M(a, b), c)L= ˜M(M(a, b), c)L−( ˜M(τM(b, a), c))L
=M(a, M(b, c))L−(id⊗τ)◦(τ ⊗id)(M(c, M(a, b))L)
−(τ⊗id)(M(M(b, a), c)R)
+ (id⊗τ)◦(τ⊗id)◦(id⊗τ)(M(c, M(b, a))R) En utilisant l’associativit´e de (A,M), on obtient alors l’identit´e d´esir´ee.
Proposition 3.1.16. Si (A, MA)et(B, MB)sont des doubles alg`ebres, alors A⊗B est une double alg`ebre munie de
M(a1⊗b1, a2⊗b2) = (id⊗τ ⊗id)◦(MA(a1, a2)⊗MB(b1, b2)) pour a1, a2 ∈A, b1, b2 ∈B.
De plus, si A est une double alg`ebre de Lie (resp. associative, resp. commu- tative) et si B est commutative, alors A⊗B est une double alg`ebre de Lie (resp. associative, resp. commutative).
Proposition 3.1.17. Si A est une double alg`ebre de dimension finie, alors l’application conjugu´ee M∗ munit A∗ d’une structure de double alg`ebre.
De plus, si A est une double alg`ebre de Lie (resp. commutative), alors A∗ l’est aussi.
En revanche, c’est faux pour l’associativit´e.
Exemple 3.1.18. On consid`ere A=K2 muni du double crochet d´efini par M(e1, e1) = e1⊗e2−e2⊗e1
M(ei, ej) = 0si(i, j)6= (1,1).
C’est alors une double alg`ebre de Lie isomorphe `a B(−), o`u B d´efinie dans l’exemple (3.1.12).
Cependant,A∗ =K2 muni deM(e1, e2) =e1⊗e1 =−M(e2, e1)est ´egalement une double alg`ebre de Lie mais ne peut pas ˆetre pr´esent´ee comme A0(−) pour une double alg`ebre associative A0.
3.2 Structure de double alg` ebre comme op´ erateur lin´ eaire
D´efinition 3.2.1. Pour A un espace vectoriel de dimension finie, on d´efinit la forme trace par
h−,−i:End(A)×End(A)→K (a, b)7→tr(ab)
Remarque 3.2.2. C’est une forme bilin´eaire sym´etrique non d´eg´en´er´ee et invariante (i.e hab, ci=ha, bci=hb, cai ∀ a, b, c∈A).
On fixe un isomorphisme lin´eaireι :End(A)→End(A)∗ donn´e par hι(a), bi=ha, bi ∀a, b∈A,
.
On peut identifier End(A) et A∗ ⊗A grˆace `a l’application A∗ ⊗A →End(A)
De mˆeme, on identifie End(A)⊗End(A) `a End(End(A)) en rempla¸cant A par End(A) dans l’identification pr´ec´edente.
On a alors les isomorphismes suivants :
End(A⊗A)'(A⊗A∗)⊗(A⊗A) 'A∗⊗A∗⊗A⊗A 'A∗⊗A⊗A∗ ⊗A 'End(A)⊗End(A) 'End(End(A)) Ceci nous permet d’´enoncer la proposition suivante :
Proposition 3.2.3. Toute structure de double alg`ebre M est d´etermin´ee par un op´erateur lin´eaire R :End(A)→End(A).
On peut mˆeme avoir une expression explicite d’un double crochet en termes d’op´erateurs :
On consid`ere (e1, ..., eN) une base de End(A) et (e∗1, ...e∗N) la base duale rela- tivement `a la forme trace, i.e he∗i, eji=δi,j.
On consid`ere ´egalement R* l’op´erateur conjugu´e de R relativement `a la forme trace.
On a alors pour a, b∈A :
M(a, b) =
n
X
i=0
ei(a)⊗R(e∗i)(b) =
n
X
i=0
R∗(ei)(a)⊗e∗i(b) (3.6) Th´eor`eme 3.2.4. Consid´erons une double alg`ebre (A,M) d´etermin´ee par un op´erateur R. On a alors les ´equivalences suivantes :
(i) A est une double alg`ebre de Lie si et seulement si
∗
(ii)A est une double alg`ebre associative si et seulement si
R(a)R(b) = R(R(a)b), R∗(a)R∗(b) =R∗(R∗(a)b) (3.8) (iii) A est une double alg`ebre commutative si et seulement si
R=R∗, R(a)R(b) =R(R(a)b) = R(aR(b)) (3.9) On pourra trouver une preuve de ce th´eor`eme dans [4].
Remarque 3.2.5. Si (A,M) est une double alg`ebre associative d´etermin´ee par un op´erateur lin´eaire R, (3.8) implique que A munie du produit double d´etermin´e par R∗ est aussi une double alg`ebre associative, puisque (R∗)∗ =R.
Or l’op´erateur R∗ d´efinit, pour a, b∈A, le produit
n
X
i=0
ei(a)⊗R∗(e∗i)(b) =
n
X
i=0
R(ei)(a)⊗e∗i(b) qui est τMτ.
En effet,
τMτ(a, b) =τM(b, a)
=τ(
n
X
i=0
ei(b)⊗R(e∗i)(a))
=
n
X
i=0
R(e∗i)(a)⊗ei(b)
=
n
X
i=0
R(ei)(a)⊗e∗i(b)
Puisque (A,τM) est associative d’apr`es l’exemple (3.1.13) si (A,M) l’est, on retrouve l’associativit´e de Mτ ´enonc´ee dans la proposition (3.1.14), dans le cas o`u A est de dimension finie.
3.3 Id´ eaux d’une double alg` ebre
D´efinition 3.3.1. Un id´eal d’une double alg`ebre (A,M), un sous-espace I ⊆A tel que M(A, I) +M(I, A)⊆I⊗A+A⊗I, o`u l’on a not´e
M(A, I) = M(A⊗I).
Remarque 3.3.2. Si I est un id´eal d’une double alg`ebre A, alors le quotient A/I est muni d’une structure de double alg`ebre.
En effet, le quotient A/I est bien d´efini puisque I est un sous-espace de A, et on peut consid´erer l’application
M¯ :A/I⊗A/I →A/I⊗A/I
(¯a,¯b)7→M0(a, b)⊗M00(a, b) Cette application est bien d´efinie puisque si (¯a,¯b) = (¯c,d), on a¯
M(a, b)−M(c, d) =M(a, b)−M(c, b) +M(c, b)−M(c, d)
=M(a−c, b) +M(c, b−d)
∈M(I, A) +M(A, I)⊆A⊗I+I ⊗A donc M0(a, b)⊗M00(a, b) = M0(c, d)⊗M00(c, d).
Nous allons `a pr´esent ´enoncer quelques propri´et´es du produit tensoriel de K-espaces vectoriels qui seront utiles par la suite.
Proposition 3.3.3. Si E et F sont deux K-espace vectoriels, et si {vi}i∈I, {wi}i∈I sont des familles de vecteurs de E et F respectivement telles que {vi}i∈I forme une famille libre, alors
X
i∈I
vi⊗wi = 0⇐⇒wi = 0∀i D´emonstration. Soit u∈F∗ une forme lin´eaire sur F.
On peut v´erifier que l’application
f :E⊗F →E x⊗y7→xu(y) est bien d´efinie. Si P
i∈I
vi⊗wi = 0, on a alorsf(P
i∈I
vi⊗wi) = 0, ce qui donne P
i∈I
viu(wi) = 0.
La famille {vi}i∈I ´etant libre, on en d´eduit que u(wi) = 0 pour tout i∈I.
Ceci ´etant vrai pour toute forme lin´eaire u∈F∗, wi = 0 pour touti∈I.
Remarque 3.3.4. On en d´eduit que si E et F sont deux K-espace vectoriels, et si {vi}i∈I, {wj}j∈J sont des familles libres de vecteurs de E et F respecti- vement, alors {vi⊗wj}(i,j)∈I×J est une famille libre de E⊗F.
On peut ´egalement montrer que si{vi}i∈I,{wj}j∈J sont des familles g´en´eratices de vecteurs de E et F respectivement, alors {vi⊗wj}(i,j)∈I×J est une famille g´en´eratrice de E⊗F.
On a alors que si {vi}i∈I, {wj}j∈J sont des bases respectives de E et F, {vi⊗wj}(i,j)∈I×J est une base de E⊗F.
Proposition 3.3.5. Si V1, V2, W1, W2 sont des K-espaces vectoriels et f1 :V1 →W1, f2 :V2 →W2 des applications lin´eaires, alors
Ker(f1⊗f2) =Ker(f1)⊗V2+V1 ⊗Ker(f2)
D´emonstration. On a clairementKer(f1)⊗V2+V1⊗Ker(f2)⊆Ker(f1⊗f2).
On peut ´ecrire
V1 =U1⊕Ker(f1) V2 =U2⊕Ker(f2) o`u U1, U2 sont des K-espaces vectoriels, et on a alors
On a
U1⊗Ker(f2)⊕Ker(f1)⊗U2⊕Ker(f1)⊗Ker(f2) = Ker(f1)⊗V2+V1⊗Ker(f2) donc il nous reste `a monter que (f1⊗f2)|U1⊗U2 est injective.
Si {xi}i∈I est une base de U1 et {yj}j∈J une base de U2, alors en utilisant (3.3.4), la famille (xi⊗yj)i∈I,j∈J forme une base de U1⊗U2.
Tout ´el´ement x⊗y deU1⊗U2 s’´ecrit donc sous la forme P
i∈I
P
j∈J
λi,jxi⊗yj. Si (f1⊗f2)(x⊗y)=0, on a alors
(f1⊗f2)(X
i∈I
X
j∈J
λi,jxi⊗yj) =X
i∈I
X
j∈J
λi,jf1(xi)⊗f2(yj)
= 0
Puisque f1 est injective sur U1 et que f2 est injective sur U2, on a que les familles (f1(xi))i∈I,(f2(yj))j∈J sont libres et en utilisant (3.3.4),
(f1(xi)⊗f2(yj))i∈I,j∈J l’est ´egalement, donc (f1⊗f2)|U1⊗U2 est injective.
Ces propri´et´es du produit tensoriel sur un corps nous permettent d’´ecrire la propositon suivante :
Proposition 3.3.6. Si (A,M) est une double alg`ebre, un sous-espace I ⊆A est un id´eal de A si et seulement si c’est le noyau d’un homomorphisme de doubles alg`ebres.
D´emonstration. Supposons tout d’abord que I ⊆A soit un id´eal de A.
D’apr`es la remarque pr´ec´edente, (A/I,M¯) est une double alg`ebre et on peut consid´erer l’application
φ¯:A→A/I a7→a¯
On a, pour a, b∈A,
( ¯φ⊗φ)(M¯ (a, b)) = M0(a, b)⊗M00(a, b)
= ¯M( ¯φ(a),φ(b))¯
donc ¯φ est un homomorphisme de doubles alg`ebres et I est son noyau.
Supposons `a pr´esent que I soit le noyau d’un homomorphisme de doubles alg`ebres Φ : (A, MA)→(B, MB).
Puisque φ est un homomorphisme, on a
(φ⊗φ)(MA(A, I) +MA(I, A)) = MB((φ⊗φ)(A⊗I+I⊗A))
Or, d’apr`es la proposition (3.3.5), A⊗I+I⊗A est le noyau de φ⊗φ donc (φ⊗φ)(MA(A, I) +MA(I, A)) = 0
et MA(A, I) +MA(I, A)⊆A⊗I+I⊗A.
D´efinition 3.3.7. Une double alg`ebre (A,M) est simple si M(A, A)6= 0 et si A n’a pas d’id´eaux propres.
Proposition 3.3.8. Si (L,M) est une double alg`ebre de dimension finie d´etermin´ee par un op´erateurR :End(L)→End(L), alors L n’a pas de sous- espace propre non nul invariant relativement `a R(End(L)) et R∗(End(L)).
D´emonstration. En utilisant la description (3.6) de M en fonction de R, on remarque que tout espace R(End(L))-invariant (resp.R∗(End(L))-invariant) est un id´eal de V.
Th´eor`eme 3.3.9. Une double alg`ebre de Lie L de dimension finie stricte- ment sup´erieure `a 1 contient un id´eal propre non nul.
D´emonstration. D’apr`es le th´eor`eme (3.2.4), le double crochet de L est donn´e par un op´erateur lin´eaire R sur A=End(L), v´erifiant (3.7).
On d´eduit de
que R(A) est une sous-alg`ebre de A. En revanche, R(A) ne contient pas 1A. En effet, si 1A=R(a) pour a∈A, alors
1A1A=R(a)R(a) = R(a) +R(a) = 1A+ 1A ce qui est impossible.
Supposons que L est simple. Alors L est un R(A)-module irr´eductible d’apr`es la proposition pr´ec´edente, ce qui ´equivaut `a dire que R(A) est un A-module irr´eductible, donc contient l’identit´e. On aboutit alors `a une contradiction, donc L n’est pas simple, et L contient un id´eal propre non nul.
Remarque 3.3.10. La seule double alg`ebre de Lie de dimension finie sans id´eaux propres non nuls est donc de dimension 1. Dans ce cas, on a
M(L, L) = 0 et donc aucune double alg`ebre de Lie n’est simple.
On va `a pr´esent ´etudier la simplicit´e des doubles alg`ebres associatives.
On consid`ere α∈K non nul et un espace vectoriel V sur K muni du double crochet d´efini par M(u, v) = αu⊗v pour u, v∈V.
Alors V est une double alg`ebre commutative et tout sous-espace de V en est un id´eal. V est donc simple si et seulement si elle est de dimension 1.
Th´eor`eme 3.3.11. Si K est un corps alg´ebriquement clos, V est la seule double alg`ebre associative simple de dimension finie sur K.
Th´eor`eme 3.3.12. Sur un corps arbitraire, toute double alg`ebre associative simple de dimension finie est commutative.
On pourra trouver une preuve de ces th´eor`emes dans [4]. Il s’agit d’utiliser la description de la structure de double alg`ebre de V avec un op´erateur lin´eaire R.
En notant A =End(V), on commence par montrer que R(A) +R∗(A) =A en utilisant (3.3.8) et que cela implique que Ker(R) = 0.
Puisque dim(Ker(R)) = dim(Ker(R∗)), on a alors R∗(A) = A. Pour tous
que R=R∗ =αidA.
Pour le second th´eor`eme, il s’agit de montrer que si une double alg`ebre asso- ciative de dimension finie d´etermin´ee par un op´erateur lin´eaire R est simple, alors R = R∗. On ´etudie alors l’id´eal {R(x)−R∗(x)|x ∈ A} pour montrer qu’il est nul. Il suffit ensuite d’utiliser (3.9).
Chapitre 4
Homologie et cohomologie de Hochschild
Dans ce chapitre, K d´esignera un anneau commutatif unitaire, d’unit´e not´ee 1, et A une K-alg`ebre associative unitaire, d’unit´e not´ee 1A. On notera ⊗le produit tensoriel sur K.
4.1 Le complexe de Hochschild
D´efinition 4.1.1. Un A-bimoduleM est un A-module `a droite et `a gauche tel que :
-pour tous a, b∈A, m∈M, (am)b=a(mb)
-pour tous λ ∈K, a∈A, m∈M, (λa)m =λ(am) =a(λm)
D´efinition 4.1.2. L’alg`ebre oppos´ee de A, not´ee Aop, est l’alg`ebre dont le module sous-jacent est A et dont la multiplication v´erifie
aopbop=(ba)op, ∀ aop, bop∈Aop.
Remarque 4.1.3. On peut munir A⊗Aop d’une structure de K-alg`ebre as- sociative unitaire en prenant pour multiplication
(A⊗Aop)×(A⊗Aop)→A⊗Aop (a⊗aop, b⊗bop)7→ab⊗(ba)op
Proposition 4.1.4. La donn´ee d’unA⊗Aop-module `a gauche (resp.`a droite)
´
equivaut `a la donn´ee d’un A-bimodule.
D´emonstration. On peut v´erifier ais´ement que si Φ : (A⊗Aop)×M → M fait de M un A ⊗Aop-module `a gauche, on peut d´efinir une structure de A-bimodule sur M par :
A×M →M (a, m)7→Φ(a⊗1A, m)
M×A→M (m, a)7→Φ(1A⊗a, m)
Inversement, si M est un A-bimodule, on peut le munir d’une stucture de A⊗Aop-module `a gauche `a l’aide de
(A⊗Aop)×M →M (a⊗b, m)7→amb
Remarque 4.1.5. A est donc muni d’une structure de A⊗Aop-module.
D´efinition 4.1.6. Un complexe de A-modules est un module gradu´e
M = L
n∈N
Mn muni d’applications dn : Mn → Mn+1 pour tout n ∈ N telles que
dn+1◦dn = 0.
d={dn}n∈N est appel´ee diff´erentielle.
... d−→n+1 Mn dn
−→Mn−1 dn−1
−→Mn−2 dn−2
−→ ...
Consid´erons `a pr´esent un A-bimodule M.
D´efinition 4.1.7. Le complexe de Hochschild de A `a valeurs dans M est d´efini par le module gradu´e C∗(A, M) = L
n≥0
M ⊗A⊗Aop A⊗n ´equip´e de la
diff´erentielle bn:Cn(A, M)→Cn−1(A, M) donn´ee, pour n ≥1, par
bn(m⊗a1⊗...⊗an) = ma1⊗...⊗an +
n−1
X
i=0
m⊗a1⊗aiai+1⊗an + (−1)nanm⊗...⊗an−1
... −→b3 C2(A, M)−→b2 C1(A, M)−→b1 C0(A, M)−→ 0
D´efinition 4.1.8. L’homologie de Hochschild de A `a valeurs dans M est le module gradu´e H∗(A, M) = L
n≥0
Hn(C∗(A,M),b) o`u
Hn(C∗(A, M), b) =Ker(bn)/Img(bn+1).
D´efinition 4.1.9. On notera C∗(A) le complexe de Hochschild de A et HH∗(A) son homologie.
Proposition 4.1.10. Si M, N sont deux A-bimodules et f : M → N un morphisme de A-bimodules, alors f induit une application K-lin´eaire
Cn(f) :Cn(A, M)→Cn(A, N) De plus, cela induit une application de k-modules gradu´es
f∗ :H∗(A, M)→H∗(A, N) Proposition 4.1.11. (fonctorialit´e)
Si A et B sont deux alg`ebres associatives et f : A → B un morphisme d’alg`ebres, alors f induit un morphisme de K-modules HH∗(A)→HH∗(A).
De plus,HH∗ est un foncteur de la cat´egorie desK-alg`ebres associatives dans
Nous allons `a pr´esent calculer H0(A,M) `a titre d’exemple.
On a C0(A, M) =M etC1(A, M) =M ⊗A.
De plus, b1(a⊗m) = ma−am pour tousm ∈M, a∈A.
On a alors H0(A, M) =M/{ma−am|a∈A, m∈M}.
On peut ´egalement calculer que HH0(A) = A/[A, A], o`u [A,A] d´esigne le sous-K-module des commutateurs de A.
Si A est commutatif, on a alors HH0(A) = A.
4.2 La r´ esolution Bar
D´efinition 4.2.1.Si M est un A-module, uner´esolutionde M est la donn´ee d’un complexe (C∗, d)concentr´e en degr´es positifs tel queHn(C∗, d) = 0 pour n ≥ 0 et d’une surjection : C0 → M, appel´ee augmentation, telle que Ker() = Img(d1).
... −→d3 C2 d2
−→C1 d1
−→C0
−→ M −→0
D´efinition 4.2.2. On d´efinit la r´esolution Bar (ou r´esolution de Hoch- schild) comme ´etant le complexe donn´e par le module gradu´eC∗0(A) = L
n≥0
A⊗(n+2)
´
equip´e de la diff´erentielle b0n :Cn0(A)→Cn−10 (A) donn´ee, pour n ≥1, par b0n(a0⊗...⊗an) =
n
P
i=0
(−1)ia0⊗a1⊗aiai+1⊗an et de l’augmentation µ:C00(A)→A
a⊗b7→ab
Proposition 4.2.3. (C∗0(A),b0) est une r´esolution du A⊗Aop-module A.
D´emonstration. Il est clair que (C∗0(A),b0) est un complexe au-dessus de A.
Il suffit de trouver une homotopie contractante, c’est-`a-dire une famille d’ap- plications sn:Cn0(A)→Cn+10 ets−1 :A →C00(A) v´erifiant
b0n−1sn+sn−1b0n =idCn0(A) µs =id
afin de montrer que l’homologie de ce complexe est nulle. On va alors consid´erer
s−1 :a7→1⊗a
sn :a0⊗a1⊗...⊗an+1 7→1⊗a0⊗...⊗an+1 La v´erification se fait ais´ement.
D´efinition 4.2.4. Si F est un foncteur exact `a droite entre deux cat´egories A et B, (P,dP) une r´esolution deM ∈ A telle que Pn ∈ A soit projectif pour tout n, on d´efinit le foncteur d´eriv´e `a gauche :
LnF(M) = Hn(F(P), F(dP)), ∀ n∈N
D´efinition 4.2.5. Si G est un foncteur exact `a gauche entre deux cat´egories A et B, (I,dI) une r´esolution de M ∈ A telle que In ∈ A soit injectif pour tout n, on d´efinit le foncteur d´eriv´e `a droite :
RnG(M) = Hn(G(I), G(dI)), ∀ n ∈N
D´efinition 4.2.6. Si B est un anneau, N un B-module `a droite et N0 un B-module `a gauche, on consid`ere les foncteurs exacts `a droite
F =N ⊗B(−) :BM od→ZM od, F0 = (−)⊗BN0 :M odB →M odZ. Pour n ∈N, on d´efinit
T ornB(N, N0) =LnF(N0) T orn0B(N, N0) =L0nF0(N)
Proposition 4.2.7. On a T ornB(N, N0)'T or0nB(N, N0)
D´efinition 4.2.8. Si B est un anneau, N, N0 deux B-modules `a gauche, on consid`ere les foncteurs exacts `a gauche
G:HomB(N,−) = BM od→ZM od, G0 =HomB(−, N0) :M odopB →ZM od.
Pour n ∈N, on d´efinit
ExtnB(N, N0) = RnG(N0) Ext0nB(N, N0) = R0nG0(N)
Proposition 4.2.9. On a ExtnB(N, N0)'Ext0nB(N, N0)
Remarque 4.2.10. Si V est un K-module projectif, alorsA⊗V ⊗A est un A⊗Aop-module projectif.
En effet, si le foncteur HomK(V,-) est exact, alors HomA⊗Aop(A⊗V⊗A,-) l’est aussi car il existe un isomorphisme naturel en V
HomA⊗Aop(A⊗V ⊗A,−)'HomK(V,−)
Th´eor`eme 4.2.11. Si l’alg`ebre A est projective sur K, alors pour tout A- bimodule M et pour tout n≥0, on a des isomorphismes :
Hn(A, M)'T ornA⊗Aop(M, A)
D´emonstration. On va calculer le Tor en utilisant une r´esolution projective du second argument. En combinant la remarque pr´ec´edente et la proposition (4.2.3), puisque A est K-projective, (C∗0(A),b0) est une r´esolution projective du A⊗Aop-module A.
T ornA⊗Aop(M,A) se calcule donc comme le n-i`eme groupe d’homologie de M ⊗A⊗Aop Cn0(A). On a M ⊗A⊗Aop Cn0(A) ' Cn(A, M), en consid´erant les morphismes d´efinis par
mA⊗Aop(a0⊗a1⊗...⊗an)7→an+1ma0⊗a1⊗...⊗an et par
m⊗a1⊗...⊗an 7→m⊗1⊗a1⊗...an⊗1.
Finalement, Hn(A, M)'T orA⊗An op(M, A).
On pourra trouver des exemples d’applications de ce th´eor`eme pour calculer l’homologie de Hochschild d’un module libre ou d’une alg`ebre tensorielle dans
Th´eor`eme 4.2.12. Si l’alg`ebre A est projective sur K, alors pour tout A- bimodule M et pour tout n≥0, on a des isomorphismes :
Hn(A, M)'ExtnA⊗Aop(M, A) Une preuve de ce th´eor`eme est pr´esent´ee dans [12].
On peut calculer par exemple H0(A, M). On consid`ere le complexe suivant : 0−→M −→d0 Homk(A, M)−→d1 Homk(A⊗A, M)−→...
o`u
d0 :M →Homk(A, M) m7→a7→ma−am d1 :Homk(A, M)→Homk(A⊗A, M)
f 7→a⊗b 7→af(b)−f(ab) +f(a)b
On a alors H0(A, M) ={m∈M|am=ma∀a∈A} etHH0(A) = Z(A), o`u Z(A) est le centre de A.