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John Middleton est un Londonien bien connu à Seymour Street

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Academic year: 2022

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LA JOURNÉE D'UN

" UNDERWRITER "

DU LLOYD'S

J

ohn Middleton est un Londonien bien connu à Seymour Street où i l habite et à Leadenhall Street dans la City, où i l tra- vaille.

Passons avec ce John Middleton une journée du début de no- vembre 1805, exactement le jeudi 7 novembre, jour mémorable pour les Anglais et John Middleton. Ne fêteraient-ils pas la vic- toire de Trafalgar, victoire attristée par la mort de leur héros ?

Il sied d'abord de décliner titres et qualités de John Middleton.

Assureur maritime, underwriter à la Corporation des Lloyd's, Middleton se prévaut avant tout du titre envié de membre du Beefsteak Club. Ce soir même, i l en arbore les insignes : gril cer- clé d'or, gravé de ces mots « Beef and Liberty ». Cet emblème, il le porte ostensiblement en breloque, accroché à la lourde chaîne d'or qui barre son gilet, plus discrètement sur une bague, égale- ment en or. John Middleton va, ce soir du 7 novembre, pour la première fois recevoir à dîner à la table du célèbre club un de ses amis, Samuel Whitbread II, propriétaire de la plus grande brasserie de Londres, qui vient d'y être élu grâce à une campagne active menée par l'underwriter auprès des vingt-deux autres mem- bres.

Middleton, à cinquante ans, est alerte malgré un embonpoint dû à de trop copieux repas, à l'absence d'exercices physiques. Il se promet tous les jours d'utiliser moins son cab pour aller à son office et de faire un bout de trajet à pied ; ce beau projet est renvoyé sine die chaque jour.

Le Tout-Londres, celui de la City, des « premières » à Covent

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Garden et à Drury Lane, celui des coffee houses, connaît Middle- ton, figure sympathique aux yeux bleus de porcelaine, deux traits rieurs entre les boursouflures des paupières, aux joues coupe- rosées, ornées de deux touffes de poils roux. Ces touffes viennent compenser l'absence de cheveux du front largement dégarni.

John Middleton porte un habit ail wool (pure laine), couleur foncée, du suprême bon ton, tissu de première qualité, bonne coupe d'un maître tailleur de Sackville Row. Seul, le gilet de couleur plus claire coupé droit sur le ventre, donne une note personnelle et gaie à ce parfait uniforme de gentleman. Middleton fait venir la soie de ses gilets du Siam où un de ses amis a une agence d'import-export.

Les culottes d'un tissu clair moulent bien ses courtes jambes chaussées de bottes d'un cuir de haute qualité. Le chapeau est haut de forme, à bords étroits et courbés comme les ailes d'un cygne. La partie supérieure de la calotte est largement renflée.

Le col blanc qui maintient la tête, haute et droite, est lui-même cerclé d'une cravate blanche qui descend en jabot sur la chemise immaculée : cette propreté du linge est, comme chacun le sait, une prérogative orgueilleuse des insulaires britanniques qui vivent entourés d'eau et de prairies.

L'hiver, Middleton porte une redingote gris foncé dont le col est orné d'une fourrure noire. Ainsi Middleton est fashionable, qualificatif qui renferme l'idée de mode, de bon ton, de rang. Il ressemble au John Bull des dessins, des caricatures.

Revenons à ce jour du 7 novembre 1805. John Middleton n'a guère dormi la nuit précédente, pas plus que son épouse Dorothy, pas plus que son fils unique Anthony, jeune dandy de dix-huit ans qui, lui, n'était rentré de Seymour Street qu'à cinq heures du matin, pas plus que beaucoup de Londoniens. L'Angleterre fêtait la victoire remportée le lundi 21 octobre 1805 sur les flottes hispano-françaises à Trafalgar. On avait dansé toute la nuit au club aristocratique d'Almack, au populaire Vauxhall et dans tous les bouges de Londres. Covent Garden avait donné la comédie She would and she would not. Toutes les places avaient été ven- dues plusieurs jours d'avance, car on savait que la soirée devait se terminer par un solennel et romantique hommage à Horatio Nelson.

Sur le coup de 9 ajm. (ante méridien) le cab de John Middleton vint se ranger devant les marches du perron flanqué de quatre colonnes corinthiennes du plus bel aspect. Le cocher Smith, le cheval et la voiture étaient à l'image de leur maître : propres, brillants comme un penny neuf.

Mr Smith avait attelé le cab dans le mew, ruelle située derrière

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Seymour Street, à proximité de Hyde Park. Là se trouvaient une suite d'écuries qui sentaient fort le crottin, où messieurs les cochers, personnages importants, faisaient reluire les cuivres des lanternes, briquaient les roues aux rayons peints, époussetaient les sièges, pansaient les chevaux.

John Middleton grimpa lestement dans la voiture, M r Smith se hissa sur le siège, élevé, à l'arrière, et fouette cocher !

Le trajet était chaque jour le même, mais ce matin-là on eût dit que tout Londres était dehors. On s'arrachait les journaux.

Beaucoup de magasins exhibaient des portraits de Nelson, des maquettes de vaisseaux, des pavillons, des placards reproduisant les poèmes enthousiastes. Dès Fleet Street, Holborn, les voitures ne pouvaient plus avancer. Sur les trottoirs — de belles dalles que l'on foule de toute la plante des pieds — John Middleton remar- qua qu'on entourait avec sympathie quelques marins, peut-être ceux du Victory.

Les bureaux de John Middleton étaient situés au premier étage d'une maison de briques, qui en comportait trois. Située dans Leadenhall Street, en plein centre de la City, à proximité du Stock Exchange où se trouvaient la salle et les bureaux du Lloyd's, la

« Royal Maritime Insurance Company » était presque centenaire.

Au-dessus du bureau en acajou massif de Middleton, un portrait : celui du fondateur de la Compagnie, George Clifford Middleton.

En entrant à Leadenhall Street ce matin-là, John eut un regard pour le portrait de son grand-père. Il se demanda quelle eût été sa pensée en ce jour où, toute menace étrangère ayant disparu sur mer, les navires assurés par le Lloyd's allaient pouvoir navi- guer en toute tranquillité. Les primes de guerre seraient suppri- mées ; l'on reviendrait au temps de paix : naufrages, incendies, avaries...

John Middleton fut accueilli par son employée. Elle avait les yeux bouffis. Sans doute avait-elle passé une partie de la nuit à danser comme tant d'autres, dans les jardins de Vauxhall.

Trafalgar ! Middleton ne pouvait faire aucune observation. Tout en caressant des doigts les touffes de poils de ses joues, i l pensa intensément à ceux qui l'avaient précédé à ce bureau d'acajou, massif, solide, fait pour durer des siècles ! Son fils Anthony sui- vrait-il ses traces, celles de ses ancêtres ? Viendrait-il un jour à ce bureau ? I l ne le semblait pas. Anthony ne pensait qu'à s'habil- ler d'une façon extravagante, à porter les cheveux trop longs, à fréquenter des filles et des boxeurs.

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Histoire du Lloyd's

Middleton entendait encore son grand-père, George Clifford Middleton, raconter au petit enfant qu'il était alors une étrange histoire :

« Tu vois ce café, disait-il, en montrant la façade aux volets clos d'un établissement, Tower Street, à proximité de la Tamise ; i l est aujourd'hui fermé et demain, pour permettre la construction de nou- velles maisons, i l sera détruit. C'est peut-être dommage. Je ne l'ai pas fréquenté moi-même, mais c'est l'endroit où la corporation des Lloyds dont je suis membre — et le grand-père se redressait en disant cela — a vu le jour vers 1688. A cette époque vivait ici un certain Edward Lloyd, né vers 1648 et il tenait un café, Comme ce café était situé près de la Tamise, les capitaines de navires avaient l'habitude d'y monter.

Ils s'attablaient, ils y buvaient de la bière, des punchs, du vin et ils parlaient de leurs affaires. Venaient aussi dans ce café des marchands de la City Un jour, l'un d'eux lança, comme un pari, à un capitaine :

« Le sacre que vous allez ramener des Antilles risque de se perdre pendant le voyage et votre bateau aussi. Combien valent navire et cargaison ? » Le capitaine qui était aussi propriétaire du bateau donna un chiffre. « J'aimerais assurer le tout contre une prime dont on fixera le montant et que vous me verserez, répondit l'autre. Si le bateau et le sucre arrivent à bon port, je ne vous devrai rien. En cas de sinistre, je vous paierai le montant de la perte. Mais c'-est trop pour moi seul.

Y a-t-il quelques personnes ici intéressées à cette affaire, une bonne affaire, du moins je l'espère ? »

Quelques marchands levèrent la main, dirent un chiffre. Alors Edward Lloyd, qui avait écouté, apporta une feuille de papier, de l'encre, une plume d'oie. Il nota lui-même le nom du navire, son ton- nage, le nom du capitaine, la date, la valeur de la marchandise, etc.

Chaque membre écrivit de sa propre main la valeur qu'il couvrait.

En face, il signa. Ainsi les signatures s'étagèrent les unes en dessous des autres. De là, le nom à'underwriter, ce que je suis aujourd'hui, ce que tu seras un jour, John.

Cette histoire avait frappé son imagination d'enfant. Devenu adolescent, i l en avait appris la suite.

L'habitude était venue de se réunir chez ce M r Lloyd entre assureurs, propriétaires de navires et capitaines. Les contrats d'assurances maritimes se discutaient, se signaient sur les tables du café. En 1691, le café de Tower Street étant devenu trop petit.

Lloyd se transféra au 16 Lombard Street. En 1696, alors que déjà s'édifiait sa fortune, M . Lloyd eut l'idée de faire imprimer un journal, les Lloyd's News. 11 le publia d'abord trois fois par se-

maine, à partir de février 1697. Il donnait les noms des navires en partance, de ceux qui arrivaient, de ceux qui avaient subi du mau- vais temps, de ceux qui étaient perdus corps et biens, et ce jour-là

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c'était la consternation parmi les underwriters : ils devaient payer !

En 1701, M r Lloyd établit la première liste de tous les navires anglais, aujourd'hui publiée sous le nom de Lloyd's list. Et Edward Lloyd mourut.

Son nom était resté. La compagnie Lloyd avait connu ensuite de nombreux avatars. Certains de ses membres, jugeant que tout cela n'était pas bien sérieux, s'étaient séparés. Un autre café con- current s'était établi sous le nom de New Lloyd's Coffee House à Pope's Head Alley et avait publié un journal rival : la New Lloyd's list. De cela i l y avait seulement trente-six ans. Depuis lors, la corporation avait pris une si grande extension qu'elle s'était trouvée à l'étroit dans le café de Pope's Head Alley. E n 1771, soixante-dix-neuf underwriters et brokers (courtiers) souscrivi- rent chacun une action de cent livres sterling pour construire une nouvelle maison. On s'y transféra pour recevoir plus commo- dément ces messieurs les underwriters.

Le premier comité du Lloyd's avait été constitué par neuf underwriters élus. Ainsi les Lloyds devenaient la propriété exclu- sive des underwriters et brokers. E n mars 1774, la corporation était officiellement reconnue.

Peu de temps après, un certain M r J.J. Angerstein avait obtenu l'autorisation de louer de nouveaux locaux au Royal Exchange où, en cette année 1805, les membres du Lloyd's étaient installés.

John Middleton se leva, fit quelques pas dans son bureau, alla jusqu'à la fenêtre à guillotine et regarda dans Leadenhall Street.

Business, business, money, money... Cette City n'était qu'une usine à argent !

A midi, ïunderwriter quitta son bureau, i l n'avait que quelques pas à faire pour aller chez George and Vulture, un restaurant ré- puté de la City, situé dans une ruelle donnant dans Cornhill (1).

II y avait foule dans la petite salle voûtée. Des gentlemen très dignes attendaient debout, sans un mot, qu'une table fût libre.

Mr Middleton prit sa place dans la queue. Tous ces messieurs gardaient leur couvre-chef sur la tête. La salle était bruyante, ce jour-là, beaucoup plus que de coutume. Les mots de Covent- Garden, de French ships, de Spanish ships, Victory, émergaient du brouhaha. N'ayant pas voulu payer à des revendeurs deux fau- teuils plus cher que le prix affiché, Middleton et sa femme n'avaient pas assisté à la représentation de la veille et i l regrettait qu'à l'en- tracte on ne l'eût pas vu au foyer.

Une place se trouva libre. M r Middleton se découvrit, accrocha

(1) Ce restaurant existe encore. On dit que Dickens y aurait é c r i t un essai : Bardell et Pickwick.

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son haut-de-forme à une patère et s'assit sur la banquette de cuir.

Cette banquette de cuir lui rappela son box au Stock Exchange, une sorte de compartiment avec seulement deux banquettes de cuir autour d'une table-bureau, des étagères .pour les dossiers et les cartes marines. Les underwriters avaient fait construire ces boxes dans leur nouvelle salle en prenant modèle sur celles du Lloyd's Coffee House. C'est ainsi qu'on maintient les traditions.

Les voisins de Middleton, deux banquiers de la City, parlaient assez haut pour que Middleton entendît leur conversation, ce qu'il réprouva fort, car un gentleman ne doit pas élever la voix. Ils parlaient des cadeaux somptueux offerts par la City, par le Lloyd's à Lady Nelson : de lourds services en argent, des coupes, des vases en vermeil. Qu'allait devenir toute cette fortune ? La veuve Nelson était insignifiante, réservée... Les deux voisins de table parlèrent ensuite des décorations de Lord Nelson. Il en avait reçu de quoi garnir des vitrines et plusieurs d'entre elles étaient de véritables bijoux. Et cet ordre du Bain, pièce d'orfèvrerie, bijou que Sa Majesté le roi avait donné en toute propriété au héros de Tra- falgar, alors qu'il est d'usage de ne le considérer que comme un prêt qui doit être rendu par les héritiers...

Soudain, Middleton entendit son voisin de banquette dire à son ami : « Connaissez-vous les mots qui sont gravés sur l'ordre du Bain ? Non ! Eh bien, c'est « Tria juncta in uno ». Et ce n'est pas une allusion à un ménage à trois, croyez-le. » Middleton rougit jusqu'aux oreilles. Non, ces individus n'étaient pas des gentlemen.

Une heure plus tard, Middleton pénétrait dans le Stock Exchan- ge, salle des Lloyd's. Il avait été salué par un homme en pèle- rine de couleur claire bordée d'une large pièce de passementerie orange, coiffé d'un haut-de-forme dont le ruban était de la même couleur orange. C'était le surveillant de l'entrée, un ancien marin qui connaissait tout le monde des assureurs maritimes.

Pour pénétrer dans la grande salle du Lloyd's, i l fallait remettre un ticket qu'on obtenait quotidiennement sur présentation de piè- ces d'identité. Middleton, fils et petit-fils à!underwriters, devait se conformer comme les autres à cette coutume. Middleton étant arrivé un des premiers, ï'underwriler room était aux trois quarts vide. Le coller, vêtu d'une pèlerine semblable à celle du surveillant de l'entrée, était à son poste dans le « rostrum », sorte de tribune d'où, à l'aide d'un mégaphone, i l appelait les courtiers demandés par leurs collègues.

John se dirigea tout droit vers son box où un de ses employés l'attendait. Il était chez lui, comme dans son bureau de Leadenhall Street. Sur les étagères i l trouvait les documents concernant les navires assurés en tout ou partie par lui, des exemplaires de la

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Lloyd's Marine Insurance Policy, adoptée depuis 1779 par tous ses collègues, des imprimés qui servaient pour les avaries communes et pour les contrats à la grosse.

Le livre auquel Middleton tenait le plus était là, à sa portée.

C'était ÏVnderwriter's Register appelé « Green Book » à cause de sa couverture verte. En fait, imaginé par Edward Lloyd lui- même et publié pour la première fois en 1760, le registre contenait la date de la construction de tous les navires, le nom du chantier naval qui les avait construits, leur tonnage, leurs caractéristiques respectives. En lisant ces lignes, l'underwriter pouvait d'autant mieux connaître la vie, les qualités d'un navire que depuis 1797

— i l y avait donc à peine huit ans de cela — une nouvelle classi- fication avait été instituée pour les navires : A l , A2, B l , etc. John Middleton avait été un des avocats de cette nouvelle classification.

Sa victoire lui avait valu un aimable surnom : « Mr. A. one ».

A peine « M r . A. one » était-il installé à son box qu'un courtier se présenta. Il tenait à la main son slip, une feuille de papier pliée où étaient écrits les détails d'un risque à courir. Le navire avait un bon classement. Middleton l'avait déjà assuré maintes fois, mais aujourd'hui i l transportait de l'or. L'underwriter n)e refusa pas ; cependant i l demanda un tel taux de prime que le courtier alla porter sa feuille à d'autres underwriters afin qu'ils couvrissent tout ou partie de ce risque extraordinaire en y écri- vant un chiffre et leurs initiales. Middleton n'aimait pas couvrir de pareils risques. Sa chance s'était affirmée quand en 1799 i l avait refusé de s'inscrire sur le slip d'un navire La Lutine qui se ren- dait de Yarmouth Roads à Hambourg avec un chargement d'or en lingots. Le 10 octobre 1799, prise dans une violente tempête, H.M.S. Lutine avait sombré au large de Terschelling et les assu- reurs avaient perdu environ 1 400 000 livres sterling, valeur du navire et de sa précieuse marchandise.

Depuis cette époque, Middleton avait été considéré comme un homme doué d'une sorte de prémonition (1).

Ce jour-là on ne porta aucun nom de navire sur le Casualty Book, livre où, chaque fois qu'un navire est perdu, son nom est écrit à la plume d'oie. John Middleton quitta le Stock Exchange.

Il se sentait heureux et fier d'être Anglais.

(1) Par la suite, les assureurs firent entreprendre le sauvetage de l'or de La Lutine. Plusieurs ^tentatives furent faites. Certaines avec succès puisque l'on récupéra dans les années qui suivirent un canon, la montre du capi- taine, le gouvernail avec le bois duquel on fabriqua un siège et une table qui se trouvent encore aujourd'hui dans la salle des underwriters aux Lloyds, enfin la fameuse cloche de La Lutine qui fut accrochée en 1859 au-dessus du

« rostrum ». Quand un sinistre survient, le caller fait sonner une seule fois la cloche de La Lutine. Quand il s'agit d'une bonne nouvelle, la cloche des Lloyds sonne deux fois... La tendance est aujourd'hui de n'utiliser la cloche de La Lutine que pour la solennelle annonce d'une cérémonie officielle.

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Samuel Whitbread

En fait, tout en marchant, Middleton pensait à son ami Samuel Whitbread II qui, ce soir, allait faire son entrée au Beefsteak Club. Samuel avait succédé à son père qui portait lui aussi le prénom de Samuel. Il lui avait succédé non seulement à la tête de la célèbre fabrique de bière mais au Parlement où i l repré- sentait la ville de Bedford dont sa famille était originaire. Le jeune homme avait fait ses études à Eton, Oxford, Cambridge, autant dire que c'était un parfait gentleman. Libéral, i l avait souvent dé- fendu au Parlement ses idées sur la liberté, la paix avec la France et harcelé, comme le faisait son chef Charles James Fox, les gou- vernements Tory. Middleton admirait Samuel plus pour son élo- quence, ses idées, que pour la façon assez lointaine avec laquelle il gérait la grande brasserie (1).

C'était pourtant une bien belle affaire que lui avait laissée son père établi fabriquant de bière, à vingt-deux ans, en 1742, à l'angle de Old Street et de White Cross Street, à environ un quart de mille de Chiswell Street où était maintenant installée une brasse- rie plus moderne.

Middleton se souvenait d'avoir visité la fabrique. Il avait admi- ré le Porter Tun room (la salle du tonneau de porter) (2). compa- rable par ses dimensions, par sa majesté, au hall de Westminster.

En 1815, Samuel Whitbread avait adopté la nouvelle invention, la vapeur, et fait dessiner une machine par Boulton et Watt, les fameux constructeurs de Birmingham. Tout Londres avait défilé devant cette « prodigieuse machine à vapeur » qui montait le malt, élevait la « liqueur », et faisait le travail de dix à quatorze chevaux.

Ce n'était pas cependant cette première machine à vapeur que le jeune Whitbread avait montrée à son ami Middleton mais une

(1) The Story of Whitbread's. Whitbread et Co. Ltd, Londres.

(2) Porter. Avant 1722, les boissons de grains étaient l'aie ou bière pro- prement dite, et le two-penny (le quatre-sous) ; les buveurs avaient l'habi- tude de demander une pinte avec un mélange, moitié l'une moitié l'autre.

Certains demandaient jusqu'à trois boissons mêlées et le cabaretier était obligé d'aller à trois tonneaux pour une pinte de boisson. Un brasseur nom- mé Harwood pensa qu'on pourrait éviter cette peine et cette perte de temps et il imagina de composer une boisson qui tînt à la fois de l'aie, de la bière et de two-penny. Il appela sa nouvelle boisson bière entière — et c'est pour cette raison que sous presque toutes les enseignes des marchands de bière, on vit longtemps, à la suite de leur nom, entire : c'était de la bière d'un seul tonneau, et d'un seul robinet. Elle était fortifiante, très nourrissante et elle convenait surtout aux portefaix, aux porteurs (porters), d'où son nom.

La quantité de bière qui se brassait annuellement vers 1818 était de 1 316 345 barils de 36 gallons chaque. Outre la brasserie Whitbread, il y avait celle de Barclay, Perkins et Co, Meux et Co, Truman et Co.

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machine plus moderne, plus rapide et plus puissante puisqu'elle faisait le travail de soixante-dix chevaux (1).

En 1796, le père Whitbread étant mort, Samuel, deuxième de la dynastie, se trouva à la tête de la brasserie, d'un hôtel dans le West End et d'une galerie de tableaux dont le joyau était un portrait de Samuel Whitbread par Sir Joshua Reynolds. Peu après prenait place à la cimaise du grand salon un portrait de Samuel Whitbread II par Thomas Gainsborough à côté d'un autre de John Opie. Tel était l'homme charmant, idéaliste, ami des peintres, qui avait été élu au Beefsteak Club, et qui, ce même soir, allait y être reçu (2) avec la pompe un peu grotesque qui était de tra- dition. L'après-midi avait paru long à Middleton. Dès six heures et demie, i l quittait son bureau pour se rendre à Covent Garden.

La Sublime Society siégeait dans les combles du théâtre.

Le Beefsteak Club

Pour y parvenir, i l fallait entrer par la porte de service de Brown Street, parcourir des couloirs encombrés de décors et grimper un escalier en colimaçon qui sentait la poussière, la colle forte, la peinture. On pénétrait enfin dans un vestibule assez obscur, où une table portait un livre ouvert. Les membres du club signaient sur la page du jour. Le style gothique de la salle à manger, au plafond à caissons, donnait à ce lieu socio-saint un aspect solennel, mi-temple, mi-parlement ; cependant, si on y re- gardait de près on ne tardait pas à s'apercevoir que tout cela n'était qu'un décor monté d'une façon définitive par les ateliers de menuiserie et de peinture de Covent Garden.

Arrivé un des premiers, Middleton but un porto de qualité.

C'était John Rich, auquel le théâtre de Covent Garden et le Beef- steak Club devaient leur existence qui, le premier, avait apprécié ce porto dans une taverne voisine ; et, depuis lors, la même mai- son en fournissait régulièrement aux distingués membres de la Sublime Society.

Bientôt, le président arriva, se débarrassa de son manteau et de ses bottes au ward room signa et vint s'asseoir à la table de Middleton. Us parlèrent de la victoire de Trafalgar et de ses im- menses conséquences : pour longtemps, l'Angleterre était la seule maîtresse des mers.

A huit heures, dix-huit membres de la Société étant présents (le nouvel élu ne devait être reçu que plus tard), on se mit à table.

(1) Cette machine a travaillé pendant un siècle. Elle est aujourd'hui au Museum of Technology de Sydney (Australie). •

(2) Si toute l'histoire des Whitbread et de leur brasserie est rigoureu- sement exacte, son élection au Beefsteak Club est imaginée.

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Le président alla s'asseoir dans un fauteuil héraldique dont le siège et le dossier étaient en cuir de Cordoue. Au montant droit du dossier était accroché un chapeau à plumes, à celui de gauche un tricorne.

Le président compta cinq sièges vides. Il se leva avec une solennité affectée, et s'éclaircit la voix avant d'annoncer :

« Messieurs, Leurs Altesses Royales, les ducs de Sussex et d'York qui ne peuvent venir, retenues qu'Elles sont par les fêtes officielles données à l'occasion de notre victoire de Trafalgar, ont bien voulu me faire parvenir leurs regrets. Mrs John Elliot et John Churchill (1) se sont également excusés. Quand Sir Samuel Whitbread siégera parmi nous, nous serons au complet, vingt- quatre. Messieurs, avant de commencer, je vous convie à porter un toast à la santé de notre souverain, mais auparavant, i l me faut choisir la chanson du jour. Ce soir, elle ne peut être ni gaie ni drôle et encore moins comique, je vous propose God save the King qui est de circonstance. Selon la tradition de notre compa- gnie, je vais chanter seul quoique n'ayant aucune voix. Vous re- prendrez en chœur ! »

Ainsi fut fait. Beaucoup avaient les larmes au bord des yeux quand le président leva son verre de porto et s'écria : « Je porte un toast à notre souverain, le grand roi George ! » Chacun, imitant en cela le président, porta le verre à ses lèvres en ayant soin de ne pas boire plus que lui.

Le repas commença par un potage qui fut dégusté en silence.

Le président était un homme âgé qui aimait parler en s'écoutant un peu, briller en faisant étalage de son érudition.

« J'ai porté tout à l'heure, messieurs, un toast (2) à notre roi, dit-il enfin. Savez-vous l'origine du mot toaster ? Oui, je sais, vous allez me répondre qu'autrefois on mettait un morceau de pain rôti au fond du verre... Mais i l n'y a pas que cela... E h bien, voici : le mot toaster et la cérémonie qu'il exprime viennent du fait historique suivant : une maîtresse d'un roi d'Angleterre — Henry VIII, je crois — se baignait en présence de quelques cour- tisans ; l'un d'eux avala, par galanterie, une tasse d'eau puisée dans le bain de la déesse ; et chacun d'en boire à son tour. Le dernier dit : « Je tiens la rôtie », pour faire allusion à la coutume du temps où l'on buvait avec une rôtie au fond du verre. Or l'usage était autrefois, parmi les gens de bon ton, lorsqu'un gentilhomme buvait à la santé d'une belle, qu'il jetât dans le feu, pour l'honorer encore davantage, quelques parties de ses habits, ou toute autre

(1) Ces personnalités ont fait partie du Beefsteak Club, mais pas au moment dont nous parlons.

(2) Se traduit en français par rôtie.

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chose ; ses amis étaient obligés, par les lois de la table, de suivre son exemple, en consumant dans les flammes la même partie de leurs vêtements, quelle qu'elle fût (1).

— J'ignorais cette histoire, dit Middleton, et je vous remercie, cher président, de nous l'avoir fait connaître, mais permettez-moi de vous en dire une autre à propos de toaster.

« Un jour que Sir Charles Sedley dînait en société dans une taverne, un de ses amis s'étant aperçu qu'il avait une très belle cravate de dentelle, fit le sacrifice de la sienne, en portant un toast à sa maîtresse et Sir Charles ainsi que le reste de la com- pagnie furent obligés de l'imiter. Sir Charles supporta sa perte avec le plus grand sang^froid, en observant que la plaisanterie était fort bonne mais qu'il aurait son tour.

« Le lendemain, la même compagnie se trouvant réunie, Sedley au moment où il porta le toast à une des beautés du jour, appela le garçon de la taverne et lui ordonna de faire monter un dentiste qu'il avait fait mander exprès. A peine le dentiste fut-il entré, qu'il se fit tirer une mauvaise dent dont i l souffrait depuis longtemps et la jeta au feu. Les règles de la bonne société d'alors exigeaient que chacun de la compagnie suivît son exemple. Us le prièrent de vouloir bien ne pas prétendre rigoureusement à l'exécution de la loi ; mais les remontrances furent vaines et tous ses amis furent obligés de se mettre entre les mains de l'opérateur et comme ils faisaient la grimace : « Messieurs, leur dit Sedley, je vous l'avais bien dit que je m'amuserais à mon tour. »

Tous se mirent à rire. Le sergeant (cuisinier) apparaissait, poussant sur un chariot une énorme pièce de bœuf fumante. Selon l'usage de la compagnie, le sergeant, avant de découper de fines tranches, embrassa le livre de la Sublime Society en s'écriant :

« So beef and Liberty be my reward ! » (Que le bœuf et la liberté soient ma récompense ! )

Ensuite i l commença son office.

Les conversations allaient bon train et on en oubliait Sir Samuel Whitbread II qui devait arriver à neuf heures du soir.

Discrètement, Middleton fit un signe au maître d'hôtel d'activer

le service. j Le dessert fut un apple-pie à la croûte appétissante. De temps

à autre, le président, ou l'un de ces messieurs, se levait pour por- ter un toast à une dame, actrice de Covent Garden ou à l'épouse d'un de ces messieurs.

A neuf heures, Samuel Whitbread II fit son entrée au Beef steak Club. Il avait frappé fort à la porte avec le pommeau de sa canne,

(1) D'après P.-J.-B. Nougaret.

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et plusieurs fois, comme i l sied à un homme important, et le gardien s'était précipité pour lui ouvrir.

Whitbread était vêtu comme Gainsborough l'avait représenté : un habit couleur marron foncé au col largement échancré pour faire ressortir la cravate blanche enroulée plusieurs fois autour du cou avant d'être nouée pour retomber en une cascade imma- culée de dentelles. Ses cheveux blonds ondulés étaient si fournis qu'on pouvait croire qu'il portait perruque.

Middleton se précipita pour l'accueillir : « Soyez le bienvenu à la Sublime Society, dit-il. Venez. Je vais vous présenter au pré- sident et à chacun des membres de la compagnie qui vous reçoit ce soir. » Et i l l u i souffla : « N'oubliez pas que tous i c i ont voté pour vous... Même ceux qui ont déposé un bulletin au nom de votre adversaire ! »

Samuel serra des mains, remercia, fut félicité. C'est alors que la cérémonie commença. Le nouvel élu était encore dans l'anti- chambre. Après lui avoir servi porto et punch, on lui banda les yeux. A sa droite se plaça le président coiffé d'une mitre qui en faisait un Bishop pour la circonstance. Il tenait à la main les règles de la société écrites en caractères gothiques. Un autre mem- bre du club, à la gauche du nouvel élu, portait une épée dont le manche en argent était étrangement ciselé. On pouvait y voir une femme dans les bras d'un homme ! Suivaient les hallebardiers, frappant le sol de leurs armes. Tous ces accessoires venaient di- rectement des magasins de Covent Garden, et on disait que c'était John Rich lui-même qui les avait choisis. Ainsi, le cortège alla-t-il jusqu'au gril. A ce moment, le président mit son chapeau à plumes (le tricorne ne servait que lorsqu'il devait prendre une décision importante) et on enleva le bandeau des yeux de Samuel Whit- bread. Le président lut à haute voix les dix règles de la Sublime Society, dont voici les principales :

— Le nombre des membres de la Society ne s'élèvera jamais à plus de vingt-quatre.

— Si un siège est déclaré vacant, chaque membre présent pourra, dans les deux jours suivants, proposer une personne — non présente à la séance (1).

— Celui qui est élevé à la dignité de président supportera ce jour-là les dépenses du bœuf (The expense of the beef). Il pourra avoir un invité sans avoir à payer une pénalité.

— Les réunions auront lieu seulement à dîner. Celui-ci com-

(1) D'après The life and death of the Sublime society of Beefsteak, by Walter Arnold. London Bradbury Street, E.C. London 1811, Evans and Qo., 10 Bouverie. • —

(13)

3U2 L A J O U R N É E D ' U N « U N D E R W R I T E H » D U L L O Y D ' S

mencera à deux heures de l'après-midi. La table sera levée à trois heures trente (1).

— On ne servira pas de liqueur au-delà de la quantité primi- tivement admise après un vote à la majorité, avant six heures du soir.

— On peut avoir un invité moyennant cinq shillings par per- sonne. A certaines dates, le premier samedi de décembre et de février, aucun visiteur ne sera admis.

Suivaient six articles concernant le port des insignes (badges), l'exclusion en cas de plus de trois absences successives sans excu- ses admises, et même pour les délits et les crimes envers la Sublime Society.

Le président, après avoir lu le règlement, remit à Samuel Whitbread les insignes du club et une attestation précisant qu'il était membre du Beef steak Club. Enfin, verre en main, le président s'écria : « Je porte un toast à notre Sublime Society. « Ne fidos inter amicos sit, qui dicta forens elimet. » Tous répétèrent en réponse : « Ne fidos inter amicos... »

Puis le président ajouta : « Je porte un toast à la santé de la famille Whitbread. » Se retournant, i l jeta un farthing (2) dans l'âtre. Tous l'imitèrent, même Sir Samuel qui, faute de farthing, jeta un penny dans le feu.

Us burent. On parla de la soirée de la veille, soirée dont les fastes s'étaient déroulés à quelques dizaines de yards de là, en dessous, dans la salle du théâtre de Covent Garden.

Après la comédie She would and she would not, qui avait été l'occasion pour Miss Smith de briller dans son rôle d'Hypolits, on avait rendu « un rapide mais élégant hommage à la mémoire de Lord Nelson (3) ».

« Quand le rideau s'est levé, disait Samuel Whitbread, nous avons été surpris en voyant le décor : au premier plan, i l y avait les colonnes avec des portraits en forme de médailles représen- tant nos héros de la Marine. Dans le lointain, on apercevait des vaisseaux de guerre. Sur la scène, se tenaient Mr Taylor et les principaux chanteurs de Covent Garden. Ils avaient tous les re- gards tournés vers les nuages, alors que le portrait de Nelson descendait des cintres.

« J'étais dans une avant-scène, dit le président, et j ' a i pu lire l'inscription sous le portrait : « Horation Nelson, Ob. 21 st. Oct. »

(1) C'est intentionnellement que nous avons situé la réception de Samuel Whitbread II à neuf heures du soir pour nous permettre de décrire le déjeu- ner de John Middleton dans un restaurant de la Cité. D'après Hogg, the Ettrick Shepherd Fraser's Magazine, juillet 1833.

(2) La plus petite monnaie anglaise, un quart de penny.

(3) Compte rendu du Times du jeudi 7 novembre 1805.

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L A J O U R N É E D ' U N « U N D E R W R I T E R )) D U L L O Y D ' S 393

Mr Taylor et les chanteurs entonnèrent : Rule Britannia et les chœurs leur répondirent.

« J'ai pu obtenir une copie des vers qui furent dits, ajouta le président. Us sont de Mr Ashley, de Bath. Us furent déclamés par Mr Taylor qui, sous les applaudissements de la salle debout, dut les bisser (1). Mais écoutez plutôt :

Again the loud-toned trump of fame Proclaims Britannia rules the main, While sorrow whispers Nelson's name, And mourns the gallant Victor Slain.

Rule, brave Britons, rule the main, Revenge the God-like Hero slain.

(Encore une fois la tonitruante trompette de la renommée Proclame Britannia maîtresse des océans,

Tandis que la douleur dit tout bas le nom de Nelson Et pleure le courageux héros tué.

Soyez les maîtres, braves Britanniques, soyez les maîtres de la mer, Vengez la mort du héros pareil à un Dieu.)

Et les applaudissements de reprendre.

Un membre de la Society qui fréquentait la cour raconta comment le roi, étant à Windsor, avait appris par un messager, la veille, à huit heures du matin, la victoire de Trafalgar. Puis la conversation dériva sur le Beefsteak Club lui-même. John Middle- ton rappela que le célèbre acteur Garrick en avait fait partie, que son portrait figurait en bonne place dans un grill-room à côté de celui des autres présidents. Sa Majesté George IV elle-même, alors que Son Altesse était encore prince de Galles avait dû attendre qu'un siège fût vacant pour entrer au club en mai 1785.

L'on se remit à boire. Vers onze heures du soir personne n'était glorieusement ivre, mais tous avaient le cerveau embrumé.

Middleton retrouva sa voiture ; son cocher, le digne M r Smith, l'attendait devant la porte de Bow Street. Satisfait de sa journée,

\'underwriter, dès les premiers tours de roue, s'endormit (2).

LEONCE PEILLARD

(1) Noter que pour bisser, les Anglais emploient un mot français : to encore.

(2) Le Beefsteak Club demeura soixante-dix ans à Covent Garden. Après l'incendie du théâtre en 1808, il émigra au Bedford Coffee House jusqu'à la construction du Old Lyceum en 1809. Il existe aujourd'hui à Londres un Beefsteak Club, mais on n'y procède plus à ces mascarades théâtrales.

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