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V MÊME COMBAT

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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MÊME COMBAT V ous avez entre les mains L’US

Retraités envoyé à tous les syn- diqués. Au moment où de nou- veaux mauvais coups sont annon- cés pour les actifs et les retraités, cette publication est d’actualité ; comme vont être d’actualité les luttes communes, contre une nou- velle dégradation de l’accés à la retraite, pour une pension qui assure le droit de vivre décem- ment, pour renforcer la solidartité entre les générations, notamment avec les jeunes.

Pour toutes ces raisons, la vie syn- dicale ne s’arrête pas à la retraite, même si elle prend d’autres formes. Les retraités ont évidem- ment des combats spécifiques à mener, mais ils ont aussi un rôle à jouer dans la lutte contre cette austérité brutale qui menace l’en- semble des droits sociaux chère- ment acquis.

Les retraités ont toute leur place dans le SNES pour défendre leurs revendications mais aussi pour recevoir, grâce à leur adhésion, soutien, conseils, interventions face aux problèmes personnels qu’ils peuvent rencontrer et ce grâce aux permanences de militants.

Le syndicat, c’estaussi un lieu où on peut échanger, débattre. C’est une façon aussi de se battre pour la reconnaissance de la place des retraités dans la société, comme acteurs et actrices d’un mouve- ment qui espère une société plus juste, plus solidaire. ■

DANIEL ROBIN, MARYLÈNE CAHOUET

PORTRAIT LOISIRS/CULTURE

ACTUALITÉ

© Brave-carp / Fotolia.fr

Supplément à L’US n° 729 du 30 mars 2013

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ACTUALITÉ

> D I R E N O N À U N E A U S T É R I T É S A N S F I N

Une attitude courageuse

C’est le message adressé au président de la République

Les politiques d’austérité menées dans les pays européens continuent de provoquer des ravages et alimentent la xénophobie, l’individualisme, le populisme. Les élections récentes en Italie montrent qu’une part importante de la population ne croit plus à la capacité des politiques de trouver des issues à la crise économique et sociale.

Les résultats de la politique d’austé- rité sont partout les mêmes : diminu- tion du pouvoir d’achat des salariés et des actifs, fermetures d’entreprises et destruction d’emplois ; une première à Chypre où le FMI, la Commission euro- péenne et la BCE voulaient imposer une taxation des comptes bancaires dès le premier euro. En France, les annonces régressives se multiplient et le président de la République rappelle les choix « courageux à faire » : cinq milliards d’euros d’économie qui vont ponctionner les dépenses publiques dans chaque ministère. Ainsi la priorité du retour à l’emploi est réaffirmée mais l’inversion de la courbe du chô- mage n’est plus programmée pour 2013. Et l’OCDE suggère au gouvernement français d’aller plus loin dans les réformes et de réduire sans délai les dépenses de retraite et de santé, alors que l’acte III de la décen- tralisation va en plus aggraver les inégalités.

Emblématique de cette pression sur les salariés, l’ANI (Accord National Interprofessionnel, plus communément appelé accord sur la flexibilité) met scandaleusement en cause les droits des salariés. La

transposition dans la loi de cet accord minoritaire défavorable aux salariés est donc inacceptable.

Dans le même registre, les campagnes contre les retraités « privilégiés » se poursuivent. L’arme est bien connue : opposer les générations entre elles pour casser les solidarités. Le dossier des retraites qui va s’ouvrir peut être au contraire à nouveau l’occa- sion de créer de la cohésion dans le mouvement social au niveau intergénérationnel et, espérons-le, unitaire syndicalement.

Les pertes communes de pouvoir d’achat, en termes de salaire et de pension, vont non seulement réduire les ressources du pays mais faire basculer une plus grande partie de la population dans la pauvreté.

Certes, les retraites vont être revalorisées de 1,3 % (alors que l’inflation était de 1,75 % jusque-là). Mais à cette revalorisation, il va falloir soustraire les 0,3 % de la contribution additionnelle à la solidarité pour l’autonomie. Après les négociations sur les complé- mentaires, la désindexation est assurée.

S O M M A I R E

ÉDITORIAL p. 1

ACTUALITÉ

DIRE NON À UNE AUSTÉRITÉ SANS FIN Une attitude courageuse p. 2 ACTIFS ET RETRAITÉS

Tous à la diète p. 3

RÉFORME DES RETRAITES Nouvelle étape au début de l’été p. 4 INTERVIEW

ACTUALITÉS SYNDICALES Entretien avec Roland Hubert p. 5 SANTÉ-SOCIÉTÉ 2013 : ANNÉE DE L’AIR EN EUROPE Un nouveau rendez-vous

manqué ? p. 6

« BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN » (W. SHAKESPEARE) Pilule ou not pilule, that is the question ? p. 7 BAISSE DE L’ESPÉRANCE DE VIE FÉMININE EN 2012 La fin d’un cycle ? p. 7 PERTE D’AUTONOMIE, ENCORE UNE PROMESSE OUBLIÉE Y aura-t-il une loi ? p. 8 LA PROTECTION SOCIALE Une confrontation

permanente p. 8

LES ADHÉRENTS NE POURRONT PLUS DÉCIDER Les méfaits

de la concurrence p. 9 VIE SYNDICALE CONGRÈS FSU DE POITIERS Maturité ou évitement ? p. 10 LES DÉLÉGUÉS N’ÉTAIENT PAS TOUS DES ACTIFS Le congrès FSU

vu par une retraitée p. 10 LES RETRAITÉS ONT TOUTE LEUR PLACE DANS LE SNES Restez syndiquée

et syndiqué p. 11

DOSSIER ACTIFS, RETRAITÉS...

Tous ensemble ! p. 12 INFOS PRATIQUES PRENDRE SA RETRAITE p. 18 LOISIRS CULTURE LE DÉPAYSEMENT PRÈS DE CHEZ VOUS La Grande Traversée

du Jura p. 19

AIX 2013 Actualité d’une sous- préfecture provençale p. 20 MAS-FELIPE DELAVOUËT : UN TROUBADOUR DE NOTRE SIÈCLE

« Le provençal est comme le français du Roman de la rose : il a conservé

sa sensualité » p. 20

ESPACE-TEMPS ET FIGURES Giacometti est à Grenoble p. 21 AU FIL DE LA PRESSE JACKY BRENGOU A LU POUR VOUS

© milo827 / Fotolia.fr

Austérité : la spirale infernale

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ACTUALITÉ

>

Alors que le pouvoir d’achat des ensei- gnants n’a cessé de se dégrader depuis 1983, pour atteindre près de 30 % pour les certifiés qui partent à la retraite au 11

e

échelon, le blocage de la valeur du point d’indice des fonctionnaires, qui remonte à 2010, a été prolongé. Ces mesures ont bien sûr péna- lisé les pensionnés partis à la retraite ces dernières années. Elles auront encore plus de répercussions sur le montant des pensions des futurs retraités.

Mais cette dégradation, reconnue par l’INSEE dans sa publication « emploi et salaires », ne tient pas compte d’autres mesures néfastes bien connues des retraités parmi lesquelles :

• le gel du barème de calcul de l’impôt sur le revenu reconduit pour 2013 qui peut représenter plus de 200 euros d’IR par an ;

• la suppression de la demi-part pour les veufs et les divorcés qui touche 4 millions de contribuables ;

• la forte augmentation des impôts locaux (bien supé- rieure à l’inflation) ;

• l’augmentation des cotisations mutualistes.

Ces quatre mesures ne sont pas prises en compte

par l’INSEE pour le calcul de l’indice des prix à la consommation.

Citons aussi les reculs de l’assurance maladie (dérem- boursement de médicaments, 1 euro par acte médi- cal...), le tout couronné par le récent accord sur l’encadrement des dépassements d’honoraires qui

À GENOUX DEVANT LE CAPITAL ?

Taux de chômage actuels selon Eurostat : Grèce 27 %, Espagne 26,9 %, Por- tugal 17,3 %, Irlande 14,6 %, Italie 11,6 %. Cinq pays soumis à l’austérité et qui s’enfoncent dans la régression sociale. En 2012, un million d’emplois détruits en zone euro. Le Royaume-Uni, autre forcené de l’austérité, recon- naît qu’il ne réussira pas à réduire sa dette comme promis à partir de 2015. La France va-t-elle choisir de se suicider de la même manière ?

N’y aurait-il pas une autre issue si les gouvernements de ces six pays écoutaient enfin leurs peuples et avaient le courage de refuser ensemble de plier devant les diktats de la finance ? Aux peuples de l’imposer avant la catastrophe à des gouvernants résignés à ce Munich

social. PIERRE TOUSSENEL

Des calculs savants pour s’en sortir

© alphaspirit / Fotolia.fr © DR

A C T I F S E T R E T R A I T É S

Tous à la diète

Un traitement inacceptable

Le ralliement du gouvernement au traité européen et à la poursuite de l’austérité en matière de dépenses publiques va aggraver durablement la perte de pouvoir d’achat des actifs et des retraités de la fonction publique d’État.

Le 26 mars, la FSU et sa SFR (Section Fédérale des Retraités), les UCR (Union Confédérale de Retraités), CGT, FO et l’UNIRSOLIDAIRES ont porté ensemble une lettre à l’Élysée pour rappeler à François Hollande leurs revendications, pour lui rappeler que ni les actifs ni les retraités ne sont res- ponsables de la situation économique et du chômage de masse. Ces organisations syndicales de retraités ont réaffirmé la nécessité d’une politique ambitieuse plus juste, notamment sur le plan fiscal, qui conduise à des progrès et à une vie meilleure pour tous, actifs et retraités. Leur démarche avait aussi pour but de signifier au président de la République qu’elles n’ac- cepteraient pas une nouvelle dégradation de la situa- tion des retraités et des conditions d’accès à la retraite.

En 2013 les retraités sont parmi les premiers visés, cette situation nouvelle ouvre des perspectives favo- rables pour l’unité avec les actifs : l’histoire se répète rarement et la riposte prendra certainement d’autres

formes qu’en 2003 ou en 2010. Une certitude cepen- dant, elle est indispensable. ■

MARYLÈNE CAHOUET

(4)

ACTUALITÉ

légalise les pratiques des médecins du secteur 2.

Pour tenter de justifier cette politique suicidaire, les retraités sont pris comme nouvelle cible.

Eux, souvent traités de nantis, d’égoïstes, voire d’inutiles pour la société. Eux pour lesquels le COR prévoyait dès ses premiers rapports une baisse de 20 % des pensions, par rapport au salaire moyen, entre le début de la retraite et la dernière pension per- çue (avec un indice des prix qui sous-estime scan- daleusement les dépenses contraintes).

Eux, dont les avantages fiscaux seraient exorbitants d’après la Cour des comptes, vont subir une nouvelle taxe de 0,3 % (la CASA) pour financer la perte d’au- tonomie. Cet « impôt », prélevé uniquement sur les pensions imposables, tourne le dos à la solidarité

nationale et préfigure un financement de la perte d’autonomie assuré par les seuls retraités.

D’autres mesures telles que l’augmentation de la CSG, voire le gel des pensions, sont aussi à l’ordre du jour. Pour couronner le tout, la Cour des comptes préconise de supprimer l’abattement de 10 % qu’il considère comme une indemnité pour frais profes- sionnels, ce qui n’est rien d’autre qu’un mensonge.

Dégrader le pouvoir d’achat des actifs et des retrai- tés, comme s’ils étaient responsables de la crise est plus qu’une injustice : c’est une erreur économique qu’il est indispensable de combattre.

Ce combat, c’est ensemble que doivent le mener actifs et pensionnés avec tous les salariés et tous les

retraités. ■

J.-C. LANDAIS

> R É F O R M E D E S R E T R A I T E S

Nouvelle étape au début de l’été

Le gouvernement vient d’installer la « Commission pour l’avenir des retraites »,

composée de quelques experts, avec la mission de faire des propositions pour la fin juin.

Ensuite, le gouvernement soumettra ses choix aux partenaires sociaux.

L’essentiel du contenu de la future réforme des retraites est connu par des annonces savamment distillées et par la campagne médiatique destinée à préparer l’opinion. Le rap- port du COR (Conseil d’Orientation des Retraites) présenté en décembre a sans surprise fait état d’un déficit prévisionnel autour de 20 milliards, en raison de la crise économique qui réduit les recettes des régimes. Le rapport de janvier a analysé l’impact des réformes sur les inégalités que subissent les car- rières courtes et précaires, les femmes, les polypen- sionnés, les travaux pénibles...

Les mesures envisagées sur les retraites font partie d’un ensemble visant à trouver les milliards d’euros pour contenir le déficit public en deçà des contraintes fixées par la Commission européenne qui, tout comme l’OCDE, presse le gouvernement d’agir sur les dépenses sociales. En effet, il paraît difficile de réduire les dépenses publiques de 60 milliards d’eu- ros sur cinq ans sans s’attaquer aux dépenses sociales qui en représentent la moitié.

La chanson est désormais connue à travers toute l’Eu- rope : les politiques d’austérité aggravent les déficits publics via l’impact récessif sur la croissance et ainsi s’autoalimentent. Pour obtenir une réduction rapide des dépenses, il faut s’attaquer aux pensions déjà liqui- dées, ce que vise l’objectif de désindexation partielle par rapport aux prix qui touchera vraisemblablement les

retraites soumises à la CSG au taux de 6,6 %. Pour cette année, au 1

er

avril, le gouvernement est obligé de majo- rer les pensions du taux de l’inflation, mais la « pro- vidence » lui a trouvé un taux miraculeusement bas, 1,2 % contre 1,75 % prévu initialement. Dans les car- tons il y a un nouvel allongement de la durée de coti- sation, voire une réforme systémique. Sur le modèle de l’ANI, il y aura sans doute des « contreparties » tirées du rapport du COR pour faire passer ce qui fâche.

Comme l’exemple de l’Europe du Sud le montre de façon éclatante, cette austérité est sans fin. On a eu en septembre un premier plan lié au budget 2013, puis le mois suivant de nouvelles mesures liées au crédit d’impôt pour les entreprises, puis un nouveau plan annoncé aujourd’hui, et entretemps des « gels » et « surgels » de crédit. Donc le prochain plan d’aus- térité ne fera que précéder le suivant. C’est pourquoi en matière de retraites, rien n’est stabilisé et on est entré dans le régime de la réforme permanente.

Attendez-vous à apprendre le matin à la radio un ali- gnement du taux de CSG sur celui des actifs ou bien d’autres mesures du genre.

Cet enchaînement des plans d’austérité produit un

effet bien connu : l’irréversibilité ; à peine a-t-on eu

le temps de penser à organiser une riposte que la

mesure suivante vous tombe dessus ; d’où la néces-

sité d’une stratégie adaptée pour une riposte inter-

générationnelle et unitaire. ■

DANIEL RALLET

(5)

La rentrée 2013 sera différente des précédentes ?

La rentrée 2012 avait suscité de nombreux espoirs, pas sur le mode

« tout, tout de suite », mais bien dans l’attente de la construction d’un vrai projet pour l’École et ses personnels. La rentrée 2013, la première entièrement préparée par le nouveau gouvernement, est donc attendue comme celle de la rupture. Hélas, l’insuffisance de créations de postes face à l’augmentation du nombre d’élèves scolarisés dans le second degré d’une part et, d’autre part, l’at- tentisme du ministère sur de nombreux dispositifs pédagogiques et structurels pourtant condamnés par les personnels (livret personnel de compétences, accompagnement personnalisé, réforme de la voie technologique...), dessinent une rentrée qui ne sera pas celle du changement attendu. Cela d’autant plus que nombre de recteurs, de DASEN, d’IPR et de chefs d’établisse- ment rechignent à appliquer les

recommandations ministérielles et poursuivent dans les méthodes mana- gériales de l’ère Sarkozy, et que rien n’avance sur la revalorisation de nos salaires et de nos métiers.

Dans un tel contexte, il est indis- pensable de construire avec les collègues les actions revendicatives dans les établissements, mais aussi auprès des élus et de l’opinion publique. L’enjeu est d’importance, car il s’agit bien de l’avenir du second degré et de ses personnels.

La loi de refondation marque-t-elle vraiment une rupture ?

Là aussi, l’impression qui domine est celle de « rester au milieu du gué ». Refonder l’École est effec- tivement l’aspiration de nos profes- sions malmenées depuis des années. Or jusqu’à présent, elles n’ont pas été associées directe- ment au processus de discussion : les organisations syndicales ont été consultées, certes, mais jamais

le ministère n’a donné la parole au terrain, ayant opposé un refus systématique à toutes nos demandes de réunions ou de débats dans les établissements sur le projet. Le résultat est loin d’être à la hauteur des enjeux et trop d’éléments sont renvoyés à des discus- sions futures. Écartelé entre la volonté d’une école démocratique qui participe à la transformation de notre société en jouant plei- nement son rôle de formation de l’Homme et les vieux projets d’une « école fondamentale » qui font resurgir des débats dépassés sur l’articulation entre premier et second degré, le projet de loi, par ses absences et la recherche de continuité avec la loi de 2005 sur la structuration de la scolarité obligatoire, ne suscite que peu d’intérêt dans les salles de profs et dans les médias. Une nouvelle fois, le risque d’un rendez-vous manqué entre la Nation et son École est grand.

Le 6 avril est donc important ?

Revalorisation de nos salaires et de nos métiers, rupture réelle avec les politiques éducatives précédentes, affirmation de la cohérence du second degré avec le rejet de tout projet « d’école du socle », remise en cause des réformes Chatel des voies générale et technologique, développement du service public de l’orienta- tion scolaire au sein de l’Éduca- tion nationale, amélioration des conditions de recrutement, d’em- ploi et de travail, sur tous ces sujets il est indispensable de bous- culer le gouvernement qui, au nom de la réduction de la dette publique, en rabat chaque jour davantage sur ses promesses et objectifs initiaux. Exiger une véri- table refondation et les moyens de cette ambition démocratique, obtenir une rentrée 2013 en rupture avec les précédentes nécessite une expression massive et claire des personnels. La manifestation du 6 avril, à l’appel de la FSU et de ses syndicats de l’Éducation nationale, en est l’occasion qu’il ne faut pas manquer. ■

L A R E N T R É E 2 0 1 3

Entretien avec Roland Hubert

Une loi, des débats et pas seulement sur les rythmes scolaires, une manifestation le 6 avril : le rendez-vous à ne pas manquer, c’est maintenant.

Roland Hubert cosecrétaire général du SNES

© Thierry Nectoux

INTERVIEW

>

(6)

SANTÉ SOCIÉTÉ

> 2 0 1 3 : A N N É E D E L ’ A I R E N E U R O P E

Un nouveau rendez-vous manqué ?

L’air n’a pas de frontière. La catastrophe de Tchernobyl et les radiations ne se sont pas arrêtées, comme par miracle, à nos frontières ! C’est le monde entier qui doit se sentir concerné par la qualité de l’air.

En France, la pollution atmosphérique par les particules serait à l’origine chaque année d’en- viron 42 000 décès prématurés, soit 5 % des décès.

L’exposition aux particules réduit en moyenne l’es- pérance de vie de plusieurs mois ; 60 % de la popu- lation est exposée à un environnement de l’air dégradé.

D’après les travaux de l’Inserm et l’ANR en 2012, la prévalence

(1)

des maladies allergiques a considérable- ment augmenté au cours des vingt-trente dernières années : 15 à 20 % pour la dermatite, la rhinite et la conjonctivite allergique, et 7 à 10 % pour l’asthme ; multiplication aussi des cas de cancers...

Les pollutions industrielles ne sont pas les seules responsables de l’augmentation de ces allergies ; tous les phénomènes liés à notre confort comme l’augmentation du chauffage et de l’hygrométrie à

l’intérieur des maisons, l’utilisation des divers aéro- sols, y contribuent aussi.

Le gouvernement précédent avait proposé, dans le cadre du Grenelle de l’environnement, un « plan par- ticules » au niveau national et des plans de protec- tion de l’atmosphère au niveau local à Nice, Paris, Saint-Denis, Lyon, Grenoble, Bordeaux, Clermont- Ferrand et Aix-en-Provence. Ce dispositif consistait essentiellement à limiter l’accès au centre ville pour certains véhicules polluants. Delphine Batho, l’ac- tuelle ministre de l’Écologie, a constaté l’échec de ce dispositif jugé socialement injuste et écologi- quement inefficace. Un Comité interministériel de la qualité de l’air (CIQA) a été mis en place pour éla- borer, conjointement avec les collectivités locales, des solutions concrètes et durables afin d’améliorer la qualité de l’air en particulier dans le domaine des transports. De nombreuses Agences régionales de santé (ARS) se mobilisent notamment sur les conséquences des micro-organismes, des PM2 et 5

(2)

, des nanoparticules

(3)

et des fibres d’amiante pré- sents dans l’air, qui engendrent des pathologies res- piratoires, cardio-vasculaires, inflammatoires et allergiques.

Nous sommes tous concernés par la qualité de l’air mais aussi de l’eau et des sols. Individuellement, nous pouvons adopter des comportements respon- sables, en évitant le gaspillage, en employant des pro- duits naturels, en ne jetant pas les produits toxiques n’importe où... Mais c’est collectivement, par l’engagement associatif, syndical que l’alerte sera donnée sur les conséquences des substances pol- luantes. et que des politiques industrielles et agricoles respectueuses de l’environnement pourront être impo- sées : la reconnaissance des méfaits de l’amiante en est un bon exemple. ■

FRANÇOISE EIDEN

(1) Prévalence : en épidémiologie, nombre de personnes atteintes d’une certaine maladie à un moment donné dans une population donnée.

(2) PM2 et 5 : particules fines de diamètre aérodyna- mique inférieur à 2,5 µm.

(3) Nanoparticules : éléments ayant une taille nanomé- trique, entre 1 et 100 nanomètres (1 nanomètre est égal à 1 milliardième de mètre).

Améliorer la qualité de l’air : une nécessité

© Sergiy Serdyuk / Fotolia.fr

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SANTÉ SOCIÉTÉ

> « B E A U C O U P D E B R U I T P O U R R I E N » ( W . S H A K E S P E A R E )

Pilule ou not pilule, that is the question ?

Un certain nombre de femmes ont accusé la pilule contraceptive de troisième génération d’être responsable de leurs troubles vasculaires ou de leur AVC. Les médias se sont emparés de l’affaire, souvent sans discernement, et ont semé le trouble.

> B A I S S E D E L ’ E S P É R A N C E D E V I E F É M I N I N E E N 2 0 1 2

La fin d’un cycle ?

En vingt ans, les femmes de notre pays ont gagné 4,5 années d’espérance de vie à la naissance, les hommes 5,5 années. En 2012, l’espérance de vie féminine à la naissance s’établissait à 84,9 ans contre 78,5 ans pour les hommes ; mais des éléments inquiétants apparaissent.

En jetant le discrédit sur ce type de pilule et, par extrapolation, sur toutes les pilules, le risque était grand de faire peur aux utilisatrices, surtout aux plus jeunes d'entre elles déjà difficiles à convaincre d’adopter ce mode de contraception. D’après un sondage Ifop, réalisé en janvier 2013, 68 % des jeunes femmes de 15 à 25 ans estiment que la pilule « n’est pas sans danger et peut provoquer de graves problèmes de santé » : conséquence immédiate, 29 % d’entre elles envisa- gent sérieusement de l’arrêter... au risque d’être enceinte et de subir une IVG qui n’est pas non plus sans danger.

Légalisée en 1967, la pilule a été pour les femmes un moyen de vivre leur sexualité librement : « un enfant si je veux, quand je veux ». Selon l’Inserm, en 2010, 50 % des femmes de 15 à 49 ans utilisaient la pilule ; la proportion d’utilisatrices avait légèrement diminué depuis 2000, baisse compensée par l’adoption de nouvelles méthodes hormonales de contraception.

Le recours au stérilet diminuait légèrement et l’uti- lisation du préservatif progressait.

L’éducation à la sexualité à l’école est indispen- sable et les centres de planning familial doivent

La nouveauté vient d’un recul d’espérance de vie féminine, exceptionnel sur la longue durée mais qui fut observé aussi en 2003, l’année de la cani- cule. L’espérance de vie masculine n’est pas affectée.

Aussi, les explications avancées d’un hiver plus rigoureux et d’une moindre vaccination contre la grippe ne sont pas très convaincantes. Fait troublant, ce recul intervient après une baisse de l’Espérance de vie sans incapacité (EVSI) – en « bonne santé » – constatée l’an dernier tant pour les femmes que pour

les hommes : environ une année perdue entre 2008 et 2010. Il faut être attentif à ces mouvements en ces temps de gouvernance rigoureuse de la santé : fer- meture de lits, d’établissements, regroupements de services, augmentation du reste à charge des patients qui entraîne le renoncement aux soins.

En 2012, l’espérance de vie moyenne à 60 ans est de 27,2 ans chez les femmes et de 22,6 ans chez les hommes, en baisse pour les deux. ■

GEORGES BOUCHART

avoir les moyens de fonctionner. Il faut sans cesse expliquer qu’en amour les deux partenaires doivent prendre leurs responsabilités et que le choix de la contraception nécessite examens de santé et dis- cussions sérieuses.

Pilule de troisième génération, beaucoup de bruit sans poser la question essentielle : permettre à tous, à tous les âges de la vie, de pouvoir vivre sa sexua- lité sans complexes ni craintes. ■

F. E.

Le droit de choisir

© Steve Young / Fotolia.fr

(8)

SANTÉ SOCIÉTÉ

> P E R T E D ’ A U T O N O M I E , E N C O R E U N E P R O M E S S E O U B L I É E

Y aura-t-il une loi ?

Devant un parterre d’organismes de prévention et d’assureurs, puis devant les directeurs d’établissements de personnes âgées, la ministre Delaunay, ses conseillers, le Dr Aquino et Luc Broussy, ont dévoilé

en avant-première leurs rapports qui devraient préparer la loi sur « l’adaptation de la société française au vieillissement démographique ».

Attendue, espérée, reportée depuis 2007, la loi sur la perte d’autonomie s’ensable ; elle devrait prendre en compte tout le champ de l’avancée en âge car la question de l’âge n’est pas seulement celle du grand âge et de la perte d’autonomie. Il s’agit d’in- viter les baby boomers à anticiper leur entrée dans le grand âge, a précisé la ministre, car le financement s’adaptera à l’état de la France au moment voulu. La solidarité nationale doit jouer mais aussi la respon-

Dans les années 1970, la baisse du taux de profit dans les pays dits libéraux inquiète les milieux d’affaires. La riposte va reposer sur la dérégulation avec la circulation de capitaux financiarisés qui permet une spéculation outrancière débouchant sur des profits astronomiques, avec la pression sur les salaires, les attaques contre la retraite et les prestations sociales ; en France, c’est la multiplication des exonérations de la part patronale des cotisations, des niches fiscales, des impôts indirects sur la consommation ou la création de

la CSG et de la CRDS, mesures qui cherchent toutes à nier le principe de solidarité en organisant le transfert de la richesse produite dans les poches des plus riches.

« En cumul, depuis 1982, la déformation du partage de la richesse produite a fait basculer l’équivalent de 1 100 milliards d’euros de salaires bruts et de 400 mil- liards d’euros de cotisations patronales des salaires vers les profits »

(1)

. Aujourd’hui, la crise économique fournit de nouveaux arguments aux milieux d’affaires pour accentuer l’offensive contre une protection sociale sabilité individuelle, on ne saurait empêcher les Fran- çais qui le souhaitent d’avoir recours à des assu- rances privées, a-t-elle poursuivi, ajoutant que les aides publiques seraient destinées aux plus démunis.

Mais pas de calendrier ni même de contenu précis pour la loi promise.

Les rapports évoqués traitent, l’un des différentes mesures existantes ou à prendre concernant la pré- vention, l’autre des moyens à mettre en œuvre pour assurer à terme le maintien à domicile le plus long- temps possible. Un sort particulier est réservé aux aidants familiaux, dont la fonction est désormais ins- titutionnalisée et qui pourraient bénéficier de congés et d’adaptation de leurs obligations professionnelles : ils sont plus de 4 millions, leur engagement bénévole est estimé à plus de 8 milliards au bas mot...

La FSU, dont le récent congrès a validé les proposi- tions en matière de perte d’autonomie, est porteuse de projets novateurs qu’elle s’appliquera à populariser pour les faire prendre en compte. Elle ne pourra se satisfaire de demi-mesures. ■

ANNIE EVENO

> F I N A N C E M E N T D E L A P R O T E C T I O N S O C I A L E

Une confrontation permanente

Préserver les acquis...

La protection sociale et son financement solidaire sont un enjeu des luttes entre salariés et patronat.

De 1945 à la fin des années 1970, les luttes sociales ont amélioré les conquêtes de la Libération.

Avec la fin des « Trente Glorieuses », un autre combat a commencé.

Des bancs publics pour les vieux...

amoureux (L. Broussy en

page 22)

© Jean-Louis Viguier

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SANTÉ SOCIÉTÉ

> L E S A D H É R E N T S N E P O U R R O N T P L U S D É C I D E R

Les méfaits de la concurrence

Menace de mort contre une mutualité « authentique »

À l’origine, le fonctionnement des mutuelles était discuté et déterminé par les adhérents ou leurs représentants lors des assemblées générales. Ce ne sera bientôt plus le cas.

La mise en conformité avec les directives européennes et dernièrement la généralisation pro- grammée des contrats d’entreprises découlant du nouveau dispositif sur la flexibilité de l’emploi, vont obliger les organismes de couverture complé- mentaire, y compris les mutuelles, à répondre aux appels d’offres définis par les patrons et les comi- tés d’entreprises, qui, de ce fait, deviendront les vrais décideurs de la politique prestataire de ces organismes.

La MGEN évoque des pistes d’évolution de l’offre mutualiste qui ne répondent plus aux principes de base « on cotise suivant ses moyens et on reçoit sui- vant ses besoins » :

• dissociation du secteur santé et prévoyance de l’offre globale ;

• différenciation de l’offre en fonction des besoins :

perte de revenus pour les actifs, dépendance pour les retraités comme si les actifs ne pouvaient pas deve- nir « dépendants » ;

• proposition de différents niveaux d’offre santé et prévoyance ;

• enfin, dernière trouvaille, proposition de cotisa- tions mixtes, en fonction du revenu, de l’âge...

Il faut être vigilant et défendre dans les assemblées générales de la MGEN les fondements de la mutua- lité authentique. Certes la mutuelle réclame d’imposer la couverture tout au long de la vie pour tous les contrats et donc de ne pas laisser les retrai- tés sur le bord du chemin ; mais il y a déjà tant d’entorses dans les offres diversifiées qu’elle pro- pose, dont celle de la « dépendance », qu’on est en droit d’être méfiant. ■

FRANÇOISE EIDEN

solidaire. Il s’agit de développer des systèmes assu- rantiels juteux et d’accentuer une fiscalisation des financements de la protection sociale assise pour l’es- sentiel sur les salaires et les pensions. La nouvelle taxe de 0,3 % sur les retraites, le projet de transfert de cotisations (dites) patronales sur la CSG, ou la fusion de celle-ci avec l’impôt sur le revenu ont le même but : restaurer les profits.

Le SNES considère qu’il y a « nécessité d’envisager une réforme globale de la Sécurité sociale, qui dégage des recettes supplémentaires dans le cadre d’une politique économique et sociale réorientée en faveur de l’emploi, des salaires et des droits sociaux [...] que les richesses créées par le travail [devaient] demeurer... le mode de financement prépondérant de la Sécurité sociale [et] qu’il est tout aussi nécessaire de dégager des res- sources par l’imposition (de la fortune, des sociétés) et la taxation (des revenus financiers et du patrimoine) »

(2)

. La FSU a traduit ces propositions

(3)

« pour concilier son attachement à un financement de la Sécurité sociale par les cotisations et son exigence que soient davan- tage mis à contribution les revenus de placement et du patrimoine, la FSU préconise d’approfondir le débat en faveur des mesures suivantes :

maintien d’une contribution sociale sur les seuls

revenus de placement et du patrimoine avec élargis- sement de l’assiette et augmentation des taux ;

retour progressif des ressources issues de la CSG sur les revenus du travail vers les cotisations sociales ».

Ces pistes convergent avec celles que suivent la CGT et Solidaires. Elles peuvent constituer un socle revendica- tif fédérateur sur un terrain où la seule alternative à la rési- gnation est la lutte. ■

JEAN-YVES BARBIER

(1) Christine Jakse in Le Monde Diplomatique : Vous avez dit « baisser les charges ? », novembre 2012

(2) Congrès de Reims 2012 : mandat d’étude (3) Congrès de Poitiers 2013

Même couverture pour tous

© FreeSoulProduction / Fotolia.fr

(10)

VIE SYNDICALE

>

La première impression d’en- semble est celle d’un congrès

« apaisé » – signe d’une certaine maturité pour les vingt ans de la FSU ? –, non pas théâtre d’affron- tements ni de polémiques mais de débats parfois vifs, débouchant sur des synthèses ou tout au moins des compromis permettant la poursuite de la réflexion. Le travail collectif effectué en amont du congrès puis pendant les commissions a probablement permis de trouver des positions communes, au-delà des différences que ce soit sur les questions éducatives ou les questions très sensibles de pro- tection sociale par exemple.

Sans doute peut-on encore faire des progrès sur les procédures pour éviter des votes très longs, par exemple sur des motions ou amendements dont le seul objectif est de « se compter » ; cependant beau- coup a déjà été fait en matière d’intégration d’amen- dements.

Le congrès a permis de confirmer l’ambition de la FSU de traiter de toutes les questions qui touchent salariés et retraités ; le changement de contexte poli- tique qui crée des stratégies syndicales peu propices

Malgré le contexte difficile d’austérité aggravée qui pèse sur la population, un chômage de plus de trois millions de personnes, le climat était rela- tivement serein face aux défis à relever. « Aujour- d’hui, préparer l’avenir » : tel est le fil conducteur du discours d’ouverture de Bernadette Groison.

Cependant, il n’est pas toujours simple de trouver sa place dans le congrès en tant que retraité et il a fallu s’imposer fermement pour intervenir en plénière le premier jour. Une trentaine de délégués retraités

présents ont participé aux travaux des commissions et se sont retrouvés pour débattre syndicalisme et action. Ils ont veillé à la prise en compte de leurs revendications dans les textes soumis à discussion, textes déjà enrichis notamment par la forte implica- tion des retraités dans les congrès départementaux.

Pour le bilan, trois points à retenir :

• la partie « financement de la protection sociale » a fait l’objet de bataille d’amendements, signe d’une synthèse difficile de la part des syndicats nationaux à l’unité d’action, pose des problématiques nou- velles et bouscule syndicats nationaux comme sec- tions départementales ; pourtant le rôle des organi- sations syndicales est d’autant plus important que la crise financière, économique interroge notre modèle social, que les attaques se font pressantes, que la question de l’organisation de l’État est posée et que des alternatives doivent être proposées.

Concernant le fonctionnement de notre fédération, la question de l’articulation entre les différentes com- posantes et notamment la place des sections dépar- tementales a été approfondie, l’affirmation de la nécessité d’assurer renouvellement et féminisation renouvelée.

Une interrogation cependant : quelle signification donner au peu d’interventions sur une question où le SNES a ouvert la voie, celle de la recomposition syndicale, de l’évolution de la FSU et de la construc- tion d’un nouvel outil permettant le rassemblement des salariés pour une plus grande efficacité dans la conquête de nouveaux droits. Espérons que cette adhésion muette au mandat initial permettra vérita- blement de le faire avancer et que des initiatives fédérales, mais aussi des différents syndicats dans leur champ de responsabilité, seront prises en ce sens. ■

FRÉDÉRIQUE ROLET

> L E S D É L É G U É S N ’ É T A I E N T P A S T O U S D E S A C T I F S

Le congrès FSU vu par une retraitée

La FSU a fêté ses vingt ans en présence de la plupart de ses anciens secrétaires généraux ;

l’organisation et l’accueil remarquables de la section départementale de la Vienne ont beaucoup contribué à la sérénité des congressistes et donc des débats.

C O N G R È S F S U D E P O I T I E R S

Maturité ou évitement ?

La FSU est maintenant majeure ; à la mi-février, elle a tenu son 7

e

congrès dans une ambiance

calme et sereine. Premiers enseignements.

(11)

VIE

SYNDICALE

Défendre les droits de tous : droit à l’édu- cation, droit à des services publics de qualité, droit à un meilleur pouvoir d’achat, droit à la retraite et à des niveaux de retraite suffisants, voilà des combats qui ont animé l’action de tous les syndiqués du SNES et qui continuent à les animer, même une fois la « bar- rière » de la retraite franchie. À voir les retraités dans les manifs des actifs, dans les permanences du syn- dicat, on mesure leur attachement à soutenir la cause de l’éducation et des personnels. À voir les mises en question des acquis sur les dossiers « retraite », sur le pouvoir d’achat, sur la perte d’autonomie, on voit combien il est important de ne pas rester isolé mais de partager la réflexion et la mobilisation de tous.

Quoi de mieux donc que de rester syndiqué pour être en mesure d’intervenir, de peser sur les revendica- tions et les décisions ?

Le SNES compte, sur ses 61 500 adhérents (année 2011/2012), un peu plus de 8 000 retraités organisés en S1 départementaux. Au niveau des S3, un res- ponsable « Retraités » anime la section et participe au collectif national. Les S1 ont leur rôle à jouer dans le fonctionnement du syndicat et de la fédéra- tion, ils ont toute leur place dans l’élaboration de l’analyse de la situation et des revendications. Ils peuvent illustrer la confrontation entre passé, (les évo- lutions du système éducatif et l’histoire syndicale par exemple), et futur car le temps de la retraite arrivera pour tous quelles qu’en soient les modalités.

N’est-ce pas un gage de jeunesse que de garder un lien fort avec son activité antérieure, de rester en prise avec les évolutions sociales, économiques, de se battre sur le terrain des revendications qui unissent actifs et retraités ?

Les retraités s’investissent dans de nombreuses activités, sont souvent pris par la vie familiale et le soutien aux proches, mais cela s’accommode très bien d’un inves- tissement syndical choisi et généralement festif ! Moins de contraintes sans doute au temps de la retraite, mais pas question de ne pas rester en prise avec toutes les questions qui animent la société. ■

MICHÈLE OLIVAIN

et des courants de pensée. Résultat, un simple com- promis, mais l’avancée est indéniable et la réflexion doit se poursuivre ;

• pour la perte d’autonomie, le texte rappelle nos principes : de droit universel sans condition d’âge et de ressources, financé par la solidarité nationale et inscrit dans une démarche de service public ;

• enfin, le congrès n’a pas oublié la revalorisation des pensions et en proposant de créer un groupe de travail SFR/CDFN pour réfléchir à la place des retrai- tés dans la fédération, il nous impose de nous y investir.

Alors, en résumé, un congrès studieux qui ouvre des chantiers nouveaux. ■

MARYLÈNE CAHOUET

> L E S R E T R A I T É S O N T T O U T E L E U R P L A C E D A N S L E S N E S

Restez syndiquée et syndiqué

De nombreux retraités sont investis dans l’action humanitaire ; de nombreux retraités sont dépositaires d’un mandat politique ; pour prolonger sa vie sociale, il y a aussi un geste simple : continuer à adhérer à son syndicat ou même revenir dans son giron.

Poitiers, février 2013

© DR

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DOSSIER

Cette phase de la vie peut être perçue négative- ment : « on fait son petit jardin, on est cloîtré chez soi, on ne sort plus, on ne fait plus partie de la société... manque d’argent, laisser-aller dans les habitudes, perte de lien social, manque d’activité physique et intellectuelle ».

Mais pour beaucoup d’autres, la retraite est associée à la liberté : « du temps pour moi », « la retraite est un état de liberté où tu peux profiter de la vie, faire des choses pour soi sans le poids du travail ».

Les retraités des privilégiés ? Il faut beaucoup de mauvaise foi pour les considérer comme un ensemble socialement pri- vilégié d’autant plus que le principal objet des réformes des retraites en cours est d’organiser leur paupérisation. Le

« privilège » ressenti par ces jeunes est tout autre : c’est celui d’être affranchi des contraintes du travail, pour (enfin) réa- liser ses désirs, ses passions, ses envies. Bien sûr, chacun sait que les retraités subissent eux aussi des contraintes fortes L A R E T R A I T E , C ’ E S T L A L I B E R T É

Tout faire pour la co

Quand on interroge des jeunes sur la retraite, les ré Pour certains « c’est quand j’aurai fini de travailler e

>

A C T I F S , R E T R A I T É S . . .

Tous

ensemble !

« On n’aura pas de retraite » disent les trentenaires ;

pour les moins jeunes c’est une perspective de plus en plus lointaine ; quant aux retraités,

c’est leur pouvoir d’achat qu’ils doivent défendre.

Alors il faut s’y mettre tous ensemble !

>

Dossier réalisé parMarylène Cahouet, Annie Eveno, Daniel Rallet, Jean-Pierre Billot

(13)

DOSSIER

(perte de revenus, santé, solidarités familiales...), contraintes socialement très inégalement réparties, que l’avancée en âge contribue à accroître.

Mais il y a tout de même l’idée que les retraités ont des espaces de liberté qu’ils peuvent utiliser pour des engagements individuels et collectifs en fonc- tion de leurs aspirations.

En d’autres termes, la retraite n’est plus seulement comme dans la représentation traditionnelle un moment de repos et de retrait, mais un temps possible de l’émancipation. La jeunesse qui détient aussi cette carte du possible est enfermée dans ses galères, et le temps du travail pour les actifs passe de plus en plus avec le nouveau management sous le contrôle des experts et des hiérarchies.

Et si finalement les réformes des retraites, au-delà des questions financières, avaient une finalité poli-

tique : « mieux vaut de vieux travailleurs fatigués que de jeunes retraités actifs » ?

Partout en Europe, le chiffre d’or des réformes est 67 ans. Reprendre les meilleures années de la retraite, comme si l’exercice de la liberté était devenu insup- portable pour ceux qui veulent mettre la société sous contrôle, comme si le « droit à la paresse » était un mauvais exemple pour les idolâtres du culte de la performance.

Car cette aspiration à la retraite pose en creux la ques- tion du travail. Si les jeunes ne se voient pas ensei- gnants à 70 ans, c’est d’abord parce qu’ils ont des dif- ficultés à assumer un travail quotidien difficile. Si les quinquas voient avec désespoir les réformes éloigner l’horizon de leur départ, c’est parce qu’ils n’ont plus l’énergie de tenir entre le manque de reconnaissance, les réformes qui cassent leur métier et le sentiment d’échec qu’ils éprouvent.

Dans un autre monde, où le travail serait lui aussi un facteur d’émancipation, où les aspirations des gens seraient écoutées, la question de la retraite se poserait autrement.

L’émancipation pour tous : une belle utopie en ces temps de crise. ■

nserver

éponses sont contrastées.

et que je pourrai me reposer ».

Droit au travail, droit à la retraite, avec des revenus décents : un même enjeu pour tous

© Thierry Nectoux

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DOSSIER

Les retraités – et particuliè- rement les fonctionnaires pensionnés – sont souvent présentés par les médias comme des nantis...

Bernard : Les fonction- naires retraités perçoivent une pension qui est en fait un salaire différé ; ils n’ont pas de « retraites chapeau » et sont loin d’être des privi- légiés. Depuis plusieurs années, leur pouvoir d’achat s’érode : les dépenses contraintes augmentent beau- coup plus vite que les retraites. Certains retraités doivent aussi faire preuve de solidarité familiale avec leurs parents quand ils sont en

EHPAD ou avec leurs enfants qui ont de plus en plus de difficultés à s’inscrire dans la vie active.

Denis : Je ne dirais pas que les retraités que je ren- contre actuellement sont des nantis, mais ils me semblent en capacité de mener la vie qu’ils s’étaient imaginés une fois en retraite. Certains néanmoins ne touchent qu’une très petite retraite et ont un niveau de vie qui ne leur permet guère d’extras. Un petit nombre d’entre eux continue même d’exercer une activité professionnelle partielle pour conserver un niveau de vie décent. Et résultats des régressions de ces dernières années, je commence à voir des col- lègues reporter leur départ en retraite de plusieurs années pour éviter les décotes.

La retraite pour les actifs : une aspiration, un rêve ? Nathalie : La retraite, pour moi, c’est comme un point à l’horizon : plus je marche et plus il s’éloigne ! Denis : Je n’ai guère le temps de rêver ma retraite : c’est encore un horizon lointain. Le changement le plus important se trouvera, me semble-t-il, dans le

rythme de vie. Actuellement, j’ai l’impression de tra- vailler beaucoup et de ne pas prendre suffisamment de temps pour ma famille et pour moi. En retraite, dégagé de mes obligations professionnelles, j’entends bien changer radicalement de vie et profiter pleine- ment de la vie. Ceci dit, les régressions en cours et celles annoncées laissent peu de place au rêve.

Sylviane : À 57 ans, je commence à aspirer à la retraite. L’enseignement me plaît toujours autant mais la distance avec mes élèves grandit et égale- ment avec les parents qui fabriquent ces « enfants rois ». L’évolution du métier, ne serait-ce que par l’arrivée de nouvelles technologies pour les- quelles nous n’avons pas reçu une formation conti- nue de qualité, est aussi un facteur de lassitude.

La transformation de nos missions, celle de pro- fesseur principal par exemple, ne va pas dans le bon sens : on demande toujours plus aux enseignants sans aucun profit pour les élèves, avec comme seul résultat une dégradation continue de nos condi- tions de travail.

R E T R A I T E S , R E N D E Z - V O U S 2 0 1 3

Ambiance

Enquête dans une section académique

Les personnels du second degré n’étaient pas directement concernés par la négociation sur

les retraites complémentaires, mais cette négociation était la première étape du rendez-vous de 2013 sur les retraites qui concerne tous les actifs et tous les retraités. Maintenant le dossier est ouvert : premières réflexions sur le sujet dans une discussion à bâtons rompus à Besançon.

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Denis Baron, lycée V.-Hugo, Besançon (25)

Bernard Peyret, retraité, Dole (39)

Sylviane Gutierrez, collège A.-France, Bethoncourt (25)

En 2013, comme en 2003, en 2010 et à d’autres dates encore « ne pas désespérer et continuer à lutter »

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DOSSIER

D’ailleurs, les collègues obligés de prolonger leur carrière professionnelle pour des raisons financières – c’est le cas de nombreuses collègues femmes – sont fatigués et « n’ont plus la pêche », surtout en collège.

Mais la mise en retraite – elle – n’est pas toujours souhaitée ; elle est parfois redoutée, comme chez PSA par exemple ?

Sylviane : La mise à la retraite du côté de Sochaux, il y a bien longtemps que c’est n’est plus une menace ; les salariés sont ravis de quitter une entre- prise où seuls comptent les dividendes des action- naires ! La plupart des salariés de chez Peugeot profitent dès qu’ils le peuvent des plans de départ qui se succèdent, même ceux qui ont applaudi à la réforme de 2010 et fait la campagne de Sarkozy... Et il y aurait d’ailleurs beaucoup à dire sur ces plans de départ financés sur les deniers publics.

En résumé, la retraite une perspective lointaine pour ne pas dire irréaliste..

Didier : C’est évident que pour les « quadras », ma génération, la perspective d’un départ à la retraite à 60 ans, à taux plein, devient de plus en plus de la science-fiction ! Cependant, l’idéologie de la rési- gnation ne m’a pas encore totalement rabougri. Je ne peux ni ne veux m’accommoder, individuellement et collectivement, de ce débouché sombre pour ma génération et les suivantes. L’avenir n’est pas écrit ! Laure : Selon la loi actuelle, je devrais attendre 67 ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Je ne me vois pas être avec des élèves, des adolescents, à cet âge-là.

Si je pars avant, je subirai une décote importante.

C’est un non-choix entre la peste et le choléra. Mais l’objectif des réformes a été et demeure le versement de pensions incomplètes : ce n’est pas acceptable.

Après une vie professionnelle bien remplie, je devrais pouvoir espérer partir en retraite dans des conditions décentes et laisser ma place à de jeunes collègues.

Les « quadras », avec d’autres, assurent actuelle- ment en grande partie le financement de la soli- darité envers les jeunes et les retraités ; la solida- rité n’a-t-elle pas des limites ?

Laure : Ce n’est pas par cet angle-là qu’il faut aborder la question. La solidarité entre actifs et retraités, bien portants et malades doit demeurer.

C’est indispensable pour davantage d’égalité. C’est un principe inscrit dans la Constitution. En même temps, il faut limiter la hausse des cotisations. Le nœud du problème est le travail : trouver le moyen de réduire fortement et durablement le chômage est la solution. Plus il y a d’actifs qui travaillent, plus il y a de cotisants.

Didier : C’est vrai que la solidarité repose sur ma génération, mais c’est une fierté et un honneur. Je continue de préférer la solidarité plutôt que l’indi- vidualisme et un système par répartition plutôt que la retraite par capitalisation. Le chômage de masse est la mère de tous nos maux : ce n’est cependant pas une fatalité mais le fruit de choix politiques qui peuvent et doivent être amendés.

Alors pour les retraites, c’est reparti en 2013 comme en 2003 et en 2010 ?

Nathalie : Différence majeure, la crise écono- mique qui déséquilibre considérablement les comptes des caisses de retraites et génère, dans l’UE, une vague de politiques d’austérité qui aggrave la situation – et semble être pour nos diri- geants un horizon insurmontable.

Même si le paysage syndical a peu changé depuis 2003, il sera peut-être plus difficile de mobiliser à cause des résultats des luttes antérieures qui n’ont pas correspondu aux espérances et du sentiment que tout est verrouillé. Mais dans le contexte d’exaspération actuel, tout peut basculer très vite : il ne faut donc pas désespérer et continuer à militer. ■

Nathalie Faivre, lycée V.-Hugo, Besançon (25)

Didier Vuillemot, collège A.-Camus, Besançon (25)

Laure Flamand, collège Rouget-de-Lisle, Lons-le-Saunier (39)

Pierre Darocha,16 ans, élève au lycée Paul-Émile Victor, Champagnole (39), bassiste du groupe Narrow Line

LE POINT DE VUE DE SIRIUS : LA RETRAITE VUE PAR UN LYCÉEN

« Retraite, le mot me rappelle vaguement quelques manifestations, il y a quelques années, mais rien de plus. Je m’imagine une période de repos total, sans travail, sans contraintes... La belle vie ! Cela peut en effrayer certains : le travail est une occu- pation quotidienne, son arrêt peut créer un vide, de l’ennui...

Pour ma part, je pense que la retraite est indispen- sable, surtout pour les métiers où le corps est mis à

l’épreuve. De plus, après avoir passé la majeure partie de sa vie au travail, on a bien le droit de prendre un peu de repos.

Je ne suis pas spécialement pressé d’arriver à la retraite et dans quelques années, ma préoccupation majeure sera sans doute d’abord de trouver du travail. Or pour que les jeunes trouvent du travail, il faut que les anciens partent à la retraite et laissent leur place. »

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DOSSIER

Les inégalités de rémunérations des femmes se retrouvent souvent amplifiées à la retraite, retraites globales qui sont en moyenne infé- rieures de 30 % à celles des hommes et l’écart conti- nue à se creuser. On en connaît les raisons : carrières discontinues, temps partiels, départs anticipés péna- lisés par la décote... y compris ces dernières années ceux des mères de trois enfants parties avant la sup- pression de l’avantage dont elles bénéficiaient.

La vie de couple a évolué : séparations, divorces tardifs, unions libres, PACS, familles recomposées, la législation tarde à s’adapter aux nouveaux modes de vie ; les pensions de réversion – quand elles y ont droit – ne permettent pas à toutes les femmes de vivre décemment. C’est un champ nouveau qui reste à explorer.

Libérées des obligations professionnelles, les retrai- tées réalisent enfin des aspirations longtemps conte- nues : ralentir le rythme, apprendre à ne rien faire, pratiquer des activités artistiques, des activités sociales ou humanitaires, partagées avec conjoints ou amis, militer (au SNES 54 % des adhérents retraités sont des femmes). Une nouvelle vie commence dans laquelle les retraités jouent un rôle social reconnu.

Mais vite les activités « traditionnelles femmes » vont s’imposer : les aides à la famille, la garde des petits enfants, régulière parfois ou pendant les congés

avec leur cortège de bonheurs et aussi de contraintes, palliant souvent le manque d’accueil. Un récent rap- port « genre et dépendance » évoque la situation dif- ficile des plus de quatre millions d’aidants fami- liaux, des femmes essentiellement, intervenant auprès de personnes âgées, leurs parents ou beaux-parents, femmes dont la plupart ont entre 45 et 64 ans, les autres étant les conjointes « retraitées » elles aussi.

Les stéréotypes ont la vie dure. Même à la retraite ! ■ A C T I V E S , R E T R A I T É E S

Mêmes discriminations, même combat

Chaque année à l’occasion de la journée internationale de la femme fleurissent publications et promesses.

L’année 2013 n’y a pas échappé : nouveau Président, nouveaux engagements avec la signature d’un protocole pour l’égalité hommes-femmes dans la fonction publique, le 8 mars.

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PROFESSION : RETRAITÉ !

Depuis quelques années sont offertes aux retraitables des sessions de préparation à la retraite(1). Quelle idée ! Gérer sa liberté, l’organisation de son temps, s’évader du carcan de l’emploi du temps, ce n’est pas compliqué... Pas si simple parfois : l’engagement professionnel est d’une telle permanence qu’il a, notre vie durant, absorbé notre énergie, quadrillé nos jours, envahi nos pensées, nos conversations et le passage à la retraite est une grande césure.

Les petits plaisirs et les temps forts du passage à la retraite ne comblent pas l’espace de l’activité pro- fessionnelle : c’est à la construction d’une autre vie que s’appliquent peu à peu les retraités, faite d’autres engagements et de renoncements aussi. « Et toi, que fais-tu ? Je suis retraité »...

C’est comme si l’identité d’une vie s’était envolée et qu’on était réduit(e) à un statut, à un âge.

Attendue, souhaitée, espérée, redoutée, la retraite sera d’autant plus riche qu’elle aura été pensée, anticipée et qu’elle deviendra une aventure sociale collective.

(1) INPES (Institut national de prévention et d’éducation à la santé) : « Les sessions de préparation à la retraite, un enjeu citoyen », collection La santé en action (2011)

Tous différents mais égaux en droit

© Olly / Fotolia.fr

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DOSSIER

L’institut de Recherche de la FSU travaille sur l’activité des retraités depuis l’automne 2009. L’idée de cette recherche est de suivre l’activité à la retraite, et au fil de la retraite d’un certain nombre de retraités du champ de syndicalisation de la FSU.

Pour ce faire, un guide d’entretien a été élaboré ; des collègues retraités ont été contactés et ont accepté de participer à ce travail. L’objectif n’était pas de consti- tuer un échantillon représentatif, mais de s’intéresser à quelques cas types.

Difficile de résumer des dizaines d’heures d’entretiens mais quelques lignes de force se dégagent.

L’entretien est l’occasion d’un retour souvent long sur la carrière voire sur la vie des personnes interrogées.

Les départs à la retraite sont attendus, espérés, parfois redoutés, mais n’interviennent pas toujours de façon

« planifiée ». L’élément déclencheur est parfois inat- tendu, mais souvent lié à un sentiment d’usure. Alors la retraite offre la possibilité de se reconstruire et

suscite l’espoir. Le facteur santé – la sienne, celle des proches – est cependant souvent déterminant.

L’identité « nouvelle » est plus liée à l’âge qu’au sta- tut. Mais quand activités il y a, celles-ci sont souvent multipliées, absorbantes. Les enfants, petits-enfants occupent une grande place, parfois considérée comme exagérée. Les activités prennent souvent la forme d’une reconversion du capital professionnel ou mili- tant. Ce peut être aussi le retour des activités aban- données faute de temps. La retraite c’est aussi la pour- suite de l’engagement syndical, politique, associatif qui prend des formes différentes à ce moment-là.

La retraite : temps de la liberté ? On pourrait le croire mais les contraintes continuent d’exister, celles que l’on se donne, celles qui relèvent de la pression sociale, du regard des actifs, des ressources ou parce que le temps se dilate ou que le corps ne suit plus. Mais comme le dit un retraité : « il faut être débordé ».

« J E S U I S D É B O R D É » , D I S E N T - I L S

L’activité des retraités

Un chantier de l’Institut de Recherche de la FSU

Depuis une période récente, la recherche universitaire, souvent en lien avec les organisations syndicales de salariés, s’intéresse au travail comme activité. L’Institut de la FSU a initié un travail de recherche dans ce domaine ; il a aussi innové en se penchant sur l’activité des retraités.

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P O U R N E P A S C O N C L U R E

Le droit d’avoir des droits

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La question des retraites est délibérément enfer- mée dans des statistiques économiques, des projections chif- frées qui occultent les logiques d’acteurs, le sens qu’ils donnent à leurs actions et les contextes historiques. Si on regarde plutôt du côté de Robert Castel que du côté du COR, les retraites sont une partie de cette « propriété sociale » (la propriété de ceux qui n’en ont pas) qui a permis aux individus de se construire dans la durée, de se battre, d’être reconnus, en un mot de s’émanciper.

S’attaquer aux retraites c’est réinstaller les individus dans l’incertitude (on voit bien comment celle-ci est organisée par les réformes successives), la dépendance vis-à-vis du mar- ché et la subordination aux lois de l’économie capitaliste. La

stigmatisation des retraités n’est pas un hasard, c’est une méthode, comme sont stigmatisés les « fraudeurs du RSA » tandis que les évadés fiscaux assurent le spectacle. N’ont de valeur que ceux qui concourent directement à la « compéti- tivité » redevenue la loi fondamentale de la société. Tous les autres, les chômeurs, les précaires, les licenciés des « plans de sauvetage de l’emploi », les fonctionnaires « trop nom- breux », les malades, les retraités sont rejetés dans la caté- gorie infamante de ceux qui coûtent.

Ce qui est attaqué, c’est fondamentalement le « droit d’avoir des droits » pour reprendre la formule d’Hannah Arendt. Au bout de ce chemin, c’est la démocratie qui est inévitablement en jeu. ■

Le sociologue Robert Castel est décédé le 12 mars 2013 ; il insistait dans ses ultimes travaux sur la montée des incertitudes, fruit d’un « nouveau régime capitaliste » indéfectiblement lié à une

précarisation croissante, voire à l’exclusion qu’il nommait de manière pertinente « désaffiliation ».

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INFOS PRATIQUES

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Dans cette rubrique, Marie-Louise Billy et Robert Jacquin vous répondent ; envoyez vos questions à L’US-Retraités, 46, avenue d’Ivry, 75647 Paris Cedex 13 ou par mail à enretraite@snes.edu Permanence téléphonique les mercredi et jeudi : 01 40 63 27 32 et 01 40 63 27 31

ADHÉRENT DE LA MGEN

Des changements

Il faut signaler sa mise en retraite, faire parvenir une photocopie de son titre de pension pour que la nou- velle situation soit prise en compte et que les prélèvements se fassent sans retard. Il peut être nécessaire de changer d’affiliation départemen- tale, si l’on ne réside pas dans le département où l’on exerçait.

À noter que votre cotisation sera majorée : à la MGEN, le taux de cotisation est 2,97 % du traitement brut pour les actifs ; il est de 3,56 % sur les pensions pour les retraités.

SYNDIQUÉ AU SNES...

... la continuité

Aucune mauvaise surprise pour la cotisation syndicale ; elle variera en fonction du montant de votre pen- sion. Pour se syndiquer à nouveau ou rester syndiqué, la démarche est simple : contactez votre Section académique si vous ne recevez pas votre bulletin d’adhésion annuelle.

Le trésorier académique ou dépar- temental de la section des retrai- tés réparera cette erreur. Vous rece- vrez alors toujours l’ensemble de la presse syndicale et en plus, quatre fois par an, L’US-Retraités.

Autre bonne nouvelle, à compter de 2012 donc pour vos impôts 2013, les cotisations syndicales ouvrent droit à un crédit d’impôt et non plus seulement à une réduction d’impôt. Vous aurez donc droit à une diminution du montant de vos impôts sur le revenu égale à 66 % du montant de votre cotisation syn- dicale ou à un versement par le fisc du même montant, si vous n’êtes pas imposable.

En quoi consiste le droit à l’information créé par la réforme des retraites de 2003 ?

Le fonctionnaire reçoit à partir de 35 ans, tous les cinq ans jusqu’à 50 ans, sans démarche particulière, un Relevé de Situation Individuelle.

Il faut en vérifier les données et faire corriger les erreurs. Un polypensionné peut également faire une demande une fois par an auprès d’une caisse de retraite dont il dépend. À 45 ans, il est possible d’obtenir un entretien indi- viduel dans les six mois.

À partir de 55 ans, tous les cinq ans, une Estimation Individuelle Globale est envoyée préci- sant les droits acquis, la durée d’assurance et une estimation du montant de la pension.

Prendre sa retraite à la rentrée de l’année scolaire 2014 : quelles démarches ?

Le Dossier d’Examen de Droits à Pension est élaboré par le service des pensions du rectorat, il est plus précis que les documents fournis par le service des retraites de Nantes. Il ne faut pas hésiter à le demander si on ne l’a pas reçu car il permet de connaître ses droits, de faire recti- fier d’éventuelles erreurs et de déterminer la meilleure date de départ possible.

Pour solliciter sa mise en retraite, le dossier de demande doit être retiré au secrétariat de son établissement environ un an avant la date choisie. Puis, le dossier rempli et complété est envoyé au rectorat par la voie hiérarchique.

Quel cheminement pour ce dossier ?

Le service des pensions du rectorat envoie un accusé de réception. Ensuite le service des pensions du ministère de l’Éducation adresse à l’intéressé l’Arrêté de mise en retraite qu’il convient d’examiner attentivement en prenant connaissance des voies et dates de recours en cas d’er- reurs concernant la date, le motif de la demande (limite d’âge, ancienneté, parents de trois enfants, handicap...).

Le Titre de Pension est le document essentiel. Il émane du ministère des Finances-Service des Pensions ; il fait le point sur les droits acquis et précise le montant de la pension. Les informations qu’il comporte concernant les voies et les délais de recours sont à lire avec attention et à respecter scrupuleusement.

Un autre document à renvoyer au service payeur pour la mise en paiement de la pension lui est associé.

Quelles démarches complémentaires pour les polypensionnés ? Si un fonctionnaire a travaillé hors de l’éducation, il doit s’adresser à la CNAV, sans oublier les caisses de retraites complémentaires (IRCANTEC, AGIRC, ARRCO...). ■

Prendre sa retraite

Quelques informations pratiques pour ceux qui s’apprêtent à prendre une retraite bien méritée.

© Jean-Louis Viguier

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