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Le Bronze ancien et le début du Bronze moyen : cadre chronologique et liens culturels entre l'Europe nord-alpine occidentale, le monde danubien et l'Italie du Nord

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Academic year: 2022

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Le Bronze ancien et le début du Bronze moyen : cadre chronologique et liens culturels entre l'Europe nord-alpine occidentale, le monde

danubien et l'Italie du Nord

DAVID-ELBIALI, Mireille, DAVID, Wolfgang

Abstract

La réévaluation des anciennes trouvailles, les nombreuses découvertes nouvelles et l'usage des méthodes de datation absolue, en particulier la dendrochronologie, permettent de construire un cadre chronotypologique unifié, dérivé du système de Reinecke, pour le Bronze ancien et le début du Bronze moyen (2 200 - 1 450 av. J.-C.) d'Europe centrale - koinè d'Europe nord-alpine occidentale et koinè danubienne – et d'Italie du Nord, dont les phases sont à l'Ouest : BzA1, BzA2a ancien, BzA2a récent, BzA2b, BzA2c, BzB ancien, BzB récent et BzC1.

DAVID-ELBIALI, Mireille, DAVID, Wolfgang. Le Bronze ancien et le début du Bronze moyen : cadre chronologique et liens culturels entre l'Europe nord-alpine occidentale, le monde danubien et l'Italie du Nord. In: Richard, A., Barral, P., Daubigney, A., Kaenel, G., Mordant, C. & Piningre, J.-F. L'isthme européen Rhin-Saône-Rhône dans la Protohistoire : approches

nouvelles en hommage à Jacques-Pierre Millotte. Colloque . Besançon : Presses univ. de Franche-Comté, 2009. p. 311-340

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:13236

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(2)

Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2009, 376 p.

(Annales Littéraires, 860 ; Série « Environnement, sociétés et archéologie », 13)

Résumé

La réévaluation des anciennes trouvailles, les nombreuses découvertes nouvelles et l’usage des méthodes de datation absolue, en particulier la dendrochronologie, permettent de construire un cadre chronotypologique unifié, dérivé du système de Reinecke, pour le Bronze ancien et le début du Bronze moyen (2 200 - 1 450 av. J.-C.) d’Europe centrale - koinè d’Europe nord-alpine occidentale et koinè danubienne – et d’Italie du Nord, dont les phases sont à l’Ouest : BzA1, BzA2a ancien, BzA2a récent, BzA2b, BzA2c, BzB ancien, BzB récent et BzC1.

Abstract

The re-evaluation of old finds, the numerous new discoveries and the use of absolute dating methods, especially dendrochronology, allow the construction of a chrono-typological scheme stemming from Reinecke’s system for the Early Bronze Age and the beginning of the Middle Bronze Age (2200-1450 BC) in Central Europe – north-west Alpine and Danubian Europe – and Northern Italy, whose phases in the western part are: BzA1, BzA2a early, BzA2a late, BzA2b, BzA2c, BzB early, BzB late and BzC1.

Zusammenfassung

Zahlreiche Neufunde, die Neubewertung von Altfunden vor dem Hintergrund einer vergrößerten Quellenbasis und eines allge- mein verbesserten Forschungsstandes und der Gebrauch mit Hilfe der Dendrochronologie gewonnener absoluter Daten erlauben den Entwurf eines zusammenfassenden Chronologiesystems für die Frühbronzezeit und ältere Mittelbronzezeit (ca. 2200-1450 v.

Chr.) im nordwestalpinen und donauländischen Mitteleuropa und in Norditalien, welches im Westen im modifizierten System nach Reinecke die Bronzezeitstufen A1, A2a-älter, A2a-jünger, A2b, A2c, B-älter, B-jünger sowie C1 umfasst.

À LA SUITE DE J ACQUES -P IERRE M ILLOTTE ,

L ACTUALITÉ DES RECHERCHES EN TYPOLOGIE

SUR L ÂGE DU B RONZE . L E B RONZE ANCIEN ET LE DÉBUT

DU B RONZE MOYEN :

CADRECHRONOLOGIQUE ETLIENSCULTURELS ENTRE L

’E

UROPE NORD

-

ALPINEOCCIDENTALE

,

LEMONDEDANUBIEN ETL

’I

TALIE DU

N

ORD

DR. MIREILLE DAVID-ELBIALI* ET DR. WOLFGANG DAVID**

* Fonds national suisse - université de Genève.

Adresse privée : Moulins-de-Drize 15, CH - 1256 Troinex ; mireille.david-elbiali@bluewin.ch

** kelten römer museum manching, Im Erlet 2, D - 85077 Manching ; Wolfgang.David@museum-manching.de

(3)

1. J

ACQUES

-P

IERRE

M

ILLOTTE ETLATYPOLOGIE

Pour cette actualité des recherches en typologie sur l’âge du Bronze depuis les travaux de J.-P. Millotte, nous avons pris comme point de départ sa thèse sur le Jura et les plaines de la Saône, publiée en 1963, et le précis de protohistoire européenne de 1970. Dans sa thèse, l’auteur a notamment carac- térisé typologiquement les découvertes de France orientale, les a situées dans le contexte européen connu alors et a proposé un cadre chronologique régional, alors que dans le précis, un tout petit ouvrage en apparence, mais ambitieux et fort utile, il a répertorié, pour la première fois en lan- gue française, les cultures européennes de l’âge du Bronze, qu’il a définies typologiquement par leurs objets les plus représentatifs, leurs rites funérai- res et leurs formes d’habitat et qu’il a positionnées géographiquement sur des cartes de synthèse.

Pour J.-P. Millotte, le maître de la chronologie pro- tohistorique était Oscar Montelius, le savant sué- dois qui, à la fin du XIXe siècle, a le premier adopté la méthode typologique. Les deux critères que J.-P. Millotte considérait fondamentaux pour clas- ser les objets était le critère scientifique, fondé sur l’analyse de la composition chimique des objets, et qu’il n’utilisa finalement pas, et le critère logi- que qui recourait à la classification des formes et des décors des objets pour définir des types.

Il eut recours à la typologie pour étayer sa chro- nologie et distinguer des groupes culturels et fut fortement influencé dans sa démarche par l’école allemande – Paul Reinecke, Georg Kraft, Friedrich Holste, Siegfried Junghans, Walter Torbrügge –, et par l’archéologue suisse Emil Vogt. Ainsi dans ses travaux les plus anciens, J.-P. Millotte utilisa abon- damment la méthode typologique, qui était enco- re, pour la typologie des bronzes, la branche noble par excellence de la discipline protohistorique.

2. L

AMÉTHODETYPOLOGIQUE

Souvent décriée, parce que certains voient dans la classification typologique et son perpétuel affi- nement une fin en soi, elle reste pourtant l’outil indispensable de la reconstruction des cultures anciennes. Elle n’est pas un art déconnecté du reste des informations archéologiques, mais c’est une méthode qui permet une classification raisonnée des vestiges, indispensable pour procéder ensuite à des analyses thématiques diverses : évolution chronologique, délimitation des groupes cultu- rels, études des échanges et de la mobilité, etc. Et de la finesse et de la pertinence de la classifica- tion typologique va dépendre la qualité de ces

études thématiques. Le développement d’autres outils, par exemple les méthodes de datation abso- lue, permet de combiner entre eux les différents résultats obtenus pour une approche globale, qui a beaucoup progressé depuis la parution des deux ouvrages de J.-P. Millotte cités ci-dessus.

3. L

E

B

RONZE ANCIEN

:

NOUVELLESRECHERCHES

Un des plus grands changements en matière de chronotypologie de l’âge du Bronze a été la « dila- tation temporelle » du Bronze ancien, dont la durée a plus que doublé, notamment grâce aux métho- des de datation absolue : de trois siècles entre 1800 et 1500 av. J.-C., elle est passée à sept siècles entre 2200 et 1500 av. J.-C. si on lui inclut le BzB ancien.

Dans sa thèse, J.-P. Millotte distinguait pour le Bronze ancien une première phase chalcolithique et deux phases de civilisation du Rhône. La pre- mière phase du Bronze moyen était qualifiée de civilisation du Rhône tardive. D’autre part, il met- tait encore au même niveau la civilisation Seine- Oise-Marne, le Cordé et le Campaniforme. Malgré l’allongement de la chronologie, on constate toute- fois, qu’à de rares exceptions près, la succession des sites qu’il proposa (fig. 1, les sites mentionnés par J.-P. Millotte dans sa thèse sont soulignés), basée sur l’analyse typologique, n’a pas été modifiée, ce qui confirme que la typologie reste le fondement de la construction historique de la Protohistoire. Le tableau (fig. 1) montre aussi l’abondance des nou- velles données, ainsi pratiquement tous les sites d’habitats mentionnés pour la zone occidentale ont été découverts après la publication de la thèse de J.-P. Millotte et les sites déjà connus – Morges-Les Roseaux, Meilen-Schellen et Arbon-Bleiche – ont fait l’objet de nouvelles explorations.

C’est donc pourquoi nous évoquerons ici le Bronze ancien et le début du Bronze moyen en observant les rapports qu’on peut établir aujourd’hui entre l’Europe centre-occidentale, le principal territoire d’étude de J.-P. Millotte, et l’Europe centre-orien- tale, terrain d’étude de l’école allemande qui l’a fortement influencé. Pour cela, nous avons repris la chronotypologie proposée dans la thèse de M. David-Elbiali (2000), établie à partir du maté- riel de Suisse occidentale, mais valable aussi, nous semble-t-il, pour « l’isthme européen Rhin-Saône- Rhône ». Elle est mise en parallèle avec celle que W. David (1998 et 2002) a développée, dans sa thèse également, et qui reprend les données de l’Allema- gne à la chaîne des Carpathes. Les deux systèmes chronologiques reposent sur une réactualisation du système de Reinecke par l’apport des décou- vertes récentes. Les étiquettes sont semblables,

(4)

Fig. 1. Tableau chronologique général avec indication des sites principaux : habitats, *sépultures, !dépôts. (M. David Elbiali et W. David)

Dates Millotte 1963 David-Elbiali 2000 Ouest : habitats Ouest : sépultures et dépôts

Pfäffikon-Hotzenweid G5 (Zürich, CH) (3120±60BP) !St.-Moritz Mauritiusquelle (Graubünden, CH) (post.1466)

*Mägerkingen T.1, 2 (Reutlingen, D) / *Singen II T.107 (Konstanz, D) Wisen-Moosfeld c.4 (Solothurn, CH) *Rafz-Badener Landstrasse 9 / *Weiningen-Harwald T.3/2

(Zürich, CH)

1450 Cham-Oberwil Hof IIa (Zug, CH) (3150±70, 3295±70, 3300±70, 3440±65BP) *Hundersingen-Fuchsloch T.1/1902-6 (Reutlingen, D)

Payerne-En Planeise c.5 (Vaud, CH) (C14:1745-1460) *Cressier-La Baraque (Neuchâtel, CH) / *Beringen T.1 (Schaffhausen, CH)

Château-Gaillard-La Laya (Ain, F) (3345±150 BP) *Grossengstingen-Haid T.2 et -Holzwiese T.4 (Reutlingen, D)

*Ollon-Saint-Triphon-T. du guerrier (Vaud, CH) / *Weizen (Waldshut, D)

Bad-Buchau-Torwiesen (Biberach, D) (1505-1483) / Hombrechtigen (Zürich, CH) (1490)

*Hundersingen-Weidenhang (Reutlingen, D) / *Ittenhausen (Biberach, D)

Bodman-Schachen sup. (Bodenseekr., D) (1506-1495) *Holzelfingen-Wannental T.3 / *Trochtelfingen-Haid (Reutlingen, D) Bad-Buchau-Siedlung Forschner (Biberach, D) (1511-1481) / Arbon-Bleiche 2

(Thurgau, CH) (1640-1508) *Mannheim-Sandhofen (D) / *Erpfingen-Hakenrein (Reutlingen, D)

1500 Bevaix-Aux Pâquiers (Neuchâtel, CH) (3125±55, 3175±65, 3210±55, 3215±55,

3255±55, 3265±55BP) *Nehren-Neue Wiesen T.6/1 (Tübingen, D)

Birmensdorf-Stoffel (Zürich, CH) (3235±50, 3250±55, 3260±50, 3260±55, 3270±50,

3280±50BP) *Vufflenfs-la-Ville En Sency T.1 (Vaud, CH) (3285±55BP)

Onnens-Le Motti (Vaud, CH) (C14) / Ambérieu-Gardon XI (Ain, F) (3302±50,

3404±110, 3410±120BP) Lumbrein Surin-Cresta Petschna T.4, 6 (Graubünden, CH)

Rances-Champ Vully (Vaud, CH) (3520±60, 3300±100BP) / Nidau-BKW Ib (Bern,

CH) *Gals-Jolimont T.3 / *Neuenegg-Im Forst T.1 (Bern, CH)

*Nersingen T.3 (Neu-Ulm, D) Saint-Aubin-Au Pré de Bresse (Saône-et-Loire, F) (3220±30BP) *Varen (Valais, CH)

Yverdon-Garage Martin c.2b/3 (Vaud, CH) (1550-1514) *Bex / *Ollon St.-Triphon En la Porte (Vaud, CH)

1550 Ürschhausen-Nussbaumersee/Horn (Thurgau, CH) (1555-1538) *Bex-Aux Ouffes (Vaud, CH) / !Habsheim (Haut-Rhin, F)

Arbon-Bleiche 2 (Thurgau, CH) (1640-1508) *Savièse Drône et Chandolin / *Saillon (Valais, CH)

*La Chapelle-sur-Furieuse / *Charcier (Jura, F)

*Immendingen T.19 (Tuttlingen, D) Feldmeilen-Vorderfeld (Zürich, CH) (~1600)

Wädenswil-Vorder Au (Zürich, CH) (1607-1598) Morges-Les Roseaux (Vaud, CH) (1616) / Chassey-Le Camp

(Saône-et-Loire, F) *Amsoldingen-Bürgli T.1 (Bern, CH)

1600 Bodman-Schachen IC (Bodenseekr., D) (1618-1591) *Saint-Martin-Le Jordil (Fribourg, CH)

Concise-Sous Colachoz E12/2 (Vaud, CH) (1618-1570) *Offwiller (Bas-Rhin, F) Nidau-BKW Ib (Bern, CH) (1628-1572) / Yverdon-Garage Martin c.2b/3 (Vaud, CH)

(post. 1623) *Broc-Villa Cailler T.2 (Fribourg, CH)

Préverenges-Est phase 2 (Vaud, CH) (1629-1616)

Arbon-Bleiche 2 (Thurgau, CH) (1640-1508) Donath-Surses T.3-1961 (Graubünden, CH)

1650 Bodman-Schachen IB (Bodenseekr., D) (1644-1640) *Villars-sous-Mont (Fribourg, CH)

Morges-La Poudrière (Vaud, CH) (1644-1634) !Sigriswil-Ringoldswil (Bern, CH)

Concise-Sous Colachoz E12/1 (Vaud, CH) (1645-1619) Champagnole-Aux Louaitiaux (Jura, F) / Ancey (Côte-d’Or, F) Meilen-Schellen (Zürich, CH) (1647-1641) / Zürich-Bauschanze c.3,1-2 (1660-1640) *Sion-Petit-Chasseur I T.2, 3 (Valais, CH)

Morges-Les Roseaux (Vaud, CH) (1670, 1650) / Lyon-Vaise Périphérique nord

(Rhône, F) *Broc-Villa Cailler T.1 (Fribourg, CH)

Hochdorf-Baldegg (Luzern, CH) (3400±55, 3430±55BP) *Spiez-Einigen Holleweg T.2 (Bern, CH) (3325±55, 3475±55BP) Bad-Buchau-Siedlung Forschner (Biberach, D) (1767-1730) *Spiez-Einigen Holleweg T.1 (Bern, CH) (3355±55BP) Préverenges-Est phase 1 (Vaud, CH) (1780-1758) *Champcella-La Roche de Rame (Hautes-Alpes, F) Concise-Sous Colachoz E11 (Vaud, CH) (1801-1773) *Ladoix-Serrigny T.1841 (Côte-d’Or, F) Lyon-Vaise Périphérique nord (Rhône, F) (3495±35, 3570±30BP) *Yvory- Les Moidons T.18 (Jura, F)

1800 Bodman-Schachen IA (Bodenseekr., D) (3500±30, 3510±45, 3535±30, 3545±40,

3565±30, 3580±45BP) !Neyruz-En Rabindet / *Pully-Maison Maillard (Vaud, CH)

Zürich-Mozartstrasse 1a/b (Zürich, CH) (3500±45, 3525±45, 3555±55, 3635±55BP) *Montagny-les-Monts Au Grabou T.1 (Fribourg, CH) Zürich-Mozartstrasse 1c (Zürich, CH) (3505±45, 3570±55BP) *Châtel-sur-Montsalvens T.1 / *Enney-Le Bugnon T.1 (Fribourg, CH) Greifensee-Starkstromkabel (Zürich, CH) (3555±50, 3580±50, 3625±55BP) *Hilterfingen-Im Aebnit Tannenbühlstrasse (Bern, CH) (3600±50BP) Greifensee-Böschen (Zürich, CH) (3600±65, 3610±65, 3715±65BP) *Conthey-Sensine T.7 / *Saillon (Valais, CH)

*Ollon-Le Lessus T.C1 (Vaud, CH)

? *Donauberg T.12/1 (Bas-Rhin, F)

1900 *Scey-en-Varais-Les Pierottes (Doubs, F)

*Conthey T.1972b (Valais, CH)

*Ayent-Les Places (Valais, CH)

*Dijon-Les Bourroches (Côte-d’Or, F)

2000 *Sion-Maladaires (Valais, CH)

*Conthey-Sensine T.2 (Valais, CH)

? *Conthey-Erde (Valais, CH)

*Ayent-Les Places (Valais, CH) / *Singen T.65 (3655±35BP)

*Singen T.7 (3680±45BP), 12, 19, 29, 80 (3690±45BP) (Konstanz, D)

2200 *Sion-PCI MXI dépôt 1 (Valais, CH) (3700±100BP)

avant vases campaniformes

2200 céramique cordée suisse

civilisation Seine-Oise-Marne

BzA1 Culture du Rhône phase préliminaire Néolithique final Bronze ancien I

Civilisation du Rhône

Chalcolithique

BzA2a Culture du Rhône

phase classique BzA2b Culture du Rhône

phase avancée Bronze ancien II

Civilisation du Rhône

BzB1 Culture du Rhône

phase tardive BzB2/C1 Groupes des Tumulus

occidentaux Bronze moyen I

Civilisation du Rhône tardive

…/…

(5)

Dates Est : sépultures et dépôts David 1998 et 2002

*Gilching-Rottenried T.5, 6 (Starnberg, D)

*Zelené u Peštice T.8 (Plze!-jih, CZ) / *Unterbrunnham T.1/3 (Traunstein, D)

*Pitten T.2, 26a, 52a, 98 (Neunkirchen, A)

1450*Sieding T.1 (Neunkirchen, A) / *Gräfelfing-Lochham T.2/1 (München, D)

*Smolenice T.9, 77 (Trnava, SK) / *Keszthely T.1, 7 (Zala, H)

*Göggenhofen (München, D) / *Hollabrunn-Heiligsiedlung (A)

*Gmunden T. 19, 21 (A) / *Winklarn T.2, 11, 12 (Amstetten, A)

*Letkés T.37 (Szob, H) / *Zurndorf (Neusiedl a.See, A)

*Wetzleinsdorf, T.1/1925, 2/1925, 3/1980 (Korneuburg, A)

*Gräfelfing-Lochham T.1/2, 10/1 / *Garching-Dirnismaning (München, D)

1500*Pitten T.41, 111b, 116, 155, 186 (Neunkirchen, A)

*Várpalota T.7 (Veszprém, H) / *Gmunden, T.1, 16 (A)

*Wolnzach-Niederlauterbach T.1/1-2 / !Vohburg (Pfaffenhofen, D)

*Untermeitingen (Augsburg, D) / !Neu-Ulm (Neu-Ulm, D)

*Wien-Sulzengasse (A) / *Straß im Straßertal T.45, 54 (Krems, A)

!Apa (Satu Mare, RO) / !Vajska (Ba"ko Gradište, RS)

!Sárbogárd (Tolna, H) / !Vyškovce nad Ipl’om (Levice, SK)

1550*Regelsbrunn (Bruck an der Leitha, A) / !Mende, (Pest, H)

!Bergen-Schlipfing (Traunstein, D) / !Bühl Im Ries (Donau-Ries, D)

!München-Pasing (D) / !Sittling (Kelheim, D) / *Lounky (Litom# ice, CZ))

*Mintraching-Herzogmühle / *Sünching T.8 (Regensburg, D)

!Lužice (Chomutov, CZ) / !Steklno (Stettin, PL)

!Czeszewo (Pi$a, PL)

*%erník, T.3 (Nové Zámky, SK) / *Gajary, T.15 (Bratislava SK)

1600*Franzhausen II T.247, 641, 646, 649, 3037 (St. Pölten, A)

*Statzendorf T.9 (St. Pölten, A)

*Gemeinlebarn F T.Parz.27,2, T.18, 65, 84, 150 (St. Pölten, A)

*Linz St. Peter T.95 (Linz, A) / *Weillohe (Regensburg, D)

!Neuhof an der Zenn (Neustadt, D) / *Mintraching T.2 (Regensburg, D)

1650*Franzhausen II T.262, 344, 354, 711, 3037 (St. Pölten, A)

*Gemeinlebarn A T.29, F T.7, 22, 40, 46, 120, 224 (St. Pölten, A)

!Langquaid (Kelheim, D) / !Neum#tely (Beroun, CZ)

*Tittmoning-Kirchheim (Traunstein, D) / *Malching (Passau, D)

*Linz-Scharlinz / *Linz-Wegscheid (Linz, A)

!Rupprechtstegen (Nürnberg, D) / !Haberskirch (Friedberg, D)

*Parkstetten-Thurasdorf T.3 (Straubing-Bogen, D)

*Helmsdorf (Hettstedt, D) (post.1840) / *Nesvady T.69 (Komárno,SK)

*Leubingen (Sömmerda, D) (post.1942) / *Bernolákovo (Bratislava, SK)

*Franzhausen I T.16, 141, 250, 283, 551, 595, 597 (St. Pölten, A)

1800!Plavnice (%eské Bud#jovice, CZ) / *Vinodol (Nitra, SK)

*Mintraching T.6, 40, 46, 50 / *Alteglofsheim T.13, 20 (Regensburg, D)

*Roggendorf T.4 (Horn, A) / *Unterwölbling T.4 (St. Pölten, A)

*Unterhautzenthal T.101, 109 (Korneuburg, A) / *Oberzeitldorn (Straubing-B., D)

*Straubing-Jungmeier T.17 (Straubing, D) / Mötzing T.20 (Regensburg, D)

*Geisling T.7 (Regensburg, D) / *Bran" T.272 (Nitra, SK)

!Neubeuern (Rosenheim, D) / *Leobendorf T.1 (Korneuburg, A)

1900*Edling-Hochhaus (Wasserburg, D) / *Manching T.937a (Pfaffenhofen, D)

*Unterhautzenthal T.90, 95 (Korneuburg, A) / *Niederrußbach (A)

*Göggingen T.1, 2 (Augsburg, D) / *Kyhna (Delitzsch, D)

*Franzhausen I T.110, 118, 334, 524, 747, 777, 784, 849 (St. Pölten, A)

2000*Mintraching T.1, 4, 31 (Regensburg, D) / *Pilsting T.1 (Landau, D)

*Solln T.1 (München, D) / *Nähermemmingen T.22 (Nördlingen, D)

*Manching T.2, 11, 12 (Pfaffenhofen, D)

*Lauingen T.29 (3660±50BP), 40a, 40b (Dillingen, D)

*Langenpreising T.1 (Erding, D) / *Raisting T.45 (Weilheim, D)

2200*Anzing (Ebersberg, D) (3690±50BP) / *Kleinaitingen T.34 (Augsburg, D)

BzA1b Entwickelte Frübronzezeit

BzA2a Entwickelte Frübronzezeit

BzA2c Späte Frübronzezeit

BzA1a Frühe Frübronzezeit

BzB jünger Frühe Mittelbronzezeit

BzC1 Mittelbronzezeit

BzA2b Späte Frübronzezeit

BzB älter Späte Frübronzezeit

…/…

(6)

Dates Sud : sépultures et dépôts Sud : habitats De Marinis 2002

San Rosa di Poviglio Villaggio piccolo (Reggio-Emilia, I) Tabina di Magreta (Modena, I)

*Olmo di Nogara T.89, 112, 388, 435 (Verona, I) Montale US9 (Modena ,I) (C14: 1489-1457)

1450*Olmo di Nogara ! T.33, 35, 42, 48, 50, 88, 475 Viverone (Vercelli, I)

!Cascina Ranza (Milano, I) Castellaro Lagusello str.B/B1 (Mantova, I) Fiavè 6 area 1 str.G/F/E (Trento, I) Lavagnone 7 et area B str.sup. (Brescia, I)

Castione dei Marchesi Sous la terramare (Parma, I)

*Olmo di Nogara T.85, 471 (Verona, I) Castellaro del Vhò 1-2 (Cremona, I)

1500!Rocca di Badolo (Bologna, I) Viverone (Vercelli, I)

!Avigliana (Torino, I) Castellaro Lagusello str.C (Mantova, I)

Fiavè 6 area 1 str.H/I/L (Trento, I) Lavagnone area B str.63-64 (Brescia, I)

Calvatone (Cremona, I)

1550!Robbio (Pavia, I) Lavagnone 6 (Brescia, I) / Fiavè 5 (Trento, I)

Mercurago (Novara, I)

1600*Casale Monferrato Vallare (Alessandria, I) Lavagnone 5 (Brescia, I) / Fiavè 4 (Trento, I)

1650

!Baragalla (Reggio-Emilia, I) Canàr II (Rovigo, I)

!Lodigiano (Cremona, I) Lavagnone 4 (Brescia, I) / Fiavè 3 (Trento, I)

*Alba Corso Moretta (Alessandria, I) (3346±33BP)

*Valserà T.10, 11 (Verona, I)

!Castione dei Marchesi dépôt (Parma, I)

!Palude Brabbia (Varese, I)

1800!Savignano (Modena, I)

*Sorbara di Asola T.29, 45 (Mantova, I)

!Arbedo-Castione (Ticino, CH) Canàr I St.4 (Rovigo, I) (1869-1859)

1900 Lavagnone 3/A (Brescia, I) (1916)

Lucone D / niv.D (Brescia, I) (1985-1979) Lavagnone 3/A sablière EL681 (Brescia, I) (1984)

2000!Torbole (Brescia, I) / !Castello Valsoda (Como, I)

!Remedello Sopra (Brescia, I) Bande di Cavriana Scavo 1983 (Mantova, I)

*Alba Via Bubbio (Alessandria, I) (3728±29BP) Lavagnone 2/A (Brescia, I) (2010-2008) et (1994-1991)

*St.-Martin de Corléans T.IISE (Aoste, I) (3760±60BP) Lucone D / niv.E (Brescia, I) (2033-2031)

*Vela di Valbusa (Trento, I) Lavagnone 2/A (Brescia, I) (2080-2067) et (2048, 2032)

2200*Romagnano Loc (Trento, I)

BA IA Culture de Polada

BM I Horizon des anses ad

ascia phase de Calvatone

BM IIA Horizon des anses a

corne tronche BM IIB Horizon des anses ad

espansioni laterali

BA II Horizon Barche di

Solferino

BA IB Culture de Polada

BA IC Culture de Polada

(7)

cependant l’abondance et la qualité des données sont supérieures à l’Est et permettent une plus grande finesse chronotypologique avec des pha- ses non repérables directement à l’Ouest. La partie orientale fournit, en effet, un corpus de sépultures et de dépôts beaucoup plus riche et les puissantes stratigraphies des tells permettent de reconstituer l’évolution fine de la céramique. Pour les phases récentes, les nouvelles données issues des habitats palafittiques occidentaux sont aussi déterminantes.

L’importance de l’Italie du Nord dans ces rapports Est-Ouest, déjà mise en évidence par H.-J. Hundt (1974), a été confirmée par les recherches récentes, c’est pourquoi nous évoquerons aussi ce territoire dans notre discussion en utilisant la chronolo- gie de R. C. De Marinis (2002). Le tableau général (fig. 1) énumère pour chaque phase les ensembles les plus significatifs avec leurs dates respectives et constitue un appui nécessaire à la lecture, car toutes les informations ne sont pas reprises dans le texte.

Sur la carte du Bronze ancien de J.-P. Millotte (1970, carte 1), on voit quels groupes culturels lui étaient connus et on retrouve étonnamment côte à côte des groupes néolithiques et chalcolithiques – Seine-Oise-Marne, Remedello ou Tripolje – et Bronze ancien – Rhône, Straubing, Únětice. De nombreux travaux et d’abondantes découvertes ont permis, depuis lors, d’approfondir nos connaissan- ces. De nouveaux groupes ont été définis, d’autres ont été revisités, notamment la culture du Rhône,

aujourd’hui scindée en deux (Hafner 1995) – Aar- Rhône sur la Suisse occidentale et Saône-Jura sur la France orientale –, celle de Polada (Cocchi Genick éd. 1996 ; De Marinis 2000), les groupes de Ries et de Straubing (Ruckdeschel 1978 ; Möslein 1998, 2001), ceux du Neckar et de Singen (Krause 1988), de Landsberg/Arbon (Strahm 1996 ; Möslein 1998), et surtout celui d’Unterwölbling/Böheimkirchen, lié au complexe d’Únětice puis de Věteřov en Basse-Autriche et en Moravie, où ont été décou- vertes ces quarante dernières années de nouvelles tombes en quantité très importante, qui permettent de réviser la chronotypologie du Bronze ancien : 258 tombes à Gemeinlebarn F (Neugebauer 1991), 714 à Franzhausen I (Neugebauer et Neugebauer 1997), plus de 1400 à Franzhausen II dont seu- les quelques-unes sont publiées, plus quelques autres nécropoles comme Unterhautzenthal (Lauermann 1995). D’importantes contributions concernant la chronotypologie ont été effectuées par R. Christlein (1964), F. Stein (1970), E. Schubert (1974), W. Ruckdeschel (1978), S. Möslein (1998 et 2000), alors que la chronologie absolue est réguliè- rement mise à jour (Becker et al. 1989 ; Hafner et Suter 2003 ; De Marinis 2007 ; etc.). Les régions plus orientales, situées au-delà de l’ancien « rideau de fer », ont livré elles aussi de nombreuses nouvel- les découvertes et d’anciennes trouvailles ont été réévaluées (Vladár 1973 ; Bóna 1975 ; Točík 1979 ; Lichardus et Vladár 1997 ; Bátora 2000 ; Bernard 2005 ; etc.).

Fig. 2. Extension schématique des « koinè » du Bronze ancien et du début du Bronze moyen en Europe centrale. (W. David, M. David Elbiali, R. De Marinis, F. Rubat Borel)

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4. C

ADRE CHRONOLOGIQUEETCULTUREL DU

B

RONZEANCIENEN

E

UROPECENTRALE L’Europe centrale abrite à l’âge du Bronze trois grandes « koinè », deux au nord des Alpes et une au sud (fig. 2) :

a) une koinè occidentale nord-alpine s’étend sur la France orientale, la Suisse, l’Allemagne du Sud- Ouest, l’Autriche et la Bavière occidentales, soit entre la Saône1 et le Lech ;

b) une koinè danubienne couvre la Bavière du Sud, la Bohême, l’Autriche orientale, la Moravie, la Slovaquie et la Hongrie, soit entre le Lech et la zone de la Tisza moyenne et basse.

c) une koinè nord-italique, d’abord centrée sur le lac de Garde, se scinde au Bronze moyen en deux blocs de part et d’autre de l’Oglio.

Ces entités sont déjà présentes à la fin du Néolithique. Elles entretiennent des contacts tout au long du Bronze ancien et moyen, qui se tra- duisent par la présence d’objets typologiquement apparentés, c’est-à-dire qu’à chaque phase chro- nologique on retrouve quelques formes générales semblables, mais qui se distinguent dans le détail des types et des variantes. Ce sont la Bavière orien- tale et les régions adjacentes de la Bohême occi- dentale et méridionale et de la Haute-Autriche, qui jouent le rôle de zone de contact entre les deux mondes nord-alpins, car sur leurs territoi- res se retrouvent à la fois les formes orientales et les formes occidentales diffusées le plus à l’Est (David 2002a, p. 74), alors que la Suisse occiden- tale et la France orientale marquent la limite des formes danubiennes ; au-delà elles deviennent exceptionnelles. Au sud des Alpes, l’Italie du Nord sert aussi de relais entre l’Est et l’Ouest, alterna- tive à la voie du Haut-Danube et du Plateau suisse (David-Elbiali 1997, p. 58-59, fig. p. 56 ; 1998, p. 109).

À l’intérieur de chaque « koinè » ont été individua- lisés des « groupes culturels » ou « cultures », qui occupent des territoires plus restreints sur lesquels s’observe une concentration plus dense de certains éléments culturels, notamment des types définis d’objets en bronze et en céramique. Ces groupes ne dessinent pas une couverture géographique homo- gène, car leur individualisation reste très dépen- dante des trouvailles, mais plus encore des étu- des réalisées. Il est difficile d’évaluer dans quelle mesure ils reflètent effectivement une réalité his- torique et laquelle. L’intensification des recherches a tendance à gommer ces particularismes au profit d’un tissu de trouvailles plus dense et moins dif- férencié.

1. C’est approximativement la limite proposée pour l’extension de la « culture orientale » au Bronze moyen par M. Gabillot (2006).

De façon globale, le Bronze ancien et moyen connaît un rythme de développement parallèle à l’Est, à l’Ouest et au Sud. Une phase ancienne de longue durée (BzA1a/BAIA), puisqu’elle corres- pond approximativement au tiers de la période, marque une transition avec le Chalcolithique, avec la mise en place du nouveau modèle social du Bronze ancien. Elle est antérieure aux grands complexes culturels classiques et concerne une mosaïque de groupes d’extension plus réduite – Nagyrév, Kisapostag, Košt’any, Nitra, Proto- Únětice, Leithaprodersdorf, Gollnsdorf, Straubing ancien, Ries, Singen, Neckar, Adlerberg, prélimi- naire à la culture du Rhône, Polada ancien, etc. – qui se succèdent entre la fin du Campaniforme et un Bronze ancien pleinement formé. Suit une phase évoluée (BzA1b-BzA2a/BAIB-BAIC), qu’on peut aussi appeler « classique », marquée par l’épanouissement des grands complexes et grou- pes principaux du Bronze ancien, notamment Perjámos/Mureş, Hatvan, Vatya, céramique incrustée transdanubienne, Hurbanovo, Únětice, Wieselburg – Gatá, Unterwölbling, Straubing, Rhône, Polada. La phase tardive (BzA2b, BzA2c et BzB ancien/BAII et BMI) voit le remplacement du complexe Únětice – Unterwölbling – Straubing par celui de Mad’arovce – Věteřov – Böheimkirchen dans la zone du Danube haut et moyen, le déve- loppement de la culture de Landsberg/Arbon, de la Bavière au Plateau suisse, du faciès Barche di Solferino de la culture de Polada en Italie du Nord et la perduration de la culture du Rhône en Suisse occidentale et en France orientale. Au début du Bronze moyen (BzB récent/BMIIA), le complexe Mad’arovce – Věteřov – Böheimkirchen disparaît à son tour et le « monde des tells » du Sud-Est de l’Europe (cultures de Vatya-Koszider et de Füzesabony/Gyulavarsánd/Otomani) s’ef- fondre simultanément (David 1998b et à paraître).

Ils sont remplacés par des groupes des Tumulus.

Ces transformations qui affectent la zone orientale trouvent des retentissements jusqu’à l’Ouest, avec la dissolution des cultures d’Arbon et du Rhône, caractérisée par l’abandon des sites palafittiques et fortifiés de hauteur et leur remplacement, comme à l’Est, par des groupes dits des « Tumulus » (David 1998b, p. 259). Au sud des Alpes, le réseau des habi- tats connaît aussi des modifications, avec un dépla- cement de ceux-ci vers des zones légèrement plus élevées en périphérie des bassins morainiques et une colonisation de la plaine au sud du Pô avec la fondation des terramares. La péjoration climatique de Löbben a probablement joué dans ces boulever- sements un rôle majeur, mais dont l’ampleur reste difficile à évaluer en regard des problèmes struc- turels internes de ces sociétés, pour certaines à un stade précoce de protourbanisation. Et puis, mal-

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gré l’importance du changement observé, il faut relever que les phases suivantes du BzC1 et C2, respectivement BMIIB et BMIII, se caractérisent par une évolution culturelle sans rupture aucune en ce qui concerne la culture matérielle.

5. P

HASEANCIENNEDU

B

RONZE ANCIEN

: B

Z

A1 – B

Z

A1

A

– BAIA

Les principaux types retrouvés dans les tombes de cette première phase sont les épingles à tête en rame ou ovale (Rudernadeln), décorée ou non, les poignards plats à décor d’incisions en V, les lunules décorées, les spirales, les anneaux en os, les parures en coquillages et quelques petites haches (fig. 3, A-C ; 4, A-B ; 9, A-B). Ce mobilier est commun entre l’Est et l’Ouest. Dès la fin des années 1980, des séries de dates C14 montrent que les formes mentionnées se sont développées grosso modo entre 2200 et 2000, voire 1950 av. J.-C.

(Becker et al. 1989, p. 433). Au sud des Alpes, les mêmes éléments sont présents dans la culture de Polada centrée sur le lac de Garde (Rageth 1974 ; Aspes 1982 ; De Marinis 2000) et en Vallée d’Aoste (Mezzena 1997, fig. 91) et plusieurs dépôts contiennent des haches d’une variante précoce du type Neyruz, comme Remedello Sopra et Torbole (Brescia, I) (De Marinis 1979, p. 47-48, fig. 30-32), alors que dans le groupe de Singen, qui occupe la région du lac de Constance et la Suisse orientale, est diffusé le type Salez (Bankus 2004, fig. 134).

La céramique de cette phase est relativement bien connue dans la zone orientale (Möslein 2001, p. 22-23 ; Bertemes et Heyd 2002) et en Italie du Nord dans la région du lac de Garde, où on trouve de nombreux villages palafittiques (De Marinis 2000 et 2007). Par contre dans la zone occidentale, sa différenciation d’avec celle de la fin du Néolithique est encore très laborieuse en l’absence de céramique dans les tombes, de sites à stratigraphie longue et de dates dendrochronologiques. Au Lavagnone, habitat de référence de la culture de Polada, les dates de la phase la plus ancienne vont actuellement de 2080 à 1991 av. J.-C. (De Marinis 2007, p. 9). Aucune date dendrochronologique n’est disponible au nord des Alpes pour cette phase.

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: B

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A2

AANCIEN

– B

Z

A1

B

– BAIB

Ce premier ensemble de mobiliers funéraires du BzA1, évoqué ci-dessus, se distingue nettement en Suisse occidentale du gros bloc du BzA2a dans la matrice publiée (David-Elbiali 2000, fig. 12). Il n’avait alors pas été possible d’aller plus en finesse

dans la classification. Grâce à l’excellente structu- ration des références de la zone orientale (David 1998 et 2002, tableau général), une partition entre un groupe de trouvailles plus ancien – BzA1b – et un autre plus récent – BzA2a – devient envisagea- ble. S. Möslein a néanmoins regroupé les deux phases dans son FBII (Frühbronzezeit II) en ce qui concerne les faciès céramiques et il a défini deux groupes, celui de Burgweinting/Viecht en Bavière du Sud-Est et celui d’Allemagne du Sud-Ouest/

Suisse orientale sur l’Ouest (Möslein 1998 et 2001).

Les types métalliques qui permettent le mieux une distinction entre les phases BzA1b et BzA2a sont les épingles et certains éléments de parure.

La sériation des mobiliers funéraires et des dépôts montre une évolution claire des plus anciens aux plus récents, il n’y a toutefois pas de rupture nette entre les deux phases et il est parfois difficile de classer certains ensembles privés de fossiles direc- teurs (David 1998, p. 112). Cette étape est marquée par un essor de la métallurgie du cuivre aussi bien quantitatif que qualitatif, comme le montre la diversité des formes.

Les petites épingles à tête ovale et les anneaux en os se retrouvent encore au BzA1b, comme à Franzhausen I T.118 (St. Pölten, A) (Neugebauer et Neugebauer 1997, pl. 453), c’est pourquoi la sépul- ture de Dijon « Les Bourroches » (Côte-d’Or, F) (fig. 4, C), dont l’inventaire est plus restreint mais comparable, pourrait remonter aussi bien à cette phase qu’à la précédente.

Deux types d’épingles sont caractéristiques de la zone orientale : les épingles à tête en disque (Scheibennadeln) à décor incisé de cercles concen- triques hachurés avec le centre parfois orné d’une croix formée par des bandes hachurées et parfois aussi d’une bossette et les épingles à ganse simple (Schleifennadeln mit Kopfspirale). Les premières pos- sèdent un décor assez standardisé ; elles provien- nent de riches tombes féminines et sont associées à de la parure (fig. 3, F). Les quelques exemplaires occidentaux sont par contre des modèles uniques (fig. 4, G) [David 1998, p. 112 ; David-Elbiali 2000, tabl. 8, carte 24, à cette dernière liste, il faut rajou- ter les exemplaires de Neubeuern – Pinswang (Rosenheim, D) (Möslein 1998), de Leobendorf T.1 (Korneuburg, A) (Lauermann 1982), d’Ossarn T.1-

Fig. 3. Ci-contre, « Koinè » danubienne. Mobiliers de sépul- tures du BzA1a, BzA1b et BzA2a. Échelle : 1/4. (A, B : Ruckdeschel 1978, pl. 43, 22-25 ; 30, 5-6. C : Ruckdeschel 1985, fig. 3, 5-6. D : Hoppe et Schröter 1995, fig. 31, 12-13. E, F, G : Neugebauer et Neugebauer 1997, pl. 570, 564-565, 542. H : Rieckhoff 1990, p. 62, fig. 29. I, L : David 2002, pl. 274, 1-2 ; pl.

286, 1-2. J : Verhandlungen Historischer Verein Niederbayern 102, 1976, fig. 26. K : Scheibenreiter 1959, p. 77, fig. 4. M : Kaiser 1962, Schubert 1974, pl. 19, 6).

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1960 (St. Pölten, A) (Lippert 1964) et de Franzhausen I T.97 et 747 (Neugebauer et Neugebauer 1997)]. Les épingles à ganse sont aussi largement diffusées (fig. 3, E et G ; 4, D-E) (David-Elbiali 2000, carte 28). Dans le cas de la tombe C1 d’Ollon – Saint- Triphon Le Lessus (Vaud, CH) (fig. 4, E), l’épingle à ganse accompagne un diadème décoré de bos- settes, association observée dans plusieurs sépul- tures de Basse-Autriche au BzA1b, notamment à Franzhausen I – T.110, 334, 524, 531, 785, 844 (Neugebauer et Neugebauer 1997). C’est aussi à cette phase qu’appartiennent les brassards, en par- ticulier le type Borotice, diffusé en Basse-Autriche et en Moravie (Schubert 1974, p. 60 ; Bartelheim 1998, p. 84, carte 173), qui présente des décors très proches de ceux qui figurent sur les brassards valaisans (fig. 4, G) (David-Elbiali 2000, ill. 104). À Niederußbach (Korneuburg, A) (Hampl 1956) et à Křepice (Moravie du Sud) (Podborský 1965), les brassards sont associés à une épingle à ganse.

Les grandes épingles tréflées à riche décor incisé et bossettes (David-Elbiali 2000, carte 26) et les épin- gles de type Horkheim (Horkheimernadeln) sont par contre des formes occidentales, dont quelques exemplaires isolés atteignent l’Est (fig. 3, D). Les épingles tréflées perdurent jusqu’à la fin du Bronze ancien avec des spécimens de petite taille, peu soi- gnés et parfois sans décor, comme dans la tombe 3-1961 de Donath – Sursee (Grisons, CH) (fig. 6, D) ou encore à Rupprechtstegen (Nürnberger Land, D) (David 2002, pl. 202, 2), deux ensembles du BzA2b. Le type Horkheim est surtout diffusé dans les tombes féminines d’Allemagne du Sud (fig. 4, F) avec néanmoins quelques pièces à l’ouest et au sud des Alpes (David-Elbiali 2000, carte 29) plus quatre exemplaires à Franzhausen I (Neugebauer et Neugebauer 1997).

En conclusion, les objets en tôle richement déco- rés (Blechschmuck déjà identifié par E. Vogt en 1948), comme les épingles à tête en disque, les diadèmes et d’autres objets de parure, caractérisent dans la zone orientale un horizon bien individualisé et le plus riche en objets de métal cuivreux dans les sépultures et il est possible que certaines trouvailles occidentales lui soient contemporaines. Les paral- lèles entre l’Ouest et les groupes du Danube moyen sont nombreux, que ce soit Straubing (Bavière de l’Est), Unterwölbling (Basse-Autriche), Únětice (Basse-Autriche, Moravie, Slovaquie), Wieselburg – Gatá (Burgenland, Moravie, Slovaquie) ou Vatya et Perjámos/Mureş (Hongrie).

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– B

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– BAIC

Dans la zone orientale, les objets en tôle richement décorée marquent un net fléchissement et sont progressivement remplacés par des modèles cou- lés, phénomène moins sensible dans la zone occi- dentale, où perdurent des formes en tôle martelée.

On observe aussi l’apparition d’anneaux massifs (à l’Est), de haches, de ciseaux, ainsi que de poignards triangulaires dans les tombes masculines.

Quelques épingles à ganse simple et les spécimens à ganse double (Schleifennadeln mit Ösenschlaufe), absents en Bavière et plus à l’Ouest, perdurent au début du BzA2a (fig. 3, K) (David 1998, p. 113).

C’est durant cette phase que se développent dans la zone orientale les épingles à tête en gousse (Hülsenkopfnadeln), type totalement absent à l’Ouest (fig. 3, J-K) (David 2002a, p. 72, fig. 4), les épingles à bélière (Ösenkopfnadeln), caractéristiques du complexe d’Únětice (fig. 3, H-J) (Bartelheim 1998, p. 65) et les épingles à tête globuleuse perforée (Kugelkopfnadeln mit gelochtem Kopf) (fig. 3, M-L) (David 1998, p. 118). Courtes, massives et souvent avec un décor sur le col, comme celle de la tombe 13/1970 d’Alteglofsheim (fig. 3, H), les épingles à bélière orientales se distinguent des exemplaires tardifs suisses, qui présentent le même schéma, mais plus gracile. Certains spécimens occidentaux sont toutefois anciens, peut-être proches de la tran- sition avec le BzA2b. Une pièce en or a été exhumée en 1841 d’une sépulture de Ladoix-Serrigny (Côte d’Or) (Millotte 1963, pl. III, 9 ; Déchelette 1928, p. 319-320). Une épingle décorée de Lausanne – La Bourdonnette (Vaud, CH) (David-Elbiali 2000, ill.

66, 11) s’apparente à la petite épingle de la tombe 586 de Franzhausen I (Neugebauer et Neugebauer 1997, pl. 545, 3). À Spiez-Einigen T.1 (fig. 4, K), l’épingle est accompagnée d’un petit poignard du BzA2a et d’un ciseau ; la datation C14 corrobore cette ancien- neté (Hafner et Suter 1998). Une épingle de Ledro (Trento, I) appartient aussi à ce type (Rageth 1974, pl. 19, 6). Les tombes úněticiennes de Leubingen (Sömmerda, D) et Helmsdorf (Hettstedt, D), qui ont livré des épingles à bélière en or (David 2002, pl.

278, 1-10 ; p. 281), ont été datées par la dendrochro- nologie, postérieures respectivement à 1942 ± 10 et à 1840 ± 10 av. J.-C. (Becker et al. 1989). Les madriers analysés ayant été équarris, les dates obtenues sont antérieures à celles de l’abattage et elles appa-

Fig. 4. Ci-contre, « Koinè » nord-alpine occidentale. Mobiliers de sépultures du BzA1a, BzA1b et BzA2a. Échelle : 1/4 (A, F : Krause 1988, pl. 2, G ; pl. 9, B. B, E, G, H, I, J, K : David- Elbiali 2000, pl. 4, B ; pl. 10, A ; pl. 8, A ; pl. 11, A ; pl. 8, C ; pl. 6, B ; pl. 21, B. C : Bill 1973, pl. 19, 1-16. D : Zumstein 1976, pl. II, 1).

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raissent trop anciennes en regard des autres dates disponibles pour cette phase. Durant le BzA2a commence le développement des épingles à tête globuleuse perforée avec des exemplaires courts et souvent non décorés, comme ceux de Bernolákovo et d’Unterwölbling T.4 (fig. 3, L-M). Cette famille connaît une large répartition géographique et on peut observer très clairement une diffusion pro- gressive d’est en ouest. Elles vont évoluer jusqu’au Bronze moyen et n’atteindront que marginalement la Suisse occidentale et la France orientale, alors qu’elles sont bien présentes en Suisse orientale (David-Elbiali 2000, p. 164, carte 31). De nombreux exemplaires tardifs sont documentés en Italie du Nord (De Marinis 2002, p. 44-48, fig. 16-19).

Forme occidentale avec une variante diffu- sée en Italie du Nord, les épingles losangiques (Rautennadeln) possèdent encore l’extrémité enrou- lée dans la tradition des épingles à tête en rame et en disque (David-Elbiali 2000, p. 155-156, carte 27).

Dans la tombe 7 de Conthey – Sensine (Valais, CH) (fig. 4, J) (David-Elbiali 1997, fig. p. 55), les épingles losangiques sont associées à une épingle à grosse tête discoïde tardive, forme locale dérivée du type oriental du BzA1b. Le dépôt tessinois d’Arbedo Castione réunit une épingle de type Horkheim, des lunules et un diadème qui évoquent le BzA1b avec des épingles losangiques non décorées, ce qui pose la question d’une variante plus ancienne de ce type (Primas 1997).

Certaines formes de poignards et de haches sont presque similaires et apparemment contempo- raines, comme les poignards à cannelures mar- ginales et ceux à décor central de chevrons et de triangles, comme à Alteglofsheim T.13/1970 (fig. 3, H), Mötzing T.20 (fig. 3, I), Ledro (De Marinis 2002, fig. 10), Neyruz – En Rabindet (Vaud, CH) (David-Elbiali 2000, pl. 12, 1) et Champcella – La Roche-de-Rame (Hautes-Alpes, F) (Bill 1973, pl. 24, 1-4), aussi à manche massif à Saillon (Valais, CH) (fig. 4, I) et à Castione dei Marchesi (Parma, I) (fig. 9, C), les haches de type Neyruz et apparen- tées, fréquentes à l’Ouest (Hafner 1995, p. 143, fig. 70) et qu’on retrouve à l’Est dans le dépôt de Plavnice en Bohême (David 2002, pl. 198, 9), ou encore les premières haches spatules (Löffelformige Randleistenbeile) (fig. 4, H-I) (David-Elbiali 2000, ill. 25 et 26) qui se rapprochent des pièces orien- tales de Franzhausen I T.597, T.665 (Neugebauer et Neugebauer 1997, pl. 549, 2 ; pl. 555, 3) ou de Gemeinlebarn A T.191 (Bertemes 1989, pl. 52, 4). Au sud des Alpes, le dépôt de Savignano (Modena, I) (Bernabò Brea et al. 1997, p. 305-306) a aussi livré des haches plus ou moins trapézoïdales à rebords développés sur toute la longueur, qui évoquent par là le type Neyruz, mais dont le talon est par contre arrondi et fortement encoché.

Si dans les tombes masculines la présence d’un poignard et/ou d’une hache et/ou d’une épingle de type régional est habituelle dans la culture du Rhône (David-Elbiali et Hafner à paraître, fig. 8), le bracelet, fréquent dans la zone orientale (fig. 3, H) (David 1998, p. 117, fig. 1), est totalement absent, tout comme les anneaux de chevelure en or, trou- vés au niveau des tempes, typiques des tombes masculines de haut rang du monde danubien (fig. 3, H) (David 1998, p. 117 ; David 2002, p. 236 et 310), et qu’on retrouve en Italie du Nord dans les tombes 10 et 11 de Valserà di Gazzo Veronese (Verona, I) à la phase suivante (De Marinis 2003, p. 46). Par contre, on observe parfois un torque, comme à Pully – Maison Maillard (Vaud, CH) (fig. 4, H), Thoune – Wiler T.1 et T.3 (Berne, CH) ou Conthey – Plan-Dave T.1895 (Valais, CH) (David- Elbiali 2000, pl. 7, B et D ; pl. 11, A ; pl. 17, A).

En Suisse et dans le Baden-Württemberg, les occu- pations en milieu humide reprennent à cette phase pour disparaître au BzB récent. Elles permettent de mieux approcher la chronologie absolue et le développement de la céramique ; par contre, elles donnent peu d’information sur les contacts à lon- gue distance, les bronzes y étant exceptionnels.

À Bodman-Schachen I (Bodenseekr., D), au bord du lac de Constance, la phase 1 (couche A), datée par le C14 autour de 1830 av. J.-C., a livré des cru- ches et des tasses apparentées à celles du groupe de Straubing (Köninger 2006). À Concise – Sous Colachoz (Vaud, CH), au bord du lac de Neuchâtel, trois villages du Bronze ancien se succèdent, entourés de palissades et avec un chemin d’accès construit. Le premier est daté entre 1801 et 1773 av. J.-C. (Winiger et al. 2004) et a livré une petite hache atypique à tranchant évasé, ainsi que de la céramique qui montre que cette couche remonte vraisemblablement à un moment assez récent de cette phase (fig. 10, C) (Wolf et al. 1999). À Zürich – Mozartstrasse (Zürich, CH), les villages 1a/b sont datés par le C14 entre le XXIe et le XVIIIe siè- cle av. J.-C. (Conscience 2001) et deux stations du Greifensee dans le canton de Zürich – Greifensee- Böschen et Starkstromkabel – remontent au plus tard au milieu du XVIIIe siècle av. J.-C. (Conscience et Eberschweiler 2001). Les dates C14 des trois der- niers habitats sont aussi anciennes que celles de cer- taines tombes du BzA1a et pourtant la céramique de tous ces sites présente des caractéristiques com- munes et les désigne comme largement contempo- rains (fig. 10, A-B). Les pots en pâte grossière sont

Fig. 5. Ci-contre, « Koinè » danubienne. Mobiliers de sépul- tures du BzA2b, BzA2c et BzB ancien. Échelle : 1/4 (A à K : David 2002, pl. 291, 1-2 ; pl. 294, 1-3 ; pl. 292, 1-4 ; pl. 289, 14-17 ; pl. 290, 5-8 ; pl. 299, 5-8 ; pl. 298, 4-5 ; pl. 300, 11-15 ; pl. 302, 3-8 ; pl. 162 ; pl. 306.

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majoritaires (~2/3 des vestiges), alors que les tasses et les jattes en pâte fine sont plus rares. Les tasses sont hautes, fermées, avec un profil en S ; l’anse ne part jamais du bord. Les jattes sont trapues, avec un large fond plat, et ornées d’éléments plastiques symétriques. Les pots ont un profil mou en S, sont légèrement bombés et portent des cordons sous le bord et sur le diamètre maximum, souvent asso- ciés à des languettes et à des mamelons. Les bords sont généralement incurvés vers l’extérieur et les lèvres restent simples ou exceptionnellement éga- lisées (Conscience et Eberschweiler 2001, p. 140).

Les phases BzA1b et BzA2a sont regroupées dans un Bronze ancien évolué qui correspond à l’épa- nouissement des cultures classiques d’Europe centrale. L’abondance des ensembles autorise une bonne sériation typologique, mais l’évolution étant continue, il n’est pas possible d’établir une limite claire entre les deux phases. L’insuffisance des dates dendrochronologiques et des dates C14 contradictoires ne facilitent pas le calage en chro- nologie absolue.

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Dans la zone du Danube moyen, le complexe Únětice – Unterwölbling – Straubing est remplacé par celui de Mad’arovce – Věteřov – Böheimkirchen.

En Bavière, le groupe de Straubing se dissout déjà à la fin de l’horizon des épingles à bélière et il est remplacé par le groupe Sengkofen/Jellenkofen qui constitue un faciès céramique du complexe Mad’arovce – Věteřov – Böheimkirchen (David 1998, p. 109 et 111 ; Id. 1998b ; Id. 2006). En Italie du Nord, le faciès de Barche di Solferino se substitue à la culture de Polada stricto sensu. Quant à la culture du Rhône, elle atteint son extension maximale.

Dans la zone orientale, la famille des épingles à tête globuleuse perforée est représentée par le type Langquaid à tête et col décorés de stries hori- zontales et à tige le plus souvent torsadée (fig. 5, B-E) (voir notamment le dépôt éponyme, David 2002, pl. 201, 1-9 ; 1996, p. 177-178 ; 2002a, p. 72-74).

Dans plusieurs tombes féminines, une paire de ces épingles est associée à des spirales ou des bracelets (fig. 5, D-E) (David 2002, pl. 289), ce qu’on retrouve en Suisse occidentale, mais avec une seule épingle à tête enroulée et col torsadé associée à des spi- rales (fig. 6, C) (David-Elbiali 2000, pl. 17). Il faut relever l’exemplaire isolé d’Ancey (Côte-d’Or, F) qui est décoré de stries horizontales sur la tête et le col (Bonnamour et al. 1976, fig. 1, 15).

Dans la culture du Rhône se multiplient les épin- gles à bélière, alors qu’elles ont disparu à l’Est. Une

observation attentive montre que si elles repren- nent effectivement le schéma úněticien classique, il s’agit bien d’une forme locale distincte, avec des pièces plus graciles, de longueur plus diversifiée et souvent non décorées, et pour certaines dotées d’une tige double (fig. 6, A et D) (David-Elbiali 2000, ill. 66).

Plusieurs pointes de lance, attribuables à la fin de cette phase (BzA2b-A2c), montrent une décoration très proche qui laisse envisager que les ensem- bles auxquels elles appartiennent peuvent être considérés comme contemporains. Il s’agit notam- ment des dépôts de Sigriswil – Ringoldswil (Bern, CH) (David-Elbiali 2000, pl. 23), de Neuhof an der Zenn (Neustadt, D) (David 2002, pl. 202, 10-12) et de trois trouvailles slovaques – Barca, Nitriansky Hrádok et Bratislava (David 2002, pl. 97, 1-2 et 4 ; Id.

2006a, p. 227, pl. 5). Un exemplaire provient aussi d’Arbon-Bleiche 2 (Thurgau, CH) (Hochuli 1994, pl. 86, 832). À Sigriswil, parmi les objets associés, on trouve deux haches spatules de type Bevaix classique, une des productions métalliques les plus caractéristiques de la culture du Rhône (fig. 6, B) (David-Elbiali 2000, ill. 29, carte 11). Des exem- plaires isolés sont documentés dans les dépôts de Kläden (Stendal, D) et de La Baragalla (Reggio- Emilia, I) (De Marinis 1976) (fig. 9, D). Une hache de type Sigriswil a d’autre part été exhumée à Fiavè (Trento, I) de l’horizon 3/4, ainsi qu’une hache de type Lodigiano (Perini 1987, p. 22, fig. 5, a et b), type retrouvé aussi à Sigriswil. Le dépôt éponyme de Lodigiano (Cremona, I) a livré des haches caractéristiques de cette phase (De Marinis 1975). Ces différents dépôts permettent de recons- tituer un horizon chronologique cohérent tardif du BzA2b.

La deuxième phase de construction de la station de Bodman-Schachen I (couche B) est datée entre 1644 et 1640 av. J.-C. et a livré de la céramique qui pré- sente des affinités avec celle de la région de Zürich (Köninger 2006) et une tasse de type Sengkofen (Möslein 2001, p. 20). À Meilen – Schellen (Zürich, CH), une occupation Bronze ancien est attestée entre 1660 et 1641 av. J.-C. (Conscience 2005). À l’intérieur de la couche d’habitat ont été retrou- vées une hache de type Langquaid II et une petite épingle tréflée non décorée (fig. 10, D). La cérami- que comprend maintenant aussi des formes basses et des profils segmentés. Les réseaux de cordons

Fig. 6. Ci-contre, « Koinè » nord-alpine occidentale. Mobiliers de sépultures du BzA2b, BzA2c et BzB ancien. Échelle : 1/4 (A, B, C, F, G, H, I, K : David-Elbiali 2000, pl. 20, E ; pl. 19 ; pl. 17, C ; pl. 22, A ; pl. 20, D ; pl. 26, A ; pl. 26, B ; pl. 25, B. D : SPMIII, fig. 14, 29-31. E : Zumstein 1976, pl. I, 3. J : Mordant et Pétrequin 1989, fig. 3).

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articulés qui ornent la moitié supérieure des jarres sont caractéristiques (fig. 10, D). Le crépissage est encore occasionnel. Le deuxième village Bronze ancien de Concise – Sous Colachoz est daté entre 1645 et 1620/1619 av. J.-C. (Winiger et al. 2004). Le matériel archéologique des phases récentes y est compacté dans une couche de réduction, mais il semble probable que ce niveau puisse être mis en relation avec les tasses carénées de type Roseaux et les jarres à réseaux de cordons, qui évoquent le cor- pus de la station éponyme de Morges-Les Roseaux (Vaud, CH). Plusieurs sites littoraux permettent de situer un moment récent du BzA2b aux envi- rons de 1650 ± 25 av. J.-C. En France orientale, une partie du niveau Bronze ancien de Lyon – Vaise (Boulevard périphérique nord) (Rhône, F) pourrait aussi remonter à cette phase au vu de la cérami- que à réseaux de cordons (Piningre et Vital 2006, p. 289-292, fig. 2-3).

En Italie du Nord, le faciès Barche di Solferino se caractérise par une décoration de la cérami- que constituée de motifs cruciformes, de bandes entrecroisées et de lignes ondulées ou en zigzag.

Cet horizon a été identifié à Lavagnone 4, Canàr phase II et Fiavè 3 (De Marinis 2000, p. 117). La découverte sur le site de Fiavè d’une hache de type Langquaid II assure la corrélation avec le BzA2b au nord des Alpes (Perini 1987, p. 22, fig. 5, b).

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Cette phase est toujours caractérisée dans la partie orientale par des épingles à tête globuleuse ou conique perforée, avec une variante tardive qui possède une grosse tête creuse, le plus souvent décorée de triangles (fig. 5, F, G et I) (David 1998, p. 119-121 ; 2002, pl. 298-301). Dans la zone intermédiaire de la Suisse orientale et de l’Allemagne du Sud, grâce aux fouilles palafittiques, on suit l’évolution de ce type pendant tout le XVIe siècle av. J.-C. : la première variante date du BzA2c et la dernière du BzB ancien, pour évoluer au BzB récent en épingles à tête lenticulaire, col perforé et tige carrée, ondulée et pointillée (David-Elbiali 2000, p. 272, fig. 15).

Ces formes atteignent la Suisse occidentale et la France orientale (fig. 5, E) (David-Elbiali 2000, ill.

68, carte 31). Elles se retrouvent aussi en Italie du Nord, notamment au Lavagnone (De Marinis 2002, p. 42, fig. 16, 10), à Cisano (Verona, I) (Aspes 1982, fig. 40, 2) et à Ledro (Rageth 1974, pl. 19, 2-3), alors qu’à Fiavè 4 c’est un spécimen à petite tête et tige torsadée qui a été exhumé (Perini 1987, pl. II, 9). En

l’absence de ces épingles, cette phase est parfois difficile à individualiser. À l’Est, les types présents dans les dépôts du BzA2b de Langquaid (Kelheim, D), Neumetely (Bohême) et Rupprechstegen (Nürnberger Land, D) se retrouvent dans leurs variantes évoluées dans les dépôts BzA2c de Lužice (Bohême) ou de Czeszewo (Pologne) (David 1998, p. 121 ; Id. 2002, p. 352, pl. 201-203, 217 et 232).

De son côté, la culture du Rhône prise toujours les épingles à bélière avec une ultime variante, dite type suisse occidental (fig. 6, F et G). À Saint-Martin – Le Jordil (Fribourg, CH), elles sont associées à des poignards cannelés et à deux haches de type Ollon et à talon précoce, alors qu’à Broc – Villa Cailler T.2 (Fribourg, CH), elles se retrouvent avec une hache de type Langquaid II et un poignard de type Broc (fig. 6, G). Les poignards de type Broc s’observent, dans la zone orientale, au BzA2b-A2c notamment à Statzendorf T.9 (fig. 5, G), Kirchheim (Traunstein, D), Borotice H.2/T.II (Moravie) et Gemeinlebarn F T. Parcelle 27,2 (David 2002, pl. 295, 7-9 ; pl. 296, 4-5 ; pl. 298, 1-3). Une sépulture probablement à incinération de Casale Monferrato San Germano Vallare (Alessandria, I) a aussi livré un poignard de type Broc et une hache proche du type Mägerkingen confirmant la présence de ce type en Italie du Nord (fig. 9, E) (Venturino et Villa 1993).

C’est à partir de cette phase que la culture de Landsberg/Arbon est pleinement développée en Suisse orientale et en Allemagne du Sud. Elle s’étend des rives du lac de Zürich à la Basse-Bavière (Möslein 2001, p. 23-24, fig. 3). Le troisième horizon Bronze ancien de la station de Bodman-Schachen I (couche C), daté entre 1618 et 1591 av. J.-C., a livré une hache de type Langquaid à rebords développés et une épingle à tête globuleuse perforée en biais et décorée de triangles (Köninger 2006, pl. 11). En Suisse orientale, le site de Wädenswil – Vorder Au (Zürich, CH), avec un seul niveau d’occupation entre 1607 et 1598 av. J.-C., constitue la meilleure référence pour la céramique (fig. 10, G) (Conscience 2005). De la couche proviennent une épingle à tête annulaire et une à tête enroulée et col torsadé, comme à Yverdon-Garage Martin (Vaud, CH) (Kaenel 1976, pl. 30, 45). Sur les deux premiers sites, la céramique ornée de riches décors géométriques tracés est caractéristique du groupe d’Arbon. Les réseaux de cordons sont encore fréquents à Wädenswil et on y observe aussi les premiers décors couvrants sur panse et le

Fig. 7. Ci-contre, « Koinè » danubienne. Mobiliers de sépultu- res du BzB récent et BzC1. Échelle : 1/4 (A à F : David 2002, pl. 329, 3-12 ; pl. 327, 1-3 ; pl. 310, 5-11 ; pl. 331 ; pl. 316, 1-6 ; pl. 347. G, H : Koschik 1981, pl. 33, 2-5 ; pl. 100).

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