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Les pavements en mosaïque de la basilique d'Hilarion (Nuseirat, Gaza). Nouveautés sur les ateliers de mosaïstes gaziotes

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Submitted on 15 Feb 2017

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Les pavements en mosaïque de la basilique d’Hilarion (Nuseirat, Gaza). Nouveautés sur les ateliers de

mosaïstes gaziotes

Véronique Blanc-Bijon

To cite this version:

Véronique Blanc-Bijon. Les pavements en mosaïque de la basilique d’Hilarion (Nuseirat, Gaza). Nou-

veautés sur les ateliers de mosaïstes gaziotes. XIII Congreso AIEMA Madrid, 14-18 de septiembre de

2015, Luz NEIRA JIMENEZ, Sep 2015, Madrid, Espagne. pp.390-398. �hal-01468320�

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Edición del volumen:

Luz Neira Jiménez Maquetación:

altura x estudio de diseño www.alturax.com Proyecto 2015/00226/001

Vicerrectorado de Política Científica (Convocatoria competitiva del Programa Propio) Universidad Carlos III de Madrid

Estudios sobre mosaicos antiguos y medievales.

Actas del XIII Congreso AIEMA Madrid, 14-18 de septiembre de 2015 Luz Neira, Universidad Carlos III de Madrid (dirección y coordinación)

Estudios sobre mosaicos antiguos y medievales.

(Hispania Antigua, Serie Arqueológica, 6)

Tutti diritti riservati. É vietatala riproduzione di testi e illustrazioni senza il permesso scritto dell’Editore Copyright 2016 © «L’ERMA» di BRETSCHNEIDER Via Cassiodoro, 19 - 00193 ROMA

http://www.lerma.it

Atti del XIII Congreso Internacional de la AIEMA.

“Estudios sobre mosaicos antiguos y medievales” Luz Neira Jiménez (Ed.).

- Roma: «L’ERMA» di BRETSCHNEIDER, 2016. - 478 p. : ill. ; 29 cm.

In collana Hispania Antigua, collana diretta da Julián González, Universidad de Sevilla – Departamento de Filología Griega y Latina.

ISBN: 978-88-913-1239-6 (digital)

Imagen de portada: Mosaico de Castulo (Jaén).

Detalle de Selene y Endimión. Foto, cortesía de José Manuel Pedrosa.

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Estudios sobre mosaicos antiguos y medievales

Luz Neira Jiménez Editora

«L’ERMA» di BRETSCHNEIDER

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Sur le Territoire de Gaza, l’Ecole biblique et archéologique française à Jérusalem collabore avec le Service des Antiquités de Palestine pour la fouille, l’étude et la mise en valeur de plusieurs sites ayant livré de remarquables ensembles de mosaïques

1

: le complexe ecclésiastique de Jabaliyeh (Fig. 1) dont les pavements ont été présentés lors du colloque de Venise

2

, mais aussi le site d’Abasan -ces deux ensembles sont préservés in situ-, l’église d’Abu Barakeh dont un pavement a pu être sauvé et exposé plusieurs fois en France et à Genève

3

, et le monastère de saint Hilarion à Nuseirat / Umm el ‘Amr. Découvert en 1997, ce dernier fait l’objet depuis 2001 d’une coopération entre le Service des Antiquités palestinien et l'EBAF

4

, soutenue par le Ministère des affaires étrangères français, le Consulat général de France à Jérusalem et l’UNESCO.

Saint Hilarion

A 10 km au sud-est de la ville de Gaza, les fouilles de l’Université de Gaza et l’EBAF ont mis au jour un vaste complexe monastique (Fig. 2) développé autour d’une petite cabane d’ermite, reconnue dans les niveaux les plus anciens. Le site a livré plusieurs inscriptions étudiées par C. Saliou

5

dont l’une mentionne Hilarion.

Ecrite par Jérôme entre 388 et 391, la Vita Hilarionis, certes hagiographique, donne à connaitre assez précisé- ment la vie d’Hilarion de Gaza, né à Tabatha vers 291. Issu d'une famille aisée, il fit ses études à Alexandrie où il se convertit au christianisme. Peu avant ses 15 ans, il rejoint saint Antoine au désert, avant de rentrer à Gaza et devenir ermite à son tour.

1 Tous mes remerciements vont au Père J.-B. Humbert (EBAF) qui m’a associée à l’étude des mosaïques dans ses travaux tant à Gaza qu’à Jérusalem, et à la direction de l’EBAF. Parallèlement, une coopération en termes de sauvegarde et de formation de restaurateurs a été initiée en 1995 par P. Blanc, directeur de l’atelier de conservation et de restauration du Musée départemental Arles antique.

2 Merlet 2016, p. 289-295.

3 Gaza méditerranéenne, 2000; Gaza à la croisée des civilisations, 2007.

4 L’étude des mosaïques qui m’a été confiée par R. Elter et l’EBAF sera publiée dans la monographie du site en cours de préparation. Je tiens à remer- cier pour leur aide l’équipe de la mission palestino-française à Nuseirat et F. Ottal, responsable du site. Les matériaux de construction ont été étudiés à l’Université de Lorraine, Institut Lamour à Nancy, sous la direction de J.-M. Mechling. Ces recherches participent aussi du programme ATRI « Les Matériaux des mosaïstes » (LabexMed / Aix-Marseille Université).

5 Saliou 2000.

L es pavements en mosaïque de La basiLique d ’H iLarion (n useirat , G aza ). n ouveautés sur Les ateLiers

de mosaïstes Gaziotes

Véronique Blanc-Bijon

Fig. 1. Jabaliyeh. Maquette du complexe ecclésiastique (© Ecole

biblique et archéologique française à Jérusalem, del. B. Gillain). Lám. 12 Fig. 2. Nuseirat. Plan général des vestiges, avec positionnement des pavements (© Mission archéologique palestino-française à Nuseirat).

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Au sud-est de Maiumas Gaza, entre mer et marécages, Hilaron s’abrita d’abord dans une « petite cabane qu’il avait couverte de jonc et de carex », puis dans une cellule large de 4 pieds et haute de 5, selon Jérôme qui mentionne qu’elle était encore visible de son temps et ressemblait plus à un tombeau qu’à une maison. Venant des monastères établis en Palestine, de nombreux moines se rendent à Gaza le rencontrer ; pour les accueillir, se développe alors un monastère.

Hilarion vécut ainsi jusqu'à 63 ans quand, pour échapper à la persécution de Julien et à la destruction de son monas- tère par les habitants, il s’enfuit en Égypte. Puis il se rendit en Sicile, en Dalmatie..., arriva enfin à Chypre où il mourut âgé de 80 ans, en 371/372. Dix mois plus tard, son corps est enlevé à Paphos par son principal disciple, Hésychius, et rapatrié à Gaza où il est enterré « dans l’antique monastère », écrit Jérôme.

Une première église

Premiers pavements en mosaïque

Les nefs latérales de la première église sont en terre battue, alors que la nef centrale est pavée d’un tapis en mosaïque (Fig. 3). Dans un médaillon, un chrisme en marque l’entrée au sol. Puis, une bordure unitaire de cercles en entrelacs enserre une succession de trois panneaux géométriques -cercles sécants, octogones développés, quadrillage de bandes

6

- dont les remplissages sont à forte prédominance d’un style arc-en-ciel sobre et répétitif, le panneau le plus à l’est, vers le chœur, comportant des motifs plus variés (entrelacs, écailles...). Dans le chœur, la trame de cercles et

6 Décor, 144e var.

Fig. 3. Nuseirat, premier état – vue générale du pavement

(cliché R. Elter). Fig. 4. Nuseirat, premier état – pavement de la nef centrale, détail

(cliché R. Elter).

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losanges en entrelacs fait apparaitre des croix

7

; bordé d’un guillochis, ce tapis est flanqué de petits panneaux en quadrillage oblique. Seul élément figuré, un échassier occupe un des octogones traités en câble du panneau central (Fig. 4). Dans la nef centrale, deux inscriptions rappellent les mémoires de Nestorios, commanditaire du pavement, et, en avant du chœur, d’Hilarion.

Plus au sud, un tapis fragmentaire présente à nouveau une composition en octogones développés, l’un en câble, l’autre « clouté » ; une inscription mentionnant les fleuves du Paradis révèle un baptistère perdu

8

.

Malgré des différences de détails (dont les « silver plate motives ») impliquant probablement des ateliers distincts, les caractéristiques de ces décors autorisent à les associer et à proposer une datation assez haute, au dernier quart du IVe s. – tout début Ve, assurément après 372

9

.

Modifications du chœur

Dans un second état, les nefs sont dallées. Empiétant sur l’ancien état de la nef centrale et masquant l’inscription d’Hilarion, le chœur, redressé et surhaussé, reçoit une nouvelle mosaïque (Fig. 5). Bordée d’une ligne d’entrelacs complexe, elle comprend deux tapis. Le premier reprend la composition géométrique du dernier panneau de la nef de l’état précédant, mais usant d’un catalogue de motifs de remplissage plus varié et développé. Du tapis absidal, très lacunaire, on ne connait qu’un quadrillage oblique (fond unitaire ?).

La parenté des trames et des motifs avec l’état antérieur pourrait indiquer une relative proximité chronologique entre les deux niveaux de mosaïques

10

. On est alors tenté de dater cet état du décor de la première moitié ou du milieu du Ve s.

A cette période appartiennent de nombreux fragments de peintures et de mosaïques pariétales.

Un vaste ensemble de pèlerinage

Vers le milieu du VIe s. au plus tôt, d’importantes modifications touchent le complexe.

7 Cette trame est plus rare que celle de cercles et fuseaux (Décor, 244 f), fréquente dans la région.

8 Par la suite, les différents états du baptistère déplacé au nord de l’église seront dallés de marbre.

9 Voir aussi le martyrion syrien de Nabgha (Balty 2008, p. 11-16) qu’une inscription date de 411.

10 Parmi les parallèles les plus proches (même trame, remplissages voisins) : El Makr (musée d’Israël), Ve s. (Ovadiah R. et A., 1987, n° 76).

Fig. 6. Nuseirat, second état –surélévation du choeur (cliché R. Elter).

Fig. 5. Nuseirat, premier état – nef et chœur (cliché R. Elter).

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La nouvelle église

L’église est considérablement agrandie. S’étendant désormais sur 850 m², elle recouvre l’ancienne église. Elle est précédée par un atrium à cour dallée en calcaire fin dont deux galeries sont pavées de mosaïques aux trames géométriques distinctes (octogones sécants ; cercles sécants) (Fig. 6). La nef centrale est aussi dallée de marbre gris, alors que des mosaïques ornent les entrecolonnements (entrelacs)

11

et les bas-côtés.

Le tapis de cercles et carrés en lacis pavant le bas-côté sud est recoupé en son centre par un large cercle chargé d’un polygone en méandres et cases (Fig. 7). Ce panneau est lacunaire et fortement restauré, mais deux cases triangulaires conservent les vestiges de pattes d’oiseaux ; dans les cases extérieures, des feuilles chargées de fruits.

Située sur l’axe transversal reliant l’église et son nouveau baptistère, la case centrale, détruite, a pu contenir un motif particulier, perdu.

Afin de permettre la poursuite de la fouille, le pavement de ce bas-côté a été partiellement déposé et a livré, dans son support, de nombreuses monnaies et céramiques

12

.

Des salles annexes

A la même époque, d’autres salles s’ornent également de mosaïques, en particulier une pièce appartenant à une zone de contact entre l’église et les nouveaux espaces d’accueil des pèlerins, espaces comprenant un ensemble thermal et une hôtellerie. Un rinceau de vigne issu d’un cratère centré sur un long côté de la pièce se déploie en volutes peuplées de quadrupèdes et de volatiles (Fig. 7).

Enfin, une mosaïque pavant une petite pièce exiguë située au sud de l’atrium, à l’ouverture du quartier réservé aux moines, est ornée d’un médaillon chargé d’un vase godronné à deux anses se détachant sur un semis de feuilles cordiformes (Fig. 8).

Contrairement à d’autres sites de la région où les pierres ont été remployées, à Nuseirat, les bases des murs sont encore en place et la fouille a été confrontée à l’encastrement dense des différents états que l’analyse stratigraphique a permis d’identifier. L’observation des mosaïques contribue à la restitution de circulations anciennes ; autour de l’atrium, les pavements des galeries attestent de modifications dans l’usage des espaces et de la longue durée du bâti.

11 Pour un répertoire semblable, voir les entrecolonnements de Kh. el-Murassas (3e quart VIe s.).

12 La mosaïque a ensuite été remise en place par les restaurateurs palestiniens de l’équipe.

Fig. 7. Nuseirat, grande église – atrium (cliché R. Elter).. Fig. 8. Nuseirat, grande église – détail du pavement du bas-côté méridional (cliché R. Elter).

Véronique Blanc-Bijon

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Les ateliers gaziotes Observations techniques

Ces mosaïques ont pu perdurer jusqu’à nous notamment grâce au soin mis par le mosaïste dans l’aménagement du support. Les caractéristiques de ces supports révèlent aussi des habitudes techniques d’atelier.

Dans les états anciens, le statumen est constitué de pierres posées de chant. Alors que dans la phase du grand agran- dissement, un atelier a utilisé pour les radiers, dans un pays où les pierres -du grès marin, ou ‘kurkar’- sont rares, des vases entiers, brisés. Ces supports en céramique ont été mis en œuvre pour deux des galeries de l’atrium et le bas-côté nord de l’église (Fig. 9), réalisés probablement par un même atelier. Quant au pavement du bas-côté sud, il repose sur un statumen de petites pierres en grès : autre temps ? autre équipe ? Pour un chantier d’une aussi vaste ampleur que celui de l’expansion de l’église, il y eut vraisemblablement plusieurs ateliers de mosaïstes au travail.

Des habitudes d’atelier s’observent aussi dans l’usage de matériaux spécifiques : des tesselles taillées dans un verre jaune à la composition particulière, amalysées à l’Universite de Nancy, se rencontrent dans trois pavements : -pour la bordure en calices et le détail des larges feuilles chargées de fruits du bas-côté Sud ;

-pour de petits motifs occupant les bandes de raccord du bas-côté Nord ;

-enfin, ce même matériau a servi dans le pavement de la petite pièce ouvrant au sud de l’atrium, confirmant que cette mosaïque est contemporaine de la grande basilique.

On signalera qu’un verre jaune semblable parait employé, par exemple, dans la bordure de la mosaïque de la synagogue de Gaza, aujourd’hui exposée au musée du Bon Samaritain. Comparer les résultats des analyses serait toutefois nécessaire.

Ces deux séries d’observations attestent peut-être, ici, de la séparation des tâches, entre ceux qui mettent en place les supports et ceux qui mettent en place les tesselles.

Emploi de trames géométriques très communes

Puisant au répertoire des grands centres régionaux, particulièrement Antioche, mais aussi Apamée et, pour Nuseirat, Chypre où Hilarion passa ses dernières années, les ateliers de mosaïstes de Palestine répètent, du IVe au VIe s., les mêmes trames géométriques souvent d’une grande banalité mais dont ils dominent parfaitement la mise en oeuvre :

Fig. 9. Nuseirat, monastère, salle annexe – composition en rinceau

peuplé d’oiseaux et d’animaux (cliché R. Elter). Fig. 10. Nuseirat, monastère, salle annexe – semis d’hederae (cliché R. Elter).

Les pavements en mosaïque de la basilique d’Hilarion (Nuseirat, Gaza). Nouveautés sur les ateliers de mosaïstes gaziotes

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écailles simples

13

, quadrillages de bouquets de fleurettes

14

, cercles sécants, octogones sécants, compositions de formes simples en entrelacs... Ce répertoire perdure dans le temps avec parfois quelques adaptations.

On retiendra le cas de la composition de carrés d’écailles (Décor, 219 f), employée par les mosaïstes syriens à Apamée (391/392)

15

, à Antioche

16

, à Tell Amarna

17

et dans plusieurs églises du Liban actuel. A Jérusalem, les tesselles et le module du pavement du « baptistère » de l’Eléona (IVe s. ?)

18

, où les écailles sont marquées d’une croisette 1+4 noire, sont d’une bien plus grande finesse (densité : ca. 100) que le panneau du terrain des Pères blancs voisin, au Mont des Oliviers, plus tardif et orné de boutons de roses (densité : ca. 63)

19

. A Jabaliyeh (locus 13, interprété comme l’entrée du baptistère), ce même motif, ponctué de petites écailles noires, est mis en œuvre vraisemblablement à la fin du VIIe s.

20

. A côté de la constante de la trichromie, du fond rouge, les mosaïstes se sont exprimés en animant la trame par ces petits détails marquant tant les écailles blanches que les carrés sur pointes rouge

21

.

On pourrait suivre ainsi également d’autres compositions tout aussi communes, dont celles de cercles sécants (Décor, pl. 238d, 239a) que les mosaïstes palestiniens marquent de quelques spécificités propres. Rencontrées deux fois à Nuseirat avec des traitements très différents -fin IVe s. et fin VIe-VIIe s.-, la trame est présente aussi dans le baptistère de Jabaliyeh, daté de 548/549 et réalisé par les mosaïstes Victor et Kosmas d’Ascalon

22

.

13 Nouveaux exemples de ce seul et simple motif dans un panneau centré, modestement bordé par deux ou trois filets: Gaza, Mont des Oliviers à Jé- rusalem.

14 L’une des trames les plus employées pour paver les vastes surfaces des basiliques du Ve s. : facile à mettre en place, elle donne l’impression, malgré quelques variantes dans la disposition des bouquets, de pavements réalisés « au kilomètre », rapidement.

15 Synagogue sous l’église à atrium, cf. Balty 1981, p. 144 fig. 156.

16 Levi, 1947, pl. CXXXVIIa. Sur la trame, on renverra à Balty 1984, p. 451-456 ; Balty 2003, p. 173.

17 Voir le récente publication. Walizewski et Koniordas 2011, avec l’étude des mosaique par P. Assimakopoulou - Atzaka: 1em moitié du Ves 18 Pour la discussion sur le bâtiment et les références plus anciennes, voir Humbert, site en ligne de l’EBAF.

19 Humbert, site en ligne de l’EBAF, chantier B.

20 Saliou 2000.

21 Employée déjà à Kh. El-Inab (fin IVe s. ?), et sans en faire ici une analyse exhaustive, la trame est très fréquente au VIe s., indifféremment pour des tapis vastes ou plus modestes, quelque soit la fonction du bâtiment: p. ex., Horvat Hesheq, 519; Gérasa, Saints-Pierre-et-Paul, après 533; Suhmata, 555;

Hirbet Midras ; Hérodium, église nord; Kh. al-Murassas; Eshtemoa; Susiya; etc. A Anâne (sud Liban), une inscription la date de 541 (Syria, 1998, p.

231-243). Au VIIe s., elle pave la nef centrale de Saint-Ménas, à Rihab (635), etc.

22 Humbert 2000, p. 125.

Fig. 11. Nuseirat – détail du support avec statumen composé

de fragments de céramique (cliché R. Elter). Fig. 12. Abasan – semis d’hederae (cliché P. Blanc).

Véronique Blanc-Bijon

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Il en est de même pour les bordures, répétitives : postes, guillochis à œillets, chainettes, méandres à redans, retour inversé et cases, ondes... Souvent utilisées en bordure à Gaza comme ailleurs, du IVe au VIe/VIIe s., les lignes de calices trifides tête-bêche montrent autant de variantes, par exemple, de petites croisettes rouges se détachant sur le fond noir dans le bas-côté du VIe-VIIe s.. On observe, dans le pavement du premier baptistère, une rare taille de tesselles en ovale.

Que dire aujourd’hui de l’« Ecole de Gaza » du VIe siècle définie dans les années 1960 par ces vastes compositions en rinceaux peuplés d’animaux et de volatiles, compositions où l’axialité apparait très marquée

23

? Une inscription date le pavement de la nef centrale d’Abu Barakeh de 586

24

; à Jabaliyeh, de 732

25

: à moins qu’il ne s’agisse de la mention d’une restauration du tapis, une date si tardive souligne la longue durée de certaines compositions. Les paons affrontés de part et d’autre d’un vase axial d’où jaillit le rinceau débordent du cadre donné par les volutes de la même façon à Nuseirat (fin VIe/VIIe s. ?), qu’à Ma’on (ca. 538) ou à Shellal (561/562). A Nuseirat, ces volutes sont retenues par des boucles et le rinceau n’est pas continu, le mosaïste l’a dessiné de manière très systématique, voire rigide. Dans les médaillons, les animaux associés par couples alternent, lignes de quadrupèdes ou de volatiles, avec une prédominance pour ces derniers qui, au premier rang, occupent tous les espaces disponibles. Sur l’axe central, un panier d’œufs -et non de raisins- est presque une constante. Ici, pas de personnage humain, semble-t-il, mais la moitié des médaillons sont détruits.

On évoquera aussi l’usage très typique des hederae. Ces feuilles sont utilisées, dans la grande basilique tardive de Nuseyrat, en rinceau linéaire, au remplissage coloré en aplats, ou en plus grand module, comme supports d’offrandes de fruits variés, motif renvoyant à la mosaïque de Gè de la Worcester Hunt House à Daphné que Doro Lévi

26

, livrant quelques parallèles

27

, proposait de dater « probablement à la fin du VIe s. »

28

, ce qui correspond aux datations stratigraphiques de Nuseirat.

Un autre emploi des feuilles d’hederae, très spécifique à la région gaziote, est la composition en semis

29

, toutes les feuilles de même dimension et orientation. Mme Dauphin a discuté ce schéma à propos d’une mosaïque de Sainte-Marie-la-Probatique à Jérusalem, qu’elle date entre 617 et 638

30

. Des découvertes récentes en Palestine apportent de nouveaux éléments et soulignent combien les mosaïstes ont apprécié la composition : semis régulier de feuilles uniformément rouges pour une salle du baptistère de Jabaliyeh (548/549)

31

, du monastère du Dominus flevit à Jérusalem

32

ou encore à Taybeh

33

. Un semis en rouge et noire pavait les bas-côtés, malheureusement perdus, de l’église d’Abu Barakeh (586)

34

. A Abasan (Fig. 11) où une inscription date le pavement de 606

35

, le semis est de feuilles vertes et noires, disposées en lignes de l’un ou l’autre ton, comme à Abu Barakeh. Enfin, il apparait sur un tapis de la phase finale de la basilique d’Hilarion : des lots de quatre feuilles rouges interrompent irrégulièrement l’unité d’un semis de feuilles noires, comme cela semble être le cas aussi à Sainte-Marie. L’organisation polychro- mique peut difficilement être un critère de chronologie, contrairement à ce qui a pu être avancé

36

.

23 Avi-Yonah 1975; Hachlili 2009, p. 111-147; Talgam 2014, p. 88-95 et 134-153.

24 Saliou 2008, p. 280-283.

25 Saliou 2000.

26 Levi 1947, 1, p. 484.

27 Aussi à Kafr Kama ; à Kursi.

28 Levi 1497, 1, p. 365.

29 On ne retiendra pas ici les hederae inscrites dans des quadrillages, à Jérusalem (cf. Baramki 1936), Kh. Samra, Jéricho...

30 Avec parallèles, cf. Dauphin 2005 ; Dauphin 2011.

31 Blanc 2000, p. 125 et 127. Le tapis présente une restauration antique en tesselles orangées (terre cuite).

32 Murphy-O’Connor 2014.

33 Cet exemple est encore inédit : je remercie V. Michel, co-responsable de la fouille de Taybeh, qui m’a autorisé à en faire état.

34 Saliou 2008 fig. p. 281 et informations J.-B. Humbert.

35 Sadeq 1999, p. 65.

36 Cf. aussi le baptistère de l’église Saint-Etienne, à Beer Shema (Kh. El-Far), dernier tiers VIe – mi VIIe s.: Qadmoniot 25, 1992, fig. p. 35.

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Ces séries végétales viennent conforter l’impression d’une trame très appréciée des mosaïstes palestiniens de la fin du VIe au milieu du VIIe siècle. Ils savaient la mettre en œuvre avec des variantes qui soulignent la sensibilité de chacun car cette diversité montre qu’œuvraient, à cette époque au moins, non pas un unique atelier, mais des ateliers très actifs. Et imaginatifs, comme en atteste toujours à Abasan une mosaïque présentant un semis où alternent de petites feuilles cordiformes et de grandes feuilles nervurées, à l’effet particulièrement réaliste.

En conclusion, il faut signaler le peu de représentations figurées apparent dans ce corpus de trames géométriques largement diffusé. A Nuseirat, le seul et unique pavement figuré est celui au rinceau peuplé d’animaux, mais on sait que l’iconographie est très riche à Jabaliyeh. Cette « rareté » est probablement à mettre en regard du caractère cénobitique de Nuseirat, lié aux reliques d’Hilarion qui passa sa vie à fuir sa réputation de thaumaturge.

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Véronique Blanc-Bijon - Aix-Marseille Université / CNRS, Centre Camille Jullian (Aix-en-Provence)

Les pavements en mosaïque de la basilique d’Hilarion (Nuseirat, Gaza). Nouveautés sur les ateliers de mosaïstes gaziotes

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Fig 1. Jabaliyeh. Maquette du complexe ecclésiastique (del. B.

Gillain).

Fig. 5. Mosaic with cross patterns and dedicatory inscriptions.

Fig. 6. Fragments of the nave floor pavement.

Halûk Çetinkaya

Véronique Blanc-Bijon Emine Tok

Lám. 12

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Références

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