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PROMOUVOIR ET PÉRENNISER LES INVESTISSEMENTS DES JEUNES AGRIENTREPRENEURS EN TUNISIE

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

PROMOUVOIR ET PÉRENNISER LES INVESTISSEMENTS DES JEUNES AGRI- ENTREPRENEURS EN TUNISIE

RAPPORT FINAL DU PROJET

Investissements responsables par et pour les jeunes dans

l’agriculture et les systèmes alimentaires en Tunisie

(2)
(3)

Elaboré par Mohamed ELLOUMI

Abdallah BEN SAAD Emna OUERTANI

Ahmed YANGUI

Chercheurs au Laboratoire d’économie rurale

Institut National de la Recherche Agronomique de Tunisie

Publié par

l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture et

l’Institut National de Recherche Agronomique de Tunisie

PROMOUVOIR ET PÉRENNISER LES INVESTISSEMENTS DES JEUNES AGRI- ENTREPRENEURS EN TUNISIE

RAPPORT FINAL DU PROJET

Investissements responsables par et pour les jeunes dans

l’agriculture et les systèmes alimentaires en Tunisie

(4)

Citer comme suit:

FAO et INRAT. 2020.Promouvoir et pérenniser les investissements des jeunes agri-entrepreneurs en Tunisie. Rapport final du projet - Investissements responsables par et pour les jeunes dans l’agriculture et les systèmes alimentaires en Tunisie, Tunis.

https://doi.org/10.4060/cb0943fr

Les appellations employées dans ce produit d’information et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ou l’Institut national de Recherche Agronomique de Tunisie (INRAT) aucune prise de position quant au statut juridique ou au stade de développement des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Le fait qu’une société ou qu’un produit manufacturé, breveté ou non, soit mentionné ne signifie pas que la FAO ou l’INRAT approuvent ou recommandent ladite société ou ledit produit de préférence à d’autres sociétés ou produits analogues qui ne sont pas cités.

Les opinions exprimées dans ce produit d’information sont celles du/des auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement les vues ou les politiques de la FAO ou de l’INRAT.

ISBN 978-92-5-133299-3 [FAO]

© FAO,2020

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(5)

TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos

• Directeur Général de l’Institut National de la Recherche Agronomique de Tunisie

• Directeur Général de l’Agence de Promotion des Investissements Agricoles

• Représentant de la FAO en Tunisie et Coordinateur du bureau sous régional pour l’Afrique du Nord

Remerciements Liste des acronymes Résumé exécutif

Introduction et objectifs

I. RAPPEL DE LA MÉTHODOLOGIE

II. DÉLIMITATION DU SYSTÈME ET IDENTIFICATION DES FILIÈRES OBJET DE L’ANALYSE

1.​​Définition​de​la​notion​de​jeune​et​analyse​de​la​condition​des​jeunes​en​

Tunisie

2. Les sources et le cadre institutionnel de l’investissement dans le système agricole et agroalimentaire

3.​​Les​principales​filières​et​la​régionalisation​de​l’agriculture​

4.​​Le​choix​des​filières:​objets​des​travaux​futurs​

5.​​Identification​des​acteurs​et​des​agents​économiques​des​filières​agro- alimentaires retenues

5.1.​Identification​des​acteurs​de​la​filière​huile​d’olive​

5.2.​Identification​des​acteurs​de​la​filière​ovin-lait​

v v

vii viii

ix x xiii 1 3 4 4 6

9

10

10

11

11

(6)

III. ANALYSE DE LA SITUATION ACTUELLE: LES CONDITIONS CADRES ET LA CARTOGRAPHIE DES ACTEURS ET DE LEURS RELATIONS 1.​​Analyse​des​acteurs​et​synthèse​de​la​problématique​de​l’investissement​

par​les​jeunes​pour​la​filière​«huile-d’olive»​

1.1.​​L’analyse​des​acteurs​de​la​filière​huile​d’olive​

1.2.​La​filière​huile​d’olive​et​le​potentiel​d’investissement​par​les​jeunes:​une​

analyse SWOT

2.​​Analyse​des​acteurs​et​synthèse​de​la​problématique​de​l’investissement​

par​les​jeunes​pour​la​filière​Ovin-lait​

2.1.​​L’analyse​des​acteurs​de​la​filière​ovin-lait​

2.2.​​La​filière​ovin-lait​et​le​potentiel​d’investissement​par​les​jeunes:​une​analyse​

SWOT

IV. VISION COMMUNE ET PROPOSITION DE SOLUTIONS ET DE MESURES CONCRÈTES POUR DÉVELOPPER L’INVESTISSEMENT RESPONSABLE PAR LES JEUNES DANS LE SYSTÈME AGRO-ALIMENTAIRE

1.​​Pour​une​vision​partagée​de​la​situation​future​favorable​à​l’investissement​

par les jeunes

2. Proposition de solutions et de mesures concrètes pour développer l’investissement responsable par les jeunes dans le système agro-alimentaire​

3. Essai de priorisation des solutions validées

Conclusion

Références bibliographiques

12 12

13 15

17

17 18

20

20 22

22

28

29

(7)

Avant-propos

Directeur Général de l’Institut National de la Recherche Agronomique de Tunisie

C’est​pour​moi​un​grand​plaisir​de​contribuer​avec​cet​avant-propos​à​la​publication​du​

rapport​final​résultat​du​protocole​d’accord​entre​l’INRAT​et​la​FAO.​Ce​rapport​marque​

en​effet​la​fin​d’un​projet​commun​et​je​l’espère​sera​un​prélude​à​d’autres​collaborations.

Les travaux réalisés dans le cadre de ce protocole d’accord montrent que malgré ses multiples réussites et les profondes transformations qu’elle a connu, l’agriculture tunisienne est​appelée​à​relever​de​nombreux​défis​pour​répondre​aux​attentes​des​consommateurs​

et​assurer​un​revenu​et​un​niveau​de​vie​acceptables​pour​les​agriculteurs.​Parmi​ces​défis,​

le renouvellement des générations vieillissantes des chefs d’exploitations et l’attrait des jeunes​et​leur​encouragement​à​investir​dans​l’agriculture​sont​de​première​importance.​Ils​

conditionnent la durabilité des exploitations et la durabilité du secteur agricole.

Dans​ce​domaine,​le​renforcement​du​cadre​institutionnel​et​juridique​et​la​multiplication​

des​actions​et​projets​ont​été​importants.​Toutefois,​il​est​évident,​qu’à​la​lecture​des​chiffres​

sur​l’investissement​par​les​jeunes,​nous​sommes​encore​loin​des​performances​attendues.

Or,​comme​vient​de​le​mettre​en​évidence​la​crise​Covid-19,​la​question​de​l’inclusion​des​

jeunes​dans​l’économie​afin​de​faire​face​au​niveau​de​chômage​intolérable​qui​les​touche,​

devient​de​plus​en​plus​aigu.​Le​secteur​agricole​qui​a​joué​un​rôle​central​dans​la​sécurité​

alimentaire​du​pays​en​période​de​confinement,​devrait​pouvoir​jouer​un​rôle​important​

dans​la​réponse​à​cette​crise.

C’est​ afin​ d’apporter​ des​ éléments​ de​ compréhension​ du​ contexte​ et​ de​ proposer​ des​

solutions​que​l’INRAT,​à​travers​l’équipe​du​LER,​s’est​engagé​avec​la​FAO​et​la​Haute​école​

spécialisée​bernoise​dans​cette​action​de​«​Soutien​à​l’identification​descapacités​existantes​

et​souhaitées​permettant​aux​jeunes​d’investir​et​de​bénéficier​d’investissements​agricoles​

responsables​en​Tunisie​»​en​appui​au​projet​«​Soutien​à​l’investissement​responsable​dans​

l’agriculture​et​les​systèmes​alimentaires​»​(GCP/GLO/886/MUL)​de​coopération​entre​la​

FAO​et​le​Ministère​de​l’agriculture,​des​ressources​hydrauliques​et​de​la​pêche.

L’objectif​ de​ l’INRAT​ et​ de​ ses​ partenaires​ était​ au​ départ​ l’application​ et​ l’adaptation​

d’une​méthodologie,​mise​au​point​par​une​équipe​mixte​FAO/Haute​Ecole​Bernoise​pour​

l’étude​du​contexte​institutionnel​et​du​cadre​réglementaire​qui​régissent​l’accès​des​jeunes​

aux​sources​de​financement​de​l’investissement​dans​le​secteur​agricole​et​les​systèmes​

alimentaires. Les résultats dont une partie est restituée dans ce rapport, montrent que l’équipe​de​recherche​avec​ces​partenaires​de​l’APIA,​la​FAO​(Tunis​et​Rome)​et​de​la​HAFL,​

sont​allés​bien​plus​loin​en​procédant​à​un​diagnostic​complet​du​cadre​institutionnel​de​

l’investissement​par​et​pour​les​jeunes,​une​analyse​globale​des​parties​prenantes​et​en​

proposant​de​manière​participative​et​inclusive​des​solutions​en​mesure​de​faciliter​l’accès​

des​jeunes​à​l’investissement​et​à​la​pérennité​de​leurs​projets.

(8)

Tout en étant conscient de l’importance des résultats obtenus, nous sommes lucides qu’il reste​encore​du​chemin​à​parcourir​afin​que​ces​solutions​soient​adoptées​par​les​décideurs​

et​qu’elles​fassent​partie​d’un​environnement​plus​favorable​à​l’investissement​par​les​jeunes.​

C’est​pour​cela​que​l’INRAT​s’engage​à​poursuivre​la​réflexion​afin​d’assurer​une​meilleure​

visibilité​de​ces​solutions​et​leur​appropriation​par​une​large​frange​des​acteurs​des​filières​

agricoles.​Ceci​passe​par​un​plaidoyer​porté​par​l’INRAT,​mais​toujours​en​partenariat​avec​

les​acteurs​majeurs​pour​l’investissement​agricoles​à​savoir​les​professionnels​du​secteur,​

ceux​du​système​bancaire​et​les​organisation​étatiques​d’encadrement.

Je​me​félicite​enfin​de​la​collaboration​exemplaire​avec​nos​partenaires​dans​le​cadre​de​ce​

projet,​à​savoir​la​FAO​à​Rome​et​au​Bureau​sous​régional​pour​l’Afrique​du​Nord​à​Tunis,​

la​ Haute​ Ecole​ Spécialisée​ Bernoise​ et​ l’APIA,​ leur​ collaboration​ a​ grandement​ facilité​

l’obtention des résultats présentés dans ce rapport.

Pour​ finir,​ je​ voudrais​ remercier​ les​ responsables​ de​ l’Office​ fédéral​ de​ l’agriculture​ de​

Suisse​(OFAG)​pour​le​soutien​financier​apporté​à​ce​projet.

Professeur​Mondher​BEN​SALEM Directeur Général de l’INRAT

2

(9)

Directeur Général de l’Agence de Promotion des Investissements Agricoles

L’investissement​agricole​demeure​la​priorité​pour​une​agriculture​pérenne,​à​rentabilité​

certaine​et​face​à​de​nombreux​défis​tels​que​le​changement​climatique​et​le​chômage​des​

jeunes.​L’amélioration​de​l’attractivité​des​métiers​agricoles​et​la​révision​de​la​politique​

agricole​est​l’une​des​issues​pour​surmonter​ces​défis.

Notre​rôle​en​tant​qu’Agence​de​Promotion​de​Promotion​des​Investissements​Agricoles​est​

d’assurer​aux​agri-entrepreneurs​notre​soutien​et​appui​en​favorisant​les​filières​porteuses​

et​en​privilégiant​les​productions​de​valeurs​ajoutées.

Comment​rendre​l’agriculture​plus​attractive​aux​jeunes​chercheurs​d’emplois​?

Ce​document​est​l’aboutissement​d’un​travail​de​réflexion​initié​par​la​FAO,​les​ressortis​de​

ce​projet​ne​peuvent​qu’aiguiller​les​institutions​partenaires​et​les​instances​tunisiennes​vers​

un investissement responsable dans l’agriculture. Il va sans dire que nous disposons des instruments​adéquats​pour​la​mise​en​place​d’un​processus​d’amélioration​pour​l’accès​au​

financement​et​aux​incitations,​pour​l’accès​à​l’information,​à​la​formation​et​à​l’encadrement.

Avant-gardiste,​l’APIA​a​conçu​une​approche​pour​soutenir​les​jeunes​agri​entrepreneurs​

dans​la​réalisation​de​leur​projets​et​ce,​en​les​encadrant​depuis​l’idée​à​l’installation​du​

projet​ grâce​ à​ des​ accompagnateurs​ formés​ à​ cet​ effet,​ et​ qui​ sont​ spécialisés​ dans​ la​

création​de​projets.

Aujourd’hui,​tel​qu’il​a​été​mentionné,​entre​autres,​dans​ce​rapport,​l’introduction​au​code​

des​investissements​des​encouragements​spécifiques​aux​jeunes​agri-entrepreneurs​est​un​

moyen​d’attirer​le​jeune​agri​entrepreneur​à​investir​dans​l’agriculture​et​de​lui​garantir​un​

métier d’avenir.

En​définitive,​nous​nous​emploierons​à​conjuguer​nos​efforts​avec​la​FAO​et​l’INRAT​pour​

soutenir​ les​ jeunes​ chercheurs​ d’emplois​ porteurs​ d’idées​ innovantes​ en​ les​ incitant​ à​

investir pour une agriculture future moderne et compétitive.

Abderrahman​CHAFFAÏ

Directeur Général, Agence de Promotion des Investissments Agricoles

(10)

Représentant de la FAO en Tunisie et Coordinateur du bureau sous régional pour l’Afrique du Nord

Investir​ dans​ la​ jeunesse​ et​ permettre​ aux​ jeunes​ d’investir​ dans​ leurs​ exploitations​ et​

entreprises​permet​de​relever​certains​des​défis​les​plus​pressants​des​pays​de​l’Afrique​

du​ Nord,​ dont​ la​ Tunisie.​ La​ création​ d’emplois​ pour​ les​ jeunes,​ notamment​ dans​ le​

secteur agricole, sert de levier pour assurer la relance économique et garantir la sécurité alimentaire​des​ménages.​En​effet,​ce​sont​les​investissements​des​jeunes​agri-entrepreneurs​

d’aujourd’hui​qui​assureront​la​sécurité​alimentaire​de​demain.

La​population​jeune,​chaque​jour​plus​importante,​a​un​potentiel​énorme.​Investir​en​faisant​

confiance​aux​jeunes​peut​donner​des​résultats​importants​s’agissant​de​réduire​la​pauvreté,​

d’innover,​ de​ créer​ des​ emplois​ et​ de​ contribuer​ au​ bien-être​ de​ tous.​ Mais​ les​ jeunes​

agri-entrepreneurs​font​face​à​de​nombreux​défis,​notamment​l’accès​aux​financements,​

aux​marchés,​à​la​formation​et​à​l’information.​Afin​de​surmonter​ces​défis,​l’engagement​

déterminé​et​la​coordination​entre​acteurs​est​essentiel​pour​créer​des​conditions-cadre​

propices​à​l’investissement​des​jeunes​agri-entrepreneurs.

La FAO œuvre en faveur de la promotion d’investissements agricoles responsables par et pour​les​jeunes​dans​plus​de​15​pays​dans​le​monde.​Elle​le​fait​à​travers​le​développement​

d’outils,​de​méthodes​et​de​programmes​innovants.​En​Tunisie,​le​présent​rapport​marque​

la​fin​d’une​première​phase​d’appui​qui​s’est​conclue​par​la​validation​d’une​feuille​de​route​

pour​les​jeunes,​développée​en​impliquant​les​jeunes.​Cette​feuille​de​route​est​le​résultat​

de l’application d’une méthodologie innovante combinant recherches, ateliers sur le terrain et​ des​ événements​ de​ dialogue​ multi-acteurs.​ Elle​ résulte​ également​ d’un​ partenariat​

particulièrement​fructueux​entre​la​FAO,​l’Institut​national​de​la​recherche​agronomique​de​

Tunisie,​l’Agence​de​promotion​des​investissements​agricoles,​et​la​Haute​Ecole​Spécialisée​

Bernoise​HAFL.

Je voudrais saisir l’occasion pour les remercier pour l’excellent travail effectué.

Ce​rapport​contient​une​analyse​des​principaux​défis​auxquels​font​face​les​jeunes​agri- entrepreneurs​en​Tunisie​aujourd’hui​et​propose​des​solutions​concrètes​qui​ont​été​conçues​

et​validées​en​impliquant​directement​les​jeunes.

Je​remercie​l’APIA​et​l’INRAT​pour​leur​engagement​et​la​collaboration,​la​Haute​école​des​

sciences​agronomiques,​forestières​et​alimentaires​pour​son​appui​technique,​ainsi​que​la​

Suisse pour son soutien indéfectible tout au long de ce processus.

Philippe Ankers Représentant de la FAO en Tunisie et Coordinateur du bureau sous régional pour l’Afrique du Nord

2

(11)

Remerciements

Les​auteurs​tiennent​à​adresser​leurs​remerciements​les​plus​sincères​à​toute​l’équipe​du​

bureau​ sous-régional​ de​ la​ FAO​ à​ Tunis​ qui​ se​ sont​ pleinement​ investis​ dans​ ce​ projet.​

Monsieur​Ahmed​Bougacha,​responsable​du​projet​à​la​FAO,​Madame​Arbia​Labidi,​membre​

de​l’équipe,​et​tout​le​staff​administratif​qui​nous​ont​facilité​le​travail​tout​au​long​du​projet.

Nous​ adressons​ aussi​ toute​ notre​ profonde​ gratitude​ à​ Monsieur​ Yannick​ Fiedler,​

fonctionnaire​chargé​de​programmes​de​la​FAO​à​Rome,​qui,​par​sa​très​grande​qualité​

professionnelle,​sa​réactivité​et​sa​capacité​d’adaptation​;​a​rendu​notre​travail​très​agréable.​

Il​nous​était​très​aimable​de​partager​beaucoup​de​moments​avec​lui.

Nous ne saurions oublier d’adresser l’expression de notre plus haute reconnaissance avec toute​la​sincérité​possible​à​Madame​Barbara​Eiselen,​de​la​HAFL,​qui​a​montré​beaucoup​

de​diligence,​de​compétences​et​une​excellente​capacité​de​réaction​en​s’adaptant​très​

facilement​à​notre​demande​ce​qui​a​permis​de​réaliser​notre​objectif​principal​à​savoir​

«l’Outil​de​planification​stratégique:​Stimuler​et​pérenniser​les​investissements​des​jeunes​

agri-entrepreneurs».

Il​nous​est​agréable​aussi​d’adresser​nos​remerciements​les​plus​chaleureux​à​l’ensemble​

des​participants​des​deux​séminaires​réalisés​à​Tunis,​représentants​de​l’administration,​des​

structures​ financières,​ agriculteurs​ et​ jeunes​ agri-entrepreneurs,​ qui​ nous​ ont​ permis​ de​

valider les résultats obtenus.

Nous​voudrions​enfin​rendre​hommage​aux​paysans​et​paysannes​des​régions​visitées​à​

Béja.​Ils/elles​ont​souvent​accepté​de​répondre​à​nos​questions​et​nos​interrogations​avec​

sincérité​et​enthousiasme.​Ils/elles​nous​ont​permis​à​travers​les​nombreuses​discussions,​

entretiens et contacts sur le terrain de découvrir d’autres réalités et de comprendre les vrais mécanismes​des​dynamiques​des​deux​filières​étudiées​à​savoir​la​filière​huile​d’olive​et​la​

filière​ovin-lait.​Qu’ils/qu’elles​trouvent​ici​l’expression​de​nos​sentiments​les​plus​sincères​

de sympathie et de respect pour leur lutte continue pour une vie meilleure.

(12)

AAOC AFD AMC AOC APIA APII AVFA BIO BIT BM BMZ

BNA BTS CEPEX CRDA CT CTAMA DGFIOP

DGPA DGSV FAO FOSDA FOSDEP GDA GDAP

Association​de​production​d’HO​de​Téboursouk Agence​française​de​développement​

Associations​de​micro-crédits Appellation​d’origine​contrôlée

Agence de promotion des investissements agricoles Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation Agence de Vulgarisation et de Formation Agricole Biologique

Bureau​International​du​Travail Banque​Mondiale

Ministère​ fédéral​ allemand​ de​ la​ Coopération​ économique​ et​ du​

Développement

Banque​Nationale​agricole Banque​Tunisienne​de​Solidarité

Centre​de​Promotion​des​Exportations​de​la​Tunisie Commissariat Régional de Développement Agricole Court terme

Caisse​Tunisienne​d’Assurances​Mutuelles​Agricoles

Direction​ Générale​ De​ Financement​ Des​ Investissements​ Et​ Des​

Organismes Professionnels

Direction Générale de la Production agricole Direction Générale des services vétérinaires

Organisation​des​Nations​Unies​pour​l’alimentation​et​l’agriculture Fonds Spécial de Développement Agricole

Fonds​Spécial​pour​le​Développement​de​la​Pêche Groupement de développement agricole

Groupement​de​développement​agricole​et​de​la​pêche

Liste des acronymes

(13)

GDA-SS​​​​

GIV Lait GIZ HAFL HO IMF INNORPI INRAT INS IO ISO LAB’ESS LER LT MARHP MDICI MESRS MT NO ODC ODESYPANO OEP OIT

OL

ONAGRI ONG ONH

Groupement de développement agricole des éleveurs des brebis Sicilo-Sarde

Groupement Interprofessionnel des Viandes Rouges et du Lait Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit

Haute​école​des​sciences​agronomiques,​forestières​et​alimentaires​

Huile​d’olive

Institutions​de​micro-Finance

Institut National de la Normalisation et de la Propriété Industrielle Institut National de recherche agronomique de Tunisie

Institut National de la statistique Institut de l’olivier

Organisation internationale de normalisation Laboratoire​de​l’Economie​Sociale​et​Solidaire Laboratoire​d’Economie​Rurale

Long terme

Ministère​de​l’agriculture,​des​ressources​hydrauliques​et​de​la​pêche Ministère​du​Développement​et​de​la​Coopération​internationale Ministère​de​l’Enseignement​Supérieur​et​de​la​Recherche​Scientifique Moyen​terme

Nord-Ouest

Organisation de défense du consommateur

Office​de​Développement​Sylvo-Pastoral​du​Nord-Ouest​

Office​de​l’élevage​et​des​pâturages Organisation internationale du Travail Ovin-lait

Observatoire National de l’Agriculture

Organisation non gouvernementale

Office​National​de​l’huile

(14)

ONUDI OP OTD PIB PNUD RGPH SMSA SWOT TMM UE URAP UTAP VA

Organisation des Nations unies pour le développement industriel Organisation professionnelle

Office​des​terres​domaniales Produit intérieur brut

Programme​des​Nations​Unies​pour​le​Développement Recensement​Général​de​la​Population​et​de​l’Habitat Sociétés mutuelles de services agricoles

Strengths​-​Weaknesses​-​Opportunities​-​Threats Taux moyen du marché monétaire

Union​européenne

Union​régionale​de​​l’Agriculture​et​de​la​Pêche

Union​Tunisienne​de​l’Agriculture​et​de​la​Pêche

Valeur​ajoutée

(15)

Résumé exécutif

Introduction

En​Tunisie,​le​taux​de​chômage​des​jeunes​de​15​à​35​ans​est​très​élevé,​se​situant​autour​

de​35%,​chez​les​diplômés​du​supérieur​des​régions​de​l’intérieur​et​en​milieu​rural,​ce​qui​

pousse​un​nombre​important​à​l’exode​et​à​l’émigration​souvent​au​péril​de​leur​vie.

Dans ces régions, le secteur agricole se présente comme un premier levier économique pour répondre​aux​attentes​des​jeunes​et​leur​offrir​des​opportunités​d’emploi​et​d’entreprendre.

Les​ politiques​ d’inclusion​ des​ jeunes​ devraient​ aussi​ permettre​ de​ répondre​ aux​ autres​

problématiques de l’agriculture telles que le vieillissement de la population des chefs d’exploitation,​le​manque​d’intérêt​des​jeunes​aux​emplois​agricoles​et​enfin​le​faible​niveau​

d’innovations techniques et organisationnelles permettant au secteur agricole d’améliorer ses​performances​et​de​faire​face​aux​défis​de​la​stagnation​de​la​croissance​de​la​productivité,​

à​celui​des​changements​climatiques​et​la​libéralisation​des​marchés​des​produits​agricoles.

Plusieurs​ initiatives​ ont​ été​ lancées​ afin​ de​ booster​ l’investissement​ dans​ le​ secteur​

agricole et créer ainsi une dynamique de développement dans les régions intérieures où domine le secteur agricole. C’est dans ce cadre qu’a été promulgué le nouveau code des investissements​en​avril​2017​qui​offre​de​nombreux​avantages​à​l’investissement​agricole.

Malgré​tous​ces​efforts,​selon​une​étude​de​l’ONAGRI,​depuis​la​promulgation​du​nouveau​

code on ne constate pas une amélioration nette des investissements dans le secteur agricole,​surtout​que​la​part​des​jeunes​reste​nettement​en​dessous​des​attentes.

Au​ niveau​ global​ et​ pour​ aider​ les​ Etats​ membres​ à​ rendre​ le​ secteur​ agricole​ plus​

attractif​aux​jeunes,​la​FAO​a​lancé​un​projet​«Soutien​à​l’investissement​responsable​dans​

l’agriculture​ et​ les​ systèmes​ alimentaires»​ (GCP/GLO/886/MUL)​ en​ partenariat​ avec​ la​

Haute​Ecole​Spécialisée​Bernoise​et​l’appui​financier​de​l’Office​Fédéral​de​l’Agriculture​

(OFAG)​de​Suisse.​La​Tunisie​fait​partie​des​pays​bénéficiaires​de​ce​projet.​Le​Ministère​

de​l’agriculture,​de​la​pêche​maritime​et​des​ressources​hydrauliques​à​travers​l’Agence​

de Promotion des Investissements Agricoles étant l’institution responsable de la mise en œuvre​ au​ niveau​ ​ national.​ Le​ ​ Laboratoire​ d’Economie​ Rurale​ (LER)​ de​ l’INRAT​ est​ un​

partenaire principal, chargé de l’adaptation de la méthodologie au contexte tunisien.

Objectifs

A travers ce travail de collaboration, tant au niveau national qu’international, plusieurs objectifs​ sont​ recherchés,​ à​ savoir​ (i)​ conduire​ une​ analyse​ approfondie​ du​ contexte​

tunisien​ par​ rapport​ aux​ conditions​ pour​ un​ investissement​ agricole​ responsable,​ (ii)​

produire​et​partager​de​la​connaissance​sur​le​sujet​de​l’investissement​dans​l’agriculture​

et​les​systèmes​alimentaires​et​(iii)​faire​des​propositions​afin​d’augmenter​et​pérenniser​

les​investissements​des​jeunes,​(iv)​valoriser​les​résultats​par​des​publications​scientifiques​

(16)

et​ des​ recommandations​ pour​ les​ décideurs​ et​ enfin​ (v)​ tester​ la​ méthodologie​ pour​ la​

stabiliser et la diffuser plus largement.

Méthodologie

La​méthodologie​combine​à​la​fois​des​phases​où​domine​une​approche top-down basée sur des recherches bibliographiques et des analyses du contexte et du cadre institutionnel, avec​d’autres​phases​à​caractère​ bottom-up mobilisant les parties prenantes impliquées dans​l’élaboration​du​cadre​institutionnel​et​celles​ayant​un​rôle​dans​les​deux​filières​cibles.

De plus, un travail préliminaire d’adaptation a été fait par l’équipe de recherche en proposant de​croiser​une​analyse​régionale​du​contexte​macroéconomique​et​une​analyse​fine​des​

principales​filières​susceptibles​d’offrir​un​potentiel​de​développement​et​d’investissement​

pour​les​jeunes.​Le​choix​a​ainsi​été​arrêté​sur​la​région​du​nord-ouest​qui​présente​un​grand​

potentiel malgré des indicateurs de développement en dessous de la moyenne du reste du pays​et​sur​les​filières​ovin-lait​et​huile​d’olive​pour​leur​haut​potentiel​pour​l’investissement.

Le​présent​rapport​vient​ainsi​clore​tout​un​processus​qui​a​démarré​en​juin​2019​et​qui​

a​ donné​ lieu​ à​ de​ multiples​ activités​ de​ recherche​ bibliographique,​ de​ rencontres​ avec​

des​ experts​ et​ d’ateliers​ régionaux​ et​ nationaux​ qui​ ont​ vu​ la​ participation​ de​ jeunes​

agri-entrepreneurs,​ de​ responsables​ des​ organisations​ professionnelles,​ des​ cadres​ de​

l’administration et des acteurs engagés dans l’investissement agricole.

Les recommandations

Les principales recommandations issues de ce travail participatif et validées par les ateliers nationaux​sont​présentées​ci-dessous.​La​plupart​d’entre​elles​sont​transversales​et​portent​

essentiellement​sur​l’amélioration​de​l’accès​au​financement​et​aux​incitations,​l’amélioration​

de​l’accès​à​l’information,​à​la​formation​et​à​l’encadrement.​D’autres​sont​des​solutions​

spécifiques​aux​filières​ovin-lait​sicilo-sarde​et​huile​d’olive​dans​le​nord-ouest​du​pays.

1 Améliorer​l’accès​au​financement​et​aux​incitations:

•​Amender​le​cadre​législatif​en​y​insérant​des​conditions​spécifiques​favorables​aux​jeunes;

•​Augmenter​les​ressources​financières​dédiées​par​la​mobilisation​de​fonds​à​travers​la​

collaboration avec les organisations intergouvernementales et la coopération bilatérale;

•​ Encadrer​ les​ prêts:​ taux​ directeur​ plus​ bas,​ période​ de​ grâce​ plus​ longue,​ prise​ en​

charge​de​l’assurance-crédit,​taux​d’autofinancement​plus​réduit;

• Favoriser la synergie des appuis des bailleurs de fonds pour soutenir l’investissement des​jeunes​agri-entrepreneurs;

•​Création​d’un​fonds​pour​garantir​les​investissements​des​jeunes​agri-entrepreneurs;​et

•​Conception​d’une​plateforme​de​financement​participatif​(crowdfunding).

(17)

2​ Améliorer​l’accès​à​l’information​et​à​la​formation.

•​Mettre​en​place​un​guichet​unique​pour​faciliter​l’accès​des​jeunes​à​l’information​et​la​

constitution de leurs dossiers;

•​Renforcer​les​actions​de​vulgarisation,​de​formation​et​de​coaching​envers​les​jeunes​

agri-entrepreneurs;

•​Renforcer​l’accès​à​l’information​sur​l’investissement;

•​Inciter​les​jeunes​agri-entrepreneurs​à​s’organiser​et​à​se​mettre​en​réseaux;

•​Mettre​en​réseau​les​structures​de​recherche​(IO,​INRAT,​IRVT)​et​les​différents​acteurs​

des​deux​filières;​et

•​Revoir​le​cadre​législatif​des​OP​afin​de​leur​donner​plus​d’autonomie​et​plus​de​capacité​

pour​la​médiation​en​termes​d’accès​au​crédit​et​de​garanties.

3​ Solutions​spécifiques​à​la​filière​ovin-lait​sicilo-sarde​dans​le​Nord-Ouest.

•​Accélérer​la​publication​de​la​création​de​l’AOC:​fromage​de​lait​de​brebis​Sicilo-Sarde;

•​Attribuer​le​rôle​de​veille​sur​l’AOC​au​GDA​des​éleveurs​de​brebis​du​Nord;

•​Offrir​un​accès​à​la​terre​aux​jeunes​éleveurs​faiblement​pourvus​en​terres​agricoles;​et

•​Encourager​les​contrats​de​production.

4​ Solutions​spécifiques​à​la​filière​Huile​d’Olive​dans​le​Nord-Ouest.

•​ Activer​ le​ rôle​ de​ veille​ sur​ l’AOC​ à​ l’association​ des​ producteurs​ d’huile​ d’olive​ à​

Téboursouk​ou​à​la​SMSA;

• Créer et promouvoir un panier de biens et services pour le développement territorial de la région de Téboursouk; et

•​Améliorer​la​visibilité​de​la​filière​huile​d’olive​de​la​région​du​Nord-Ouest.

Enfin,​il​faut​signaler​que​les​participants​au​second​atelier​national​ont​insisté​sur​la​nécessité​

de​poursuivre​le​travail​de​réflexion​et​d’échange​entre​les​acteurs​à​travers​la​création​d’un​

pôle​de​réflexion​qui​proposera​des​orientations​politiques​à​même​de​palier​la​défaillance​

de​l’Etat​en​termes​d’inclusion​des​jeunes​et​d’accès​aux​sources​d’investissement.​Cette​

action​permettra​ainsi​de​prolonger​le​partenariat​entre​la​FAO,​le​LER/INRAT​et​l’APIA,​

partenariat​qui​est​appelé​à​s’élargir​à​d’autres​institutions.

(18)
(19)

Introduction et objectifs

Le secteur agricole et agroalimentaire reste incontournable dans le développement économique​et​social​de​la​Tunisie.​En​effet,​malgré​la​perte​de​son​poids​dans​l’économie​

(En​2017,​le​secteur​agricole​contribue​à​10​pour​cent​du​PIB),​il​reste​important​en​termes​

d’emploi​(14,5​pour​cent​​selon​l’enquête​population​emploi​de​l’INS​de​2018),​et​son​poids​

est​encore​plus​affirmé​dans​les​régions​de​l’intérieur​à​dominante​agricole​et​rurale​qui​

accusent le plus grand retard de développement. Or la population active, et notamment celle des chefs d’exploitations se caractérise de plus en plus par son vieillissement, ce qui risque d’accélérer la baisse de l’emploi et de l’investissement dans le secteur agricole.

Selon​ les​ chiffres​ de​ l’ONAGRI​ en​ 2019,​ le​ volume​ des​ investissements​ dans​ le​ secteur​

agricole​a​diminué​de​6​pour​cent​,​tandis​que​le​nombre​de​projets​a,​quant​à​lui,​diminué​

de​26​pour​cent​,​ce​qui​a​été​accompagné​par​une​perte​importante​de​l’ordre​de​19​

pour​cent​au​niveau​des​emplois​permanents.​De​son​côté​le​système​agroalimentaire​se​

caractérise​par​sa​faible​contribution​à​l’emploi,​malgré​des​opportunités​assez​fortes​en​

termes de transformation et de valorisation des produits agricoles.

Face​à​cette​situation,​les​jeunes​rencontrent​de​grandes​difficultés​pour​accéder​au​marché​

du​ travail.​ En​ effet,​ le​ taux​ de​ chômage​ des​ jeunes,​ de​ 15​ à​ 35​ ans,​ est​ très​ élevé,​ se​

situant​autour​de​35​pour​cent,​notamment​chez​les​diplômés​du​supérieur​des​régions​de​

l’intérieur,​ce​qui​pousse​un​nombre​important​à​l’exode​et​à​l’émigration​souvent​au​péril​

de leur vie.

Or pour assurer sa sécurité alimentaire future, la Tunisie se doit d’encourager l’investissement par​ les​ jeunes​ dans​ le​ secteur​ agricole.​ Cet​ investissement​ devrait​ à​ la​ fois​ assurer​ un​

renouvellement générationnel des chefs d’exploitation et faciliter l’adoption d’innovations susceptibles​de​permettre​au​secteur​agricole​de​relever​les​défis​auxquels​il​est​appelé​à​

faire​face​(changements​climatiques,​globalisation​des​échanges,​mutation​de​la​demande​

des​consommateurs,​etc.).

Face​à​la​stagnation​des​investissements​dans​le​secteur​agricole​et​notamment​ceux​réalisés​

par​ les​ jeunes,​ la​ Tunisie​ a​ présenté​ une​ requête​ d’appui​ formulée​ par​ le​ Ministère​ de​

l’agriculture,​des​ressources​hydrauliques​et​de​la​pêche​(MARHP)​dans​le​cadre​du​projet​

«​Soutien​à​l’investissement​responsable​dans​l’agriculture​et​les​systèmes​alimentaires​»​

(GCP/GLO/886/MUL).​C’est​en​réponse​à​cette​requête​que​la​FAO​a​proposé​à​la​Tunisie​

de​tester​l’approche​préparée​par​une​équipe​mixte​de​la​FAO​et​la​Haute​école​spécialisée​

bernoise​pour​favoriser​l’investissement​des​jeunes​dans​le​secteur​agricole​et​les​systèmes​

alimentaires.

Ainsi​ce​travail​se​trouve​à​la​confluence​d’une​volonté​tunisienne​de​soutenir​l’investissement​

des​jeunes​dans​le​secteur​agricole​et​de​celle​de​la​FAO​et​de​son​partenaire​suisse​de​

tester​une​méthodologie​qui​favorise​l’accès​des​jeunes​aux​sources​de​financement​et​à​

l’entreprenariat.

(20)

C’est​dans​ce​cadre​qu’une​équipe​du​Laboratoire​d’économie​rurale​(LER)​de​l’INRAT​a​été​

constituée​afin​de​mettre​en​œuvre,​avec​le​soutien​des​experts​de​la​FAO​et​d’un​expert​

de​la​HAFL​la​méthodologie​préparée​par​ces​derniers​dans​le​contexte​tunisien.​Cette​

équipe​a​par​ailleurs​bénéficié​de​l’appui​de​l’Agence​de​promotion​des​investissements​

agricoles​(APIA).

En​réalisant​ce​partenariat​nous​poursuivons​plusieurs​objectifs,​dont​certains​sont​partagés​

par​les​trois​partenaires​(HAFL-FAO-LER)​et​d’autres​sont​propres​à​l’équipe​INRAT​et​à​

l’économie tunisienne.

Ainsi​ pour​ le​ partenaire​ tunisien,​ nous​ pouvons​ citer​ les​ objectifs​ suivants​ (i)​ conduire​

une​ analyse​ approfondie​ du​ contexte​ tunisien​ par​ rapport​ à​ l’investissement​ agricole​

responsable,​(ii)​produire​et​partager​de​la​connaissance​sur​le​sujet​de​l’investissement​

dans​l’agriculture​et​les​systèmes​alimentaires,​(iii)​élaborer​des​solutions​afin​d’augmenter​

et​pérenniser​les​investissements​des​jeunes​et​(iv)​valoriser​les​résultats​par​des​publications​

scientifiques​et​des​recommandations​pour​les​décideurs.​Pour​les​partenaires​de​la​FAO​et​

de​la​HAFL​les​objectifs​sont​(i)​la​réalisation​d’un​test​grandeur​nature​d’une​méthodologie​

d’analyse et de proposition pour améliorer l’environnement de l’investissement par et pour les​jeunes​et​(ii)​un​retour​sur​la​méthodologie​pour​la​stabiliser​et​la​diffuser​plus​largement.

Le​présent​rapport​vient​ainsi​clore​tout​un​processus​qui​a​démarré​en​juin​2019​et​qui​a​

donné​lieu​à​de​multiples​activités​de​documentation,​de​rencontre​avec​des​experts​et​

d’ateliers régionaux et nationaux.

Ce​processus​a​par​ailleurs​permis​la​production​de​rapports​intermédiaires​au​nombre​de​6​

qui​rendent​compte​de​l’avancement​lors​des​différentes​étapes​fixées​par​la​méthodologie.

Le​rapport​final​rend​compte​de​l’ensemble​du​processus​afin​de​présenter​les​principaux​

enseignements que nous pouvons tirer de l’exercice de la mise en œuvre de la méthodologie développée​ par​ la​ HAFL​ et​ la​ FAO​ dans​ le​ contexte​ tunisien.​ Il​ s’agit​ de​ présenter​ les​

principaux résultats de l’analyse du contexte tunisien et d’expliquer comment a été effectué le​choix​de​la​région​du​nord-ouest​(NO)​et​des​deux​filières​huile​d’olive​et​ovin-lait​(HO​et​

OL)​dans​cette​région​pour​approfondir​les​analyses​et​les​résultats​obtenus​en​termes​de​

diagnostic et de solutions validées par les parties prenantes.

(21)

I. RAPPEL DE LA MÉTHODOLOGIE

Pour​répondre​à​la​problématique​citée​et​aboutir​à​une​batterie​de​mesures​concrètes​et​

validées​par​les​parties​prenantes​à​tous​les​niveaux,​nous​avons​adopté​la​méthodologie​

proposée​ par​ l’équipe​ FAO/HAFL

1

​ et​ qui​ est​ elle-même​ inspirée​ des​ Principes​ pour​ un​

investissement​responsable​dans​l’agriculture​et​les​systèmes​alimentaires,​développés​et​

approuvés​par​le​Comité​de​la​sécurité​alimentaire​mondiale​des​Nations-Unies

2

.

Il s’agit d’une approche progressive et itérative qui se base, en premier lieu, sur un travail d’expertise​(Top-down)​mobilisant​la​documentation​disponible​et​une​lecture​du​contexte​

national​et​local​des​filières​objet​de​l’analyse.​En​deuxième​lieu,​une​approche​ascendante​

et​participative​(Bottom-up)​a​été​adoptée.​Cette​approche​mobilise​les​acteurs​des​filières​

et​les​parties​prenantes​impliquées​de​près​ou​de​loin​dans​la​gouvernance​de​celles-ci​et​

dans l’ensemble du cadre institutionnel et qui leur donne la parole dans le cadre d’ateliers régionaux, puis nationaux de partage des résultats et de validation des solutions.

Ainsi l’approche proposée, qui a été adaptée au contexte tunisien

3

,​comporte-t-elle​huit​(8)​

étapes​bien​identifiées​avec​des​livrables​à​la​clef.

1 La première étape consiste en une étude préliminaire permettant de dégager les grandes tendances socio-économiques et d’identifier les régions et filières cibles.

2 Les étapes 2 et 3 adoptent, contrairement à la première étape, une approche ascendante (Bottom-up) et ont pour objectif de se focaliser sur l’identification (étape 2) et la qualification (étape 3) des acteurs des deux filières retenues.

3 L’étape 4 qui consiste en un atelier national de partage des résultats des étapes précédentes et qui a réuni de jeunes entrepreneurs et porteurs d’idées de projets, avec les parties prenantes des filières (administration, société civile et secteur privé).

4 L’étape 5 (avec deux sous-étapes 5a et 5b) adopte quant à elle une approche Top- down d’analyse des conditions-cadres de l’investissement (sous-étape 5a), puis une cartographie (mapping) des acteurs évoluant au sein des deux filières et dans leur environnement proche (sous-étape 5b).

5 L’étape 6 consiste à faire une synthèse de l’ensemble des résultats acquis tout au long des étapes précédentes.

6 Ces résultats ont été soumis pour validation aux participants du second atelier national qui constitue l’étape 7 du processus.

7 L’ensemble du processus et des principaux résultats et notamment les solutions validées font l’objet d’un rapport final (étape 8).

1 Développement​et​déploiement​d’un​outil​d’analyse​complète:​investissement​responsable​par​et​pour​les​jeunes​dans​l’agriculture​et​les​systèmes​

alimentaires​/​cas​de​la​Tunisie,​rédigé​par​Barbara​Eiselen​(BHA​-​HAFL)​et​Yannick​Fiedler​(FAO),​Version​3,​15​mai​2019.

2​CSA-RAI,​2014:​Principes​pour​un​investissement​responsable​dans​l’agriculture​et​les​systèmes​alimentaires​approuvés​par​le​comité​de​la​sécurité​

alimentaire mondiale.

3​A​titre​d’exemple​nous​avons​proposé,​pour​le​choix​des​filières​sur​lesquelles​a​porté​le​travail​approfondi​de​diagnostic​avec​les​acteurs,​de​procéder​

(22)

II. DÉLIMITATION DU SYSTÈME ET

IDENTIFICATION DES FILIÈRES OBJET DE L’ANALYSE

La​première​étape​du​processus​a​été​cruciale​dans​l’ensemble​du​travail,​puisqu’elle​a​

permis​de​préciser​ce​que​l’on​entend​par​«​jeune​»​dans​le​contexte​tunisien​en​référence​

aux différents textes de loi et aux pratiques des différentes parties prenantes, et de passer en revue​les​problématiques​du​secteur​agricole​et​des​systèmes​alimentaires,​afin​d’identifier​

les​ filières​ les​ plus​ significatives​ pour​ l’exercice​ d’application​ de​ la​ méthodologie,​ mais​

aussi pour avoir des résultats probants pour la suite du processus.

Cette approche se base sur le constat largement partagé que l’agriculture tunisienne souffre de​deux​handicaps​majeurs:​le​vieillissement​de​la​population​des​chefs​d’exploitation​et​le​

faible​niveau​d’emploi​dans​les​maillons​post​production,​il​est​donc​important​d’identifier​

les​ filières​ à​ haut​ potentiel​ d’investissement​ et​ de​ création​ d’emploi,​ et​ d’identifier​ les​

améliorations nécessaires dans l’environnement institutionnel pour favoriser l’investissement responsable​par​et​pour​les​jeunes.

Définition de la notion de jeune et analyse de la condition des jeunes en Tunisie

A​priori,​il​n’existe​pas​de​définition​unique​et​officielle​de​la​jeunesse​en​Tunisie,​mais​

plusieurs​sources​s’accordent​à​situer​cette​période​de​vie​entre​15​et​29​ans,​voire​40​ans.

L’Observatoire​tunisien​de​la​jeunesse,​sans​indiquer​de​définition​précise,​adopte,​dans​

ses​études,​la​tranche​d’âge:​15-29​ans​qui​est​plus​large​que​celle​retenue​par​les​Nations​

Unies​(15​à​24​ans).

Pour​ l’Institut​ National​ de​ Statistique​ (INS),​ dans​ un​ document​ issu​ du​ Recensement​

Général​de​la​Population​et​de​l’Habitat​(RGPH)​2014​et​consacré​à​la​Jeunesse​et​à​la​

vieillesse​et​produit​en​collaboration​avec​le​FNUAP:​«Les​jeunes​âgés​de​15​à​34​ans​

à​la​date​du​recensement​de​2014,​comptent​3​648​878​personnes;​soit​le​tiers​de​la​

population​totale​du​pays​(explicitement​33,2​pour​cent).​Rappelons​que​la​population​

totale​à​la​date​du​recensement​de​2014​est​au​nombre​de​10​982​476​personnes»​(INS,​

2017).​Cette​définition​correspond​également​à​celle​retenue​par​l’Union​africaine.

Ainsi​pour​ce​rapport,​la​jeunesse​sera​définie​pour​les​besoins​de​cette​étude​comme​

étant​celle​appartenant​à​l’intervalle​d’âge​de​15​à​35​ans,​élargie,​quand​cela​s’avère​

nécessaire,​à​40​ans,​comme​dans​le​cas​du​crédit​foncier​par​exemple.

Par ailleurs l’analyse effectuée dans le cadre de ce rapport a montré que cette catégorie de​ la​ population​ connait​ le​ plus​ grand​ problème​ de​ chômage​ et​ d’accès​ au​ travail​ et​

notamment​pour​les​diplômés​du​supérieur​en​milieu​rural​et​provenant​des​gouvernorats​

1

(23)

Groupe d’âge 15-24 ans 15-29 ans 15-34 ans Total

Nombre (1000) 1 856,4 2 846,1 3 813,3 11 559,7

% 16,06 24,62 32,99 100

Tableau​1:​Importance​des​jeunes​dans​la​population​tunisienne​en​2018

Source: INS, 2019

Ainsi,​les​jeunes​de​15​à​34​ans,​qui​représentent​33​pour​cent​de​la​population​totale​du​

pays,​sont​fortement​touchés​par​le​chômage​avec​un​taux​de​25,5​pour​cent​alors​que​

le​taux​de​chômage​au​niveau​national​est​de​15,5​pour​cent​(INS,​2018).​Cela​est​encore​

plus​flagrant​si​l’on​considère​les​diplômés​du​supérieur​qui​sont​au​chômage,​puisque​le​

taux​atteint​alors​28,1​pour​cent​au​niveau​national​et​peut​aller​jusqu’à​51​pour​cent​dans​

certaines régions du pays.

Figure​1:​Cartographie​du​taux​de​chômage​des​jeunes​et​des​jeunes​diplômés​selon​les​gouvernorats en​2018​selon​l’INS

Source: Elaboration des auteurs à partir des données de l’INS

La​situation​des​jeunes​dans​ces​régions​s’explique​d’une​part​par​la​prédominance​du​

secteur​agricole​dans​leur​économie​et​donc​par​l’absence​d’une​économie​diversifiée​

et​par​les​difficultés​que​rencontrent​ces​jeunes​pour​investir​dans​le​secteur​agricole​ou​

bénéficier​de​la​création​d’emplois​que​pourraient​induire​les​investissements​dans​ce​

secteur​de​manière​générale.

(24)

Les sources et le cadre institutionnel de l’investissement dans le système agricole et agroalimentaire

Depuis​la​mise​en​œuvre​du​programme​d’ajustement​structurel​au​milieu​des​années​

1980,​la​part​de​l’investissement​public​dans​le​secteur​agricole​a​eu​tendance​à​régresser​

en​faveur​du​secteur​privé​qui​bénéficie​de​plus​en​plus​d’incitations.

En​effet,​pour​encourager​l’investissement​dans​le​secteur​agricole,​les​pouvoirs​publics​

ont​mis​en​place​un​cadre​juridique​assez​complet​avec​des​incitations​assez​conséquentes.

Ainsi​un​premier​code​de​l’investissement​a​vu​le​jour​dès​le​début​des​années​1970,​avec​

en​particulier​la​loi​d’avril​1972​qui​instaure​des​privilèges​pour​les​industries​exportatrices.​

Dans​le​même​temps,​un​code​spécifique​à​l’investissement​dans​le​secteur​agricole​a​été​

mis​en​place.​Ce​premier​code​reconnait​les​spécificités​du​secteur​agricole​et​lui​accorde​

des​incitations​particulières.

Vingt​ans​plus​tard,​le​nouveau​code​de​1993,​tentera​d’unifier​les​avantages​accordés​

aux investisseurs dans tous les secteurs de l’économie, mais garde toutefois une certaine spécificité​ pour​ le​ secteur​ agricole.​ Ces​ spécificités​ concernent​ à​ titre​ d’exemple​ les​

catégories d’investisseurs, certaines activités de production, tels que les travaux de conservation des eaux et du sol, l’irrigation de complément pour les céréales ou encore l’élevage de génisses.

Enfin​c’est​à​l’occasion​du​dernier​code​de​l’investissement​promulgué​en​septembre​

2016​et​entré​en​vigueur​en​avril​2017​que​vont​quasiment​disparaitre​les​spécificités​

du​secteur​agricole.​Il​ne​reste​pratiquement​que​les​avantages​accordés​à​l’acquisition​

du​foncier​agricole​(prêts​fonciers)​qui,​par​la​même​occasion,​ont​été​renforcés​et​qui​

par​ ailleurs​ concerne​ en​ priorité​ les​ jeunes​ de​ moins​ de​ 40​ ans,​ les​ autres​ avantages​

accordés​aux​jeunes​ayant​disparu.​A​cette​occasion,​le​plafond​est​porté​à​250​000​DT​

contre​150​000​DT​dans​le​précédent​code,​la​période​de​grâce​passe​à​7​ans​au​lieu​

de​5​et​le​taux​d’intérêt​est​réduit​de​5​à​3​pour​cent.​L’autre​innovation​est​la​prise​en​

compte dans le montant du crédit des investissements nécessaires pour l’aménagement du​terrain​(forage​et​électrification)​qui​bénéficient​d’une​subvention​à​hauteur​de​15​

pour cent.

L’autre innovation introduite par le nouveau code concerne les organisations professionnelles​de​base​et​les​investissements​collectifs​qu’elles​sont​appelées​à​faire.​

Ainsi​le​nouveau​code​considère​ces​organisations​comme​des​investisseurs​de​catégorie​

A

4

et leur accorde les avantages de cette catégorie.

Cependant,​ depuis​ la​ promulgation​ du​ nouveau​ code​ des​ investissements​ (avril​ 2017)​

l’on n’a pas constaté une amélioration nette des investissements, surtout que la part des jeunes​reste​nettement​en​dessous​des​attentes​des​décideurs​(ONAGRI,​2019).

Pour la mise en œuvre de ce cadre, un ensemble d’institutions ont été mises en place par les pouvoirs publics, dont notamment l’Agence de promotion des investissements agricoles

2

(25)

(APIA)​créée​en​1981​et​qui​constitue​la​pièce​maitresse​du​dispositif​institutionnel.​Mais​

on​peut​citer​aussi​la​Direction​générale​du​financement​et​de​l’investissement​qui​gère​

les​fonds​dédiés​au​soutien​de​l’investissement​dans​le​secteur​agricole​et​dans​la​pêche​

(FOSDA​et​FOSDEP,​etc.),​mais​aussi​les​incitations​pour​les​petits​agriculteurs.​Du​côté​

bancaire,​la​BNA​(Banque​nationale​agricole)​dont​la​création​remonte​à​1959,​assure​la​

gestion​des​fonds​et​les​différentes​formes​d’incitations​qu’ils​accordent.​La​BNA​accorde​

aussi des crédits sur ces propres fonds.

Plus​tard,​en​1997,​fut​créée​la​Banque​Tunisienne​de​Solidarité​(BTS),​spécialisée​dans​

le​financement​de​petits​projets​par​le​biais​du​financement​direct​ou​via​les​associations​

de​ micro-crédits​ (AMCs).​ Elle​ octroie​ ses​ crédits,​ sans​ exiger​ des​ garanties​ réelles​ ou​

personnelles,​à​un​taux​d’intérêt​annuel​de​5​pour​cent,​le​plus​faible​du​marché​(BTS,​2019).​

Les​bénéficiaires​sont​pour​la​plupart​des​jeunes​qualifiés,​diplômés​de​l’enseignement​

supérieur​ou​de​la​formation​professionnelle​ne​disposant​pas​de​moyens​financiers​ou​

de​ garanties.​ Durant​ le​ premier​ trimestre​ de​ 2019,​ 45​ pour​ cent​ des​ crédits​ octroyés​

sont​pour​les​jeunes​diplômés​de​l’enseignement​supérieur​dont​81​pour​cent​sont​des​

nouvelles​créations​de​petites​entreprises.​Malheureusement,​le​secteur​agricole​reste​le​

moins​représenté​avec​seulement​1​pour​cent​des​crédits​octroyés​(BTS,​2019).

Finalement,​on​note​le​développement​de​la​microfinance​qui​est​régie​par​la​loi​de​1999​et​

qui​définit​le​microcrédit​comme​étant​«​tout​crédit​visant​le​soutien​de​l’acteur​bénéficiaire​

à​l’intégration​économique​et​sociale​».​Il​est​accordé​pour​financer​l’acquisition​de​petits​

matériels,​d’intrants​et​de​fonds​de​roulement​nécessaires​à​la​production.​Dominé​par​

les​Associations​de​micro-crédit​et​la​BTS,​ce​secteur​a​connu​une​nouvelle​restructuration​

après​ la​ Révolution​ avec​ le​ décret-loi​ de​ 2011​ qui​ a​ autorisé​ aux​ sociétés​ anonymes​

financières​ l’octroi​ des​ microcrédits​ et​ a​ permis​ la​ création​ d’une​ autorité​ de​ contrôle​

indépendante​pour​assurer​la​supervision​des​institutions​de​microfinance.

Ce​système​est​renforcé​par​un​rôle​actif​des​organisations​de​l’assistance​technique​et​

financière​et​de​coopération​bilatérale​et​multilatérale​(AFD,​BMZ​et​GIZ,​UE,​Coopération​

Suisse,​FAO,​PNUD,​BIT,​ONUDI,​etc.),​qui​jouent​un​rôle​de​plus​en​plus​direct​dans​le​

soutien​des​jeunes​et​parfois​dans​l’octroi​même​de​crédits​et​de​subventions​aux​jeunes​

investisseurs.

Des​ONG​nationales​et​internationales​participent​de​différentes​manières​à​l’encadrement​

de​ces​activités,​de​même​que​des​structures​professionnelles​(GDAP​et​SMSA).

Malgré​ces​efforts​et​ce​cadre​institutionnel​dense,​les​investissements​dans​le​secteur​

agricole​ restent​ en​ grande​ majorité​ d’origine​ informelle.​ En​ effet,​ le​ financement​ des​

investissements privés dans le secteur agricole et agroalimentaire se base principalement sur​l’autofinancement,​les​crédits​fournisseurs,​l’avance​sur​récolte,​etc.

Les​ sources​ d’origine​ formelle​ sont​ constituées​ par​ avantages​ financiers​ (subventions)​

régis par le code d’incitation aux investissements et les crédits bancaires qui représentent une​très​faible​partie​du​financement​(la​proportion​d’agriculteurs​bénéficiant​de​prêts​

bancaires​ne​dépasse​pas​7​pour​cent).

(26)

La​ contribution​ des​ banques​ reste​ par​ ailleurs​ très​ faible,​ notamment​ dans​ le​ cas​ des​

investissements​de​faible​niveau​(catégorie​A​et​B​de​l’ancien​code​et​A​du​nouveau​code)​

qui ne dépasse pas 1 pour cent de l’investissement global de cette catégorie.

Enfin,​le​concours​de​l’Etat,​sous​ses​différentes​formes​et​notamment​les​subventions​

directes​ à​ l’investissement,​ constitue​ une​ part​ importante​ des​ investissements​ dans​ le​

secteur​agricole​et​le​système​alimentaire.

Il​ faut​ signaler​ enfin​ que​ les​ investissements​ privés​ agricoles​ et​ agroalimentaires​ sont​

caractérisés​par​une​faible​contribution​pour​la​femme​et​les​jeunes.​En​effet,​sur​le​total​

des​investissements​approuvés​par​l’APIA​entre​2011​et​2018,​72,2​pour​cent​des​projets​

sont​détenus​par​des​promoteurs​âgés​de​plus​que​40​ans​et​5​pour​cent​sont​initiés​par​

des femmes promotrices.

Ces résultats montrent que malgré l’importance du potentiel que représente le cadre institutionnel,​celui-ci​demeure​faiblement​efficace,​notamment​pour​les​jeunes.

Une​analyse​approfondie​réalisée​avec​les​participants​du​premier​atelier​national​avec​les​

jeunes​a​permis​de​mettre​en​évidence​les​causes​à​la​racine​de​cette​situation.​Il​s’agit​

principalement​des​défis​suivants:

• Manque​de​ressources​propres​(autofinancement)​et​de​garanties;

• Problème​d’accès​au​foncier;

• Manque​d’information​sur​les​avantages​et​sur​les​procédures;

• Procédures qui restent complexes;

• Manque​d’accompagnement​post-création​du​projet;

• Absence​de​produits​financiers​adaptés​aux​jeunes;

• Difficulté​d’accès​à​la​formation.

Ces causes se traduisent alors par des effets constatés sur le terrain et qui sont principalement:

• La​difficulté​pour​les​jeunes​à​investir​dans​le​secteur​agricole

• La​difficultés​d’accès​au​crédit​bancaire​notamment​pour​les​jeunes;

• Un​taux​d’intérêt​et​des​frais​financiers​qui​restent​élevés;

• Une​faible​pérennité​des​projets.​

(27)

Les principales filières et la régionalisation de l’agriculture

Afin​de​choisir​les​filières​objets​de​l’étude​approfondie,​nous​avons​passé​en​revue​les​

principales​filières​des​produits​agricoles​en​croisant​leur​contribution​à​la​valeur​ajoutée​

du​secteur​et​à​l’emploi​avec​leur​part​de​l’investissement​et​leur​importance​régionale.

3

Année Arboriculture Grandes cultures Cultures

maraichères Pêche et aquaculture

Elevage Total

2015 31,6 10,6 31,7 14,9 6,2 95

2016 25,6 11,3 35 15,6 7,3 94,8

2017 23 13,2 32,7 18,2 8,1 95,2

Tableau​2:​Contribution​des​principales​productions​à​la​formation​de​la​valeur​ajoutée​du​

secteur​agricole​(2015-2017)

Source: Annuaire statistique agricole, MARHP, 2017

Il​en​ressort​que​5​filières​dominent​l’activité​agricole​en​Tunisie​en​contribuant​plus​de​95​

pour​cent​à​la​valeur​ajoutée​totale​de​l’ensemble​du​secteur.

Parmi​ ces​ filières,​ celles​ de​ l’huile​ d’olive,​ des​ dattes​ et​ de​ l’élevage​ se​ distinguent​

nettement​par​leur​contribution​à​la​formation​de​la​VA,​à​l’emploi​et​à​l’équilibre​de​la​

balance agricole et alimentaire de la Tunisie.

Sur le plan régional, nous avons relevé une certaine spécialisation régionale. Ainsi l’oléiculture se concentre dans le centre et le sud du pays, mais connait une progression nette dans le nord. La céréaliculture se concentre dans les plaines du nord avec une extension dans le centre, mais dans des conditions de production assez aléatoires de point de​vue​des​précipitations.​Quant​à​l’élevage,​il​est​présent​dans​l’ensemble​du​territoire​

national.​ En​ effet,​ même​ si​ certaines​ filières​ couvrent​ l’ensemble​ du​ territoire​ national​

allant du nord au sud, une certaine spécialisation est observée pour l’élevage ovin dans le​centre​et​de​l’élevage​bovin​laitier​dans​les​régions​côtières​et​particulièrement​autour​

des grands centres urbains.

Par​contre​certaines​productions​sont​caractéristiques​de​certaines​régions,​à​l’image​des​

palmiers​dattiers​qui​sont​une​spécificité​de​l’agriculture​oasienne​avec​ses​différentes​

formes​ (oasis​ côtières,​ oasis​ continentales,​ voire​ oasis​ de​ montagnes),​ des​ produits​

forestiers​non​ligneux​qui​sont​issus​des​zones​forestières​et​montagneuses​du​nord-ouest​

et de ceux de la Dorsale.

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