M ATHÉMATIQUES ET SCIENCES HUMAINES
M. B ARBUT
Intermédiarité
Mathématiques et sciences humaines, tome 28 (1969), p. 5-6
<http://www.numdam.org/item?id=MSH_1969__28__5_0>
© Centre d’analyse et de mathématiques sociales de l’EHESS, 1969, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Mathématiques et sciences humaines » (http://
msh.revues.org/) implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.
numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est consti- tutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit conte- nir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
5
INTERMÉDIARITÉ
par M. BARBUT
Les deux articles de G. Guilbaud et J.
Hôgaasen,
que l’on liraci-dessous,
sont lespremiers
d’unesérie
consacrée,
dans la revue, à1’« intermédiarité» ;
sérieconstituée,
pourl’essentiel,
des communica-tions au second
colloque
d’Aix-en-Provence sur les structures ordonnées et leursapplications
auxSciences Humaines en
septembre
1969.(Les
travaux dupremier colloque,
enjuillet 1967,
doivent êtrepubliés prochainement
sous le titre :Ordres,
travaux du séminaire sur les ordres totauxfinis,
Aix-en-Provence, juillet 1967,
Mouton etGauthier-Villars, éditeurs.)
Intermédiarité, mésologie,
dequoi s’agit-il ?
Laplupart
des structures étudiées enmathématiques
sont définies par des relations et des
opérations
binaires. Celles-ci ont unegénéralisation
naturelle auxrelations ou
opérations
dites «n-aires »,
c’est-à-dire telles que les liaisons sont définies non sur descouples
d’éléments d’un
ensemble,
mais sur des suites de néléments,
ou «n-uples ».
L’étude
générale
des relations « n-aires» n’aguère
été tentée que parquelques logiciens
oualgé- bristes ;
par contre, les cas n = 4(par exemple « analogies»
dutype «
x est à y comme z est àt»)
etn = 3 ont été rencontrés et étudiés dans
plusieurs
domainesparticuliers
desmathématiques,
notammentà propos de la
géométrie
élémentaire et de sesgénéralisations.
Le
champ
couvert par les relations ternaires(n
=3)
ditesd’intermédiaire,
du type « x est entre yet ZD, est très vaste tant en
mathématiques «
pures » que du côté desapplications ;
en cequi
concernecelles-ci,
G. Guilbaud fournit ci-dessous un panorama de cellesqui
ont étéétudiées,
ou que l’on peutenvisager.
Disonssimplement ici,
que si laplus
évidente concerne le vocabulaire dulangage spatial :
un
point
situé entre deux autres, d’autres modèlesd’organisation
fontappel
à cette notion :l’organisation
descouleurs,
ou des sons, ou d’autressensations ;
on peutégalement
penser auxopinions, peut-être
àcertains aspects de la
sémantique,
etc. Il est en tout cas un domaine danslequel
l’idée d’intermédiaireest
touj ours explicitement
ouimplicitement présente :
c’est celui del’analyse
des données(d’une observation,
d’uneexpérience, etc.),
de lastatistique descriptive ;
un bon résuméstatistique,
ou un bonajustement,
c’est en effetd’abord,
dans la classe desobjets mathématiques
où l’on a décidé de choisircet
ajustement,
unobj et
intermédiaire dans l’ensemble des données observées.Il y a là une
façon
d’aborder cesquestions
destatistique descriptive qui
peut être assezféconde,
ne serait-ce que du
point
de vuepédagogique.
Pour donner un sens
précis
à une relation ternaired’intermédiaire,
quatre voies sontgénéralement
suivies en
mathématiques :
- Utiliser une relation binaire
(par exemple,
unordre) sous-jacente ;
dans le cas d’unordre,
on pourra ainsi définir« a est entre b et c» par :
b
a c ; oubien,
dans un réseaufini,
on peut dire que le sommet x est entre les sommets y et z si et seulement si xappartient
à un chemin delongueur
minimum
joignant
y à z ;6
- Se servir d’une
métrique ;
d étant unedistance,
x est dit entre y et z, si et seulement si- Définir l’intermédiarité à
partir
d’uneopération
binaire(interprétable
comme unecmoyenne») ;
l’ensemble des intermédiaires entre y et z est l’ensemble des x
engendrés
par y et z.-
Enfin,
choisir apriori,
unsystème
convenable d’axiomes pour la relation ternaire elle-même.Il est
quelques
cas oùplusieurs
de ces méthodespermettent
de définir la même structure ou desstructures d’une même
classe ;
leplus
célèbre est celui degéométries affines,
où « entre» peut être défini par l’ordre(des points
sur unedroite),
par la distance euclidienne(pour
lesgéométries euclidiennes),
par
l’opération
de moyennepondérée (barycentre),
ou par dessystèmes
d’axiomes construits pour retrouverprécisément
un espace affine(cf.
article de Guilbaudci-dessous).
Il reste néanmoins un
large champ
ouvert à larecherche,
tant pour obtenir desprésentations (au
moyen d’une relation ternaired’intermédiaire)
de structures bien connues par ailleurs(par exemple,
certaines classes de
treillis ;
un article de B.Monjardet,
dans un numéroultérieur,
yintroduira),
que pour étudier des structures dont laprésentation
laplus
naturelle est d’emblée définie parun jeu
d’axiomespour une relation cc être entre » : c’est là que les