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ARTICLE ORIGINAL
Impact de l’âge au diagnostic sur le devenir à long terme des patients opérés de valves de l’urètre postérieur 夽
Is there an outcome difference between posterior urethral valves diagnosed prenatally and postnatally at the time of antenatal screening?
O. Abbo
a,∗, O. Bouali
a, Q. Ballouhey
a, S. Mouttalib
a, A. Lemandat
a, S. Decramer
b, J. Moscovici
a,
P. Galinier
aaServicedechirurgiepédiatrique,hôpitaldesenfantsdeToulouse,CHUdeToulouse,330, avenuedeGrande-Bretagne,TSA70034,31059Toulousecedex9,France
bServicedenéphrologiepédiatrique,hôpitaldesenfantsdeToulouse,CHUdeToulouse,330, avenuedeGrande-Bretagne,TSA70034,31059Toulousecedex9,France
Rec¸ule10juillet2012;acceptéle22octobre2012
MOTSCLÉS Valvesdel’urètre postérieur; Maladierénale chronique;
Diagnosticanténatal
Résumé
Introduction.—Lesvalvesdel’urètrepostérieur(VUP)représententlaplusgravedesuropathies obstructivesmêmesileurpronosticaéténotablementamélioréparunepriseenchargemul- tidisciplinairedèslapériodeanténatale.L’objectifdecetteétudeétaitdesavoirsilesvalves dediagnostictardifdansnotrecentreavaientuneévolutionsimilaireàcellesdiagnostiquées enanténatal.
Patientsetméthode.—Nousavonsmenéuneétuderétrospective,monocentriquedespatients opéréspourVUPdansleservicedechirurgiepédiatriquedel’hôpitaldesenfantsdeToulouse entre1990et2010.
Résultats.—Aucoursdes20dernièresannées,69patientsontétéopéréspourcettepathologie dansnotrecentre.Trente-huitontétédiagnostiquéslorsd’uneévaluationprénataleà30,6SA etd’unepriseenchargenéonataleavecunepriseenchargeaucinquièmejourenmoyenne avecunsuivimoyende7,2±0,5.Trenteetunpatientsétaientdiagnostiquéssecondairement aucoursdel’enfanceàl’âgede6,3ansavecunsuivide2,3±0,7années.Dixaltérationsdela fonctionrénalesur38patients(26,32%)ontétémisesenévidencedanslegroupediagnostic anténatalcontredeux danslegroupe dediagnostictardif(6,45%,p=0,029)(sansnécessité
夽 Niveaudepreuve:5.
∗Auteurcorrespondant.
Adressee-mail:olivier.abbo@gmail.com(O.Abbo).
1166-7087/$—seefrontmatter©2012ElsevierMassonSAS.Tousdroitsréservés.
http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2012.10.015
d’avoirrecoursàunetransplantation).Aucunedifférenceentrelesdeuxgroupesn’aétémise enévidenceconcernantdestroublesmictionnelschezlespatientsdeplusdecinqans(p=0,68).
Conclusion.—Contrairementàcertainessériesdelalittérature,lesVUPdediagnostictardif étaientdemeilleurpronosticdansnotresérie.Nouspensonsquecelapeutêtreattribuéau caractèremoinsobstructifdecesvalves.Néanmoins,unsuiviplusprolongés’avèrenécessaire.
Danstouslescas,unsuivinéphrologiqueeturologiqueconcomitantresteprimordialtoutau longdelacroissance.
©2012ElsevierMassonSAS.Tousdroitsréservés.
KEYWORDS Posteriorurethral valves;
Chronicrenal disease;
Antenataldiagnosis
Summary
Purpose.—Posteriorurethralvalves (PUV)diagnosedduring childhoodhaveclassically been associatedwithabetteroutcomethanantenatallydiagnosedPUV.Theaimofourstudywasto comparelong-termoutcomeofthesetwopatients’groups.
Materialandmethods.—WeretrospectivelyreviewedthemedicalrecordsofboyswithPUV managed between 1990 and2010. Patientdemographics, clinical background, radiographic data(including prenatalultrasonographydatawhenavailable),renalandbladderfunctional outcomes, surgicalproceduresandurinary tract infections(UTI) were abstracted.Impaired renalfunction(IRF)wasdefinedasglomerularfiltrationratelessthan90mL/min/1.73m2at lastfollow-up.
Results.—Weidentified69patientswithconfirmedPUV.Thirty-eightwerediagnosedprenatally (group1)at30.5weeksofgestationand31hadadelayeddiagnosis(group2)atamedianage of6.31years.Atdiagnosis,20patientsingroup1hadrenalinsufficiencyversustwoingroup 2(P<0.05).Attheendofmeanfollow-upof7.2±0.5years,ingroup1,26.3%developedIRF versus6.3%ingroup2(meanfollow-up2.3years).Meanageatlastfollow-upwas7.3yearsin group1versus8.3ingroup2(P>0.05).Ingroup1,27%hadvoidingdysfunctionversus30%in group2(NS).Ingroup1,35%hadUTIduringfollow-upversus10%(P=0.01).
Conclusion.—Duringthefollow-up,thepatientswithdelayeddiagnosisVUPhavedeveloped fewercomplicationsrelatedtotheinitialobstructionthanthepopulationwhowasdetected antenatallyandmanaged fromtheearlyhoursoflife.However, therateofIRFandvoiding disordersinourstudy,associatedwiththedataoftheliterature,highlightsthepotentialper- sistenceandworseningoftheseconditions.Thatiswhy,whatevertheageatdiagnosis,VUP patientsrequireaclosemonitoring.
©2012ElsevierMassonSAS.Allrightsreserved.
Introduction
Les valves de l’urètre postérieur (VUP) représentent une des causes les plus sévères d’uropathie congénitale obs- tructive rentrant dans le cadre des congenital anomalies ofthe kidneyand urinary tract (CAKUT).Cette anomalie aeneffetuneincidenceévaluéeàunenaissancesur5000 (jusqu’à 8000). De nos jours, et ce malgré un dépistage anténatalprécoce,15à40%desenfantsdévelopperontune insuffisance rénale avant l’adolescence [1,2] ou d’autres types de complications [3]. Plusieurs sériesde la littéra- tureontmisenévidencedesfacteursdemauvaispronostic concernantlafonctionrénalecommeparexemple undia- gnosticcliniqueprécoceavantl’âged’unan [4],unreflux vésico-urétéralbilatéral,l’existenced’unedysplasierénale au diagnosticouune acquisitiontardivedelacontinence.
Au contraire, certains investigateurs ont mis en évidence desdevenirsvariablesaveclesvalvesdedécouvertetardive [5,6]. Ces séries sont difficiles à comparer avecla situa- tion actuelleen France.En effet, tous lespatients n’ont paseuuneexplorationanténataleaucoursdecesétudes.
Acontrario,enFranceetdepuisledébutdesannées1990, laplupartdesgrossessessontsurveilléesavecsixconsulta- tionsindispensablespourobtenirlesaidessociales.Deplus,
uneéchographietrimestrielleestfortementrecommandée etgratuite.Malgréladiffusiondecemodedesurveillance, quelquespatients ayant des VUP sont toujours diagnosti- quésenraisondemanifestationscliniques,principalement desinfectionsurinairesfébrilesetdestroublesmictionnels.
Peud’étudesdanslalittératuresesontintéresséesàcette populationdemaladesetontcomparéleursdevenirsàcelles diagnostiquéesavant la naissance(et prisesencharge en périodenéonataleimmédiate)[7—10].
Le but principal de notre étude était de comparer le devenirdespatientsayantdesvalvesdel’urètreenfonction dumodedediagnosticencequiconcernelafonctionrénale etlafonctionmictionnelle.
Matériel et méthode
Une étude rétrospective monocentrique a été menée à l’hôpitaldesEnfantsdeToulousedetouslesenfantsprisen chargepourVUP confirméecliniquement(parendoscopie) entre 1990et 2010. En fonction de l’existence d’un dia- gnosticprénatal(oupas)deVUP,lespatientsontétédivisés endeuxgroupes:ceuxdétectésdurantlapériodeanténa- tale(groupe 1)etceux détectésdurantl’enfance(groupe 2). Nous avons spontanément exclu les cas de VUP diag-
nostiquésetayant nécessitéuneinterruptionmédicalede grossesseenraisondesdonnéesparcellairesdisponibles.Les critères d’inclusion étaientune confirmation radiologique du diagnostic (échographique et/ou par cystographie) et peropératoire.Lesparamètresétudiésétaientlesdonnées démographiques, les antécédents médicaux, les données radiologiques (y compris les éléments des échographies anténataleslorsqu’elles s’avéraient disponibles) ainsique lesfonctionsrénalesetmictionnelles.Cesdonnéesontété extraitesdesdossiersmédicauxetenregistrésdansunebase dedonnées.
Concernant le groupe 1, plusieurs paramètres ont été analysés et notamment l’âge gestationnel au momentdu diagnostic, l’apparence duparenchyme rénal, l’existence d’unedilatationpyélocaliciellebilatéraleetl’épaisseurde laparoivésicale.Ladysplasierénaleanténataleaétédéfinie par une hyperéchogénicité et/ou la présence de micro- kystes au niveau du parenchyme rénal. Les paramètres échographiquesetdel’urétrocystographies néonatales(ou postnatales)permettantlediagnostic,lacréatinémieetson évolution,ladate(enjour)del’ablationendoscopiquedes valves a aussi été analysée. Les paramètres suivants ont ensuiteétéobservésdurantlesuivi:lacréatinémiesérique lorsdeladernièreconsultation,lenombred’infectionsuri- naires hautes, le recours à des procédures chirurgicales enrapport avec les VUP (cure de RVU, néphrectomie) et l’analysedesfonctionsmictionnelles.
Les troubles mictionnels étaient définis après analyse des symptômes des patients âgés de plus de cinq ans: l’incontinence urinaire étaitdéfinie par l’existence d’une incontinencediurneetlapollakiurieétaitdéfinieparplus de sept mictions quotidiennes nécessaires. Les infections urinairesfébrilesontétérecenséesaucoursdusuivi.
Afind’évaluerlafonctionrénalepost-nataledespatients ettenterdecomparernosrésultatsaveclessériespréala- blementpubliées,nousavonsutilisélacréatinémiesanguine autermedusuivi.Letauxde50mol/L(0,56mg/L)aété définicommelalimite supérieuredelanormalebaséesur sacorrespondanceàdeuxdéviationsstandardau-dessusde lavaleur moyenne pour des enfantsde moins d’unan en bonnesantécequidéfinitdoncuneinsuffisancerénale.Au termedusuivi,nousavonscalculélaclairancedelacréati- nineàl’aidedelaformuledéveloppéeparSchwartzetainsi définiunefonctionrénalealtéréelorsqueledébitdefiltra- tionglomérulaire étaitinférieur à90mL/min/1,73m2chez lesenfantsdeplusd’unan.
Leprotocoledesuiviconsistaitenunsuivitrimestriella premièreannée,puisbiannuelpendantdeuxansetannuel parlasuitedanslecasdevalvesdediagnosticanténatal.
L’analyse statistique a été réalisée à l’aide de l’application10.0pourWindows(StataCorporation,Texas, États-Unis)etunp<0,05définissaitunesignificativitésta-
tistique. Les tests de Wilcoxon-Mann-Whitney, Fischer et Chi2ontétéutiliséspourl’analysestatistique.Lesdonnées sontprésentéesàl’aidedelamoyenne±ladéviationstan- dard.
Résultats
Un total de 69patients a été inclus dont 38avaient été détectésenanténatalet31avaienteuundiagnosticdurant l’enfance. Quatre patients ont été exclus car ils ont été perdus devue(trois)ouenraisond’une mortinexpliquée durantlepremiermoisdevie.L’âgeautermedusuiviétait de7,2±0,5anspour legroupe 1contre 8,3±5,1ans pour le groupe 2.Le suivi moyenétait de7,2±0,5ans dans le groupe1contre2,3±0,7ansdanslegroupe2.Lescaracté- ristiquesdelapopulationsontrésuméesdansleTableau1.
Danstouslescas,lapriseenchargeinitialeacomportéune résectiondel’obstacleurétral.
Valves de diagnostic anténatal
Au moment du diagnostic, l’âge gestationnel était de 30,6±0,8semaines avec seulementtrois cas (8,8%) diag- nostiqués avant 24semaines parmi les patients nés. Les caractéristiques échographiques de ces patients étaient uneurétéro-hydronéphrosebilatéraleavecmégavessiedans 32cas (84,2%). Parmi les six cas restants, cinq (13,1%) avaientuneurétéro-hydronéphroseunilatéraleavecunrein dysplasique homolatéral à la dilatation (quatre à gauche etun àdroite). Le dernier casétait une mégavessie sans dilatationretrouvéeenamont(2,6%).
Le bilan néonatala confirméle diagnostic dans 30cas (88,8%) 1,62±0,3jours aprèsla naissance. Seulementun patientfutperdudevuependantlagrossesseaprèsquele diagnosticeutétéévoqué.Ilrevintausixièmejourdevie avecuneinfectionurinaire haute.Lesquatrecasrestants ontétésecondairementconfirmés;troisd’entreeuxenrai- sondela persistanced’une dilationunilatérale delavoie urinairediagnostiquéeenanténatal.Ledernieravaitdansce cadrededilatationunilatéraleuneinfectionurinairehaute àl’âgededeuxmois.
Valves de diagnostic tardif
Trenteetunpatients onteuundiagnostic retardédurant l’enfance à un âge moyen de 6,51±5,1ans. Les symp- tômesquiontconduitaudiagnosticétaient:uneinfection urinaire fébrile chez 21patients (67,7%), untrouble mic- tionnelchezneufpatients(29%)etunedécouvertefortuite d’insuffisancerénalechezunpatient(3,3%).Tousonteuun
Tableau1 Caractéristiquesdelapopulation.
Diagnosticanténatal Diagnostictardif
Nombredepatients 38 31
Âgeaudiagnostic 30,6SA 6,31ans
Âgeàlapriseencharge 13,7jours 6,31ans
Âgeauderniersuivi 7,2ans 8,31ans
Tableau2 Suiviàlongterme.
Diagnostic anténatal
Diagnostic tardif
p Atteintefiltrationglomérulaire<90mL/s 10/38
26,32%
2/31 6,45%
0,029
Troublesmictionnels 8/29
27%
3/10 30%
NS
Opérations 8/38
20,51%
2/31 6,45%
NS
Infectionsurinairesfébriles 14/38
(35%)
2,57IUF/patient
3/31 (10%)
1,33IUF/patient
0,01
suivianténatalrapportécommenormalounonévocateurde valves.
Données paracliniques au moment du bilan préopératoire
Dans le groupe 1, l’hydronéphrose était bilatérale chez 33patients (86,9%) et unilatérale dans cinq cas (13,1%).
Danslegroupe2,elleétaitbilatéraledans neufcas(29%) etunilatéraledansquatrecas(12,9%).Unedysplasierénale était présente chez 25patients dans le groupe 1 (65,8%) contretrois(9,7%)danslegroupe2(p<0,05).
Unrefluxvésico-urétéralétaitinitialementobservéchez 33patients(86,9%)danslegroupe1quiétaitenoutrebila- téraldans21cas(55,3%)etunilatéraldans11(28,9%)Dans le groupe 2, seulementdix patients avaientunreflux qui étaitbilatéraldanssixcas(19,3%).
Vingtpatients(52,6%)avaientuneinsuffisancerénaleau momentdudiagnosticcontrequatre(12,9%)danslegroupe 2(p<0,05).
Devenir
Dans legroupe 1, dix patients(26,32%)avaientau terme dusuivi unealtération dudébit de filtrationglomérulaire contre deux patients dans le groupe 2 (6,45%) (p<0,05) (Tableau2).
Chezlespatientsâgésdeplusdecinqansissusdugroupe 1, 27% (8/29) avaientdes troubles mictionnels (lesquels) contre30%danslegroupe2(3/10)(pnonsignificatif).
Il a été nécessaire de réaliser des interventions chi- rurgicales enrapport avecla malformation initialeetses conséquenceschezhuitpatientsdans le groupe1(21,1%) contre deuxdans le groupe 2 (6,45%)(p non significatif).
Celles-cicomprenaientnotammentdescuresderefluxselon latechnique deCohen, des néphro-urétérectomiesetdes chirurgiespourdiverticulesvésicaux.
Lesinfections urinairesfébrilesaprèsablation desVUP ontétérecenséeschez35%despatientsdugroupe1(14/38) avecenmoyenne2,6infectionsparpatient.Danslegroupe 2,seulement10%(3/31) avaientcetype decomplication (1,33infectionsparpatient)(p=0,01).
Discussion
NotreétudeamontréquelesVUPdediagnosticanténatal onteuunegravitésupérieurequantaudeveniràtermede lafonction rénale dans notre expérience.Néanmoins, les valvesdediagnostictardifnedoiventpasêtrenégligées.En effet,pendantdesdécennies,ladécouvertetardivedesVUP étaitclassiquementassociée àuneissuefavorablenotam- mentsurleplanrénal.Cescasontlongtempsétéconsidérés commedesformesmineuresdeVUPauboutduspectrecli- niquedecettemalformation.AinsiHendren[11]asuggéré qu’ellesétaient rarement identifiées. Avec le développe- mentdesexamenséchographiquesprénatauxdedépistage lorsdesdernièresannées,lepronosticdesVUPdediagnostic anténatalaaugmentédefac¸oncroissante.Denombreuxfac- teursderisquesdedévelopperunemaladierénalechronique ontétéidentifiés[12,13]etparmieuxlediagnosticprécoce aétépointédudoigt.[14].D’unautrecôté,dessériesde patientsdedifférentsauteursontmisenévidenceundia- gnostictardifcommefacteurderisqued’unefonctionrénale altérée[2—4].Cependantdanscesétudesetdanslesannées 1980—1990,le dépistageanténatal desmalformations des voies urinairesétait moins développé qu’actuellementen Europeouaux États-Unis oùune découverteclinique tar- dive n‘est pas associée avec un meilleur fonctionnement rénal[5,6].Dans lalittérature, seulsYlinen etal.[7]ont comparé de manière prospective les deux populationsde patientsayant desVUP,c’est-à-direlespatientsdiagnosti- quésenanténataletaprèslanaissance.Ilsn’ontpasmisen évidencededifférencesurlepronosticrénalàlongterme entrelesdeuxpopulations(nisurl’âgemoyenpouratteindre la continence avec environ 30% de patients [35% contre 26%] considérés avec une évolution négativesur un suivi moyende12,5ans).Dansnotre série(oùtouslespatients onteuuneévaluationprénataleéchographique),si30%du groupe1ontévoluéversunealtérationfonctionnellerénale modérée,seulementdeuxpatients(6,45%) ontdéveloppé cettecomplicationdanslegroupe2.
Si l’on considère ces données, les VUP de diagnostic secondaire nesont pas une pathologie au pronostic aussi favorablequedécritprécédemmentcommel’ontsouligné Bomalaskietal.[5].Eneffet,cettepopulationdepatients développeraentre 9et 30% de maladie rénale chronique avecunsuivi situéentre dixet20ans,d’après des séries
comparablesàlanôtre(c’est-à-direavecundépistageanté- nataladéquat)[5—7].Touslespatientsdugroupe2avaient eu un suivi échographique anténatal ne mentionnant pas l’existencepotentielle deVUP, cequipermetdedireque quelquesoitlemodederévélationdel’anomaliechezces patients(anténatalousymptomatique),unsuivicliniqueet paracliniqueest nécessaire pour ne pas méconnaître une altérationdelafonctionrénalemêmetardive.
D’aprèslesdonnéesrecueillies,environ30%despatients issusdes deuxgroupesont présentédestroubles miction- nels au terme du suivi. Cela souligne la persistance des conséquencesdel’obstruction distale et lesmodifications fonctionnelles et morphologiques (en particulier structu- rales) au niveau vésical chez ces patients. L’incidence rapportée de troubles mictionnels significatifs chez ces garc¸ons après l’ablation chirurgicale des valves varie de 13à 63% [9,15]. La persistance fréquente d’un dysfonc- tionnementauniveauducolvésicalaétéincriminéepour expliquer la persistance de difficultés mictionnelles chez cespatients [16].Schoberetal. [10]ontmisenévidence dans le cadredes VUP de diagnostictardif que les symp- tômesmictionnelss’amélioraientdefac¸onimportanteaprès larésectiondesvalvesmaisqueprèsde63%continuaientà avoirdestroublesmictionnelsaucoursdusuivi.Plusrécem- ment,Tikinenetal.[17]sontarrivésàlamêmeconclusion, c’est-à-dire que les symptômes mictionnels demeuraient fréquents mais modérés chez les adultes traités durant l’enfancepour desVUP. Dans tous lescas,dans le butde préveniruneaggravationpotentielledelafonctionrénale, unepriseenchargeprécoceetconcertéedestroublesfonc- tionnelsvésicauxestnécessaire[18]etdoitêtreexpliquée auxparentsdèslapriseenchargeinitiale.
Enfin, le nombre d’infections fébriles et d’opérations chirurgicales nécessaires durant le suivi s’est avéré plus importantdanslegroupe1.Cesévénements(enparticulier lesinfections)sontconnuspourêtredesfacteursderisque d’aggravationdelafonctionrénaleenaugmentantlescica- tricesrénales[19,20]etsontplussouventassociésavecun refluxvésico-urétéralpersistant[9].
Au momentdudiagnostic,les taux dedysplasierénale etd’insuffisancerénale ontétésupérieurs dansle groupe 1. Ces données paraissent en relation avec le degré d’obstructiondesVUPdediagnosticanténatal.Elleconfirme quelesVUP dediagnosticprécocesont plusgraves initia- lementque lesvalvesdediagnostic secondairerejoignant les données de la littérature. Néanmoins, le faible taux d’anomalie rénale dans le groupe 2a probablement mon- tréqu’ils’agissaitd’une majoritédeformes mineures(ou mini-valve).
Dansnotresérie,aucuneinsuffisancerénaleavancéen’a été mise en évidence au terme du suivi. Néanmoins, la proportionde patientsavec une altérationde lafonction rénale à la fin du suivi était comparable aux donnéesde lalittérature.Plusieurshypothèsespermettentdemoduler l’analysedecesrésultats encourageants. Toutd’abord,le tauxderecoursàl’interruptionthérapeutiquedegrossesse étaitélevédansnotrecentre:surlesdixdernièresannées, 34patients ont été diagnostiqués et14grossesses ont été arrêtées,soit41,1%.Ils’agissaitdepatientsàfortrisquede développeruneinsuffisancerénale.Encomparaison,Sarhan etal.[12]ontrapporté14grossessesarrêtéessur79fœtus diagnostiqués avec des valves dans un centre franc¸ais
comparable au nôtre. Ces données permettent surement d’expliquer les«bons»résultats denotre priseencharge concernantlafonctionrénalenotamment.Finalement,un suivi plus long est nécessaire pour définir précisément le devenirdecespatientsenraisondeladétériorationpoten- tielledelafonctionrénale20ansaprèslachirurgieinitiale commel’ontmontréEngeletal.[7].Danslecadredesvalves dediagnostictardif,cemanquedesuivipeutêtremultifac- torielseloneux.Eneffet,silaperceptiondesfamillesdela gravitédudiagnostic deVUPlorsqueleurenfant demeure asymptomatique est probablement en cause, le manque d’informationdesmédecinssurledevenirdespatientsayant des valvesquiont«échappé»au diagnostic anténatalest aussiimpliqué.Danstouslescas,unsuivicliniquerégulieret prolongés’avèrenécessairepourdétecterdefac¸onprécoce uneaggravationdelafonctionrénaleet/oul’apparitionde troublesmictionnelschezcespatients.
Conclusion
Durant le suivi, les patients avec un diagnostic tardif de VUPontdéveloppémoinsdecomplicationsenrelationavec l’obstructiondistaleinitialequelapopulationdiagnostiquée enanténataletpriseenchargedèslanaissance.Cependant, letauxdepatientsayantunefonctionrénalealtéréeet/ou destroublesmictionnelsdansnotreétude,associéauxdon- néesdelalittératureontsoulignélapotentiellepersistance, voireaggravationdecesparamètres.C’estpourquoiunsuivi régulieretmultidisciplinairedecespatients,quelquesoit l’âgeaumomentdudiagnostic,estnécessaire.
Déclaration d’intérêts
Lesauteursdéclarentnepasavoirdeconflitsd’intérêtsen relationaveccetarticle.
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