LA VITRINE ENCHANTÉE
par
Madeleine Boucher Nadeau
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LA VITRINE ENCHANTÉE
Dans un magasin à l’ancienne, rue des remparts, de chaque côté de la porte centrale, se dressent deux vitrines bien garnies.
Dans celle de droite, on peut y admirer de très jolis vêtements de toutes les couleurs, autant pour filles que pour garçons.
On remarque aussi pour les nouveau-nés la collection « Naissance et Layette ». Tous portent la griffe « Enfant Dodo ». Les mères adorent cette vitrine.
Naturellement les enfants préfèrent celle de gauche portant l’enseigne « Le coffre à jouets ».
Mais ce qui attire le plus l’attention des bambins ce sont les jolies poupées et oursons qui trônent au centre et tout autour des vêtements.
« Dring, dring » fait la grosse cloche suspendue au haut de la vieille porte.
— Il y a quelqu’un ? Silence.
— C’est bizarre, il n’y a personne. On s’en va, dit Marie-Claire.
— Non, non, réplique Samuel. On est venue voir les nounours et on les verra !
Félix, qui suivait sans rien dire, se décide enfin et décrète :
— Moi, je reste ! Et toi, Marie-Claire, qui voulait jouer avec les poupées, profites-en. Elles sont là qui te regardent. Je dirais même qu’il y en a une qui te sourit ! Elle ressemble à Philomène avec ses cheveux noirs et son toupet.
Marie-Claire entre dans la vitrine et s’empare de la poupée.
— Elle est jolie avec cette petite robe rouge et son ruban dans les cheveux.
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Samuel saisit le gros chien couleur caramel et le revêt d’une layette turquoise.
— Regardez comme il est joli avec cette couleur flamboyante !
Félix, de son côté, s’enroule dans un édredon soyeux.
On entend frapper à la vitrine.
— Qui est-ce ? demande Félix.
— Chut, répond Samuel.
— C’est Laura, répond Marie-Claire. Je la vois d’ici.
— Quoi ! Elle n’est pas entrée avec nous ? demande Samuel.
— Non ! de dire Marie-Claire. Elle était assise dans les marches à l’extérieur.
— Elle n’a pas voulu entrer. Eh bien ! Qu’elle reste dehors !
— C’est mon amie et je vais lui ouvrir, répond Marie-Claire offusquée. Elle saute de la vitrine et vient ouvrir à son amie.
« Dring, dring » de répondre la grosse cloche.
Zut de zut, disent les deux garçonnets en chœur. Chut, on va nous entendre.
Laura, tout ébahie, leur demande :
— Qu’est-ce que vous faites ?
— On joue, répondent les trois bambins.
— Ah ! À quoi jouez-vous ?
À la maman, répond Marie-Claire. Regarde les belles poupées.
Et les gros nounours, répond Félix. Il y a aussi un beau cheval. Viens te choisir une poupée.
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Laura ne se le fait pas répéter deux fois. Elle rejoint Marie- Claire dans la vitrine.
Moi, je prends Fraisinette.
Ah le joli vêtement ! Je vais lui mettre la petite salopette lavande. Ma petite sœur en a une pareille. Maman dit que c’est un très beau vêtement
« Naissance et Clayette ».
— Pas Clayette... Layette. C’est pour les bébés nouveau- nés ces vêtements-là. Maman dit que ceux signés « Enfant Dodo » sont les plus beaux entre tous.
Samuel est assis dans un hamac coloré. Il s’est endormi son toutou caramel à ses pieds.
Félix promène son panda dans une voiturette qu’il a trouvée sous le comptoir.
Et, tout à coup, on entend quelqu’un qui approche.
Laura dit à son amie :
— On dirait les souliers de maman. Ses talons hauts quand elle va travailler.
— Qu’est-ce qui se passe ici ? demande une voix de femme hautement perchée sur ses talons
aiguilles.
— Il ne se passe rien, répond Félix.
— Il ne se passe rien, réplique à son tour Samuel en s’étirant et en se frottant les yeux.
— Nous jouons à la poupée, reprend Marie-Claire.
— Qui vous a permis d’entrer ici ?
— La porte n’était pas barrée, la cloche a sonné et personne n’est venu.
— Regardez ce désordre, crie la grande dame aux cheveux carotte et aux talons pointus.
— On va tout remettre en place madame, ne vous fâchez pas, supplient les deux petites filles.
— Vous avez tellement de beaux vêtements ! Maman dit qu’« Enfant Dodo » est la crème de la crème pour les bébés comme ma petite sœur. Elle habille « Naissance et Clayette ».
— « Layette » corrige la dame légèrement adoucie. Les enfants, retournez
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— Merci, madame, de ne pas nous sermonner trop fort, de rajouter Marie- Claire.
La dame, d’un sourire retenu, dit aux garçons :
— Apportez votre ourson préféré et vous, les fillettes, prenez votre poupée favorite, mais laissez les vêtements ici.
— Oh ! Merci, madame, de répondre les enfants en chœur.
— Excusez notre dérangement.
— Vous êtes très gentille madame.
— Ouste ! ouste ! Retournez chez vos parents, dit la dame d’un ton expéditif.
« Dring, dring » fait la grosse cloche
au-dessus de la porte.
Pour elle-même, la dame murmure : « Qu’ils sont mignons ces petits ! »
Sur le chemin du retour, les enfants disent en chœur :
« L’aventure est terminée. »
DE LA MÊME AUTEURE MADELEINE BOUCHER NADEAU
À cœur perdu, un recueil de poèmes, 1982.
Chaturne et Plumeton, pour « Jeune adolescent », 2011.
L’envol, un recueil de poèmes, 1981.
La maison de sucre suivi de Le rêve de Samuel, deux contes « Jeune enfant », 2011.
La mésaventure d’un sapin de Noël suivi de Valentine est propre ! Propre ! Propre !, deux contes « Jeune enfant », 2011.
La vitrine enchantée suivi de Une petite souris bien maligne, deux contes « Jeune enfant », 2011.
Le Noël de Marie-Pierre, pour « Jeune enfant », 2011.
Le petit garçon qui rêvait aux étoiles suivi de Une merveilleuse naissance, pour
« Jeune adolescent », 2011.
Le secret de Sébastien, pour « Jeune enfant », 2011.
Le songe de Cécile suivi de Un providentiel sauvetage, deux « Nouvelle », 2011.
Léo et monsieur Pacha, pour « Jeune enfant », 2012.
Les frasques de monsieur Lazare, pour « Jeune enfant », 2012.
Mon premier livre, pour « 9 mois – 2 ans », 2011.
Un méfait ! Quel méfait ?, nouvelle policière, 2012.
Valentine et la culture suivi de Mon saule pleureur, pour « Jeune enfant », 2012.