Alg`ebre II
Licence, ´ Ecole Normale Sup´ erieure de Lyon, 2013–2015.
Fran¸cois Dahmani
Universit´ e Joseph Fourier, Grenoble I. Institut Universitaire de France.
Avertissement
Ce texte constitue une tentative de r´ edaction de notes de cours pour 12 s´ eances de 2h.
Ce cours fait suite ` a celui donn´ e au premier semestre par Sandra Rozensztajn
(Groupes (actions, groupes sym´etriques, representations de groupes finis) – Anneaux (Polynˆomes, Factorisations, Anneaux Noetheriens) – Modules (de type fini sur un anneau principal).)Voici le plan grossier. (cf pages suivantes pour un plan d´ etaill´ e.)
– 1 – Extensions de corps et d’anneaux. (5 s´eances) – 2 – Groupes lin´eaires. (5 s´eances)
– 3 – Comp´ements autour des alg`ebres de polynˆomes. (2 s´eances)
Bibliographie indicative.
– D. Perrin,Cours d’Alg`ebre, Ellipse.
– S. Lang, Algebra, Addison Wesley.
– R. Mneimn´e, F. TestardIntroduction a la th´eorie des groupes de Lie classiquesHermann.
– J.-Y. MerindolNombres et Alg`ebre, EDP Sciences, Grenoble Sciences.
– G. Birkhoff, S. Mac Lane, A Survey of Modern Algebra, A.K. Peters.
Merci `a Emmanuel Peyre pour la mise `a disposition de ses notes, et aux ´etudiants de l’ENS de 2012, 2013, pour leurs commentaires
Table des mati` eres
1 Extensions de corps et d’anneaux. 3
1.1 Premi`eres notions sur les extensions de corps . . . 3
1.1.1 Extensions de corps, et ´el´ements alg´ebriques . . . 3
1.1.2 Le point de vue vectoriel . . . 5
1.1.3 Regle et compas . . . 8
1.1.4 Corps de rupture, corps de d´ecomposition . . . 11
1.2 Corps finis . . . 14
1.2.1 Caracteristique et cardinal . . . 14
1.2.2 Existence et unicit´e des corps finis . . . 15
1.2.3 F∗q . . . 16
1.2.4 Carr´es . . . 16
1.3 Cloture alg´ebrique . . . 16
1.3.1 Existence . . . 17
1.3.2 Unicit´e . . . 18
1.3.3 Compl´ements, applications aux extensions normales. . . 19
1.4 Cyclotomie . . . 22
1.4.1 Racines de l’unit´e, racines primitives . . . 22
1.4.2 Irr´eductibilit´e . . . 24
1.5 Extensions d’anneaux . . . 25
1.5.1 D´efinitions . . . 25
1.5.2 Elements entiers . . . 26
1.5.3 Cloture integrale . . . 27
1.5.4 Exemples quadratiques . . . 28
2 Groupes lin´eaires 33 2.1 Groupes lin´eairesGL,SL . . . 33
2.1.1 D´efinitions . . . 33
2.1.2 Produit semi-direct . . . 33
2.1.3 G´en´erateurs . . . 33
2.1.4 Applications . . . 33
2.1.5 Simplicit´e . . . 33
2.1.6 Cas exceptionnels . . . 33
2.1.7 Congruences . . . 33
2.2 Exponentielle et applications . . . 33
2.2.1 Alg`egres de Banach, et applications . . . 33
2.2.2 Premi`eres applications sur les sous groupes deGL . . . 33
2.2.3 Sous groupes ferm´es . . . 33
2.2.4 Sous groupes compacts . . . 33
2.3 Quaternions . . . 33
2.3.1 Rappels surOn . . . 33
2.3.2 Le “corps” des quaternions . . . 33
2.3.3 R´ealisation matricielle . . . 33
2.3.4 Applications . . . 33
2.3.5 G´eom´etrie Euclidi`enne de dimension 4 . . . 33
2.3.6 G´eom´etrie Euclidi`enne de dimension 3 . . . 33
2.3.7 Hopf . . . 33
2.3.8 Frob´enius . . . 33
2.3.9 Cayley . . . 33
3 Compl´ements sur les alg`ebres de polynˆomes 33 3.0.10 Polynˆomes sym´etriques . . . 33
3.0.11 R´esultant . . . 33
3.0.12 Fractions rationelles . . . 33
1 Extensions de corps et d’anneaux.
1.1 Premi` eres notions sur les extensions de corps
Les corps sont suppos´ es commutatifs.
Un polynˆ ome P sur un corps K aura donc au plus deg(P ) racines, et ses racines multiples sont donn´ ees par celles de P
0∧ P .
1.1.1 Extensions de corps, et ´ el´ ements alg´ ebriques
D´ efinition 1.1.1. Si L est un corps, et ρ : K → L, on dit que L est une extension de K par ρ, ou encore une extension de ρ(K), et on note L\ρ(K ).
Souvent, le contexte fera que K ⊂ L et ρ = id|
K. On omet alors la mention de ρ.
Exemple 1.1.1. :
– C \ R ,
– R \ Q ,
– K (T )\ K , dans lequel K (T ) est le corps des fractions de l’anneau (integre) K [T ].
– Q ( √
2)\ Q ? ` a clarifier. En effet :
La notation que l’on vient d’utiliser K(T ) (ou Q ( √
2)) merite que l’on clarifie ses usages futurs.
Observation 1.1.1. l’intersection d’une famille de sous-corps est un sous-corps. Cela permet de parler de sous-corps engendr´ e par une partie (c’est l’intersection des corps contenant cette partie).
Notation : si L\K est une extension, et si S ⊂ L, K (S) d´ esigne le sous corps engendr´ e par K et S.
Observation 1.1.2. “K(T ) est bien K(T ).”
Exemple 1.1.2. : R \ Q ( √ 2)\ Q . R \ Q (π)\ Q .
Sp´ ecialisation (ou ´ evaluation). Soit L\K. Si α ∈ L, on note K [α] le sous-anneau engendr´ e par K et α.
Oublions un instant que L et K sont des corps, et ne voyons que les anneaux.
Lemme 1.1.1. Soit B un anneau et A un sous-anneau de B , et α dans B. Soit A[X] l’anneau des polynˆ omes ` a une ind´ etermin´ ee, ` a coefficients dans A. Il existe un unique morphisme A[X] → B induisant l’identit´ e sur A et envoyant X sur α. On le note spe
α.
Sans les notations pr´ ec´ edentes A[α] est l’image de A[X] par spe
α. D´ emonstration. Un unique morphisme est ainsi bien d´ efini.
Par ailleurs, spe
α(A[X]) ⊂ T
{α}∪A⊂A0
A
0car si y = P (α), y est dans tout A
0de cette forme.
Aussi, T
{α}∪A⊂A0
A
0⊂ spe
α(A[X]), car spe
α(A[X]) est l’un de ces anneaux A
0dont il est
question.
Revenons ` a nos corps. Nous avions L\K, et α ∈ L.
Un tel ´ enonc´ e est plus probl´ ematique pour les corps K (X) a la place des anneaux K[X]
(pourquoi ?).
On peut cependant d´ ecrire les ´ el´ ements de K(α) comme ceux de la forme x = P (α) Q(α) , avec P et Q des ´ el´ ements de K [X], et Q n’ayant pas α pour racine.
(Tout element de cette forme est dans K (α), et on verifie sans peine que l’ensemble de ces
´
el´ ements forme un sous-corps de L.)
D´ efinition 1.1.2. Soit L\K, et α ∈ L. On dit que α est transcendant sur K si spe
α: K[X] → L est injective.
On dit que α est alg´ ebrique sur L sinon.
Remarque : Si α est alg´ ebrique, comme K [X] est principal (K est un corps !) il existe un unique polynome unitaire P
α∈ K[X] tel que ker(spe
α) = (P
α). On l’appelle le polynˆ ome minimal de α sur K. Son degr´ e est aussi appell´ e degr´ e de α sur K .
1.1.2 Le point de vue vectoriel
Remarque cl´ e : si L\K, alors L est un K -ev. On dit que sa dimension est le degr´ e de L sur K, et on la note [L : K].
Si le degr´ e est fini, on dit, leg` erement abusivement que l’extension est finie.
Exemple 1.1.3. si L est fini, |L| = |K|
[L:K]. On verra bientot des exemples de corps finis.
Th´ eor` eme 1.1.1. (Base t´ el´ escopique) Soient M\L et L\K des extensions.
Soit (e
i)
i∈Iune base de M sur L et (f
j)
j∈June base de L sur K.
Alors (e
if
j)
(i,j)∈I×Jest une base de M sur K.
D´ emonstration. Libert´ e : Si P
λ
i,je
if
j= 0 (avec λ
i,j∈ K), factorisons :
X
i
( X
j
λ
i,jf
j)e
ichaque coefficient ( P
j
λ
i,jf
j) est dans L, et (e
i) est une base de M sur L, donc chaque coefficient ( X
j
λ
i,jf
j)
(j fix´ e) est nul. Comme λ
i,j∈ K et (f
i) base de L sur K, chaque λ
i,jest nul.
G´ en´ eration : si x ∈ M ecrivons
x = X µ
ie
iavec µ
i∈ L. Ecrivons pour chaque µ
i:
mu
i= X
j
ν
i,jf
javec ν
i,j∈ K. On a bien
x = X X
ν
i,jf
je
i.
Corollaire 1.1.1. Si M \L et L\K des extensions finies, alors M \K aussi, et [M : L][L : K] = [M : K].
Th´ eor` eme 1.1.2. Si L\K est une extension et si α ∈ L, LASSE : 1. α est alg´ ebrique sur K
2. K[α] = K(α) 3. [K[α] : K] est fini.
Et dans ce cas, [K[α] : K] vaut le degr´ e du polynˆ ome minimal de α sur K.
D´ emonstration. (1 = ⇒ 2). Si P
αest le polynome minimal ; on a
K[X]/(P
α) →
'K[α].
Or ` a droite c’est integre, donc ` a gauche aussi,
donc (P ) est un ideal premier,
donc P est irreductible dans K [T ]
donc (P ) est aussi maximal, et donc ` a gauche, c’est un corps.
Donc K[α] aussi est un corps. Donc c’est K (α).
(2 = ⇒ 1). Si α est transcendant,
K[α] ' K[X]/ ker(spe) = K[X]
et ce n’est pas un corps.
(3 = ⇒ 1). Si α est transcendant, K [α] ' K[X] est de dimension infinie sur K .
(1 = ⇒ 3). On affirme que {1, α, α
2, . . . , α
deg(Pα)−1} est une base de K [α] sur K. Cette famille est libre, sinon, on trouve un polynome de degr´ e < deg(P
α) qui annule α. Elle est g´ en´ eratrice, car pour tout polynˆ ome P , P (α) est aussi r´ ealis´ e par un polynˆ ome de bas degr´ e (si la division Euclidienne donne P = QP
α+ R, on a P (α) = R(α)).
D´ efinition 1.1.3. Une extension est finie si son degr´ e est fini.
Une extension est alg´ ebrique si tous ses ´ el´ ements sont alg´ ebriques.
Observation 1.1.3. le th´ eor` eme pr´ ec´ edent (en fait une partie facile de celui-ci) donne le corollaire suivant.
Corollaire 1.1.2. Toute extension finie de K est alg´ ebrique sur K.
En effet, tout element β engendre un sous-K-ev K[β] encore de dimension finie, et (1 = ⇒ 3) s’applique. La r´ eciproque est fausse comme nous allons le voir (une extension alg´ ebrique peut ˆ etre non-finie.
Th´ eor` eme 1.1.3. Si M \K est une extension, et L = {x ∈ M, x alg. sur K}, alors L est un corps (et L\K est une extension alg´ ebrique).
La partie entre parenth` ese est tautologique une fois que le fait que L est un corps est ´ etabli.
D´ emonstration. Si α, α
0sont alg´ ebriques (non nuls), α
−1, αα
0et α + α
0le sont-ils ?
Pour α
−1c’est clair car il est dans l’extension finie K[α] (l’observation precedente s’ap-
plique).
Les deux autres sont ailleurs. Ils sont dans (K[α])[α
0] (ici K [α] est un corps). Comme α
0est alg´ ebrique sur K, il l’est sur K[α], et donc, (K[α])[α
0] est une extension de finie de K[α].
Par ailleurs, K[α] est une extension finie de K. Par th´ eor` eme “t´ el´ escopique”, (K [α])[α
0] est une extension finie de K et le tour est jou´ e, on peut ` a nouveau appliquer le corollaire pr´ ec´ edent pour chacun des ´ el´ ements αα
0et α + α
0.
Observation 1.1.4. il n’est en principe pas facile (ou pas agr´ eable ?) de trouver le polynˆ ome minimal de α + α
0et de αα
0.
Exemple 1.1.4. Polynˆ ome minimal de 5
1/7+ 7
1/3× 3
1/5?...
Observation 1.1.5. Q ¯ = {x ∈ C , x alg. sur Q } est un corps, c’est une extension alg´ ebrique de Q , amis ce n’est pas une extension finie, car on y trouve des ´ el´ ements de tout degr´ e.
D´ efinition 1.1.4. On dit qu’un corps est alg´ ebriquement clos quand sa seule extension alg´ ebrique est celle de degr´ e 1.
Proposition 1.1.1. LASSE.
– K est alg. clos.
– Pour tout P ∈ K[X] de degr´ e ≥ 1, P a une racine dans K.
– Pour tout P ∈ K[X] de degr´ e ≥ 1, P est un produit de polynomes de K[X] de degr´ e 1.
– Si P ∈ K [X] est irreductible, son degr´ e est 1.
(exercice)
Fait : C et ¯ Q sont alg. clos.
1.1.3 Regle et compas
1
D´ efinition 1.1.5. Soit A ⊂ R
2et M ∈ R
2.
On dit que M est constructible ` a la r` egle et au compas (“CALREAC”, ou “construc- tible” dans la suite) en un coup ` a partir de A si :
il existe A
1, . . . A
6dans A tels que l’une des trois situations suivante est vraie :
1. Utiliser une couleur pour les traits de construction, et une autre pour les points construits
– A
16= A
2, et A
36= A
4et {M} = (A
1A
2) ∩ (A
3A
4).
– A
16= A
4et {M } ∈ C
A1,d(A2,A3)∩ C
A4,d(A5,A6). – {M } ∈ C
A1,d(A2,A3)∩ (A
4A
5).
En clair : c’est quand M est ` a l’intersection de droites et/ou cercles distincts d´ efinis grace
` a A.
D´ efinition 1.1.6. On dit que M ∈ R
2est CALREAC s’il existe des ensembles (finis)
{(0, 0)(1, 0)} = A
0⊂ A
1⊂ A
2· · · ⊂ A
navec M ∈ A
net A
i+1ne contient que des points CALREAC en un coup ` a partir de A
i.
Exercice : l’hypoth` ese de finitude des ensembles est superflue : si on l’enleve, on ne change pas la classe.
D´ efinition 1.1.7. On dit qu’un r´ eel x est CALREAC si (x, 0) ∈ R
2l’est.
Proposition 1.1.2. Sont CALREAC les points suivants : – (n, 0) si n ∈ Z
– (0, n) si n ∈ Z
– (0, x) si x CALREAC ‡
– (x + y, 0) si x, y CALREAC (ex.) – (−x, 0) si x CALREAC (ex.) – (x, 0) si x ∈ Q
– (
xy, 0) si x, y CALREAC y 6= 0 ‡ – (xy, 0) si x, y CALREAC (ex.) – ( √
x, 0) si x > 0 CALREAC ‡ – (x, 0) si (x, y) CALREAC.
D´ emonstration. On sait tracer la mediatrice d’un segment (et donc de [−(1, 0), (1, 0)]). Donc on a (3).
Pour (7), on considere le triangle (0, 0, (0, y), (x, 0). Si on sait tracer la parallele au 3eme
cot´ e passant par (0, 1), on a fini, car Thales nous dit qu’elle intersecte l’axe des (t, 0) en (x/y, 0).
Construire la parallele a une droite D passant par un point (A) : on constuit une perpen- diculaire ∆ (cf avant), puis un cercle de centre A de rayon assez grand intersecte ∆ en deux points. La m´ ediatrice de ce segment est la droite cherch´ ee (ex.).
xy = x/(1/y) (ou bien 0...) Pour √
x, il s’agit de considerer le point (0,
x−12) et le cercle centr´ e en ce point de rayon
x+12. Il intersecte l’axe des (t, 0) en (±y, 0) (avec y > 0 disons). Pythagore nous dit que y = √
x.
Le dernier point est une projection orthogonale, ce qu’on a d´ ej` a fait.
Th´ eor` eme 1.1.4. L’ensemble des nombres CALREACS est un sous-corps de R , alg´ ebrique, et tout ´ el´ ement a pour degr´ e une pouissance de 2.
(Reciproque fausse)
D´ emonstration. C’est un corps d’apres la proposition.
Soit x CALREAC. Soit une famille A
0⊂ . . . A
nadapt´ e ` a (x, 0). On peut supposer (quitte
`
a rajouter des ensembles intermediaires, que chauqe A
ine contient que un point de plus que A
i−1.
Soit K
ile sous-corps de R engendr´ e par Q et les coordonn´ ees des points de A
i. Lemme 1.1.1. Dans ces conditions, [K
i; K
i−1] de degr´ e 1 ou 2.
D´ emonstration.
Observation 1.1.6. (pr´ eliminaire) une equation unitaire d’une droite entre deux points de A
i−1est ` a coefficients dans K
i−1(il s’agit de det( −→
AB, (x − x
A, y − y
A)) = 0). L’equation unitaire d’un cercle defini par A
i−1est ` a coefficients dans K
i−1(il s’agit de k −−−−→
(x, y)Ak
2= k − − → BCk
2).
Supposons pour commencer qu’il n’y a aucune construction faisant intervenir l’intersection
de deux cercles. Soit M
i= (x
i, y
i) le nouveau point de A
i. Ses coordonn´ ees sont solutions
d’un systeme lin´ eaire (si M
iest l’intersection de 2 droites) ou d’un systeme d’une equation
quadratique et d’une lin´ eaire ` a coefficients dans K
i−1. Dans ce dernier cas, l’equation lin´ eaire
permet d’´ eliminer au choix une inconnue de l’equation quadratique, et ainsi un polynome de
degr´ e 2 annule x
iou y
i(et l’autre lui est lin´ eairement li´ ee).
Le Lemme est aussi vrai quand on obtient M
ipar intersection de deux cercles : le systeme est alors
x
2+ ax + y
2+ by + c = 0, x
2+ dx + y
2+ ey + f = 0 il equivaut ` a
x
2+ ax + y
2+ by + c = 0, (d − a)x + (e − b)y + (f − c) = 0
et comme tous les coefficients sont dans K
i−1, on est dans le cas precedent.
Fin de la preuve : par th´ eor` eme de la base telescopique [ Q [x], Q ] divise [K
n, Q ]. Par ailleurs, le Lemme montre que [K
n, Q ] est une puissance de 2 ; on a fini.
Applications :
– 2
1/3n’est pas CALREAC (cf probleme du temple de Delos)
– cos(π/9) n’est pas CALREAC (il est annul´ e par 8x
3− 6x − 1 grace ` a la formule bien connue cos(3θ) = 4 cos
3θ − 3 cos θ. En consequence, on ne pourra pas trissecter tous les angles “constructibles”.
– √
π n’est pas CALREAC (car π est transcendant (Lindemannn)). En consequence, on ne pourra pas “construire” un carr´ e de mˆ eme aire que le disque unit´ e.
1.1.4 Corps de rupture, corps de d´ ecomposition
D´ efinition 1.1.8. Soit P ∈ K[X] irreductible, et une extension L\K. On dit que L est un corps de rupture pour P (sur K) si L = K(α) pour un certain α ∈ L annulant P .
Th´ eor` eme 1.1.5. Etant donn´ e P ∈ K[X] irreductible, il existe un corps de rupture de P sur K, unique ` a isomorphisme (non unique) pr` es.
D´ emonstration. ∃ : le corps K[X]/(P ) convient car P ( ¯ X) = ¯ 0 (c’est bien un corps car P est irreductible).
∃! :
Lemme 1.1.2. Soit i : K → K
0un isomorphisme de corps (il induit i : K[X] → K
0[X]
qui envoie P sur un polynˆ ome que l’on note P
0). Prenons L un corps de rupture de P sur K (L = K (α), pour P (α = 0), et L
0un corps de rupture de P
0sur L
0(L
0= K
0(β
0) pour P
0(β
0) = 0, mais en principe β
0n’a encore rien ` a voir avec α).
Alors il existe un unique isomorphisme L → L
0induisant i sur K et envoyant α sur β
0. Observation 1.1.7. On utilisera tres souvent le morphisme induit sur l’anneau des polynomes, sans mentionner cette induction specifiquement ` a chaque fois.
Avant de montrer le lemme, remarquons qu’il donne l’unicit´ e que l’on veut, et donnons deux exemples.
Exemple 1.1.5. K = K
0= Q , P = X
3− 2, et L = Q (2
1/3) et L
0= Q (e
2iπ/32
1/3)... Ce sont tous les deux des corps de ruptures de P sur Q .
Exemple 1.1.6. (ou l’isomorphisme est non unique) : K = K
0= Q , P = X
2− 2 et L = Q ( √
2) = Q (− √
2) = L
0.
Prouvons le lemme. L’unicit´ e est ´ evidente, il nous faut l’existence.
Notons ¯ spe
α: K[X]/(P ) → L le factoris´ e de spe
α. C’est un isomorphisme (surjectif par definition, et injectif car P est polynome minimal de α (ou parce qu’on est sur des corps).
On a le diagramme commutatif :
K[X] →
iK
0[X]
↓ ↓
K[X]/(P ) →
¯iK
0[X]/(P
0) car i(P ) = P
0↓' ↓'
L L
0Les fleches verticales du bas sont spe
αet spe
0α. Ce sont des isomorphismes, et donc ` a la ligne du bas on a un isomorphisme par composition.
D´ efinition 1.1.9. Soit P ∈ K[X] de degr´ e ≥ 1 (irreductible ou non), et L\K une extension.
On dit que L est un corps de d´ ecomposition de P sur K si, dans L[X], P est un produit de
polynˆ omes de degr´ e 1, et si L est minimal pour cette propri´ et´ e.
Observation 1.1.8. la minimalit´ e veut dire alors que L est engendr´ e par K et les racines de P .
Th´ eor` eme 1.1.6. Pour tout P ∈ K[X] de degr´ e ≥ 1, il existe une extension L\K pour laqsuelle L est un corps de d´ ecomposition de P sur K. Cette extension est unique ` a isomorphisme (non unique) pr` es pour cette propri´ et´ e. On note L = D
K(P ).
D´ emonstration. ∃. Recurrence sur le degr´ e de P (le corps n’etant pas fix´ e). S’il vaut 1, il n’y a rien ` a dire. S’il vaut n, soit L
1un corps de rupture d’un facteur irreductible quelconque de P . Dans L
1[X], P a une racine α, et on peut ecrire par division Euclidienne P (X) = (X − α)Q(X) avec Q ∈ L
1[X] de degr´ e n − 1. Par hypoth` ese de r´ ecurrence, il existe un corps de d´ ecomposition de Q sur L
1, et on verifie sans peine que c’est un corps de d´ ecomposition de P sur K.
∃!. Paraphrasons.
Lemme 1.1.3. Si i : K → K
0, i(P ) ∈ K
0[X], et L, L
0corps de decompositions respectifs, alors il existe un isomorphisme φ : L →
'L
0prolongeant i.
La preuve est une r´ ecurrence sur le degr´ e [L; K ] (ou de P directement).
Si L = K, cela veut dire que P est scind´ e sur K, donc i(P ) scind´ e sur K
0, donc K
0est un corps de d´ ecomposition de i(P ) sur K
0, et φ = i...
Si [L; K] > 1, soit α ∈ L une racine de P , prise hors de K (c’est possible).
Soit Q le polynˆ ome minimal de α sur K . Enfin soit M = K(α) un corps de rupture de Q sur K .
En face, on a i(Q) qui divise i(P ), et si l’on choisit α
0racine de i(Q) dans L
0, alors K
0(α
0) est un corps de rupture (de i(Q) sur K
0).
Par unicit´ e des corps de rupture : il exite ψ : M →
'M
0envoyant α sur α
0et induisant i.
Dans M [X] : P (X) = S(X) × (X − α).
Dans M
0[X] : i(P )(X) = ψ(P )(X) = ψ(S)(X) × (X − α
0) (premiere ´ egalit´ e : car P est a coefficients dans K).
Soit alors L\M un corps de d´ ecomposition de S sur M . Et soit L
0\M
0un corps de d´ ecomposition de ψ(S) sur M
0. Utilisons l’hypothese de r´ ecurrence du Lemme : ∃φ : L → →
'L
0prolongeant ψ.
Il prolonge donc i, ce qu’on voulait.
Exemple 1.1.7. Sur K = Q , si P (X) = X
3− 2, on a D
K(P ) = Q (2
1/3, j ).
Si P (X) = X
4− 2, D
K(P ) = Q (2
1/4, i).
D´ efinition 1.1.10. Une cloture alg´ ebrique d’un corps K est une extension alg´ ebriquement close, et alg´ ebrique.
(Plus ` a ce sujet plus tard.)
1.2 Corps finis
1.2.1 Caracteristique et cardinal
D´ efinition 1.2.1. Soit K un coprs. Le sous corps premier de K est l’intersection de tous les sous corps.
C’est le “sous-corps engendr´ e par 1”
Observation 1.2.1. Soit φ
nat: Z → K morphisme de groupe (d’anneau !) envoyant 1 sur 1.
Son noyau est un ideal de Z , premier car K est integre. S’il est trivial, φ est injective, et le corps de fractions de Z se plonge dans K, et est donc le sous corps premier. S’il n’est pas trivial, il est de la forme (p) avec p premier et =( Z ) ' Z /p Z qui est un coprs, et c’est donc le sous corps premier de K.
D´ efinition 1.2.2. La caracteristique de K est 0 si son sous-corps premier est ' Q ; et p si son sous-corps premier est ' Z /p Z .
D’apr` es l’observation, il n’y a pas d’autre cas possible.
Proposition 1.2.1. Soit K de caracteristique p > 0. L’application : F : K → K d´ efinie par F (x) = x
pest un endomorphisme de corps, qu’on appelle l’endomorphisme de “Frobenius”.
Si K est fini c’est un automorphisme induisant l’identit´ e sur le sous-corps premier.
D´ emonstration. Pour la premi` ere assertion, il suffit de montrer que c’est un morphisme de corps (l’injectivit´ e est alors automatique).
Ecrivons : F (xy) = (xy)
p= x
py
ppar commutativit´ e.
F (x + y) = (x + y)
p= P
C
pkx
ky
p−k, mais p|C
pksi k 6= 0, p.
F (1/x) = (1/x)
p= 1/x
p= 1/F (x) (en fait verification inutile car F (1) = 1).
Si K est fini et la surjectivit´ e se suit de l’injectivit´ e.
Enfin si K = Z /p Z , et x 6= 0, son ordre (multiplicatif) divise | Z /p Z
∗| = p − 1. Ainsi x
p= x
p−1× x = x.
1.2.2 Existence et unicit´ e des corps finis
Observation vectorielle : si F est fini, | F | = (car( F ))
n, car c’est un ( Z /car( F ) Z )-espace vectoriel.
Th´ eor` eme 1.2.1. Soit un nombre premier p et un entier n ≥ 1. Notons q = p
n.
Il existe un corps de cardinal q, unique ` a isomorphisme (non-unique) pr` es. Il est de carac- teristique p. On le note F
q.
D´ emonstration. Soit P (X) = X
q− X dans Z /p Z [X]. Consid´ erons D
Z/pZ(P ).
Affirmation : L’ensemble des racines de P forme un corps. (observation : si c’est vrai, par minimalit´ e du corps de d´ ecomposition, cela veut dire que ce corps est K).
Preuve de l’affirmation.
0 est racine ; 1 est racine.
Si x et y sont des racines, P (xy) = x
qy
q− xy = xy − xy = 0, donc xy aussi ; P (x + y) = (x + y)
q− x − y = F
n(x + y) − x − y = F
n(x) − x − F
n(y) − y = x
q− x + y
q− y = 0. Enfin, P (1/x) = 1
x
q− 1
x = x − x
qx
q+1= 0.
Nous savons donc que D
Z/pZ(P ) est precisement l’ensemble des racines de P dans D
Z/pZ(P ).
2` eme affirmation : P n’a pas de racine double dans D
Z/pZ(P ).
En effet, s’il avait une racine double, sa d´ eriv´ ee P
0partagerait cette racine, or P
0= qX
q−1− 1 = −1 dans Z /p Z [X].
Consequence des deux affirmations : D
Z/pZ(P ) contient precisement deg(P ) elements, ce qu’on voulait pour l’existence.
Unicit´ e. Si K poss` ede q elements, K
∗est d’ordre (multiplicatif) q − 1 dont tout element
non nul x de K verifie x
q−1= 1, et donc est racine de P . Comme 0 aussi est racine de P , le
polynˆ ome P est scind´ e dans K (il y trouve q racines) et K est minimal pour cela, c’est donc D
Z/pZ(P ). On applique l’unicit´ e des corps de d´ ecomposition.
1.2.3 F
∗qTh´ eor` eme 1.2.2. F
∗qest un groupe cyclique.
1.2.4 Carr´ es
Th´ eor` eme 1.2.3. Si p est un nombre premier impair, et q = p
n, alors −1 est un carr´ e de F
qsi et seulement si q ≡ 1 [mod 4].
cf. Partiel 2013.
1.3 Cloture alg´ ebrique
Rappel : ¯ K\K est une cloture alg´ ebrique de K si c’est une extension alg´ ebrique, et si ¯ K est alg´ ebriquement clos.
Observation 1.3.1. L est alg. clos si et seulement si tout polynˆ ome dans L[X] de degr´ e ≥ 1 a une racine dans L.
Dans cette partie, on admet l’axiome du choix.
Th´ eor` eme 1.3.1. Si K est un corps, il existe une cloture alg´ ebrique de K .
Deux cloture alg´ ebriques de K sont isomorphes par un isomorphisme induisant l’identit´ e sur K.
Lemme 1.3.1. (Zorn) Soit un ensemble non vide, inductivement ordonn´ e (toute partie totale- ment ordonn´ ee non-vide admet un majorant).
Alors il existe un ´ el´ ement maximal.
Preuve : cf. S. Lang, Algebra, Appendice 2 (Set theory). C’est equivalent ` a l’axiome du
choix.
1.3.1 Existence
Lemme 1.3.2. Il existe une extension de K dans laquelle tout polynˆ ome de K[X] de degr´ e ≥ 1 poss` ede une racine.
D´ emonstration. Soit S = {X
P, P ∈ K[X] \ K}. (o` u K est vu comme les polynˆ omes de degr´ e 0 dans K[X]).
Soit K [S] l’anneau des polynˆ omes ` a indetermin´ ees (commutatives) dans S.
Lemme 1.3.3. I = ({P (X
P), P ∈ K[X] \ K}) 6= K[S].
Sinon : il existe Q
1, . . . Q
n, P
1, . . . P
n∈ K[S] tels que
n
X
i=1
Q
iP
i(X
Pi) = 1 (∗)
Notons X
Pi= X
ipour plus de commodit´ e. Completons en X
n+1, . . . , X
Npour obtenir la liste (finie) de toutes les indetermin´ ees apparaissant dans les Q
i.
Prenons F un corps de rupture pour tous les P
i, i = 1 . . . n.
Nous avons, par telescopie, [F ; K] < ∞.
Soit α
iune racine de P
idans F , si i 6= n et α
i= 0 si i > n.
Observons (∗) speciali´ e en X
i7→ α
i.
X Q
i(X
1, . . . , X
N) × P
i(X
i) = 1 (∗) X Q
i(α
1, . . . , α
N) × P
i(α
i) = 1
0 = 1, une contradiction. Nous avons donc le sous-lemme.
Par Zorn, il existe un ideal maximal de K[S] contenant I. Notons le m. Maintenant K [S]/m est un corps, et il convient manifestement.
Lemme 1.3.4. Il existe une extension M \K telle que tout polynˆ ome dans M [X] (de degr´ e
≥ 1) ait une racine dans M.
D´ emonstration. Soit L
1le corps donn´ e par le Lemme 1.3.2 pour K. Et soit L
i+1le corps donn´ e par le Lemme 1.3.2 pour L
i. On a
K = L
0⊂ L
1⊂ L
2· · · ⊂ L
n⊂ . . .
et prenons M l’union croissante des L
i. C’est un corps (car les operations se passent dans l’un des L
i). Tout polynˆ omes ` a coefficients dans M a ses coefficients dans un certain L
i, donc poss` ede une racine dans L
i+1donc dans M .
Nous pouvons maintenant prouver l’existence d’une cloture alg´ ebrique. Soit M\K donn´ ee par le lemme pr´ ec´ edent, et soit ¯ K l’ensemble des ´ el´ ements de M alg´ ebriques sur K.
C’est un corps (on l’a d´ ej‘a vu).
Par ailleurs, pour tout polynˆ ome P dans ¯ K[X], si L est le corps engendr´ e par K et ses coefficients, [L; K] < ∞. Prenons une racine de P dans M . Son degr´ e sur L est fini, donc son degr´ e sur K aussi, et donc elle est alg´ ebrique sur K, et donc dans ¯ K.
1.3.2 Unicit´ e
Lemme 1.3.5. Si L\K et L = K(α) avec α alg´ ebrique sur K, et si σ : K → M avec M algebriquement clos, alors le nombre d’extensions possibles de σ ` a L est ´ egal au nombre de racines distinctes de P
αdans M .
(consequence de l’unicit´ e des corps de ruptures. )
Lemme 1.3.6. Si L\K est alg´ ebrique, et i : K → M avec M algebriquement clos, alors i s’etend ` a L.
Si M algebrique sur i(K ), et L alg. clos, alors ˜ i : L → M est un isomorphisme.
Soit {(F, σ), L\F \K, σ : F → M, σ|
K= i}.
C’est non vide, inductivement ordonn´ e. Par Zorn, il existe un element (F
0, σ
0) maximal.
Si F
06= L, soit α ∈ L\ F
0. Il est algebrique sur F
0. Comme M algebriquement clos, le lemme precedent dit que σ s’etend ` a F
0(α), contradiction.
Donc F
0= L.
Supposons M algebrique sur i(K). C’est aussi une extension alg´ ebrique de σ(L). Mais si L est alg´ ebriquement clos, M = σ(L) et ˜: L → M est surjective (donc un isomorphisme).
1.3.3 Compl´ ements, applications aux extensions normales.
Th´ eor` eme 1.3.2. Soit L\K une extension finie (ou encore alg´ ebrique avec K d´ enombrable).
Soit K ¯ \L une cloture alg´ ebrique.
LASSE :
1. Pour tout φ : L → K ¯ induisant Id
K, on a φ(L) = L.
2. L est un corps de d´ ecomposition sur K d’une famille de polynˆ omes de K[X].
3. Tout P ∈ K[X] ayant une racine dans L y est scind´ e.
Dans ce cas, on dit que l’extension L\K est normale.
D´ emonstration. (1 = ⇒ 3). Soit α ∈ L, et P
αson polynˆ ome minimal.
Soit β ∈ K ¯ une autre racine de P
α. Nous voulons montrer que β ∈ L.
On utilise l’unicit´ e des corps de rupture : ∃σ : K(α) → K(β) induisant l’identit´ e sur K . Il nous suffit de savoir ´ etendre σ ` a L, car alors le point (1) garantie que l’image de L est dans L, et donc β ∈ L.
Soit alors (x
i, i = 0, 1, 2 . . . ) engendrant L sur K(α) (famille finie, ou d´ enombrable), et P
ile polynome minimal de x
isur K (α, x
1, ..., x
i−1). Notons α = x
0, pour unifier.
y
0= β.
On d´ efini inductivement les y
icomme suit.
y
1est une racine (arbitraire) de σ(P
1) dans ¯ K.
On ´ etend σ ` a K(x
0, x
1) en envoyant x
1sur y
1. (toujours possible par unicit´ e des corps de rupture).
Si on a d´ ej` a d´ efini y
0, . . . , y
i, et σ sur K(x
0, . . . , x
i), on d´ efini y
i+1comme ´ etant une racine (arbitraire) de σ(P
i) dans ¯ K, et on ´ etend σ ` a K (x
0, . . . , x
i+1) en envoyant x
i+1sur y
i+1.
Inductivement on a donc d´ efini σ sur tout K(x
0, x
1, . . . ) = L, ` a valeurs dans ¯ K , ce qu’il nous fallait.
(3 = ⇒ 2). L est le corps de d´ ecomposition de la famille des P
α, α ∈ L.
(2 = ⇒ 1) Disons que L est le corps de d´ ecoposition d’une famille (P
i, i = 0, 1, . . . ) dans K[X].
Soit S l’ensemble des racines de tous ces polynomes : S = (α ∈ K, ¯ ∃i, P
i(α) = 0).
On a par hypoth` ese L = K(S).
Soit σ : L → K ¯ induisant l’identit´ e sur K, et soit L
0⊂ K ¯ son image. On doit montrer que L = L
0. Montrons d´ ej` a que σ(S) ⊂ L. C’est facile : si α ∈ S, σ(α) est une racine de σ(P
i) = P
i(car σ|
K= Id
K).
On conclut par cette observation g´ en´ erale.
Lemme 1.3.7. Soit L\K alg´ ebrique. Si σ : L → L induit l’identit´ e sur K, c’est un automor- phisme de L.
C’est un endomorphisme. Si x / ∈ σ(L), soit P
xson polynˆ ome minimal sur K. Disons qu’il a k racines dans L. On a σ(P
x) a donc k racines dans σ(L). Mais c’est P
xet donc P
xa k racines dans σ(L). Comme x est l’une d’elles, x ∈ σ(L).
D´ efinition 1.3.1. Dans K\K, ¯ α est dit s´ eparable sur K si son polynˆ ome minimal sur K n’a pas de racine multiple dans K ¯ .
Une extension est dite s´ eparable si tous ses elements sont s´ eparables.
Exemple 1.3.1. En caracteristique 0, tout ´ el´ ement alg´ ebrique est s´ eparable. En effet, P
α0est alors non nul, et si P
α0∧ P
α6= 1, on peut calculer le pgcd sur K, et faire la division de P
αpar ce pgcd, ce qui contredit l’irreductibilit´ e de P
α.
Proposition 1.3.1. Si L\K est s´ eparable de degr´ e n, il existe exactement n morphismes (dif- ferents) σ
1, . . . , σ
n: L → K ¯ induisant l’identit´ e sur K.
Si en plus l’extension est normale, il existe exactement n automorphismes de L induisant l’identit´ e sur K. Ces automorphismes forment un groupe, qu’on appelle le groupe de Galois de L\K.
D´ emonstration. Ecrivons L = K (x
1, . . . x
m), et P
ile polynˆ ome minimal de x
isur K(x
1, . . . x
i−1) = L
i−1.
On a [L; K] = Q
deg(P
i).
Par ailleurs, le lemme 1.3.5 (premier lemme de l’unicit´ e des clotures alg´ ebriques) donne exactement deg(P
i) prolongement possible de tout morphisme L
i−1→ K ¯ (induisant Id
K) ` a L
i. Cela donne ce que l’on veut.
La seconde assertion d´ ecoule de la d´ efinition d’extension normale (premier point du theo- reme).
Th´ eor` eme 1.3.3. (Element primitif )
Si L\K finie s´ eparable, il existe α ∈ L tel que L = K(α).
D´ emonstration. Si L est fini, c’est parce que L∗ est cyclique.
Supposons L infini. Soit ¯ K une cloture alg´ ebrique de K.
Soit σ
i: L → K, i ¯ = 1, . . . , n = [L; K] la collection de plongement dans ¯ K.
Notons E
i,j= {x ∈ L, σ
i(x) = σ
j(x)}.
Pour i 6= j, ce sont des s-e.v. stricts de L (sur K), et il n’y en a qu’un nombre fini.
Lemme 1.3.8. Si K un corps infini, et L un K-epace vectoriel (de dimension finie), et V
iune famille finie (i = 1, . . . , m) de sous-espaces stricts de L, alors l’union des V
in’est pas L tout entier.
D´ emonstration. Disons que chaque V
iest un hyperplan (si ce n’est pas le cas, en compl´ etant une base de V
i, on le plonge dans un hyperplan de L, et il suffit de montrer que l’union des hyperplans n’est pas L tout entier). Soit α
iune forme lin´ eaire de noyau V
i. Prenons x
1∈ / V
1. Supposons par recurrence que x
kest construit de sorte que x
kn’est dans aucun V
i, i ≤ k. Si α
k+1(x
k) 6= 0, alors on pose x
k+1= x
ket x
k+1n’est dans aucun V
i, i ≤ k + 1. Si au contraire α
k+1(x
k) = 0, prenons v / ∈ V
k+1. Notons X = {α
i(x
k), i ≤ k (notons que 0 n’y est pas). C’est un sous ensemble fini de K. Notons α
i,v: K → K d´ efinie par α
i,v(λ) = α
i(λv). Ce sont des applications lin´ eaires qui sont soit nulles soit injectives. Ainsi α
−1i,v(X) est fini, pour chaque i.
Aussi, il existe λ ∈ K
∗hors de chaque α
−1i,v(X) (pour i ≤ k). Pour ce λ, et pour chaque i ≤ k, α
i(λv) ∈ / X et donc α
i(x
k− λv) 6= 0. Par ailleurs, α
k+1(x
k− λv) = λα
k+1(v) 6= 0. On peut poser x
k+1= x
k− λv, il verifie l’hypoth` ese de r´ ecurrence. Quand k = n, on a fini.
Gr` ace au lemme, on peut choisir : α / ∈ S
i6=j
E
i,j.
Soit P
αle polynˆ ome minimal de α sur K. Chaque σ
i(α) annule σ
i(P
α) = P
α. Cela force le degr´ e de P
α` a ˆ etre ≥ n = [L; K].
Ainsi [K(α); K] ≥ n = [L; K], mais comme K(α) ⊂ L, on a ´ egalit´ e, apr ´ egalit´ e des dimen- sions.
1.4 Cyclotomie
1.4.1 Racines de l’unit´ e, racines primitives On consid`re P (X) = X
n− 1 dans K[X].
Observation 1.4.1. Si la caracteristique car(K ) ne divise pas n, P n’a que des racines simples dans D
K(P ).
En revanche si car(K) divise n, notons n = mp avec p la caracteristique p = car(K ). Dans ce cas, par le Frobenius sur le corps K (X), on a P (X) = (X
m− 1)
p. Ainsi, P n’a que des racines multiples.
Dans la suite, on suppose p ∧ n = 1.
Notation : µ
n(K) = {ζ ∈ K, P (ζ) = 0}.
Observation 1.4.2. sous nos hypoth` eses, |µ
n(D
K(P )| = n.
On notera K
n= D
K(P ), car on en aura souvent besoin.
Observation 1.4.3. µ
n(K) < K∗ (sous-groupe). Ainsi, il est cyclique, et isomorphe ` a un certain Z /d Z , pour d|n.
D´ efinition 1.4.1. Une racine primitive n-i` eme de l’unit´ e dans K
nest un g´ en´ erateur du groupe µ
n(K
n).
Observation 1.4.4. ζ ∈ K
nest une racine primitive n-i` eme de l’unit´ e dans K si et seulement si (ζ
n= 1 et ∀d < n, d > 0, d|n, ζ
d6= 1.
Observation 1.4.5. K
nposs` de ϕ(n) racine primitives n-i` emes distinctes. On note µ
n(K)
∗leur ensemble.
D´ efinition 1.4.2. Φ
n,K(X) = Y
ζ∈µn(K)∗
(X − ζ) ∈ K
n[X] est le n-i` eme polynˆ ome cyclotomique
“de” K. Il est de degr´ e ϕ(n).
On n’ose pas dire “sur” K.
Observation 1.4.6. (X
n− 1) = Y
d|n,0<d<n
Φ
d,Ksimplement car µ
n(K) = F
µ
∗d(K). Mais le cˆ ot´ e gauche ne d´ epend pas de K... Observer la relation produite au niveau des degr´ es des polynˆ omes.
Exemple 1.4.1. Disons sur Q . – Φ
1(X) = X − 1.
– Φ
2v´ erifie Φ
1(X)Φ
2(X) = X
2− 1, donc Φ
2(X) = X + 1.
– Φ
3(X) v´ erifie Φ
1(X)Φ
3(X) = X
3− 1, donc Φ
3(X) = X
2+ X + 1.
– Φ
4(X) = X
4− 1
Φ
1(X)Φ
2(X) = X
4− 1
X
2− 1 = X
2+ 1 – Φ
5(X) = X
5− 1
Φ
1(X) = X
4+ X
3+ X
2+ X + 1 – Φ
6(X) = X
6− 1
Φ
1(X)Φ
2(X)Φ
3(X) = X
2− X + 1 – Φ
7(X) = X
6+ X
5+ X
4+ X
3+ X
2+ X + 1 – Φ
8(X) = X
4+ 1
– ad libidum. . .
Proposition 1.4.1. – Φ
n,Qest ` a coefficients entiers, unitaire.
– ∀K soit σ : Z → K le morphisme d’anneau, on a Φ
n,K= σΦ
n,Q. – En particulier, Φ
n,Fp= Φ
n,Q.
Observation 1.4.7. Ainsi, on oubliera souvent la mention du corps de base.
D´ emonstration. Comme illustr´ e dans l’exemple pr´ ec´ edent, Φ
n,Qs’obtient par division Eucli- dienne de X
n− 1 par un produit de Φ
n,Q. On obtient donc le point 1 par r´ ecurrence sur n. (la division Euclidienne dans Z [X] peut se faire si le d´ enominateur est unitaire).
Le second point est aussi une r´ ecurrence. Le cas n = 1 est trivial. Ensuite, comme σ envoie X
n− 1 sur X
n− 1, on obtient que
X
n− 1 = σ(Φ
n,Q) × Y
σ(Φ
d,Q) = σ(Φ
n,Q) × Y
Φ
d,K.
Or on a aussi X
n− 1 = Φ
n,K× Q
Φ
d,K. Comme l’anneau des polynˆ omes est integre, BA = CA = ⇒ B = C, et on a ce qu’on veut.
1.4.2 Irr´ eductibilit´ e
Th´ eor` eme 1.4.1. Φ
nest irr´ eductible sur Z [X].
Cons´ equence imm´ ediate :
Corollaire 1.4.1. Si ζ est une racine primitive n-i` eme de l’unit´ e dans K de caracteristique 0, alors Φ
nest son polynˆ ome minimal sur Q et [ Q (ζ), Q ] = ϕ(n).
D´ emonstration. Soit K = D
Q(Φ
n), et ζ une racine primitive n-i` eme de l’unit´ e dans K.
Pour tout premier p ne divisant pas n, ζ
pest une autre racine primitive n-i` eme de l’unit´ e dans K.
On choisit un tel p. Soit F le polynˆ ome minimal de ζ sur Q et G celui de ζ
p. Comme F et G sont des facteurs irreductibles de Φ
n, ils sont dans Z [X].
Observation 1.4.8. Ici on a utilis´ e le lemme de Gauss : les facteurs irreductibles de Φ
ndans Z [X] sont unitaires, donc (lemme de Gauss) irreductibles dans Q [X]. Ainsi, la decopositions en facturs irreductibles dans Z [X] donne celle dans Q [X].
Lemme 1.4.1. F = G.
Par l’absurde : On va montrer que si ce n’est pas le cas, ¯ Φ
na une racine double. On a F (X)|G(X
p) car ce dernier annule ζ et est unitaire irr´ eductible. Disons que G(X
p) = F (X)H(X) dans Z [X].
Dans Z /p Z , on a ¯ G(X
p) = ¯ F (X) ¯ H(X) = G(X)
p(par le Frobenius).
Ainsi tout facteur irr´ eductible (disons Ψ) de ¯ F doit diviser ¯ G.
Mais si F 6= G, on a aussi F G|Φ
n, donc ¯ F G| ¯ Φ ¯
net donc Ψ
2| Φ ¯
n. Cela provoque une racine double pour Φ
n,Fpdans son corps de d´ ecomposition, et cela contredit une remarque pr´ ec´ edente (nous avons choisi p ne divisant pas n !). Le Lemme est montr´ e.
Finalement, toute racine primitive n-i` eme de l’unit´ e s’´ ecrit
ζ
0= ζ
pα11pα22...pαkkdonc en utilisant plusieurs fois le lemme precedent, on obtient qu’elles ont toutes le mˆ eme polynˆ ome minimal sur Q , et c’est F .
Ainsi deg(F ) ≥ |µ
∗n(K
n) = deg(Φ
n). Comme par ailleurs F |Φ
net que les deux sont unitaires, on a F = Φ
n.
Corollaire 1.4.2. (cf partiel 2013).
1.5 Extensions d’anneaux
Soit A un anneau commutatif, unif` ere (tous le seront !... ?)
1.5.1 D´ efinitions
D´ efinition 1.5.1. (B, ρ) est une A-alg` bre si B est un anneau (pas forcement commutatif ) et ρ : A → B un morphisme d’anneau tel que ρ(a)b = bρ(a) pour tout a ∈ A et b ∈ B.
On appelle ρ le morphisme structural de l’anlg` ebre B .
Observation 1.5.1. B est alors muni d’une structure de A-module A × B → B donn´ ee par le produit ρ(a)b.
Mais il a une loi supplementaire, B × B → B (la multiplication dans B), qui est A-lin´ eaire.
Observation 1.5.2. L’observation ci-dessus est parfois prise comme d´ efinition. Dans ce cas, B n’est pas forcement associative ni unifere...
Exemple 1.5.1. A[X
1, . . . , X
n].
M
n(A).
Un morphisme de A-alg` bre est un morphisme d’anneau commutant aux morphismes struc- turaux.
Une sous-alg` bre est l’image d’un morphisme injectif.
Une extension de l’anneau A est une A-alg` ebre avec morphisme structural ρ injectif.
Observation 1.5.3. Une extension de corps est bien une extension d’anneau, d’un corps, qui
se trouve ˆ etre un corps.
1.5.2 Elements entiers
Comparez aux r´ esultats sur les ´ el´ ements alg´ ebriques.
Th´ eor` eme 1.5.1. Soit A un anneau commutatif, et (B, Id
A) une extension de A. Soit α ∈ B.
LASSE.
– ∃P ∈ A[X] unitaire avec P (α) = 0.
– A[α] est un A-module de type fini.
– Il existe un sous-A[α]-module de B contenant 1 (donc A[α]) et qui est de type fini sur A.
On dit alors que α est entier sur A.
D´ emonstration. 1 = ⇒ 2. Par division Euclidienne dans A[X] par un unitaire (en l’occurence P ), la famille 1, α, . . . , α
deg(P)−1engendre A[α] comme A-module.
2 = ⇒ 3 trivial.
3 = ⇒ 1. Soit M ce module, et w
1, . . . w
ndes g´ en´ erateurs sur A. Ecrivons
αw
i=
n
X
j=1