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Une cause inattendue d’angines/pharyngites

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Academic year: 2022

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Une cause inattendue d'angines/pharyngites

ALBERTO, Chloé, TOUTOUS TRELLU, Laurence Marie

ALBERTO, Chloé, TOUTOUS TRELLU, Laurence Marie. Une cause inattendue d'angines/pharyngites. Dermatologica Helvetica , 2019, vol. 31, no. 10, p. 28-29

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:147448

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Cas clinique

Une cause inattendue d’angines / pharyngites

Ch. Alberto, L. Toutous Trellu

Service de dermatologie, Hôpitaux universitaires de Genève Derm. Hel. 2019;31(10):28-29

R e p o rt Re p o rt

Présentation des cas

La première patiente est une jeune femme de 17 ans, enceinte à 12 semaines d’aménorrhée, qui présente depuis 3 semaines une angine avec odynophagie, sans fièvre. Malgré plusieurs cures d’antibiotiques prescrits par son médecin généra- liste pour une suspicion d’angine bactérienne, les symptômes persistent.

Elle a eu un partenaire brésilien régulier pendant 8 mois, et n’a actuellement plus de relation sexuelle depuis le début de sa grossesse.

A l’anamnèse, elle décrit avoir présenté 3 mois plus tôt, une lésion arrondie asymptomatique sur la langue qui a régressé spontanément.

A l’examen clinique, on observe une amygdalite bilatérale et une pharyngite diffuse, les amygdales et la luette sont érythémateuses, œdématiées, et recouvertes d’un fin enduit blanchâtre (photo 1). On palpe également des adénopathies cervi- cales bilatérales centimétriques, douloureuses, et mobiles. Aucune autre anomalie clinique en par- ticuliers cutanée, ou neurologique n’est mise en évidence.

De manière concomitante, un dépistage de la syphilis au cours du premier trimestre de la gros- sesse met en évidence une sérologie syphilis posi- tive (titre de rapid plasma reagin test (RPR) à 1/16, Treponema pallidum particle agglutination (TPPA) à 1/20480, anticorps anti-tréponémiques IgM / G positifs). Une PCR Treponema pallidum réalisée sur les amygdales revient positive. Par ailleurs, les sé- rologies VIH, hépatites B et C, et les PCR Chlamydia trachomatis et Neisseria gonorrheae réalisées sur frottis des amygdales sont négatives.

Nous avons donc retenu le diagnostic d’angine syphilitique isolée survenue au cours d’une sy- philis secondaire précoce. En conséquence, la pa- tiente a été traitée par 1 injection intramusculaire de 2,4 millions d'unités de benzathine pénicilline, permettant une régression complète et rapide de l’angine. Le suivi de la patiente n’a pas montré de complication pendant la grossesse, le bébé était normal à la naissance, et le suivi sérologique à 1 an de la mère et du bébé montrait un RPR négatif.

Le deuxième patient est un homme homosexuel de 27 ans, avec un partenaire fixe, et la notion d’un rapport bucco-génital au mois de mai avec un autre partenaire, qui présente depuis quelques jours une odynodysphagie. Le patient ne se rap- pelle pas avoir présenté des lésions cutanées ou muqueuses par le passé. A l’examen clinique, on note une amygdalite unilatérale droite (amygdale érythémateuse et œdématiée). Il n’a pas d’autre manifestation cutanéo-muqueuse.

Un bilan complémentaire met en évidence une sérologie syphilis positive (RPR à 1/64, TPPA à 1/20480), et une PCR Treponema pallidum réalisée sur l’amygdale droite revient positive. Le dépis- tage des autres infections sexuellement transmis- sibles revient négatif.

Le patient ayant eu une sérologie syphilis néga- tive en juin, nous avons donc retenu le diagnostic d’angine syphilitique survenue au cours d’une syphilis primaire. En conséquence, le patient a été traité par 1 injection intramusculaire de 2,4 millions d'unités de benzathine pénicilline, per- mettant une rémission très rapide de l’angine.

Photo 1. Amygdalite bilatérale et pharyngite diffuse.

28 Dermatologica Helvetica - Volume 31(10) - Décembre 2019

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Discussion

La syphilis, maladie sexuellement transmissible due à une bactérie spirochète, Treponema palli- dum, a vu son incidence exploser ces dernières années. La syphilis est surnommée la "grande si- mulatrice" en raison de la grande variété de symp- tômes et présentations cliniques qu’elle peut don- ner.

L'angine ou la pharyngite syphilitique représente l'une des manifestations rares mais très conta- gieuses de la syphilis.

Des cas d’amygdalites/pharyngites syphilitiques ont été décrits à la fois au cours des phases pré- coces et tardives de la syphilis [1]. La présentation est plus souvent celle d'une amygdalite bilatérale avec pharyngite diffuse au cours la syphilis secon- daire, alors qu’au cours de la syphilis primaire, on retrouve plus souvent une amygdalite unilatérale [2], comme l’illustre nos deux cas.

L’examen buccal montre souvent des amygdales érythémateuses, œdématiées, recouvertes d’un fin exsudat blanc - gris pale, parfois associé à une pharyngite. La luette et le palais mou sont moins souvent atteints. D’autres lésions muqueuses (plaques érythémateuses, ulcérations, dépôts blanchâtres) peuvent être présentes sur les lèvres et la langue [2-4].

Généralement les cas d'atteinte amygdalienne ou pharyngée survenant lors de la syphilis secondaire sont accompagnées d'autres manifestations cuta- nées (rash roséoliforme, syphilides palmo-plan- taires…), pouvant faciliter l’évocation du diagnos- tic par les dermatologues [2].

Les autres infections sexuellement transmises pouvant présenter une atteinte amygdalienne comprennent la primo-infection VIH, l’infection orale à herpès simplex virus, et les infections pha- ryngées à Neisseria gonorrheae et à Chlamydia trachomatis.

Les autres diagnostics différentiels à évoquer de- vant une amygdalite bilatérale, sont en premier lieu les angines virales ou bactériennes (strepto- cocciques), mais celles-ci ont souvent une instal- lation brutale et rapide des symptômes, et sont fréquemment accompagnées de fièvre, d’une odynodysphagie, et de la présence d’un enduit blanchâtre recouvrant les amygdales. L'amygda- lite associée au virus Epstein-Barr est souvent as- sociée à la présence de membranes blanchâtres et les patients sont généralement fébriles et pré- sentent des lymphadénopathies généralisées. La diphtérie peut aussi être évoquée, mais elle est ca- ractérisée par la présence d’un exsudat épais res- ponsable de la formation de pseudo-membranes nécrotiques grisâtres, et atteint également les pi- liers et la luette.

Le diagnostic biologique par PCR Treponema pal- lidum est un outil qui a fait sa preuve dans les chancres primaires de la syphilis et a particuliè- rement son intérêt dans ces formes oro-pharyn- gées où l'examen au microscope à fond noir est non seulement difficile à faire mais surtout très peu spécifique en raison de la présence de spi- rochètes saprophytes digestifs. L’extension de son utilisation dans les lésions secondaires cuta- néo-muqueuses mériterait plus d’observations avec l’usage des nouvelles techniques de biologie moléculaire. Des tests de dépistages directs sont actuellement en développement [5].

Conclusion

Avec la réémergence de la syphilis, il est important que les praticiens reconnaissent les diverses mani- festations cliniques de cette maladie.

La syphilis pouvant imiter d'autres maladies buc- cales, le diagnostic peut être difficile. Les cliniciens doivent savoir que des manifestations buccales ambiguës peuvent en réalité être causées par la syphilis orale, et il faut savoir l’évoquer devant des manifestations oto-rhino-laryngologiques dans un contexte de prise de risques sexuels.

Références

1. Gedela K et al. Syphilitic tonsilitis in primary care: a case report. Br J Gen Pract. 2012; 62(597): 219-220.

2. Antonios G et al. Syphilitic pharyngitis. Arch Der- matol. 2010;146(5):570-572.

3. Dybeck Udd S et al. Oral Syphilis: A Reemerging Infection Prompting Clinicians' Alertness. Case Rep Dent. 2016:6295920.

4. Imahashi Mayumi et al. Middle-aged man with symmetrical lesions in his throat. Eur J Intern Med.

2018;55:e7-e8.

5. Golden M. et al. Treponema pallidum Nucleic Acid Amplification Testing To Augment Syphilis Scree- ning among Men Who Have Sex with Men. J Clin Microbiol. 2019 26;57(8).

R e p o rt Re p o rt

Dermatologica Helvetica - Volume 31(10) - Décembre 2019 29

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