JUILLET 2020 N°1
Auvergne- Rhône-Alpes
Plus de capitaux immobilisés, plus de surfaces mais une stagnation de l’EBE
Les exploitations agricoles moyennes et grandes d ’Au ver gne - R hône - Alpes génèrent un excédent brut d’exploitation (EBE) qui oscille autour de 60 000 €, soit 42 200 € par utans en moyenne quinquennale 2014-2018.
Pour la France métropolitaine, cet indicateur de la rentabilité du système de production se situe à 72 000 € par exploitation et 54 900 € par Utans.
Un ni veau de charges modéré, conjugué à un montant de subventions plus élevé, permet aux exploitations de la région de compenser en partie une valeur de production plus faible qu’au plan national.
L’EBE dépend en effet de la valorisation des produits, des subventions reçues notamment des aides PAC mais aussi de la maîtrise des charges.
Il reste relativement stable en région
alors que dans le même temps le capital immobilisé augmente même si un tassement est observé à partir de 2015.
Se pose donc la question de la rentabilité économique des exploitations agricoles
qui s’agrandissent et qui nécessitent des moyens de production toujours plus importants pour fonctionner alors que l’EBE ne suit pas la même tendance et stagne.
ÉCONOMIE AGRICOLE
La rentabilité économique des exploitations agricoles d’Auvergne-Rhône-Alpes
Les exploitations agricoles régionales s’agrandissent et investissent régulièrement. Au fil du temps, elles accumulent d’importants capitaux alors qu’elles ne parviennent pas à générer plus de revenu.
Les exploitations de la région mobilisent plus de capitaux que la moyenne nationale pour créer une richesse équivalente, ce qui pèse sur leur taux de rentabilité économique. Elles continuent malgré tout à investir en limitant leur endettement. Cet effort se fait au détriment de la rémunération des exploitants. Toutefois, selon les exploitations et les productions, la dispersion du revenu disponible par exploitant reste grande.
Source : Agreste - RICA 2018
Figure 1 - Évolution de l’actif immobilisé , de l’EBE et de la SAU par exploitation
30 40 50 60 70 80 90 100 110
0 50 000 100 000 150 000 200 000 250 000 300 000
2002 2003
2004 2005
2006 2007
2008 2009
2010 2011
2012 2013
2014 2015
2016 2017
2018 ha
€ 2018
SAU Auvergne-Rhône-Alpes SAU France métropolitaine
Actif immobilisé Auvergne-Rhône-Alpes EBE Auvergne-Rhône-Alpes
Actif immobilisé France métropolitaine EBE France métropolitaine
agreste AUVERGNE-RHÔNE-ALPES| ÉTUDES | JUILLET 2020 N° 1 2
pour le poste mécanisation, affichent une meilleure rentabilité économique malgré la crise.
L e s e x p l o i t a t i o n s v i t i co l e s d e la région fonc tionnent avec un capital économique plus modeste comparativement à celles des autres régions viticoles qui nécessitent un besoin en fonds de roulement important pour la gestion des stocks de vins. Malgré un EBE plus faible, elles affichent un taux de rentabilité plus élevé que la moyenne nationale de l’OTEX.
premier poste d’immobilisations.
Dans le même temps, le niveau de valorisation des produits (broutards et vaches de réforme) ne permet pas de dégager une valeur ajoutée suf f isante, ce qui conduit à un faible taux de rentabilité pour cette production (16 %).
D e p u i s 2 0 16 , l a c o n j o n c t u r e économique défavorable a fait chuter l’EBE des exploitations céréalières.
Ainsi, les exploitations de la région avec un capital immobilisé plus modeste que la moyenne nationale notamment
Une rentabilité économique plus faible que la moyenne nationale
La rentabilité économique mesure la capacité des exploitations à générer un bénéfice à partir des capitaux investis.
En moyenne (2014-2018), le capital économique des exploitations de la région s’élève à 276 000 € alors qu’au niveau national, il atteint 330 000 €.
Sur l’ensemble de la période 2002- 2018, il augmente chaque année jusqu’en 2016, puis il se stabilise.
Le taux de rentabilité représente le rapport entre l’EBE et le capital é c o n o m i q u e . I l p r é s e n t e d e s variations d’une année sur l’autre en fonction de la volatilité des prix, des conditions climatiques qui impactent la production et les intrants et se répercutent sur l’EBE.
Proportionnellement à la richesse créée, les exploitations de la région doivent mobiliser davantage de capitaux qu’au plan national. Ainsi pour générer un EBE de 10 000 € (moyenne 2014-2018), il faut 35 000 € d ’ac tif immobilisé en région et 31 000 € en France métropolitaine.
Une rentabilité variable selon l’OTEX
Les e x ploi t at ions d ’élevage se m o d e r n i s e n t e t s e r o b o t i s e n t pour compenser la diminution de main d’œuvre. Globalement, elles nécessitent plus de capital immobilisé que les exploitations de productions végétales.
Major i t aire s dans la rég ion e t plutôt situées en montagne, les exploitations laitières investissent dans des bâtiments adaptés qui engendrent des surcoûts notamment pour le financement du stockage des effluents et des fourrages.
Le système bovins viande spécialisé exige un niveau de capital très élevé notamment pour le cheptel reproduc teur qui représente le
18 % 21 % 24 % 27 % 30 %
200 000 250 000 300 000 350 000 400 000
2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018
€ 2018
Capital économique Auvergne-Rhône-Alpes
Capital économique France métro. Taux de rentabilité économique France métro.
Taux de rentabilité économique Auvergne-Rhône-Alpes
Figure 2 - Capital économique et taux de rentabilité
Source : Agreste - RICA 2018
0 % 5 % 10 % 15 % 20 % 25 % 30 %
0 10 000 20 000 30 000 40 000 50 000 6 0000
Toutes OTEX Viticulture Bovins lait Bovins viande Taux de rentabilité économique Région France
métro.
Grandes cultures Actif immobilisé pour 10 000 € d’EBE*
France
métro. France
métro. France
métro. France
métro.
Région Région Région Région
€
Figure 3 - Rentabilité économique par Otex - Moyenne 2014-2018
Source : Agreste - RICA 2018 * EBE : Excédent brut d’exploitation (voir définition page 4)
agreste AUVERGNE-RHÔNE-ALPES| ÉTUDES | JUILLET 2020 N° 1 3 10
20 30 40 50
Taux d'endettement France métro.
Taux d'endettement Auvergne-Rhône-Alpes Taux d'investissement Auvergne-Rhône-Alpes Taux d'investissement France métro.
en %
2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018
Figure 4 - Taux d’investissement et taux d’endettement
Source : Agreste - RICA 2018
tions bovines génèrent un EBE rela- tivement bas qui se traduit par un revenu disponible similaire au niveau national (16 000 € par Utans). Ce dis- ponible est par ailleurs inférieur de 20 % à la moyenne régionale.
Ces dernières années, les exploita- tions de grandes cultures, victimes des aléas climatiques et de la vola- tilité des cours, parviennent à géné- rer un revenu disponible d’à peine 17 000 € par Utans, qui laisse peu de marge pour autofinancer de l’inves- tissement.
Les exploitations viticoles obtiennent quant à elles, les revenus disponibles par Utans les plus élevés de la région, mais loin de la moyenne nationale de cette OTEX (41 000 € par Utans).
national (respectivement 20 300 € et 21 800 € par Utans).
C’est le résultat d’un endettement plus modéré qui pèse moins sur le disponible au final. Cette moyenne masque cependant des écarts im- portants selon les années et les otex même si le disponible des exploita- tions de la région souvent plus faible que le niveau national est aussi moins fluctuant.
Ainsi en moyenne 2014-2018, les exploitations laitières de la région dégagent un revenu disponible de 21 000 € par Utans, supérieur de 18 % à celui de leurs homologues de
France métropolitaine.
Confrontées à la difficulté de valori- sation de leurs produits, les exploita-
Un effort d’investissement en limitant l’endettement
Les exploitations de la région restent moins endettées qu’au plan natio- nal même si le taux d’endettement a tendance à augmenter ces dernières années. Ainsi, elles consacrent une part plus faible de leur EBE au rem- boursement des emprunts (34 % en moyenne 2014-2018 contre 38 % au niveau national). Cependant, elles réalisent un effort d’investissement plus conséquent. Pour cela, elles mobilisent une partie de l’EBE pour autofinancer de nouveaux investis- sements et amputent ainsi la part de l’EBE consacrée à la rémunération du travail des exploitants.
U n r e v e n u d i s p o n i b l e fluctuant selon les années
Le revenu disponible permet de ré- munérer les exploitants et de consti- tuer éventuellement une réserve pour autofinancer une partie des nouveaux investissements.
Malgré un EBE plus faible que la moyenne nationale pour toutes les orientations sur la période 2014- 2018, les exploitations de la région obtiennent, en dehors de la viticul- ture, un revenu disponible par actif salarié qui se rapproche du niveau
0 5 000 10 000 15 000 20 000 25 000 30 000 35 000 € 2018
Auvergne-Rhône-Alpes revenu disponible par Utans France métro. revenu disponible par Utans 2002
2003 2004
2005 2006
2007 2008
2009 2010
2011 2012
2013 2014
2015 2016
2017 2018
0 10 000 20 000 30 000 40 000 50 000 60 000 70 000 80 000
Région France métro.
Grandes Viticulture Bovins lait Bovins Toutes Otex Disponible par Utans
Remboursement de l'annuité, charges sociales, charges financières
cultures viande
Région France
métro.Région France
métro.Région France
métro.Région France métro.
Figure 5 - Évolution du revenu disponible
par Utans actif non salarié Figure 6 - Revenu disponible par utans selon l’Otex Moyenne 2014-2018
Source : Agreste - RICA 2018 Source : Agreste - RICA
www.agreste.agriculture.gouv.fr
www.draaf.auvergne-rhone-alpes.agriculture.gouv.fr
Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt Service régional de l’information statistique, économique et territoriale 16B rue Aimé Rudel - BP 45 - 63370 Lempdes
Tél : 04 73 42 16 02
Courriel : infostat.draaf-auvergne-rhone-alpes@agriculture.gouv.fr
Directeur régional : Michel Sinoir Directeur de la publication : Seán Healy Rédactrice en chef : Marie-Laure Rongère Rédacteur : Corinne Mauvy
Composition : Sylvie Vasson Dépot légal : À parution
ISSN : en cours © Agreste 2020
SOURCES ET DÉFINITIONS
Les résultats économiques présentés sont établis à partir des données techniques et comp tables collectées chaque année sur un échantillon d’ex ploitations agricoles dans le cadre du Réseau d’informa tion comptable agricole (RICA). L’échantillon régional compte 840 exploitations en 2018 qui représentent 33 000 exploitations moyennes et grandes (production brute standard - PBS - supérieure à 25 000 euros) d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Les résultats de chaque exploitation sont pondérés selon la taille et l’Otex.
Utans = Unité de Travail Non Salarié en équivalent temps plein.
Ne sont pas pris en compte les personnels des groupements d’employeurs, des CUMA, ETA et des services de remplacement.
Otex (orientation technico-économique) : une exploitation est spécialisée dans une orientation si la PBS de la ou des productions concernées dépasse deux tiers du total.
Production de l’exercice : somme des produits bruts élémentaires (animaux, produits animaux, végétaux…) et des produits issus de la production immobilisée (travaux effectués par et pour l’entreprise), des travaux à façon, des pensions d’animaux, des terres louées et des produits d’autres activités lucratives.
Excédent brut d’exploitation (EBE) : valeur ajoutée augmentée des subventions d’exploitation et des indemnités d’assurance et diminuée des prélèvements fiscaux, des fermages et charges
en personnel. Ce solde contient implicitement un élément de rémunération pour le travail effectué par l’exploitant ou les membres non salariés de sa famille.
Capital d ’exploitation = ac tif immobilisé (construc tions, installations techniques, matériel) - capital foncier + besoin en fonds de roulement.
Besoin en fond de roulement (BFR) : besoin de financement du cycle d’exploitation qui n’est pas financé par les dettes liées au cycle d’exploitation ( durée de stockage, crédits clients, crédits fournisseurs).
Rentabilité économique : capacité de l’exploitation à générer un résultat à partir d’un montant de capital engagé (immobilisations hors foncier + besoin en fonds de roulement)
Taux de rentabilité : EBE/ (Capital économique = actif immobilisé + BFR) Ce ratio mesure la performance de l’exploitation. Plus il est élevé, plus l’activité d’exploitation est efficace pour rentabiliser le capital engagé.
Taux d’investissement : Montant Investissement (formation brute du capital fixe) / Valeur ajoutée + subventions
Taux d’endettement : Dettes à long et moyen terme / Total du passif du bilan
Revenu disponible : EBE – remboursement du capital emprunté – charges sociales de l’exploitant – charges financières (intérêts + agios) Source : Agreste - RICA Auvergne-Rhône-Alpes
Figure 7 - Dispersion du revenu disponible par Utans selon les Otex Moyenne 2014-2018
Une dispersion importante du disponible selon les orientations
La dispersion des revenus disponibles est directement liée à la dispersion des EBE. Ainsi le disponible est plus variable en productions végétales et en hors sol qu’en élevage herbivore.
Les écarts au sein d’une orientation sont également liés au niveau d’endet- tement des exploitations.
La moitié des exploitants en grandes cultures ont un revenu disponible infé- rieur à 13 000 € par Utans. Un quart d’entre eux ne dégage pas de revenu.
Près de la moitié des éleveurs bovins perçoivent moins que le SMIC net et n’ont aucune disponibilité pour investir. Il en est de même pour les éleveurs ovins.
- 40 000 - 20 000 0 20 000 40 000 60 000 80 000 100 000
Grandes Viticulture Bovins lait Bovins viande Toutes Otex
en € 25 centile
05 centile Médiane
95 centile 75 centile
cultures
Premier quartile = 25 centiles = valeur au-dessus et au-dessous de laquelle se trouvent 50 % de la population étudiée.
Médiane (ou deuxième quartile) = 50 centiles = valeur au-dessus et au-dessous de laquelle se situent 50 % de la population étudiée.
Troisième quartile = 75 centiles = valeur au-dessus et au-dessous de laquelle se situent 75 % de la population étudiée.