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- Dans un monde tyrannique, cette question ne se pose pas : tu feras ce que le tyran (roi, pharaon ) aura décidé.

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IV. Naissance de la démocratie

Souvenez-vous, nous avions vu que la naissance de la philo- sophie était concomitante de la naissance de la démocratie, en Grèce au XIIe siècle avant notre ère . 1

1. De la tyrannie au parlement

A. La liberté du tyran

- Si la philosophie cherche bien une réponse à la question «  Que puis-je savoir ?  », c’est bien pour ne pas en rester là, mais pour répondre à une seconde question qui fait sa spécifi- cité : « Que dois-je faire ? »

- Si la question «  Que dois-je faire ?  » postule bien la nécessité de la liber- té, celle-ci est encore loin d’être una- nimement partagée.

- Dans un monde tyrannique, cette question ne se pose pas : tu feras ce que le tyran (roi, pharaon…) aura dé- cidé.

- Voilà pourquoi philosophie et démo-

cratie sont parallèles.

(2)

Ce que j’ai dit en général sur la distinction du savoir et de la liberté, d’abord sous la seule forme que les Orientaux ont connue, qu’un seul est libre, alors que les Grecs et les Romains, eux, ont su que quelques-uns sont libres, et que nous savons, nous, que tous les hommes en soi, c’est-à-dire l’homme en tant qu’homme, sont libres, cela, dis-je, indique en même temps la division de l’histoire et la manière dont nous la traiterons.

GEORG W. F. HEGEL, LEÇONS SUR LA PHILOSOPHIE DE L’HISTOIRE, 1832

Georg Willem Friedrich HEGEL (1770-1831) : Philosophe allemand

B. L’aube grecque

Si quelques uns sont libres c’est, bien entendu, parce que la démocratie grecque - qui exclu les esclaves, les métèques, les femmes et les enfants -, puis romaines - qui exclus les mêmes, plus, d’une certaine façon, la plèbe - est loin d’être parfaite. Elle ne concerne, au mieux, que 20% de la population athénienne.

Elle n’en reste pas moins un progrès par rapport à la tyrannie.

- Le monde grec entame le long che- min de la libération.

- Ce n’en sont cependant que les pre- miers pas.

C’est un petit pas pour l’homme, mais un bond de géant pour l’humanité.

NEIL ARMSTRONG, MISSION APOLLO 11, 1969

Neil ARMSTRONG (1930 - 2012) : Astronaute américain

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2. Le parlement

Au parlement, c’en est fini de la force physique, primitive, c’est désormais la force de l’argument qui emporte le suffrage : au parlement, on parlemente, on parle.

- Là où c’était le fouet qui, en dernière instance, amenait l’égyptien à tirer les blocs de pierre nécessaires à la construction de la pyramide,

- c’est désormais la parole qui amène à décider du cap pris par le gouver- nement.

A. La fonction du parlement : la décision

La fonction du parlement est donc de décider des lois qui régiront la vie commune.

- S’il faut décider de la loi, c’est bien qu’elle pourrait être autre.

- Si la loi peut être autre, c’est bien que l’humain est libre.

B. Le mode du parlement : la discussion

Le mode de fonctionnement du parlement est donc la dis- cussion argumentée.

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- Si ce n’est plus lui mais nous qui dé- cidons, alors il va falloir nous mettre d’accord.

3. Du parlement au sophiste

Si c’est la force de l’argument qui l’emporte, l’art du sophiste est d’un secours estimable…

Et avec lui, le glissement se fait, imperceptiblement mais sû- rement, de la démocratie à la dictature de l’opinion, la doxa. Ce- pendant, ne nous méprenons pas : dans la dictature de l’opinion, ce ne sont pas ceux qui ont une opinion qui sont dictateurs, ce sont ceux qui la produisent, la dirigent : les sophistes d’hier et d’aujourd’hui.

L’exemple de la communication politique contemporaine :

(5)

- Dans un monde où la parole est l’arme suprême, on comprend mieux la profession de sophiste.

- Les sophistes vont donc monnayer leurs savoirs et vendre à qui peut se les offrir les trucs et astuces d’une communication politique efficace : l’art de la persuasion.

V. Le concept contre l’opinion

C’est contre cela que Socrate, et à sa suite toute la philoso- phie, s’insurge. C’est contre cela qu’elle naît pour donner un sens commun aux mots - « Qu’appelles-tu…? » - dont l’importance se révèle désormais prépondérante.

1. Le contenu du mythe de la caverne

… en quoi ils me semblent pareils à un aveugle qui, pour se battre sans désavantage contre un qui voit, l'aurait fait venir dans le fond de quelque cave fort obscure.

RENÉ DESCARTES, DISCOURS DE LA MÉTHODE, 1637

René DESCARTES (1596 - 1650) : Philosophe français

Là où les sophistes voulaient nous en-

traîner dans «  quelque cave fort obs-

cure  », Socrate veut nous aider à sortir

de la caverne.

(6)

A. Contexte

Le « Mythe de la caverne » se trouve dans La République de Platon, au Livre VII. La République a pour objet la justice pour l’individu et dans la cité. Il y est question de fonder l’un des trois absolus visés par la philosophie : le Bien

- Que puis-je savoir ? Le Vrai (Théorie)

- Que dois-je faire ? Le Bien (Pratique)

- Que m’est-il permis d’espérer ? Le Beau (Esthétique)

Au début de l’ouvrage, il s’agit de savoir ce qu’est la justice.

La question est posée à Socrate qui essaye de répondre avant d’admettre qu’il va falloir d’abord faire un grand détour.

Par les méthodes dont nous nous servons dans la présente discus- sion nous n’atteindrons jamais exactement l’objet de notre re- cherche - c’est une autre route en effet, plus longue et plus compli- quée qui y mène ; peut-être cependant arriverons-nous à des résul- tats dignes de ce que nous avons dit et examiné jusqu’ici.

PLATON, LA RÉPUBLIQUE, -IVE SIÈCLE

PLATON (427 - 348) : Philosophe grec

Le Vrai Le Beau

Le Bien

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Je vous épargnerai ce détour si je connaissais un chemin plus sûr pour aller au but.

JEAN-JACQUES ROUSSEAU, LETTRE À M. PHILOPOLIS, 1755

Jean-Jacques ROUSSEAU (1712 - 1778) : Philosophe suisse

C’est ce même grand détour qui s’impose à nous aussi : le détour théorique indispensable à la pratique. Si nous voulons ré- pondre adéquatement à la question pratique (Que dois-je faire ?), il nous faut d’abord nous assurer de notre capacité à répondre correctement à une question (Que puis-je savoir ?).

Il s’agit là aussi d’un ordre réel des successions qui n’est pas inversable.

Pour répondre à la question « Que dois- je faire ?  », il faut d’abord savoir ré- pondre à une question : «  Que puis-je savoir ? »

B. Texte

-

Les prisonniers sont comme nous. Prisonniers de quoi ? De nos impressions, de nos opinions, de nos croyances, de nos préju- gés, de nos conceptions erronées.

-

Une fois défait de ses chaînes, un prisonnier fourni un premier effort consistant à passer le parapet, et voyant les modèles (les formes) projetés en ombres chinoises, l’ancien prisonnier les prend pour la réalité, et, ce qu’il voyait auparavant, pour une tromperie.

-

Il faut à nouveau un effort pour quitter la caverne. C’est encore éblouissant (d’abord le feu, puis le soleil) mais, en plus, c’est douloureux (la roche écorche les genoux).

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-

Une fois dehors, il faut un temps pour s’habituer à la clarté (d’abord le reflet du soleil dans l’eau avant le soleil lui-même).

-

Tous ces efforts n’étaient pas vains puisqu’ils lui permettent d’enfin contempler le monde (arbres, oiseaux, amphores).

-

Restez dans la caverne, ceux qui sont mieux à même d’analy- ser et de retenir les formes selon l’ordre chronologique de leur passage, et donc de prédire les formes futures, sont considérés comme de grands savants.

-

Retournant dans la caverne, les yeux de l’ancien prisonnier doivent se réhabituer à l’obscurité et l’homme est objet de moqueries quand il trébuche, plus encore quand il fait part de ce qu’il sait.

-

S’il s’obstine à dire que ce qui parait sur la paroi n’est pas la réalité, il sera mis à mort.

2. Le long chemin

Il va nous falloir reprendre le même chemin que précé- demment. Encore et encore, la répétition, comme un écho…

L’écho change. Long est le temps, Mais il survient,

Le vrai.

FRIEDRICH HÖLDERLIN, MNÉMOSYNE, 1803

Friedrich HÖLDERLIN (1770 - 1843) : Philosophe allemand

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A. L’impression

Ce que nous percevons, assis au fond de la caverne, est une forme imprimée sur le mur par un jeu d’ombres, forme qui im- prime à son tour une sensation visuelle sur notre rétine…

L’exemple du morceau de cire :

La trace que laisse une clé sur un morceau de cire.

L’impression est le fruit de l’expérience sensible (5 sens).

(…) d’où je voudrais presque conclure, que l’on connaît la cire par la vision des yeux, et non par la seule inspection de l’esprit, si par hasard je ne regardais d’une fenêtre des hommes qui passent dans la rue, à la vue desquels je ne manque pas de dire que je vois des hommes, tout de même que je dis que je vois de la cire ; et cepen- dant que vois-je de cette fenêtre, sinon des chapeaux et des man- teaux, qui peuvent couvrir des spectres ou des hommes feints qui ne se remuent que par ressorts ? Mais je juge que ce sont de vrais hommes, et ainsi je comprends, par la seule puissance de juger qui réside en mon esprit, ce que je croyais voir de mes yeux.

RENÉ DESCARTES, MÉDITATIONS MÉTAPHYSIQUES, 1641

Souvenez-vous :

La vérité dont doit accoucher cet esprit est la définition d’un genre :

Y VON BELAVAL, SOCRATE, 1969

Yvon BELAVAL (1908 - 1988) : Historien de la philosophie français

Le philosophe commence toujours par dé-finir, par établir un langage commun. La philosophie commence donc avec So-

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crate et sa fameuse question : Qu’appelles-tu… ? Mais si le philo- sophe commence par définir, quel est son point de départ ?

L’exemple du corps chez Descartes :

Par le corps, j’entends tout ce qui peut être terminé par quelque fi- gure ; qui peut être compris en quelque lieu, et remplir un espace en telle sorte que tout autre corps en soit exclu ; qui peut être senti, ou par l’attouchement, ou par la vue, ou par l’ouïe, ou par le goût, ou par l’odorat (…)

RENÉ DESCARTES, MÉDITATIONS MÉTAPHYSIQUES, 1641

Par extension, tout ce dont nous ne pouvons pas être absolument certains.

L’exemple de Titi :

J’ai l’impression d’avoir vu un Gros Minet !

L’exemple de l’examen :

Pour l’examen, j’ai l’impression que ça ira.

B. Le modèle

Les formes promenées devant le feu sont des modèles, des généralisations re-présentant les choses réelles.

Le modèle est une chose ou une per-

sonne qui, grâce à ses caractéristiques,

à ses qualités particulières, peut servir

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de référence à l'imitation ou à la repro- duction.

L’exemple de la pâtisserie : Les moules à gaufre.

L’exemple de la peinture :

Le modèle auquel l’artiste tente de faire ressembler sa peinture.

Par extension, le modèle est la re-pro- duction parfaite de choses ou de per- sonnes réelles.

L’exemple de la langue française : C’est un modèle du genre.

L’exemple de la littérature :

Il est vrai que les hommes tiennent à se proposer des exemples et des modèles qu'ils appellent héros.

ALBERT CAMUS, LA PESTE, 1947

Albert CAMUS (1913 - 1960) : Philosophe français

C. Le réel

Une fois hors de la caverne, on voit la réalité, on découvre le réel qui inspira le modèle (l’oiseau, l’arbre, l’amphore).

(12)

Le réel est la chose telle qu’elle est, in- dépendamment de nous et du regard que nous lui portons.

3. Le monde des idées

A. L’origine des Idées pour Platon

Pour Platon, c’est l’inverse, il existe un monde des idées (hors de la caverne : arbres, oiseaux, amphores…) : le monde intelligible, lequel est supérieur au monde que nous percevons (à l’intérieur de la caverne : les ombres…) : le monde sensible. Nous vivons dans le second et le premier ne nous est pas accessible.

Souvenez-vous :

C’est à nous qu’ils sont pareils !

PLATON, LA RÉPUBLIQUE, -IVE SIÈCLE

Le cinéma

L’impression Le modèle Le réel

La projection sur la toile

L’idée du réalisateur

Les acteurs, le décors…

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Si c’est bien ce que semble dire explicitement le texte (l'im- pression qu’il donne), cette lecture est pourtant remise en ques- tion par nombre de spécialistes, instaurant une distinction entre Socrate (le philosophe ayant existé) et Socrate (le personnage principal de Platon) :

Il reste douteux que cet innéisme soit la réminiscence platoni- cienne, et que cet universel soit l’Idée d’un monde intelligible transcendant à l’esprit humain. Plus vraisemblablement, le concept socratique s’en tient à la constatation de ce que l’on découvre dans tout esprit humain par une interrogation bien conduite : c’est dans le discours même qu’est le lieu de la vérité, et non dans un topos eidos qui nous transcende.

Y VON BELAVAL, SOCRATE, 1969

La réminiscence est définie par Platon dans le Phédon comme le souvenir d'une connaissance acquise dans une vie an- térieure, quand l'âme, qui vivait dans le monde supra-sensible des essences, contemplait les Idées.

Réminiscence :

- Re (préfixe = à nouveau) => représentation, retourner, reproduire…

- Memini (latin = avoir présent à l’esprit) => mémoire…

- Mens (latin => esprit) => mental, mensonge…

C'est sur la réminiscence que Platon fonde la possibilité de la connaissance ; c'est par elle qu'il expliquera les idées premières, an- térieures et supérieures à l’expérience.

ÉMILE CHAMBRY, PLATON, 1967

Émile CHAMBRY (1864 - 1951) : Helléniste français

- Pour Platon, l’interlocuteur «  ac-

couche  » du Vrai car il est en lui, il l’a

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connu dans une vie antérieure, dans le monde des idées.

- Le monde des idées, le monde intel- ligible, existe bel et bien et est situé hors de ce monde-ci , le monde sen- sible.

B. L’origine des idées pour Socrate

Pour Socrate, les idées ne sont pas dans un autre monde, inaccessible aux hommes. Elles sont dans le langage même. Et elles s’affinent par le travail philosophique des interlocuteurs du dialogue - le philosophe et le quidam, qui passe ainsi de l’opinion au concept, cheminant vers le Vrai.

…la chaîne des raisons forgées par le travail en commun du dialec- ticien et du protagoniste remonte à l’énonciation claire et véritable de l’essence.

Y VON BELAVAL, SOCRATE, 1969

Notre rapport avec le vrai passe par les autres. Ou bien nous allons au vrai avec eux, ou ce n’est pas au vrai que nous allons.

MAURICE MERLEAU-PONT Y, ÉLOGE DE LA PHILOSOPHIE, 1953

Maurice MERLEAU-PONTY (1908 - 1961) : Philosophe français

Contrairement à l’idiot qui est dit tel car isolé du reste de ses pourtant semblable. L’idiot du village est seul, dans son monde, tandis que les autres sont ensemble dans le leur.

Idiot :

- Idios (grec = particulier, propre) => idiome, idiopathique…

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- Pour Socrate, l’origine des idées est à chercher dans le langage.

- C’est le travail du philosophe d’em- mener son interlocuteur jusqu’au vrai sens des mots.

- La vérité n’est pas quelque chose qui existe et que nous découvrons, il est le résultat d’un travail, d’un proces- sus de vérification.

VI. L’allégorie de la caverne

1. L’allégorie

Avant le passage du mythe de la caverne, Platon expose sa théorie du monde des idées. Il y explique notamment que l’idée suprême est le Bien.

Par Zeus ! Socrate, dit alors Glaucon, ne t’arrête pas comme si tu étais déjà arrivé au terme ; nous serons satisfaits si tu nous ex- pliques la nature du bien comme tu as expliqué celle de la justice, de la tempérance et des autres vertus.

PLATON, LA RÉPUBLIQUE, -IVE SIÈCLE

Ne pouvant parler directement du bien, Socrate va parler du soleil :

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Toutefois, je consens à vous entretenir de ce qui me paraît être la production du bien et lui ressemble le plus, si cela vous est agréable ; sinon, laissons là ce sujet. (…)

Sache donc que c’est lui que je nomme le fils du bien, que le bien a engendré semblable à lui-même. Ce que le bien est dans le do- maine de l’intelligible à l’égard de la pensée et de ses objets, le so- leil l’est dans le domaine du visible à l’égard de la vue et de ses ob- jets.

PLATON, LA RÉPUBLIQUE, -IVE SIÈCLE

=> Le mythe de la caverne est une allé- gorie :

Allégorie :

- Allos (grec = autre chose) = allergie, allogène…

- Agoreúein (grec = parler au public) => agora, agoraphobie…

=> permet d’expliquer autre chose à un large public

Nous retrouvons le modèle explicatif rencontré chez Hé- siode avec le mythe : la distorsion, soit la torsion d’une expérience commune (ici la vue) pour rendre compréhensible une chose a priori difficile d’accès (le mode de fonctionnement de la connais- sance).

la Forme absolue qui n’est accessible qu’à Dieu, mais du genre pro- chain qui nous est accessible.

Y VON BELAVAL, SOCRATE, 1969

Afin d’affiner encore cette notion de distorsion, il est utile de passer par une distinction qui est souvent faite en droit : la lec- ture d’un texte de loi selon l’esprit des lois ou à la lettre.

(17)

A. L’esprit d’un texte

L’esprit des lois est bien sûr une métaphore, c’est en réalité de l’esprit du législateur dont il est question. Et cet esprit a un mode de fonctionnement particulier que nous avons déjà moult fois rencontré : il est le siège de la désignation des buts visés et de l’élaboration des moyens pour y parvenir. Dans ce cas particu- lier, la loi rédigée fait par exemple partie des moyens.

L’exemple du feu rouge :

Si le code de la route nous oblige à nous arrêter lorsque le feu est rouge, le but visé n’est cependant pas de stopper les gens en fonction de la couleur de la lumière mais bien de permettre à la circulation d’être à la fois fluide et sans dan- ger.

Si vous êtes à un carrefour où la visibilité est bonne, où au- cun véhicule ne s’annonce à l’horizon et que le feu est rouge, il se peut bien que vous traversiez. Ce n’est pas que vous soyez particulièrement rebelle, simplement vous faites bien la distinction entre l’esprit et la lettre de la loi.

L’esprit de la loi - en français le sens fi- guré - ce n’est pas ce qu’elle dit explici- tement mais ce qu’elle vise implicite- ment.

Implicite :

- Implicare (latin = envelopper)

- In (préfixe = dans, sur) => intérieur, implanter, indiquer…

- Plicare (latin = envelopper) => appliquer, dupliquer…

- Pleko (grec = tresser)

=> qui est à l’intérieur du texte, caché

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Explicite :

- Ex (préfixe = hors) => extérieur, exfiltrer, expo- ser…

- Plicare (latin = envelopper) => appliquer, dupli- quer…

- Pleko (grec = tresser)

=> qui est à l'extérieur du texte, visible

B. La lettre d’un texte

La lettre du texte est le contenu explicite du texte. Ce qu’il dit mot pour mot. C’est généralement quand nous ne voulons pas respecter l’esprit de la loi sans pour autant vouloir l’assumer que nous jouons sur les mots en prétendant respecter le texte à la lettre tout en sachant très bien que nous n’en respectons pas l’esprit.

L’exemple du devoir de quatre pages :

S’il vous est demandé un devoir de quatre pages, sans autre précisions, vous pourriez utiliser une police et un interligne excessifs afin de respecter la consigne à la lettre, tout en rendant un devoir qui tiendrait aisément sur une page, soit sans respecter l’esprit de la consigne.

La lettre de la loi - en français le sens propre - ce n’est pas ce qu’elle vise im- plicitement mais ce qu’elle dit explici- tement.

C. La métaphore du soleil

Platon dit donc que, s’il ne peut parler du bien, il peut par contre parler de son fils et part dans une description métapho- rique ou le soleil prend la place du Bien.

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En admettant que les yeux soient doués de la faculté de voir, que celui qui possède cette faculté s’efforce de s’en servir, et que les ob- jets auxquels il l’applique soient colorés, s’il n’intervient pas un troisième élément, destiné précisément à cette fin, tu sais que la vue ne percevra rien et que les couleurs seront invisibles.

De quel élément parles tu donc ? demanda-t-il.

De ce que tu appelles la lumière, répondis-je.

PLATON, LA RÉPUBLIQUE, -IVE SIÈCLE

RENÉ MAGRITTE, L’EMPIRE DES LUMIÈRES, 1954

René MAGRITTE (1898 - 1967) : Peintre belge

L’idée suprême étant le Bien, personni-

fié dans l’allégorie par le soleil, car :

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1.Il permet de voir.

2.Il permet d’être vu.

=> L’intermédiaire.

=> Le moyen terme.

Mais aussi :

Tu avoueras, je pense, que le soleil donne aux choses visibles non seulement le pouvoir d’être vues, mais encore la génération, l’ac- croissement et la nourriture, sans être lui-même génération.

PLATON, LA RÉPUBLIQUE, -IVE SIÈCLE

3.Il apporte chaleur et nourriture.

=> soit la vie : l’évolution et la possibilité du progrès !

2. Le contenu de l’allégorie

Pour l’instant, disons que les idées sont les notions, des concepts, au sens des noms communs. Les concepts, stricto sen- su, sont les outils forgés par la philosophie.

- Notion : idées simples, communes.

- Concept : idées complexes, philoso-

phiques.

(21)

A. L’idée

Idée :

- Idéa (grec = forme visible, forme distinctive) : idéal, idéologie, idéogramme…

Idée = ce que l’esprit conçoit ou peut concevoir.

Une idée est donc ce que nous avons « dans la tête », par opposition à ce que nous avons « sous les yeux ».

- Re-présentation,

- conçue par l’esprit,

- qui évoque une chose à quoi NOUS faisons référence.

L’exemple de la pomme :

Selon le Robert : Pomme : fruit du pommier, rond, à pulpe ferme et juteuse, à cinq loges cartilagineuses contenant les pépins. Variétés de pommes => boskoop, canada, golden, granny smith, rambourg, starking.

B. La chose en soi

La chose en soi est la chose à laquelle l’idée fait référence.

Réel :

- Res (Latin = chose) => réalité, rien, république…

- Al - el (suffixe = qui a le caractère de…) => nasal, mondial, éternel, corpo- rel…

=> Relatif à la chose

(22)

Soit la chose supposée, car la seule chose dont je sois certain, ce sont mes sensations.

… qui peut être senti, ou par l’attouchement, ou par la vue, ou par l’ouïe, ou par le goût, ou par l’odorat…

RENÉ DESCARTES, MÉDITATIONS MÉTAPHYSIQUES, 1641

Sensible:

- Sensus (latin) = percevoir par les sens => sensation, sentir…

- -ible (suffixe) = capacité de => comestible, compatible…

=> rendu possible par la perception des sens

L’exemple de la pomme :

Cette pomme avec sa couleur, sa taille, son poids, son goût, sa texture… bref, tout ce qui me vient de cette chose..

C. La notion

La notion est une connaissance immédiate, intuitive.

- La notion est une idée qui corres- pond à quelque chose de réel.

- Elle est intuitive

Notion :

- Notio, notum, noscere (latin = apprendre à connaître, connaître) : noter, no- taire, note, noumène…

- -tion (suffixe = action, résultat d’une action) => attention, coordination…

=> Idée que se fait l'esprit, conception de l'esprit, signification d'un mot Intuition :

- Intuisius (latin) = coup d’oeil

(23)

L’exemple de la langue française :

J’ai pris note. J’ai de vague notions en musique.

D. Le concept

Le concept est manière de se représenter une chose concrète ou abstraite ; il est le résultat du travail de définition établi par la dialectique socratique.

- Le concept est l’abstraction générale d’un multiple concret.

- Il résulte d’un travail

Concept :

- Conceptus (latin = action de contenir, de recevoir) : conception, concepteur…

Opinion :

- Opinio (latin = conjoncture, croyance, idée qu'on se fait d'une chose)

Doxa :

- Dokein (grec = briller, scintiller, se refléter dans quelque chose)

- L’opinion est l’idée arrêtée provenant de l’impression. Ce que les philo- sophes appellent doxa.

Opinion Doxa Sophistes

Connaissance Concept Philosophes

><

(24)

- Le concept est le fruit du travail de définition issu de la dialectique so- cratique.

L’exemple du malade de Hegel :

Manger des fruits ! Docteur, je n’ai pas trouvé de fruits mais seulement des pommes, des poires…

Un concept sert à apporter de l’unité dans le multiple.

Système Mathématique Universel

Concept Nombre Général

Notion Chiffre Particulier

Doxa 6 Singulier

6

Concept = abstraction générale

d’un multiple concret.

(25)

Ce que l’on peut voir (ronds, sensible, multiple…) et ce que l’on ne peut QUE c o n c evo i r ( c e r c l e , i n t e l l i g i b l e , unique…)

L’exemple du triangle :

- triangles concrets :

- Triangle abstrait :

Un triangle est une figure géométrique terminée par trois droites.

- Plus un concept englobe de multiple, plus il est important.

Cercle

Ronds

UN

Multiple

(26)

- Toutefois : s’il veut tout dire, il ne veut plus rien dire !

L’exemple de la langue française : Truc, chose… schtroumpf

PEYO, HISTOIRES DE SCHTROUMPFS, 1972

Pierre Culliford dit PEYO (1928 - 1992) : Dessinateur belge

E. Le système

Pour dire la totalité de la réalité, il va falloir passer un stade supérieur au concept : le système. Sa nécessité vient de ce que nous avons dit précédemment :

- Un concept qui voudrait tout dire ne voudrait plus rient dire => nécessité du système.

- Assemblage cohérent et fonctionnel de plusieurs concepts,

- qui a pour tâche d’embrasser la tota- lité (multiple ultime).

Scanned by CamScanner

(27)

Les exemples en physique et biologie :

- Un système mécanique, soit un système où les éléments s’enchaînent : un moulin.

- Un système organique, soit un système où les éléments se complètent : le système digestif.

En conséquence, dans le traitement philosophique d’une question, quelle que soit sa nature, on ne se contente pas de juger simple- ment, d’une manière dogmatique, ni de décider du vrai et du faux, selon la formule habituelle : ceci est vrai, juste, bon… ou bien faux, injuste, mauvais. On n’accepte pas non plus éclectiquement les op- tions différentes ou opposées : ceci est vrai, juste, bon et cela l’est aussi. Mais l’’exposition philosophique d’une question, d’une pé- riode historique, d’un mouvement logique décrit le passage néces- saire d’une forme à l’autre, d’un épisode à l’autre, d’un mouvement logique à l’autre - et le véritable objet, c’est le processus embrassé dans sa totalité et inséré lui-même dans le Tout, qui inclut aussi l’écrivain. Celui-ci laisse s’exprimer les choses elles-mêmes, et la to- talité des choses dans leur mouvement autonome.

JACQUES D’HONDT, HEGEL ET L’HÉGÉLIANISME, 1982

Jacques D’HONDT (1920 - 2012) : Philosophe français

(…) les simples formes, les simples contours de choses en train, pour ainsi dire, de s’affiner, d’acquérir une sorte de valeur symbo- lique, comme si elles étaient elles-mêmes l’esquisse d’une autre forme, plus parfaite encore, dont elles rendaient l’ombre réelle ; comme tout cela était étrange !

OSCAR WILDE, LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY, 1891

Oscar WILDE (1854 - 1900) : écrivain Irlandais

(28)

Journal de classe :

Le mythe de la caverne et le concept. SEM. 12

Vérification des cahiers et interrogation N°3 (S2E7, S2E8) SEM.

13

(29)

IV. Naissance de la démocratie 1

1. De la tyrannie au parlement 1

A. La liberté du tyran 1

B. L’aube grecque 2

2. Le parlement 3

A. La fonction du parlement : la décision 3

B. Le mode du parlement : la discussion 3

3. Du parlement au sophiste 4

V. Le concept contre l’opinion 5

1. Le contenu du mythe de la caverne 5

A. Contexte 6

B. Texte 7

2. Le long chemin 8

A. L’impression 9

B. Le modèle 10

C. Le réel 11

3. Le monde des idées 12

A. L’origine des Idées pour Platon 12

B. L’origine des idées pour Socrate 14

VI. L’allégorie de la caverne 15

1. L’allégorie 15

A. L’esprit d’un texte 17

B. La lettre d’un texte 18

C. La métaphore du soleil 18

2. Le contenu de l’allégorie 20

A. L’idée 21

B. La chose en soi 21

C. La notion 22

D. Le concept 23

E. Le système 26

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