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L'Immoraliste d'andré Gide

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Academic year: 2022

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L'Immoraliste d'André Gide

Présenté par Henri Maillet

COLLECTION DIRIGÉE PAR MAURICE BRUÉZIÈRE, DIRECTEUR DE L'ÉCOLE INTERNATIONALE DE L'ALLIANCE FRANÇAISE DE PARIS LIBRAIRIE HACHETTE, 79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS-Vl

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Les références concernant l'ouvrage étudié renvoient au texte du Livre de Poche (édition 1972).

© Librairie Hachette, 1972

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays.

La loi du 11 mars 1957 n'autorisant aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective», et, d'autre part, - que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration,

« toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consen- tement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite ». (alinéa 1 de l'article 40).

Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, consti- tuerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

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La vie et l'homme

Jalons biographiques (jusqu'à L'Immoraliste)

22 novembre 1869, naissance d'André Gide, à Paris;

1869-1877, première enfance choyée, mais anxieuse et maladive;

octobre 1877-octobre 1880, fréquentation de l'École Alsa- cienne; assiduité relative; vacances tantôt à Uzès (Gard), chez sa grand-mère paternelle, tantôt à La Roque-Baignard ou Cuverville, propriétés normandes de sa famille mater- nelle;

octobre 1880, mort de son père;

octobre 1880-octobre 1887, crises nerveuses, études mor- celées : professeurs particuliers, lycée de Montpellier, pension Bauer à Auteuil, pension Keller à Paris;

début 1883, naissance d'un amour pur et exalté entre sa cousine germaine, Madeleine Rondeaux, et lui;

printemps 1886, première communion, préparée dans la ferveur religieuse et l'exaltation;

octobre 1887-juillet 1888, année de rhétorique à l'École Alsacienne ;

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octobre 1888-juillet 1889, année de philosophie au lycée Henri-IV;

octobre 1889, baccalauréat;

1889, début de la rédaction du Journal; la vocation litté- raire ;

décembre 1890, rencontre de Paul Valéry avec qui il se lie d'amitié pour la vie;

1891, fréquentation des milieux symbolistes; publication des Cahiers d'André Walter et du Traité du Narcisse;

29 novembre 1891, première rencontre d'Oscar Wilde;

fréquentation admirative;

1892, Les Poésies d'André Walter;

1893, Le Voyage d'Urien;

octobre 1893-juillet 1894, premier voyage en Afrique du Nord 1 en compagnie du jeune peintre P.-A. Laurens : Marseille, Tunis, Zaghouan, Kairouan, Sousse... (novembre 1893, poussée congestive de tuberculose pulmonaire et désordres nerveux; première expérience homosexuelle avec le jeune Ali).... Tunis, Biskra... (le service du jeune Athman; rapports avec une jeune Ouled-Naïl, Meriem 7 février, arrivée de M Gide mère, qui met fin aux rapports de son fils avec Meriem; convalescence, intérêt pour le jeune frère de Meriem, Mohammed) ... Tunis (mars), Malte, Syracuse, Naples, Rome (avril), Florence...

(mai, deuxième rencontre d'Oscar Wilde).... Genève (juin), Champel (Suisse)... (cure d'hydrothérapie)....

La Roque (fin juillet).

juillet-août 1894, devant la résistance de sa cousine Made- leine, renonciation d'André à ses projets de mariage;

1. Il importe, si l'on veut bien comprendre la genèse de L'Immoraliste, de distinguer soigneusement les uns des autres les différents voyages en Afrique du Nord que les ouvrages naguère consacrés à Gide confondaient trop souvent.

2. Les Ouled-Nail étaient des filles de la tribu du même nom (sud- ouest du Constantinois, sud-est de l'Algérois) se prostituant pour constituer la dot qui leur permettrait de se marier.

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août-décembre 1894, voyage et séjour en Suisse : Lau- sanne, Coire, Samaden, Saint-Moritz, Milan, Côme, Neu- châtel (septembre-octobre), La Brévine... (octobre à décembre, rédaction de Paludes). ... Paris (triste revoir de Madeleine);

décembre 1894-avril 1895, deuxième voyage en Afrique du Nord, seul :

Montpellier, Marseille, Alger (janvier), Blidah... (troisième rencontre de Wilde).

... Alger... (la nuit avec le « petit musicien » Mohammed à l'initiative de Wilde).... Biskra...

(élaboration d'une éthique immoraliste; révolte contre la mère, la religion; projet d'un ouvrage sur le christia- nisme contre le Christ; rédaction d'importants fragments des Nourritures terrestres; projet de ramener avec lui en France le jeune Athman qui est à son service : M Gide et Madeleine s'y opposent à la fois).... Alger, Paris (avril);

1895, publication de Paludes; rencontre et amitié de Claudel ;

5 avril-22 mai 1895, arrestation et procès de Wilde;

31 mai 1895, mort de M Gide mère, à La Roque;

17 juin 1895, fiançailles avec sa cousine Madeleine Ron- deaux ;

7-8 octobre 1895, mariage avec Madeleine;

octobre 1895-juin1896, voyage de noce, troisième voyage en Afrique du Nord :

Neuchâtel, Coire, Saint-Moritz... (Madeleine souffrante;

prise de conscience par Gide de la « déficience de ses désirs sexuels », de son « inhibition physique » entraînant un complexe d'infériorité qui aboutit, par suite d'un phénomène de « surcompensation », à la création litté- raire du personnage de Ménalque; rédaction du provocant 1. C'est l'expression que Gide emploiera pour dire la chose dans Et nunc manet in te (Pléiade, p. 1130).

2. Le mot est du D Jean Delay (La Jeunesse d'André Gide, t. 11, p. 565).

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Récit de Ménalque qui figurera plus tard dans le quatrième livre des Nourritures terrestres, et dont la lecture choque Madeleine).... Italie... (décembre 1895, découverte pro- bable par Madeleine du goût de son mari pour les jeunes garçons).

... Florence, Rome (janvier 1896)...

... Naples, Syracuse, Tunis, Biskra, Touggourt, M'Reyer, Biskra, Alger... Montpellier (avril);

juillet-automne 1896, La Roque : rédaction de El Hadj;

fin de la rédaction des Nourritures terrestres;

1897, publication des Nourritures terrestres;

1898, voyage en Engadine et en Italie, Rome (janvier- février)

(c'est pendant ce séjour à Rome qu'il faut situer les équipées d'André Gide avec les jeunes garçons de la Piazza Barberini, tandis que Madeleine tousse et crache dans sa chambre

fin février-avril 1899, quatrième voyage en Afrique du Nord, avec Madeleine; rejoints en cours de voyage par Francis Jammes et Eugène Rouart;

Marseille, Bône, Tunis, Kairouan, Sousse, Tunis, Biskra, Batna, El Kantara, Alger, Constantine...

(c'est au cours de ce voyage, entre Alger et Constan- tine, qu'il faut situer l'épisode des écoliers du train 1 ... Oran; Carthagène, Madrid;

1900, vente de la propriété de La Roque;

mort d'Oscar Wilde;

novembre 1900-mars 1901, cinquième voyage en Afrique du Nord, avec Madeleine et Henri Ghéon;

Alger, Biskra, Touggourt, El Oued, Tunis, Sicile, Italie;

mai 1901, Le Roi Candaule;

été 1901, rédaction de L'Immoraliste;

novembre 1901, achèvement de L'Immoraliste;

1902, publication de L'Immoraliste.

1. Deux épisodes scabreux que Et nunc manet in te situe par erreur (volontaire ou non?) pendant le voyage de noces de 1895-1896.

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Quelques aspects de la personnalité gidienne

Le « déracinement »

En 1897, Maurice Barrès publiait son roman, Les Déracinés, où il soutenait la nécessité du « racinement » au sol natal, de la fidélité à la terre ancestrale, aux traditions et à l'esprit de la province d'origine. Gide réagissait immédia- tement et entamait avec Barrès et les partisans de la thèse barrésienne une polémique qui devait durer plusieurs années (voir dans Prétextes, Autour de Barrès) ; il disait :

Né à Paris, d'un père uzétien et d'une mère normande, où voulez-vous, Monsieur Barrès, que je m'enracine?

J'ai donc pris le parti de voyager.

A ce double « racinement » familial, relativement nor- dique et relativement méridional, lui rendant impossible un racinement personnel unique, correspondent une parti- culière sensibilité de Gide aux différences de climat et la joie sensuelle qu'il en éprouve et que partagent ses per- sonnages. Dans La Porte étroite, au début du Journal d'Alissa, il fera dire à celle-ci, à son arrivée à Aigues- Vives :

... Elle parle, cette terre méridionale, une langue que je n'ai pas encore apprise et que j'écoute avec éton- nement.

Mais si, dans L'Immoraliste, le pôle nordique reste la Normandie, le pôle méridional va se trouver, par le fait des voyages de Gide, considérablement déporté vers le sud, jusqu'aux oasis du Maghreb algérien; l'Afrique du Nord deviendra pour l'écrivain un pôle d'attraction per- manent et une terre d'adoption; il en parle dans son Journal comme Alissa du Languedoc dans le sien; dans une page inédite de celui-là, il dit à l'occasion de son séjour à Biskra, en 1896 :

La terre parle ici une langue différente, mais que je comprends maintenant

1. Cité par J.-J. Thierry dans l'édition des Romans, Pléiade, p. 1509.

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C'est ainsi que les pôles géographiques de L'Immoraliste seront, de part et d'autre d'Uzès inemployé, La Roque- Baignard (= La Morinière) et Biskra.

Déraciné de par sa naissance, Gide fera du déracinement une loi de son comportement propre et du comportement de ses héros : à la fois « nomadisme » géographique et déracinement intellectuel, moral, religieux, voire poli- tique et social.

L'héritage bourgeois

Conditionné dès sa naissance par son appartenance à une bourgeoisie aisée, de religion protestante, dispensé par la fortune familiale de l'obligation de gagner sa vie, pro- priétaire foncier héritier en même temps de traditions puritaines rigoureuses (morale intransigeante, sens de l'économie, stricte observance des devoirs religieux), Gide a passé sa jeunesse à regimber contre les contraintes qu'impliquait cet héritage, sans renier pour autant les avantages matériels et moraux qu'il pouvait lui procurer, ni effacer la profonde et d'ailleurs fécondante empreinte qui devait lui en rester.

Le sentiment de sa « différence »

Une enfance à la fois maladive et choyée, le sentiment de son infériorité physique en même temps qu'un obscur pressentiment de sa supériorité intellectuelle, la persécu- tion de ses petits camarades, son hypersensibilité, son horreur de la violence, tout cela crée très tôt en lui un complexe d'infériorité qu'il ne réussira à surmonter qu'au prix d'une éclatante affirmation de soi. Un jour de sa onzième année, il tombe en sanglotant dans les bras de sa mère et ne sait que répéter avec désespoir : 1. L'une des propriétés d'André Gide, héritage de sa mère, La Roque- Baignard, outre la maison, construite sur un îlot au milieu d'un étang, dont le bâtiment le plus ancien datait d'Henri IV, comprenait 240 hectares de ferme plus 150 hectares de bois. C'est là que Gide situe les épisodes normands de L'Immoraliste.

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Je ne suis pas pareil aux autres! Je ne suis pas pareil aux autres

Cette « différence » dont le sentiment le tourmente, il la cultivera bientôt avec orgueil et il fera de ce culte l'un des fondements de son éthique immoraliste.

Les tourments de la chair

Gide a vécu une adolescence partagée entre l'impuissance à résister aux impulsions du désir et l'effroi que provoque la perspective de la faute; si le rigorisme de l'éducation protestante interdit à l'adolescent les péchés de la chair, il n'en supprime pas pour autant les tourments, bien loin de là; très jeune, l'enfant devait déjà compter avec une sensualité importune qui lui valut d'être renvoyé de l'école dans sa neuvième année; et l'obsession s'aggrave encore, une fois l'adolescence dépassée. Cet état de tension à la fois physique et morale ne laisse pas de compromettre un équilibre nerveux déjà fragile de nature. Gide notera dans son Journal (mars 1893) :

J'ai vécu jusqu'à 23 ans complètement vierge et dépravé.

La conjonction des deux adjectifs en dit long sur les conséquences et l'inconfort d'une continence ainsi pro- longée

L'appétit de lecture

La lecture est pour l'enfant, l'adolescent, puis le jeune homme, plus qu'un dérivatif : c'est une passion. Que Gide lise beaucoup, c'est peu dire : il dévore. Du 22 octobre 1889 au 22 septembre 1893, il tient, presque journellement, un registre des livres lus, qu'il appelle Le Subjectif environ 450 titres différents, ce qui repré- sente la lecture moyenne d'un livre nouveau tous les trois jours; et le choix est très éclectique puisqu'il comporte littérature, critique, science, philosophie, ouvrages d'auteurs non seulement français, mais anglais, 1. Si le grain ne meurt, Pléiade, p. 439.

2. Voir sur l'été 1892 Si le grain ne meurt, Pléiade, p. 593.

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... ce livre... C'est un fruit plein de cendre amère... vivre !

je veux vivre... une paire de petits ciseaux... Je le vis

s'en emparer furtivement... A partir de ce jour, Moktir

devint mon préféré. .. je me construisais une éthique qui

devenait une science de la parfaite utilisation de soi

par une intelligente contrainte... « Vous brûliez ce que

vous adoriez... Cela est bien» ... « votre doctrine... elle est

belle... mais elle supprime les faibles»... en chaque être

le pire instinct me paraissait le plus sincère... Que les

carrières honorables abêtissent!...mon crime...mon droit...

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