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ACTIFS ET RETRAITÉS, ENSEMBLE

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RETRAITÉS RETRAITÉS

ACTIFS ET RETRAITÉS, ENSEMBLE

L e document d’orientation du gouvernement sur les retraites vou- drait se montrer équilibré : confrontant les propositions du Medef aux revendications syndicales, il prétend repousser les solutions extrêmes comme celles qui seraient irréalistes.

Pourtant, il confirme sa décision d’exiger 41 annuités en 2012, accorde au patronat le rejet de toute hausse des prélèvements obligatoires et entend poursuivre les réformes Balladur et Fillon dont les effets dévastateurs menacent la confiance dans la retraite solidaire, invitant les uns à l’épargne, les autres au cumul de l’activité avec une pension.

Contraint à manœuvrer pour passer, il tente d’éclater le rendez-vous de 2008 en renvoyant les questions des fins de carrière, de la pénibilité et celles des avantages familiaux et conjugaux de retraite à d’autres moments et d’autres lieux de discussion.

Contraint à répondre à la revendication d’augmentation des pen- sions, il reporte à septembre l’effet d’une mesure insuffisante et se rattrape en trésorerie sur le dos des retraités en reportant au 1

er

avril l’augmentation annuelle.

Le redéploiement entre salariés semble bien être la seule marge de financement envisagée. Il indique ainsi aux fonctionnaires que toute amélioration du taux de la réversion passerait par une mise sous condition de ressources.

Qu’il s’agisse des retraites ou de la Révision générale des politiques publiques, l’objectif visé est celui d’un repli des protections collectives, l’État se limitant à garantir des minima aux plus pauvres.

En mai 2008, les mobilisations sont d’actualité. Elles rassembleront actifs et retraités, ensemble pour des retraites et une société solidaire. ■

FRÉDÉRIQUE ROLET cosecrétaire générale ANNE FÉRAY secrétaire nationale

L I B E R T É - É G A L I T É - F R A T E R N I T É

Moins d’état, moins de services, moins d’Édu- cation nationale, de salaires, de pensions, de remboursements, de soins, de maisons de retraite, de droits, de libertés, de grèves... Le gouvernement et sa majorité parlementaire ont entrepris la démolition des acquis sociaux et du socle républicain de la fonction publique ; devrait-on ranger la devise Liberté-Égalité- Fraternité au rang des accessoires « datés » ? Les dégâts s’annoncent considérables, la brade- rie risque de suivre : il faut y faire obstacle.

Le SNES et la FSU s’y emploient aux avant- postes des luttes de ce printemps, force d’en- traînement, avec la CGT et Solidaires, mobili- sant dans des configurations à géométrie variable les autres organisations.

Organisés en Sections fédérales des retraités (SFR) au sein même de leur fédération, les retraités du SNES sont partie prenante de toutes les luttes, celles des retraités avec les unions confédérales de retraités et la FGR-FP, et les luttes générales avec les actifs : mai en témoigne et invite déjà à prendre date pour la suite face aux blocages gouvernementaux.

La progression de 7 % de leurs effectifs témoigne certes d’un attachement à leur syndicat et plus encore d’une volonté de construire avec lui un réel syndicalisme « retraités ».

C’est un défi pour le SNES et la FSU : être très forts pour se donner les moyens de prendre encore mieux en charge tous les besoins et reven- dications des retraités, c’est vraiment le

moment !

Le 19 mai 2008

ANNIE CLAVEL, ROBERT JACQUIN responsables de la catégorie « retraités »

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S O M M A I R E

ÉDITORIAUX

p. 1

SECTIONS FÉDÉRALES DE RETRAITÉS (SFR)

Des débuts prometteurs p. 2

POUVOIR D’ACHAT

0,8 % : le compte

n’y est toujours pas p. 2

FISCALITÉ

Une simple erreur

de communication ? p. 3

SALARIÉS ET RETRAITÉS

La rigueur et le pillage p. 4

AIDE À DOMICILE

Les retraités non imposables

sont exclus p. 4

DÉPENDANCE

Quel financement ? p. 5

LES PRÉVISIONS DE RÉFORMES DE LA PROTECTION SOCIALE

Dans le droit fil de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) p. 5

FGR-FP

En route pour le congrès p. 7

GÉNÉRATION ET DÉPENDANCE

Le problème de tout le monde p. 7

FSU-RETRAITÉS BRETAGNE

Une réalisation suite à un échange avec la SFR de la Haute-Garonne p. 8

RGPP

Réduction, restrictions, répression, régression p. 9

DANEMARK

Le fameux État-providence p. 10

DÉMOCRATIE SOCIALE

La fonction publique

aussi attend p. 11

PARTAGE DES RICHESSES

La question taboue p. 12

D’ICI, DE LÀ ET D’AILLEURS...

La vie des sections

de retraités p. 12

DÉMANTÈLEMENT DES POLITIQUES D’ÉGALITÉ FEMMES/HOMMES

Réagissons ! p. 14

MAIS QUE FONT LES RETRAITES ?

Pourquoi pas du braille ? p. 14

TRIBUNE LIBRE

Les soldes du Président p. 15

DROIT À L’ALIMENTATION

Conférence de presse

de Jean Ziegler p. 16

INTERGÉNÉRATIONNALITÉ

Le pouvoir des anciens ? p. 16

À LIRE

Et classe vit p. 17

TRIBUNE LIBRE

Laïcité ouverte :

« quand Bolloré

instrumentalise Paul » p. 18

S E C T I O N S F É D É R A L E S D E R E T R A I T É S ( S F R )

Des débuts prometteurs

> >

actuellement et pour l’avenir de la solidarité. Chacun sent bien combien gagne le découragement face au bulldozer sarkozyen. Ici et là pointe l’illusion de l’as- surance individuelle devant les coups de boutoir contre la protection collective.

Nos SFR peuvent aider à construire des liens encore plus étroits entre actifs et retraités, donner chair et contenu à la communauté d’intérêts qui les lie.

Rien n’est plus urgent que de renforcer ces liens, de convaincre les retraité(e)s que leur place est dans les luttes pour l’avenir des services publics, pour la défense des régimes de retraite. Beaucoup y tiennent déjà leur place mais il reste beaucoup à faire.

• Contribuer à penser l’avenir

Souvent moins contraints par une actualité harassante, nos collègues retraité(é)s peuvent aussi aider à prendre du recul, à tirer parti et réflexion de l’expérience des luttes passées, à ouvrir des perspectives.

Car là est bien le problème. On sent un profond désarroi dans le mouvement syndical. Les projets de réforme de la représentativité semblent donner le vertige à quelques- uns et inciter à construire des chimères dont l’attractivité est fort problématique. Alors que c’est un formidable renouvellement des approches qu’impose la situation internationale, l’avenir même de la planète, on continue de ne voir que petites ambitions et discours verbeux.

Le syndicalisme des retraités(e)s n’a certes pas la pré- tention d’apporter les réponses mais est-il si déraisonnable de penser que, vu la piètre qualité des productions poli- tiques, il pourrait contribuer lui aussi à élaborer des réponses syndicales d’une autre ambition ? ■

PIERRE TOUSSENEL

Les sections fédérales de retraités sont désormais en place dans la grande majorité des départements.

• Des lieux de rencontres et de débats Dans de très nombreux cas elles ont déjà permis à des retraité(e)s adhérent(e)s de syndicats à faibles effectifs, voire sans aucune identification de leurs retraité(e)s, de renouer un lien avec le syndicalisme. Dans presque tous les cas elles rassemblent des adhérents(e)s de sept à huit syndicats de la fédération et commencent à se donner les moyens d’un recensement beaucoup plus complet.

Elles sont des lieux d’échange, d’information et d’expé- rience, celles de nos camarades du SNUIPP générale- ment les plus engagés(e)s dans la MGEN, la FGR aidant à mesurer les champs à prendre en charge. Notre activité dans la FGR et dans les divers organismes où se débattent la situation et les problèmes des retraités y trouve les moyens d’une beaucoup plus grande efficacité. Elles sont aussi des espaces de réflexion et d’initiatives sur des domaines d’intérêt général : avenir de la Sécurité sociale, avenir des régimes de retraite, élaboration de tracts, de ren- contres pour traiter et débattre de ces problèmes.

• En faire des lieux de formation

Prendre en charge les multiples problèmes de nos col- lègues retraité(e)s exige certes de les recenser mais de recenser aussi les lieux où ils se débattent et se tran- chent, les mécanismes et les instances en œuvre.

Notre FGR aide à cette formation mais il nous faut être beaucoup plus ambitieux pour imposer l’efficacité du syn- dicalisme dans tous ces domaines.

C’est un enjeu majeur pour les choix qui s’opèrent

>

Les retraités ne se satisfont ni de cette annonce, faite par le chef de l’État sans concertation avec les partenaires sociaux et dont on ne voit pas sur quelle estimation elle repose, ni du report annoncé de trois mois de la date de revalorisation des pensions : trois mois de trésorerie gagnés sur le dos des retraités. C’est en poursuivant leurs luttes unitaires en mai et en resserrant leurs liens avec les actifs qu’ils pourront encore faire bouger les choses et engranger des améliorations. ■

ANNIE CLAVEL

La réponse à la revendication d’une amélio- ration immédiate du pouvoir d’achat des retraités sous la forme d’un ajustement de 0,8 % des pensions en sep- tembre ne convient pas aux retraités.

Cela représenterait globalement moins de 1,35 % de progression sur 2008 alors que l’inflation était annoncée à 1,6 % sur l’année et que, de mois à mois, d’avril 2007 à avril 2008, elle est estimée ce jour par l’INSEE à plus de 3 % en glissement !

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RE ET TR RA AIIT TÉ ÉS S R RE ET TR RA AIIT TÉ É

P O U V O I R D ’ A C H A T

0,8 % : le compte n’y est toujours pas !

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R e t r a i t é s , s u p p l é m e n t à L ’ U S n ° 6 6 7 d u 2 1 m a i 2 0 0 8 -

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F I S C A L I T É

Une simple erreur de communication ?

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Le candidat Sarkozy se voulait le Président du pouvoir d’achat. Le premier acte majeur du gouvernement a été le projet de loi en faveur du travail de l’emploi et du pouvoir d’achat (loi TEPA) ou « paquet fiscal », sous le prétexte de stimuler la croissance économique. Un autre objectif avoué était de créer un choc de confiance.

Un terrain bien préparé

Depuis 1986 on a assisté à une baisse régulière du principe de progressivité de l’impôt sur le revenu. En effet, le taux marginal de la tranche haute a reculé de 65 à 40 % (en intégrant l’abattement de 20 % à compter de 2007) et le nombre de tranches est passé de 14 à 5, avan- tageant essentiellement les hauts revenus. Cette dimi- nution de la progressivité réduit la redistribution de l’impôt et « avance vers la mise en place d’une taxation unique uniquement proportionnelle (la flat tax) ».

Gagner plus sans travailler plus

Sans rentrer dans le détail du « paquet fiscal », un sur- vol de trois mesures symboliques permet de montrer qu’il sert essentiellement les plus riches.

• C’est le cas de l’aménagement de l’Impôt sur la fortune (ISF). Il est dorénavant possible d’y échapper en toute légalité pour la majorité des contribuables aisés, voire même de le faire fructifier.

Plus besoin de dissimuler son magot dans un paradis fiscal. Les personnes redevables de moins de 50 000 € au fisc au titre du patrimoine ont la possibilité d’effa- cer cette note en investissant dans une ou plusieurs PME. Il leur est aussi possible de faire du préventif avec des placements dans de nouvelles assurances-vie, forêts, œuvres d’art... Voilà comment, sans supprimer l’ISF, on le vide en partie de sa substance.

• Si cela ne suffit pas, il reste le « bouclier fiscal » qui plafonne l’imposition totale à 50 % des revenus à partir du 1

er

janvier 2008. En effet, la somme des impôts directs et des contributions sociales (CSG et CRDS), ainsi que les impôts locaux ne pourra pas dépasser 50 % des revenus imposables. En fait, l’in- corporation de la CSG et de la CRDS (11 %) va abais- ser le plafond déclencheur du remboursement à 39 %.

Parmi les quelques milliers de foyers fiscaux, déjà largement exonérés par ailleurs, 1 000 se verront rem- bourser 250 millions d’euros, soit une moyenne de 250 000 € par foyer. C’est l’État qui remboursera la différence aux contribuables qui en feront la demande.

• La baisse des droits de succession va dans le même sens, le nombre de successions exonérées de droits pas- serait de 60 à 95 %.

Un coût indécent

Le montant projeté des mesures du « paquet fiscal » est estimé à 15 milliards d’euros en année pleine, à partir de 2010. C’est une somme considérable qui repré- sente plus du quart des recettes de l’impôt sur le revenu.

Devant le doute émis par la plupart des observateurs sur l’efficacité de cette loi, le président de la Répu- blique a attribué son impopularité à « une erreur de communication ». Mais les faits sont là.

Quand on voit les attaques sur les droits sociaux, telles que la tentative du retrait de l’État dans la prise en charge des tarifs préférentiels de la SNCF, la modi- fication des majorations des allocations familiales, l’abandon des frais d’optique par la caisse d’assu- rance maladie, les choix deviennent clairs. D’un côté 15 milliards attribués aux personnes les plus riches, de l’autre quelques centaines de millions de soi-disant économies sur le dos de la majorité des gens.

Les choix politiques

Les « caisses sont vides », il ne se passe pas un jour sans que les médias nous assènent cette « vérité ! ».

Si c’était le cas, il s’agirait d’une erreur économique que d’offrir 15 milliards aux plus fortunés, mais aussi de prendre en charge les exonérations de prélève- ments sociaux patronaux à hauteur de 26 milliards, sans parler des aides aux entreprises.

En fait, l’objectif est autre. En stigmatisant les prélè- vements obligatoires, les libéraux veulent remettre en cause notre modèle social : retraites par répartition, système de santé fondé sur la solidarité, service public, code du travail... (on peut noter que la défiscalisation et la désocialisation des heures supplémentaires relèvent de la même logique). Pour eux, la charge des impôts serait la cause des problèmes économiques. Le capital serait trop taxé, de même que les revenus, et ils s’atta- quent bien sûr à l’impôt le plus juste et le plus démo- cratique, l’impôt sur le revenu, en donnant la priorité des allègements à ceux qui en ont le moins besoin.

Les solutions sont ailleurs

Les semaines d’action du mois de mai, et certainement de juin seront déterminantes si on veut enrayer la machine infernale de démolition des droits sociaux et du service public, et faire avancer nos propositions. ■

JEAN-CLAUDE LANDAIS

N.B. : Sur les neuf mesures de la loi TEPA , l’encadrement des

« parachutes dorés » qui semblait être la plus positive a été sup- primée par le Sénat. De même l’imposition minimale, desti- née à lutter contre les « niches fiscales » a été abandonnée.

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TÉ ÉS S R RE ET TR RA AIIT TÉ ÉS S R RE ET TR R

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RE ET TR RA AIIT TÉ ÉS S R RE ET TR RA AIIT TÉ É

S A L A R I É S E T R E T R A I T É S

La rigueur et le pillage

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A I D E À D O M I C I L E

Les retraités non imposables sont exclus

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les matières premières alimentaires, sur le coût au particulier de l’énergie (Gaz de France se fournit moins cher mais augmente ses tarifs !), sans parler de la corruption ici et là, du blanchiment d’argent sale, des stock options, des parachutes en or...

D’ailleurs, ils ne veulent surtout pas en trouver en s’en prenant aux causes du mal et Roselyne Bachelot, femme politique souriante (souvent) mais redoutable professionnelle, après les franchises (ah, ce mot !) n’envisageait-elle pas de faire porter sur les mutuelles et les assurances individuelles un meilleur rembour- sement du dentaire et de l’optique, autrement dit d’ac- croître encore la redistribution entre patients plutôt que de parler de solidarité nationale ?

Gagner moins et payer plus, voilà le vrai programme de Sarkozy and Co pour les salariés et les retraités ! Le troisième trimestre va être l’occasion de plusieurs rendez-vous syndicaux ; nous y avons notre place, ne l’oublions pas, soyons aux côtés des véritables forces actives du pays.

J.-L. BEAUQUIER

À compter de 2007, les dépenses d’aide à domicile – travaux d’entretien, petit bricolage, tra- vaux de jardinage, assistance informatique, etc. – per- mettent de bénéficier selon le cas, soit d’une réduction d’impôt, soit d’un crédit d’impôt, que l’aide soit four- nie directement par un salarié ou par le recours à une asso- ciation, une entreprise ou un organisme agréé par l’État.

L’avantage fiscal est égal à 50 % des dépenses engagées dans la limite de 12 000 € par an dans le cas général, mais au sein de cette enveloppe certaines dépenses sont aussi plafonnées, 500 € par exemple pour les dépenses de petit bricolage.

Le bonus fiscal depuis 2007 peut prendre la forme d’une réduction d’impôt, cela concerne tous les ménages imposables qu’il s’agisse d’actifs ou de retraités.

Le bonus fiscal peut aussi prendre la forme d’un

crédit d’impôt remboursable pour les ménages non imposables, leur permettant ainsi de bénéficier de ce bonus. Mais la loi votée le 26-07-2005, « dans sa très grande générosité », a décidé d’en exclure les retrai- tés. C’est une loi inique qui frappe encore une fois les retraités les plus démunis mais qui anticipe l’avis donné par Jacques Delors le 30 avril, au nom du CERC (Conseil pour l’emploi, les revenus et la cohé- sion sociale).

Le CERC juge en effet les « avantages fiscaux » accor- dés « trop larges » et recommande de réserver les avantages fiscaux aux ménages qui n’ont pas for- cément les moyens de se payer une aide à domicile, mais ont des besoins. Peut-on en déduire que les retraités non imposables ont trop de moyens ? ou pas de besoins ?

JACKY BRENGOU

L’inflation et la hausse des prix, les risques de famine dans une trentaine de pays et l’euro fort, les aides massives pour sauver les banques de leurs propres tripatouillages financiers et le baril de pétrole à 114 dol- lars (16/04), la spéculation éhontée et la casse du droit du travail, les troupes en Afghanistan et des milliers de suppressions de postes et d’emplois en France, les lycéens dans les rues... C’est beau la droite au pouvoir, on croirait une épure pour une révolution prochaine ! Et nos retraites ? Pour tout potage 1,1 % d’augmen- tation et une vague promesse !

Résumons, avec un indice des prix parfaitement bidon, on arrive à une inflation de 3,2 %, une hausse des prix de l’énergie de 12,7 %, de l’alimentation de 5,3 %, des dépenses liées à l’habitat (loyers, eau, ramas- sage...) de 2,8 %, des transports de 1,9 %, le tout soi- gneusement étalé et lissé sur un an alors que depuis octobre les hausses sont beaucoup plus élevées ! La loi Fillon, vous savez, le soi-disant Premier ministre, ayant lié, en 2003, l’évolution des pensions des fonc- tionnaires à la hausse des prix, a évidemment oublié de fixer un calendrier annuel de remise à niveau ; on n’avait pas prévu l’inflation ! Des génies, vous dis-je ! Certes, une partie des causes de cette situation échappe à nos politiciens néolibéraux, mais précisément, comme néolibéraux, ils ne sont pas prêts de trouver des remèdes, y compris à l’échelle mondiale pour corriger la spéculation tous azimuts, sur les titres de crédits, sur

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TÉ ÉS S R RE ET TR RA AIIT TÉ ÉS S R RE ET TR R

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D É P E N D A N C E

Quel financement ?

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La dépendance abordée sous l’angle de son financement est au centre des préoccupations de tous les acteurs politiques, économiques et sociaux. Si la solidarité collective est évoquée, elle n’en demeure pas moins considérée comme incapable de répondre aux besoins croissants de la société et la nécessaire pré- voyance individuelle est affirmée par tous. En écho à des élus qui n’hésitent pas à affirmer l’indispensable complémentarité entre le système de financement obligatoire et l’assurance privée, les représentants des assurances font leurs propositions, qui montrent quel marché représente le risque de dépendance défini par la Fédération française des sociétés d’assurances comme « un risque long et assurable ».

Valérie Létard – secrétaire d’État aux Solidarités – indique qu’une phase active de concertation avec les partenaires sociaux s’engage au sujet du cinquième risque jusqu’à la fin du premier semestre 2008. Le financement entre solidarité nationale, collective et individuelle reste à étudier ; l’expérimentation d’un

« plan métier » doit être mise en place dans trois dépar- tements. Il faudra aussi trouver le moyen de mettre un terme à la « querelle » entre l’option du « tout domi- cile » ou celle du « tout établissement », renforcée par l’augmentation du taux de mortalité des aidants.

Pour Eric Woerth, ministre du Budget et des Comptes

publics, la dépendance se présente sous forme de trip- tyque : la perte d’autonomie, les soins, l’héberge- ment ; son financement varie selon le volet. S’attachant à la question de l’hébergement, il souligne le poids du financement sur certains ménages et la difficulté de l’offre de places. Pour lui, il ne faut pas reporter les dépenses sur les générations suivantes, redéployer les places d’hôpitaux pour les personnes dépendantes, il faut partager les rôles entre le niveau national et le niveau local, ainsi que celui de la prévoyance et de la solidarité collective. ■

R. JACQUIN

L E S P R É V I S I O N S D E R É F O R M E S D E L A P R O T E C T I O N S O C I A L E …

Dans le droit fil de la Révision générale des politiques publiques (RGPP)

>

Le gouvernement actuel veut faire table rase

« du modèle social français » issu de la Résistance et des progrès sociaux obtenus en 1945.

Il a favorisé le déremboursement de nombreux médicaments et envisage d’en augmenter le nombre ;

une nouvelle mission parlementaire préconise un retour au critère de l’intérêt de santé publique pour sélectionner les médicaments remboursés, il faut favo- riser « le bon usage des médicaments » (information donnée par Les Échos du 5 mai).

Il a mis en place les franchises médicales, ce qui augmente la somme restant à charge des malades quel que soit leur revenu (240 euros en moyenne par an et par personne actuellement). À la mi-avril, Nicolas Sarkozy a affirmé sa volonté de prendre en compte la plupart des propositions de la commission Larcher sur la réforme de l’hôpital et du rapport Ritter sur le fonctionnement du système de santé.

Ce sont de nouvelles atteintes inacceptables au principe de solidarité de la protection sociale :

DÉPENDANCE : LES FEMMES MOINS BIEN ENTOURÉES

QUE LES HOMMES EN EUROPE (INED)

Les chances pour les personnes âgées dépendantes en Europe d’avoir un conjoint auprès d’elles sont bien plus élevées pour les hommes que pour les femmes mais cette tendance devrait légèrement s’atténuer d’ici 2030, selon une étude de l’Institut national d’études démographiques (Ined) publiée mercredi.

En l’an 2000, en Europe, les hommes de 75 ans ou plus en situation d’in- capacité sont pour 60 % d’entre eux toujours accompagnés de leur conjointe, alors que seulement 19 % des femmes vivent encore avec un partenaire, révèle l’Ined dans sa revue Population et Sociétés.

PARIS, 22 AVRIL 2008 (AFP)

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RE ET TR RA AIIT TÉ ÉS S R RE ET TR RA AIIT TÉ É

1. Renforcement de la stratégie de responsabilité individuelle des patients pour le financement de la protection sociale :

dans les droits aux malades en Affection de longue durée (ALD). Nicolas Sarkozy a évoqué sa volonté, en ce qui concerne les ALD, de distinguer

« ce qui relève de la solidarité et ce qui relève de l’as- surance ». Est-ce que la solidarité est un service mini- mum pour les plus pauvres ? Et faut-il prendre une assurance privée supplémentaire pour recevoir des soins adaptés ? Remettre en cause les droits des malades en ALD est particulièrement injuste et dan- gereux : c’est une attaque contre le système solidaire et le basculement vers le chacun pour soi ;

• dans l’incitation à la prise d’une nouvelle com- plémentaire spécifique dépendance. La mise en place d’un cinquième risque de la protection sociale (projet de loi à la rentrée 2008 et entrée en vigueur en 2009) est un risque social nouveau pour lequel Valérie Létard voudrait une gouvernance nouvelle.

Le financement de la perte d’autonomie sera réparti entre la prise en charge collective et la couverture assurantielle. Elle suggère, donc, aux organismes de prévoyance de développer leur offre en matière de dépendance !

D’autres pistes sont lancées, comme le remboursement des lunettes exclusivement par les mutuelles annoncé par la ministre de la santé ! Mais quel couac : il y a de la résistance dans l’air ! Et momentanément la pro- position semble abandonnée !

2. Privatisation de certaines missions de l’hôpital

Après le plan Hôpital 2007 et la tarification à l’activité (voir article dans L’US-Retraités n° 660 du 8/12/2007), de nouvelles mesures soumettent la politique de l’hôpital à la concurrence par :

• la création de « communautés hospitalières de territoires », ce qui consiste à regrouper plusieurs enti- tés pour la réorganisation de l’offre de soins en fonc- tion des besoins de santé et des médecins disponibles, avec la suppression des hôpitaux de proximité non

« rentables » selon des normes purement quanti- tatives ;

• le pilotage profondément rénové des hôpitaux, qui ne seraient plus soumis au code des marchés publics mais simplement à l’obligation européenne de la mise en concurrence ;

• la nomination d’un directeur d’hôpital qui soit

« un vrai patron » selon l’expression de Nicolas Sarkozy ;

• le recrutement de médecins contractuels par les directeurs des hôpitaux, avec des salaires en fonction de leurs activités ;

la délégation aux cliniques privées d’obligations de service public : ces cliniques privées obtiendraient en contrepartie des subventions d’investissement, des aides à la contractualisation, etc.

L’article d’Élizabeth Labaye (L’US Magazine n° 665 du 5 avril 2008) et le communiqué de la FSU du 18 avril dénoncent à juste titre « la privatisation ram- pante de l’hôpital public ». « Il s’agit de faire d’abord des économies, même si le Président affirme qu’il ne s’agit pas de “fermer” des hôpitaux, et qu’aucune

“carte hospitalière” ne se cache derrière cette réforme. Aucune mesure n’est en tout cas annoncée pour renflouer l’hôpital public aujourd’hui asphyxié..., ces dispositions vont renforcer les déséquilibres exis- tants et donc les inégalités sociales et territoriales, alors que le nombre de lits par habitant a déjà beau- coup baissé, et que la réforme prévue laisse des “zones blanches” sur le territoire… ».

3. Risque de l’étatisation

de la gestion de l’assurance maladie par la création de l’ANS (Agence nationale de santé) et des ARS (Agences régionales de santé)

Ces ARS, préconisées dans le rapport Ritter, se sub- stitueraient aux différentes caisses d’assurance mala- die, aux missions régionales de santé et auraient une double responsabilité : celle des politiques de Santé publique et celle des offres de soins ambulatoires et hospitalières, ainsi que l’offre médico-sociale. Ces ARS risquent donc de remettre en cause l’égalité de traitement sur le territoire suivant la richesse des départements ou des Régions.

Toutes ces mesures sont bien dans le droit fil de la révi- sion générale des politiques publiques : il s’agit de cas- ser « le service public hospitalier », d’envisager le sys- tème de santé comme un marché en favorisant la concurrence et le privé, de faire des économies sur le dos des malades et des plus démunis. Bref des réformes antisociales qui mettront en péril la santé de nom- breux citoyens.

Il faut réagir avant qu’il ne soit trop tard : Contre la RGPP, réaffirmons

les valeurs de solidarité, de justice et d’efficacité économique et sociale*

FRANÇOISE GROSMANN

* la FSU appelle à signer la pétition en ligne : http://service-public-notrerichesse.fr

L E S P R É V I S I O N S D E R É F O R M E S D E L A P R O T E C T I O N S O C I A L E …

(suite)

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TÉ ÉS S R RE ET TR RA AIIT TÉ ÉS S R RE ET TR R

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Les AG départementales préparatoires au congrès se terminent ; le SNES comme les autres syn- dicats de la FSU adhérents ont beaucoup travaillé sur les motions. Les commissions du congrès examineront les nouvelles moutures, les amenderont si nécessaire avant le vote du congrès.

Représenteront le SNES es-qualités : J. Brengou, J.-P. Billot, A. Clavel, R. Jacquin, F. Grossman, J.-C. Landais, P. Toussenel, M. Lagane qui est membre élu de la commission exécutive.

Au moment où le gouvernement s’engage dans la destruction systématique des acquis sociaux et du socle républicain de la fonction publique, il convient d’affirmer des options revendicatives claires et une stratégie d’action capable de les promouvoir, de les faire partager et de prendre des initiatives. Ce sera le sens de nos interventions dans ce congrès. ■

A. C.

F G R - F P

En route pour le congrès

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D’une part, si le problème de la dépen- dance n’est pas mieux pris en compte, ce sont les familles (et les actifs de la génération pivot) qui devront le prendre en charge financière (obligation alimentaire inscrite dans le cadre du code de la famille) et en terme de services (plus souvent pris en charge par les femmes, ce qui pénalise finalement leur retraite quand elles s’ar-

rêtent... ou encore alourdit le temps de travail domestique au-delà de leur journée de travail). Et, d’autre part, cela accroît les inégalités entre retraités.

La solidarité intra et intergénérationnelle, et au-delà égalité hommes-femmes, c’est le problème de tout le monde !

Un excellent livre de Gosta Esping-Andersen avec Bruno Pallier vient de sortir : Trois leçons sur l’État- providence. La République des idées. Seuil, février 2008 (11,50 euros).

Assurer les services de gardes d’enfants collectifs et de soins de dépendance, de qualité, cela crée des emplois, donc augmente les recettes de l’État, permet de financer de meilleures retraites et la dépendance, la protection sociale dont les objectifs sont renouvelés, améliore les retraites des femmes qui peuvent tra- vailler de manière continue, augmente leur pouvoir de négociation au sein du couple pour contribuer à un par- tage du travail domestique plus égalitaire, assure une plus grande égalité de réussite scolaire des enfants (cette politique en Suède et en Finlande est corrélée avec un meilleur niveau de réussite des élèves de milieux défavorisés – rôle de l’éveil préscolaire – et une amélioration du niveau de vie des familles conju- gales et monoparentales puisque les mères travaillent), réduit la pauvreté (des familles monoparentales, des femmes les plus âgées). ■

MONIQUE ABELARD

G É N É R A T I O N E T D É P E N D A N C E

Le problème de tout le monde

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F S U - R E T R A I T É S B R E T A G N E

Une réalisation suite à un échange avec la SFR de la Haute-Garonne

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R G P P

Réduction, restrictions, répression, régression

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Ce sont les 4R de la Révision générale des poli- tiques publiques (la RGPP) : non-remplacement pro- grammé d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, restrictions dans les politiques d’intervention sociale et dans le périmètre d’intervention de l’État, et méfiance érigée en système contre tous les assurés sociaux pré- sumés fraudeurs (pas ceux des 14 milliards de la loi TEPA, ni les « exonérés » de tous ordres).

C’est une nouvelle étape après les privatisations des ser- vices publics, les fusions ANPE-ASSEDIC... conforme aux injonctions européennes sur les déficits publics, Les mesures annoncées par le Président le 4 avril lors du conseil de Modernisation des politiques publiques permettraient de réaliser 7 milliards d’économies d’ici à 2011, 7 milliards soustraits (la moitié du coût du paquet fiscal attribué l’année 2007) pour « un ser- vice mieux rendu avec des moyens mieux utilisés » selon ses propos. Qui peut croire cela ?

Tous les ministères seront touchés : c’est la mise en œuvre de la RGPP.

Retraités : tous concernés

Déclinée par fiches thématiques, la RGPP vise l’en- semble des services publics, des ministères et de la fonction publique : les retraités, directement ou indi- rectement, seront frappés par les mesures annoncées.

C’est le cas pour la « politique familiale » pour laquelle, contrairement à ce qu’avait laissé entendre la conférence de la famille l’an dernier, aucune attention n’est portée aux plus anciens, plus d’allusion à une aide pour ceux et celles qui font face à la dépendance d’un proche ; le ciblage, naturel sur la petite enfance ne ras- sure pas non plus les grands-parents : les crèches coû- tent cher et le gouvernement veut privilégier le réseau des assistantes maternelles...

Pour le logement, l’affichage est de permettre l’accès à tous à un logement décent, en réalité il est clairement dit qu’il faudra accélérer la rotation au sein du parc locatif, accorder des aides à ceux qui en ont le plus besoin, mettre sous conditions de ressources les prestations, et faire la chasse aux fraudeurs.

Politique de solidarité (handicap, dépendance, lutte contre la pauvreté) : il s’agit d’assurer l’insertion des handicapés, d’offrir une prise une charge de la dépendance selon les besoins. En clair, l’idée est de personnaliser les allocations et par exemple de sortir les personnes des grilles actuelles de classification

des niveaux de dépen- dance ; privées de réfé- rences, les attributions de moyens se feront comment ?

« Garantir un revenu minimum aux personnes ne disposant pas de res- sources » serait aussi une discrimination ôtant par exemple à l’APA le

fait d’être un droit ; d’un côté ceux qui pourraient assu- mer la dépendance et de l’autre les plus démunis qui bénéficieraient de la « solidarité » nationale.

Concernant l’assurance maladie, l’article de Fran- çoise Grossman traite le sujet : il s’agit de trouver des économies, de lutter contre les fraudeurs et de garantir l’équité de la prise en charge pour les plus démunis ; à noter l’affichage gouvernemental qui se passe des partenaires sociaux, gestionnaires eux aussi des caisses, et qui décide de l’affectation du salaire socialisé de chacun d’entre nous !

Décorseter l’administration ?

Des fiches traitant de questions d’organisation tra- hissent les intentions gouvernementales : la

« réforme de la chaîne des pensions » annonce la rationalisation de leur traitement avec un gain de 1 200 à 1 800 temps pleins, la suppression de plu- sieurs services, celui de la Baule, en particulier, et la création d’une caisse de retraite de l’État.

La « simplification des procédures internes à l’État » prétend libérer les initiatives des gestionnaires publics des règles qui les corsetaient (sic). Traduction : il faut créer des structures autonomes, des agences se rap- prochant des contrôles organisés par les directions financières des grandes entreprises. La CNSA en est une des préfigurations, avec un rôle minoré pour les partenaires sociaux au bénéfice de toute une série d’associations, encadrés par les représentants de l’État et des collectivités.

Sur les relations entre l’État et les collectivités terri- toriales, notre presse syndicale et fédérale s’en est fait l’écho : il faut un État « allégé et réorganisé ».

Cet immense chantier, appuyé sur nombre d’au- dits, de commissions, de rapports – dont on ne connaît pas le coût – ébranle les fondements de la

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fonction publique, des services publics et le statut de leurs agents. Retraités, nous n’avons pas le souvenir d’attaques aussi violentes, contre l’intérêt général.

Deux décrets récents viennent encore d’instituer des indemnités pour les fonctionnaires acceptant de quit- ter la fonction publique ou dans l’incapacité de retrou- ver un poste après une restructuration de service avant d’être licenciés !

Le récent rapport Silicani « le Livre blanc de la fonc- tion publique » s’inscrit directement dans la logique RGPP : les services publics rentables seront privati- sés ou externalisés, d’autres seront abandonnés : l’État rétrécit son périmètre tout en gardant la main sur l’organisation, les financements, laissant une bonne partie du « social » aux associations, aux bénévoles...

Pour s’opposer à cette dérive libérale, une opposition se construit : et la FSU, la CGT et Solidaires ne sont plus seuls dans le combat à mener, les autres organi- sations semblent avoir mesuré les enjeux, les citoyens prennent le relais, disent leur attachement à la fonc- tion publique.

« Le service public est notre richesse, mobilisons-nous ! »

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Tel est l’appel lancé début avril par ceux qui ne se résignent pas, qui se battent au quotidien pour le maintien et l’amélioration des services publics, et pour la modernisation démocratique de la fonction

publique. ■

ANNIE CLAVEL

* la FSU appelle à signer la pétition en ligne : http://service-public-notrerichesse.fr

R É D U C T I O N , R E S T R I C T I O N S , R É P R E S S I O N , R É G R E S S I O N

(suite)

D A N E M A R K

Le fameux État-providence

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Depuis deux semaines, le si fameux État- providence danois marche au ralenti. Près de 50 000 employés du secteur de la santé et de l’aide à la personne sont en grève. Des femmes, en grande majorité, qui réclament des hausses de salaire.

Écarts de salaires

Au Danemark, le salaire moyen d’une infirmière du secteur public est aujourd’hui de 24 000 couronnes (3 200 euros). Mi-février, les partenaires sociaux s’étaient retrouvés autour de la table de négociation pour entériner une nouvelle convention collective.

« Les employeurs ne nous ont concédé qu’une aug- mentation de 12,8 % sur trois ans. Nous réclamions 15 % », résume Erik Harr, de la Confédération de la santé (13 000 grévistes, dont 10 000 infirmières).

Les syndicats réclament également la création d’une commission salariale censée réduire les écarts de salaires entre hommes et femmes, d’une part, salariés du public et du privé, de l’autre.

Car si le petit royaume scandinave est souvent mis à l’honneur pour la générosité de son État-provi- dence, les nombreuses femmes employées du sec- teur public qui composent sa colonne vertébrale ne sont pas toujours aussi chanceuses qu’on le croit...

À niveau de formation égal, leurs collègues du privé gagnent 27 % de plus, selon Erik Harr.

« Nous sommes prêts à une grève longue. Sept ou huit semaines », prévenait mi-avril la Fédération des employés du secteur public (FOA), dont 35 000 membres ont cessé le travail. Et pour l’instant,

sondages à l’appui, l’opinion publique soutient toujours le mouvement. Le Premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, à la tête d’une coalition libérale conservatrice, se contente pour le moment d’observer le conflit... Mais si celui-ci venait à s’éterniser, au risque de mettre la vie de patients en jeu, le gouver- nement serait sans doute contraint de légiférer. ■

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D É M O C R A T I E S O C I A L E

La fonction publique aussi attend

La tribune libre de Gérard Aschieri destinée à faire écho à celle de Nicolas Sarkozy parue

dans Le Monde n’a pas été publiée par ce journal ; elle l’a été le 2 mai par le quotidien L’Humanité.

En voici de larges extraits concernant le dialogue social dans la fonction publique.

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Monsieur le Président de la République,

(...) Permettez-moi de vous rappeler que pour environ 5 millions de salariés, ceux de la fonction publique, vous et votre gouvernement avez une responsabilité directe et pouvez montrer l’exemple.

Or la situation en ce domaine est aujourd’hui préoc- cupante. Il n’est qu’à voir comment Eric Woerth a pu au prix de quelques tractations d’arrière-boutique affi- cher en matière salariale des accords qui pour être très partiels et minoritaires, lui ont permis de momenta- nément esquiver une incontournable revendication salariale mais pas de clore le conflit. (...)

Des négociations ont certes commencé sur le dia- logue social dans la fonction publique ; mais bien tardivement. Et le ministère de la Fonction Publique s’y montre pour l’instant particulièrement frileux en matière de démocratie sociale ; il semble plus soucieux de peser sur le fonctionnement du syndicalisme dans la fonction publique et de remodeler à sa main les ins- tances représentatives dans lesquelles les personnels voient des garanties fortes de transparence et d’équité pour l’examen de leur situation personnelle. On en est à se demander si la priorité du gouvernement est bien de renouveler le dialogue social et jeter les bases de véritables négociations respectant les organisations syndicales. (...)

Une telle attitude est une impasse : on ne peut pas avoir en ce domaine un projet à courtes vues. Une vraie

« rénovation » du dialogue social implique dans la fonction publique comme dans le privé, de faire le pari d’une démocratie sociale moderne, dans laquelle, sans tri préalable, les organisations syndicales légalement constituées peuvent se présenter et les personnels

choisir librement. Pourront se dégager ainsi des syn- dicats qui représenteront sans conteste les salariés et dont les propositions, les idées, les revendications auront le poids que leur confère le vote libre de ceux- ci. Le pari aussi d’accords représentant une majorité des personnels concernés, qui par là même, engagent vraiment et aient une incontestable légitimité. Le pari également d’instances consultatives renforcées où les avis majoritaires des représentants du personnel soient réellement pris en compte et lorsqu’ils sont négatifs ouvrent une nouvelle période de concertations. Des paris qu’il faut faire : si les changements induits par cette révolution copernicienne sont difficiles à appré- cier à l’avance, ils seront nécessairement profonds et aboutiront à une rupture avec une situation figée où les rôles sont répartis comme dans la Commedia dell’Arte et empêchent le vrai dialogue indispensable aux vrais changements.

Monsieur le Président, la majorité des organisations syndicales de la fonction publique a revendiqué une négociation sur le dialogue social avec la volonté affi- chée d’aboutir à un accord qui fasse bouger les choses et où les agents de la fonction publique puissent trou- ver les instruments d’une démocratie sociale plus riche et plus forte. Vous et votre gouvernement avez la res- ponsabilité de répondre à cette aspiration. ■

G. A.

Voir l’actualité sur le sujet dans le magazine de L’US.

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P A R T A G E D E S R I C H E S S E S

La question taboue

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D ’ I C I , D E L À E T D ’ A I L L E U R S . . .

La vie des sections de retraités

L’actualité locale, les contacts (rencontres) et les projets.

Du 6 mars au mois de mai.

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« La part des profits est inhabituellement élevée à pré- sent (et la part des salaires inhabituellement basse).

En fait, l’amplitude de cette évolution et l’éventail des pays concernés n’ont pas de précédent dans les qua- rante-cinq dernières années. » D’où sont tirées ces lignes ? D’un texte de la Confédération générale du tra- vail (CGT) ? Nullement : elles viennent d’un article de la Banque des règlements internationaux (BRI), une institution qui réunit chaque mois, à Bâle (Suisse), les banquiers centraux afin de « coordonner les politiques monétaires » et d’« édicter des règles prudentielles ». Ce n’est pas vraiment un repaire de marxistes ; pourtant, leur exposé sur cette « marge [de profit] d’une importance sans précédent » se poursuit sur vingt-trois pages.

Ce constat, chiffré, est unanimement partagé. D’après le Fonds monétaire international (FMI), dans les pays membres du G7, la part des salaires dans le Produit intérieur brut (PIB) a baissé de 5,8 % entre 1983 et 2006. D’après la Commission européenne, au sein de l’Europe cette fois, cette part a chuté de 8,6 %. Et, en France, de 9,3 %.

Par le gigantisme des sommes en jeu, des dizaines de mil- liards d’euros, ces 9,3 % devraient s’installer au cœur du débat. Toute la contestation des « nécessaires réformes en cours » (« régimes spéciaux », retraites, Sécurité sociale,

mais aussi pouvoir d’achat) pourrait s’appuyer sur ce chiffre. Or c’est à l’inverse qu’on assiste : il est comme effacé de la sphère publique, éclipsé dans les médias, à peine mentionné par les responsables politiques. Un point central de l’économie en est devenu le point aveugle.

Qu’on évalue ce transfert de richesses : le PIB de la France s’élève à près de 1 800 milliards d’euros. « Donc il y a en gros 120 à 170 milliards d’euros qui ont ripé du travail vers le capital », calcule Jacky Fayolle, ancien directeur de l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES). Soit, même avec des estimations basses, plus d’une dizaine de fois le déficit de la Sécurité sociale (12 milliards) et une vingtaine de fois celui des retraites (5 milliards). ■

PAR FRANÇOIS RUFFIN*

* Auteur de Quartier nord, Fayard 2006, et rédacteur du journal Fakir(Amiens).

L’action du 6 mars, à l’appel de l’ensemble des organisations syndicales de retraités (CGT, CFDT, FO, CGC, CFTC) la FGR-FP, l’UNSA et la SFR/FSU, a rassemblé plusieurs milliers de retraités à Paris et en province pour réclamer une hausse « immédiate et significative » de leurs pensions.

En tout, selon un décompte sur les principales villes effectué par l’AFP, entre 10 000 et 19 000 retraités ont manifesté en France.

Qu’elles viennent des SFR, des collectifs FSU-retrai- tés ou des sections retraités du SNES, de nombreuses informations témoignent de la dynamique des retraités et de leur volonté, maintes fois exprimée, de s’engager dans l’action pour défendre leurs revendications.

En Île-de-France : l’ensemble des sections dépar- tementales de retraités FSU avait adressé une circu- laire ou des mails à ses adhérents ; malgré les diffi- cultés des vacances d’hiver, la participation à la manifestation a été significative. La section des retrai- tés FSU de Paris a distribué un tract pour rappeler ses revendications.

• Dans l’académie de Nancy : préparation de l’action par une conférence de presse avec les deux quoti- diens régionaux Est Républicain, Républicain Lor- rain et France Bleue Lorraine ; envoi d’un courrier aux candidats aux cantonales ; six cents personnes devant la préfecture de Nancy et distribution de tracts ; pour les Vosges, dépôt d’un texte à la préfecture et parti-

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cipation à la manifestation de Nancy ; pour la Moselle rassemblement devant la préfecture.

• L’académie de Nantes : en Loire-Atlantique, com- muniqué à la presse pour appeler à la journée ; ces manifestations ont rassemblé mille cinq cents retraités à Nantes, mille à Saint-Nazaire et des centaines de manifestants dans les autres départements de l’académie.

L’académie de Strasbourg : à Strasbourg, cent cinquante personnes devant le siège de la caisse régio- nale d’assurance vieillesse et à Mulhouse trois cents retraités devant la société industrielle où une déléga- tion a été reçue par le Medef haut-rhinois, puis les manifestants ont bloqué le trafic du tramway pendant plus de vingt minutes.

Le département de la Corrèze : à Tulle, deux cents personnes devant la préfecture, une délégation a été reçue très brièvement.

• Les Alpes-Maritimes : rassemblement intersyn- dical et une délégation reçue par un membre du cabinet du préfet.

L’Orne : deux cents personnes, une motion déposée chez le préfet.

• Le Pas-de-Calais : un tract commun avec les autres organisations et rassemblement devant la préfecture.

• La Nièvre : bonne couverture du Journal du Centre le 5 mars annonçant la manifestation unitaire et le 7 mars titrant : « plus de cinq cents personnes à Nevers ».

Pour le 29 avril

De nombreuses manifestations ont eu lieu dans les principales villes de France, à l’appel de la CGT, la FSU et de Solidaires, « ensemble pour l’avenir des retraites » et contre l’affirmation du premier ministre que « la durée de cotisation pour un taux plein sera portée de 40 à 41 ans entre 2009 et 2012 », les retraités étaient très nombreux au côté des actifs.

Des nouvelles des sections

• SFR/FSU de Clermont-Ferrand (63) : réunion le 29 avril d’une trentaine de personnes, participation du SNUIPP, SNESUP et du SNICS, décident de se revoir le 6 mai pour préparer l’assemblée générale de la FGR-FP ; réunion dynamique et des propositions : conférence de presse, médias, participation aux actions et manifestations à venir...

• FSU Poitou-Charentes : La Gazette des retraités de février appelle à manifester le 6 mars, à signer la pétition nationale au sujet de la laïcité ; elle présente aussi, d’une part, une analyse du rapport Attali et, d’autre part, du plan Alzheimer. Elle fait encore un compte rendu du Coderpa du département de la Vienne.

SFR/FSU Aude informe d’une réunion unitaire des retraités du 25 avril qui a décidé d’un rassem- blement le 13 mai pour prolonger l’action du 6 mars,

et d’autres initiatives ciblées (transports publics, prise en charge de la dépendance, santé) sont prévues ulté- rieurement. Un communiqué « Le 1

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mai, retraités actifs, ensemble contre les régressions sociales » a été adressé à la presse.

SNES-Hérault : a participé le 30 avril aux mani- festations pour « l’École » à Béziers et à Montpellier ainsi qu’au 1

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mai.

SNES-académie de Lille : à l’occasion de leur assemblée générale, les retraités présents ont voté à l’unanimité une motion sur l’action, on peut en relever quelques passages : « Au nom du consensus social, une vaste entreprise idéologique s’est mise en place afin de remodeler le consensus social, en instrumentalisant la mémoire historique... L’école ne saurait servir d’ins- trument privilégié à cette entreprise idéologique...

Les retraités (SNES) s‘engagent à participer à l‘action du SNES, au côté des actifs pour la défense de la laïcité, la défense de l’enseignement public, la défense des ser- vices publics, contre la nouvelle réforme des retraites…

Ils estiment qu’il faut poursuivre et amplifier l‘action initiée le 6 mars ; à cet effet, ils demandent à la direc- tion du SNES d‘intervenir pour que la FSU tienne une place autonome dans les discussions avec les unions confédérales de retraités. »

SNES Lyon : Le bulletin spécial retraités Rhône intitule son édito : « Tout est calme, dormez en paix », il appelle à leur assemblée générale du 6 mai, il rend compte de l’intervention d’Élizabeth Labaye, sous le titre « la protection sociale en péril ». ■

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D É M A N T È L E M E N T D E S P O L I T I Q U E S D ’ É G A L I T É F E M M E S / H O M M E S

Réagissons !

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Après la disparition de tout ministre en titre chargé(e) des droits des femmes et de l’égalité, c’est maintenant l’administration responsable de l’im- pulsion et de la mise en œuvre de cette politique, le Service des droits des femmes et de l’égalité (SDFE), qui est menacée de démantèlement.

Cette administration est composée d’un service cen- tral et d’un réseau de délégué(e)s région(ales)aux et de chargé(e)s de mission département(ales)aux placées sous l’autorité des préfets, au plus près des territoires.

Le SDFE a pour principales missions de favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux respon- sabilités politiques et économiques ; de favoriser l’ac- cès à l’emploi des femmes et de promouvoir l’égalité salariale et professionnelle ; de favoriser une meilleure articulation des temps de vie ; de garantir l’accès aux droits fondamentaux ; de préserver les acquis (inter- ruption volontaire de grossesse, contraception…) et de lutter contre les violences faites aux femmes. Il est un interlocuteur privilégié des associations de défense des droits des femmes sur tout le territoire, et des élus et organismes qui agissent pour l’égalité entre les femmes et les hommes.

Sans ministre en titre, sans administration nationale et sans réseau régional et départemental, l’égalité et les droits des femmes vont régresser, alors même que le président de la République avait déclaré vouloir

« appliquer à tous les niveaux et dans toutes ses dimensions (salaires, responsabilités, reconnaissance sociale), l’exigence d’égalité ».

L’égalité entre les femmes et les hommes est une valeur fondamentale portée par l’Organisation des Nations Unies, l’Union Européenne et la République Française. Au moment où s’ouvre la Présidence fran- çaise de l’Union Européenne, le gouvernement est à contre-courant des préconisations et des avancées européennes !

Mobilisons-nous pour :

• le maintien du service des droits des femmes et de l’égalité, et de son réseau de délégué(e)s région(ales)aux et de chargé(e)s de mission département(ales)aux, doté de véritables moyens d’intervention ;

• la nomination d’un(e) ministre chargé(e) des droits des femmes et de l’égalité.

Soutenue par les organisations suivantes : CADAC (Coordination des associations pour le droit à la contra- ception et à l’avortement), CFDT, CGT, CNDF (Col- lectif national pour les droits des femmes), Collectif féministe contre le viol, Femmes solidaires, FSU, LCR, MFPF (Mouvement français pour le planning fami- lial), PC, PS, réseau féministe Rupture, les Verts. ■ Signer l’appel en ligne :

http://www.servicedroitsdesfemmesendanger.org

M A I S Q U E F O N T L E S R E T R A I T E S ?

Pourquoi pas du braille ?

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Je réutilise ce titre de L’US Retraités de février dernier, page 8, comme une invitation à partici- per à l’association Le livre de l’aveugle dans laquelle tra- vaillent 70 transcripteurs bénévoles répartis en France (jusqu’en Nouvelle-Calédonie). Quelques transcripteurs à dominante scientifique seraient les bienvenus actuel- lement ! Du braille ? me direz-vous. Certes, les aveugles se sont modernisés, mais rien ne remplace le livre sco- laire en braille dans bien des cas, et les machines font beaucoup... si elles sont alimentées par les transcripteurs.

Le livre de l’aveugle

J’ai découvert Le livre de l’aveugle par L’US, alors que, professeur d’espagnol, j’étais en congé de maladie et proche de la retraite. J’ai fait une formation par cor-

respondance avec un formateur de l’association. En deux petites années scolaires, j’ai maîtrisé l’usage de l’al- phabet braille et la mise en page (31 signes possibles par ligne et 28 lignes par page). L’apprentissage fut pro- gressif, à mon rythme, sur papier puis sur ordinateur prêté par l’association. Je travaille avec le logiciel ETEXTC.

Ce logiciel est peu à peu remplacé par DBT ; quant à moi, je verrai plus tard pour ce dernier. Je fais parvenir mes disquettes, via internet, au secrétariat ; le texte est embossé à Malakoff ; les volumes sont envoyés aux établissements ou aux personnes.

Concrètement, que traduis-tu ?

Ainsi, j’ai transcrit des livres scolaires d’espagnol de la Quatrième à la Terminale, un Clarísimo (langue et

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civilisation), un roman en français facile, une prépara- tion en droit à un concours d’entrée dans une école. J’ai parfois été aidée par une « brailliste » plus expérimen- tée, plus rapide. Ce qui me paraît le plus difficile et aussi le plus intéressant intellectuellement parlant, c’est la transcription d’images, même si, au bout du compte, il faut faire acte d’humilité. Les ouvrages scolaires de langue sont de plus en plus illustrés, voire sur deux pages en regard. Cela demande réflexion (temps, exigence, concision... insatisfaction) tant sur le plan de la pré- sentation verbale que sur celui de l’ordre de présenta- tion des documents et des textes d’accompagnement. La classification est chiffrée en braille, même à l’intérieur d’un chapitre. Le malvoyant doit s’y retrouver, dans ses pages et dans sa table des matières, en relation avec l’ou- vrage. Pensons qu’une page « en imprimé » peut don- ner cinq pages en braille.

On peut travailler

aussi avec les beaux-arts

Motivée par le commentaire de tableaux, j’avais demandé d’assister à une présentation de Sisley, avec un groupe d’adultes aveugles, au musée des Beaux-arts de Lyon. Très enrichissant : les commentaires, l’ac- compagnement musical, les petits cartons avec des reliefs de gouache pour saisir les mouvements du pin-

ceau par exemple, l’échange personnel avec des parti- cipants. Cependant, je ne me suis pas sentie de faire par- tie de cette association lyonnaise qui a des accompa- gnateurs (force est de savoir limiter ses activités...).

Un autre jour, me posant des questions, je me suis débrouillée de retrouver un élève malvoyant (ancien- nement scolarisé dans mon établissement non spécialisé) afin d’avoir un peu d’aide. En 2007, pour ses 90 ans, l’association du Livre de l’aveugle a organisé, à Paris, un colloque « Texte et image : transcription/Adaptation

», avec le soutien de l’Université de Savoie. Intéressée, j’y suis allée ; moi qui ne sors guère de ma province, j’en ai profité aussi pour visiter des musées ; ainsi le braille peut mener à beaucoup de choses... Et pour qui veut pré- server des neurones, s’entretenir dans un domaine, rendre service, occuper un moment d’oisiveté ou de souci, pourquoi ne pas « brailler » une heure par jour, et plus si le cœur nous en dit... ■

JEANNE MORENO

Pour plus de renseignements, branchez-vous sur le site www.lelivredelaveugle.fr

Puis, si vous êtes scientifique de préférence et que l’aventure vous tente, proposez-vous à « Le livre de l’aveugle », 124, bd Camélinat, 92240 Malakoff.

Tél. : 01 47 35 91 17.

Vous retrouverez de la jeunesse !

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Les soldes du Président

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Que peut-on encore liquider après les soldes du Président ? Les fonctionnaires, l’école et la santé pour tous, le droit du travail et la laïcité sacrifiée sur l’autel de la « civilisation » par notre nouveau Cha- noine. Que faire pour freiner le Grand Liquidateur devant l’Éternel ? Négocier l’essentiel et limiter les dégâts, comme les cheminots ? Abandonner les fon- dements, comme le droit au travail, pour obtenir d’hy- pothétiques parcours sécurisés ? Refuser tout com- promis en allant au choc frontal ? Ou pire, se faire pulvériser comme les syndicats anglais naguère ? Est-ce à dire qu’il ne nous reste les yeux que pour pleu- rer, l’échine que pour la courber, les pieds que pour marcher au pas ?

Si on croit encore qu’un monde solidaire est plus humain et plus viable qu’un vivier de requins de toutes tailles, il faut choisir l’action pour que cette uto- pie prenne corps, que des solutions se dessinent. Hors de la stratégie du tout ou rien, avec le SNES, nous avons beaucoup à dire dans la rue et dans les urnes. ■

LOUIS BERNARDI, S3 AIX-MARSEILLE ©D.R.

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Conférence de presse de Jean Ziegler (1)

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Jean Ziegler s’est inquiété ce matin devant la presse de l’augmentation du nombre d’affamés dans le monde et a dit craindre que la production massive de biocarburants comme l’éthanol n’aggrave encore le problème en diminuant les surfaces agricoles consacrées aux cultures vivrières. Il a appelé à un moratoire de cinq ans, le temps nécessaire, a-t-il espéré, pour que la recherche trouve le moyen de tirer de l’éthanol des déchets agricoles, essentiellement des parties non comestibles de plantes comme le maïs ou le blé. « Il est légitime de vouloir fabriquer des biocarburants mais le résultat va être désastreux dans l’immédiat. » Il n’a pas hésité à parler d’un « crime contre l’humanité qui est commis lorsque l’on convertit un sol productif pour l’ali- mentation en terre à produire du biocarburant ».

M. Ziegler, qui s’est aussi exprimé hier devant la Troi- sième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a dit craindre que le premier Objectif du Millénaire pour le développement, la réduc- tion de l’extrême pauvreté et de la faim, ne soit pas atteint à l’échéance de 2015. Il a rappelé que le nombre de personnes souffrant de la faim et de la malnutrition a augmenté tous les ans depuis 1996 pour dépasser les 850 millions, alors que l’on estime que la Terre pour- rait nourrir 12 milliards d’êtres humains, soit deux fois la population mondiale actuelle. En réponse à l’argument selon lequel le nombre d’affamés n’a en fait pas aug- menté, en chiffres relatifs par rapport à la croissance de la population mondiale, l’universitaire suisse a répondu :

« Je n’accepte pas ce raisonnement car un enfant qui meurt de faim n’est pas une statistique ».

Selon les estimations de l’ONU, six millions d’enfants de moins de cinq ans meurent chaque année dans le monde à cause de la malnutrition et des maladies asso- ciées. Parlant d’un « massacre de la faim qui n’obéit pas à la fatalité », il a estimé qu’un « enfant qui meurt de faim est assassiné ». M. Ziegler a mis en cause en par- ticulier les subventions agricoles européennes qui per- mettent d’inonder les marchés africains à prix bradés et qui entraînent la ruine des agriculteurs locaux. Selon lui,

« l’Union européenne crée de la faim en Afrique par son dumping agricole ».

Le rapporteur spécial est aussi alarmé par l’augmen- tation des « réfugiés de la faim » qui tentent de gagner l’Europe et l’Amérique du Nord pour survivre, et qui sont considérés comme des délinquants lorsqu’ils arrivent à destination quand ils ont la chance de ne pas mourir en chemin. Il a estimé qu’il est grand temps de renforcer les mécanismes de protection nationaux et internationaux en réaffirmant concrètement « le droit de se nourrir ». Les droits de l’homme ne sont pas uni- quement politiques et civiques, a-t-il souligné, mais ils touchent aussi à l’économique, au social et à la cul- ture. Jean Ziegler a estimé que l’Europe doit trouver une réponse autre que militaire pour repousser les miséreux à ses frontières. Il a proposé de créer un nou- veau droit de l’homme – le droit d’accueil provi- soire – qui protégerait les réfugiés de la faim », dont l’existence n’est actuellement pas reconnue dans les conventions internationales. ■

OCTOBRE 2007 (1) Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation.

I N T E R G É N É R A T I O N N A L I T É

Le pouvoir des anciens ?

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L’association iséroise « Alertes » a orga- nisé un débat sur l’intergénérationnalité au cours duquel est intervenu Jacques Barrou.

M. Jacques Barrou est ethnologue, directeur de recherche au CNRS, enseignant à l’Université d’Études politiques de Grenoble et à l’Université de Lyon II. M. Barrou observe la France sous son aspect multiculturel : comment se passent les relations entre générations, quelles sont les différentes formes de vieillis- sement ? Il met en évidence une tendance à idéaliser ce type de relations dans les sociétés traditionnelles.

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©D.R. ©D.R.

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